Marinette et ChatNoir sont déjà BFF. Mais lorsque Ladybug se déclare pour Adrien, il décide de profiter de ce rapprochement pour tendre un piège au Papillon plutôt que d'accepter son affection. C'est alors que Tikki et Papillon s'en mêle.
Le Papillon regardait par la grande fenêtre ronde de son repaire. Cette fenêtre magiquement générée par ses pouvoirs lui montrait les gens par la couleur de leurs émotions.
À la manière d'une cargaison de bobines de fils tous pêle-mêle dont les couleurs ne cessaient de varier. Rose pour l'amour d'un parent pour son enfant, jaune pour la joie enfantine, violet pour la mélancolie.
Il aurait aimé lire aussi facilement son propre fils. Adrien était physiquement trop prêt de lui lorsqu'il était à la maison. Il ne pouvait discerner ses émotions que lorsqu'il s'éloignait. Mais alors, Adrien devenait une bobine de fils parmi tant d'autre et M. Agreste devait travailler plus fort pour l'identifier.
C'était bien dommage. Adrien aurait été plus facile à manipuler s'il avait pu mieux comprendre son fils.
Aujourd'hui, le Papillon recherchait, comme toujours, cette nuance particulière qui appartenait à Ladybug et ChatNoir. Ce mélange de sacrifice pour autrui, de compassion et cette sensation de porter avec fierté le monde sur ses épaules. Il était déjà si difficile de les repérer dans la foule mais, en plus, ces sentiments héroïnes n'étaient pas présents chez eux en permanence.
Comme toujours, l'un des héros repéré, il surveillait les nuances négatives les plus proches d'eux. Qu'elle était le sentiment qui serait l'outil le plus propice à la réussite de son plan?
La colère était souvent très efficace, l'amour pourrait-il se prouver meilleur au final?
La vie d'Adrien se résumait à être un mannequin, une figurine de plastique exposée dans une vitrine. Qu'il soit sous l'œil de l'appareil-photo où à la maison pratiquant le piano, il n'était bon qu'à être le démonstrateur d'une certaine image. Un cintre, voilà comment il se sentait. Avec pour seule fonction de porter des vêtements.
On exigeait de lui qu'il fasse ce qu'on lui demande sans penser, vouloir ou expérimenter. Il se devait d'être parfait. Parfaitement désirable, parfaitement disponible et parfaitement achetable. Un produit.
Aujourd'hui encore, son père avait exigé de lui qu'il fasse une exception à ses principes. Il avait dû manquer la classe du matin pour faire un défilé privé.
Les défiles privés se déroulaient dans de confortables salons. Quelques acheteurs observaient (on non) les vêtements (parfois, ils discutaient et ne portaient pas attention) pendant que les mannequins pirouettaient devant eux.
C'est que les gens de la haute n'allaient pas dans les magasins, on leur apportait la marchandise.
Adrien fut tout de même soulager de découvrir que les clients en question n'étaient pas de vieilles dames lubriques. Il n'y avait qu'un seul client, un garçon d'environ son âge et accompagné d'une tutrice. Adrien les reconnu rapidement bien que ne les ayant jamais rencontré sous cette identité. C'était ChatNoir qui avait rencontré le Prince Ali quand celui-ci avait été en danger.
Danger bien relatif puisque l'akuma (Rose, une élève de sa classe) en était folle amoureuse et ne lui aurait jamais fait de mal. Le problème était plutôt qu'elle n'avait pas son libre arbitre à ce moment-là et voulait prendre celui du reste de Paris.
Adrien leur présenta quatre ensembles complet-veston et alors que Nathalie discutait de la commande avec l'assistante du Prince, celui-ci se rapprocha d'Adrien.
« Vous être Adrien Agreste, n'est-il pas? »
« C'est exact. Mes hommages, Prince Ali. » salua le mannequin en ajoutant une révérence.
« Bien gentil. Vous être ami de la classe de mademoiselle Rose, n'est-il pas? »
« Oui, Prince, c'est exact. Je suis dans sa classe cette année encore. »
« Est-il possible vous assez aimable pour lui remettre courrier de moi? » demanda le jeune prince.
« Ce sera avec une grande joie que je ferai cela pour vous. Elle en sera très heureuse. Puis-je me permettre une question? »
« Naturellement. Questionnez. » répondit le garçon.
« Si je vous disais qu'il vous est possible, à tous deux, de passer quelques heures ensemble ce soir, à votre hôtel sans que personne n'en sache rien hormis moi et un ami que nous avons en commun et en qui on peut avoir confiance pour garder les secrets? » confia Adrien discrètement.
« Je dirais à vous que vous avez maintenant faveur d'un prince et sa reconnaissance. »
Oui, la vie d'Adrien se résumait à être un mannequin sur des magasines, devant son père et même à l'école mais, Adrien pouvait parfois changer de vie et devenir ChatNoir.
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Malheureusement, Rose n'était pas une personne de nature très discrète et elle attira passablement l'attention lorsqu'il lui remit les lettres même si elle fit de gros efforts pour être calme.
Donc, quand Adrien lui parla du rendez-vous amoureux clandestin, beaucoup de monde la vit se jeter à son cou. Beaucoup de monde dont Marinette et Chloé.
Si Chloé fut plus prompt à exprimer sa jalousie, Marinette garda tout pour elle. Chloé su donc que la raison de l'excitation de Rose était une lettre du Prince Ali. Elle n'osa cependant pas exprimer devant Adrien la jalousie qu'elle ressentait toujours de ne pas être celle recevant la lettre d'une personne couronnée.
Marinette, elle, ne savait toujours rien des explications de cette histoire au moment de se mettre au lit. Elle se retrouva donc assez tard, cette nuit-là, à se retourner entre ses draps sans pouvoir s'endormir.
« Tikki, tu dors? J'ai trop chaud et je ne suis pas fatiguée. On peut aller faire une balade? » demanda-t-elle en désespoir de cause.
« Je veux bien puisque de toutes façons tu m'empêche de dormir. Mais tu sais, tu peux me le dire simplement si tu veux aller voir Adrien. »
« Tu accepterais? » fit Marinette pleine d'espoir.
« ChatNoir vient souvent parler avec Marinette et il n'a jamais découvert son secret. Celui de Ladybug devrait bénéficier de la même réussite. »
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Mais la chambre d'Adrien était vide. Ce qui était vraiment intriguant. Ladybug regarda l'horizon des toits de Paris comme un réflexe, cherchant s'il y avait du trouble dans la ville.
S'il n'avait pas été dans ses habitudes de chercher à repérer la silhouette de ChatNoir la nuit, il serait probablement resté inaperçu. Mais elle vit sa tignasse blonde flottant maintenant sur ses épaules refléter sous l'éclairage du toit de l'hôtel Le grand Paris, située en face du manoir.
En deux bonds, elle arriva à ses côtés. Comme il était simplement assis sur une chaise transat à regarder les gros nuages menaçant courir dans le ciel nocturne en se demandant s'il allait pleuvoir, elle ne lui demanda pas s'il y avait urgence.
« Bonsoir Chaton. Toi non plus tu ne pouvais pas dormir? »
« Non, je, je rends service à quelqu'un, ce soir. » répondit-il en se redressant et en plaçant le manuel scolaire qui était de revers sur sa cuisse pour le cacher derrière lui. « Et toi, Buguinette? Des difficultés à trouver le sommeil? Tu as décidé de courir les toits au hasard? »
« Non, en fait, je suis sortie prendre l'air et je suis passé pour savoir si, par hasard, Adrien Agreste ne serait pas réveillé. Mais il n'est pas dans sa chambre. » expliqua-t-elle en pointant le mur couvert de fenêtre derrière elle. « Tu n'aurais pas remarqué quelque chose d'inhabituel de ce côté pendant ta surveillance? »
ChatNoir cligna des yeux, surpris, puis inventa : « Rassure-toi, il n'est pas en danger, il fait le guet lui aussi. Il participe à la mission, avec moi. »
« Quoi? C'est quoi cette mission? Tu m'intrigues. » demanda-t-elle en s'installant sur la chaise voisine.
« Tu te souviens de Rose, cette fille qui est devenue l'akuma Princesse Fragrance? » commença-t-il.
« Oui, je n'ai rien oublié de ce combat, moi! » piqua-t-elle.
« Pourtant, je ne me souviens même pas t'y avoir vu! » contra-t-il.
« J'étais là pourtant! » assura-t-elle. Puis, mettant fin au jeu, elle expliqua : « Ma kwami était malade. Pendant un long moment, j'ai dû me contenter de faire ce que je pouvais en étant moi-même. Et le lien avec la mission de ce soir? »
« Adrien à croiser le Prince Ali, ce matin. Il lui a dit qu'il pensait toujours à Rose. Je l'ai fait entrer en douce dans la suite princière. Adrien m'a suggéré l'idée sur ma messagerie du ladyblog. »
« Je suis parfois surprise par ton dévouement, tu sais, Chaton. » sourit-elle.
« Pourquoi? Tu es très dévouée, toi aussi. » observa-t-il en fronçant les sourcils.
« Oui, mais je n'ai pas l'habitude de voir les autres l'être. J'ai l'habitude de voir les gens venir me demander des services mais je ne les vois pas aller vers les autres personnes.»
ChatNoir réfléchit une seconde puis énuméra : « Marinette aussi se dévoue pour les autres. Elle travaille longtemps pour faire plaisir à ses amis. Alya, à sa manière, se dévoue en s'occupant du ladyblog. C'est sa façon à elle de donner de l'espoir aux gens. L'espoir qu'on sera toujours là pour les aider. Elle les aide à avoir confiance en nous. Je pourrais nommer des tas de gens tous très dévoués. Mademoiselle Bustier, le professeur de cette classe qui a été ciblée si souvent, les parents de Marinette, le prince Ali, l'assistante de M. Agreste, Nino Lahiffe, Mylène Haprèle, ce sont tous des gens très généreux et qui font attention aux autres. Ils ne se glissent simplement pas dans un uniforme pour le faire. »
« Tu as raison. Je n'avais jamais vu les choses comme ça. » réalisa-t-elle.
« Au fait » questionna innocemment ChatNoir « Pourquoi voulais-tu voir Agreste? »
« Est-ce que je te pose des questions sur tes aller-venus autour de la boulangerie Dupain-Cheng? Mes raisons de voir Adrien sont personnelles. » snoba-t-elle.
« Très bien, comme tu veux. » répondit ChatNoir avec un sourire. Peu importe de quoi il s'agissait, ce ne pouvait être qu'à son avantage.
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Il fut même plus que ravit lorsque la nuit suivante, il aperçue à sa fenêtre une charmante héroïne vêtue de rouge. S'attendant à une visite imminente, il avait fait trois fois le ménage de sa chambre déjà impeccable simplement pour s'occuper et ne pas se mettre à sauter dans tous les coins.
Ils commencèrent par discuter de la soirée de la vielle et il avoua avoir beaucoup trop peu d'occasion de rendre service et le sentiment d'être isolé du reste du monde.
Le temps était bien sûr un facteur mais il se sentait toujours aussi isolé des autres malgré le fait qu'il fréquentait l'école publique, maintenant.
La preuve en était la réaction de Chloé à cause d'un simple aparté avec Rose.
« Tu veux sortir un peu? Aller voir un autre ciel que le même horizon que tu contemples tous les jours? Je suis consciente que ça ne résoudra pas ton problème mais ça pourrait te permettre de te détendre. »
« Oui, ce serait agréable. » Il enfila un blouson aux larges poches puis s'accrocha à elle.
Il sa rappela vite que si ses déplacements étaient moins saccadés que ceux qu'il effectuait avec son bâton, ils étaient plus larges et plus vertigineux encore que moins risqués. C'était étrange pour lui d'être simple passager dans les bras de quelqu'un d'autre, comme s'il n'avait pas de pouvoirs.
Dans un premier temps, il cru qu'elle l'amenait à la Tour Eiffel mais elle la contourna pour grimper au sommet d'un gratte-ciel. Ce toit très large comportait un espace terrasse mais surtout une vaste serre aux vitres transparentes. L'air à l'intérieur était sec et chaud, presque palpable et assurément en contraste avec l'extérieur. La raison à cela était la quantité de lampe uv éclairant certaines plantes.
« Ce sont des plantes très spéciales. La plupart sont des spécimens rares de cactus. Elles ont besoin d'énormément de soleil alors l'institut qui les étudie s'est installée sur cet immeuble puisqu'il n'y a pas d'ombre à ce sommet. Celle-ci est ma préférée à cause de toute l'étendue des nuances de couleurs de ses fleurs. » expliqua-t-elle.
« Cet endroit est magnifique. Extraordinaire, on se croirait vraiment ailleurs. C'est vraiment gentil de ta part de m'avoir montré cet endroit. Et la vue sur Paris! Oh! C'est gigantesque! Je suis déjà monté sur la Tour Eiffel mais ici c'est tellement plus… calme, moins tape à l'œil, plus… humain. » s'enthousiasma-t-il.
« On va devoir partir, par contre, il y a un laborantin qui fait des rondes pour vérifier les lampes. »
« Je te suis. » plaisanta-t-il « Où tu vas, je vais! »
Sur le chemin du retour, elle fit un crochet sur la droite et se posa dans le jardin zen d'une pagode. Il y avait un grand étang à la surface remuant sous les mouvements de carpes énormes.
« La vue est moins spectaculaire mais je la trouve aussi très intéressante. » expliqua-t-elle d'une voix douce.
Ils s'installèrent sur une grosse pierre plate comme s'il s'agissait d'un banc et lorsqu'il la vie frissonner, il retira sa veste pour l'enfiler sur ses épaules et y ajouta la chaleur de ses bras.
Ladybug pensa doucement : 'Je suis dans ses bras! Je craque!'
Il se sentait aussi très proche d'elle. Seuls avec elle dans ses bras, il n'avait pas l'impression d'être obligé de faire des bêtises pour attirer son attention au milieu de la foule en détresse pour une fois. Il se sentait en paix comme cela lui était rarement arrivé.
« Cet endroit est si poétique. C'est comme si les poissons voulaient attraper la lune. » souffla-t-il au-dessus de son épaule d'un ton rêveur. Des moments comme celui-là, il en aurait voulu des quantités pour elle et lui.
Ladybug voulu contenir un rire qui finit par s'échapper. « Tu veux dire que c'est la version aquatique d'une bande de chats essayant d'attraper un faisceau laser? »
Le rire chaud et sincère du garçon s'éleva dans la nuit pour répondre à sa plaisanterie. « Dis comme ça c'est un peu moins poétique! On rentre? J'ai une surprise pour toi et je veux te l'offrir avant qu'il soit trop tard pour te la faire. »
Il l'invita à s'asseoir sur le banc de piano près de lui et joua une douce mélodie seulement pour elle.
« Le titre est Sonate au clair de lune. » chuchota-t-il à son oreille. Les notes étaient calmes, douces, sophistiquées et ensemble, elles formaient une symphonie étourdissante.
« Tu as un talent incroyable. Tu joue si bien! » complimenta-t-elle.
« Pour tout t'avouer, c'est toi qui m'inspire. Je joue beaucoup mieux quand j'ai de la compagnie.» fit le jeune homme blond en fixant les touches du clavier.
Adrien plaça sa main sur la joue de la jeune fille. Elle le vit se pencher sur elle et fermer les yeux pour l'embrasser alors elle ferma aussi les yeux, prête à accepter le baiser. Mais il retira sa main et son regard se fit absolument triste et un peu dur. Finalement, il se détourna d'elle.
Elle ne l'avait jamais laissé aller aussi loin. Elle avait toujours repoussé ChatNoir et il s'attendait à ce qu'elle appuie une de ses mains sur sa poitrine et qu'elle s'éloigne de lui. Mais lorsqu'il avait sentit qu'elle ne résistait pas, il avait ouvert les yeux pour s'apercevoir qu'elle acceptait le baiser d'Adrien.
Elle se rapprocha alors de son visage et plaça ses paumes de chaque côté de son expression sombre pour qu'il se tourne vers elle. Lorsqu'il la regarda dans les yeux, elle déplaça ses mains sur ses épaules.
« Adrien? J'aimerais savoir à quoi tu as pensé pour que ton regard se voile tout à coup de tristesse. »
« Je me disais simplement qu'on connait bien peu finalement. » Il se leva du banc de piano pour prendre un peu de distance.
« Adrien, en réalité, j'en connais bien plus sur toi que je ne le laisse deviner. » dit-elle hésitante. Elle avait ramené ses mains sur ses cuisses et les fixaient sachant très bien qu'elle ne pourrait expliquer le comment de cet état de chose.
Il hocha d'abord gravement la tête, lui donnant raison sur le fait qu'elle connaissait probablement beaucoup de chose sur la partie de lui qui était Adrien. Mais il répondit tout de même : « Tu penses que je suis Adrien Agreste, le garçon parfait, celui que je montre à tout le monde, celui que mon père m'impose d'être et que tous attendent que je sois. Si je te montrais le ''vrai'' moi tu me… tu me repousserais. »
La conclusion logique de ce vers quoi ils se dirigeaient s'ils continuaient pour finalement être ensemble. C'est ce qui se passait toujours avec Ladybug finalement. Si elle ne s'était jamais intéressée à lui suffisamment pour le découvrir ou le connaître pourquoi tomberait-elle amoureuse de lui? Mais comment pouvait-il lui en vouloir? Il prenait si peu de temps pour être lui-même. C'était à peine s'il se connaissait lui-même en réalité en dehors des combats.
« Moi-même, je sais à peine qui je suis. »
Sa voix baissa jusqu'au murmure. « Mais je sais que je suis fou de toi. » S'il avait une certitude c'était qu'il aimait cette fille devant lui. Celle qui riait face au danger et trouvait toujours une solution pour sauver ses amis mais qui savait être douce et timide lorsqu'elle pouvait se le permettre.
«Mon cœur bât parfois si fort quand je pense à toi! Parfois je n'arrive plus à marcher ou à réfléchir. Et je voudrais tant que tu partages mes sentiments. J'ai cette image de nous deux, dans un parc, dans dix ans d'ici. Je suis assis au pied d'un arbre. Je lis quelque chose mais je ne sais même pas ce que c'est parce que je ne pense qu'à toi. Qui a posé ta tête sur ma cuisse pour t'en servir d'oreiller pour ta sieste. Et je joue doucement avec tes cheveux. » Adrien lui racontait son rêve comme s'il y était réellement.
« Tu te trompe, Adrien. Je ne dors pas, je regarde nos enfants qui jouent un peu plus loin. » commença-t-elle doucement.
Elle expliqua ensuite : « Je fais aussi des rêves pour nous deux. Mais j'ai peur qu'ils ne se réalisent jamais. Peut-être ces rêves sont-ils ceux qui se seraient réalisés si je ne portais pas de masque. Moi aussi je suis fausse. Parce qu'en réalité » soupira-t-elle « Ladybug n'est pas réelle. Elle n'est qu'un mirage, une illusion… un masque. Ma force et mon courage sont aussi des masques. En réalité, je suis faible et craintive. Si tu me croisais lorsque je suis moi-même, tu ne me remarquerais pas. »
« Dans ce cas, ça veut simplement dire que tu es en sécurité. Et c'est important que tu le sois. Mais je suis convaincu que Ladybug est une partie de toi comme Adrien est une partie de moi. Si elle est ta création, il est mon outil. »
« On sait déjà qu'on aime une partie de l'autre et c'est un très bon début. » espéra-t-elle.
« Ah oui? Et quelle serait la prochaine étape? » questionna-t-il en entrant dans son jeu.
« Celle qu'on veut. Celle dont on a besoin. C'est notre histoire, nous pouvons l'écrire à notre façon. On peut planifier un rendez-vous, trouver une solution pour être ensemble ou… s'embrasser. »
« La dernière suggestion parait assez facile mais peut ne pas l'être. Qu'est-ce qui se passe si on se trompe et qu'on ne fait pas les étapes dans le bon ordre? » Il avait peur qu'elle l'accuse de profiter du fait qu'elle ne connaisse pas son secret pour l'embrasser. Après tout, elle n'avait jamais dit oui à ChatNoir. Avait-il le droit de se rapprocher d'elle sans la prévenir? « J'ai peur de te blesser et que tu m'en veuilles. »
Elle se leva et se rapprocha de lui. « Et si c'est moi qui t'embrasse? Est-ce que tu m'en voudrais ensuite si tu découvre que je ne suis pas assez bien pour toi? »
« Peu importe qui tu es sous ce masque, je suis absolument incapable de dire non à un baiser de toi. J'en ai envie depuis trop longtemps. Tu es la fille la plus merveilleuse du monde.»
Avec la grâce de ballerine que lui donnait l'uniforme, Ladybug se percha sur la pointe des pieds et passa ses mains sur sa nuque. Ses lèvres atteignirent celles du garçon avec une grande douceur. L'un comme l'autre eu l'impression de se retrouver au beau milieu d'une tempête de feux d'artifices. Avec lui aussi une merveilleuse douceur dans la main, il attrapa sa joue et bougea la tête pour approfondir le baiser.
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Le lendemain soir était soirée télé pour ChatNoir chez Marinette. L'émission qu'ils écoutaient parlait d'un des personnages principaux, une fille, dont l'esprit avait été interverti dans un autre corps. Le copain de la fille la réconfortait dans une jolie scène amoureuse après l'avoir reconnue.
Marinette appuya sa joue sur l'épaule de ChatNoir et lui-même essuya une larme discrètement. Il était déjà plutôt fleur bleue mais le sujet le touchait aussi.
Marinette connaissait bien ChatNoir. Elle était sa meilleure amie mais encore plus que ça, elle était l'une des personnes les plus proches de lui en super-héros en plus de le connaître en tant que camarade de classe.
En fait, il n'y avait que peu de gens qui connaissait ChatNoir. Plagg qui se foutait un peu de lui tant qu'il avait son fromage, exactement comme un chat. Ladybug qui pouvait prédire chacun de ses gestes, qui savait toujours de quelle humeur il était, mais qui avait embrassé Adrien la veille sans rien deviner de son secret. Naturellement, elle ne connaissait pas vraiment Adrien au quotidien.
Il croisait parfois Alya aussi, mais Marinette connaissais très bien ChatNoir et était amie avec Adrien et elle n'avait jamais rien deviné durant tout ce temps qu'ils avaient passé ensemble. Ce constat le rendait triste.
Elle était sensible et intelligente. Qu'est-ce qui l'empêchait de comprendre? Elle était tellement importante pour lui. Leur amitié lui était plus essentielle que son amour pour Ladybug. Elle avait avoué avoir un faible pour Adrien lorsqu'il avait commencé à venir la voir.
À l'époque, il y avait des photos de lui partout dans sa chambre. Il ne pouvait s'empêcher de grimacer lorsque son regard tombait sur sa version mensongère.
Et un jour, elle les avait enlevés, sans lui donner d'explication mais lui assurant que ses sentiments n'avait pas changés.
Il avança la main et mit la diffusion sur pause. Chaque fois que quelque chose le peinait, il en parlait avec Marinette indirectement, bien sur. Elle savait toujours le comprendre et comprendre les gens avec qui il interagissait sans même savoir de quoi il retournait exactement.
« Ça te dérangerait qu'on parle un peu, princesse? »
« Mais non, je t'écoute. » Marinette laissa de côté le chandail qu'elle tricotait et lui donna toute son attention.
« J'ai vu Ladybug hier. » commença-t-il, préoccupé.
« Je n'ai même pas su qu'il y avait eu un akuma hier. » fit innocemment Marinette, se demandant ce qu'il voulait dire. Elle espérait qu'il ne l'avait pas vu se promener avec Adrien.
« Non, pas vu comme rencontré. Je l'ai aperçut mais je n'étais pas transformé. J'ai voulu l'appeler et la saluer. Ensuite, je ne suis dis que de toute façon, elle ne me reconnaîtrait pas. En fait, je l'avais déjà vu auparavant, je lui ai déjà parlé sans mon masque et elle ne m'a jamais reconnu. »
« Oh, Chat! Je suis désolée. Tu es triste, c'est ça? » fit Marinette et le prenant dans ses bras et la peine qui montait doucement en lui se fit plus douce et moins cruelle. Comme toujours, Marinette savait atténuer son mal même si elle en était la cause.
« C'est surement difficile de te reconnaître. Je veux dire, ta voix par exemple. Tu l'entends peut-être de la même façon avec ou sans ton masque, mais il est possible qu'elle soit un peu différente et que Ladybug ne puisse pas la reconnaître. J'ai toujours trouvé que tu parlais un peu du nez. Pas que ça me déplaise, ça fait partie de ton charme mais, elle est probablement différente à cause de ton masque. Je ne reconnaîtrais peut-être pas ta voix non plus sans ton masque. Ladybug à peut-être besoin de plus d'indices pour te reconnaître mais ce n'est pas non plus comme si elle avait le droit de rechercher ton identité secrète ou de porter attention à ces petits détails qui pourrait la mettre sur la voie. Elle s'aveugle surement elle-même intentionnellement. »
« Je sais que nos identités doivent demeurées secrètes, mais ça me fait tout de même de la peine qu'elle ne puisse pas me reconnaître. J'ai simplement l'impression qu'elle s'intéresse si peu à moi, qu'elle ne me connait pas du tout. On est peut-être pas aussi proches que je le pensais.»
« Ou vous êtes trop proches. » fit Marinette en comparant l'histoire de ChatNoir avec la sienne. Le fait était que ChatNoir ne l'avait jamais reconnu non plus.
« Hein?! » fit ChatNoir « Qu'est-ce que tu veux dire? »
« Euh, ben, c'est… Tu sais, il y a des histoires de héros fictifs et toi tu es un héros bien réel mais tu n'es pas à l'abri de vivre ce genre de péripéties comme, comme… Lois Lane! Oui, voilà. » fit-elle avec soulagement maintenant qu'elle avait trouvé un autre exemple qu'elle-même. « Lois à embrassé Superman des tas de fois et même Clark Kent à l'occasion avant de découvrir que l'homme dont elle était amoureuse se cachait derrière les lunettes de son meilleur ami. Pour elle, ils étaient deux personnes différentes. Un point c'est tout. »
Elle poursuivit ensuite malicieusement : « Toi-même, tu n'as jamais remarqué que quand je mets mes lunettes, je deviens Alya. » même si elle essayait de rester sérieuse en disant cela.
ChatNoir eu le temps d'attraper un oreiller à l'aveuglette pour y enfouir la tête avant d'être secoué par un énorme fou rire. Il avait beau adorer faire des jeux de mots, Marinette pouvait aussi être franchement marrante. Et l'idée que ses deux amies si complémentaires soient une seule et même personne était franchement absurde.
Le surlendemain fut un lundi matin riche en émotions. D'abord, c'était l'anniversaire de Juleka. Marinette lui avait tricoté un chandail qu'elle avait terminé la veille et qui présentait une image et les couleurs de Violette, la princesse gothique du jeu vidéo MySims. Mais la fête prévue sur l'heure du dîner fut interrompue par un akuma tout près du collège.
Ladybug, très mélangée dans ses sentiments envers ChatNoir et Adrien qu'elle avait contemplé tout l'avant-midi, repoussa son partenaire deux fois plus farouchement que d'ordinaire. Il faut mentionner que lui ne pouvait s'empêcher de fixer les lèvres de Ladybug et essayait en permanence de la faire rire. Il n'avait que très peu de concentration sur le combat. À un tel point qu'il prit un coup derrière la tête. Elle ne se moqua pas de lui mais eu un regard qui disait qu'elle le trouvait puéril.
Ce qu'il ne vit pas, c'est le sourire qu'elle cacha sous sa main : 'Qu'est-ce qu'il est mignon lorsqu'il essai d'être drôle!'
Mais le pire de cette journée, fut en cours d'art où, comme d'habitude, Chloé ne travaillait pas et pérorait sans arrêt, dérangeant tout le monde en général mais Sabrina et Marinette en particulier. Sabrina parce qu'elle devait écouter et répondre et Marinette parce que la voix aiguë de Chloé lui faisait grincer des dents. Mais aujourd'hui, le sujet de son placotage lui faisait aussi casser des crayons.
« Il est pénible ce ChatNoir tout de même! Ne peut-il pas comprendre qu'il n'est qu'une nuisance! Ladybug s'en sortirait mieux sans ce poids-mort. Elle est tellement patiente! À sa place, il y a des lustres que je l'aurais vertement remis à sa place et il y serait resté pour de bon. Il a vraiment pas de classe ce type. Comment peut-il penser que Ladybug puisse s'intéressé à quelqu'un comme lui, c'est vraiment… »
« CHLOÉ! Tu veux bien fermer le vide-ordure qui te sers de bouche, S'il-Te-plaît? » la coupa vertement Marinette.
Adrien s'était sentit rapetisser sous les paroles de Chloé. Est-ce que c'était vrai? Était-ce ce qu'il était le seul à ne pas voir? Que si sa Lady l'avait toujours repoussé, c'est qu'il ne la méritait pas? Était-ce ce qu'elle pensait aussi? Ça expliquait des tas de choses. Sans s'en rendre compte, il avait baissé la tête et ses mèches avaient voilées son visage. Il était à ce point blessé qu'il ne voyait plus le sol que très loin devant lui. Mais la voix de Marinette le ramena sur terre et parmi le groupe.
« Tu ne sais pas du tout de quoi tu parles! » poursuivie son amie. « Ladybug et ChatNoir sont une é-qui-pe. Et tu sais quoi? Moi, je pense qu'elle l'aime! Peut-être qu'elle a une bonne raison de dire non, mais peut-être aussi que ce sont juste les circonstances qui les empêche d'être ensemble. »
« T'est folle, elle le repousse en permanence. Et je la comprends qui voudrais s'encombrer d'un tel boulet? Je veux dire c'est pas comme s'il avait quelque chose d'intéressant. » répliqua Chloé avec mépris.
« Euh, c'est un vrai héros, peut-être? » répondit Marinette avec ironie avant de poursuivre avec sincérité. « Il risque sa vie pour sauver celles des autres y comprit celles de ceux qui n'ont pas de gratitude envers lui. Quoi d'autre? C'est un gentleman, il est patient, attentif aux autres, intelligent, courageux, loyal, juste, généreux, doux. Je suis certaine qu'elle l'aime. Même si elle ne peut pas être avec lui. Elle ne peut pas faire autrement que l'aimer parce que lorsqu'on le connait, on ne peut pas s'empêcher de l'aimer, ça c'est certain. Elle l'aime un point c'est tout. Le contraire est impossible! »
Chloé essaya longtemps de trouver quoi répliquer à Marinette. Celle-ci ignora tout le monde et tourna la page du cahier à dessin sur son chevalet. Elle laissa tombé les petites fleurs qu'elle peignait pour s'attaquer à une esquisse semi-abstraite d'une grande chute d'eau sauvage et colorée qu'elle mit moins d'une demi-heure à terminer maintenant que Chloé ne parlait plus et qu'elle avait de l'adrénaline à dépenser.
Tous les élèves ne furent pas convaincus par son argument sur les sentiments de Ladybug pour ChatNoir mais quelques uns eurent de profonds éclaircissements sur ceux de Marinette envers le héros de Paris et l'un d'entre eux fut Adrien lui-même.
Il regarda sa grande amie sous un tout nouveau jour à partir de ce moment-là. Il ne savait toujours pas pourquoi exactement Ladybug préférait ne pas être avec lui, mais il ne s'était jamais sentie autant aimé et de façon aussi sincère.
