Note de l'auteur : C'est une fic que je dédie à Rhoda. Pas que je la connaisse, ni que ce soit son anniversaire, simplement parce qu'elle me suit depuis un petit moment déjà, et que ma dernière fic n'avait pas fini comme elle le désirait. La prophétie est brisée, Arthur n'est pas mort pendant la bataille, seulement Mordred y a laissé la vie. Cependant, le roi est grièvement blessé. On le ramène à Camelot. Il ne sait pas pour la magie de Merlin. J'espère que vous apprécierez cette nouvelles fanfiction !
I remember now.
-Posez-le ici ! Prenez garde à ce que la tête ne reçoive aucun choc supplémentaire ! Voilà, laissez-nous à présent. Vous également, ma reine, il vous faut vous reposer, je m'occuperais du roi avec grand soin.
Tout le château était sur le qui-vive. Ils faisaient comme si de rien était, mais chaque servante, chaque chevalier, chaque écuyer, tendait discrètement l'oreille et murmurait à son voisin afin d'en savoir un peu plus sur ce qui se tramait derrière leur dos. Eux, les gens du peuple, un peu oubliés, néanmoins inquiets de l'état de leur souverain. Ils avaient eu vent que le roi Arthur était de retour à Camelot, grièvement blessé, en vie toutefois, et cela les rassurait. Ils avaient patienté, le souffle court, leurs poitrines se soulevant lentement, à l'unisson, n'entendant seulement que les échos d'une guerre sanglante et monstrueuse. Ils avaient craint que ce ne fût la fin, oui, ils y avaient songé, un triste instant, en éteignant leur chandelle et plongeant leur chambre dans le noir, que le roi aurait pu être mort. Qu'auraient-ils fait, si ça avait été le cas ? La panique se serait répandue, traître, elle se serait infiltrée dans chaque cœur, et aurait rendu folle toute une population. Si le roi était touché, irrémédiablement, le peuple l'était. Ils attendaient donc, les yeux levés en direction de la cité blanche, l'espoir au creux des mains, une réponse, une annonce, une bonne ou mauvaise nouvelle. Quelque chose qui chasserait ce doute un peu contraignant et qui remettrait le temps en marche, histoire que la Terre tourne à nouveau.
A l'intérieur du château, Merlin courait en tous sens. La peur était comme une ceinture qui le serrait un peu plus chaque minute. Il ne connaissait aucun moyen pour s'en défaire, hormis le réveil d'Arthur. Il essayait de ne pas y penser en se concentrant sur les plantes que Gaïus lui avait demandé de ramener. Ainsi, il ne se sentait pas inutile. Perdu dans ses songes, il ne voyait pas les sujets qui se pavanaient dans les couloirs, parfois il les
bousculait et repartait en quatrième vitesse sans se préoccuper de l'état de celui qu'il avait fait tomber. Non, il avait beau essayer, seul Arthur demeurait roi dans son esprit. [i]Pour changer[/i], ricana-t-il intérieurement. Il entra en trombe dans le laboratoire du vieux médecin, et ne s'embêta pas à chercher les ingrédients, sa magie s'en chargea pour lui. Récupérant le tout, il se remit à courir à travers le château. Une fois devant la porte royale, il ne frappa pas, qui lui répondrait de toute façon ? En un dérapage maîtrisé, il arriva au niveau du médecin, lui donna sa récolte et se précipita au chevet d'Arthur. Il se saisit d'une de ses mains, jeta un regard à Gaïus qui lui tournait le dos, et embrassa longuement cette main trop pâle. Il tenta de lui communiquer un peu de chaleur, d'allumer un petit feu rassurant dans l'obscurité où Arthur devait marcher.
Tout avait été si vite. Il avait vaincu les Saxons, le dragon blanc, et ce sous sa forme de vieux sorcier. Arthur l'avait vu, il l'avait fixé, ses grands yeux bleus ouverts au possible. Merlin l'avait regardé également, ce petit roi éreinté criant « pour l'amour de Camelot » avant de se jeter dans la gueule béante du loup. Heureusement, Merlin était arrivé à temps. Arrivé à temps pour empêcher Mordred de tuer Arthur. Arrivé à temps pour voir le jeune druide s'effondrer, offrir un dernier sourire. Arrivé à temps pour entendre la colère de Morgane qui fit dégringoler une avalanche de grosses roches dont une assomma Arthur. Puis elle était partie, honteuse et dévorée par la rage, avec déjà une vengeance naissant dans son esprit troublé. Merlin s'était rué aux côtés de son ami et l'avait appelé. Longuement. Fort. Désespérément. Comme un fou. Il l'avait insulté, il l'avait pleuré, avec la triste conviction que tout était fini, que, finalement, il était arrivé trop tard, qu'il avait été fou de penser que tout était sauf. Finalement, il avait vu cet éclair bleu entre deux paupières mi-closes, et l'espoir avait reparu. Des chevaliers l'avaient rejoint. Et ils en étaient là, à attendre la voix de leur souverain, message porteur d'un espoir universel.
Ce fut au bout d'une longue journée que les souffles purent être lâchés en toute sérénité. La nuit était tombée sur le royaume, le recouvrant de ses grandes ailes noir corbeau ponctuées de points scintillants, le berçant de murmures, de promesses, de mythes et de destins. Merlin s'était assoupi, Gaïus s'en était allé après avoir fait tout ce qui était en son pouvoir. Avant de tirer la porte, il avait confié à Merlin qu'il était certain qu'Arthur se réveillerait, il ne pouvait néanmoins pas assurer ce qui restait du roi d'avant la bataille. Merlin n'avait pas saisi. Il s'était donc endormi. Avec la main d'Arthur dans la sienne, et sa joue posée délicatement dessus. Il était plongé dans un rêve sombre où il n'y voyait rien, se contentant de ressentir toutes les douleurs du monde. Il était impuissant, il se sentait rongé de l'intérieur par des centaines de vermines, ses mains étaient attachées et des ombres s'agitaient devant ses paupières fermées. Merlin se réveilla en sursaut, effrayé. Son cœur battait la chamade de sorte qu'il posa une main sur sa poitrine agitée afin qu'il ne s'en aille pas. Après s'être calmé, il laissa tomber son regard sur le visage royal.
Coupé. Le souffle coupé. Un instant de doute. Un autre de joie. Un élan, une vague. Des picotements qui démarrent du cœur et qui courent dans chaque membre avant de s'estomper, comme s'ils s'étaient évaporés. Le sourire de Merlin mourut. Il tentait de le maintenir sur ses lèvres, mais c'était plus fort que lui, il retombait, irrévocablement. Les yeux d'Arthur s'étaient ouverts. Tout aurait pu être bonheur et joie s'il n'y avait pas eu cette lueur étrange peinte de peur, non, d'effroi. Le roi se redressa et voulut s'éloigner le plus loin possible de Merlin. Il tomba à la renverse sur le carrelage glacé de sa chambre. Merlin sursauta, se leva rapidement de sa chaise, fit le tour du lit en trois pas et rejoignit son ami, recroquevillé dans un coin de mur. Ses cheveux en bataille, sa respiration sifflante, ses mains tremblantes, et surtout ses yeux terrifiés. Merlin ne comprenait pas. Que s'était-il passé ? Il tendit une main à Arthur.
-Arthur… Sire, de quoi avez-vous peur ? demanda Merlin d'une voix douce.
Son roi le dévisagea.
-Je ne vous connais pas, laissez-moi tranquille, je ne vous ai rien demandé. Ramenez-moi chez moi… Dehors… Je ne sais pas. Je…
Ses yeux s'agrandirent davantage, si cela était encore possible. Il les leva en direction de Merlin. Toujours cette peur irrationnelle.
-Je ne sais plus.
Note de l'auteur : Voilà, c'est le prologue, le prochain chapitre est bientôt terminé, mais je ne vous promets rien. Peut-être ce week-end, peut-être pas... Une review en échange d'un bisou de Merlin? :3 Que votre journée soit belle! E.T.
