On est une bonne demie douzaine, les visage plongés dans la lueur jaune qui imprime nos peaux. Tous les regards convergent vers ce feu de camp. On parle, on ri, on se raconte des histoires d'enfants en regardant mes flammes dansantes . Je sais pas pour vous, mais j'kiffe le spectacle du feu qui agrippent l'air de ses multiples doigts avides. Ça a un petit truc captivant sans que je puisse mettre des mots sur cette obsession. Ou alors c'est spécifique à moi et je suis une authentique pyromane en devenir.

Boarf... On se posera les bonnes questions demain. Quand on sera redescendu du mont Ebott en randonneurs victorieux... Ou en bataillon martyrisé de jeune vétéran. A voir.

Mon frère s'est isolé quelques minutes pour chercher du bois sec. Le flash de son téléphone en main. Ça me donne surtout l'impression qu'un halo glacé perce les silhouettes inquiétantes de la foret. Met en exergue chaque relief que l'orée des bois à a nous offrir dans sa majesté nocturne. Ça fout probablement la frousse à quelque uns. Mais tout le monde ici charrie grassement le moindre signe de peur, alors personne n'ose vraiment le montrer.

De mon coté, je savoure juste la bonne compagnie qui m'escorte pour ce petit camping. J'aime parfois simplement me poser en spectateur et regarder les gens qui vivent un bon moment.

Bon, pas trop longtemps, sinon les marrons que je suis sensés faire cuire vont cramés.

Oui, je sais que c'est cliché. Camper en mangeant des marrons ramassé à même la clairière dans laquelle sont plantées nos tentes. Mais j'vous rassure, c'est pas plus cliché que la meuf qui s'est ramassé avec des marshmallow avec la ferme intention de les faire griller sur une branche. Surtout quand la banche à pris feu et que par réflexe elle a lâché sa brochette au centre du foyer. M'enfin...
On se fiche d'elle encore a coup d'allusion mesquine. Encore quelque heures et le groupe décidera de passer à autre chose. En attendant, quelques sodas et tapes dans le dos passent de main en main. Quelqu'un accorde un ukelele avec des notes un peu gauche et je suis sur que d'ici quelques seconde, il va y avoir la première critique pseudo philosophique sur la société qui va jaillir.

La soirée s'annonce bien.

Et puis mon frère a hurlé.

Il y eu un silence, et je me suis retrouvée debout sans y penser. Comme mue par un ressort. Mon corps s'est mis en branle. J'accoure dans sa direction, main crispées, tenant encore le poêle bouillant à la main. J'enjambe la clairière en quelques seconde. Dépasse l'orée des arbres, perce le rideau végétal composé d'obscurité et de broussailles.

Je ne vois rien, me mange un arbre, puis deux. Qu'importe. Je crois que j'ai crié un prénom sans m'en rendre compte. Parce que j'ai une réponse, j'entends encore un faible échos de sa voix s'éloigner. Alors je gueule une deuxième fois, une troisième. Silence. Est je ne l'ai imaginé cet écho ? Est ce que c'est une blague ? Nan Jamais mon frère ne me ferait ca. Il est trop premier degrés pour faire ce genre de chose.

Alors j'ai continué de courir

Puis le sol s'est effacé brusquement sous mes semelles.

Comme dans un cartoon, mes pieds ont crochetés quelques secondes le vide. Le temps de réaliser ce qu'il se passait. J'ai juste sentis la gravité faire son travail et m'attirer toujours plus bas.

Il me semblait que dans le noir, la voûte céleste de cette nuit semblait se réduire a un rond de plus en plus petit.

Que ma dernière pensée fut un simple « Ah … » penaud.

... Et puis le néant