Disclaimer : Je ne possède rien en rapport avec la série Rookie Blue ni ses personnages.
Little feeling
CHAPITRE 1
-où tu vas? je demande.
Je ne sais pas ce qui m'étonne le plus a ce moment précis. Le fait qu'Holly m'ai embrassé, que j'ai instinctivement répondu à son baiser, ou que mon corps tout entier semble souhaiter qu'elle reste et finisse ce qu'elle a commencé? Mon corps n'est définitivement pas d'accord avec son départ. Mais elle part quand même. Et je pense, brièvement, que ça devient une habitude pour elle d'aller contre mes attentes. Étonnamment, j'apprécie cela chez elle. Bien que je pourrais m'en passer, là tout de suite, car je veux ses lèvres sur les miennes à nouveau.
Je secoue la tête, après avoir longuement fixé la porte. J'ai dû boire plus de verre que je ne le pensais. Je titube vers la sortie, laissant tomber derrière moi le manteau de fourrure qui recouvrait mes épaules.
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Quelques jours plus tard, je suis dans un restaurant, en face d'un homme qui avec chaque mot qu'il prononce, baisse un peu plus dans mon estime. C'est le fils d'un collègue estimé de ma mère. Elle nous a organisé un rendez-vous sans vraiment prendre en compte mon avis. Je n'ai fait qu'acquiescer à ses paroles de toute manière, car il s'agit d'Elaine Peck, et quand Elaine Peck parle, on se tait.
De temps en temps, mon esprit s'égare. Je pense à Holly et à à quel point la soirée aurait était plus drôle si c'était elle en face de moi et non cet homme aux anecdotes plus barbantes les unes que les autres. Je pense à une histoire qu'elle m'a raconté un soir, sur la fois ou son frère et elle ont voulu jouer à "celui qui pisse le plus loin". Pour la première fois de la soirée, un sourire sincère s'immisce sur mon visage.
Je suis ramené à la réalité par la voix de mon rendez-vous, dont l'accent surjoué irrite mes oreilles.
Je tente de m'intéresser à ce qu'il dit, mais ce qui sort de sa bouche est de plus en plus ridicule. Il n'est pas nécessaire d'être observateur pour comprendre que lui et moi, ça ne collera pas. J'essaye de ne pas le comparer à Holly, que je taquine et qui me taquine en retour, qui me fait rire une minute et étaler mon cœur au grand jour la suivante.
Pire qu'ennuyant, l'homme devient offensant. Avec tout ça il pense encore avoir une chance. Ah, c'est beau l'espoir. Je finis par partir, ne pouvant plus supporter la présence de cet homme pédant et à moitié dégarni. Maman, tu m'en dois une pour celui-là, je siffle entre mes dents tandis que je pousse la porte de sortie.
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J'ai peur. J'ai peur pour Christian. J'ai de la peine pour son père et pour sa mère. Un enfant kidnappé ce n'est pas la première fois que ça arrive. Je suis flic, ce n'est pas la première fois que je prend part à ce genre d'affaire. Pourtant, je sens mon estomac se tordre dès que je repense à l'enlèvement de Christian, c'est à dire tout le temps depuis que s'est arrivé.
Je marche en direction du labo, le poing serré autour d'un sac en plastique que je dois apporter à Holly. Les informations nécessaires à l'enquête lui ont déjà été transmise, tout ce qui lui manque maintenant ce sont les échantillons que je tiens dans la main.
La porte est ouverte, je me glisse à l'intérieur. Quand mon regard tombe sur Holly, une vague de réconfort à laquelle je ne m'attendais pas, me submerge.
-Hey, je murmure faiblement.
Je me racle la gorge quand je prend conscience de l'instabilité de ma voix. Elle tourne la tête dans ma direction et m'adresse un sourire léger de bienvenue.
Je pose les items sur sa table et m'apprête à repartir quand sa voix m'interrompt :
- Gail, attends.
Alors j'attends, les traits figés et les muscles tendus. Elle se met tout de suite à travailler et je l'en remercie mentalement, bien que je me demande pourquoi je suis encore là. Quand l'analyse semble être lancée, elle s'approche de moi et pose ses mains sur mes bras.
- On va le retrouver, elle m'assure.
Et je la crois, car c'est Holly qui le dit et j'ai confiance en elle. Le calme qui émane d'elle m'enveloppe comme une couverture en hiver. Elle n'a pas besoin de dire quoique se soit d'autre. Pendant l'espace d'un instant, je laisse l'émotion inonder mon visage. Mon inquiétude, mes peurs et, maintenant, un peu d'espoir. Ses mains se resserrent sur mes avant-bras.
Je reviens quelques heures plus tard avec un café pour Holly. J'ai bu le mien en route, mettant à profit le moment de solitude pour regagner mon sang-froid et remettre le masque d'indifférence qui vient avec l'uniforme.
Je remercie Holly avant de lui demander combien de temps dure les analyses.
- Deux heures, peut-être plus, elle m'annonce.
ça me paraît long et je lui fais savoir. La patience n'a jamais été mon fort, surtout dans ce genre de situation.
- Y'a pas un moyen d'accélérer le processus?
Elle me répond avec sarcasme. Nous retombons aisément dans notre badinage habituel. C'est relaxant, j'ai l'impression que le sérieux de la situation pèse moins lourd sur mes épaules.
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La journée a été plutôt éprouvante. Mais on a retrouvé Christian et c'est l'essentiel. Il est en sécurité avec ses parents, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'est un mantra que je répète pour m'aider à m'endormir après une dure journée. Sauf que ma journée n'est pas encore totalement finie. J'aurais bien besoin d'un remontant, mais c'est tout le contraire qui m'attend : ma mère est parvenue une nouvelle fois à m'arranger un rendez-vous galant. Tout ça paraît tellement ridicule après une journée comme celle-là.
Tracy entre dans les vestiaires alors que je réfléchis à l'importance que peut avoir un enfant dans la vie d'un parent.
Je crois avoir compris des choses aujourd'hui. Et je suis sur le point d'en apprendre une nouvelle.
- Tout le monde mérite sa part de bonheur, Gail, même toi, dit Tracy.
Ma décision est vite prise. Quand je pense à mon bonheur, je pense à Holly. Ces rendez-vous auxquels je vais chaque soir n'ont aucun sens. Je ne veux pas de ça.
Je compose le numéro en quelque seconde. Même si une petite partie de moi me crie d'arrêter, une plus grande partie de moi est déterminée à faire tout le contraire. Les mots sont hors de ma bouche avant que je n'ai eu le temps d'y réfléchir à deux fois.
- hey! tu fais quoi ce soir?
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Finalement, ce n'est peut-être pas la meilleure décision que j'ai prise de ma vie. Holly est parvenue, Dieu seul sait comment, à me faire entrer dans une de ces fameuses cages de baseball. Je reste derrière le grillage alors qu'elle tape quelque balle pour me «montrer l'exemple».
Je dois avouer que j'apprécie la vue, et le talent d'Holly, bien évidemment. Pas une seule fois n'a-t-elle manqué la balle à cause de mes prétendus éternuements. Décidé à lui faire perdre sa concentration, j'attends le moment propice pour lui faire remarquer ce qui ne cesse de tourmenter mon esprit : -Ce jean met vraiment en valeur tes fesses, Holly.
Touché, je murmure, alors que la balle passe à quelque centimètre de la tête d'Holly sans que celle-ci ne bouge.
Elle se retourne avec un air offusqué, je lui tire la langue avec bonne humeur. J'aime comme les choses sont faciles avec elle.
C'est bientôt mon tour et je suis désormais trop anxieuse pour faire autre chose que de fixer la balle qui fonce droit vers Holly.
Quand Holly finit son tour avec succès, elle me tend la batte à travers le grillage. J'avoue que l'idée d'éliminer le stress de cette journée à coup de batte est tentante.
- ça va pas te tuer d'essayer quelque chose de nouveau, elle déclare et je ne peux m'empêcher de trouver un double sens à cette phrase.
Je souris derrière mon casque, prête à renvoyer la balle de toute mes forces. Seulement quand celle-ci arrive, je perd tout mes moyens et la batte m'échappe des mains.
Il faut que je passe à côté de la mort pour qu'Holly se range de mon avis :
- Pardon, en fait, ça pourrait bel et bien te tuer.
Elle rit à gorge déployée. Je ne peux m'empêcher d'en faire autant. J'ai beau essayé de paraître énervé, l'euphorie est évidente dans ma voie. Humilié, je quitte la scène. Je n'aime pas le sport et c'est évident que le sport ne m'aime pas non plus.
Holly me rattrape rapidement, je blâme la longueur de ses jambes :
- Oh allez, même les meilleurs ont besoins d'entraînement. Je ne t'aurais pas pris pour quelqu'un à baisser les bras aussi facilement.
Je me retourne. Elle sourit de toutes ses dents.
- ça c'est de la manipulation, Stewart. Je te pensais au dessus de ça.
- Tu passes beaucoup de temps à m'imaginer au-dessus , Peck? Holly rétorque avec un haussement de sourcil provocateur.
Son répondant m'étonnera toujours.
- Donne moi cette batte, j'ordonne en tentant de cacher un rougissement révélateur.
Dans mon dos, j'entends Holly glousser. Je suis d'autant plus motiver à lui prouver de quoi je suis capable.
Les balles défilent et au bout de la 10ème, la batte finie par entrer en contact avec le morceau de caoutchouc. La fierté gonfle ma poitrine et stimule mes actions. Je pense à Mackenzie, à Denise, à ma mère, au crétin à l'accent anglais, à Nick, à Andy et même à Perrick. J'en tape encore une dizaine avant de sentir la tension libérer mon corps complètement.
-On se sent mieux? Holly demande avec un sourire compréhensif.
Oui, je me sens mieux, tellement mieux. Et alors que mon regard tombe sur Holly, je ne peux m'empêcher de penser que c'est en majeur partie grâce à elle.
- Pizza chez moi? Propose Holly, une fois dans le confort de sa voiture.
J'acquiesce gaiement et mon ventre seconde ma déclaration en gargouillant bruyamment. On rit.
J'aime passer du temps avec Holly. Avec elle je ne pense plus à Nick ou à la fragilité de la vie.
Le silence s'installe entre nous. C'est confortable, apaisant. Elle chantonne doucement les paroles émises par la radio. C'est la première fois que j'entends cette chanson, elle se grave involontairement dans mon esprit :
It was just a little feeling,
A feeling when i first saw you
It was just a little feeling,
A feeling when i first heard you...
Merci d'avoir lu! J'aimerais beaucoup savoir ce que vous en pensez :)
