Chapitre 1
-Kanda ! Viens voir par là !
Kanda soupira pour la énième fois depuis le début de la journée. Il en avait marre de devoir faire ce boulot pourri, et en plus de ça, avec le début de l'alerte, il n'avait plus une minute pour souffler. Bien sûr, c'est lui qui avait choisi ce boulot mais quand même ! Qu'est-ce qui avait l'avait poussé à devenir policier ? Le salaire ? N'importe quoi ! Il gagnait à peine assez pour se payer un petit appartement dans le quartier traditionnel de Tokyo.
-J'arrive...
Il avait choisi ce métier, en fait, pour être sûr de ne jamais s'ennuyer. Il détestait la routine, et il pensait qu'en devenant policier, le quotidien ne serait jamais pareil. Il avait eu raison, en partie. Il ne s'ennuyait jamais, mais c'était bien le seul avantage. À part ça, les policiers étaient maintenant craints et méprisés à la fois. Heureusement qu'il avait un fort caractère ! Beaucoup de policiers jetaient l'éponge au bout de trois mois, et il en résultait que la police de Tokyo était en sous-effectif. Les agents restant, comme lui, devaient faire des heures sup' pour garantir la sécurité de tous comme s'il étaient au complet.
Jusqu'à maintenant, ils avaient réussi à maintenir l'ordre, mais avec l'arrivée d'un nouvel ennemi invisible, ils peinaient à calmer la population.
AKUMA. C'était le nom de la nouvelle menace qui mettait en danger non seulement Tokyo, mais aussi le monde entier. Un virus dont la source était inconnue, et les effets néfastes touchaient arbitrairement les gens, ce qui le rendait difficile à endiguer. Le premier cas s'était déclaré au Japon, mais il s'était rapidement propagé à la planète entière. Une pandémie mondiale qui sévissait maintenant depuis plusieurs mois et aucun remède ni vaccin n'avaient été découverts.
Les polices et services d'investigations du monde entier essayaient de découvrir ce qui avait pu déclencher ce virus. La plupart des gens pensaient qu'il ne s'agissait que d'un virus virulent comme l'était la peste par la passé, mais le chef de la police de Tokyo était persuadé que le virus avait une cause criminelle.
C'est pour cela que Kanda et son coéquipier, Alma, se trouvait dans un entrepôt à l'écart de la ville dans lequel ils étaient sensé trouver des indices.
-Il n'y a rien ici ! Rugit Kanda en donnant un coup de pied dans une cannette vide. C'est juste un squat ici !
-Tu as raison, répondit Alma en s'asseyant à même le sol. Mais tu sais bien que le chef veut qu'on ramène quelque chose.
-Si y'a rien à ramener, on ramène rien, point barre, trancha Kanda.
Il se mit à faire les cent pas dans la grande pièce sale et humide, comme toujours lorsqu'il était nerveux. Et il était nerveux quand il était fatigué.
-Dis moi Yuu, ça fait combien de temps que tu n'as pas dormi ?
-Hein ?
Alma jeta un coup d'oeil à son ami. Les yeux gris anthracite de Kanda étaient cernés. Et il avait maigri, signe qu'il se nourrissait mal. AKUMA ne faisait pas que du mal aux victimes. Il épuisait tout le monde et en particulier les forces de l'ordre.
-Je vais bien.
-C'est ce que tu réponds tout le...
-Chut !
Kanda venait d'apercevoir de la lumière derrière un baril. Il entraîna Alma derrière une pile de cartons et lui intima le silence.
Un groupe de jeune entra en rigolant, munis de bombes de peinture.
-Ce ne sont que des gamins, murmura t-il.
-Je vois, répondit Alma sur le même ton. Bon, je me barre en douce. Tu viens ?
-Non, j'ai un pressentiment. Je reste. On se voit demain.
Alma sortit de sa cachette et se coula dans l'obscurité. Kanda pu reporter son attention sur les squatteurs qui avaient commencé à taguer le mur, mais de là où il était, il ne pouvait pas voir ce qu'ils dessinaient. De toute manière, il allait devoir les arrêter. Faire des graffitis était interdit par la loi, même s'il s'agissait que d'une infraction mineure.
-Bon, on s'arrache ! Tu veux pas venir Allen ?
-Non, répondit le dénommé Allen. Je finis ce dessin là.
Kanda ne voyait pas qui parlait, ni à quoi les jeunes ressemblaient, mais il connaissait au moins un nom. Il sortit son arme de sa poche, au cas où ils résisteraient, et il allait se lever quand les jeunes sortirent de la salle. Il réussit à entrevoir un des voyous, et il s'immobilisa. Il manquait un œil à ce garçon, mais son sourire était éblouissant. Kanda décida de les laisser partir, du moins pour cette fois. Il se tapit de nouveau dans sa cachette.
Pourtant, il restait un jeune à l'intérieur, et il décida de le prendre par surprise. Il se rapprocha doucement et s'accroupit suffisamment près du squatteur pour le voir de dos. Et ce qu'il vit le déconcerta.
Mais il a quel âge ? C'est un vieux ?
Kanda ne pouvait pas voir ce qu'il dessinait. Il baissa les yeux une fraction de seconde pour s'assurer que son arme était bien chargée, et quand il releva la tête, le garçon n'était plus là.
-Qu'est-ce que vous faites là ?
Kanda sursauta si fort qu'il appuya sur la détente de son pistolet. Le coup partit et ricocha sur un tube en métal. Kanda le prit de plein fouet dans le bras. Il fit un bond en arrière et appuya sa main sur son bras pour arrêter le saignement.
-Nom de Dieu ! Ça fait un mal de chien !
Il réussit à calmer sa respiration et se rappela de ce qu'il faisait là. Il relava la tête et regarda le voyou en face de lui, et resta la bouche (presque) ouverte.
La personne en face de lui était un garçon d'à peu près le même âge que lui, peut-être un peu plus jeune. Il avait les yeux gris-violet et une drôle de cicatrice en forme de pentacle renversé qui continuait sur sa joue.
-Hé gamin, c'est plutôt moi... qui doit te poser la question il me semble... haleta Kanda en comprimant la plaie.
Sa vue se troublait. Il perdait beaucoup de sang, et même s'il maintenait qu'il allait bien, en vérité il était épuisé. Il tentait tant bien que mal de garder contenance. Et ce garçon qui ne bougeait pas !
-Arrête de me regarder comme ça tu veux... ? C'est dérangeant... murmura t-il.
Le regard du garçon était étrange. Hanté. Oui, c'était le mot. Hanté. Comme si il avait connu toutes les pires choses du monde.
Le garçon finit par faire un pas. Puis un autre. Sans cesser de le fixer. Kanda se surprit à reculer d'instinct. Il se sentait en danger avec lui.
-Hé monsieur l'agent... T'as la trouille ?
Kanda sursauta une nouvelle fois.
-Je vais juste t'aider...
Le voyou l'aida à s'appuyer contre un mur et s'accroupit à ses côtés. Puis il tira sur le bas de son tee-shirt pour en arracher une large bande.
-T'es pas obligé de faire ça...
Il ne répondit pas. Il noua étroitement le morceau de tissu sur la blessure de Kanda. Puis il se releva et commença à partir.
-Hé ! Ne pars pas ! Cria Kanda. J'ai des questions à te poser.
Il se leva tant bien que mal et réussit à le rattraper. Il le retourna de force.
-Je suis de la police de Tokyo. Agent Kanda. Je veux ton nom, ton prénom, et ce que tu fais ici.
-Et si je refuse ? Répondit le jeune homme.
-Je peux t'arrêter à cause des graffitis que toi et tes copains ont fait sur le mur.
-Ok ok c'est bon... J'optempère. Allen Walker. Je ce que fais ici... Vous le savez, dit le garçon d'un air moqueur.
Kanda soupira. Les graffitis. Question idiote.
-Ouais ouais... bon, va t-en avant que je ne change d'avis.
Allen eut un rictus et posa sa main sur le front de Kanda. Et appuya simplement.
-Mais qu'est-ce que...
Soudain, la tête lui tourna et il s'évanouit.
…
Il n'ouvrit les yeux que bien plus tard. Il faisait nuit depuis longtemps. La lune était haute.
-Mal au crâne...
Il s'assit difficilement et se prit la tête mais son bras le lança.
-Enfin réveillé ?
Il sursauta et tomba nez-à-nez avec Allen qui souriait.
-Hé... murmura t-il.
-Quoi ? Répondit Allen.
-T'es trop près.
-Je sais.
Allen s'assit sur le lit et continua de le fixer.
-On est où ici ? Demanda Kanda.
-Dans une planque, répondit Allen. Avec d'autres personnes comme moi.
-Je vois.
Il se leva et inspecta la pièce rapidement. Elle était sommairement meublée. Un lit, une armoire, une petite table...
-Hé... hé ! Tu vas bien ?
Allen tomba à genoux en gémissant. Il tenait son ventre à deux mains. Kanda se précipita vers lui.
-Restes en arrière !
Kanda s'immobilisa. Des pentacles commencèrent à se former sur le visage et les mains de Allen. Kanda écarquilla les yeux. C'était fini pour le voyou.
-Le virus AKUMA...
