Found

Note : cela fait un bon moment que je connais 'Révolution' et que cette idée de fic me trottait dans la tête.

Trois ans après le Blackout, Bass et Miles ont déjà fondé la milice et Miles porte déjà son titre de Boucher de Baltimore. Et leurs recherches pour retrouver Ben et Rachel Matheson viennent finalement de porter leurs fruits.

Dans cette fic, Charlie et Danny ont respectivement 7 et 4 ans.

Bonne Lecture,

Guepard54

R-R-R

Le temps était magnifique. Charlie n'arrivait pas à décrocher son regard du ciel bleu azur au-dessus d'elle. En ce début du mois de mai, la neige du nord du Michigan commençait tout juste à fondre et la fillette était éblouie par cette couleure si rare qu'arborait le ciel. Même en pleine été, il était exceptionnel de ne pas voir un seul nuage à l'horizon.

« Charlie ! Viens voir ici ma puce, s'il te plait ! »

La fillette à la chevelure dorée et aux yeux aussi bleus que le ciel ce jour-là tourna brusquement la tête. Reconnaissant la voix de son père, Ben Matheson. Et s'élança dans sa direction.

Lorsqu'elle le rejoignit, son père était installé à cru sur le dos de Buck, le cheval bai à tout faire de leur famille. Dans ce monde dévasté par le Blackout, posséder un cheval était l'équivalent d'une certaine richesse. Aussi les parents de Charlie faisaient-ils particulièrement attention à Buck, y compris si une personne s'en approchait d'un peu trop près pour le voler.

Son père lui sourit.

« Est-ce qu'une balade te plairait en guise de sieste ? »

Charlie acquiesça vivement avant de monter juste devant son père. Celui-ci passa ses propres bras autour de sa taille pour éviter la moindre chute. Avant d'éperonner le cheval qui partit au galop à travers les champs enneigés. La fillette confortablement installée laissa son esprit dériver. Elle appréciait particulièrement ses moments qu'elle partageait avec son père. Elle était très proche de lui, tout comme son frère Danny, son cadet de deux ans et demi, était plus proche de leur mère.

Ils se baladaient depuis presqu'une heure lorsque le cri strident d'un faucon leur parvint. Charlie et son père levèrent simultanément la tête, en alerte.

Dans un monde où l'absence d'électricité avait rendue toute technologie inutile, il avait fallu trouver des moyens de les remplacer. En l'occurrence, Shasta était un tout jeune oiseau quand il avait été recueilli et soigné par son père, puis dressé pour communiquer basiquement avec le membre de la famille qui se trouverait à l'extérieur de la maison.

Le père de Charlie observa un moment le faucon tournoyer au dessus d'eux avec anxiété.

« Ta mère l'a sans doute envoyé. Nous devrions rentrer, il y a peut-être un problème. »

Il fit faire volte face à Buck avant que le cheval ne s'élance dans la direction d'où ils étaient venus.

Un problème pouvait signifier beaucoup de choses, pensa distraitement Charlie. Danny qui faisait une nouvelle crise d'asthme. Des étrangers qui seraient tentés de leur chiper quelque chose. Ou encore la milice.

La région qu'ils habitaient était suffisamment reculée pour que les excusions des soldats y soient assez rares, néanmoins cela pouvait arriver. Dans ces moments, les parents de Charlie étaient très stressés et restaient sur leur garde. Il arrivait même que Rachel décide qu'ils déménagent mais ils n'avaient pas eu à le faire depuis presqu'un an. Cela ne dérangeait pas la fillette plus que cela car pour elle le foyer c'était ses parents et Danny, elle n'avait véritablement besoin de rien d'autre.

Bien sûr, elle savait comme tous les civils de la République que la milice était constituée de brutes assoiffées de sang qui ne circulaient que pour voler et opprimer les gens. Tout le monde en avait peur. Sauf peut-être Rachel Matheson. La mère de Charlie ne semblait pas éprouver de la peur mais plutôt de la haine envers la milice de la République et avait enseigné à ses enfants qu'ils devaient toujours se méfier de ces hommes, en toute circonstance.

Il arrivait que lorsqu'elle parlait ainsi, Charlie remarque le regard attristé de son père. Sans bien savoir pourquoi d'ailleurs.

Buck ralentit du galop au trot puis au pas lorsqu'ils s'approchèrent de la maison. Son père sauta à terre puis porta Charlie pour la descendre. Après avoir rapidement attaché et flatté affectueusement l'encolure du cheval, père et fille pénétrèrent à l'intérieur. Ce qui les avait rassurés, c'était de n'entendre ni cris ni pleurs et de voir la demeure intacte.

Néanmoins ce calme était-il illusoire car en pénétrant dans la cuisine, ils tombèrent sur une Rachel en pleine action, préparant des rations de survie, des outres d'eau et tout ce qui pourrait être nécessaire à quatre personnes lors d'un long voyage. Elle ne leva même pas la tête vers eux, s'activant toujours plus.

« Rachel, qu'est-ce que… ? »

« Charlie, monte voir ton frère s'il te plait. Il a fait une crise il y a une demi-heure. »

La fillette de sept ans s'exécuta aussitôt avec bonne volonté. Tout en grimpant l'escalier, elle tenta d'écouter les bribes de la conversation qui se déroulait au rez-de-chaussée.

« Nous devons partir immédiatement, Ben. Nous ne pouvons pas attendre. »

« Que se passe-t-il, Rach ? »

La voix de son père, douce et rassurante.

« Tu ne devines pas ? Ils sont ici. »

Celle de sa mère, tranchante et sur ses gardes. A l'urgence de sa voix, Charlie comprit qu'il s'agissait de la milice. La milice était toujours le problème le plus grave.

« Attends… Tu veux dire qu'ils sont là en personne ? »

« Apparemment, oui. Et je ne les laisserai certainement aucun d'eux s'approcher de notre famille. »

Du venin semblait sortir de la voix de sa mère. Chez beaucoup d'autres personnes, à l'évocation de la milice, cela aurait été de la terreur. Mais Rachel était une femme très forte et, bien qu'ayant une petite préférence pour son père, Charlie l'admirait et tentait chaque jour de devenir aussi forte qu'elle. Comme cela, elle pourrait veiller sur son père et Danny si sa mère disparaissait.

Considérant qu'elle en avait assez entendu, la fillette courut voir son petit frère.

Danny était allongé sur le lit.

« Hey, salut toi. »

Comme elle avait vu sa mère le faire, elle posa la main sur le front du petit garçon pour vérifier sa température. L'asthme rendait son frère très fragile. Soulagée de le sentir en relativement bonne santé. Charlie attrapa le premier livre à sa portée – un gros volume tout écorné mais néanmoins visiblement traité avec respect – et commença la lecture. En réponse, elle eut le bonheur de voir Danny lui sourire avec gratitude.

Au rez-de-chaussée, les choses étaient beaucoup moins calmes.

« Que veux-tu dire 'apparemment' ? »

Rachel s'arrêta un instant avant de répondre avec amertume.

« Ce n'était ni le Général Matheson ni le Président Monroe. Ils ont envoyé des conscrits pour signaler leur présence toute proche et émettre leurs souhaits. Ces ordures ordonnent que nous les rejoignions au plus tard demain à midi ou ils enverront un bataillon de soldats. »

Ben soupira et se pinça l'arrête du nez.

« S'il te plait, arrête de les appeler ainsi. Miles est mon frère. »

Rachel laissa éclater un rire sans joie.

« Ils ne sont plus notre famille, Ben. Ton frère est devenu 'le boucher de Baltimore' et son acolyte ne vaut pas mieux. Je suis sûr qu'ils seraient prêts à beaucoup pour… »

« Peut-être que nous pourrions négocier avec eux ? Afin que l'un de nous d'eux garde les enfants en sécurité ? »

« Tu n'as pas entendu les conscrits. Ils ne veulent pas négocier, ils veulent qu'on leur obéisse. Il faut partir au plus vite, Nous avons peut-être encore une chance de leur échapper. » conclut Rachel tout en retournant à ses préparatifs.

« Il fera nuit dans moins de deux heures, c'est trop dangereux. Avec les enfants… »

« Justement, je pense à eux, Ben. Et je maintiens que nous devons partir dans l'heure qui vient. »

Ben Matheson poussa un dernier soupir avant d'acquiescer en direction de sa femme. Il avait confiance en elle. Elle avait toujours réussi à prendre les choses en mains pour assurer à leur famille une meilleure chance de survie. Même juste après le Blackout.

« Je suppose que tu as raison. Je vais préparer les enfants. »

En passant, Rachel prit sa main rugueuse dans la sienne.

« Merci. »

Ben lui sourit tendrement avant de grimper à l'étage. Rachel retourna aussitôt à son activité, faisant rapidement l'inventaire de tout ce qu'ils auraient besoin.