La pièce était sombre, le plafond bas, si bien qu'un être humain ne pouvait s'y tenir debout. L'atmosphère était humide. Dans un coin, une petite fille était recroquevillée sur elle-même, les quelques rayons de lumière qui traversaient les lattes en bois du plafond permettaient de la distinguer. Elle se balançait d'avant en arrière en silence, des larmes coulant le long de son visage.

Au-dessus d'elle de lourds bruits de pas s'abattaient sur le sol. L'intrus avait réussi à pénétrer la propriété. Un homme tenta de s'interposer, mais il n'eut le temps de mouvoir ses lèvres qu'un son de lame fendit l'air, puis dans un bruit sourd alla s'enfoncer dans sa chair. Une femme se mit à hurler. Un cri de désespoir capable de fendre l'âme. L'hystérie du premier instant la quitta pour laisser place à des sanglots bruyants. Le meurtrier qui se tenait devant elle n'en parut que plus excité, il s'avança vers elle et l'a pris par les cheveux, l'obligeant à s'agenouiller, lui ordonnant de s'incliner, les yeux au sol. Dans un dernier espoir, elle chercha la fillette entre les lattes de bois. L'enfant vu le scintillement de l'arme s'élever dans les airs, puis s'abattre violemment sur la nuque de la victime. La tête de la femme roula sur le sol.

La petite fille voulait hurler, courir, s'enfuir, se réveiller de cet abominable cauchemar, mais elle ne pouvait faire aucun geste, n'émettre aucun son, sous peine de subir le même sort que les personnes qui gisaient sur le sol au-dessus d'elle. L'angoisse l'envahissait. Des gouttes tombèrent sur son visage jusqu'alors pur et innocent. Il pleuvait. Certaines gouttes coulaient le long de ses joues, se mêlant à ses larmes, d'autres allaient mourir dans son cou, une parvint jusqu'à ses lèvres. Cette goutte avait le goût du fer. Portant ses mains à son visage, la terreur commençait à l'envahir. Du bout des doigts elle essuya son visage, puis difficilement éloigna ses mains pour pouvoir les observer. Elles étaient rouge, un rouge vif, du sang. Son cœur s'arrêta de battre un instant. Elle réalisa.

Elle patienta des heures durant, tremblante, s'éloignant le plus possible de la mare de sang qui se formait dans le sous-sol. Quand elle fut certaine que le danger s'était éloigné, elle entreprit de remonter à l'étage. Soulevant la trappe, elle vit les deux corps qui gisaient sur le sol.

« Maman.. Papa », dit-elle dans un murmure désespéré.

C'est sous cette pluie sanglante que commença l'histoire de Hiyayaka Hakujô.