Prologe:

Extrait du journal intime de Célia

La neige s'est remise à tomber depuis maintenant trois jours.

Je m'ennuie.

Maman ne me laisse pas sortir quand il fait un temps pareil. Logique: dès que le temps se couvre, c'est qu'elle est de mauvaise humeur. Et là, j'avoue que je n'ai jamais vu un ciel aussi sombre. Les nuages sont tellement gonflés de neige que la lumière du soleil a du mal à se frayer un passage jusqu'au sol.

Quand j'étais plus petite, j'adorais jouer dans la neige. Le froid qui couvrait le pays était alors synonyme de bonheur, d'amusement, et de cadeaux bien sûr.

Mais maintenant, Noël n'arrive plus jamais. Il n'y a que cet hiver artificiel qui subsiste.

Parfois, quand j'en aie assez de ce blanc qui m'entoure et m'oppresse, je prends un parchemin et je dessine. J'essaye de me souvenir des paysages sous le soleil, de la fraîcheur de la mer un jour d'été, du vent qui joue dans les feuilles des arbres...

Tout s'estompe peu à peu...

J'ai peur d'oublier.

Alors, j'écris mes pensées, me sentations, mes rêves. J'écris tout ce qui me passe par la tête même si ça n'a aucun sens.

Il y a une semaine, maman m'a appellée. Je suis descendue jusqu'à la salle du trône. Elle y reçoit tout le monde, même sa propre fille. Je n'aime pas cette partie du palais. Je la trouve froide, austère, glaciale, encore plus inaccueillante que le reste du château.

Maman voulait me parler. Juste me parler. Nous sommes donc restées là un bon quart d'heure, elle assise royalement sur son trône, moi sur le sol à ses pieds.

J'ai cherché tant bien que mal quelque chose à lui dire qui lui ferait plaisir, qui illuminerait, ne fût-ce qu'un instant, son visage.

Elle est peut-être tyrannique, mais elle reste ma mère. Je ne peux pas m'empêcher de vouloir la voir heureuse.

Quand je suis retournée dans ma chambre, j'ai pensé, en arpentant les couloirs, qu'elle voulait savoir quelque chose et que j'étais une des rares personnes à pouvoir la renseigner sur ce quelque chose.

J'ai longuement cherché dans les moindres recoins de mon esprit ce que ce pouvait être mais je n'ai rien trouvé.