Evy se dirigea vers la porte de l'ascenseur, se balançant légèrement au rythme de la musique que martelaient ses écouteurs. Elle appuya sur le bouton d'appel et attendit sagement, fredonnant un de ses airs préférés. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et elle releva la tête espérant sincèrement n'y trouver personne vu l'heure à laquelle elle accédait aux bureaux : 21h30. Enfin… c'était l'heure que lui indiquait l'horloge de sa voiture au moment où elle se garait.

Tout cela pour déposer un dossier sur un bureau. Ce qu'elle n'était pas capable de faire pour son père !

« Pas de chance sur ce coup… » Pensa-t-elle en voyant qu'il y avait un homme dans l'ascenseur et pas n'importe quel homme : l'agent Anthony Dinozzo. Il était appuyé contre le mur du fond, concentré sur une revue, du coup il ne fit pas attention à elle et elle en remercia le dieu créateur des revues. Elle entra et voulut appuyer sur le bouton de l'étage où elle devait descendre. Elle n'en fit rien en fin de compte car le bouton était déjà enclenché. « On va descendre au même étage, niveau discrétion c'est raté. » Sa concentration revint sur la musique qu'elle écoutait et celle de Dinozzo se détourna de la revue pour s'intéresser à elle.

Il n'avait pas fait attention à elle car le numéro de la revue de charme qu'il tenait entre les mains était un numéro spécial qu'il attendait depuis un mois. La femme qui se tenait devant lui portait un manteau noir en velours assez long qui ne laissait dépasser que ce qui semblait être une robe rouge. Néanmoins, étant cintré, il laissait deviner une jolie taille. Elle portait un chignon assez classique. Etant devant lui il ne put voir son visage ; « J'aurais dû regarder son visage quand elle est entrée ! ». Il ne pouvait pas lui parler car elle portait des écouteurs et elle n'apprécierait pas vraiment qu'il lui tapote l'épaule sans raison valable. Il essaya de voir à quel étage elle descendait et vit qu'elle n'avait appuyé sur aucun bouton, cela voulait dire qu'elle descendait au même que le sien. Il finira bien par discuter avec elle. Il se redressa alors et pris soin de cacher sa revue qui était loin d'être un bon moyen d'aborder une jeune femme. Pris dans ses plans d'approche, il fut interrompu par l'arrêt brutal de l'ascenseur.

« Eh merde ! » pensa-t-elle et ses mains se crispèrent par réflexe.

Tony s'approcha des boutons et commença à appuyer sur l'un d'eux sans résultat.

- « Ne me dites pas qu'il est en panne… » dit-elle après avoir enlevé ses écouteurs. Sa phrase sonnait plus comme une supplique que comme une question.

Tony se tourna vers elle : « Mignonne… » Pensa-t-il puis se reprit vite et répondit « Je ne sais pas, c'est la première fois qu'il fait ça ». Il commença à appuyer sur tous les autres boutons espérant naïvement relancer l'ascenseur.

- « Appelez le technicien » dit-elle paraissant calme mais au fond elle priait tous les saints et les démons : « Pitié que je ne sois pas bloquée dans cet ascenseur ! Pitié que je ne sois pas bloquée dans cet ascenseur ! Pitié que je ne sois pas bloquée dans cet ascenseur ! » Se répéta-t-elle en boucle mentalement.

- « Bonne idée… » dit-il en appuyant sur le bouton d'urgence qui les connectait au bureau des techniciens.

Le téléphone sonna dix fois avant que le son indiquant que la liaison avait été abandonnée ne résonne. Pourquoi dix sonneries ?! Parce qu'elle les avait comptées l'âme au bord des lèvres, espérant vainement que le technicien soit là, une sorte de superman ou de facteur : qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige… Toujours là.

« Super ! Super ! Super ! De toutes les fois où ce putain de bordel d'ascenseur de merde pouvait tomber en panne, il a fallu que cela soit celle où je l'ai emprunté ! »Des frissons lui parcoururent le dos, elle n'avait jamais aimé les lieux fermés, petits, sa claustrophobie n'était que légère mais elle s'aggravait quand elle restait longtemps enfermée. Ce qu'elle avait toujours pris soin d'éviter. Les ascenseurs ne l'inquiétaient pas car l'enfermement ne durait pas longtemps et elle refusait de s'enfermer dans cette peur, elle ne voulait pas que sa peur soit apparente et rien n'est plus flagrant que de voir quelqu'un préférer prendre les escaliers à chaque fois. Néanmoins, elle regrettait de ne pas avoir pris les escaliers cette fois-ci.

Tony réessaya une dernière fois mais sans grand espoir, il se tourna vers la jeune femme : « Je crois qu'on est bel et bien coincés ici et cela risque de prendre du temps car les techniciens risquent de n'être là que demain matin. On ne peut en plus appeler personne car il n'y a pas de réseau. »

Tony asséna ces coups l'un après l'autre, ne se rendant pas compte de l'impact que ces informations avaient sur Evy car cette dernière avait réussi à garder son calme, du moins en apparence : « Le voilà ce moment tant craint ma chérie car tu vas devoir contrôler ta peur durant toute une nuit. C'est merveilleux ! » pensa-t-elle ironiquement.

« Oui je vois… Il n'y a donc rien à faire. Sauf peut-être espérer que l'ascenseur ne chute pas.» Dit-elle en s'éloignant de la porte et de Tony. Elle s'appuya sur l'un des murs et s'assit les jambes repliées sur le côté. Le fait de s'asseoir lui permit grâce au contact avec le sol de se calmer un peu, mais ses mains continuaient à trembler légèrement. Elle décida alors d'entrecroiser ses doigts pour contrôler ses tremblements et pour se recomposer.

Tony la regarda et sourit, « Le destin fait bien les choses moi qui réfléchissait à la meilleure manière de l'aborder j'ai toute la soirée pour arriver à mes fins ». Il l'imita et s'assit en face d'elle sur le coin opposé : « Il ne chutera pas car il est neuf et solide. Cela ne l'a pas empêché de tomber en panne vous me direz. »

« C'est juste. » lui répondit-elle, se forçant même à sourire.

Il se tut un instant puis rajouta pour parler d'autre chose : « Dites-moi : c'est la première fois que je vous vois dans ces locaux ? ».

« Approche directe » pensa-t-elle. « Oui, je ne me rappelle pas vous avoir croisé les autres fois ».

« Ah donc ce n'est pas la première fois que vous venez ! » Dit-il curieux.

« C'était de l'humour, je voulais simplement dire que je ne suis jamais venue ici », comment pouvait-elle faire de l'humour dans un moment pareil !

« Tout aussi bon à savoir » dit-il en lui souriant.

« Sourire charmeur, yeux verts… Je comprends d'où il tire son succès » pensa-t-elle. « A ce que je vois vous êtes très curieux », répondit-elle en se forçant à se concentrer sur lui et pas sur ces murs qui semblaient se rapprocher d'elle : « Non, non, non, concentre toi sur ta respiration, oublie la pièce focalise toi sur Tony, oublie le reste… et le reste t'oubliera.» pensa-t-elle en resserrant les mains l'une contre l'autre pour tenter d'arrêter les tremblements.

« Je ne pense pas qu'on ait autre chose à faire coincés comme nous le sommes. »

« C'est encore une fois juste ! » répondit-elle n'appréciant pas spécialement la douloureuse justesse de cette phrase.

« En plus de cela c'est un réflexe professionnel. Je me présente : je m'appelle Tony Dinozzo et je suis agent du NCIS » dit-il un sourire en coin car il savait quel impact avait cette phrase sur les femmes.

« Oh ! » dit-elle en feignant la surprise « Et dans quel service ? ».

« Je suis enquêteur sur les cas de crimes commis sur et par des marines. »

« Vous êtes en quelque sorte des policiers de la marine… oh non pardon vous êtes des agents spéciaux vous serez donc plutôt l'équivalent du FBI c'est ça ? » dit-elle le plus naïvement du monde. « Si mon père m'entendait il me tuerait » pensa-t-elle frissonnante tout en savourant l'impact que cette phrase avait sur l'agent Dinozzo. Elle connaissait trop bien les rapports entre les deux agences.

« Non » répondit-il dégouté de la comparaison. « Nous, c'est en mieux ».

« Pourquoi ? »

« C'est un fait. Cela va de soi. »

« Ne me dites pas que je vous ai vexé par la comparaison. Si c'est le cas je m'en excuse. » Dit-elle sans la moindre once de culpabilité.

« Excuses acceptées » dit-il un sourire narquois sur le visage qu'elle lui rendit. « Pourquoi êtes-vous venue dans nos bureaux ? Vous travaillez ici ? » Dit-il espérant ainsi la voir plus souvent.

« Non, je n'ai malheureusement pas l'immense honneur d'être un agent du NCIS. »

« Oui malheureusement… Mais vous avez le bonheur d'en connaître un des meilleurs » dit-il toujours avec ce sourire charmeur et ce regard de velours et ce … « tu te calmes ! Ça doit être son parfum !» Elle avait toujours réussi à gérer ses rencontres avec les hommes. Pourquoi avait-elle autant de mal avec celui-ci… Ça doit être la situation, être enfermée ne lui a jamais été bénéfique. Jamais…

« Vous n'avez pas répondu à ma question. »

« Suis-je accusée d'un crime contre un marine pour être interrogée ainsi ? » Dit-elle en souriant.

« Vous allez continuer longtemps à éviter de répondre à cette simple question. »

« En fait, je le peux, j'ai d'ailleurs au moins 14 manières différentes de faire tarder ma réponse. »

« 14 ! »

« En fait, 13 maintenant » dit-elle en souriant.

Il sourit, cela ne va pas être facile mais il aimait bien ce jeu : « Quand vous disiez manières vous parliez aussi d'actes ? »

« Oui : me taire, arrêter de respirer, me suicider, vous assommer, vous tuer… »

« M'embrasser… » L'interrompit-il sciemment.

Elle en rougit violemment et écarquilla les yeux : « sûrement pas ! » répondit elle par réflexe effrayée par son désir de le faire. Elle n'y avait pas pensé par instinct de survie mais quand il lui asséna cette idée, elle fut choquée par l'existence de ce désir de le toucher d'une manière aussi intime. Tiens les tremblements se sont arrêtés… Et puis elle repensa à la source des tremblements et jeta bien malgré elle un coup d'œil aux murs et son cœur se serra de nouveau, les tremblements reprirent mais plus légers.

« Je vous ai eu ! »

« … bien vu... Vous avez mérité la réponse à votre question » dit-elle vaincue et surtout décidée à changer de sujet.

« Alors pourquoi êtes-vous là ? »

« Je dois déposer un dossier urgent sur un des bureaux ».

« Le bureau de qui ? »

« Je crois que son nom c'est l'agent Gibbs » faisant exprès d'ignorer son nom.

« Le patron ! » dit-il cette fois-ci déstabilisé : « Quel dossier ? ».

« Cela concerne une affaire qu'il a en cours ».

« L'affaire du marin Jefferson ? » dit-il sur un ton sérieux.

« Je ne sais pas, on m'a juste demandé de déposer ce dossier sur le bureau ou de le lui remettre personnellement ».

« Je fais partie de son équipe vous pouvez me remettre ce dossier, je le lui donnerai tout à l'heure. »

« Non malheureusement je ne peux pas ».

« Je comprends vous ne me faites pas confiance. »

« Je vous connais à peine et puis vous savez très bien qu'on ne peut faire confiance qu'à très peu de gens dans ce monde. »

« C'est vrai. Moi je n'ai confiance qu'en moi-même et en mon équipe. »

« Moi je n'ai confiance qu'en mon père » Pourquoi avait-elle dit cela, se livrer ainsi et parler de ses rapports avec son père n'était pas dans ses habitudes.

« Même pas en vous ».

« Pas comme vous l'entendez. Je connais mes capacités mais je connais aussi mes limites. Je sais dès lors de quoi je ne suis pas capable. Quand je vous dis que je n'ai pas confiance en moi c'est dans le sens où je me méfie toujours de mes faiblesses et surtout de mes peurs. » « Il y en a une d'ailleurs que je ressens maintenant et dont je me serais bien passée… » Pensa-t-elle resserrant d'autant plus la pression sur ses mains, ses doigts en devinrent plus rouges sous la pression sanguine.

« Je comprends mieux ».

« Et si on arrêtait maintenant le jeu des questions et réponses personnelles. »

« Juste une dernière question. Votre nom, vous ne me l'avez pas donné ».

« Evelyne Sand ».

« Joli prénom » dit-il laissant tomber cet air sérieux et redevenant Tony le charmeur.

Elle sourit, elle se sentait plus à l'aise car elle n'aimait pas parler d'elle-même cela remuait de trop pénibles souvenirs.

« Joli sourire » continua-t-il.

« Merci. » Elle ne lui rendit pas le compliment délibérément.

« Puis-je vous appeler Evelyne ? ».

« Oui, cela ne me dérange ».

« Appelez-moi donc Tony ».

« D'accord Tony. » Elle releva la tête et jeta un coup d'œil à l'ascenseur : « L'ascenseur ne veut toujours pas fonctionner et la nuit risque d'être longue ».

« Ne vous inquiétez pas, je pense que mon patron ne va pas tarder à repasser au bureau quand il verra que l'ascenseur ne fonctionne pas il le signalera ».

L'espoir renaît ! « Alléluia ! Vive l'agent Leroy Jethro Gibbs et sa manie de bosser tard le soir. Mais bon c'est assez ironique car c'est parce qu'il devait passer par son bureau qu'elle a dû se trouver à cette heure-là dans le bâtiment, c'était en fin de compte un cercle vicieux : si elle était coincée c'était à cause de lui et c'est lui qui pouvait la sortir de l'ascenseur». Au final, elle s'en foutait l'essentiel c'est qu'elle sorte de ce huit clos.

« Sauf s'il est sur une piste qui l'oblige à être à l'extérieur… » Remarqua Tony.

Adieu espoir.

« Pffffff… l'essentiel c'est qu'il passe avant l'apocalypse » dit-elle résignée. Avec quoi allaient-ils s'occuper d'ici là… Ah oui : « Vous savez jouer au poker ? » « Oui excellente idée ça m'occupera les mains et l'esprit en attendant qu'on nous libère mais je ne tiendrai pas toute la nuit » pensa-t-elle en essayant de réguler sa respiration.

« Oui, pourquoi ? »

« Parce que j'ai un jeu de carte et un gros magot à partager ou à prendre, tout dépend de qui gagne et à quel moment on nous sortira de cet ascenseur ».

« Un gros magot » dit-il intrigué.

« Oui un très gros ! » dit-elle en écarquillant les yeux, elle prit ensuite son sac et sortit un paquet de caramels.

Tony éclata de rire : « J'aurais honte de plumer une jeune femme aussi jolie ! »

« Cela ne risque pas d'arriver ! Mais est-ce que moi je risque d'aller en prison pour avoir plumé un agent du NCIS ? » Répondit-elle presque sérieuse.

« J'essaierai de ne pas porter plainte. »

« C'est rassurant ! Alors préparez-vous à être écrasé sans pitié », elle sortit le paquet de cartes et les mélangea. Elle décida de distribuer d'abord les caramels. Elle ouvrit le paquet et divisa équitablement tous les bonbons puis en donna un à Tony et en garda un pour elle : « Pour que vous connaissiez la véritable valeur de ces caramels divins. ». Tony enleva le bonbon de son enveloppe et le mit en bouche.

« Hmmm ! Très bon ! »

« Savourez le bien car c'est le seul que vous pourrez manger » dit-elle après avoir avalé son bonbon qui lui enleva ce goût métallique qu'elle avait dans la bouche quand elle angoissait.

« Rira bien qui rira le dernier » dit-il la défiant du regard.

Ils commencèrent à jouer et s'installèrent face à face assis en tailleur.

« Les jeux de poker me rappellent plein de films » dit-il sans développer de peur de l'ennuyer avec sa passion. C'était bien une première ! se disait-il car cela ne le gênait nullement de parler de cette passion à tout le monde. Mais elle c'était différent, elle le déstabilisait.

« Ah oui ! Moi aussi, tiens ça me rappelle Maverick. Un super film, drôle, attachant » dit-elle en misant 2 bonbons.

« Vous devez avoir un bon jeu pour miser carrément deux bonbons ! » dit-il taquin « J'ai adoré, Mel Gibson était excellent, il en va de même pour Jodie Foster » dit-il heureux de pouvoir parler cinéma. « Je suis ».

« On aime prendre des risques » dit-elle en piochant une carte et en donnant une autre à Tony. « J'adore cette actrice, j'ai aimé quasiment tous ses films hormis peut-être Panic Room. Mais c'était plus dû au scénario qu'à sa performance. Par contre j'ai adoré Nell. Très émouvant. » Dit-elle en rajoutant deux bonbons.

« Ah oui avec Liam Neeson. Vous avez l'air de vous y connaître en film ou je me trompe ? » Dit-il en la regardant droit dans les yeux.

« C'est vrai, je suis très cinéphile mais bon ma culture est limitée aux années 70 et au-delà. J'ai vu certains films des années 50 et 60 mais seulement les plus cultes. Je ne ferai pas long feu dans une école de cinéma ». Dit-elle simplement. « A votre tour » dit-elle en montrant les bonbons.

« Je me couche. Mon jeu ne vaut vraiment pas la peine que je me risque à perdre encore deux autres bonbons. »

« Sage décision » dit-elle en riant « Et vous, vous êtes fan de cinéma ? ».

« C'est peu de le dire, je suis très cinéphile. Cela m'aide d'ailleurs beaucoup dans mes enquêtes. » Dit-il en distribuant à son tour les cartes.

« Ah oui et comment ? »

« Eh bien cela me donne des idées pour nous sortir de situations compliquées. Comme la fois où j'ai eu l'idée d'enregistrer une prise d'otages qu'on a repassée en boucle pour piéger les hommes qui en étaient à l'origine. »

« C'était inspiré de quel film ? »

« Speed. »

« Excellent film d'action. Keanu Reeves est super dedans et le baiser final était mémorable » dit-elle en souriant au souvenir.

« Ouais pas mal. Mais il y a mieux, celui du film Casablanca. »

« Oui, c'est vrai, assez mignon. Mais j'ai trouvé que les acteurs des années 50, entre autres, exagéraient leurs baisers. C'est éloigné de la réalité ».

« Oui, légèrement. »

« Même leur manière de jouer est toujours un peu sur-jouée, sauf dans certains cas. Certains acteurs trouvent le moyen de m'émouvoir peu importe le nombre de fois où je regarde leurs films. » Dit-elle en mettant en jeu un bonbon.

« Je comprends, cela me fait le même effet avec de grands acteurs tels qu'Humphrey Bogart entre autres. »Il suivit la mise d'Evelyne.

« On ne prend pas de risques à ce que je vois. »

« J'attends de voir ce que me donnera comme opportunités la prochaine carte » dit-il en soulevant plusieurs fois les sourcils, très taquin.

Elle lui sourit : « Pauvre être plein de naïveté » dit-elle.

« Elle a un sourire qui me fait fondre avec sa fossette sur la joue gauche», pensa-t-il rêveur.

« Alors on abandonne ! » dit-elle sur un ton mi-provocateur, mi-triomphal après avoir mis trois bonbons en jeu.

« Attendez ! Un Dinozzo n'abandonne jamais mais je vais d'abord vérifier ma dernière carte… Ha ha ! Je suis et je rajoute 3 autres bonbons ! »

« Eh ben ! Je parie que c'est du bluff ! Je vous suis et je rajoute 4 bonbons » Elle distribua les dernières cartes. La guerre des nerfs était enclenchée : « Alors que décidez-vous de faire Monsieur je n'abandonne jamais ! ».

« Tapis ! » dit-il.

« Quoi ! Déjà ! »

« Alors on a peur ! On ne veut pas suivre ! » Dit-il l'air mutin.

Elle éclata de rire avant de déclarer : « Jamais, c'est l'honneur des Sand et des G… Gitters qui est en jeu » il s'en fallut de peu qu'elle gaffe, heureusement qu'elle pensa au nom Gitters. Drôle de nom d'ailleurs, d'où l'a-t-elle tiré...

Au moment où elle allait mettre en jeu la totalité de ses bonbons l'ascenseur trembla légèrement. Sa respiration s'arrêta net et elle releva la tête machinalement espérant sentir n'importe quel mouvement qui indiquerait que la panne avait été réparée. Et ce fut le cas, son cœur commença à battre rapidement, sa phobie devenant plus forte à l'idée de sa propre libération de cet espace confiné. Elle se redressa machinalement n'attendant qu'une chose : que la porte s'ouvre. Elle en oublia Tony. Ce dernier se redressa à son tour regardant les traits figés de la jeune femme : « Elle est bien trop tendue »

Il décida de s'adresser à elle : « Evelyne » dit-il en lui touchant légèrement le bras.

Elle tourna un regard effrayé qui se voila tout de suite quand il la toucha.

« Ça remarche » dit-elle pour faire diversion et se laisser le temps de se reprendre et de contrôler ses tremblements qui risquaient de s'aggraver.

« Vous tremblez ! » dit-il inquiet.

« Non ça va, c'est juste que je suis assez claustrophobe, et j'ai de plus en plus de mal à me contrôler. » c'est dit, mais elle s'en foutait, elle se foutait du fait que Tony sache qu'elle était claustrophobe, elle se foutait de tout ! Pourvu qu'elle sorte de là et très vite.

L'ascenseur s'arrêta alors et la porte s'ouvrit. Evelyne traversa à la seconde l'espace qui la séparait d'un espace vaste pour voir face à elle Gibbs et ce fut plus fort qu'elle, un réflexe naturel car elle continua sur sa lancée et serra Gibbs contre elle, se blottissant contre lui. Les tremblements n'avaient pas cessé tout de suite mais elle s'en foutait car elle était en sécurité dans les bras de son père.

- « Mais qu'est-ce qui s'est passé ? » dit-il en l'entourant de ses bras.

- « Patron… » Tony était resté figé, le bras bloquant la porte de l'ascenseur pour l'empêcher de se fermer.

Il n'avait pas rêvé, Evelyne s'était quasiment jetée dans les bras de Gibbs.