Shun, couvert d'écran total et étendu de tout son long sur un transat au bord de sa piscine soupira une énième fois en regardant le soleil à travers ses lunettes protectrices. La vie était si dure depuis la fin de la guerre…

Plus sérieusement…

A la défaite d'Hadès, il était resté un moment au Sanctuaire à la demande d'Athéna. En effet, à peine quelques semaines après, le Dieu des Enfers était ressuscité par son frère cadet, le Dieu des Dieux en personne. Parce que même si Hadès est une ordure sadique, prétentieuse, au caractère de chiotte et aux chevilles de la taille du Mont Fuji, il reste un Dieu. Sans compter que, et cela est à la base de tout, Papa-Zeus ne se voyait pas effectuer la basse besogne de son frère, à savoir punir pour leurs péchés les humains-chéris qu'il avait créés. Hadès avait donc été ressuscité sous le prétexte fallacieux que son existence était, bien malgré lui, nécessaire à l'humanité. S'en était suivie une engueulade mémorable dont les murs de l'Olympe avaient longuement retenti, et Hadès avait finalement consenti à reprendre sa place à la seule condition d'avoir une place au Conseil des Dieux et au sein de l'Olympe, et le droit de s'amuser avec les humains -presque- comme il voulait. Zeus avait malheureusement été intraitable : meurtres, viols, tortures sadiques, réduction en esclavage et domination du monde étaient formellement proscrit, à moins que le Dieu des Enfers ne souhaite s'y faire enfermer à tout jamais, avec une porte efficacement scellée par Hephaïstos…

Un discours relativement similaire avait été tenu à Poséidon, et les deux Dieux, bien que toujours renfrognés et vengeurs, commençaient à se réhabituer joyeusement à la liberté…

Bon, disons les choses clairement…

Autant Poséidon s'envoyait joyeusement en l'air entre un canard bien moins congelé qu'il n'en avait l'air et une sirène dont la flûte pouvait avoir des utilités insoupçonnées, réveillant le moindre poisson des sept mers (et la totalité du Sanctuaire sous-marin) dès qu'ils en avaient l'occasion, autant Hadès n'avait pas eu le choix…

Sa fille, sa douce et tendre Macaria, la « Mort Heureuse », l'opposée parfaite de Thanatos le Destructeur, avait jeté son dévolu sur un gros serpent chinois qui avait (encore!) perdu la vue, cette fois ci en se cassant la gueule dans ses escaliers, une fourchette à la main…

Personne ne savait comment il avait fait son compte, mais autant dire que le Seigneur des Enfers avait longtemps été d'une humeur massacrante et tirait une tronche de meurtrier psychopathe lorsqu'il avait signé avec son frère le pacte d'alliance avec Athéna… Un pacte de sang et donc éternel, rien que ça… Autant dire que sa fille avait intérêt à être heureuse et que Shiryu avait interdiction de la laisser tomber, sous peine de voir ses testicules tranchés à le petite cuiller émoussée, puis découpés en julienne avec un couteau rouillé pour ensuite être donnés à manger aux trois têtes de Cerbère…

Shun soupira une nouvelle fois. Il était resté au Sanctuaire car les Dieux y étaient, et cela ne se faisait pas, surtout pour un Saint Divin d'Athéna, de se casser le plus vite possible pour enfin avoir une vie normale et sans combat. Et actuellement, Shun regrettait VRAIMENT de ne pas être parti plus tôt.

Hadès était son plus grand problème. Pas parce qu'il subsistait à l'intérieur de sa tête une quelconque présence mégalomane et maléfique, non. Encore que, il aurait sans doute préféré, ça aurait été plus simple, et il aurait su quoi faire. Dans le pire des cas, il se serait tranché la gorge, la Terre aurait été sauvée, il serait passé pour un héros, Hadès se serait fait rosser par sa nièce et basta ! Mais non. Rien de tout ça.

C'était simplement sur lui que Hadès avait jeté son dévolu…