Poudlard était tout un monde un microcosme dont les règles étaient plutôt simples à comprendre, particulièrement dans les années qui précédèrent le règne de la terreur. Pas d'escapade dans la forêt interdite, pas d'alcool ni de vagabondage dans les couloirs en dehors des heures autorisées, pas de duels ni d'utilisation malvenue de la magie, courtoisie et respect d'autrui.

Les Poufsouffles étaient les pacifiques, les amis et confidents. Ils n'étaient que rarement les auteurs de coups d'éclat, mais c'était dans leurs yeux que se trouvaient la chaleur et le réconfort. Les Serdaigles se devaient d'être sages, calmes et fins d'esprit. Ils devaient avoir le cœur près de leurs livres et une ferveur destinée à servir le savoir. Les Gryffondors étaient les héros, les symboles de bravoure et de passion. Les Maraudeurs, les grandes superstars de l'école, étaient les parfaits représentants des lions. Ils deviendraient aurors ou quelque chose du genre (défendraient la veuve et l'orphelin quoi qu'il en soit) et, en attendant, amusaient la galerie avec canulars et autres sales coups. Les serpentards, enfin, avaient l'intellect, l'ingéniosité et le talent. Avec les années cependant, leurs qualités étaient devenues plus sombres : à présent que le murmure d'un mage sombre enflait dans les couloirs, la maison des serpents parlait d'importance du sang, du lignage, de la pureté de la race. En quelques mois seulement, ils s'isolèrent du reste des maisons tout se joua subtilement, par quelques bagarres dans les couloirs, de couples qui se séparent, d'amis qui s'éloignent, de la méfiance, de sombres rumeurs. Personne ne disait clairement ce qui se tramait mais les faits étaient clairs : les Serpentards devenaient ceux que l'on craignait et les Gryffondors s'imposaient en sauveurs. Petit à petit, les canulars des maraudeurs déclenchaient des rires où se mêlaient une tension étrange, une animosité à peine dissimulée.

Et les serpentards ne faisaient rien pour enrayer la chose. Ils semblaient même, pour la plupart, particulièrement satisfaits d'être ainsi tenus en disciples du mal et futurs tortionnaires (du moins c'était ce qui se profilait).

Poudlard, fut un temps sanctuaire et lieux de privilège pour ceux qui voulaient réellement maîtriser la magie, était devenu une vulgaire aire de jeu. Un champ de bataille sous des airs de bagarres entre adolescents. Mais c'était le monde de demain qui se révélait dans les actions de ces élèves innocents et stupides, influencés par leurs parents et les murmures, et ce monde-là s'annonçait des plus sinistres.

En ce temps-là, de nombreuses trames se déroulèrent avec passion. Car nombreuses furent les histoires qui se terminèrent dans les larmes et la corruption de la magie. Des héros allaient se révéler, des traîtres également. Les loyautés et les croyances seraient testées chaque jour et chaque jour un peu plus ébranlées. Des passions, des haines, des amours terribles, des deuils que le temps ne parviendrait qu'à rendre plus amers.

J'aimerais vous raconter l'une de ces histoires que vous connaissez déjà, avec une préfète flamboyante un peu folle et un lion tout aussi étrange (mais enthousiaste). Ou bien l'une de ces histoires romantiques et lumineuses qui se termine dans l'allégresse et laisserait comme un goût de soleil après la pluie. Parce qu'après tout, cette guerre ne parvint pas à tout détruire et les germes du bonheur subsistèrent malgré toute la volonté de celui-dont-on-ne-prononcerait-bientôt-plus-le-nom.

Pourtant, au milieu de tous ces personnages aimants et loyaux, de tous ceux fourbes et monstrueux, il y en avait bien d'autres. Eux aussi, ils vécurent la guerre. Peut-être pas en héros ni en bourreaux, peut-être pas en grand sage ni en sorcier d'exception.

Mais ils vécurent cependant, et leur histoire est une blessure de plus pour la génération des sacrifiés.