Hello everybody !

Tout le monde connait Une vie, de Maupassant ? Oui, non ? Bref, une histoire que j'ai toujours aimé, un auteur qui m'a toujours fasciné. Je lui ai pris son titre et j'ai voulu en faire quelque chose. La vie de Rose m'a semblé correspondre, puis j'adore Rose. Mais je ne reprendrai bien évidemment pas l'histoire d'Une vie, soyons clair là-dessus (comment le Docteur oserait-il rendre Rose malheureuse et la tromper ?) je me contente juste... d'emprunter le titre, qui en dit long et qui ne vous dit absolument rien sur les histoires (parce qu'il se passera plusieurs choses, bien entendu) que je vous prépare.

Qu'est-ce que Rose devient, dans ce fichu monde parallèle duquel nous n'avons plus de nouvelles ? C'est la question que je me suis toujours posée. J'essayerai d'être le plus dans l'esprit des producteurs, de me mettre à la place des persos, à la place de leurs créateurs et de me dire "qu'est-ce qu'ils auraient fait ?". Bien sûr, je ne vous garantie rien, mon imagination me dépasse souvent (comme la dernière fois) mais j'essayerai d'être à la hauteur. Il y a néanmoins une chose qui changera par rapport à la série, qui est normalement un programme familial : je n'hésiterai pas à mettre du sang, à torturer mes personnages (psychologiquement, écrire un remake de saw version Doctor Who ne m'intéresse pas) et à mettre de sombres péripéties. Brave lecteur, vous êtes averti :D

Donc quelques petites choses, avant la lecture : encore le métacrise (excusez-moi, pour ceux qui ne l'apprécie pas, je trouve qu'il y a trop peu d'histoire entre Rose et lui, sur les fictions françaises et ça me désole un peu) mais vous l'aviez deviné. Je prends également en compte la scène supprimée (celle où le Docteur donne à son double un morceau du TARDIS pour qu'eux aussi, puissent voyager dans le temps (je préfère le dire pour les personnes qui ne le savent pas, les producteurs ont gardé l'idée sans pour autant la mettre dans la série)). Enfin je ne ferai pas une histoire d'amour platonique. Je veux retrouver le "fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis" qu'il y a dans la série, j'adore cette relation et pour moi, elle est très importante. Pour ceux qui veulent du romantisme à la guimauve, je ne dis pas qu'il n'y en aura pas, mais pas maintenant et jamais ce ne sera un truc gnan-gnan à mourir : ce ne sera pas un conte de fée, ce ne sera pas une histoire facile.

Quant à mon rythme de publication, il s'établit à un chapitre par mois, sauf si j'ai deux chapitre d'avance (ce qui m'étonnerait mais pourquoi pas ? ^^) raisons simples, je suis à la fac ; de plus, je n'aimerai pas écrire parce que je n'ai plus le choix que de finir mon travail mais je veux le faire pour progresser et pour mon plaisir, jouer avec les mots, avec des personnages, avec des émotions, des sentiments. Je ne veux pas non plus faire quelque chose de bâclé, de vite écrit mais c'est un projet à long terme et j'ai besoin de temps pour que les bonnes idées me viennent. Il n'y aura pas de retard, le lendemain au pire des cas et je vous préviendrai en cas de retard, évidemment.

N'hésitez pas à laisser un commentaire, il est important et très encourageant pour un auteur de voir comment les autres perçoivent leurs écrits (avis positif, négatif, un "bonjour" tout simplement, je réponds à tout ;)). Et bien sûr, personne n'est à l'abri des fautes orthographes, même si je veille à n'en laisser passer aucune.

Doctor who est une propriété de la BBC et ne m'appartient pas (j'ai lu quelque part que si je ne le précisais pas, je violais les droits d'auteur donc je préfère le dire :')).

Bonne lecture et à bientôt ^^


Partie 1

"La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit." Une vie, Maupassant

oOo

Chapitre 1 :

Le soleil se couchait sur la capitale britannique, lorsqu'une violente averse surprit la ville et sa périphérie. De sombres nuages, une tempête en devenir, balayaient d'un vent violent les rues, qui se désemplissaient à la vitesse de la lumière. Quelques courageux bravaient néanmoins les éléments -par faute de choix-, maudissant le mois d'avril et sa météo calomnieuse : ils ne pouvaient savoir que cet orage était la conséquence d'un rééquilibre dans l'espace-temps, qu'ils venaient d'échapper, de peu, au néant. Pour une fois, les saisons n'étaient pas à blâmer.

Non loin de là, en bordure des cités-dortoirs londoniennes, une famille rentrait chez elle, épuisée. Un aller-retour entre mondes parallèle, puis un voyage Norvège-Angleterre s'était enchaîné, sans repos pour eux. Leur fatigue étaient donc légitime, bien des hommes n'auraient pas supporté. Beaucoup les connaissaient : Monsieur Tyler s'était forgé une réputation, à force de combattre les aliens, Madame Tyler et sa fille, arrivées de nulle part, avaient conquis de nombreux cœurs par leur cran et leur sincérité. S'ajoutait à ce trio, un homme nouveau, issue d'une certaine Donna et d'un docteur. Du Docteur. Un héros dans bien des civilisations, une menace, un ennemi pour les autres.

- Satanez temps, grommela Jacqueline Tyler, qui se pressait dans l'entrée du manoir.

Elle défit son manteau rose et l'accrocha dans le vestibule, juste avant qu'un boulet de canon ne la percute de plein fouet.

- 'Man ! Maman, maman !

- Mon bébé ?! Tu m'as manqué !

Un petit garçon blondinet la serrait de tous ses petits bras, riant aux éclats. Quand il vit sa sœur, une joie innocente traversa ses grand yeux bleu ciel : il ne voyait que bien peu son aînée, toujours enfermée dans ses bureaux. A chaque fois, c'était un véritable délice et il le lui prouva par son accueil royal. Mais lorsqu'il aperçut le grand monsieur brun derrière elle, il se calma aussitôt. L'enfant fronça les sourcils et son blottit toujours plus contre sa soeur, la timidité l'emportant sur sa curiosité maladive.

- Tony, je te présente le Docteur. C'est un ami à moi, tu t'en souviens ? Il restera quelques temps à la maison. Tu lui dis bonjour ?

Il secoua de la tête et courut se réfugier dans le salon.

- Il fait toujours ça, au début, mais lorsqu'il s'habituera à toi, ce sera différent.

- Mademoiselle, la salua une femme de chambre. Dois-je préparer une chambre pour votre invité ?

Une brune avait emboité le pas du plus jeune et était restée dans l'ombre, jusque-là.

- Bonjour Lucy. Non, ça va aller, nous nous en occuperons, merci, répondit la blonde dans un sourire sincère. Je te fais visiter ?

Elle prit la main de son ami et l'emmena dans les diverses pièces qui composaient l'habitation. Salon, salle à manger, cuisine -qu'il connaissait déjà par le passé-, tout y passait.

- Mademoiselle ? s'étonna-t-il devant l'accent que la jeune femme avait emprunté.

- Elle a fait ses études dans une école française et elle n'a pas le droit de m'appeler par mon prénom -bien que j'aurais préféré-. Si tu as besoin de quoi que ce soit, privilégie-la à Alma, sa supérieure. Elle est beaucoup plus chaleureuse, beaucoup plus amicale. Ou viens me le demander, tout simplement.

- C'est noté, mademoiselle. Rose, rectifia-t-il après que son regard noir lui ait gentiment transpercé la poitrine.

Elle le guida à l'étage et le succéda dans une chambre.

- Cette maison est grande, trop, peut-être. Personnellement, j'ai toujours du mal à m'y faire. C'est bizarre, je n'aimais pas Powell Estate, mais au moins, là-bas, je me sentais à l'aise. Ici… Rien ne me correspond.

- Ça fait combien de temps ?

- Trois ans. Pas pour toi ?

- Si. Peut-être. J'ai arrêté de compter, c'est possible.

Après neuf cents ans d'existence, trois années ou trente ne sont guère différentes. Alors quand on perd le goût de tout, vous en oubliez jusqu'au temps qui passe : vous souffrez et vous vous y accommodez, tout simplement.

- Comment tu vas faire, alors ? Pour le TARDIS ?

- Les manipulations que m'a conseillées Donna.

- Ça marchera ?

- Normalement, oui.

- Pour combien de temps en auras-tu ?

- Un an. Un peu moins, avec de l'acharnement. Un peu plus, si tout ne se passe pas correctement.

- Puis tu repartiras ?

- Tu viendras ?

- Bien sûr !

La jeune femme lui sourit puis sortit des draps d'une armoire et les posa sur une table. Il s'empressa de l'aider.

- C'est… étrange, de faire un lit avec toi. De savoir que tu vas dormir près de moi, que tu es comme moi, que… Tu es là. Sans être celui que j'ai vraiment rencontré. Encore une fois.

Il se raidit mais elle ne lui laissa pas le temps de revenir sur ce dernier point :

- Il n'y aura aucun problème, hein ? Je veux dire, tu as un savoir immense, dans ta tête, alors que tu es humain. Tu ne vas pas… Brûler, comme moi lorsque j'étais le Méchant Loup ? Tu ne vas pas… Disparaître ?

Sa phrase fit au Gallifreyien, un véritable électrochoc.

Donna. Donna avait son esprit en elle et n'avait pas les armes pour le supporter, ou au mieux, le détruire. S'il savait que toute sa vie, des migraines intenses lui donneront des fièvres atroces, il avait la chance d'être un Seigneur du Temps, initialement. Mais la rousse était une humaine, formidable mais humaine. « L'un de vous doit encore mourir » avait dit Dalek Caan. Son cœur se serra devant ce douloureux constat : sa création avait condamné sa meilleure amie.

Les yeux dans le brouillard, le corps trop lourd, il s'assit sur le matelas.

- Docteur ?

- Donna… Elle est morte…

Sa voix se cassa.

- Quoi ?!

Pour la première fois depuis leur retrouvaille, le contact de Rose ne le rassura pas. Pas suffisamment.

- Comment peux-tu en être certain ?

- Parce qu'elle ne peut pas garder mes connaissances sans en mourir.

- Le Docteur a dû trouver quelque chose ?!

- Il n'y a rien à faire.

D'une tendresse qui calma quelque peu son désespoir, elle caressa sa main de son pouce.

- Et toi ?

- Non, ne t'en fais pas, il n'y aura pas de problèmes.

- Promis ?

- Pourquoi te mentirais-je ?

- Pour me protéger ?

La question de sa Rose tassa sa culpabilité au rang de chagrin.

- C'est vrai. Mais je te le promets. Pas pour l'instant, du moins.

- Comment ça ?!

- Je l'ignore. Sincèrement, je n'en sais rien. On verra !

- Attends… Tu veux me dire qu'un matin, je pourrais me réveiller et tu seras… Tu seras…

- Non. Je ne mourrai pas à cause de ça.

Elle n'était pas rassurée pour autant.

- Rose, Docteur, à table ! cria sa mère d'en bas, arrachant un sursaut à la blonde.

Un sourire déchira le visage de son compagnon, qui sauta sur ses deux pieds.

- Tant mieux, je meurs de faim ! Pas toi ?

- Plus trop, non. Mais… Tout ce que tu as appris dans ta vie, c'est vraiment, encore, dans ta tête ? Tu n'as rien oublié ? Et ça ne te blesse pas ?

- Rose, fit-il, en lui prenant les mains. Contente-toi de te dire que je suis le Docteur, le même, exactement le même. La seule chose qui change, c'est mon unique cœur mais c'est la même chose. J'ai peut-être des résidus de la personnalité de Donna en moi, également, mais ça n'aura aucun impact. Fais comme si rien ne s'était passé et que le TARDIS est en panne, nous condamnant à rester quelques mois sur Terre. Je suis le Docteur, ton Docteur. Alors cesse de t'inquiéter pour moi. D'accord ?

Plus aussi convaincue qu'elle l'était en Norvège, elle hocha de la tête et conjointement, ils descendirent les escaliers pour rejoindre tout le monde dans la salle à manger.

L'ensemble du repas se déroulait sous les cris du dernier Tyler et les questions de Pete, ne voulant perdre aucun détail des aventures qu'ont connus sa femme et sa fille.

- En tout cas Docteur, je suis content de vous avoir parmi nous. C'est un honneur.

- Non, merci à vous.

Puis, de fatigue, chacun monta se coucher. Tony, les parents, le Docteur, Rose.

Mais voilà. Cette dernière, la tête couchée sur l'édredon, n'arrivait pas à s'endormir.

Les minutes passèrent doucement, puis devinrent une heure, deux heures, trois heures. La voyageuse se tournait. Se retournait. Elle se mit sur le ventre. Sur le dos. Mais rien à faire.

Elle avait chaud puis froid et sa couverture n'aidait en rien à soulager ces fièvres soudaines. Son lit d'habitude confortable s'était métamorphosé en un tapis de pierres et le pays des merveilles ne faisait pas mine de lui ouvrir ses portes.

Trop de pensées tournaient en elle, pour qu'il s'y intéresse.

- Ok vous deux, répondez-moi. Quand je me trouvais sur cette plage, le pire jour de toute ma vie, quelle est la dernière chose que tu m'aies dite ? Allez, dis-le.

Elle se tourna vers le Docteur, le vrai, l'original, l'attente accrochée à ses lèvres. Suffisait d'un mot de sa part, d'un aveu pour qu'elle reparte avec lui, qu'importe ce qu'il en dise.

- J'ai dit « Rose Tyler ».

- Oui, et comment la phrase se terminait-elle ?

Ses yeux reflétaient une peine qu'elle s'efforçait de ne pas comprendre.

- Ai-je vraiment besoin de le dire ?

Ses doutes se certifièrent : mais elle n'était pas défaitiste pour autant. Guidée par l'espoir, elle se retourna vers l'Autre.

- Et toi Docteur ? Quelle était la fin de cette phrase ?

Ill ne répondit pas ; pas directement. Au lieu de quoi, il se pencha sur elle, brisant le vide qu'il y avait entre eux.

« Je t'aime aussi ». disait-il, dans un souffle qu'elle ne rêvait que trop souvent.

Un murmure doux, délicat, soulevant en elle de charmantes voluptés. Elle le regardait et vit son Docteur, en lui. Son Docteur qui se confessait enfin. N'en pouvant plus de ce mur, de cette barrière, de cette absence qu'elle vivait depuis trois ans, elle l'attira à elle et l'embrassa passionnément.

Les yeux grands ouverts, elle fixait le plafond, ses ombres et ses lumières. L'odeur de la campagne périphérique s'insinuait par la fenêtre entrebâillée, jusqu'à ses narines. Et les rayons de lune filtrés par les rideaux mal tirés projetaient sur son mur tout un tas de monstres et d'univers.

Dans un éclat de nostalgie, elle se remémorait. Elle se remémorait quand elle avait perdu l'esprit, accro à l'adrénaline comme à la drogue. A son Docteur comme à l'alcool. C'était amusant. Engageant. Avait-elle été folle, d'y croire encore ? Après tout ce temps ? Certainement.

A présent, c'était terminé. Peut-être pas, d'ailleurs. Puisqu'elle n'était plus seule. Mais elle n'était plus sûre. Aveuglée par le doute, elle ne voyait plus l'évidence de son choix, sur cette plage : son désespoir avait favorisé la sécurité à la folie, voyant dans cet unique cœur, l'esquisse d'un futur plus beau. Pendant quelques instants, elle avait cru que ces promesses de vivre ensemble, dans cette bouche d'ancien incorruptible au fond sensible, calmeraient ses angoisses, la tireraient d'affaire. Au lieu de quoi, l'oppression l'étouffait tout doucement, comme un adversaire qu'elle ne pouvait combattre. Et si l'air lui manquait cruellement, son extraterrestre lui manquait plus encore : qu'allait-elle faire, s'il n'était pas vraiment lui ? S'il n'était qu'une pâle copie, ne valant pas l'original ? S'il mourrait, surtout, après qu'elle se soit accommodé à lui ?

Victime et bourreau, elle pensait à ces jours, ces jours où ils avaient tant ris. Ces jours où ils s'étaient enlacés, ces jours où ils avaient feint ne pas s'aimer. Ces jours révolus. Et le semblant d'éternité, cet espoir, qu'elle avait ressentis : terminé.

Terminé pour avoir valorisé la simplicité de quelques mots au complexe Docteur.

La jeune femme se mordit la joue et se redressa, essuyant ses larmes qui coulaient douloureusement. Un poids pesait dans sa poitrine et lui coupait le souffle, ses mains tremblaient. Pourquoi s'infligeait-elle ce mal, alors que tout semblait réglé ?

Parce qu'avec le recul, elle voyait ce qui avait été en jeu. Elle n'était plus sûre d'avoir vraiment gagné la partie. Et le Docteur avait tout perdu. Pour finalement fuir, fuir encore, fuir toujours, quelque part dans un univers inaccessible, clôturant le chapitre « Rose Tyler » et le rangeant parmi les autres.

Cette pensée était un poison sur tout le reste, transformant les beaux souvenirs en de venimeux serpents. Rien n'aurait dû les séparer et voilà qu'elle l'avait fait. Qu'il l'avait fait. Qu'ils l'avaient fait. Avec une facilité qui l'étripait violemment.

Soudain, la sonnerie de son portable la tira de sa rêverie. Elle sursauta, surprise et le saisit avant qu'elle ne réveille tout Londres.

Jake. Elle fronça les sourcils : que voulait-il à… 2h du matin ?

- A… Allo ?

- Rose ?

- Oui ?

- Tu es rentrée ?

- Je ne te répondrais pas, si ce n'était pas le cas ? Que se passe-t-il ?

- Un problème. Tu pourrais venir ?

- Maintenant ?

- Il vaudrait mieux.

La jeune fille déglutit.

- Mais… Pourquoi ?

- Je ne sais ce que tu as fait, avant de partir mais… Dépêche-toi. Et sois discrète, je ne pense pas que ton père approuve… ça.

Il raccrocha.

Sa curiosité devint une crainte paralysante. Usant de tous les moyens qu'elle trouvait, pour revoir le Docteur, elle n'avait hésité devant les risques, les artefacts interdits, les réglages peu recommandés. Elle blêmit.

Enfilant le premier pantalon qu'elle trouvait, un T-shirt, la jeune femme dévala les escaliers en silence et sortit du manoir, les clés en main.

Heureusement pour elle, les chambres se trouvaient côté jardin, elle pouvait démarrer la voiture sans que personne ne l'entende. Allumant le contact de la jeep, elle s'éclipsa dans la nuit noire, roulant jusqu'à Canary Wharf. Dans sa tête s'effectuait calculs et conjonctures, sur les choses que ses recherches illégales pouvaient avoir provoquées : cependant, la liste était bien trop longue et bien trop inquiétante pour l'aider en quoi que ce soit. Se rongeant les ongles jusqu'aux sangs, son pied pressa l'accélérateur et le véhicule fila jusqu'au centre-ville.

L'immeuble, qu'elle avait longtemps méprisé pour tout ce qu'il représentait, n'était pas très loin de chez elle, quinze à vingt minutes lors d'un trafic normal, dix puisqu'il n'y avait personne sur la route et qu'elle ne se souciait plus des limitations de vitesse. Aussitôt arrivée, l'imprudente gara la voiture dans une rue adjacente, présenta son laisser-passer à l'entrée et se précipita sur l'ascenseur.

- Dépêche-toi, murmura-t-elle tendue, les yeux rivés sur les chiffres qui défilaient vers le bas.

Enfin, elle parvint au dernier sous-sol, où se trouvait son laboratoire secret. Jake l'y attendait, le menton plissé.

- Je t'ai couverte Rose, je savais ce que ça représentait pour toi. Tu m'as dit que tu gérais mais je crois bien que là, tu as perdu tout contrôle.

Salut, je vais bien et toi ? Oui, ça s'est très bien passé, on ne se reverra plus mais j'ai un clone de lui, près de moi ! Et toi, toujours avec l'autre ? Non ? Non, pas le temps pour les formules de courtoisies, apparemment. Il la conduisit jusqu'à la chambre et la laissa contempler son œuvre.

- D'accord.

L'aventurière aux milles réponses se figea, perplexe, devant le spectacle qui se jouait devant elle. Ou plutôt, devant l'absence de spectacle. Toute trace d'humour disparut pour laisser place au doute. Le vide. Le néant. Un… Truc noir déchirant l'espace sur un mètre carré, flottait devant eux.

- Tu ne sais pas ce que c'est, je présume, la nargua-t-il.

- Nan.

- Tu ne nous aides pas, là. Ça n'a aucune masse, aucun poids, ça ne dégage rien, n'absorbe rien si ce n'est qu'une très faible quantité de lumière, de manière continue, l'informa-t-il avant qu'elle ne pose la question.

- Quand est-ce que… c'est apparu ?

- Je ne saurais te le dire, je faisais ma ronde. Et je l'ai vu.

Rose fit le tour de l'objet, sans le toucher ni le frôler puis vérifia les capteurs, les mesures. Et pâlit.

- Je crois savoir d'où ça vient. Et j'ai bien peur de… Devoir faire appel à un expert.

Un expert, elle en connaissait un, très bien même. Elle se renfrognait mais se soumettait à cette idée, sans quoi, les conséquences pourraient bien être terrible ; et elle ne voulait pas que le Docteur ait sauvé la réalité tout entière pour que finalement, l'une de ses compagne la plonge dans le chaos.