Disclamer : les personnages sont à JKR, le reste, à moi. Ça peut ressembler à Unusual You de Petitchaton, surtout à cause de la personne employée mais tout vient de ma petite tête, donc merci de ne pas hurler au plagiat

Bêta : Edhil Morgùl que je remercie

Bêta lectrices : Mandala (ma bichette) et Jenny-chana

Note : Cet Os a été écrit un jour de grande déprime comme ça m'arrive souvent et ce jour-là j'ai fait le point. Au début, j'ai hésité à en faire un OS original et puis finalement, non. Donc voilà.

Avertissement : univers alternatif sans magie


Conscience

Encore une fois, tu es mis de côté. Ce n'est pas la première et tu sais que ce ne sera pas la dernière. Loin de là.

Invisible. C'est ce que tu es, n'est-ce pas ? Invisible. Aux yeux des autres, tu n'es rien d'autre qu'un garçon banal, pas très grand, un peu rond, avec des cheveux roux – à tel point qu'on t'appelait carotte à l'école – et des yeux bleus, sans oublier quelques taches de rousseur trop nombreuses sur ta peau pâle. Tes quelques kilos en trop... ma foi, si tu faisais des efforts aussi, ils n'existeraient pas. Ça et ta boulimie pour les saletés que tu es capable d'ingurgiter...

Mais tu sais parfaitement que tu seras toujours insignifiant pour les autres. Bizarre aussi.

Certains disent que tout ça, c'est dans la tête et ça, ça te fait bien rire. Dans la tête... oui, c'est clair. Mais si tu peux avoir un mode d'emploi pour avoir l'impression de ne pas être un crétin en public ou un pauvre gars qui est incapable, même en privé, de se lâcher, tu le veux tout de suite ! Tu ne peux même pas danser dans ta chambre. Simplement parce que tu as bêtement trop honte du résultat !

Le pire est que tu meures d'envie de prendre rendez-vous chez un psy, sauf que le fait que tu sois fauché t'en empêche. Ça et, avoue-le, le fait que tout le monde te dise que c'est n'importe quoi, que tu n'en as pas besoin. Ils en savent quoi ? Tu te sens un étranger dans les mondes dans lesquels tu navigues. Tu ne fais partie d'aucun des deux en réalité. Trop différent, qui ne rentre dans aucun moule.

Tout le monde te dit que tu es bourré de qualités. Ils oublient le reste et le plus important : ta tête.

Dans ta famille, chacun fait quelque chose, a réussi et toi, tu es encore en train d'étudier dans l'espoir d'avoir un emploi après deux ans de chômage ponctués de petits boulots qui ne menaient à rien parce qu'après trois mois, tu étais mis à la porte par manque d'argent ou alors parce que tu ne supportais pas la tyrannie du patron et que te lever le matin avec la boule au ventre, très peu pour toi.

Donc te voilà à potasser tes cours pour préparer un CAP d'électricien en alternance. Mais tu sais que les études ce n'est pas pour toi. Tu n'as jamais aimé l'école et pourtant, tu es arrivé jusqu'au bac. Tu as même tenu jusqu'à la licence avant d'arrêter parce que tu n'en pouvais plus.

Ton frère aîné est banquier et gagne bien sa vie. Ton deuxième frère est parti étudier les serpents. Le troisième travaille avec le premier ministre – bon, admets-le, il n'est pas bien haut placé, ce qui te met un peu de baume au cœur. Les jumeaux ont ouvert leur propre magasin de farces et attrapes et font un excellent chiffre d'affaire. Ta jeune sœur finit ses études de finance et a déjà un avenir tout tracé puisqu'elle a trouvé une place dans une grande entreprise.

Toi... tu es le raté, celui qui n'arrive à rien et tu vas finir, peut-être on l'espère tous, par décrocher ton diplôme et devenir électricien. Comme dit ta mère, il n'y a pas de sot métier mais quand même, tu aurais pu viser un peu plus haut.

Sauf que la confiance en soi, ce n'est pas pour toi. Tous tes défauts te sautent à la figure constamment et le regard de tes parents... tu te déplais de leur faire honte. Oh, ils ne disent rien mais tu sais qu'ils ont honte de toi. Ça se voit dans leurs regards. Surtout celui de ta mère.

Tu as beau tenter d'aborder le sujet de ton humble personne, aucun ne paraît te comprendre. À croire que tu inventes tout.

Tout est dans la tête, Ron. Rappelle-toi que tout est dans la tête.

Ou alors c'est parce que tu es inapte aux relations humaines.

Peut-être est-ce vrai. Après tout, tu es renfermé, introverti, incapable de formuler la moindre phrase sans bafouiller, tu perds tes moyens lorsqu'il faut défendre un point de vue. Sauf avec tes amis proches qui sont au nombre de deux et qui vivent à des centaines de kilomètres de là. Eux ont réussi à trouver du travail et vous avez la même formation.

Combien de fois tu t'es demandé ce qui clochait chez toi ? Souvent. Au moins une fois par jour.

Hermione dirait, avec son air docte, que tu as un pied dans la dépression. Pas faux. Parce que ton moral est en dents de scie depuis... depuis bien sept ou huit ans. Certains diraient que tu es en dépression. Sauf qu'il y a des jours meilleurs que d'autres où tu oublies que tu n'es pas heureux.

Parce que tu ne l'es pas. Tu n'es pas heureux. L'as-tu déjà été ? Oui. Quand tu n'étais qu'un enfant jeune et insouciant, que personne ne venait te demander ce que tu ferais de ta vie. En réalité, à ça tu n'as jamais su répondre. Tu ne sais pas ce que tu veux faire de ta vie. La tienne ne te satisfait pas, sauf que tu n'as pas les moyens de la rendre meilleure. Les finances ne se trouvent pas sous les sabots d'un cheval donc tu vis chez tes parents qui te font comprendre plus ou moins subtilement qu'à un moment, il sera temps que tu te trouves ton chez-toi. Tu ne demandes que cela, trouver ton chez-toi ! Un seul détail est à prendre en compte : tu n'as pas d'argent, le moindre sous gagné est économisé pour le jour où tu partiras, histoire d'avoir un petit pécule d'avance.

Peut-être que lorsque tu partiras, tu trouveras quelqu'un. Mais cela, tu en doutes fortement.

Personne n'a voulu de toi alors que tu as vingt-sept ans ! Peut-être que tu as eu une amoureuse étant petit mais tu n'en as aucun souvenir. En primaire, tu avais des amis, filles comme garçons. C'étaient des bons copains. Tu les as perdus de vue en changeant d'école tous les deux ou trois ans à cause de ton père. Au collège, ça a commencé à changer. On t'a mis de côté sans que tu ne t'en rendes vraiment compte. Sauf en quatrième et pour ta première troisième. Là, tu t'es aperçu que certains ne t'aimaient pas et te menaient la vie dure. Ta deuxième troisième et ta seconde étaient les deux seules années d'école qui ont été relativement heureuses. Tu étais bien dans ton établissement. Sauf que tu as voulu changer parce que le lycée ne proposait pas la filière que tu souhaitais.

Après, jusqu'à ce que tu arrives à l'université, tu ne savais pas vraiment ce que le mot ami signifiait. Tu l'as découvert en rencontrant Harry et Hermione. Vous avez fait des soirées tous les trois. Vous êtes sortis au restaurant, au cinéma. Trois belles années universitaires.

Eux ont réussi, tant dans leur vie amoureuse que professionnelle. Tandis que toi, à vingt-sept ans, tu es un éternel célibataire qui subit critiques et conseils soit-disant avisés de ta famille et de connaissances. Apparemment, tu devrais t'inscrire sur des sites de rencontre ou aller en boîte. Sauf qu'en boîte, tu n'aimes pas l'ambiance et aller te déhancher bêtement sur la piste, c'est au-dessus de tes forces.

Tu te souviens de cette fille qui te répétait que lorsque vous irez en boîte, elle te ferait boire parce que te voir bourré pourrait être amusant. Sauf que tu n'es pas si stupide, tu sais quelle est ta tolérance à l'alcool et tu n'as jamais fini ivre. Bon point pour toi.

Harry a déjà tenté de t'y emmener une seconde fois mais sans grand succès. Une seule virée dans ce monde t'a largement suffi.

Quand tu penses à ton meilleur ami... il est casé avec un homme et ils vivent le parfait amour depuis deux ans. Et dire que ce n'était pas gagné. Pourtant, tu apprécies Théo. C'est un garçon aimable. Hermione, elle, papillonne. Avec son dernier petit ami, ça a duré six mois. Le précédent, un an. Là, tu sais qu'elle est attirée par quelqu'un mais tu ignores qui. Avec un peu de chance – pas pour toi – Harry est au courant sinon il n'en parlerait pas avec Hermione quand vous êtes sur skype, hein ?

Et toi... ton dernier béguin remonte aux fiançailles de ton grand frère. L'amie de Fleur te plaisait et tu avais l'impression que c'était réciproque. Sauf que Bill a annoncé que cette fille s'était mise en couple avec quelqu'un. Ça t'a fait mal mais finalement tu te dis que c'est peut-être mieux que tu ne te sois pas déclaré.

C'était débile et tu le sais. Parce que cette fille ne saura jamais que tu éprouvais quelque chose pour elle. Aujourd'hui, c'est terminé. Tu as tourné la page et tu te dis que tu n'intéresseras personne. Autant voir le verre à moitié vide. Au moins, tu ne seras pas déçu.

En fait, le monde dans lequel tu vis n'est pas fait pour toi. Vu ton éducation et les origines de tes parents, tu es catalogué comme étant un bourgeois. Et pour ceux de ta « race », tu n'es pas comme eux. Tu ne penses pas de la même façon, tu es différent. Tu peux dire des choses qui choquent, comme le fait que l'homosexualité ne te rebute pas. Pour toi, c'est facile à dire, pour d'autres moins ouverts d'esprit, c'est difficilement acceptable. Tu as d'autres exemples en tête mais c'est le seul qui te vient à l'esprit. Enfin quand on sait qui est ton meilleur ami, ce n'est pas anormal.

Même pour ta propre famille, tu n'as pas l'air de suivre les idées. Tu te souviens d'une conversation avec ton frère Bill quand il parlait d'une amie – il aime être entouré – qui était enceinte. Tu as eu l'audace de demander si elle était mariée simplement parce que tu sais que dans son entourage, les couples sont tous mariés avant d'avoir des enfants. Sa réponse te fait doucement sourire. « Tu sais qu'il ne faut pas forcément être marié pour être parents ». Tu as souri. Un sourire jaune. Comme si Bill t'avait pris pour un idiot. Tu n'es pas stupide, tu es parfaitement au courant de la manière de faire les enfants.

D'ailleurs, tu as nettement l'impression qu'on te prend pour un adolescent qui ne doit pas être au courant de certaines choses. Tu as vingt-sept ans, mince ! Il faudrait que les gens ne l'oublient pas. Alors oui, tu n'as jamais pratiqué le sexe mais tout de même ! Tu n'es pas ignare !

Aujourd'hui, tu te retrouves à un mariage, celui d'un cousin – un autre, après tout, ta famille est grande. Et si la cérémonie était bien, le cocktail intéressant, le dîner placé par contre, tu t'en serais bien passé. Tes cousins sont bien gentils mais par moment tu as le sentiment qu'ils te prennent pour un demeuré. Si ce n'est pas cela, pourquoi tu es assis à côté d'une personne qui a au bas mot treize ans de moins que toi et que tu es le plus vieux ? Les autres de ton âge sont à des tables avec des gens de ton âge et toi, tu te retrouves encore avec des bien plus jeunes.

Tu finis malheureusement par y être habitué. Ce n'est que la troisième fois après tout. Le pire est que tu ne peux même pas ramener quelqu'un, une bonne amie avec toi. Déjà, tu n'en as pas, sauf Hermione qui roucoule avec un inconnu. Et puis, tes parents n'accepteraient pas que tu viennes avec une inconnue, que tu mentes en la faisant passer pour ta petite amie alors qu'elle n'est rien.

Résultat, tu es assis là et tu pressens l'ennui. La soirée va être bien longue et même tes amis ne pourront rien y faire. Le dernier mariage, tu as passé près de trois quart d'heure au téléphone avec Harry. Déprimant. Ce soir, tu ne peux pas l'appeler encore une fois pour qu'il te remonte le moral qui est très bas.

Encore un mariage où, lorsque tu vas rentrer demain, tu vas te poser des questions, te demander si tu es heureux et comment remédier à ce bonheur.

C'est ça la vraie question. Comment tu peux faire pour être heureux ? Déménager pourrait t'aider, sauf que tu n'as pas les finances malgré ce que tu perçois de l'État et la moindre livre sterling est économisée pour te payer cet appartement dans lequel tu vas passer de longues journées avant de trouver un travail. Ensuite, le boulot. C'est bien ça, d'avoir un emploi. Sauf que tu n'arrives pas à supporter l'autorité et tu auras forcément un patron. À moins que tu ne montes ta propre boite. Seulement, comme te le répète ton père à longueur de journées, il est préférable d'avoir un peu d'expérience avant de se lancer. Et toi, tu te demandes si tu seras assez compétent pour gérer des équipes, toi qui fuis devant les conflits et qui es passif devant les remontrances.

Après, si tu pouvais trouver l'amour, ce serait parfait. Mais ça, tu finis par ne plus y croire. Avoue-le, tu ne fais pas vraiment d'effort, n'est-ce pas ? Que ce soit dans ton physique que dans ta manière de t'habiller. Si on te donne près de sept ans de moins, ce n'est pas pour rien. Tu ne mets pas de vêtements de ton âge. Sauf que tu n'as aucune envie de ressembler à Percy qui met des costumes-cravates tous les jours depuis qu'il a commencé à travailler avec le premier ministre. Lui, on lui donne sept ans de plus que son âge.

Parfois, tu voudrais être moins coincé. Tu voudrais être capable de te montrer plus exubérant, avoir davantage confiance en toi. Seulement, tu as beau te répéter encore et encore d'agir de telle ou telle manière, tu n'y arrives pas.

Sourire, s'intéresser aux autres, s'ouvrir tout simplement, c'est difficile.

Combien de fois tu as envié les autres qui avaient cette facilité ? Tu ne les comptes même plus.

Pour toi, tes journées sont des combats de tous les jours. Ne serait-ce que prendre le téléphone, c'est difficile. Tu préfères le face à face, pas cette distance dans le combiné. Parce que tu ne sais pas qui tu as à l'autre bout du fil. Tu peux tomber sur n'importe qui.

Il y a le fait aussi de sortir de chez toi pour faire quelque chose de nouveau. Ton cœur qui bat la chamade.

Rappelle-toi la première fois que tu as pris le train seul. Tu étais mort de peur à l'idée de rater ta correspondance, ou même d'arriver en retard à la gare.

Aujourd'hui, ça va, tu gères. Surtout depuis que tu as été obligé de traverser l'Angleterre pour aller voir ton frère qui habite à l'autre bout du pays. Correspondances manquantes, attente longue. Tu t'es rendu compte que tu t'en étais sorti comme un chef, donc que ce n'était pas si difficile que ça.

Seulement, c'est toi. Tu n'arrives pas à accepter la nouveauté. Elle te fait peur. Il te suffit de prendre un chemin sur lequel tu ne vois personne pour te poser des questions.

Tout ça te bouffe la vie et tu sais que si quelqu'un venait à savoir ce qu'il y avait dans ta tête, il te croirait au bord du suicide.

Ça, tu as peut-être un pied dans la dépression, mais tu aimes vivre. Tu n'imagines pas ta mort. Elle surviendra, c'est certain parce qu'on meurt tous un jour. Sauf que tu préfères que ça arrive le plus tard possible.

Parfois, en revanche, tu t'imagines en train d'avoir un accident. Juste pour penser aux réactions des gens, savoir s'ils viendraient te voir. C'est morbide et glauque, tu le sais parfaitement. Mais tu es bêtement en demande d'une certaine reconnaissance, qu'on arrête de te considérer comme étant invisible, qu'on ait un peu plus d'estime pour toi, que ta propre famille en ait pour toi.

Et te revoilà à partir dans tous les sens, à te fustiger encore et encore sur ce que tu fais, ne fais pas, dis, ne dis pas. Chaque mot prononcé, geste fait, tu les dissèques et tu te prends la tête parce que tu n'as pas fait le bon, dit la bonne chose.

Tu es épuisant, Ron. Épuisant et épuisé. Tes nuits sont longues. Il paraît que c'est un signe de dépression. Sauf que tu jures sur tes grands dieux que tu n'es que déprimé.

Dis-toi qu'il ne reste que trois heures à supporter, ensuite tu pourras demander à tes parents de rentrer à l'hôtel et d'aller dormir. Demain, vous rentrerez à Loutry Ste Chaspoule, déposant Ginny dans son appartement londonien au passage et tout rentrera dans l'ordre.

Une chose est certaine, les mariages du côté de ton père, c'est fini ! Tu n'y vas plus.


FIN

Non, ce n'est pas un happy-end comme vous avez pu en lire et non, il n'y aura pas de suite. C'était une tranche de vie, pas très rose, pas très joyeuse, mais la vie peut être comme ça. Tout ne finit pas en "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" mais promis, la prochaine fic sera un happy-end :)