Titre : Ambush in Russia
Rating : K
Couple : Toujours Athrun et Cagalli
Genre : Romance / Action
Disclaimer : Aucun des personnages de l'univers de Gundam Seed ne m'appartiennent, à part les hommes politiques de la fédération Eurasienne (vous en retrouvez un qui est dans mon autre fiction, à vous de trouvez qui !)
Résumé : L'histoire se passe un an après la fin de Seed. Cagalli est à la tête d'ORB et Athrun, connu par les autres sous le pseudonyme d'Alex Dino, est auprès d'elle en tant que son garde du corps et son conseiller politique personnel.
Suite à la demande des dirigeants de la Fédération Eurasienne, Athrun et Cagalli se rendent en Russie dans le but de signer des traités, mais tout ne se passe pas comme prévu…
Alors peut-être quelques petites indications pour fixer les idées :
- Athrun et Cagalli ont tous deux 17 ans ([maniaque des dates : on], on peut même dire qu'il est plus jeune de 6 mois et 11 jours [maniaque des dates : off], mais bon ce n'est pas très important !). Donc si on essaye de se remettre dans le contexte ca se passe en Novembre CE 72. Donc ils sont ensembles (ca vous vous en doutez !) mais à part leurs amis personne ne le sait. On va dire qu'ils se cachent des émirs, et de Yuuna en particulier (je l'aime pas lui, il est vraiment bête ! et moche de surcroît ! Il a vraiment tout pour déplaire !). Fin bref faut que j'arrête de divaguer. Donc sinon au niveau de l'avancée de leur couple : d'un point vue strictement personnel, je trouve qu'ils ne peuvent pas avoir déjà fait quelque chose parce que d'une part Athrun et Cagalli sont tous les deux timides (je peux me tromper complètement mais c'est comme ça que je les ai vus dans les deux séries), et d'autre part leur relation n'est pas vraiment libre, ils se sentent pas libres de faire ce qu'ils souhaitent, quand ils souhaitent, ca doit pas être simple de vivre une relation amoureuse en se cachant ( je crois, j'ai jamais été confrontée à la situation.) Je pense qu'ils ont certainement dormir ensembles de nombreuses fois sans pour autant faire quelque chose, ils sont amoureux quoi!
- La situation d'ORB : pays avec une économie florissante et toujours neutre, il a juste fallut reconstruire un nouveau gouvernement vu que le père de Cagalli a détruit la base militaire d'Onogoro avec ses ministres. Ce qui explique pourquoi certains pays de l'alliance peuvent leur demander de l'aide (faut écrire des choses censées quand même^^)
Ah oui peut-être une petite confidence : je ne pensais pas qu'écrire pouvait être aussi difficile. Vous pourrez demander à mon copain tous les problèmes techniques qu'on s'est posé ensemble. Ca nous est arrivé de rester pendant des heures à discuter d'une petite scène pour savoir comment on pouvait décrire ça, pourquoi tel personnage ferait ça, est-ce que c'est possible de cacher ses armes sans qu'on les remarque par exemple (vous comprendrez en lisant ! On a même été jusqu'à testé avec un pistolet en plastique pour vous dire à quel point je suis maniaque !). Ce genre de questions quoi ! Fin bref, des fois je me pose des problèmes techniques tout seule et après on se retrouve comme deux pauvres idiots à réfléchir sur un truc complètement évident, c'était vraiment drôle. Je crois que le plus dur c'est de se mettre dans la tête d'un garçon quand on est une fille ! Il a fallu que je demande son avis à mon copain sur certain trucs parce que sinon je serais restée bloquer avec mon problème, incapable de le résoudre (heureusement qu'il est là, mais si des fois il a des avis bizarres.) Dernière petite chose certains petits passages sont de lui (si la description de la robe de soirée vous plais pas, plaignez vous à lui^^ Lui il l'aime c'est le principal non ?!)
Bon allez j'arrête de divaguer et je vous mets le début (y'aura deux parties, parce que ca commence à être un peu long^^)
Bonne lecture !
(Et ne vous inquiétez, je sais que je suis un peu folle sur les bords quand je commence à parler de ce da^^)
Ambush in Russia (*)
26 Avril CE 72
(POV Athrun)
Partie I
Cela faisait plusieurs jours que Cagalli enchaînait des réunions pour préparer les négociations avec la Fédération Eurasienne et je l'avais souvent retrouvée, tard la nuit, à moitié endormie sur son bureau tentant de continuer à travailler. J'avais pourtant essayé maintes et maintes fois de la raisonner, lui enjoignant d'aller se reposer un peu, mais elle me répondait à chaque fois qu'elle n'avait pas le temps et qu'elle devait finir. Le lendemain, elle arrivait dans la cuisine le pas chancelant et des petits yeux fatigués, en me disant bonjour d'une voix endormie. Je lui souriais et lui préparais une tasse de café brûlant. Elle s'installait lentement sur sa chaise et je lui présentais le programme de la journée. Une fois son café prêt, je lui amenais et déposais un léger bisou sur sa joue. Qu'est ce qu'elle pouvait être belle.
Ce jour-là, elle avait une journée entière de réunions avec ses émirs pour finaliser la rencontre avec les dirigeants de la Fédération. Je la voyais lutter pour ne pas s'endormir alors que les débats se prolongeaient. La majorité des émirs voulaient signer le traité tel quel alors que Cagalli refusait catégoriquement d'accepter un quelconque accord avant d'avoir vu et jaugé les dirigeants. Dans la salle il y avait une tension permanente : tous n'acceptaient pas se soumettre aux directives d'une jeune femme, parfois trois ou quatre fois plus jeune qu'eux. Mais elle ne se laissait pas faire, décidée à poursuivre les idéaux de son père. Pour elle il était impensable de s'allier avec une nation qui ne partageait pas la politique d'ORB : ORB était une nation neutre et elle le resterait. La dernière réunion s'acheva vers minuit, avec plusieurs heures de retard et nous dûmes partir immédiatement après, sans même avoir pu manger quoi que ce soit. Nous ne pouvions pas nous permettre d'être en retard : nous avions plus d'une demi-journée de vol devant nous avant d'atteindre Saint Petersburg où une réception avait été prévue avant l'ouverture des négociations. Yuuna et son père Unato, le premier ministre, devaient venir aussi.
Plusieurs heures après le décollage, Cagalli essayait encore de convaincre le premier ministre qui sembla abandonner face à sa ténacité. Il était certainement las de ces discussions sans fin, de plus la nuit était déjà bien avancée et il n'avait toujours pas dormi. Le père et son fils s'installèrent à l'arrière de l'avion, pour se reposer. Peu après leur départ, Cagalli se leva puis s'installa à côté de moi et s'endormit immédiatement sur mon épaule Je la veillai quelques minutes avant de m'endormir à mon tour, ma tête contre la sienne.
Je dus dormir trois ou quatre heures et ce fut le soleil levant qui me réveilla. Cagalli dormait toujours contre mon épaule, elle semblait pourtant encore exténuée. La matinée passa et Cagalli ne se réveilla pas. J'entendais derrière nous des chuchotements, c'était sans doute Yuuna et son père, mais je n'arrivais pas comprendre ce qu'ils disaient. Pourquoi restaient-ils derrière ? Qu'avaient-ils à cacher ? Je laissai ces questions dans un coin de mon esprit et reporta mon attention sur Cagalli. Son état m'inquiétait, je ne l'avais jamais vu aussi fatiguée et avec le temps qu'il allait faire, il ne risquait pas de s'amélioré. L'idée de rester quelques jours en Russie ne me plaisait pas, nous étions seuls en territoire ennemi et j'avais un mauvais pressentiment.
En début d'après-midi, Cagalli se réveilla. Elle leva ses yeux vers moi et me fit un petit sourire. Ses traits étaient tirés et elle était un peu pâle : elle semblait encore tellement épuisée. J'espérai que le repas ne dure pas trop longtemps pour qu'elle puisse se reposer avant de commencer les négociations, mais il y avait peu de chance. J'aurai aimé la prendre dans mes bras et l'embrasser sur le front mais craignant le retour de Yuuna et de son père, je ne fis que lui rendre son sourire. Elle me demanda alors si j'avais bien dormi. Ne préférant pas l'inquiéter, je lui mentis en acquiesçant avant de l'informer qu'il ne restait plus qu'une petite heure de vol avant d'arriver à destination. Nous discutâmes en attendant de nous poser, elle me confia ses craintes. Elle semblait stressée à l'idée de rencontrer les dirigeants de la Fédération et craignait de ne pas pouvoir compter sur Unato et Yuuna. J'essayai de la rassurer mais ses aveux n'avaient fait que renforcer mes propres craintes.
L'heure s'écoula et nous finirent pas atterrir à l'aéroport de Saint Petersburg. Nous avions fait en tout 15 heures de vol et dans à peine quelques heures nous devions retrouver les dirigeants pour le diner d'affaire. Nous quittâmes l'avion rapidement et lorsque nous nous retrouvâmes dehors je fus étonné par l'épaisse couche de neige qui s'étendait au loin. Je m'arrêtai quelques secondes pour contempler le paysage et j'entendis Cagalli rire doucement à côté de moi.
« Ne neige-t-il donc jamais à Plant ? Me demanda-t-elle doucement.
- Malheureusement non ! C'est bien dommage, répondis-je en lui souriant. »
Elle releva la tête dans ma direction et nos regards se croisèrent. Elle me regardait avec tendresse et amusement. Même si ce ne fût qu'un cours moment, son visage s'illumina et elle sembla oublier tous ses tourments. J'aurai aimé en cet instant poser ma main sur sa taille pour l'attirer contre moi et lui dire à quel point je l'aimais, mais je ne pouvais pas : nous n'étions pas seuls. Je n'étais qu'un simple garde du corps et elle, celle que je devais protéger. Je pus lire dans son regard qu'elle souhaitait tout comme moi, que ni Yuuna, ni son père ne soient là. Juste que nous nous retrouvions tous les deux, libres de nos paroles et de nos actes. Je la sentis se rapprocher de moi, sa main frôla la mienne. Ni elle, ni moi n'osions nous toucher. Je ne voulais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit par ma faute. Je savais qu'elle était promise à un autre mais j'espérais au fond de moi qu'un jour nous nous soyons plus obligés de cacher nos sentiments réciproques. Elle se rapprocha encore plus de moi, et prit ma main dans la sienne. Je lui souris et profitai de ce précieux instant pour chuchoter :
« Je t'aime Cagalli. »
En réponse, elle serra ma main dans la sienne en murmurant mon prénom. Je ne sais pas combien de temps, nous étions resté là immobile. Certainement un court instant, mais qui pour moi dura une éternité. Lorsque Yuuna et son père se retournèrent vers nous, elle s'écarta de moi et je lâchai sa main. Ceux-ci me jetèrent un regard noir avant de nous dire :
« Dépêchez vous représentante Athha, nous avons peu de temps devant nous. »
Je m'éloignai d'elle pour aller récupérer nos bagages puis nous nous dirigeâmes tous vers l'aérogare pour y chercher les clés des voitures que nous avions réservées. Une fois les clés récupérées, nous marchâmes jusqu'au parking où Yuuna et son père montèrent dans une BMW noire, tandis que Cagalli et moi continuèrent encore quelques minutes. Notre voiture était garée un peu plus loin que la leur. Cagalli attrapa mon bras, elle semblait avoir de plus en plus de mal à tenir éveillée. Je la conduisis jusqu'à notre véhicule et la fit monter avant de poser nos bagages dans le coffre et de m'installer à mon tour. Je démarrai le moteur et suivis les instructions du GPS. Cagalli posa sa tête contre la vitre et regarda le paysage. Elle était si calme et si pensive. Rapidement le silence s'installa, elle avait sans doute peur de me déconcentrer et resta perdue dans ses pensées. Je mis un peu de musique, ayant très peu dormi ces derniers jours je préférais que quelque chose me maintienne parfaitement réveillé. Je ne connaissais pas la route, de plus Yuuna et son père nous suivaient en nous collant dangereusement. Avaient-ils peur de se perdre ? Ne savaient-ils donc pas écouter les instructions d'un simple GPS ?
Nous mîmes une bonne heure avant d'arriver à l'hôtel. Il était comme d'habitude très grand et luxueux, le genre d'endroit que je n'aimais pas, mais tout à fait au goût des deux hommes. C'était un grand manoir dans la campagne environnant Saint Petersburg. Je me garai dans la cour intérieur et me tournai vers Cagalli, elle s'était endormie lors du trajet. Je la laissai dormir quelques instants avant de me décider à la réveiller. Je posai ma main sur son épaule et l'appelai doucement. Ses paupières frémirent puis elle ouvrit lentement les yeux. Elle tourna la tête vers moi puis vers la fenêtre et s'exclama :
« Je me suis encore endormie ! Dire que je t'ai laissé faire le trajet seul…
- Ce n'est pas grave. Allez descendons, comme ça tu pourras te reposer un peu avant le diner. »
Elle sortit et je fis de même. Je m'apprêtais à sortir les bagages lorsqu'un jeune homme, essoufflé, arriva et me demanda poliment :
« Laissez moi vous aider, Monsieur. »
Je n'aimais pas l'idée qu'on puisse m'aider à porter mes propres bagages mais je n'avais pas vraiment le choix. Nous étions dans un hôtel de luxe, qui accueillait des personnalités politiques influentes, les employés avait donc pour devoir de nous aider : je ne pouvais pas décemment refuser. Je dus donc me contenter de me faire assister par un jeune homme, certes très aimable, à faire des gestes que je pouvais faire tout seul. Comment des personnes pouvaient supporter d'être traitées comme des incapables ? C'était si humiliant. Je reportai mon attention sur Cagalli et m'approchai d'elle. Elle me sourit en me faisant un geste de la main et je compris qu'elle souhaitait se débrouiller seule. Yuuna n'arrêtait pas de nous observer, elle voulait certainement qu'il ne nous remarque pas trop. Je la laissai s'avancer un peu et restai derrière elle pour la rattraper en cas de besoin. Nous suivîmes le jeune porteur jusqu'à la réception, où une femme assez âgée de me demanda :
« Que puis-je faire pour vous Monsieur ?
- Je suis Alex Dino, de la maison Athha, nous avons réservé une chambre il y a quelques jours au nom de Cagalli Yula Athha.
- C'est exact Monsieur, voici votre clé. Je vous souhaite un agréable séjour.
- Merci beaucoup. Bonne journée ! »
Elle me donna la clé et je la retournai pour voir le numéro. 103. Nous étions donc au premier étage. Le porteur nous mena jusqu'à la chambre et je le remerciai d'avoir porté nos bagages jusqu'ici. Il me souhaita à son tour un agréable séjour avant de redescendre. J'ouvris la porte et Cagalli entra. Je repris nos bagages à la main et entrai à mon tour dans la chambre. Elle était assez grande et était composée de trois pièces : un salon richement décoré avec une petite cheminée au dessus de laquelle était accroché un miroir, la chambre à proprement dite où Cagalli dormirai, et une salle de bain. La chambre était vraiment luxueuse. Contre le mur du fond se trouvait un grand lit à baldaquin, et les murs étaient ornés de tableaux et de gravures. Une grande armoire en bois trônait face au lit et sur la gauche se trouvait un secrétaire. Je n'arrivais pas concevoir comment on pouvait aimer dormir dans ce genre d'endroit. C'était si froid, si peu vivant. Les pièces étaient remplies de choses inutiles et d'objets voyants. Je me sentais complètement étranger ; et même si Cagalli vivait dans une grande demeure elle n'en était pas moins accueillante, et chaleureuse. Ici tout était comme superflu et impersonnel.
Je déposai le sac de Cagalli dans la chambre et l'incitai à se reposer pendant quelques heures avant de partir pour le restaurant. Je lui promis de la réveiller pour qu'elle ait le temps de se préparer un minimum, il était plus important qu'elle soit en forme plutôt que d'être très bien habillée mais avec des cernes sous les yeux. Elle n'avait de toute façon pas besoin de tels accoutrements pour être belle. Elle finit par accepter et je me retournais pour quitter la chambre lorsqu'elle m'appela :
« Athrun, est ce que tu veux bien…
- Rester avec toi ? »
Elle hocha la tête en rougissant, et je lui répondis :
« Oui bien sûr. »
Je me dirigeai vers le lit, et je m'installai à ses côtés. Je m'assis, le dos contre le mur. Elle s'approcha de moi et posa sa tête sur mes cuisses, son regard tourné vers mes genoux. Je la vis se recroqueviller un peu sur elle-même, peut-être avait-elle froid ? Elle tremblait légèrement et je trouvais qu'elle respirait avec un peu de difficulté. Je passai ma main gauche derrière son dos et la posai sur sa taille. Je la sentis bouger et se rapprocher un peu de moi. J'aimais cette sensation de l'avoir contre moi, de savoir qu'elle se sentait en sécurité dans mes bras. Je resserrai légèrement mon étreinte, en lui murmurant :
« Ne t'inquiètes pas, je reste près de toi. »
Elle se détendit petit à petit et finit par s'endormir. Je posai mon regard sur elle et écartai quelques mèches de cheveux de son front : son visage était plus serein que lors du vol mais je la trouvais toujours un peu pâle. Un détail me frappa quelques secondes plus tard, son front m'avait parût un peu chaud. Je posai doucement ma main droite sur son front puis sur le mien : il était un petit peu plus chaud que le mien. Pourquoi avait-elle une légère fièvre ? Etait-ce dû à la fatigue ? Peut-être allait-elle tomber après quelques heures de sommeil ? Si elle ne l'était pas lorsqu'elle se réveillerait je le lui demanderais, pour l'instant il valait mieux qu'elle dorme un peu.
Petit à petit la fatigue s'empara aussi de moi. J'avais de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts avec le bruit de se respiration régulière. Je résistai. Je devais rester éveillé, je lui avais promis de la réveiller un peu avant notre départ pour qu'elle ait le temps de se changer et de se recoiffer. Je restai là à la regarder. Je profitai de ce moment où nous étions seuls, où je pouvais enfin ôter le masque du garde du corps et la regarder, la toucher sans sentir sur moi le regard noir de Yuuna. Il y avait juste elle et moi, sans personne pour me rappeler que je ne pouvais pas être avec elle, sans Yuuna pour me faire comprendre qu'elle lui était déjà promise. Je n'avais plus besoin d'être froid et distant avec elle, ni de cacher mes sentiments à son égard et de retenir mes gestes de tendresse. Je pouvais être moi-même, juste Athrun, celui qui l'aimait plus que tout.
Les heures me parurent longues et le silence mettait à l'épreuve ma volonté. La seule chose qui me tenait réveillé c'était de la voir dormir si tranquillement, comme si l'espace de ce moment nous étions chez elle, à ORB là où elle se sentait bien. Je me laissai imaginer qu'un jour nous pourrions vivre ensemble sans avoir besoin de nous cacher, qu'un jour toutes les différences entre naturels et coordinateur soient effacées. Cagalli défendait cela. Je savais qu'elle souhaitait comme moi que nous puissions tous vivre en paix les uns avec les autres, qu'il n'y ait plus ni haine, ni guerre. Je savais aussi qu'elle n'aimait pas Yuuna, qu'ils avaient été promis l'un à l'autre pendant leur enfance. Que ce n'était qu'un simple mariage politique comme celui que l'on avait voulu nous imposer à Lacus et moi. Mais cependant je ne pouvais pas me résoudre à l'idée qu'elle épouserait peut-être un jour quelqu'un qu'elle n'aimait pas. Je voulais qu'elle soit heureuse, qu'elle ait la vie dont elle rêvait. Alors je m'armai de patience, car je savais qu'elle n'accepterait pas son sort, qu'elle ferait tout pour faire accepter l'idée qu'elle puisse choisir avec qui vivre. Et lorsque ce jour viendrait je voulais qu'elle sache que je serais là, que je me battrais à ses côtés parce que je l'aimais et que je ne pouvais pas rester là sans rien faire. Je finis par me perdre dans mes pensées. La fatigue n'arrangeait rien, j'avais de plus en plus de mal à rester concentré, ma vision commençait à se troubler et une douleur sourde à la tête me fit porter ma main droite à mon front. Je posai à nouveau mes yeux sur elle et la vision de son visage serein eut raison de mes dernières parcelles de volonté. Je fermai les yeux et me laissai bercer par sa respiration régulière.
Lorsque je rouvris les yeux, elle dormait toujours aussi paisiblement. Quelques secondes plus tard, la panique s'empara de moi. Je m'étais endormi. Quelle heure était-il ? Je me réveillai en sursaut et regarda ma montre. Il n'était heureusement pas encore 19h. Je soupirai de soulagement : nous n'allions pas être en retard. J'entendis Cagalli gémir doucement avant de me demander tout bas :
« Athrun, qu'est ce qu'il se passe ? »
Je l'avais réveillée lorsque j'avais sursauté. Je lui répondis :
« Rien de grave. Je me suis juste endormi plus que je ne l'aurai voulu.
- Quelle heure est-il ? me demanda-t-elle d'une voix encore ensommeillée.
- Tu as le temps de te préparer, ne t'en fais pas. Il n'est que 18h25 et nous devons partir dans une demi-heure. »
Elle se releva, vint s'asseoir à mes côtés en me remerciant et ajouta :
« Tu as pu de reposer un peu ? Tu as l'air fatigué.
- Oui ne t'en fais pas, lui mentis-je en souriant. Tu te sens mieux, toi ?
- Oui, je me sens moins fatiguée. »
Je l'observai quelques instants : elle avait en effet repris des couleurs et ses traits étaient beaucoup moins tirés que plus tôt dans la journée. Je la contemplais quand tout d'un coup je vis son visage se rapprocher du mien. Elle déposa délicatement ses lèvres sur les miennes avant de se lever en m'annonçant ;
« Je vais me préparer, je … »
Je ne lui laissai pas le temps de finir sa phrase. Je me relevai, m'approchai d'elle et lui attrapa doucement la main pour l'attirer vers moi. Elle se retourna surprise, comme je l'avais été lorsqu'elle avait posé ses lèvres sur les miennes, j'enroulai mon bras autour de sa taille et lui rendit son baiser. Elle baissa la tête en rougissant et je la serrai contre moi. Elle posa sa tête sur mon torse en me rendant mon étreinte. Nous restâmes l'un contre l'autre quelques temps, puis je la vis relever la tête et me sourire. Elle se mit à rire et me signala :
« Le temps passe et nous ne sommes toujours pas prêts !
- Oui, en effet. Va donc te préparer, je t'attends dans le salon. »
Elle me sourit à nouveau en m'affirmant :
« Ne t'inquiètes pas, je ne serais pas longue ! »
Elle s'écarta de moi, ma main glissa le long de sa taille puis effleura ses doigts et lorsqu'elle fût partie, je sortis de la pièce.
La porte de la chambre s'ouvrit, je la vis sortir et s'avancer vers moi. Elle releva la tête et me regarda. Elle était vêtue d'une longue robe noire, avec des reflets bleutés qui changeaient lorsqu'elle s'avançait. Elle était coiffée simplement, ses cheveux étaient aussi libres que d'habitude, mais elle n'avait plus d'épi, ils paraissaient accompagner chacun de ses mouvements. Elle ne portait aucun maquillage. Elle savait que les femmes des dignitaires russes en mettaient beaucoup, elle voulait se démarquer, et elle avait raison. Sa gorge nue était mise en valeur par le contraste avec le noir. Elle portait un collier d'or, avec un petit rubis en pendentif. Elle avait mis une paire de gants noirs, qui remontaient jusqu'à la moitié de ses avant bras, et ses chaussures, qu'on apercevait lorsqu'elle marchait, étaient des chaussures à talons blancs en daim. Elle était magnifique.
Pour ma part, j'avais opté pour une tenue plus discrète : j'avais un pull blanc à col roulé, par-dessus lequel j'avais mis ma courte veste noire, et un pantalon marron foncé. J'avais préféré cacher mes armes, afin de ne pas être repéré trop rapidement : à mon côté gauche je portais mon revolver. Il était accroché dans la doublure de ma veste, invisible mais à portée de main, et de l'autre côte se trouvaient deux chargeurs. Une petite lame légèrement courbée était aussi cachée sur le côté de ma cheville droite.
Je la regardai quelques instant, ébloui par sa beauté, puis je lui tendis le dos de ma main gauche, sur lequel elle posa sa main, et je la conduisis jusqu'à la porte d'entrée. Elle attrapa au passage son manteau brun, qu'elle avait posé sur l'un des fauteuils en arrivant, et le revêtit. Je lui ouvris la porte et la laissai passer en lui disant :
« Après vous, Princesse. »
Elle me fit un sourire et passa devant moi. Une fois qu'elle fut dans le couloir, je sortis à mon tour et fermai la porte. Puis je lui présentai mon bras gauche et elle s'accrocha à moi. Nous traversâmes le couloir, puis descendîmes les escaliers. Lorsque nous arrivâmes en bas, je vis arrivant à notre droite Yuuna et son père. Ce dernier portait un costume trois pièces noir, avec une chemise blanche ainsi qu'une cravate noire. Yuuna, lui, avait mis un costume entièrement blanc mais avait une horrible cravate rose. Yuuna avait toujours eu des goûts de luxe mais je ne l'avais jamais vu porter une seule tenue vestimentaire adaptée à la situation. J'avais l'impression qu'il essayait sans cesse d'attirer l'attention de Cagalli, mais il ne s'en rendait que plus ridicule. Il était toujours extravagant et portait des couleurs qui n'allaient vraiment pas ensemble. Et même pour un diner avec des politiciens, il avait préféré se faire remarquer. Cagalli le regarda quelques secondes avant de détourner le regard. Je l'entendis se retenir de rire, et je laissai échapper un petit sourire d'amusement. Pourquoi ne comprenait-il pas qu'elle ne supportait pas les personnes qui aimaient se faire remarquer ? Nous continuâmes notre chemin, jusqu'à la porte principale qu'un des grooms nous ouvrit. Elle le remercia poliment et nous nous dirigeâmes jusqu'à notre voiture, qu'un autre portier avait amené devant la porte. Cela m'énerva, nous pouvions bien faire quelques pas jusqu'à notre véhicule. Nous n'étions pas des impotents ! Mais tout ceci devait arranger Yuuna et son père qui aimaient se faire servir. Le portier ouvrit la portière pour Cagalli, et je l'entendis le remercier, mais à sa voix elle semblait aussi irritée que moi. Je m'installai et démarrai la voiture, puis nous quittâmes cet affreux hôtel pour rouler quelques temps jusqu'au restaurant. Faire un peu de route me calmait, et j'avais réussi à semer les deux émirs. Le trajet me fatigua beaucoup moins que le précédent : je n'avais pas à vérifier à chaque instants que Yuuna ne faisait pas des écarts inconsidérés ou se rapprochaient trop près de nous.
Une vingtaine de minutes plus tard, nous arrivâmes au restaurant, qui se trouvait en plein centre ville. Je devais respecter les codes en vigueur dans cette société, et m'arrêtai donc devant l'entrée. Un portier vint ouvrir à Cagalli et je descendis à mon tour. Je donnai les clés à ce même portier, je n'aimais pas ça mais je n'avais pas d'autre choix. Au moins je pouvais entrer directement sans la laisser seule. Je l'accompagnai jusqu'à la porte, marchant derrière elle juste à sa gauche. J'eus le temps d'examiner un peu le restaurant. Il était tout aussi luxueux que l'hôtel : c'était un bâtiment imposant, avec une haute façade du XVIII. On y entrait par une galerie de colonnes menant à une porte de verre à deux battants. Il s'appelait le « Навязывание », ce qui avec mes rudiments de Russe, voulait dire « L'imposant »… un nom prédestiné. Un homme d'une cinquantaine d'années nous attendant devant la porte. Il était habillé d'un costume noir assorti d'un nœud papillon bordeaux, sur un plastron blanc, c'était sans doute le majordome. Il avait la peau pâle et semblait un peu fatigué. Il avait de courts cheveux gris foncé, et portait une assez fine moustache de la même couleur, Il ouvrit la porte quand Cagalli arriva à proximité et s'inclina à son passage, puis se releva avant de se retourner vers moi pour me demander qui il devait annoncer. Je lui répondis poliment et le suivis à l'intérieur. Je l'entendis s'éclaircir la voix et annoncer d'une voix grave et puissante :
« Cagalli Yula Athha, représentante de la nation d'ORB. »
Tous les dirigeants présent se retournèrent vers nous, ils avaient tous stoppés leur conversation à son annonce et je vis leur visage se figer quelques instants. Ils devaient être surpris par son jeune âge. Le silence ne fût que de courte durée, et je commençai à entendre des critiques sur Cagalli. L'un d'entre eux, qui se trouvait pas très loin sur ma gauche, s'écria un peu trop fort :
« Ce n'est qu'une gamine ! »
Je me retournai vers lui et lui jetai un regard noir. Je le vis faire un léger pas en arrière avant de soutenir quelques instants mon regard, puis il se retourna en marmonnant toujours un peu fort, pour être certain que je l'entende :
« Pfff… tout aussi jeune que celle qu'il protège. »
Je le laissai dire, il verrait bien plus tard ce que nous valions vraiment. Cagalli restait sereine mais je savais que ce n'était qu'un masque. Elle n'aurait pas hésité à le gifler si elle n'était pas le centre d'attention. Elle n'appréciait pas qu'on la juge sur son âge, elle était peut-être jeune mais contrairement à eux elle avait déjà combattu sur les champs de batailles. Un militaire d'une soixantaine d'année, les cheveux ras et gris, s'avança vers elle. Il lui tendit la main, qu'elle serra vigoureusement et il prit la parole :
« Bienvenue en Russie, Représentante Athha ! Je suis l'Amiral Bukovski, ministre des affaires étrangères de la Russie. Avez-vous fait bon voyage ?
- Excellent même si le trajet fût un peu long. »
Cagalli se décala un peu à droite et me fit signe d'approcher en annonçant :
« Je vous présente Alex Dino, mon garde du corps et conseiller personnel. »
Je m'avançai vers lui et nous nous serrâmes la main tandis que je m'inclinai légèrement, pour souligner pour statut de simple garde du corps. Puis je m'écartai de lui et retournai à ma place, derrière Cagalli.
D'autres dirigeants et leur femme vinrent la saluer à leur tour, certains la flattèrent sur sa beauté, d'autres présentèrent leurs condoléances pour son père, et d'autres encore s'enquirent de l'absence des deux émirs qui devaient l'accompagner. Elle leur répondit, le sourire aux lèvres :
« Ils devraient arriver sous peu… »
Je me doutais de ce qu'elle aurait voulu ajouter mais elle ne pouvait pas montrer son antipathie envers ses propres conseillers.
Deux couple d'invités restèrent avec elle et discutèrent de la politique intérieure d'ORB. Je restai derrière elle, les bras croisés dans le dos, attentif, scrutant tour à tour chacun des invités. Il y avait en tout une quarantaine de personnes, dont cinq ou six haut gradés de l'armée. Parmi les politiciens il n'y avait que deux femmes, et la plupart d'entre eux étaient accompagnées de leur conjoint. La majorité des invités était beaucoup plus âgée que nous, à l'exception de certains qui étaient venus avec des femmes que l'on aurait pu prendre pour leur fille.
Des serveurs commençaient à apporter des coupes de champagnes et passaient de groupe en groupe, lorsque la voix de stentor du majordome annonça :
« Unato Ema Seiran, premier ministre d'ORB, et son fils Yuuna Roma Seiran, émir d'ORB. »
Une partie des groupes jeta un coup d'œil rapide, avant de retourner à leurs conversations respectives. L'Amiral vint à leur rencontre et les salua poliment, suivit par d'autres dirigeants qui semblaient déjà les connaître. Cela m'intrigua, je me demandai où ils avaient bien pu se rencontrer. Je n'avais déjà qu'une confiance limitée en eux et cela n'allait pas l'améliorer. Je m'attardai quelques minutes sur le groupe que leur arrivée avait formé. Tous les militaires s'y trouvaient à l'exception de l'Amiral que j'avais perdu de vue. J'allais retourner à mes observations lorsque je vis l'Amiral s'approcher de moi. Il se planta devant et affirma tranquillement :
« Vous n'êtes pas qu'un simple garde du corps. »
Avant d'ajouter en souriant :
« N'est ce pas ? »
Je fus surpris mais ne le montrai pas. Je n'avais pourtant rien fait de spécial, juste observer les différents invités. Je préférai ne rien répondre et le laisser s'expliquer. En voyant que je restais impassible, il ajouta :
« Vous n'avez pas dit un traître mot depuis votre arrivée, même pour me saluer. Vous êtes calme et concentré. Et de surcroît vous avez remis le général Von Dinkelbauer à sa place d'un simple regard. Pour quelqu'un de votre âge vous semblez avoir beaucoup trop d'expérience et de maturité. »
Je haussai les épaules, si j'acquiesçai je lui donnais raison et si je niais, il saurait que je mentais. Comme je ne pouvais ne pas répondre, je préférai rester évasif et lui répliqua juste :
« La guerre n'épargne personne.
- Soldat donc. Avec votre calme, vous deviez être un bon tireur.
- Amiral Bukovski ! »
Cagalli s'était retournée vers nous. Elle avait sous doute entendu toute notre conversation et essayait de la détourner. Elle ajouta en rigolant :
« Vous n'obtiendrez rien de lui : quand on aborde son passé, il devient aussi muet qu'une tombe.
- Je vois… »
Je vis au loin le majordome se diriger vers nous et lorsqu'il arriva à proximité de l'Amiral il l'informa que le repas était prêt. Celui-ci reporta son attention sur nous et nous enjoignit de passer à table. Il s'éloigna ensuite de nous pour se diriger vers les autres convives et les en informer. Deux serveurs ouvrirent les portes donnant sur une pièce en longueur assez spacieuse, au centre de laquelle se trouvait une grande table rectangulaire. Les deux longueurs de la table avait chacune vingt couverts, de sorte que chaque invité avait une personne en face de lui. Les convives entrèrent et s'installèrent à leur place respective en suivant les noms sur les étiquettes. Cagalli et l'Amiral était face à face et au centre de la table. Le général Von Dinkelbauer avait été placé à la gauche de Cagalli et à sa droite se trouvait Sir Hewson, le premier ministre britannique. Yuuna et son père se trouvaient chacun d'un côté de la table, loin d'elle. Au moins elle n'aurait pas à supporter les tentatives de séduction de Yuuna. Je me plaçai derrière elle, droit, les bras croisés dans le dos.
Le repas commença et des conversations s'engagèrent un peu partout. Le repas promettait d'être long et ennuyeux. Je sentis une légère tension entre Cagalli et le général. Ce dernier lui demanda alors brutalement :
« Comment se fait-il qu'une personne aussi jeune que vous dirige un pays entier ?
- Je n'ai fait que prendre la succession de mon père.
- Mais vous n'êtes même pas majeure !
- Qu'est ce qu'un an de plus m'apporterait ? Je dirigeais déjà la défense de mon pays lorsque mon père en était le dirigeant.
- Cela ne fait pas de vous quelqu'un de compétent !
- N'apprenez vous pas vous-même de nouvelles choses tous les jours ? Ca ne vous en rend pas moins compétent ! »
A cette réplique, il ne sut pas quoi dire. Cagalli avait de toute façon raison : il fallait pratiquer pour apprendre. Elle resta pensive quelques instants devant son assiette. Elle se retourna vers moi, et je pus voir de la tristesse dans son regard. La mort de son père l'avait beaucoup affectée, et la conversation avec le général avait sans doute fait ressurgir de mauvais souvenirs. Je savais ce qu'elle ressentait et lui souris. Elle me rendit un triste sourire, puis se remit à manger. Le premier ministre anglais bavarda avec elle tout le reste de la soirée, et l'Amiral se joignit de temps en temps à eux. Je ne la vis pas beaucoup manger, elle ne semblait pas vraiment dans son assiette. Je n'avais pas vérifié avant de partir si sa fièvre était retombée et le faire maintenant aurait été quelque peu déplacé.
Au milieu du repas, je l'entendis s'excuser et elle quitta la table. Je la suivis, inquiet. Elle se dirigea vers les toilettes des femmes et en laissa la porte ouverte. Je la vis se rafraîchir le visage et rester quelques minutes debout tenant fermement le lavabo, la tête penchée au dessus. Elle était très pâle. Je vérifiai qu'il n'y avait personne et entrai pour m'approcher d'elle. Elle releva la tête vers moi, j'en profitai pour poser ma main droite sur son front. Sa fièvre n'avait pas du tout baissé, au contraire elle avait augmenté. Je lui demandai :
« Tu penses pouvoir finir le repas ? Tu as beaucoup de fièvre, on devrait peut-être rentrer pour que tu puisses te reposer.
- Non, c'est trop important. Je dois rester jusqu'au bout. »
Elle me sourit et ajouta :
« Tu t'inquiètes beaucoup trop, la fièvre ne m'empêche pas de rester à table. »
Je la regardai en hochant légèrement la tête, une fois de plus elle ne m'écoutait pas du tout. En plus, elle essayait de me faire croire qu'elle allait bien alors que je savais que la fièvre était la preuve qu'un naturel était malade. Je soupirai. Que pouvais-je bien faire, elle ne m'écouterait pas de toute façon ? Je la raccompagnai jusqu'à la table et la surveillai le reste du repas. Ils n'en étaient qu'au plat, ils resteraient à table encore au minimum deux heures.
Le temps passa lentement et je la voyais de plus en plus fatiguée. Elle ne finit même pas son plat et toucha à peine au dessert. En plus elle buvait énormément d'eau. Vers la fin du repas, elle avait de plus en plus de mal à se tenir éveillé. Je la voyais pencher la tête puis la redresser d'un coup, comme si elle se surprenait en train de dormir.
Le repas s'acheva, il était minuit passé. L'Amiral se leva et remercia tous les convives d'avoir accepté son invitation. Il leur rappela que les négociations commenceraient le lendemain à 10h à la base militaire de la ville.
Chacun se leva et salua ses voisins avant de repartir. Au bout d'une dizaine de minutes, il ne restait plus que Sir Hewson, l'Amiral, Yuuna et son père, et Cagalli. Elle se leva avec difficulté en se retenant à la table pour ne pas tomber. Je la vis se diriger vers moi, elle était encore plus pâle que tout à l'heure. Je l'entendis murmurer très faiblement :
« Athrun, je ne me sens … »
Ses yeux se fermèrent et elle tomba en avant. Je me précipitai vers elle et la rattrapa avant qu'elle ne heurte le parquet. Je tentais de la réveiller en l'appelant lorsque les personnes restantes se précipitèrent vers nous. Yuuna s'affola et je me décidai alors à la ramener rapidement à l'hôtel, pour m'en occuper moi-même. Je n'avais aucune confiance en Yuuna, ni en toute autre personne hormis Kisaka, qui n'était pas là. Je la pris dans mes bras et leur annonça :
« Je la ramène à l'hôtel. Je vais m'en occuper. Elle n'a pas beaucoup dormi ces derniers temps.
- Je vais décaler les réunions d'une journée, mais je ne peux pas en faire plus. Si elle n'est pas rétablie d'ici après-demain, je me verrais contraint de commencer les négociations sans elle.
- Merci Amiral. »
Et je partis.
Le trajet de retour me parut durer une éternité. La route n'était pas tout éclairée et j'avais beaucoup de mal à me concentrer sur la route car l'état de Cagalli m'inquiétait. Quand j'arrivai à l'hôtel, je m'arrêtai à l'entrée de l'hôtel et pris Cagalli dans mes bras. Un portier vint à ma rencontre, et je lui demandai poliment s'il pouvait se charger de la voiture. Cette fois-ci je fus bien content qu'il soit là, je pouvais rapidement emmener Cagalli dans sa chambre. Au moment où je passai devant l'accueil, la jeune femme qui y travaillait m'apostropha :
« Attendez Monsieur, je vais vous aider. »
Elle attrapa son passe magnétique sur le bureau, et se dirigea rapidement vers l'ascenseur qu'elle appela. Les portes s'ouvrirent quelques secondes après et nous entrâmes à l'intérieur. Elle me demanda le numéro de la chambre, que je lui indiquai. Lorsque nous arrivâmes devant la chambre, elle passa sa carte dans le lecteur et ouvrit la porte. Je la remerciai, et elle me demanda avant de partir :
« Avez-vous besoin d'autre chose, Monsieur ?
- Un thermos de café fort et un sandwich, s'il vous plaît.
- Bien Monsieur, je vous ramène ça tout de suite, répondit-elle en se retourna déjà vers l'escalier. »
J'entrai dans notre suite et me dirigeai vers la chambre. Je la posai doucement sur le lit et réfléchis quelques instants. Je ne pouvais pas la laisser dans cette tenue, c'était trop serré et elle avait besoin de respirer. Je ne savais pas comment m'y prendre, j'avais peur de lui faire mal ou de la réveiller. Après avoir enlevé ses chaussures, je vis la fermeture éclair de la robe de Cagalli, sous son aisselle. Je la tirai doucement jusqu'à ses hanches, puis j'entrepris de lui retirer sa robe par le bas. Au moment où sa poitrine se découvrit, je détournai le regard, gêné. Je posai la robe sur l'un des sièges et partit fouiller dans mon sac à la recherche d'une veste à lui mettre. Puis je revins près d'elle, lui soulevai les épaules pour lui mettre la veste. Je la reposai lentement, en prenant soin de poser sa tête sur l'un des oreillers. Je pris l'une des couettes se trouvait dans l'armoire et l'en recouvris. Je posai sa main sur son front : sa fièvre était encore montée depuis tout à l'heure. J'entendis frapper à la porte et quittai son chevet. C'était la jeune hôtesse de l'accueil. Elle tenait dans une main la thermos de café et dans l'autre un sandwich, qui me rappela que je n'avais pas mangé depuis ce midi. Je les lui pris en la remerciant et elle s'en alla.
Je retournai au chevet de Cagalli et prit la chaise du secrétaire pour m'asseoir à ses côtés. Je bus un peu de café, puis mangeai mon sandwich en réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir faire pour l'aider. Elle transpirait beaucoup et je partis dans la salle de bain pour y chercher un gant de toilette, que je passai sous l'eau froide puis essorai avant de retourner près d'elle et le déposer sur son front. Elle soupira un peu et sa respiration parût légèrement plus calme. Qu'est-ce que je pouvais bien faire de plus ? Je n'avais jamais été confronté à ce genre de situation. Myrna, la gouvernante de Cagalli, m'avait juste expliqué qu'il fallait laisser le temps au corps de se soigner. Je préférai cependant rester éveillé au cas où elle aurait besoin de moi. Mais qu'allais donc faire pendant tout ce temps ? Si je ne m'occupais je risquais de m'endormir. Je me rappelai que nous avions emporté des dossiers sur les différents dirigeants de la Fédération Eurasienne. Puisque je ne comptais pas dormir, je partis les chercher et m'installai au secrétaire pour les étudier.
La nuit fut longue, et même le café avait du mal à me tenir éveillé. Il m'arrivait de relire plusieurs fois la même ligne sans comprendre ce qu'elle voulait dire. De temps en temps, Cagalli gémissait et je me précipitais vers elle, inquiet, mais elle dormait toujours. L'aube arriva et sa fièvre n'avait toujours pas baissé, ne serait-ce qu'un peu. En milieu de matinée, Yuuna et son père passèrent pour prendre des nouvelles d'elle. Ils restèrent tous les deux dans le salon, de peur d'être contaminé eux aussi…Ils me pressèrent de questions, sans même me laisser le temps de répondre, puis quittèrent rapidement la pièce. Le silence régna à nouveau, au moins leur visite m'avait réveillé et je pus tenir jusqu'à la fin d'après-midi. Je la passai à travailler sur le système de navigation des armures mobiles qu'ORB développait en ce moment, de façon qu'elles soient utilisables par des naturels. Ce travail me permit d'oublier un peu ma fatigue. Je travaillais sans réfléchir jusqu'à ce que Cagalli me tire de mon programme.
« Athrun ? »
Je me relevai brutalement, en faisant tomber ma chaise, et me précipita vers elle. Elle s'était enfin réveillée. Je m'assis à côté d'elle et lui demanda :
« Comment tu te sens ?
- Mieux qu'hier soir »
Elle tenta de s'asseoir mais retomba sur son oreiller en se tenant la tête. Je vérifiai si sa fièvre était tombée et lui conseillai
« Tu ferais mieux de ne pas te lever, ta fièvre n'est pas redescendue. Si tu m'avais un peu écouté hier, tu ne serais dans cet état. J'ai eu peur lorsque tu t'es évanouie d'un coup à la fin du repas. Ne t'avise-jamais de recommencer ! Finis-je en m'énervant. »
Elle me regarda et se mit à rire. Je lui fis un regard sévère et elle rit de plus belle. Je lui souris puis me mis à rire avec elle. J'étais soulagé qu'elle soit enfin réveillée, mais sa fièvre, qui n'était toujours pas tombée, m'inquiétais encore un peu. Elle s'arrêta de rire :
« Je suis désolée, Athrun. »
Elle m'observa quelques instants, avant d'ajouter :
« Tu ne m'as quand même pas veillée tout la journée, j'espère ?! »
Je détournai la tête, en rougissant un petit peu, et lui mentis :
« J'avais du travail à finir.
- Tu es un très mauvais menteur. D'habitude tu ne bois jamais de café. Tu n'as pas dormi de la nuit, n'est-ce pas ?
- Ne t'inquiète donc pas pour moi ! Tu devrais dormir encore un peu et si ta fièvre n'est pas tombée demain, nous restons ici ! Lui dis-je d'un ton sévère.
- Pourrais-je avoir un peu d'eau, s'il te plaît ? »
Je me levai et partis dans la salle de bain lui remplir un verre d'eau. Je lui apportai avant de la prévenir :
« Je reviens, je vais me chercher de quoi manger un peu. Veux-tu quelque chose ?
- Non merci, je n'ai pas très faim.
- Tu as intérêt à dormir quand je rentrerai ! »
Je quittai la chambre et descendit aux cuisines me chercher à manger. J'y demandai gentiment qu'on me refasse aussi un peu de café. Je préférais rester encore un peu réveillé, pour surveiller que sa fièvre tombe. Lorsque je remontai, Cagalli s'était rendormie. Son sommeil était plus paisible et elle transpirait un peu moins. Je repris le gant pour le remouiller un peu avant de le reposer sur son front, comme je l'avais fait plusieurs fois aujourd'hui.
Je me remis à mon programme tout en la veillant. Je me sentais pourtant fatigué mais je n'arrivai pas à fermer l'œil. Tout le café que j'avais bu m'empêchait de dormir. Je travaillai donc toute la soirée, en attendant que le sommeil vienne. La luminosité de l'écran finit par me donner mal à la tête, il m'arriva même d'avoir les larmes aux yeux. Je n'arrivai pas à me concentrer correctement et cela m'énerva de plus en plus. En début de matinée las de m'énerver, je décidai de la quitter quelques instant pour prendre une douche chaude en espérant que cela me calme un peu. L'eau chaude me détendit un peu et la chaleur ambiante me plongea dans une demi-torpeur. Je sortis de la salle de bain quelques minutes plus tard les cheveux trempés, et portant des vêtements un peu plus légers. Je posai mon regard sur Cagalli, elle dormait beaucoup plus sereinement. Je m'approchai d'elle et posai ma main droite sur son front, sa fièvre était un peu descendue. Je l'entendis m'appeler dans son sommeil et lui pris la main, en lui assurant que j'étais là, avec elle. Me pensant incapable de rester debout encore plus longtemps, je m'assis sur le lit contre le mur à côté d'elle, tenant sa main dans la mienne. Je restai là à la regarder dormir, son visage serein me détendit et je sentis d'un coup toute la fatigue que j'avais accumulée jusqu'à présent. Au moment où j'allais enfin m'endormir, j'entendis quelqu'un frapper bruyamment à la porte. Qui pouvait bien faire un tel boucan à cette heure-ci ? Je me levai avec difficultés, et me dirigea péniblement jusqu'à la porte pour ouvrir. C'était Yuuna et son père. Que pouvaient-ils encore bien vouloir ? Ils savaient très bien que Cagalli était malade alors pour avait-ils frappé aussi fort à la porte ? Je n'étais pas sourd ! Je les fis entrer en leur demandant de ne pas parler fort mais il était déjà trop tard ; j'entendis une petite voix derrière moi me demandant :
« Que se passe t-il, Ath… »
Je me retournai vers mon interlocuteur et constatai que Cagalli s'était levée. Elle portait toujours ma veste mais elle avait mis un pantalon en toile blanc. Elle s'était arrêtée lorsqu'elle avait levé les yeux vers les deux hommes. Mon regard autoritaire croisa le sien et je lui demandai, d'une voix un peu sévère :
« Que fais-tu debout ? Ta fièvre n'est pas encore tombée !
- J'ai entendu qu'on frappait à la porte, je me demandai qui cela pouvait bien être. »
Je me retournai vers les deux émirs, et leur lançai un regard noir. Pour une fois qu'elle avait enfin réussi à dormir une nuit entière, il avait fallu qu'ils viennent la réveiller. Que voulaient-ils donc encore ?
« Que voulez vous ? Leur demandai-je sèchement.
- Nous voulions juste prendre de vos nouvelles, représentante Athha, répondit Unato en m'ignorant. Mais si j'ai bien compris, il semble que vous ayez encore un peu de fièvre. Vous devriez vous reposer encore un peu aujourd'hui, nous allons nous occuper de tout.
- Si vous n'étiez pas venus frapper comme des fous furieux ce matin, peut-être aurait-elle pu se reposer un peu plus !
- Nous pensions que vous étiez déjà debout, Alex, me rétorqua Yuuna. Comme vous ne répondiez pas, nous avons dû frapper un peu plus fort. »
Il ne manquait pas de culot ! Mais je pouvais rien lui répondre, d'une certaine façon il avait raison, je n'aurai pas dû essayer de me reposer quelques heures. Je devais être toujours en état d'alerte, toujours prêt à intervenir. Cagalli remarqua mon silence et leur répondit :
« Alex n'a pas dormi depuis plusieurs jours, il m'a veillé sans relâche ces deux derniers jour. Il doit se reposer un peu, lui aussi. Comment voulez vous qu'il puisse continuer sa mission s'il ne se repose pas ! Vous n'étiez pas obligés non plus de frapper jusqu'à ce que l'on vous réponde ! Vous auriez pu passer plus tard dans la journée !
- Nous sommes désolée, Représentante. Nous ne savions pas qu'il vous avait veillée depuis hier. Nous repasserons plus tard dans la journée pour vous faire part de l'avancée des négociations. Veuillez nous excusez.
- Je compte sur vous pour défendre nos idéaux, Unato ! »
Ils partirent la tête basse, en s'excusant une dernière fois et je me laissai tomber sur l'un des fauteuils. Je n'en pouvais plus, c'était à peine si je pouvais tenir éveillé. Leur venue m'avait à nouveau énervé et maintenant je devais encore convaincre Cagalli de retourner se reposer. Je la vis s'approcher de moi et s'asseoir à mes côtés :
« Je suis désolée, qu'ils soient venus si tôt. »
Je relevai la tête vers elle en lui souriant et la rassurai :
« Ce n'est pas grave, je ne dormais pas encore. »
Elle m'observa quelques instants avant de me conseiller :
« Tu devrais te reposer un peu, tu as l'air épuisé.
- Tu as peut-être faim ? Lui demandai-je pour esquiver le sujet qu'elle voulait aborder. »
Maintenant qu'elle était parfaitement réveillée, elle ne voudrait certainement plus retourner se reposer. Tout ce que je pouvais faire c'était l'empêcher de vouloir se rendre à la base militaire. Elle me sortit de mes pensées.
« Tu évites le problème Athrun !
- Toi non plus, tu n'as pas non plus répondu à ma question ! Lui rétorquai-je amusé. »
Je repris mon sérieux et finis par lui avouer :
« Je crois que j'ai bu un peu trop de café.
- Pourquoi ne t'es tu pas reposé un peu ?
- J'étais inquiet à cause de ta fièvre qui ne descendait pas. Je n'arrivai de toute façon pas à dormir alors je me suis occupé. Je ne savais pas quoi faire d'autre alors j'ai préféré rester éveillé au cas où tu aies besoin de moi. »
Je sentis ses lèvres se poser sur ma joue, je ne l'avais même pas vu se rapprocher de moi. Elle posa sa tête sur mon épaule et murmura :
« Athrun… Tu n'aurais pas dû… »
Elle se releva rapidement et elle annonça :
« Puisque nous avons un peu de temps tous les deux, allons manger ensemble. Ca nous fera du bien de bouger un peu ! Je vais me changer, je n'en aurais pas pour très longtemps.
- Mais ta fièvre n'est pas encore tombée ! M'alarmai-je en lui attrapant le bras lorsqu'elle se retourna.
- Je me sens mieux, ne t'inquiètes pas, m'assura-t-elle. En plus, elle ne tombera pas plus vite si je reste couchée à ne rien faire. Et puis je dois finir de lire les dossiers que nous avons emmenés. »
A peine rétablie, elle voulait déjà se remettre au travail ! Je lui rétorquai :
« Tu n'en auras pas besoin, je les ai déjà tous lu ! »
Elle me fusilla du regard, je haussai les épaules en lui répondant, amusé :
« Il fallait bien que je m'occupe ! Je t'en parlerais pendant le repas ou plus tard dans la journée, si tu veux. »
Elle se retourna et se dirigea vers la chambre en faisant semblant d'être en colère. J'étais heureux de la retrouver aussi pleine de vie. Au moins, elle avait décidé d'être raisonnable et de ne pas se rendre à la première journée de négociations. Elle était encore un peu pâle et fatiguée. Cependant j'aurai préféré qu'elles ne commencent pas sans elles, je n'avais pas trop confiance en Unato et son fils. Leur visite m'avait beaucoup surpris, et le fait qu'ils insistent autant pour qu'elle se repose encore aujourd'hui m'avait déconcerté. D'habitude ils ne cessaient de la critiquer et de lui reprocher la moindre de ses erreurs. Alors pourquoi lui avaient-ils dit subitement qu'ils s'occupaient de tout ? Que pouvaient-ils donc bien préparer ? J'avais remarqué qu'ils connaissaient beaucoup de dirigeants de la fédération mais un bon nombre d'entre eux avaient été étonnés par l'âge de Cagalli. J'avais aussi ressenti beaucoup d'animosité à notre égard, comme par exemple ce général allemand qui lui avait fait remarquer son manque d'expérience. Pourquoi les émirs l'auraient-ils faite passer pour « une gamine » comme l'avait appelée le général Von Dinkelbauer. Essayaient-ils d'arranger les traités comme bon leur semblaient ?
Une voix douce m'appela :
« Athrun, tu es sûr que ca va ? »
Je n'avais pas vu Cagalli s'approcher de moi et je me surpris à sursauter. Elle avait un peu incliné sa tête vers la gauche en me souriant. Je l'observai quelques instants : elle s'était habillée simplement. Elle portait un débardeur violet, par-dessus lequel elle avait mis une veste voilée d'un violet légèrement plus clair, et un pantalon beige. Ses cheveux étaient détachés et un peu en bataille. Bien qu'elle fût habillée simplement je la trouvais tout aussi belle qu'avec sa robe de soirée. Elle ressemblait plus à la Cagalli qui je connaissais, je ne l'avais en effet vu que très rarement en robe. Savoir que j'allais passer un moment seul avec elle me fit oublier ma fatigue. Je me rapprochai d'elle et déposai un léger baiser sur son cou, sa peau était douce et légèrement fruitée. J'aimais sentir sa peau nue sous mes lèvres, l'odeur légèrement fruitée et la douceur de ses cheveux, la chaleur de son corps. Je m'écartai d'elle et constatai qu'elle rougissait. Elle me sourit et me prit la main pour me conduire jusqu'à la porte en me disant :
« Allons manger, tu dois mourir de faim ! »
J'éclatai de rire et la suivis. Je l'entendis marmonner des mots que je ne compris pas et elle finit par m'avouer timidement :
« Merci d'être resté à me cotés. »
Elle me conduisit ainsi jusqu'au restaurant de l'hôtel où elle demanda une table pour deux avant que ne puisse ouvrir la bouche. Cela me fit sourire, j'étais heureux de la laisser faire. Durant le repas nous discutâmes de tout et de rien. Le temps passa si vite et nous profitâmes de chaque instant. Nous étions juste tout les deux, amoureux.
Nous passâmes plus de la moitié de l'après midi dans le salon à jouer aux échecs. Je dus lui rappeler les règles car elle ne s'en souvenait plus très bien. Elle avait appris à y jouer lorsqu'elle était plus jeune et n'avais pas beaucoup pratiqué. Je lui montrai les coups spéciaux que Kira et moi faisions lorsque nous jouions ensemble. Elle sembla s'amusé et me posa beaucoup de questions. Elle apprit cependant très vite et vers la fin de l'après-midi, nos parties se firent plus longues. Aucun de nous ne se souciait de qui gagnait, nous étions ensemble et rien d'autre ne comptait.
En fin d'après-midi, nous remontâmes de notre chambre. Yuuna et son père n'allaient pas tarder et nous n'avions toujours pas revu ensemble les différents dossiers. A peine rentrée, elle se dirigea vers la chambre et s'installa au secrétaire. Elle déplaça la pile de dossiers jusqu'à elle et je lui récapitulai les différentes opinions auxquelles nous serions confrontés. Peu de dirigeants avaient des idéaux semblables aux nôtres et la majorité appartenaient de près ou de loin au Blue cosmos. Nous n'avions donc très peu de pays desquels nous pouvions espérer obtenir un peu de soutient. Nous étions venus ici à la demande de la Fédération dans l'espoir de signer un traité de non-agression et peut être des accords commerciaux, mais je doutais de l'honnêteté de ses demandes. Elle avait subi beaucoup de perte et certains pays avaient encore d'énormes problèmes économiques. La majorité d'entre eux avaient perdu une bonne partie de leur armée, et qui plus est un bon nombre de leurs armures mobiles avaient été détruites. J'avais peur qu'ils profitent de la stabilité économique d'ORB pour reconstruire leur propre armée à nos frais et l'utiliser pour déclencher une nouvelle guerre. Bien sûr de nombreux traités de paix avaient été signés entre PLANT et l'Alliance terrestre mais le fait que la plupart des dirigeants de la fédération appartenaient au Blue cosmos m'inquiétait. Je ne lui fis pas part des mes soupçons et préférai attendre le début des négociations pour être sûr de leurs fondements.
Nous discutions des sujets que nous allions aborder le lendemain avec eux, lorsque j'entendis frapper à la porte. Je regardai ma montre, il était déjà plus de 20h. C'était sûrement Unato et Yuuna qui rentraient de la base et qui venaient lui relater les discussions et les accords de la journée. Je leur ouvris la porte, les salua. Ils me passèrent devant sans la moindre considération puis s'installèrent sur le canapé dans le salon. Je les regardai, surpris par leur attitude, puis retournai dans le bureau et informai Cagalli de leur présence. Je l'entendis soupirer puis elle se leva et se dirigea vers le salon. Elle détestait être dérangée en plein travail et n'avait sans doute pas très envie de les voir. Elle les salua avant de s'installer sur l'un des fauteuils puis leur demanda poliment :
« Les négociations se sont-elles bien passées ?
- Elles ont duré toute la journée, mais au moins le traité de non agression est entièrement rédigée et n'attend que votre signature pour être officialisé, lui annonça-t-il d'un ton satisfait. Nous avons juste commencé à discuter de possibles accords commerciaux, mais ce n'était pas le but de cette journée.
- Merci de vous être occupé de tout ça, Unato. Je me sens mieux maintenant et à partir de demain, je reprends les choses en main. Avez-vous emmené une copie du traité avec vous ?
- Je suis désolée, Représentante Athha, je ne voulais pas vous embarrasser avec ça ce soir. Je n'ai pas demandé de copie, mais vous pourrez le lire demain avant le début de la réunion.
- Je l'étudierai attentivement demain, alors… » Lui répondit-elle un peu amère.
Je sentis dans sa voix que quelque chose la tracassai. Mais Unato ne lui laissa pas le temps de réfléchir et ajouta en lui coupant presque la parole :
« Il n'a cependant pas beaucoup changé par rapport au premier. Nous avons refusé certaines de leurs demandes qui nous semblaient peu favorables. Certaines d'entre elles étaient contraires à nos idéaux, et du fait de votre absence je me suis vu contraint de les refuser à votre place… Pardonnez-moi d'avoir fait cela sans vous en parler avant ! Nous n'avions que peu de temps pour rédiger le traité J'espère avoir suivi vos volontés.
- Merci Unato. Je m'occuperai de tout ça demain. Allez vous reposer, la journée de demain promet d'être encore plus intense. N'étant pas la seule nation invitée, nous ne pouvons pas nous permettre de les laisser attendre trop longtemps. Il faudra donc être attentif à la moindre de leur requêtes, l'étudier pour voir où elle peut nous mener, si elles sont compatibles avec notre politique et nos idéaux. Je doute qu'ils souhaitent uniquement commercer avec notre pays pour relancer leur économie, je pense plutôt qu'ils souhaitent principalement reconstruire leur flotte en utilisant nos technologies, choses qu'ils ont déjà faites lors de la dernière guerre.
- Bien Représentante Athha. Veuillez nous excuser, la journée a été fatigante. »
Ils se relevèrent, puis s'inclinèrent légèrement devant elle, fronçant inconsciemment les sourcils, comme si elle avait découvert quelque chose qu'elle n'aurait pas dû deviner. J'étais rassuré qu'elle n'ait ni confiance en les dirigeants, ni en Unato, et leur comportement renforça mes doutes. Qu'avaient-ils donc bien pu accepter dans ce traité de non-agression ? Je ne présentais rien de bon, au moins Cagalli refusait toujours de le signer sans l'avoir lu… mais je n'en attendais pas moins d'elle.
Nous nous retrouvâmes à nouveau seul dans la chambre et plus personne ne viendrait nous déranger. J'allai enfin pouvoir dormir. Je ressentis à nouveau tout la fatigue accumulée et si je fermais les yeux j'étais certain de m'endormir. Cagalli se leva et je la vis s'approcher de moi. Elle me prit ma main droite, en me disant gentiment :
« Allons dormir. Il est tard et demain nous devons partir tôt. »
Je n'eus même pas la force de la contredire. Si on nous trouvait ensemble, elle risquait d'avoir d'importants problèmes avec les émirs. Pour eux je n'étais qu'un simple garde du corps, nous ne devions avoir que des relations strictement professionnelles. Elle se dirigea vers la chambre en serrant ma main dans la sienne. Je la suivis incapable de lui résister et me laissai guider jusqu'au lit. Elle lâcha ma main et commença à se diriger vers le secrétaire. Elle n'allait tout de même pas recommencer à se tuer au travail !
« Que comptes-tu faire ? Tu ne vas pas passer ta nuit à travailler j'espère ?!
- Ne t'en fais, je termine juste de lire ce dossier. Repose-toi, tu as vraiment une tête de déterré !
- Mais… tentais-je de protester.
- Je n'en ai pas pour longtemps ! Je te rejoins dans dix minutes, dors ! »
Elle se retourna vers moi, et posa ses lèvres sur mon front et me murmura
« C'est promis, Athrun ! »
Je lui fis confiance et m'allongeai sur le lit face au secrétaire. Je voulu rester éveillé pour la regarder encore un peu mais mes yeux se fermèrent et je m'endormis instantanément.
(*) Embuscade en Russie
