Ghost writing
Résumé : Albus Severus Potter, 12 ans, Serdaigle, est un écrivain de génie, un être brillant par son intelligence suprême. Tous l'enviaient, ça, il le savait, mais au point de le tuer ?
Devenu fantôme, il n'aurait pas de repos avant d'avoir démasqué son meurtrier. Ainsi qu'avant d'avoir laissé une trace de son passage sur terre. Mais c'est plutôt dur d'écrire un best seller quand on n'a plus de doigts, n'est-ce pas ?
Heureusement, il y a toujours un Serpentard plus fou que soi. Scorpius Malefoy, par exemple.
NDA : Délire suprême en IV actes et un épilogue, tout est écrit, publié à raison d'un chapitre par semaine.
Récemment, je me suis demandé quel genre d'histoire j'aurais écrite à 12 ou 13 ans, quand je n'avais encore aucun doute sur ma valeur et que mon orgueil n'était pas une source de préoccupation existentielle. Voici ce qu'il en a résulté.
Chapitre 1 : En fait, c'était juste un trou.
C'est un trou de verdure où chante une rivière…
Non, trop banal comme début. Ou plutôt trop connu.
En fait, c'était juste un trou. Sombre, comme tous les trous, humide, comme beaucoup. Ce genre de trous, c'est tellement classique qu'on pourrait se demander ce qu'il y a à dire à ce sujet. Un jour, un professeur m'a dit que l'élève doué réussirait même un examen dont le sujet était : « commentez ce mur blanc ». Qu'est-ce que je pourrais retenir sur ce trou dans lequel j'ai passé mes derniers jours de ma vie mortelle ?
Ah, si, je me souviens. Il y avait un trou, dans ce trou. Une petite excavation dans laquelle j'ai mis tous les espoirs qu'il me restait. J'ai essayé de grimper vers la sortie en m'accrochant à la terre glaise qui s'arrachait sous mes doigts désespérés. Mais plus je forçais, plus la solidité des parois s'amenuisait. Des kilos de boue me tombaient dessus. En fait, à défaut de la creuser, je refermais ma propre tombe. Petit détail sordide alors que le gout de la terre emplissait ma bouche affamée.
Mais, vous demanderiez-vous peut être, comment est-ce que je me suis retrouvé là ? Eh bien, je n'en sais rien. Et c'est pourquoi j'ai décidé de revenir sous forme d'un fantôme. J'enquêterai sur les raisons de ma mort, dussé-je y abandonner là mon repos éternel.
Je me présente. Je m'appelle Albus Severus Potter, fils de Ginny Weasley-Potter et Harry Potter. Mes parents sont des héros. La première est championne du monde de Quidditch. Le deuxième a seulement tué un méchant mage noir. Etrangement, c'est sur papa que les gens se retournent dans la rue. J'ai aussi un frère et une sœur. James est bien décidé à suivre les traces de maman, tandis que Lily… Pour le moment, je ne saurais me prononcer à son sujet. Pour moi, c'est juste une poupée parfaite en tous points : elle se laisse faire, elle aime qu'on la câline, qu'on joue avec elle, qu'on dorme avec elle, qu'on la peigne, mais elle ne semble pas douée de la moindre intelligence propre. Ou plutôt si, l'intelligence du dossier de chaise.
Un jour, je vous parlerai de mon dossier de chaise. Quand je saurais écrire sur un mur blanc au point de le rendre intéressant. Pour le moment, j'en suis au stade « essayer de rendre intéressant mon meurtre ». Même ça, c'est pas gagné.
Donc, je suis Albus Severus. Bien entendu, je suis bien trop avancé pour mon âge. En général, à douze ans, les enfants ne sont pas censés avoir lu tous les grands classiques anglais et même français. Mais l'été dernier, lorsque Fleur est venue passer un peu de temps chez papy et mamie, elle avait laissé trainer un livre de poésie française. Depuis, je ne m'en suis jamais remis. J'ai entamé un programme de lecture en accéléré, et d'apprentissage en accéléré. Maman dit que j'aurais mieux fait d'apprendre mes cours en accéléré, mais quel génie se soucierait d'avoir des Optimal partout s'il est capable de parler en alexandrins ? D'ailleurs, James a dit qu'il me taperait si je n'arrêtais pas. Pour me venger, je l'ai insulté en alexandrins. Il m'a tapé, ça a fait mal, mais je sais que les mots font plus mal que les coups.
Je n'ai pas trop d'amis. Non que je n'arrive pas à m'intégrer, hein, mais c'est plutôt que je n'y vois pas d'intérêt. Les autres m'indiffèrent, trop gamins, pas assez créatifs, ils ne comprennent rien de mes délires et me trouvent un peu fou, je crois. Mais qui a besoin d'amis quand on a une plume et un parchemin ?
Mon rêve ? Devenir un écrivain célèbre. J'ai d'ailleurs déjà commencé deux romans. Le premier, c'est l'histoire d'un petit garçon surdoué et asocial. Le deuxième, c'est l'histoire d'un écrivain célèbre et adulé. Mais je n'ai la fin ni du premier, ni du second, alors je patauge un peu dans la panade, pour le moment.
Mais je m'égare, n'est-ce pas ? Vous aurez par la suite toute la possibilité de constater à quel point je suis génial. Pour le moment, revenons-en à mon histoire. J'ai donc douze ans, une famille trop banale, des idées pas assez banales et je suis mort.
Ca s'est passé dans la forêt interdite, dans la nuit du 18 octobre 2018. Un peu trop de 8, surement. Encore que je n'ai jamais trop cru en la numérologie. Et puis je ne me souviens même pas de ce que signifie le 8, alors… J'étais tranquillement assis dans la salle commune des Serdaigle (oui, je suis un peu trop intelligent pour Gryffondor, m'a dit le choixpeau, je vous jure !) à écrire mes poésies dans le journal intime que m'a offert ma mère (comme si j'étais suffisamment commun pour écrire mon journal intime) quand tout à coup, le carnet m'a échappé des mains et s'est mis à léviter devant la fenêtre. J'ai essayé de l'attraper, parce que je ne voulais pas que quelqu'un d'autre le trouve, mais j'ai failli tomber du haut de la tour. Alors, je suis descendu en pyjamas dans les escaliers, en courant, sans me soucier des professeurs censés patrouiller à cette heure sombre de la nuit, pour rattraper mon livre.
Les portes du château étaient solidement verrouillées. J'ai entendu quelqu'un grommeler, de l'autre côté, puis elles se sont ouvertes devant moi. Avec du recul, je ne cesse de me dire que j'aurais peut être dû me méfier. Mais sur le coup, je me suis juste dit que l'être malfaisant qui me l'avait piqué voulait juste que je le poursuive. J'avais certainement raison dans tous les cas.
Donc, me revoilà pieds nus en pyjamas, dans le parc de Poudlard, à courir après un carnet volant. Je songeais au balais de James, mais je n'avais jamais su en faire, de toutes façons. Je me serais surement écrasé contre un arbre avant même avoir décollé. Bien sûr, il avait plu, la veille. Résultat, je m'étalais trois fois dans la boue glacée avant de me rendre compte qu'on était dans la forêt.
Je n'y voyais plus rien, même pas le carnet. Du coup, ledit carnet a commencé à me taper contre le crane pour me dire où il était. En idiot que j'ai été (oui, je le reconnais, il m'arrive d'agir en parfait idiot, ou plutôt en fou, ce qui est là une forme supérieure d'intelligence incompréhensible au commun des mortels) j'ai d'abord cru que le carnet avait réussi à échapper à son agresseur et était revenu tout seul comme un gentil petit chien. Sauf que le carnet ne s'est pas laissé attraper. Il était surement revenu à la vie sauvage. Alors, je l'ai poursuivi, il me glissait à chaque fois des doigts au dernier moment. Ca a bien duré pendant un quart d'heure, ce petit jeu. Je commençais à me lasser, quand il s'est enfin passé quelque chose.
Je tombais. Bon, d'accord, ça n'a pas duré longtemps, il n'était pas si profond que ça, ce vieux trou. Il était juste boueux et humide. Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle il était là sans doute Hagrid, le vieux garde chasse, voulait-il planter un arbre géant, et l'avait-il creusé en attendant de réussir à faire entrer un tel arbre en fraude à Poudlard. Toujours est-il que moi, le grand Albus Severus Potter, douze ans, un mètre trente deux, déjà tout couvert de boue, je suis tombé la tête la première dans un trou de deux mètres cinquante de profondeur sur trois mètres de largeur. Un vrai tombeau vertical. Les parois étaient toutes poisseuses, c'était de l'argile qui s'était bien liquéfiée pendant la dernière pluie. Je tâtais les bords, et je finis par tomber sur cette excavation humide, d'où avait sans doute été arrachée une épaisse racine, dans laquelle j'essayais de mettre mon pied. Mais rien à faire, la paroi derrière mon dos était trop loin pour que je m'y adosse, et je me contentais de tomber en arrière, aussitôt recouvert par un flot de boue.
Je n'y voyais vraiment plus rien, entre la nuit et la boue dans mes yeux. Je fis alors ce qui me sembla la chose la plus censée de cette nuit : je hurlais comme un fou. Pendant des heures. Mais personne ne vint. Au lieu de ça, il commença à pleuvoir, et des torrents de boue me tombèrent dessus, m'enlisant tout d'abord, puis m'ensevelissant.
Lorsque le jour se leva, je me réveillais – mort. Je ne me souviens pas bien, mais je sais que je me suis étouffé. Pendant combien de temps, je l'ignore. Toujours est-il que le trou n'était presque plus visible, et qu'à côté, totalement gondolé, la couverture toute croûtée d'argile, reposait mon carnet de poésies.
Le plus ironique, là dedans, c'est que récemment, pour arrêter de réfléchir, de temps en temps, je m'étais mis à la poterie.
La meilleure folie est la folie reconnue. Si vous avez reconnu son empreinte si caractéristique dans ce texte hautement dramatique, il y a un petit bouton review juste en dessous. N'hésitez pas à me faire partager votre ressenti!
La suite dans une semaine !
