Un bon vent poussait les voiles du Nomade ce matin-là. Sinbad sorti de sa cabine à l'aube, comme d'habitude. Une douce brise se fit alors sentir et le capitaine ferma les yeux pour apprécier la chaleur du soleil levant. Il se dirigea ensuite vers le gouvernail tenu par Rongar. Il posa une main sur l'épaule de son ami pour le remercier, puis il prit les commandes de son navire. Peu de temps après, il vit une chevelure rousse apparaître sur le pont. Maeve portait une pile de livre qu'elle déposa à l'avant du bateau avant d'en saisir un et de se mettre à la lecture. Sinbad vit ensuite Doubar arriver sur le pont en plissant les yeux, aveuglé par la brillance du soleil qui peignait le ciel d'un rose pastel.

-Doubar! Appela le capitaine.

-Oui, petit frère? Fit Doubar en s'approchant.

-Tu veux bien prendre la barre?

-Bien sûr.

Sinbad s'avança alors vers l'avant du bateau, s'arrêtant au passage pour attacher quelques cordages. Lorsqu'il arriva près de Maeve, il n'osa pas s'assoir immédiatement. Elle était si concentrée, qu'elle n'avait même pas remarqué sa présence. Ces derniers temps, elle passait tout son temps à lire et ne parlait à personne. Quand on lui posait une question, elle répondait brièvement sans même lever les yeux de son livre. Même Dermott semblait s'ennuyer d'elle. Sinbad s'assit finalement près d'elle et se pencha pour voir ce qu'elle lisait. Comme a l'habitude, il ne comprenait rien au jargon des magiciens.

-Magnifique journée pour naviguer, tu ne trouves pas? Finit-il par demander au hasard pour capter l'attention de la magicienne.

-Oui, répondit-elle sans quitter son livre des yeux.

-Tu as bien dormi?

-Oui.

-Tu fais beaucoup de lectures ces temps-ci.

-Oui

Le capitaine soupira en jetant un œil au faucon perché non loin de là. Il le questionna du regard et la bête laissa échapper un cri strident. Le capitaine eu alors une idée.

-Tu prévois faire tes tâches plus tard?

-Oui.

-Et nous faisons rôtir Dermott pour le dîner?

-Oui.

-Maeve! Souffla Sinbad en refermant le livre qu'elle tenait. Tu ne m'écoutes pas.

-Oh désolée, s'excusa Maeve en tentant de rouvrir le livre dont le capitaine retenait la couverture. C'est que j'ai beaucoup d'étude à faire si je veux un jour être autre chose qu'une apprentie.

-Pourquoi cette urgence d'étudier tout d'un coup?

-Parce que le temps file et je n'ai toujours pas vaincu Rumina, répondit-elle en se débattant pour ouvrir son livre.

-Tu as toujours voulu vaincre Rumina, mais je ne t'ai jamais vu étudier autant. Qu'est-ce qui ne va pas?

-Justement, je dois rattraper le temps perdu, répondit-elle sans oser le regarder. Avant qu'on ne s'en aperçoive, une autre année sera passée et…

Maeve leva les yeux vers le faucon en soupirant.

-Et ce sera une année de trop, finit-elle en agrippant fermement son livre.

Le capitaine lui arracha alors le livre des mains et la magicienne roula les yeux.

-Laisse-moi tranquille! Gronda-t-elle en s'étirant pour reprendre l'objet.

-Maeve, tu vas te rendre malade à lire sans arrêt. Tu…

-Shhht! L'interrompit-elle en posant un doigt sur se lèvres.

-N'essaies pas de changer de sujet!

-Shhht! Répéta-t-elle en levant une main vers lui.

Sinbad tendit l'oreille et n'entendit rien au début. Lorsqu'il comprit que Maeve ne voulait que se débarrasser de lui, il se leva et lui tendit son livre. Cependant la magicienne écoutait toujours attentivement. C'est alors qu'il entendit sangloter. C'était une toute petite voix, sans doute un enfant et provenant d'assez loin. Maeve bondit sur ses pieds et scruta l'océan. D'autres pleurs se firent entendre et elle se dirigea de l'autre côté du Navire. Sinbad se pencha avec elle au dessus de l'eau. En bas, à quelques mètres, une barque flottait à la dérive. «Firouz, appela Sinbad. Amène-moi le magnoscope. » Le scientifique accouru et tendit son invention. Le capitaine regarda la barque au travers de la lentille et aperçu un enfant seul qui pleurait abord. Sans perdre de temps, il redonna le magnoscope à Firouz et plongea. Il savait que le navire prendrait trop de temps à virer de bord et que la barque aurait le temps de dériver encore plus loin. Les autres l'observèrent attentivement alors qu'il prenait l'enfant dans ses bras. Il nagea en prenant soin de garder sa tête à l'extérieur de l'eau, puis il grimpa d'une seule main sur l'échelle de cordage déployée par Rongar. Lorsqu'il parvint à porté des autres, Maeve saisit l'enfant qui pleurait toujours à chaudes larmes.

C'était une petite fille d'à peine trois ans. Elle avait de courts cheveux blonds qui tombaient en boucles près de ses oreilles. Elle portait une petite robe rouge ornée de matériaux précieux. Aussitôt qu'elle arriva dans les bras de Maeve, elle s'accrocha à son cou et enfoui sa tête dans le creux de son épaule.

Si vous aimez l'histoire, laissez-moi des commentaires. Je suis présentement en train d'écrire la suite. Merci!