Note de l'auteur : Comme promis une nouvelle fiction. Actuellement, je suis à plus de 26000 mots mais celle-ci n'est pas encore terminée. Cela vous donne une idée du nombre conséquent de chapitres ^^. Sur ce, place au chapitre 1.
Chapitre 1 : Dernier jour (partie 1)
le 26 mars 2013 10:21
Guerre … Voilà ce qui résume ma vie, ma localisation, mon métier, mon quotidien … Je me retrouve encore une fois assise à l'arrière d'un fourgon avec plusieurs hommes. Certains s'assurent que leurs armes soient bien chargées, d'autres mastiquent de la gomme, d'autres encore fument des choses plus ou moins réglementaires. Quant à moi, je fixe ma main et m'empresse d'avaler ce qui se trouve à l'intérieur. Bientôt, je n'aurais plus à en prendre. Bientôt, je serais libre de mes actes et de mes actions. Je ne peux pas m'empêcher de regarder les autres personnes assises avec moi. Elles portent toutes le même visage. Visage que je porte moi-même en ce moment. Concentration, le seul mot qui nous permet d'être encore en vie. Être concentrée sur les environs, sur le moindre bruit, le moindre geste suspect. Tous ces gestes répétés chaque jour et chaque nuit pour espérer voir le lendemain. Je passe machinalement la main sur ma jambe. Je soupire de contentement quand je ne sens rien d'anormal. Mon esprit ne peut s'empêcher de revenir sur les raisons de ma présence ici, non pas dans ce fourgon, mais sur cette terre.
Cela fait quatre ans que je vis des situations plus ou moins catastrophiques au quotidien. Non pas par vocation mais par obligation. Mais aujourd'hui est différent d'hier et des jours antérieurs, c'est mon dernier jour à survivre. Enfin, je vois le bout de cet enfer. Après aujourd'hui, je pourrais enfin revenir à ma vie. Mais qu'elle est ma vie au juste ? Comment était-elle avant ? Je ne sais même plus ce que vivre signifie, tellement mon quotidien est loin de ce que j'étais avant. Ma vie … Elle s'est arrêtée à mes vingt et un ans lorsque j'ai tabassé un homme. Il m'avait énervé alors que je faisais mon travail. Oui, je voulais travailler pour gagner mon propre argent. Pour montrer à mes parents que j'étais une adulte, et surtout que je n'avais pas besoin d'eux. J'y arrivais … Enfin presque. Peut-être que je n'étais pas une référence mais j'arrivais à faire ce que je voulais quand je le voulais. Jusqu'à ce jour où je n'ai pas pu prendre la fuite … Ce jour où j'ai dû assumer mes actes et par la même occasion assumer que j'étais une adulte … Cet homme a été l'élément déclencheur de ma vie actuelle. Il aurait sans doute réussi à s'en sortir indemne s'il n'avait pas été aussi collant, grossier, con, saoule et j'en passe. J'aurais pu faire face à des propos crus et légèrement rabaissant pour une femme, ce n'était pas la première fois. J'aurais pu faire abstraction de sa main saisissant mon avant-bras car là encore cela m'était déjà arrivée plus d'une fois. Mais là où j'ai craqué c'est lorsque je me suis retrouvée collée contre une table, le sentant se placer derrière moi et essayant de satisfaire son besoin primaire tout en déboutonnant son pantalon. Là, j'ai craqué. J'ai attrapé la bouteille vide se trouvant à portée de main et lui ai balancé sur le crâne. Il était sonné, plus que sonné même. J'avoue que j'aurais dû m'arrêter au coup sur la tête. Mais les événements étaient tels que j'avais besoin d'extérioriser ma rage, ma colère, ma tristesse et tous ces sentiments négatifs dont je ne pouvais mettre une émotion dessus. Il a été au mauvais endroit, au mauvais moment. Je l'ai donc martelé de coups de pieds et de poings. Ma patronne a réussi à me faire lâcher prise après plusieurs minutes de frappes intensives, mais le gars était déjà bien amoché … Trop amoché après réflexion. Ensuite? Il m'a attaqué pour coups et blessures volontaires. J'ai atterri devant un juge qui, semble-t-il, avait déjà conclu l'affaire avant même que je ne puisse expliquer les faits. J'allais donc devoir passer plus de dix mois en prison et ensuite faire des travaux d'intérêt général pour pouvoir racheter mon comportement. Le côté adulte de ma personne s'est alors volatilisé en mille morceaux, redevenant une gamine apeurée par les conséquences de ses actes. J'ai donc fait appel au seul joker qu'il me restait … Mon père. Celui-ci a toujours été là pour m'aider, me protéger et surtout passer derrière les multiples conneries que je pouvais faire. Il a donc cherché une solution comme à son habitude … Bien qu'aujourd'hui, avec le recul, je me dis que j'aurais dû moi-même m'enfermer dans une prison et attendre gentiment que l'on me libère. Bref, revenons à mon père. Pour éviter la prison, il a donc trouvé une alternative. Je le revois donc déposer devant mon nez plusieurs papiers. J'avais reconnu le sigle de l'armée. Il m'a ensuite expliqué certaines choses et obliger à en faire d'autres. C'est ainsi que je me suis engagée dans l'armée et représente, comme un homme, les couleurs de notre pays. Le problème c'est que je ne suis pas un homme et que je n'en ai que faire de mon pays. Mais je n'ai pas le choix. Masquer mes attributs féminins et mon manque de patriotisme, voilà ce que j'ai dû faire … Et apparemment, cela m'a bien réussi. J'ai commencé en tant que simple soldat et suis devenue après deux ans de service, sergent-chef. 'Armée de terre – grade sergent-chef' fait toujours mieux sur un curriculum vitae que 'prison pour excès de violence sur un abruti de service'.
Une journée à survivre à travers ses paysages dévastés … Je me rappelle mes quatre ans dans l'armée. J'ai vu des choses et fait des choses inimaginables. On s'imagine des choses lorsque l'on regarde des films à la télévision mais c'est tellement loin de la réalité, tellement plus simpliste et facile que ce qui se passe sur le terrain. Pourtant des choses sont vraies. Toujours un schéma assez similaire … Une ville, un village innocent se faisant prendre entre deux feux ennemis. Il ne reste plus qu'après la guerre, que des pierres là où étaient érigées des maisons. Des cadavres, là où il y avait des hommes et des femmes. L'abandon là où des enfants courraient dans la rue … Ruine, destruction et désespoir, voilà ce qui résume ce que je visualise à chaque fois que je pose le pied sur une terre. Mais là encore, je n'ai pas choisi de voir toute cette misère devant mes yeux, toute cette torture et douleur. Tout ce sang, membres mutilés, sacs de plastiques alignés ne contenant que des restes de ce qui était autrefois des humains. Je ne suis pas à plaindre, je suis encore en vie. Mais à quel prix ... Je me suis comportée comme un bon soldat, comme me l'a demandé mon père avant mon départ. J'ai voué obéissance à mon capitaine et tous les grades au-dessus de moi.
Au départ, j'étais sur le terrain et essayais de survivre comme les autres de mes « collègues ». Survivre n'est pas exagéré. Survivre pour ne pas sauter sur une mine ou face à un vol de grenades ou de projectiles. Survivre face à des tirs se dirigeant vers vous. Survivre lorsqu'un poignard essaye de vous ouvrir en deux. Le mot survivre est même légèrement un euphémisme selon moi. Suite à ma réussite ou plutôt mon obstination à ne pas mourir, on m'a donné petit à petit plus de responsabilités. Des missions de reconnaissance en solitaire jusqu'à aller vers la responsabilité d'un groupe des forces spéciales. Ma mission consiste, en quelques mots, à aller dans les bases terrestres ou souterraines et de liquider tout ce que je trouve. Généralement ce sont des terroristes, alors 'pas de quartiers' est souvent la devise. L'armée passe généralement avant mes actions et quand j'arrive sur place, il ne reste plus que des cadavres et des personnes agonisants. La seule chose qui me reste à faire et de leur loger une balle dans la tête. Enfin ça ce sont mes ordres. Malgré mes excès de violences, dans mes années antérieures, je n'ai jamais tué un seul homme depuis mes quatre ans ici. J'ai frappé pour assommer. Tirer une balle pour désarmer ou ralentir mais jamais je n'ai tué un être humain, même un chien n'a pas été dans ma ligne de mire. Peut-être que mon âme n'est pas totalement vendue au diable, destinée à l'enfer. Peut-être que mes actions équilibreront toutes mes conneries. Honnêtement, je ne pense pas mais j'ai espoir de ne pas être consumée dans les flammes de l'enfer, de par mes agissements. Je remercie d'ailleurs le ciel que les hommes, constituants mon unité, soient des barbares et s'en prennent à cœur joie pour liquider tout ce qui est à leur portée. Je me souviens encore lorsque j'ai intégré mon premier jour d'armée. Mon supérieur m'a dit avec un sourire 'Prépare-toi à un nouveau départ, une nouvelle vie dont tu ne peux même pas imaginer la moitié des actions que tu auras à entreprendre pour ton pays'. Je sais aujourd'hui que j'aurais dû comprendre 'Prépare-toi à être prêt à tout pour survivre dans cet enfer … Prépare toi à côtoyer la faucheuse en personne'.
Fin du chapitre 1.
A venir : Chapitre 2 : Dernier jour (partie 2)
Note de l'auteur : review sont les bienvenus ^^
