Le Refuge :


On l'appelait le Refuge.

Cela faisait bientôt deux ans qu'Harry avait pris cette collocation avec trois autres étudiants. Dans le lot, il y avait Ron, Hermione, et puis Colin, le petit blond qui ne se baladait jamais sans son appareil photo. Celui-là, Harry l'avait toujours trouvé bizarre.

Mais bizarres, ils l'étaient un peu tous. Des sorciers parmi les moldus, survivants d'une guerre qui les avait changés irrémédiablement.

Colin, c'était le dernier arrivant. Il avait rejoint la bande au début de l'année et s'était très vite fondu dans l'étrange ambiance qui régnait dans l'appartement. Il était discret, et seules ses photos placardées sur les murs du couloir étaient une preuve tangible qu'il habitait l'endroit.

Hermione faisait des études de médecine dans la même université que Ron, qui lui étudiait la cuisine. Colin, était rentré sur dossier dans une école de photographie renommée. Le seul qui n'était pas étudiant, c'était Harry. Il travaillait dans une pizzeria et enchaînait en parallèle d'autres petit boulots en attendant de découvrir ce qu'il voulait faire de sa vie. Non pas qu'il ait vraiment besoin d'argent, mais il ne se voyait simplement pas ne rien faire de ses journées.

Après Poudlard, la guerre et les morts, il s'était vite rendu compte que jusque-là, sa vie n'avait eut un sens que parce que Voldemort existait. Maintenant qu'il l'avait tué, il avait perdu cet étrange sens de la vie. Et ne l'avait jamais vraiment retrouvé depuis, d'ailleurs. Alors il bouchait les trous de vide comme il le pouvait. Avec d'autres bulles d'air un peu moins vide.

Quand Harry avait fait part à Ron et Hermione de son désir de retourner dans le monde Moldu, ils avaient été surpris. Harry avait toujours considéré le monde magique comme son vrai chez-lui, du moins le croyaient-ils. Cependant, une semaine plus tard, ils avaient fait leurs valises et suivi le Gryffondor butté. La vérité, c'était qu'ils s'inquiétaient beaucoup pour lui. Et qu'ils l'auraient suivi n'importe où, surtout.

Harry avait changé. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas s'en apercevoir, ne serais-ce que physiquement. Le brun était plus maigre encore qu'il ne l'avait été gamin, et l'étincelle qui se logeait dans ses yeux autrefois n'était plus qu'un vague souvenir. Il était souvent dans la lune et pouvait rester pendant des heures assis dans le canapé sans rien faire.

Pourtant, Harry continuait de vivre comme si rien n'était. Comme si l'armistice avait signé la fin de ses problèmes en même temps que celle de la guerre et qu'il pouvait maintenant avancer. Comme s'il était obligé d'être heureux.

Mais il n'en était rien, et ses deux meilleurs amis le savaient mieux que quiconque.

Parce que la nuit, assis devant sa porte, ils l'entendaient sangloter.

Et ses larmes déchiraient le silence si fort que, parfois, Hermione sentait ses joues humides rejoindre celles du brun.

Heureusement, Ron était là. Lui, il ne pleurait jamais, et Hermione aimait ça. C'était rassurant.


Colin était assis dans la cuisine, son ordinateur sur les genoux, et passait en revue d'un air distrait les derniers clichés qu'il avait pris. Ils fronça les sourcils, contrarié. La lumière n'était pas bonne et il n'arrivait pas à ajuster les contrastes de manière satisfaisante. Il avait même fait des erreurs de cadrage sur certains clichés, ce qui ne lui arrivait jamais d'habitude.

Il posa son front contre la planche en bois de la table de la cuisine commune et soupira. Il n'arriverait à rien ce soir, et puis, de toutes façons, les autres allaient bientôt rentrer et il voulait cuisiner cette fois, si possible un truc mangeable.

Il ouvrit le frigo et en sortit de quoi préparer une grande omelette. Il ne savait pas faire grand-chose d'autre, et sans l'aide de la magie pour la cuisson, il était même capable de rater une recette aussi basique. Les crêpes et les omelettes, c'était déjà pas mal, se convainquait-il.

Celui qui cuisinait le mieux, c'était indéniablement Ron, suivit de près par Harry qui se débrouillait vraiment bien, lui aussi.

Colin n'avait pas de talent particulier à mettre à disposition des autres. Hermione aidait chacun dans les travaux et avait toujours un livre à prêter sur tout et n'importe quoi. Harry faisait les courses et la vaisselle plus souvent qu'à son tour – il avait des horaires moins lourds que ceux de ses camarades- et était très efficace à la tâche. Ron cuisinait et mettait l'ambiance avec ses blagues douteuses et ses farces en tout genre.

Colin, lui, se sentait à part. Il ne servait à rien, même en essayant il n'était pas efficace. En plus il y avait un lien si fort qui unissait ses trois colocataires entre eux qu'il savait au fond de lui qu'il leur serait toujours un peu étranger. Ils avaient vécu des choses ensemble qu'il ne pouvait pas s'imaginer, il le sentait. Et puis, le trio était parfaitement équilibré et harmonieux sans lui, alors à quoi bon s'incruster...

Malgré ça, le blond était heureux d'être là. Parce que dans l'appartement, il y avait Harry.

Et que tant qu'Harry était près de lui, Colin pouvait veiller sur lui.

Le monde magique lui devait tellement, et lui avait une dette à rembourser. En son propre nom. Des regrets terribles à effacer. Le visage de son frère cadet s'imprima doucement dans sa mémoire.


Hermione grimaça en passant dans le couloir qui reliait le salon à la cuisine. Colin avait affiché de nouvelles photos, pour son plus grand malheur. Sincèrement, elle ne remettait pas en cause le talent indéniable de son colocataire pour sa discipline, mais bon sang, le choix de ses sujets...

Colin photographiait des animaux morts, des plantes séchées, des malades et des cimetières.

Tout ce qui se rapportait de près où de loin à la mort était pour lui sujet de prédilection. Ses colocataires lui disaient parfois d'arrêter de placarder ses photos partout, mais Colin répondait juste qu'ici au moins, elle avaient un sens, un but. Il refusait de les enlever.

Au bout d'un trimestre, Hermione avait capitulé et les images se faisaient sans cesse plus nombreuses sur les murs du couloir.

Elle ouvrit la porte de la cuisine et vit Colin, dos à elle, en train de touiller dans un grand saladier. Il avait bien grandi, sa carrure n'avait rien à envier à celle de Ron qu'il dépassait même en taille. Elle savait que le garçon avait beaucoup de succès auprès des filles de sa haute école.

Mais Colin ne semblait pas s'en apercevoir. Il ne regardait jamais les autres. La jeune femme ne savait même pas s'il avait des amis et, parfois, elle avait l'impression qu'il ne fréquentait qu'eux.

Ce constat lui faisait peur. Gérer un Harry niant sa profonde dépression était déjà suffisamment compliqué, elle ne voulait pas s'occuper de Colin en plus. Non pas qu'il lui paraisse spécialement malheureux, simplement pour prendre de tels clichés il fallait bien qu'il y ait un mal-être quelque part. Et puis il y avait cette drôle de façon dont il semblait toujours vouloir être transparent...

Colin était pour elle un mystère. Il parlait rarement, se réfugiait dans sa chambre au moindre prétexte mais semblait bizarrement toujours essayer de donner un coup de main à gauche et à droite. Ils l'avaient accueilli un peu par hasard dans l'appartement. Un matin, Harry avait croisé Colin sur le chemin du travail, et après une brève discussion, le Gryffondor lui avait parlé de leur collocation, Colin n'ayant pas encore trouvé de logement. Personne ne s'opposant à son arrivée parmi eux, il s'installa la semaine suivante.

La chambre libre devînt celle du blond.

Hermione avait fini par apprendre que le père de Colin était mort pendant la guerre mais que sa mère et son petit frère étaient restés dans le monde magique. En septembre, Denis était entré en cinquième année à Poudlard.

Mais ça, le blond n'en parlait jamais.

« Oh, Hermione, je ne t'avais pas vu entrer. Omelette, ça te va ? » Dit doucement Colin, qui s'était retourné pour prendre le sel qu'il avait posé sur la table et avait ainsi aperçu sa colocataire.

« Oui, bien sûr ! Ça sent bon... » Répondit la jeune femme. Colin rougit et se remit à cuisiner en silence. Hermione partit travailler dans sa chambre parce qu'elle ne savait déjà plus quoi ajouter. Ça se passait souvent comme ça, les amorces de discussion avec Colin.


Harry nettoyait les dernières tables quand son patron l'interpella depuis le four à pizza, situé plus en avant de la pièce.

« Harry, j'ai un vieil ami qui vient me rendre visite dans trois jours. On ouvrira pas ce jour là, mais plutôt jeudi prochain, pour rattraper. »

« D'accord Sam, je retiens. » Répondit l'employé.

Samuel, plus communément appelé Sam, était un homme sympathique. C'était presque inscrit sur son visage rond et barbu. Cela faisait un an qu'Harry travaillait à la pizzeria, et il avait appris à connaître son moldu de patron. Et à beaucoup l'apprécier. Le Gryffondor ne savait pas au juste expliquer pourquoi, mais la présence de l'homme à ses côtés l'apaisait. C'était une question d'aura, peut-être.

Il l'avait rencontré pour la première fois un matin où il déambulait sans but précis dans les rues de la petite bourgade, et il s'était arrêté pour manger le midi dans la pizzeria, sans raison précise.

L'endroit lui plaisant, il revenait souvent y manger quand il n'avait pas envie de retourner à l'appartement ni de cuisiner. Il y régnait comme une profonde ambiance de sérénité qui agissait sur le brun comme un incroyable calmant. Les murs de brique rouge lui rappelaient un peu Poudlard, et le feu du four à pizza réchauffait agréablement la pièce. Les pizzas étaient excellentes, ça aidait aussi.

Un jour, Sam lui avait annoncé qu'il cherchait quelqu'un pour faire le service et lui avait proposé le poste, Harry avait saisi cette opportunité au vol et ne l'avait jamais regretté. Petit à petit, son patron lui avait appris les ficelles du métier, et il était désormais multitâche. Parfois en cuisine, parfois en salle. Sam le laissait gérer, et Harry faisait ça bien.

C'était même une des rares choses qu'il faisait correctement depuis deux ans.

Harry jeta un bref regard autour de lui. Les tables étaient toutes impeccables et il était temps pour lui de rejoindre ses amis au Refuge. C'est avec un petit poids sur le cœur qu'il s'en alla.

Parfois, il se sentait plus chez lui ici qu'avec les autres. Sam ne parlait pas trop, et c'était agréable.


Colin ramassa d'un geste vague les clés qui traînaient dans le salon et les posa sur la commode avec la paire de gants qu'il avait laissé bien en vue. Il jeta un regard sur la troisième porte, celle de la chambre d'Harry.

Pas un bruit ne filtrait. Il dormait toujours.

Le blond regarda sa montre. Il était l'heure pour lui de partir. Il fit un rapide détour par la cuisine et attrapa une orange qu'il déposa à côté des gants. Il vérifia dans ses poche qu'il n'oubliait rien puis sortit.

Une demi-heure plus tard, Harry se réveillait. Il était en retard, comme toujours. Il sortit en hâte de son lit et s'habilla rapidement. En dix minutes, il fut prêt devant la porte et attrapa ses gants et ses clés qu'il avait laissé sur la commode de l'entrée. Quelqu'un avait oublié une orange, aussi il la mit dans sa poche, se promettant de l'engloutir en chemin.

Il travailla jusque midi au supermarché puis se dirigea machinalement vers la pizzeria. En route, il se souvînt que Sam lui avait dit qu'il fermerait jeudi, mais puisqu'elle était sur son chemin pour rentrer, il ne fît pas demi-tour.

En passant devant la pizzeria, il ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil machinal à travers la devanture vitrée. Le panneau « closed » oscillait lentement sur la porte et Harry distingua deux silhouettes assises à une table derrière le four. Elles semblaient discuter avec animation.

Il se figea.

Son patron, dos à lui, parlait avec un homme qu'il connaissait trop bien. Severus Snape, chemise noire sur le dos, articulant des mots qu'Harry ne pouvait pas entendre. Ce n'était qu'une silhouette lointaine, mais Harry était sur de ne pas se tromper.

Snape était ce genre de personne qu'il aurait repéré au premier clin d'œil dans une foule dense. Et puis, avec son nez crochu et ses cheveux toujours aussi immondes, il n'aurait pas pu passer à côté sans le reconnaître.

« Vous êtes vraiment un crétin, Potter, comme votre père. Concentrez-vous ! Legilimens ! »

Harry dans son placard. Harry dans la chambre des secrets. Harry pourchassé par Dudley dans les rues larges et propres de Privet Drive. Harry pleurant, le cadavre de Cédric dans les bras. Harry regardant impuissant son parrain, déjà mort, traverser l'Arche.

Snape ricana.

« Vous êtes un incapable, Potter. Comme votre père ! Concentrez-vous»

Le jeune homme secoua la tête. Il s'était arrêté brusquement au milieu du trottoir et s'était égaré dans ses souvenirs douloureux. Ce qui le fit revenir à ses esprits, ce fut le regard de Snape croisant le sien.

Merde, se dit-il. Il s'était fait repérer. Harry s'enfuit en courant, manquant la tentative de Sam pour le rattraper et par la même occasion l'air inquiet de Snape.

Il monta les marches de l'escalier de son immeuble quatre-à-quatre. Essoufflé, il s'écroula devant sa porte et ramena ses genoux contre sa poitrine.

Il n'avait plus revu Snape depuis la dernière bataille. Après avoir lancé son dernier sort, le Gryffondor s'était allongé sur l'herbe, au milieu des cadavres, des blessés, et était tombé dans une bienfaisante inconscience. Le professeur avait été la première personne qu'il avait vu à son réveil, quelques minutes plus tard, et l'homme lui avait tendu la main pour l'aider à se relever et lui avait marmonné « Merci Potter » comme on aurait parlé de la météo.

Après, il s'était éloigné sans un mot et avait transplanné. Harry ne l'avait jamais revu, et n'avait jamais cherché à le revoir, même quand Snape avait été gracié sous son témoignage. Il s'était toujours questionné sur le geste du professeur mais préférait simplement ne pas y penser. Snape avait du péter un boulon, voila tout.

L'homme était lié pour lui à trop de sentiments négatifs qui lui revenaient en pleine face désormais. C'était mieux qu'il l'oublie.

Oui, c'était pour ça que revoir Snape lui faisait aussi mal.

Du moins, c'est ce qu'il pensait ce jour-là.


Ron était inquiet. Depuis trois jours, l'état d'Harry allait en s'empirant et il ne parlait désormais presque plus. Hermione et lui ne savaient pas quoi faire, ils avaient tenté de le faire parler mais n'avait récoltés que de vagues « je vais bien, je suis juste malade ». Ils n'avaient pas même la moindre idée de ce qui avait pu déclencher cette drôle de crise. Enfin, drôle n'était pas le mot.

Il n'était pas retourné travailler depuis jeudi. Et ça, c'était peut être le plus angoissant. Harry était un acharné du travail et cette catatonie annonçait un profond bouleversement. Ron connaissait le brun depuis dix ans. Même dans les pires moments, il n'avait jamais vu Harry ainsi.

Ni quand ils chassaient les horcruxes, ni quand la gazette du sorcier s'acharnait sur lui, ni quand Sirius était mort. Jamais Harry n'avait perdu un objectif de vue. Jamais il n'avait abandonné.

Mais là, il ne faisait plus rien. Enfin si, il mangeait, se lavait, s'habillait, dormait, mais c'était tout. Le reste de sa journée, il s'asseyait sur le rebord d'une fenêtre, les genoux pliés, et regardait distraitement les passants ou le ciel.

À vrai dire, Harry était passé par tellement d'épreuves, solide comme un roc, que les deux amis se sentaient complètement perdus et impuissants. C'était sans doute ça qui faisait aussi peur.

Étonnamment, ce fut Colin qui parvînt à sortir le brun de l'état catatonique dans lequel Harry s'était enfoncé. Peut-être était-ce parce que son approche du problème était différente, ou peut-être juste parce que c'était Colin. Au lieu d'essayer de faire bouger le Gryffondor, il s'asseyait simplement à côté de lui et lui parlait.

Un long monologue, continu, qui dura trois jours.

Colin parlait de ses vacances en famille, de ses cours, d'une foule de petits détails quotidiens qui, sans que rien n'y paraisse, ramenaient peu à peu Harry sur terre.

Loin de ses souvenirs, d'avantage dans la réalité.

Et puis, aussi soudainement qu'il s'était tu, Harry se remit à parler.

Colin, lui, se contenta de sourire.

Et de l'écouter.


« Regarde Colin, il pleut aujourd'hui. Tu ne trouves pas que c'est joli, tout ces parapluies vu d'en haut ? » Demanda Harry, souriant, penché au dessus du balcon.

Le blond hocha la tête. Il était heureux parce qu'Harry allait mieux. Une petite étincelle au fond de lui insufflait une lueur d'espoir dans sa poitrine. Il avait cette impression d'avoir été un peu utile au bien-être de son colocataire, et cette impression apaisait un peu la culpabilité qui l'étreignait lorsqu'il regardait le brun.

« Ce que j'aime bien, c'est que tous les parapluies ont une couleur différente. Tu as déjà remarqué qu'on peut presque classer les gens en catégories selon leur couleur ? Les parapluies bleus, gris ou noirs, c'est pour les gens sérieux. Les parapluies roses, c'est pour les petites filles. Enfin, ce sont des généralités, bien sûr, mais tu verras rarement un homme d'affaire avec un parapluie Dora orange flash. Et puis, il y a ceux qui sont toujours à la bourre, comme moi. Et comme ce gars-là » Dit il en pointant du doigt un jeune homme qui courrait, un journal posé sur la tête en guise de capuchon.

Colin resta songeur. « Et toi, tu fais quoi quand il pleut ? »

« Rien, répondit Harry, moi j'aime bien sentir la pluie couler sur mon visage. Ça réveille, et puis on se sent vivant. »

Il y eut un moment de silence bercé par le 'ploc' des gouttes de pluies qui s'écrasaient en quinconce sur les toits et sous les roues des voitures.

« Demain, je retourne travailler. » Finit Harry.


« Oh.. Tu es revenu ? » Dit Sam, mal-assuré à son employé qui entrait dans la pizzeria.

Harry hocha la tête. Et scruta attentivement son patron comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Un morceau de bois dépassait de sa manche, et le Gryffondor se sentit bête de n'avoir pas compris ou remarqué plus tôt. Il avait été naïf, tellement naïf. Sam était bien trop sympa avec lui depuis le début, il aurait du ouvrir les yeux bien avant.

« Alors t'es un sorcier ? Depuis tout ce temps tu te foutais de ma gueule ? Tu comptais me le dire à un moment, au moins ? »

Sam eut la décence de rougir un peu, mais ne se laissa pas démonter pour autant.

« C'est pas ce que tu crois, se défendit-il, je ne me suis jamais moqué de toi. Je ne t'ai pas dis que j'étais un sorcier parce que je ne voulais pas te faire peur, Harry. »

Le brun le scruta, amer.

« T'as du bien te marrer à parler de moi avec Snape, hein. Au fond, t'es comme tout les sorciers. Même dans le monde moldu j'aurai jamais la paix, c'est ça ?! Voir le Survivant nettoyer des tables te plaisait où bien c'était simplement pour côtoyer une 'célébrité' ? »

« Severus n'est pas ce que tu crois. C'est un homme bon, tu sais. Il..»

Harry vit rouge, et plutôt que de sauter sur son aîné, il préféra sortir du magasin en claquant la porte plutôt que d'écouter celui en qui il avait confiance le trahir.

« J'ai essayé » Murmura Sam en le regardant partir. "J'ai vraiment essayé."

« Je sais » Répondit Snape, sortant de l'ombre et posant les mains sur les épaules de son ami.


« Je lui ressemble tant que ça ? » Pensa Harry en fixant la silhouette familière qui lui souriait sur la photo magique. Ses parents avaient l'air si vivants quand il les regardait ensemble ainsi. Ils lui faisaient des petits signes de la main tout en s'embrassant quand ils pensaient qu'Harry ne les voyait pas.

C'était la seule photo qu'il lui restait d'eux. L'album que lui avait donné Hagrid avait brûlé dans l'incendie du terrier, des années auparavant. Il avait retrouvé l'image au square Grimmauld et l'avait emportée. C'était, de l'avis des Weasley, sans doute le dernier cliché existant.

Il ne le quittait plus.

C'était pour ça que Snape l'avait détesté depuis le début, n'est ce pas ? Pour ses parents ?

Snape... Pourquoi cet homme seul arrivait à déclencher une telle avalanche de sentiments ? Harry n'avait jamais pu cerner le professeur. Quand il était arrivé à Poudlard, il avait compris au premier regard que le professeur le détestait de toute son âme. Le premier cours de Potions n'avait fait que confirmer cette première impression.

Et maintenant, Snape revenait le faire chier ? Ce ne pouvait être une coïncidence, Harry n'y croyait pas.

Une bourrasque plus forte que les autres balaya le parc dans lequel il s'était réfugié et la photo lui échappa des mains.

Il courut à toutes jambes pour la rattraper, traversa la rue et ne vit pas la voiture arriver à toute vitesse. Il sentit seulement un choc, une ombre familière, puis plus rien. Le sang qui coulait de sa plaie à la tête faisait comme une auréole autour de ses cheveux. C'était d'un beau affolant.


Les « bips » de l'appareil qui mesurait les battements du cœur d'Harry agaçaient prodigieusement les quatre personnes présentes dans la chambre d'hôpital. En plus, il faisait trop chaud et l'air sentait le désinfectant.

« Raconte nous ce qu'il s'est passé, Colin » Demanda une Hermione inquiète et pâle comme la mort.

« Je te l'ai déjà dit, il s'est jeté sous les roues de la voiture. J'étais en train de rentrer des cours quand j'ai entendu le bruit d'une voiture qui freinait. Snape était là aussi, et c'est lui qui à eut le réflexe d'appeler l'ambulance pendant que je jetais des sorts pour ralentir l'hémorragie. »

Le silence s'étendit dans la chambre comme une ombre pernicieuse.

« Je pensais qu'il allait mieux » Chuchota Ron, l'air coupable.

« On le pensait tous » Répondit Hermione. « C'est pas de ta faute. »

Cette tentative de suicide avait surpris les colocataires. Le matin même, Harry était parti travailler, le sourire aux lèvres. Et dire qu'à peine trois heures plus tard il était évacué en ambulance...

« L'infirmière m'a dit qu'elle ne savait pas quand il se réveillerait. » Poursuivit Colin en fixant Harry, branché à une tonne de machines qui faisaient du bruit.

« Il est tard. Allez vous reposer. » Dit Snape qui juste là n'avait pas ouvert la bouche. Tout le monde avait été surpris de le voir, mais en un sens, sa présence était rassurante. Il avait l'air de savoir ce qu'il faisait et ne semblait franchement pas hostile à Harry, alors personne n'avait empêché qu'il les suive dans la chambre.

Voyant qu'aucun de ses anciens élèves ne semblait vouloir bouger, l'homme insista.

« Je reste pour le surveiller et accélérer sa guérison sans que ça ne paraisse suspect. Vous avez tous les trois des têtes à faire peur, rentrez chez vous et dormez un peu. » Le ton était impérial bien que bizarrement gentil.

Colin se leva le premier, et rentra tout de suite. Il avait quelque chose d'important à faire à l'appartement.

Hermione et Ron, quant à eux, allèrent voir l'infirmière en chef pour glaner quelques informations supplémentaires sur l'état de leur ami.

Un peu hésitants, ils laissèrent finalement Snape pour veiller seul sur leur meilleur ami.

Ils ne cessèrent de se demander s'ils n'avaient pas fait une grosse bêtise.

Snape resta seul assis sur la chaise en plastique inconfortable. Quand il fut certain que personne ne pouvait le voir, il prit sa tête entre ses mains et fixa longtemps les yeux clos de son cadet.

« Crétin. » Souffla-t-il au silence.

Un sentiment amer d'échec lui restait en travers de la gorge. Cela faisait deux ans qu'il surveillait le garçon, pour rien, vu son état actuel. Il n'aurait pas du commettre une erreur aussi idiote que celle de venir voir Sam dans un endroit aussi exposé. Il savait que le Gryffondor n'avait pas envie de le voir.

Snape laissa ses souvenirs défiler lentement dans la tête. Il se souvenait du regard vert qui l'avait fixé, mort, à la fin de la guerre. C'était à ce moment là que Severus avait compris que le brun s'était perdu quelque part pendant les combats. Une mort de trop, peut-être. Où se sentiment de vide que laissait l'armistice. Lui aussi le ressentait parfois.

Il avait décidé de continuer de protéger le garçon, fidèle à la promesse qu'il avait faite à Lily plus de vingt ans auparavant. Bien que, s'il en était à s'avouer les choses franchement, il y avait bien longtemps que cette promesse n'était plus la raison pour laquelle le sort du garçon le préoccupait autant.

Peut-être ces putains de yeux verts. Où alors ce courage inébranlable dont le Gryffondor avait fait preuve. Où peut-être simplement parce que Snape ne détestait plus le garçon comme il se plaisait à l'affirmer.

Soupirant, il approcha sa chaise du lit du brun et prit doucement sa main dans la sienne.

Elle était tiède, et cela rassura Severus.

Épuisé, il posa sa tête sur les genoux du Gryffondor insconscient.

Et sombra dans le sommeil sans s'en apercevoir.

Hermione, qui avait oublié son sac dans la chambre revînt sur ses pas et réprima un halètement de surprise devant le spectacle étrange de son professeur et de son ami. Le plus discrètement possible, elle ramassa ses affaires et s'en alla sur la pointe des pieds, jurant de garder ce qu'elle avait vu pour elle.

De toute façon, elle ne croyait pas au hasard, et la présence de Snape n'en était assurément pas un. Elle rentra chez elle sur ce constat.


Quand Hermione rentra de l'hôpital, elle entendit un bruissement venant du couloir de la cuisine. Elle poussa la porte et se figea un moment.

Assis par terre, Colin arrachait rageusement ses photos du mur, une à une, et les engouffrait dans un grand sac poubelle. Elle le vit même en déchirer certaines, et cela lui fit mal au cœur.

Il jetait des mois de travail à la poubelle. Littéralement.

« Colin » L'appela-t-elle doucement.

Le garçon suspendit ses gestes. Il baissa la tête vers le sol et ne répondit rien. La Gryffondor s'approcha et s'assit en tailleur à côté de Colin. Elle ouvrit le sac et en sortit des lambeaux de clichés.

« Je ne comprends pas... Pourquoi tu fais ça Colin ? » Souffla-t-elle, un peu perdue.

Il s'expliqua, le regard toujours fixé sur les lattes du parquet :

« Elles n'ont servi à rien. Strictement à rien. »

« Comment ça ? » Fit Hermione qui ne comprenait toujours pas ce que lui racontait Colin.

« Je pensais qu'en montrant à Harry ce que c'était la mort, il n'aurait plus envie de se suicider. Je pensais qu'en voyant toutes ces choses, il retrouverait le goût de la vie. Mais tu vois, maintenant il est à l'hôpital et moi je n'ai servi à rien, je n'ai pas réussir à me racheter. »

Les larmes dévalèrent en torrent sur ses joues pâles, et Hermione était figée.

D'abord parce que le blond, d'ordinaire impénétrable, avait la figure chargée d'émotions. Mais surtout parce qu'il avait vu avant tout le monde les démons qui habitaient son meilleur ami. Elle qui râlait sans cesse à cause de ces clichés morbides...

« Je... Je ne savais pas. Je m'excuse pour toutes les fois où j'ai critiqué tes photos, Colin. Je ne pense pas que tu es inutile, au contraire. Tu sais, on sait tous que tu fais de ton mieux, et moi j'admire ta manière de parler à Harry. Parfois, j'ai l'impression qu'il t'écoute plus que nous. »

Hermione eut un petit sourire triste, et le cœur de Colin se serra parce qu'il sentait la douleur derrière les mots de la brune.

« Mais c'est bien, tu sais. Ron et moi on le connaît trop bien, il a besoin d'un regard nouveau. D'un regard qui ne sait pas tout de lui, tu vois ? La seule chose que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu fais tout ça. J'ai remarqué tous les petits coups de mains que tu lui rends en permanence, même si lui ne s'en rend pas compte. Mais pourquoi, Colin ? Pourquoi tu dis que tu dois te racheter de quelque chose ? »

« Je... » Hésita Colin. Il avait ce secret gardé dans son cœur depuis si longtemps. Le moment était sans doute venu d'assumer.

« J'ai fait des choses horribles, quand j'étais jeune. Tu te souviens sans doute de l'époque où je suivais Harry partout avec mon appareil photo ? »

Hermione confirma, l'air grave.

« C'est si lointain aujourd'hui... Lorsque vous étiez en quatrième année, et les deux années qui ont suivi, la Gazette du Sorcier s'est acharnée sur Harry. Le pire, ça à été en sixième, quand l'homosexualité d'Harry a fait les gros titres. Vous vous demandiez sans cesse qui donnait les informations à la Gazette, qui volait les photos. Vous pensiez que c'était des Serpentards. C'était moi. Je suis désolé, je sais à quel point ça à fait du mal à Harry. Je regrette tellement, Hermione... Pardonne moi.»

La Gryffondor se figea, le temps que le sens des paroles du blond s'imprime en elle. Un instant avant qu'une colère immense ne balaye le moindre de ses nerfs.

« Du mal ?! C'était bien plus que ça, espèce de crétin. Tu n'imagines pas une seule seconde à quel point ces articles ont peu le détruire. Tu sais combien il était seul, à quel point ses ragots lui ont fait de la peine et l'ont éloigné de ses amis ? On a du le ramasser morceau par morceau quand il a reçu les premiers messages homophobes. Des milliers, Colin. Des milliers de beuglantes, voila ce que tu lui as offert avec tes conneries ! »

Jamais Hermione ne s'était énervée de cette façon, sur personne. Pas même Malfoy, puisque, avec lui au moins on savait à quoi s'attendre.

Mais elle avait mal, parce que la trahison était venu du seul endroit où elle ne l'aurait jamais imaginé venir. Le fait de savoir que Colin habitait parmi eux, qu'ils l'avaient accueilli dans leur maison alors que derrière leur dos il avait fait des choses pareilles...

« Je veux savoir pourquoi. » Demanda la Gryffondor d'un ton qui ne souffrait aucun refus.

« Je n'ai pas d'excuse. Pas vraiment d'explications non plus. J'étais jaloux, je pense. Dit Colin, tentant d'endiguer le flot de larmes qui noyait ses yeux. Tu sais, dès ma première année j'ai admiré Harry, et je pense que je lui en ai toujours voulu de ne pas se soucier de moi. Je ne comprenais pas qu'il avait tant de choses à gérer. Je n'avais pas réalisé que nous étions en guerre. »

Il renifla bruyamment.

« Et puis un jour, je l'ai surpris à pleurer en haut de la tour d'as tronomie. Il parlait à ses parents et j'ai compris... J'ai cessé de le suivre à ce moment là. Mais ma colère est vraiment partie le jour où il a sauvé mon petit frère. Moi je lui avais toujours mis des bâtons dans les roues, et lui s'est interposé pour sauver Denis. Je me suis fait la promesse de me racheter le soir-même, et je vous ai suivi ici dès que j'ai pu. »

Hermione resta songeuse. La fureur en elle était toujours présente, mais les paroles de son cadet l'avaient fait réfléchir.

« D'accord. Je passe l'éponge sur tout ça, mais sois sûr que j'en parlerai à Ron. Je ne dirai rien à Harry, par contre. »

Colin eut l'air soulagé.

« Mais je te laisse deux mois pour lui dire toi-même. C'est pas à moi de te pardonner, c'est à lui.»

Finalement, peut-être pas soulagé.

Hermione sortit sans jeter un regard de plus au garçon en larmes, et claqua la porte derrière elle.


Colin avait à peine fini de fermer le dernier sac poubelle quand il entendit une nouvelle fois la porte du couloir s'ouvrir. Aucun son ne suivit le premier, et le blond se retourna prudemment. Ron se tenait dans l'embrasure de la porte, l'air indéchiffrable, et Colin déglutit.

« C'est vrai ce que m'a raconté Hermione ? La Gazette, c'était toi ?» Demanda le roux.

Le blond confirma, plus courageux qu'il n'aurait cru l'être.

Le mouvement fut si rapide que Colin n'eut pas le temps de bouger. Il sentit seulement un poing s'écraser sur sa joue et une main le serrer au niveau du cou. Il avait mal, si mal, le choc avait été violent. Le roux n'y avait pas été de main morte.

« Ça, c'est pour ce que tu as fait à Harry. » Annonça Ron, implacable. Il sortit sa baguette de sa poche arrière et Colin ferma les yeux, attendant la douleur qui ne manquerait pas d'arriver, imminente.

Il sentit seulement un sort lui effleurer la joue et sa blessure disparaître en même temps que la douleur.

Un sort de soin ?

« Et ça, c'est parce que tu lui as sauvé la vie. »

Ron le lâcha et alla dans la cuisine en silence pendant que Colin atterrissait, face contre terre, sur le plancher.

Deux minutes plus tard, on entendait le bruit du mixer résonner. Ron cuisinait.

Colin utilisa le dos d'une de ses photos pour essuyer le sang qui coulait de sa plaie guérie avant de se lever. Il se sentit étrangement apaisé après ça.


Harry papillonna des yeux deux ou trois fois avant de tâtonner autour de lui pour trouver ses lunettes. Il voulut utiliser sa main droite, mais celle ci était prisonnière d'un étau chaud et ferme qu'il ne parvenait pas à identifier, aussi dut-il se contenter de sa main gauche, ce qui le ralentit pas mal.

Il effleura du bout de ses doigts la monture de ses verres et les mit sur son nez. Ce simple effort l'avait vidé de ses réserves d'énergie. Il jeta un bref coup d'œil autour de lui et reconnut le décor caractéristique d'une chambre d'hôpital. Il ferma les yeux et chercha dans sa tête l'origine de son état actuel. Les souvenirs lui revinrent en un flash, et il se fustigea de son imprudence.

Baissant des yeux, il avisa surpris la silhouette de Snape affalée contre ses genoux. Le plus surprenant restait la main de celui-ci qui enserrait la sienne. Visiblement, le professeur était endormi. Harry se fit la réflexion qu'éveillé il n'aurait jamais eu cette attitude.

Sans savoir pourquoi au juste, la vision de son professeur, la tête posée sur ses jambes, ne le mit pas en colère. Il était surpris, mais pas énervé. Et puis de toute manière, il était trop épuisé que pour lutter contre la poigne ferme.

Snape émit un grognement contrarié quand Harry se décala légèrement vers l'arrière pour s'asseoir. Il ouvrit les yeux, l'air un peu vaseux et le Gryffondor failli en rire.

L'aîné se redressa subitement et lâcha la main de son ancien élève en disant « N'imaginez rien, Potter, je vérifiais votre pouls. »

Harry soupira. À peine éveillé, le professeur lui cassait déjà prodigieusement les pieds.

« Qu'est-ce qui vous à pris, Potter ? » Murmura l'homme qui faisait des efforts pour ne pas élever le ton. Question d'habitude, surtout quand il se sentait pris en faute.

Le brun le regarda, interrogateur. « Comment ça ? Et puis en quoi mon état vous concerne. Et qu'est ce que vous foutez dans ma chambre, tant que j'y suis ? »

« Je parle de votre tentative de suicide. » Expliqua Snape, balayant les autres questions d'Harry, ce que ce dernier ne remarqua même pas tant il était surpris.

« Hein ?! Comment ça tentative de suicide ? J'ai eu un accident, c'est tout ! » S'écria le garçon.

« Cela fait des mois que je vous suis, n'essayez pas de me mentir. J'ai bien vu que vous étiez dépressif. Soyez honnête avec vous-même et arrêtez d'essayer de me mentir. Vous vous êtes jeté sous les roues d'une voiture, j'ai assisté à toute la scène vous savez.»

Harry se pinça le nez.

« Premièrement, oui, je ne suis pas bien depuis quelques temps mais je n'en suis pas au point de souhaiter mourir. Je courrais derrière la photo de mes parents et je n'ai pas fait attention en traversant, dit-il en tendant le cliché à Snape pour prouvez ses dires. Deuxièmement, c'est quoi cette histoire de me suivre ?! »

Le professeur eut la décence de rougir un peu.

« Laissez-tombez, Potter. Je vois que vous allez mieux, alors je vais vous laisser. » Dit il en se levant.

« Pas si vite ! » hurla Harry en l'attrapant par le poignet et en le rasseyant de force sur la chaise qu'il venait de quitter. « Maintenant vous m'expliquez tout. Depuis le début. En commençant par ce 'merci' bizarre à Poudlard. »

Snape se perdit quelques minutes dans les prunelles vertes. Ce n'était pas normal que d'aussi beaux yeux soient ceux d'un gamin aussi chiant.

« Je... Un jour, j'ai promis à votre mère de vous protéger. Je tiens simplement mes promesses, voila tout. Quand je vous ai relevé ce jour-là, j'ai vu que vous alliez faire une connerie alors je vous ai surveillé de loin. Et si j'ai dis merci c'est parce que j'étais fatigué. Quand vous avez rencontré Samuel, un ami à moi, je lui ai demandé de vous surveiller et il vous à engagé. C'est tout. Et vu votre état actuel, j'ai bien fait parce que vous ne savez clairement pas vous occuper correctement de vous ! » S'énerva Severus.

Amer, Harry répondit. « Je vous libère de cette promesse. Après tout, vous me détestez depuis des années, alors barrez-vous et vivez votre vie loin de moi. Je ne voudrais pas gâcher la vie de Monsieur Snape.»

Inexplicablement, le Gryffondor était plus que blessé par les paroles de son professeur. Encore une fois, il agissait à cause de ses parents. Harry aurait simplement aimé que quelqu'un se soucie de lui pour qui il était, et pas à cause de sa célébrité, de ses parents, de sa cicatrice ou d'une autre raison idiote.

Et puis Snape et lui, ça avait toujours été intense. Mêler sa mère à ça l'agaçait d'une façon qu'il ne comprenait pas. Leur haine, c'était une question qui ne regardait qu'eux. Harry haïssait Snape. Snape haïssait Harry. Rien qu'eux deux.

Snape, c'était sa Némésis. À lui.

« Je ne vous déteste pas. » Murmura Snape.

Harry le regarda dans les yeux, mais il semblait sincère, alors il répondit :

« Moi je ne vous déteste plus. » Répondit Harry, plus honnête dans ses mots que dans ses pensées. C'était étrange avec quelle fluidité les mots étaient sortis de sa bouche.

Il ne parvenait pas à détacher le professeur des yeux.

Il y avait un truc sur le visage de Snape qui le fit frissonner.

Ce n'était pas vraiment un sourire, mais presque.


...