Tout d'abord, je tiens à dire que je ne crois pas que la série évoluera vers une romance entre Elizabeth Keen et Raymond Reddington. Ensuite, je dois avouer que je suis plutôt une adepte de la relation filiale entre Red et Lizzie. Mais, ceci étant dit, j'ai eu envie d'écrire ce Lizzington, en envisageant Red à la fois comme un protecteur, un mentor et plus. Alors, à vous de me dire ce que vous en pensez...

Entre nous

CHAPITRE 1 : Un refuge en Russie

Ce soir, Red avait un mauvais pressentiment. Il essayait de joindre Liz sur son téléphone portable mais elle ne répondait pas. Il avait alors contacté son suiveur.

— C'est à propos de l'agent Keen.

— Monsieur ?

— Vous l'avez en visuel actuellement ?

— Oui. Je suis dans l'immeuble de l'autre côté de la rue. Elle est rentrée, il y a environ une heure.

— Que fait-elle ?

— Je l'aperçois derrière les rideaux, elle est sur son lit, je crois qu'elle boit une bière et regarde la télévision.

— Quelque chose ne colle pas ! s'exclama Red.

— Monsieur ?

— Tampis pour le tact. Vous avez l'autorisation d'entrer en contact. Vérifier qu'elle est bien là et qu'elle est seule.

— Vous en êtes sûr Monsieur ?

— Faites ce que je vous dis.

L'homme attrapa sa veste, son arme et sortit. Il traversa la rue et sans attendre toqua à la chambre de Liz. La jeune femme ne vint pas ouvrir tout de suite mais sous les coups insistants finit par céder et par se présenter à la porte.

— Merde ! jura l'homme.

Il reprit son téléphone avec empressement.

— Allô Monsieur ? Vous aviez raison, il y a bien un problème. Keen a engagée une doublure et m'a faussée compagnie.

— Son téléphone est-il présent dans la chambre ?

— Un instant.

— Non, visiblement elle ne l'a pas laissé ici.

— Je le savais. Il fallait que je la perde de vue maintenant, évidemment !

— Je suis désolé Monsieur.

— Nous parlerons de ça plus tard. Dites à la fille de continuer à jouer son rôle. Restez à votre poste et contactez moi si vous la voyez, ordonna Red avant de raccrocher.

— Dembe. J'ai l'impression que les choses se compliquent, contact Cooper, qu'il demande à Aram de localiser le téléphone de Lizzie. Je vais passer quelques appels de mon côté.

- Lizzington -

Red se trouvait au dehors d'une base militaire "désaffectée" du Nord du Soudan. Cette base était en réalité toujours active puisqu'elle était l'un des sites secrets mis à contribution par les USA comme base de ralliement des forces armées internationales. Par chance, elle n'était pas très occupée en ce moment. Cooper y avait une vieille amie, docteur, ce dont ils avaient grand besoin et ce qui en avait fait l'escale la plus sûre à leur portée.

Le soleil était en train de se lever. Le vent faisait s'élever quelques grains de sables à hauteur de ses genoux. Il fixait l'horizon, la mine grave derrière ses lunettes de soleil. Il était fatigué, l'inquiétude l'ayant rongé durant ces derniers jours mais il voyait enfin le bout du tunnel. Il entendit la lourde porte blindée s'ouvrir derrière lui, cela mis fin à ses réflexions. C'était Dembe.

— Harold Cooper est debout.

— Tout est prêt pour notre départ ?

— Oui, tout est comme vous me l'avez demandé.

— Très bien.

Il ferma les yeux, inspira et expira. Sa patience était limitée quand il s'agissait d'elle. Le temps de l'action était à nouveau venu. Il se tourna et entra dans la base bien déterminé à en partir avec la jeune femme.

Harold Cooper avait l'air las lui aussi. Il avait troqué son costume noir par un treillis comme il était d'usage dans cette base. Usage que Reddington était heureux de ne pas avoir à suivre pour cette fois. Le directeur se trouvait dans le réfectoire quasiment désert, une tasse de café fumante devant lui. Il était assis à une petite table ronde au rebord de laquelle il avait accroché sa canne. A peine Red eut-il mis un pied dans la salle que leurs regards se croisèrent et qu'Harold compris ce dont il allait être question.

— Reddington, fit Cooper avec un geste l'invitant à se joindre à lui.

Red déclina l'invitation et resta debout.

— Harold, estimez-vous heureux que je ne sois pas venu vous tirer du lit. Nous avions un arrangement. Cela fait trois jours. Son état est stable, elle peut être transportée. Qu'attendez-vous pour me la confier ?!

— C'est mon agent Reddington, l'un des meilleurs. Je dois la rapatrier.

Le ton monta d'un cran entre les deux hommes.

— Je ne vous ai pas laissé sur la touche, j'aurais pu mais je ne l'ai pas fait et j'ai accepté de venir à cette base.

— Vous vouliez mettre toutes les chances de votre côtés pour la retrouver et pour la sauver. Ne faites pas passer les choses pour ce qu'elles ne sont pas.

— Ne m'en demander pas trop Harold.

Le directeur joignit les mains et baissa le regard.

— Je n'ai pas pu la protéger, j'aimerais lui faire face à son réveil.

— Hélas, nous partageons tous deux ce sentiment d'impuissance. Mais, vous savez qu'elle sera bien plus en sécurité avec moi. Elle bénéficiera des meilleurs soins. La dernière chose dont elle va avoir besoin à son réveil c'est de se retrouver face a des gens qui l'assailliront de questions. Si vous voulez qu'elle vous revienne comme l'agent qu'elle était vous devez me la confier.

— Bien. Faites le nécessaire. Débrouillez-vous pour me tenir informer de l'évolution de son état.

A peine ces quelques mots eurent franchit les lèvres du directeur que Red avait posée sa main sur la poignée de porte prêt à sortir.

— Et Reddington, fit Cooper stoppant Red. Mes supérieurs vont m'interroger, poursuivit-il. Il y a certaines choses que je ne pourrai pas cacher éternellement. Un gros os à ronger ne leur suffira pas cette fois, j'espère que vous en êtes conscient.

— Évidemment que j'en suis conscient Harold. Pour qui me prenez-vous ? Faites votre travail et laissez-moi faire le mien, je m'en occuperai.

— Bien, alors prenez soin d'elle.

— Comptez là dessus.

- Lizzington -

— Raymond, tu es sûr que tu ne veux pas que je reste encore un peu ?

— Oui, Dembe. Ça ira comme ça, merci. Nous n'avons plus rien à craindre ici et puis, j'ai besoin de toi auprès de Cooper et des autres.

— Bien. Dans ce cas, je pars sur le champ.

Red était assis dans le canapé face à la cheminé, son regard perdu dans les flammes. Certes, elle était vivante mais il avait bien faillit la perdre aujourd'hui. La perdre définitivement. Il se secoua mentalement puis se leva pour aller se servir un verre de whisky.

Il se trouvait dans l'ombre derrière l'une des fenêtres de la demeure parée de rideaux de couleur taupe. Il scrutait le dehors. Un paysage froid, blanc et immobile s'étendait à perte de vue. Au loin, il distinguait quelques massifs montagneux, eux aussi recouverts d'une épaisse couche de neige. Il prit conscience que son verre était vide lorsque l'on frappa à la porte. Un homme âgé d'une soixantaine d'années, le visage rond, de petites lunettes rectangulaires au bout du nez, une barde argentée bien fournie entra dans le salon et s'adressa à lui avec un fort accent russe.

— Elle a bien supporté le voyage. Je l'ai installée confortablement et j'ai refait ses bandages. Je n'ai rien à redire par rapport aux soins qu'elle a déjà reçu, le nécessaire a été fait, c'est propre, je ne peux rien de plus. Elle a eu de la chance que la balle ait traversé, quelques centimètres font toute la différence...

— Arf. Si celui qui a tiré est bien celui auquel je pense la chance n'a rien avoir là dedans, c'est un acte délibéré. Il savait que j'étais sur ses talons, il m'a laissé la récupérer mais pas sans m'envoyer un message... Mais je t'en prie continue.

— Pour ce qui est de sa tête, elle a une commotion cérébrale dont nous ne saurons exactement l'impact que lorsqu'elle se réveillera. Évidemment, la perte importante de sang et le fait d'avoir perdu connaissance suite au coup de feu n'arrangent rien. Mais je pense qu'elle ne devrait pas tarder à se réveiller, d'ici trois jours au maximum. Lorsque cela se produira, elle risque d'être désorientée. En attendant, je t'ai laissé le nécessaire pour lui changer ses bandages et elle a des médicaments à prendre pour contrer une éventuelle infection ainsi que la douleur. Je ne me fais pas de souci, tu sais gérer ce genre de choses. Je repasserai faire le point dans trois jours.

— Alexey mon ami, spasibo, fit Red avec soulagement.

— Mon honneur est sauf grâce à toi et je n'aurais pas pu retrouver mon fils sans ton aide. Je suis content que tu ais fait appelle à moi. N'hésites pas à me contacter à nouveau s'il le faut.

— Bois donc un verre avant de t'en aller.

— Ce serait volontiers mais la nuit tombe déjà et je dois redescendre au village. Tu me sembles épuisé Red, tâches de te reposer.

— Laisse-moi tout de même te raccompagner.

Red raccompagna son ami médecin jusqu'à la porte. Ce dernier enfila sa parka, enroula consciencieusement son écharpe autour de son cou et termina par sa chapka qu'il déposa sur son crâne dégarnit ce qui lui était plus que nécessaire pour affronter la température extérieure.

— C'est une bien jolie femme que tu as là mon ami, je vois que tu as toujours autant de succès.

— Alexey, tu ne changeras jamais. Il n'est pas question de cela avec cette femme. Elle m'est bien plus précieuse encore.

— Alors prends-en soin comme il se doit.

Le médecin posa une main sur l'épaule de Red et lui dit en russe :

— "La rouille ronge le fer et les chagrins le cœur"

Auquel Red, imitant le geste de son ami, répondit par un autre proverbe russe comme ils en avaient l'habitude entre eux.

— "Le savon est gris mais il lave blanc" je le sais mon ami, je le sais... Spokoynoy nochi.

Il comptait allez se coucher suivant les conseils d'Alexey mais non sans, au préalable, avoir rendu visite a celle qui occupait la moindre de ses pensées. Elle était endormie, calme. Il aimait l'observer respirer. Qu'il était bon de voir sa cage thoracique se soulever par le biais d'inspirations profondes et régulières. Ce léger mouvement répété signifiait qu'elle était en vie et c'est ce qui comptait le plus pour lui.

- Lizzington -

Il fut réveillé le lendemain par une odeur de café. Lorsqu'il descendit il ne fut pas vraiment surpris par la présence d'une petite femme rondelette s'affairant dans la cuisine.

— Nataliya !

— Raymond ! Je ne t'ai pas réveillé au moins ?

— C'est l'odeur de ce succulent petit déjeuner qui l'a fait.

Ils s'embrassèrent et se prirent mutuellement dans les bras.

— Cinq ans que tu n'as pas mis les pieds ici... Tu n'as pas été un gentil garçon !

— Je te prie de m'en excuser, j'ai été très occupé. J'espère que tu n'as manqué de rien ?

— Ce n'est pas une excuse Raymond, je me suis inquiétée. Je me rappelle encore la première fois que tu ais venu ici... Cela fait plus de vingt-cinq ans. Tu étais au désespoir et mon Irvin était encore de ce monde.

— Je vais bien Nataliya et je suis très content de te voir.

— Pas autant que moi. Mais je ne suis pas venue uniquement pour toi, je vais m'occuper de cette jeune femme, tu ne comptais quand même pas tout faire toi même ! J'aurais aimé te voir à sa place, que tu changes ses bandages passent encore mais tu ne vas quand même pas t'occuper de sa toilette ! Je me doute bien que tu ne pensais pas à mal mais tu n'es pas le seul à tenir à ta dignité... Je passerai tous les matins pour m'en occuper et pour veiller sur vous deux !

— Tu n'as pas changé d'un pouce. J'accepte ton aide avec plaisir.

— Ceci étant réglé, installe-toi et mange, Alexey avait raison, tu as mauvaise mine. Je suis certaine que tu te négliges à te morfondre ici tout seul en attendant qu'elle se réveille. Parles-moi donc de cette femme. Qui est-elle ?

— Elle se nomme Elizabeth Keen. Elle est agent au FBI. Quand à ce qui nous amène ici, c'est une longue histoire dont l'origine remonte à cet événement qui m'a conduit ici, pour la toute première fois, il y a plus de vingt-cinq ans.

Nataliya en laissa tomber sa cuillère dans la poêle.

— Bojé moï ! Tu veux dire qu'elle est...

— Oui, c'est bien elle.

Ils discutèrent un moment, Red dévoilant quelques informations, en dissimulant d'autres comme il avait l'habitude de le faire. Nataliya était l'une des rares personnes dignes de confiance qui ne lui demandait rien en échange. Derrière son visage brute, elle avait le cœur sur la main. Elle aimait le chouchouter, un peu comme une mère l'aurait fait. C'était bon de pouvoir lui parler après toutes ces années.

- Lizzington -

Deux jours s'étaient écoulés. Il avait passé la majeure partie de ces 48h au chevet de la jeune femme, veillant sur elle, changeant ses pansements, ses perfusions, scrutant sa respiration. Pour le reste, il répondait à ses propres besoins primaires, à savoir : se laver, se nourrir, dormir. La présence quelques heures dans la journée de Nataliya était appréciable et l'empêchait de se torturer quant à l'état de Lizzie. C'était long d'attendre ainsi en se sentant à la fois responsable et impuissant. Qu'il était impatient qu'elle revienne à elle. Des petites choses simples lui manquaient comme voir son sourire, entendre sa voix, ou même la voir froncer les sourcils ou lui lancer ce regard à la fois sévère et curieux qu'elle lui réservait. Il devait prendre son mal en patience et essayer de comprendre. Comprendre comment une telle chose avait réussie à se produire, comprendre comment il avait échouer à la protéger.

Il avait eu des nouvelles de Dembe, celui-ci avait bien rejoint l'équipe de Cooper à Washington. Red lui avait donné des instructions et son fidèle compagnon devait l'appeler s'il y avait du nouveau ou en cas de difficultés.

Il venait de quitter le chevet de Liz pour descendre à la cuisine. Alors qu'il se servait une tasse de café, il entendit un bruit sourd en provenance de l'étage au dessus. Ce ne pouvait être que la jeune femme. Sans plus attendre, il se précipita dans les escaliers. Arrivé à la porte de la jeune femme, il compris qu'elle était bien réveillée mais pas seulement, elle était aussi désorientée et en proie à la panique.

— Lizzie, lâcha-t-il avec soulagement après avoir fait quelques pas dans la chambre.

— Red ? questionna-t-elle incertaine. Où suis-je ? Et pourquoi sommes-nous dans le noir ?!

Red se figea lorsqu'il comprit de quoi il retournait. Il constata que le bruit qu'il avait entendu concernait la chute de la lampe et de divers objets qui se trouvaient sur la table de chevet. La jeune femme les avaient fait tomber en cherchant à allumer une lumière.

— Lizzie, essayez de rester calme. Vous êtes en sécurité. Nous sommes en plein milieu de l'après- midi. Les rideaux laissent passer une douce lumière automnale. C'est le choc que vous avez subi...

— Je, je suis aveugle ? s'étrangla-t-elle agitant ses mains devant ses yeux.

Elle essaya de se relever, brusquement, agitée par son angoisse mais grimaça lorsque cela lui tira le flan droit.

Red s'approcha, prenant sa main dans la sienne.

— Je suis là. Vous ne devez pas bouger, votre blessure cicatrise.

— Je ne vois plus rien, Red je ne vois plus, se lamenta-t-elle.

— Ce n'est sans doute que temporaire, j'imagine votre désarroi mais ne vous affolez pas pour l'instant. Je vais demander à mon ami médecin de passer vous examiner le plus rapidemment possible, ce soir et alors nous en saurons plus.

La jeune femme assimila ce que Red venait de lui dire et essaya de retrouver son sang froid. Rien de tel pour cela que des questions pragmatiques.

— Depuis combien de temps suis-je inconsciente ?

— Cela fait plus de cinq jours que nous vous avons retrouvée. Vous vous souvenez de ce qui s'est passé ?

— Oui. C'est un peu brouillon mais les souvenirs me reviennent petit à petit. J'ai été enlevé, par un groupe organisé. J'ai été droguée. Nous avons pris l'avion. Ensuite, ensuite...

— Doucement Lizzie. Prenez-votre temps ou nous pourrons parler de cela plus tard si vous préférez ?

La jeune femme inspira et reprit son récit. Red pouvait voir à son front plissé l'effort qu'elle faisait pour se rappeler des faits. Il lui tenait toujours la main cherchant à lui communiquer ses forces.

— Ils m'ont ligoté et enfermé. Ils semblaient attendre, ils voulaient... elle fut prise d'une quinte de toux.

— Attendez.

Red se leva et attrapa un verre d'eau sur la petite table toute proche.

— Votre gorge est sèche, tenez, buvez un peu. Je vous aide.

Il avait passé une main derrière sa tête pour l'y aider.

— Merci. Je pense qu'ils voulaient m'échanger contre quelque chose, obtenir quelque chose grâce à moi, je n'ai pas tout compris, ils parlaient souvent dans une langue que je ne comprenais pas, continua-t-elle. Je n'ai pas obtempéré, j'ai essayé de profité d'un moment d'inattention de mon garde et c'est la que je me suis cognée la tête. Il n'avait pas eu d'autre choix, je l'avais pris par derrière pour tenter de l'étouffer, son instinct de survie l'a fait reculer brusquement, me projetant violemment en arrière. Ma tête à heurter le mur. Il y a eu une douleur sourde et j'ai sentit un liquide chaud imprégner mon cuir chevelu, elle passa sa main à l'arrière de son crâne qui était bandé, on avait dû lui faire quelques points de suture, ensuite, je ne me rappelle plus. Il y a eu un moment avant que je ne revienne à moi. Je crois qu'on m'a réveillée grâce à quelque chose imbibé sur un chiffon, hum comme... je crois que c'était de l'ammoniaque. J'ai eu du mal à recouvrer mes esprits. Ma vue se brouillait sans arrêt. Quelques instants plus tard un autre groupe est arrivé et alors...

Sa respiration s'accéléra considérablement, Red remarqua que les pupilles de la jeune femme se dilatèrent alors qu'elle revivait les événements.

— Red, cet... homme. Il les as interrogé puis, il les as tous tués, ils étaient à côté, j'ai entendu des cris. Quelqu'un posait des questions. Le premier groupe, celui composé de mes ravisseurs ne semblaient pas comprendre ce qui se passait. Il y a eu plusieurs tirs l'un à la suite de l'autre entrecoupés de supplications puis plus rien...

— Du calme Lizzie, du calme vous n'êtes plus là bas. Que s'est-il passé ensuite ?

— Cet homme, celui qui semblait être le chef. Il est venue jusqu'à moi, dans ma m'a parlé de vous. Comme quoi lui et vous étiez ennemis et il m'a parlé de destin, il m'a dit que nous nous reverrions et ensuite, il m'a tiré dessus.

Une larme roula sur la joue de la jeune femme, à qui se rappeler ses événements avait demander un effort considérable, cumulé avec la fatigue et son angoisse de ne plus voir, elle craquait.

Ça va aller. Tout est fini. Vous êtes en sécurité.

— J'ai eu peur Red, tellement peur. Ils sont tous morts. Cet homme... J'ai cru que je ne vous reverrais jamais, ni vous, ni Cooper, ni personne... j'ai cru que tout était fini et je ne voulais pas être seule... et maintenant, je me retrouve dans le noir, je me sens perdue.

Il s'était approché d'elle et la serrait dans ses bras. Elle sanglotait à présent la tête contre son torse. Il lui caressait les cheveux et essayait de la réconforter de son mieux. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes.

Il avait fini par déssérer son étreinte et s'éloigner de la jeune femme quelques instants afin de passer un coup de téléphone.

— Alexey devrait arriver d'ici deux bonnes heures, finit par dire Red tout en se rassayant auprès de Liz. Souhaitez-vous que je vous apporte quelque chose à manger ?

— Pas pour le moment. J'aimerais plutôt me reposer encore un peu, je me sens faible et je déteste ça.

— C'est un point que nous avons en commun.

Il y eut un bref silence puis il ajouta :

— Bien, je vais vous laissez dans ce cas.

— Non ! le rappela-t-elle vivement et réussissant par réflexe à lui attraper le bras alors qu'il s'était levé. J'aimerais... Je ne veux pas être seule. J'aimerais que vous restiez à mes côtés.

— Aucun problème, je reste là. Je veille sur vous.

— Merci, fit-elle soulagée.

- Lizzington -

FLASH-BACK Elizabeth Keen détention :

Liz et Red s'étaient quitté sur une mésentente, comme cela arrivait souvent. Il avait le don de l'agacer avec ses secrets et son instinct de protection dont elle ne connaissait pas encore la raison. C'est pourquoi, lorsqu'elle quitta son hôtel et que son téléphone sonna alors qu'ils s'étaient parlés il y avait moins de 18h de cela, elle l'avait volontairement ignoré, mettant le téléphone sur silencieux avant de le plonger dans la poche de sa veste de survêtement. Elle partait s'aérer la tête mais pas seulement, elle voulait méditer dans un endroit bien précis. Elle espérait que prendre l'air lui permettrait de mieux réfléchir et qui sait, de finir par comprendre quelque chose de tous ces mystères qui l'entouraient. Ces derniers temps, à plus les choses avançaient à plus elle se perdait elle même.

Hélas, ce coup de fil l'aurait empêcher de se faire enlever avant d'atteindre sa destination.

Elle n'avait rien vu venir, pas eut le temps de réagir. Ils lui étaient tombés dessus, sortant de nul part. Elle s'était débattue mais en vain. Les trois personnes qui l'avaient prises par surprise étaient organisées. Rapidement, on lui avait injectée une drogue qui l'avait empêcher d'opposer la moindre résistance, on l'avait fouillée, on avait détruit et jeté son téléphone. Elle avait juste eu le temps de comprendre qu'on l'avait chargée à l'arrière d'un van noir avant de s'endormir.

Lorsqu'elle s'était réveillée, elle avait d'emblée compris qu'ils avaient quitté les États-Unis. Elle avait été transportée par avion sans aucun doute. Elle était enfermée dans une cellule humide ou peu de lumière entrait. Était-ce dû à l'heure ? Elle n'avait aucune notion du temps qui avait bien pu s'écouler depuis son kidnapping. Elle aurait dû être plus attentive, elle s'était comportée en proie facile et surtout, elle s'en voulait de ne pas avoir décroché son téléphone. Elle aurait dû passer au dessus de sa contrariété. Et si quelque chose de grave s'était produit ? Elle n'était peut-être pas la seule visée ? Était-ce un nouveau tour de Berlin ?

Les heures s'étaient écoulées sans qu'on vienne lui rendre visite. Elle avait eu le temps d'observer les lieux et tout ce qui pouvait lui être utile ou lui en apprendre plus sur sa situation hélas, pas grand chose.

Elle avait finit par se rendormir, profitant du calme relatif, qui régnait pour le moment, pour reprendre des forces. C'est ce qui lui paraissait être le plus utile avec le fait de garder la tête froide et de ne pas perdre espoir évidemment. Après tout, se disait-elle, Red et le FBI, s'ils n'étaient pas eux même dans la panade, étaient certainement sur ses traces. Beaucoup d'otages ne pouvaient pas se prévaloir d'autant de personnes concernées par leur sort (dont l'une très influente et déterminée). Elle n'était pas seule, c'est ce qu'elle voulait garder à l'esprit. Elle avait foi en eux et en leurs compétences respectives. Son travail à elle consistait à rester en vie, en apprendre le plus possible sur ses ravisseurs et leur but, ainsi que saisir toute opportunité qui se présenterait à elle de s'enfuir. Ses ravisseurs n'étaient que quatre d'après ce qu'elle avait pu en voir jusqu'ici.

Un peu plus tard, on lui avaient apporté de l'eau et un sandwich. Rien ne semblait empoisonné, rien qu'elle ne pouvait détecter en tout cas, elle s'était alors décidée à reprendre des forces tant qu'on le lui proposait. Ce qui était plutôt bon signe.

Ses kidnappeurs ne s'étaient pas adressés à elle ou que très sommairement. Elle avait essayer de les questionner sans succès. Ils parlaient entre eux une langue de style arabe mais elle n'en comprenait pas grand chose. Elle avait simplement l'impression d'être un moyen de pression, un moyen d'échange ? se demandait-elle. Essayaient-ils d'appâter le gouvernement américain ou bien Reddington ? Les heures passaient mais elle n'arrivait toujours pas à cerner la raison de son kidnapping. Elle semblait être la seule captive néanmoins.

On l'avait changé de position lorsqu'on lui avait apporté de quoi manger, un peu plus tôt. Elle n'était plus attaché sur le lit. On l'avait fait prendre place sur une chaise. Comme si un interrogatoire n'allait pas tarder à se présenter. Ses poignets étaient liés au dossier dans son dos et ses jambes étaient enchaînées. Grâce à son acharnement et parce qu'elle n'avait que cela à faire sans doute, elle parvint à desserrer quelque peu les cordes qui lui entravaient les poignets.

C'est peut-être conforté par cette infime évolution de sa situation ou plus vraisemblablement parce qu'il fallait qu'elle tente quelque chose, qu'elle avait essayé de prendre l'ascendant sur son geôlier lorsqu'il était venu lui apporter à manger pour la seconde fois. Visiblement, l'effet de surprise avait fonctionné. Elle avait expulsé l'homme au sol dans un mouvement de rotation avec sa chaise. Elle s'était ensuite jetée sur lui, lui assenant un nouveau coup derrière la nuque et avait récupéré le couteau de combat qu'il portait à sa ceinture, usant de sa dextérité. Elle avait réussi à détendre suffisamment la corde alors qu'il se relevait la faisant basculer à son tour. Se reprenant rapidement, elle avait lâché le couteau comme diversion afin de lui sauter dessus pour essayer de l'étrangler. Le subterfuge fonctionna puisque l'homme se précipita pour récupérer l'arme blanche. Les bruits allaient sans aucun doutes attirer les autres, il fallait qu'elle soit rapide. Hélas, elle n'avait pu aller plus loin. L'homme s'était redressé et avait vivement reculé en arrière cherchant à se dégager. C'est ainsi qu'elle avait été propulsée contre le mur, la tête la première. Son crâne avait encaissé la majeure partie du choc et elle était sonné. L'homme pestait et l'injuriait. Un instant dans le brouillard qui l'assaillait Liz avait eut peur de ce qu'il pourrait lui faire pour se venger de sa rébellion. L'adrénaline l'avait quittée, elle était impuissante. Le voyant avancer, elle pensait qu'il allait la gifler mais il l'avait simplement saisit par les épaules pour la relever, c'est alors qu'elle avait perdue connaissance.

Quand elle s'était réveillée, elle était à nouveau ligotée sur une chaise. Ligotée de façon bien plus stricte. Elle sentait un liquide chaud imprégner son cuir chevelue. Il y avait du mouvement à extérieure. Quelqu'un venait de quitter sa cellule. Elle était toujours sonnée, une douleur sourde pulsait à l'arrière de son crâne lui brouillant sporadiquement la vue. Sa bouche était pâteuse. On l'avait visiblement aidé à revenir à elle en lui faisant inhaler quelque chose de fort. Il y avait de l'agitation, quelque chose se préparait.

En effet, environ trente minutes plus tard, Liz avait entendu d'autres personnes pénétrer dans le lieu où elle était détenue. Rapidement, elle avait perçu des ordres être criés et d'autres hommes, qu'elle ne connaissait pas, parler avec ses ravisseurs. Le dialogue était tendu, avait-elle remarqué. Puis sans prévenir, un coup de feu avait retentit. Des questions avaient été posées, répétées, il y avait eut des supplications et encore des coups de feu. On semblait torturer ses geôliers. Puis, suite à quatre détonations, quatre corps semblaient être tombées. On venait sans aucun doute d'abattre ses ravisseurs.

Liz avait pensé à Red « Alors Lizzie, on se paye du bon temps en dehors des USA et on ne pense même pas à m'inviter ? » mais cette idée avait vite déserté son esprit lorsqu'elle avait compris que quelqu'un approchait de sa cellule. C'était un homme cagoulé et portant un masque blanc qui lui faisait face l'instant suivant, alors qu'un autre montait la garde dans l'entrebâillement de la porte. Liz entendait que d'autres hommes s'activaient dans la pièce à côté mais elle ne pu s'en préoccuper davantage. L'homme qui lui faisait face était menaçant et accaparait toute son attention.

— N'aie crainte Elizabeth, nous sommes venus ici pour te sauver.

— Qui êtes-vous ?

Ils semblaient tout sauf amicaux.

L'homme avait remarqué qu'elle saignait au niveau de la tête.

— Ils n'auraient pas osé te toucher. Je paris que tu ne t'es pas montrrée docile.

Il lui avait prit le visage, qu'il avait pincé entre deux de ses doigts.

— On a été une méchante petite fille...

— Que me voulez-vous ?! cracha Liz une fois qu'il l'eût lâchée.

Elle luttait pour rester lucide, sa vue ne cessant de se troubler, elle avait l'impression de voir à travers plusieurs miroir superposés.

— Ah c'est vrai, tu m'excuseras je manque de savoir-vivre. Je n'ai pas ses manières après tout. Ta première question était qui suis-je ? C'est une longue histoire. Une histoire que Raymond Reddington et moi partageons. Disons que je suis celui qu'il souhaite à tout prix détruire... et c'est réciproque même si, vois-tu, j'ai quelques points d'avance. C'est fort dommage, un homme comme lui : intelligent, compétent. J'aurais préféré qu'il reste à mes côtés mais le destin en a décidé autrement. Il ne sait pas reconnaître une défaite, il ne sait pas quand s'arrêter et visiblement il ne sait toujours pas veiller sur ceux à qui il tient. Enfin, qu'un homme comme lui me tienne tête et s'acharne de la sorte pour un si maigre tribu reste divertissant, je dois bien l'admettre. Quant à savoir ce que je te veux...

Il s'était remit à tourner autour d'elle. Ses rangers frottant sur le sol poussiéreux. Elle avait alors pris conscience qu'il était entièrement vêtu de noir. De la cagoule en passant par sa veste, son pantalon, les gants qu'il portait...

— C'est une belle cicatrice que tu as là.

Il lui caressait la main, parcourant la cicatrice jusqu'à son poignet.

— Disons, qu'il n'y a pas que Raymond Reddington qui ait un intérêt à te protéger pour le moment.

Liz percevait à nouveau du mouvement en dehors de la cellule, des ordres venaient à nouveau d'être criés.

— Oh mais on dirait bien que nous n'allons pas pouvoir entrer dans les détails. Oui, cela m'a tout l'air d'être ton chevalier blanc qui arrive pour te sauver princesse. C'est fort dommage. Surtout que je parierais sur le fait que Red, naïf comme il l'est te maintient encore dans l'ignorance. A être trop prévenant, il finira par tout perdre.

— C'est vous qui vous cacher de moi pas lui.

— Oh, mon masque te dérange ? Moi qui pensait faire preuve de prévenance, c'est raté !

Il avait alors entreprit d'enlever le masque blanc et de remonter sa cagoule. Liz n'avait pu cacher son effroi.

— Et oui, ce n'est pas beau à voir n'est-ce pas ? Il y a eu un incendie, il y a quelques années de cela. Le feu... il fait des ravages effroyables tu ne trouves pas ? Mais passons, la roue continue de tourner et n'ait crainte nous nous reverrons quand elle s'arrêtera pour de bon cette fois. Il ne tiendra qu'à toi de choisir dans quelles conditions ce sera.

— Nous devons partir Monsieur ! Si vous voulez la tuer c'est maintenant, était intervenu le garde posté à la porte de la cellule.

Lizzie n'avait pu retenir un hoquet de surprise lorsqu'il s'était effondré au sol après avoir encaissé une balle en pleine tête.

— Il est inutile de me dire ce que je dois faire. Quant à toi chérie, avait-il poursuivit en caressant le visage de Liz du bout de son pistolet encore chaud, je te l'ai dis, mon intérêt n'est pas de te tuer. Mais j'aimerais que tu adresses un message à Reddington pour moi, il pourra aussi te servir de mise en garde.

Tout s'était passé en une fraction de seconde, il s'était reculé, avait pointé son arme dans sa direction et tiré. Elle avait sentit une douleur irradiée son flan droit alors que l'écho du tire raisonnait dans sa tête.

— Tu seras bien aimable de le lui transmettre, princesse, avait-il murmuré à son oreille, alors qu'elle ne pouvait plus lutter et perdait connaissance.

FIN DU FLASH-BACK

- Lizzington -

— Quand verrais-je à nouveau docteur ?

— C'est difficile à dire. C'est dû au choc, je n'ai rien trouvé en vous auscultant qui soit inquiétant ou qui prouverait que cela soit irréversible. Cela peut-être simplement quelques jours, quelques semaines ou dans le pire des cas quelques mois.

— Pas des années ?

— C'est peu probable.

— De quel ordre ?

— Je vous demande pardon ?

— La probabilité qu'il me faille un an voir plus avant de recouvrer la vue est de quel ordre ?

5 à 10% je dirais mais ce n'est là qu'une vague estimation, il faudrait faire des analyses plus complètes, vous faire passer un scanner. Mais ne vous en faites pas, ce n'est pas nécessaire pour le moment car il y a de fortes chances pour que votre vue vous revienne avant.

— Que puis-je faire pour accélérer le processus ?

— Et bien, il ne faut pas que vous restiez inactive. La meilleure façon d'encourager votre organisme à recouvrer toutes ses capacités est de le solliciter. Faites travaillez votre mémoire visuelle et vos autres sens.

— Merci.

— Cela ne va pas être facile d'évoluer sans la vue. Ne brûler pas les étapes, prenez votre temps, restez prudente. Des symptômes peuvent surgir à tout moment comme des pertes d'équilibres, des sensations de picotement, vous pourrez également voir comme des flashs, ce sont des conséquences de votre état ne vous alarmez donc pas. Mais s'il y a quoi que ce soit, Red sait où me joindre.

Alexey quitta sa patiente. Red, qui se tenait dans l'encadrement de la porte, le raccompagna et revint rapidement auprès de Liz.

— Je vous demande pardon Lizzie, tout ceci est arrivé par ma faute, dit-il le regard sombre.

La jeune femme ne pu s'en rendre compte mais elle le ressentie à travers les mots qu'il avait prononcé et le silence qui en suivit.

— Ce n'est pas de votre faute. Et puis, vous avez entendu le médecin, les choses ne sont pas si dramatiques.

— Je vous mets en danger. Je n'ai pas pu agir. Cela n'aurait jamais dû arriver.

— Ils s'y sont bien pris. Et puis, je n'ai pas répondu à vos appels, j'ai faussé compagnie à votre homme, vous avez tenté de me prévenir n'est-ce pas ? C'est un fâcheux concours de circonstances.

— Non. Vous n'avez pas répondu parce que vous étiez en colère contre moi.

— C'est vrai, j'étais en colère. Je voulais être seule, j'avais besoin de réfléchir sans vous dans ma tête. Ensuite, il est clair que vous êtes à l'origine de tout ce qui m'arrive ces derniers temps. Mais, c'est aussi mon travail. Et, j'apprécie pouvoir vivre ma propre vie malgré les risques. Vous ne pourriez pas me maintenir éternellement dans une cage dorée de toute façon.

— Je le sais mais ce n'est pas si simple.

— Pour moi, ça l'est, alors cessez de vous torturer et dites moi plutôt où nous sommes ? N'inversez pas les rôles, Red, c'est moi qui ai besoin de réconfort.

Il sourit à sa réplique, soupira et entreprit de lui répondre.

— En sécurité c'est tout ce que vous avez besoin de savoir.

Malgré sa cécité, elle lui jeta un regard qui en disait long sur ce qu'elle pensait de sa volonté de la ménager.

— En Russie, comme vous le savez déjà.

— Red, l'avertissa-t-elle.

— Très bien. Cette demeure était celle d'un vieil ami et c'est l'un de mes plus anciens refuges. Satisfaite ?

Ça ira pour l'instant. Je devrais appelé Cooper vous ne pensez pas ? Vous avez travaillez ensemble pour me retrouver, vous me donnez quelques détails ?

Il lui donna quelques explications concernant les recherches qu'ils avaient faites, lui expliqua comment ils avaient retrouver sa trace, comment ils avaient fait escale au Soudan afin qu'elle reçoive des soins etc.

— Ce cher Harold est déjà au courant de votre réveil et de votre état, c'est la condition à laquelle il m'a laissé m'occuper de vous : le tenir informé. Et son ordre était très clair croyez-moi. "Dites à l'agent Keen qu'elle doit prendre tout le temps nécessaire pour se remettre. Je ne veux la revoir au QG que lorsqu'elle sera entièrement opérationnelle."

— Mais par rapport au deal que vous avez avec eux comment les choses vont-elles se passer ?

— C'est aussi pourquoi Dembe se trouve là-bas. Disons, qu'il fera office de remplaçant au bureau pendant que vous vous remettez. J'ai tout le loisir, ici, de vous parler directement, je ne peux donc pas remettre en cause mon engagement, même si, vous vous en doutez, votre situation actuelle pose des questions et créer des tensions au sommet. Personnellement, je trouve que vous et moi avons été pas mal vu ensemble aux USA ces temps derniers, par conséquent, ce petit break ne fera pas de mal à mes affaires.

— Bien. Je n'ai pas le choix, on dirait que tout le monde se ligue contre moi. Et puis, en dehors du bureau et de vous je n'ai personne qui m'attend de toute façon.

— Ce ne sera pas toujours le cas Lizzie.

— Votre propre situation prouve le contraire.

— C'est vrai mais ma situation est exceptionnelle. Vous n'êtes pas comme moi et plus important encore, je ne vous interdit de le devenir.

— En dehors des souffrances que vous avez sans aucun doute endurées, je ne vois pas pourquoi. Vous pouvez garder la tête haute, vous vous battez pour ce qui compte à vos yeux, du moins j'espère que c'est ce que vous faites réellement...

— Hélas, ce genre de fierté ne s'acquiert qu'au prix de trop lourds sacrifices que je ne souhaite à personne. Je suis un loup solitaire et ça me va très bien.

— Tout le monde à besoin de quelqu'un dans sa vie.

— Je vous ai vous.

— Vous dites ça avec un tel aplomb.

— Parce que c'est la vérité.

— Mais j'ai du mal à saisir, depuis le tout début, pourquoi moi ? Je veux dire, j'ai rapidement compris que vous et moi étions connectés par bien plus que par le travail, mais seul vous savez de quoi il retourne vraiment. Combien de temps comptez-vous me maintenir encore dans l'ignorance ?

Il remarqua qu'elle semblait se souvenir de quelque chose alors qu'elle lui posait cette question.

— Lizzie ? s'inquiéta-t-il de la voir ainsi plonger dans ses souvenirs.

— Votre adversaire, il a dit se douter que vous me mainteniez dans l'ignorance. Il a dit, que c'était parce que vous étiez naïf. Que voulait-il dire ?

— Cela fait beaucoup de questions pour cette heure avancée.

— Vous bottez en touche. Encore, fit-elle contrariée serrant ses draps de ses deux mains.

— Je partage votre frustration Lizzie. Les réponses viendront je vous le promets mais pas ce soir. Reparlons de tout cela plus tard si vous le voulez bien.

- Lizzington -

Red parcourait le journal une tasse de café à la main alors que Nataliya redescendait après avoir aidé la jeune convalescente à faire quelques brins de toilette.

— Cette petite est charmante Red.

— Ah bon, tu crois ? Je n'avais pas encore remarqué, fit-il ironique.

Nataliya attrapa le torchon à sa porté et lui en mis un léger coup sur l'épaule.

— Nataliya ! s'exclama-t-il faussement horrifié. Je plaisantais. Je suis content que vous vous entendiez bien évidemment.

— Elle t'attends. Je lui ai dit que tu monterais la voir pour refaire ses pansements.

— Bien, je vais y aller tout de suite dans ce cas, répondit-il en repliant le journal.

Avant de quitter la cuisine, il l'embrassa rapidement sur la joue alors que la gouvernante russe levait les yeux au ciel.

- Lizzington -

— Bonjour Lizzie.

— Bonjour.

— Vous vous sentez bien ?

— Oui, bien mieux. Nataliya est très gentille et prévenante. De quoi ais-je l'air ?

— Vous êtes très bien. Pas de réticence à ce que je joue le médecin ?

— Vous l'avez été jusqu'à maintenant je ne vois pas pourquoi je m'y opposerais.

— Bien.

Liz l'entendit ouvrir une mallette et en sortir plusieurs choses qu'il déposa sur la table de chevet. Elle imaginait un spray désinfectant, des bandages et du sparadrap, des ciseaux. Il enfila une paire de gant stérile.

— Surtout dites moi si je vous fais mal.

Elle hocha la tête.

— C'est parti.

Il défit le bandage qui enserrait la taille de la jeune femme en le découpant. Cela laissa apparaître un pansement plus petit qui délimitait parfaitement la zone recousue.

— Alors ?

— Cela me semble propre. Aucun signe d'infection et vous cicatrisez bien. Par contre, il va falloir vous mettre sur le côté que je puisse accéder aux deux zones.

Lizzie s'exécuta.

— Parfait. Je vais commencer par l'arrière.

Il défit délicatement le pansement concernant l'impact de sortie de la balle. Il était vraiment précautionneux.

— D'où vous viennent ses connaissances en médecine ? questionna Liz qui se sentait un peu gênée et préférait penser à autre chose que ses mains sur son corps.

— J'ai quelques bases qui me proviennent de la marine bien sûr mais pour tout vous dire je me suis perfectionné plus tard. Quand j'ai choisit cette voie qui est la mienne j'ai rapidement compris qu'il s'avérait utile d'avoir certaines compétence mineures.

— Vous avez bien fait. Regardez-vous. Vous avez sauvé la vie de Ressler et maintenant vous vous occupez de moi. Encore un peu et on vous appellera l'infirmier du crime.

Il rit de bon cœur à la plaisanterie. Il en avait finit avec la plaie arrière.

— Je fais ce que je peux. Ça va ?

— Ça tire un peu mais c'est supportable.

Il s'attela à l'impact d'entrée. Là encore, il décolla le pansement avec précaution, désinfecta la zone et refit le pansement.

— Alexey m'a dit qu'il vous ôterait les deux points que vous avez à la tête lors de sa prochaine visite mais pour ceux-ci il faudra attendre plus longtemps.

— Il faut ce qu'il faut.

Il l'avait aidé à se lever et enroulait le bandage autour de sa taille. Ils étaient très proche l'un de l'autre et Lizzie se sentait comme une poupée de chiffon que l'on rhabillait.

— Voila, c'est terminé. J'ose espérer ne pas vous avoir fait trop souffrir.

— Vous avez été parfait, dommage que je n'aie pas pu voir ça.

— Nous pourrons toujours garder quelques pansements et bandages pour plus tard...

Elle rit à son tour, remis son chemisier en place et se réinstalla confortablement sur son lit pendant qu'il rangeait ses affaires.

— Bien. Je crois qu'il est l'heure pour vous de goûter l'un des petits déjeuner de Nataliya.

Avec plaisir, je meurs de faim.

Sous ses airs et son ton « professionnel » Red était content d'en avoir terminé et de quitter la chambre. Bon sang panser ses blessures alors qu'elle était inconsciente était une chose mais le faire maintenant était déstabilisant. Il n'avait pu s'empêcher d'être nerveux. Malgré les gants, il avait pertinemment sentit son corps bouger sous ses doigts ce qu'il aurait beaucoup apprécié dans d'autres circonstances. Il avait envie de prendre soin d'elle avant tout autre chose et puis il ne se faisait pas d'illusion non plus mais quand même, se retrouver seule avec elle dans une chambre, des parcelles de sa peau à nu... il le cachait bien mais il n'était pas de marbre. Il avait mentalement remercier la jeune femme d'avoir lancé un sujet de conversation.

- Lizzington -

Liz était installée confortablement sur son lit. La chambre dans laquelle elle se trouvait avait été épurée des divers instruments médicaux qui contrôlaient ses signes vitaux et autres matériels médical maintenant inutiles. Red était en train de lui faire la lecture. Ce qu'elle appréciait beaucoup. Elle adorait sa voix. Elle pouvait être chaude et sensuelle ou très froide comme Liz avait déjà pu le remarquer. Bref, elle collait totalement au personnage qu'était Raymond Reddington. Et elle devait bien avouer que depuis qu'elle avait perdue la vue, cette voix était devenue une lumière dans les ténèbres à laquelle elle se raccrochait avidement.

Rapidement, une routine s'était installée entre eux ainsi qu'avec Nataliya dont Liz avait été heureuse de faire la connaissance et appréciait l'aide toute féminine. En dehors de ces moments où Red faisait la lecture, Liz et lui écoutaient parfois un peu de musique, parlaient peinture, architecture... auquel cas Red mettait un point d'honneur à faire travailler la mémoire visuelle de la jeune femme. Ils discutaient de tout et de rien. Ils évitaient toujours certains sujets bien-sûr au plus grand désarroi de Liz. Elle enrageait d'être maintenue ainsi dans l'ignorance mais elle sentait que Red commençait à se montrer plus ouvert et elle voulait lui faire confiance. Ils en parleraient le moment opportun. Il y avait forcément une raison pour qu'il s'entête ainsi à ne rien lui dire. Elle se contentait d'espérer ne pas tomber de haut le moment venu. Actuellement, il était là pour elle et elle appréciait pouvoir compter sur lui. Oui, plus le temps passait et plus elle appréciait sa présence. Il cherchait à la divertir et cela fonctionnait, elle avait toujours autant de préoccupations en tête mais elle arrivait à apprécier le moment présent. Dans sa nouvelle condition et tant que sa blessure au flan ne lui permettait pas de bouger davantage, les journées semblaient bien longues, s'il n'était pas là elle tomberait en dépression.

Le téléphone de Red sonna. Elle l'entendit déposer le livre et répondre de ce ton professionnel qu'on lui connaissait.

— Dembe !

— ...

— Oui, je te remercie.

— ...

— D'accord.

— ...

— Hum hum.

— ...

— Dans ce cas tu sais ce qu'il te reste à faire.

— ...

— Bien.

— ...

— Oh, je vois, passe-la moi.

— ...

— Ma chère. Oui, cela faisait longtemps que je n'avais pas pris de vacances en effet.

— ...

— Oh non, vous ne saurez pas où nous sommes.

— ...

— C'est certain.

— ...

— Il est clair que c'est plutôt inattendu venant de lui.

— ...

— Très bien, voyez cela avec Dembe. Agissez en conséquences mais restez prudente.

— ...

— J'y veillerai.

— ...

— C'est cela, à bientôt.

Il raccrocha. Liz avait écouté cet échange avec intérêt.

— Samar Navabi... murmura-t-elle.

— Plait-il ?

Liz ne s'était pas rendu compte qu'elle avait parlé assez fort pour que Red non loin d'elle entende.

— Vous avez parlé à Dembe et ensuite avec Samar...

— Bonne déduction Agent Keen, je vois que vous n'avez rien perdu de votre perspicacité.

— Elle est sous votre charme ça se voit à des kilomètres et vous ne lui êtes pas indifférent non plus à ce que j'entends passer dans votre voix.

— A peine quelques jours et votre ouïe s'est déjà améliorée au point de percevoir ce genre de nuance. Vous êtes épatante.

— Je ne crois pas, c'était juste très évident ou alors si vous y tenez l'instinct de survie.

— Les choses sont rarement évidentes Lizzie mais dites-moi, serait-ce de la jalousie ?

— Absolument pas, vous êtes libre de faire ce que bon vous semble avec qui vous semble. Tant que vous garder la tête froide en ce qui concerne le boulot.

— Merci, j'ai vraiment cru un instant...

— C'est bon arrêter votre numéro. Je suis juste agacée car je sais pertinemment qu'elle a rejoint l'équipe grâce à vous et que je ne comprends toujours pas vos motivations. Et comme toujours avec vous je m'attends au pire. Et puis, vous n'êtes soit-disant pas mon père mais vous ne faites pas preuve d'autant de votre charme à mon égard qu'envers les autres femmes... J'en viens donc à deux possibilités soit vous m'avez menti soit je ne suis tout simplement pas à votre goût ?

Il eut un petit rire. Il n'y avait que les femmes pour raisonner ainsi.

— Vous alors vous êtes vraiment surprenante.

Il continua plus sérieusement.

— Je n'ai pas de "goût" particulier en matière de femme. Pour le reste, il me semble avoir déjà répondu à cette question.

— Bien, alors c'est moi qui vais changer de sujet pour cette fois. Que vous as dit Dembe ? Et que vous voulais Samar ? Si c'est en rapport avec le travail évidemment. Je ne voudrais pas m'immiscer dans ce qui ne me regarde pas malgré qu'avec vous je sois déjà restreinte sur ce point même en ce qui me concerne directement.

— Lizzie...

— Ne prenez pas ce ton désolé. J'ai l'habitude maintenant.

— Dembe me faisait un point de la situation, j'ai confié à vos collègues un nouveau nom de la liste.

Liz s'apprêtait à protester.

— Ne vous en faites pas ils s'en sortent bien sans vous et puis c'est un petit numéro, rien de trop extrême ne devrait se produire.

— Red ! s'insurgea la jeune femme.

— Je vous taquine Lizzie. Je ne crains être doué que pour faire ressortir votre frustration et votre colère. Ils sont en chasse mais tout va pour le mieux ne vous en faites pas. Dembe m'appelait surtout car il devait se charger d'une transaction en mon nom un peu plus tôt. Quant à Samar... il lui lança un regard perçant... elle voulait simplement savoir à quoi s'en tenir en notre absence à tous les deux.

— Je vois. Ils n'ont donc rien appris de plus concernant ce groupe qui m'a enlevé ?

— Non. Mon adversaire a eu le temps d'éliminer toutes traces les concernant et qui auraient pu le compromettre. Ce groupuscule vous a enlevé dans l'espoir de s'attirer ses faveurs. Les fous, ils ont tentés de s'engager dans un combat dont ils ne connaissaient rien. Ils l'ont sous estimé.

— Pourquoi votre adversaire m'a-t-il sauvé ?

— C'est un message qu'il m'a adressé. Comme quoi il me surveille, qu'il est loin d'avoir baissé sa garde, qu'il me voit approcher. C'est un rappel à l'ordre, lui qui aime tant apparaître là où l'on ne l'attend pas, il a voulu me prouver qu'il est toujours maître du jeu. Certainement qu'il voulait par la même occasion initier le contact avec vous.

— Il a sous-entendu que j'avais de la valeur à ses yeux.

— C'est vrai. Cette valeur est lié à votre père. Et cette valeur dépend aussi de moi. Il n'est pas dans son intérêt de vous tuer ou de nous séparer. Pas pour le moment.

— Red qu'est-ce que cela veut dire ?

— Vous le saurez en temps voulu.

— Si je comprends bien, il est simplement venu faire le ménage et me délivrer un message nébuleux en me tirant dessus au passage... Il est vraiment tordu ! Pourquoi ne m'a-t-il pas utiliser comme moyen de pression sur vous ou ne m'a-t-il tout simplement pas tuée ?

— Jusqu'ici, il avait gardé ses distances volontairement. Il dit vrai, vous avez autant de valeur à ses yeux qu'aux miens. Il a agit dans son intérêt. C'est sa façon de faire habituelle, il est rare d'arriver à prédire ses actions.

— Vous êtes en train de me dire que votre adversaire n'a pas trouvé opportun de m'avoir comme moyen de pression contre vous ? Soit c'est un idiot, soit il est dans une telle position de force qu'il peut se permettre ce genre de fantaisie.

— Aussi bizarre que cela puisse vous paraître, c'est bien le cas.

— Je n'y comprends rien.

— Ce n'était pas dans son intérêt Lizzie. Pas encore. Si vous avez de la valeur à ses yeux ce n'est pas parce qu'il pourrait faire pression sur moi grâce à vous. Non, il sait qu'il serait idiot d'agir ainsi. Vous avez de la valeur à ses yeux parce qu'inconsciemment vous êtes la clef de la vérité que je détiens et qui le dérange tant.

— J'ai du mal à suivre... a plus j'en apprends à moins je comprends.

— C'est pourquoi j'émets tant de réserves mais vous finirez par comprendre ne vous en faites pas.

- Lizzington -

C'était leur quatrième nuit en Russie depuis que la jeune femme avait repris conscience et comme la veille Red avait finit par se trouver au chevet de Lizzie. Durant la journée tout se passait bien, il veillait sur elle, changeait son bandage, lui donnait ses médicaments, faisait de son mieux pour la divertir. Mais la nuit elle était agitée, en proie à des cauchemars. Sa nouvelle condition la déstabilisait. Elle ne s'en plaignait pas mais il le remarquait. La nuit l'entendant marmonner et s'agiter dans son sommeil, il venait souvent s'asseoir un peu auprès d'elle, cela semblait l'apaiser. Il ne comptait pas aborder le sujet lui même, si elle avait voulu lui en parler elle l'aurait fait. Mais il savait bien que ce qu'elle avait vécu avait été éprouvant et puis, toutes les questions qu'elle se posait, il savait bien que cela devait la préoccuper et la perturber jusque dans son sommeil. Que son esprit soit en ébullition était normal après tout, son subconscient cherchait à résoudre des équations à multiples inconnues.

(à suivre)