[HxK] Le Bruit du Silence (Chapitre 1)
Titre : Le Bruit du Silence
Genre : Romance
Personnages : Heiji x Kazuha, Shinichi x Ran
Statut : Fini / Série. Chapitres : 7/7
Avertissement : -
1. L'aquarium
- Ouaaah ! Ça a l'air immense !
Ran Mouri venait de s'exclamer devant le grand bâtiment cubique qui se dressait devant elle.
- Ça l'est. L'aquarium d'Osaka est un des plus grand du Japon. On peut y admirer environ 30000 espèces différentes.
Kazuha Toyama s'avança au niveau de son amie tokyoïte et, tout en se tenant les mains dans le dos, couva l'édifice du regard avec une fierté non dissimulée.
Le KAIYUKAN comme on l'appelait ici était l'un des lieux touristiques les plus populaires de la ville d'Osaka. Les murs du bâtiment étaient recouverts de motifs marins : des poissons baignant dans un océan bleu marine. Sur leur droite, la foule se rassemblait pour faire la queue afin d'acheter des tickets. Derrière les filles, la voix d'un de leurs amis continua l'explication :
- On rentre du côté ou il y a la queue et ensuite, on monte par ce grand escalator jusqu'au huitième étage. L'aquarium est conçu de telle sorte que le sommet représente le niveau terrestre. Ensuite le chemin s'enfonce dans le bâtiment et descend doucement dans les profondeurs de la mer. Quand on arrive au premier étage, on peut voir des espèces qui vivent tout au fond de l'océan.
Hattori Heiji adressa un sourire à son meilleur ami qui l'écoutait attentivement depuis tout à l'heure.
- Qu'est-ce que c'est le grand bâtiment à gauche ? demanda Ran.
- C'est le SUNTORY MUSEUM. Il y a souvent de belles expositions là-bas. Vous voudrez y faire un tour ? demanda la jeune fille d'Osaka.
- Pourquoi pas. Qu'est-ce qu'il y a d'intéressant en ce moment ?
- Hum... à vrai dire, je n'ai pas regardé.
Elle se retourna et pointa une forme métallique dans le ciel derrière la galerie marchande qu'ils venaient de longer.
- En fait, j'avais pensé qu'on pourrait faire un tour de grande roue.
Les yeux de Ran s'écarquillèrent.
- C'est aussi une excellente idée. Qu'est-ce que vous en dites les garçons.
Heiji et Shinichi regardèrent leurs amies d'un air amusé.
- Pourquoi pas ? répondit le détective de l'Est. Tu n'avais pas dit que c'était la plus grande roue du monde, Hattori ?
- Si, si ! Elle fait 112 mètres. Et en haut, la vue sur Osaka est vraiment imprenable !
- Alors c'est décidé, lança gaiement Kazuha. Après l'aquarium, on fait un tour de roue. Allez vient, Ran chan. On va chercher des billets.
Et elle entraina son amie de Tokyo par le bras au milieu de la foule qui grossissait à vue d'œil.
- Ca va Kudo ? demanda Heiji en emboitant le pas derrière les filles.
- Ca va...
- Ca fait quoi de redevenir soi-même après tout ce temps passé sous l'apparence d'un gamin ?
- Honnêtement, je n'ai pas eu le temps de réaliser. Depuis que j'ai pris l'antidote il y a deux semaines, je me suis occupé avec le FBI des hommes en noir et de l'organisation. Et à peine démantelée, il a fallu s'occuper de l'explication du départ précipité de Conan et de mon retour... J'ai encore l'esprit tout chamboule...
- Qu'est ce qui t'as pris de débarquer à Osaka alors ? Je veux dire, je suis très content de te voir... mais ... elle aurait sans doute préféré que vous passiez du temps tous les deux non ?
- Je te dis je n'ai encore eu le temps de rien préparer. Et puis c'est le professeur qui m'a conseillé de venir te voir. Il m'a dit qu'en faisant ça, je n'aurais besoin de rien planifier, que tu t'occuperais de tout et que je pourrais un peu me détendre et souffler avant de parler sérieusement avec Ran.
- ... tu ne lui as encore rien dit alors ?
- Non.
- Mais je suis sûre qu'elle sait... Je vais lui dire de toute façon, mais j'ai besoin d'un petit break avant.
- ... ne la déçois pas. Elle attend depuis un sacré bout de temps déjà.
- Oye, mêles-toi de tes oignons d'abord. Je n'ai pas besoin que tu me le rappelles. J'en suis tout ce qu'il y a de plus conscient.
Shinichi avait répondu en détournant la tête. Ses joues étaient légèrement roses et cela arracha un petit sourire à son ami à la peau mate.
- Bah, de toute façon, cette fois c'est bien fini. Alors profites-en un peu. Allez viens, elles nous appellent.
Devant eux, les deux adolescentes leur faisaient des signes en agitant les bras en l'air, leur reprochant de ne pas se presser un peu plus.
Ils firent la queue pendant une bonne grosse demi-heure avant d'obtenir leurs tickets d'entrée puis pénétrèrent enfin dans l'aquarium. Les filles s'exclamèrent d'abord devant les loutres de la forêt reconstituée, puis ce fut le tour des pingouins, des dauphins, des poissons multicolores... chaque nouvelle espèce arrachait des commentaires d'admiration de la bouche de Ran et Kazuha. Leurs compagnons, mi-amusés mi-agacés, n'hésitaient pas à leur faire part de leurs connaissances de la faune maritime quand ils le pouvaient. Ran restait constamment collée à Shinichi buvant chacune de ses paroles. Son retour avait un effet particulièrement bénéfique sur l'humeur de la jeune fille qui affichait un sourire vraiment éclatant. De leur côté, Heiji et Kazuha se chamaillaient comme à leur habitude après que le garçon ait eu la bonne idée de comparer son amie à un horrible poisson aux yeux globuleux. Quand ils arrivèrent plus tard vers les grands aquariums, la discussion pris une tournure plus gastronomique :
- Regarde ce poisson, Ran chan. Tu ne le trouves pas appétissant ?
- Oh si ! Je le mangerais bien en sushi.
- Le gros là-bas, a l'air pas mal aussi, continua le détective de l'Est. Il ferait sans doute un bon sashimi.
- Je ne sais pas si on les mange ces poissons-là, continua le garçon à la peau mate en regardant plus attentivement la pancarte d'informations de l'aquarium.
- Ça donne faim quand même tout ça... Ah regardez, voilà la vedette !
- Ouaahh ! s'exclamèrent de concert Ran et Shinichi en voyant l'immense forme longiligne s'approcher de la vitre où ils se trouvaient.
- C'est le requin baleine, annonça fièrement Heiji. Le plus grand requin du monde. Celui de l'aquarium doit faire une douzaine de mètres de long pour deux mètres de large. Impressionnant pas vrai...
Et alors que la conversation continuait bon train, une voix anonyme s'éleva soudain de la foule.
- REGARDEZ ! LÀ-BAS !
Un brouhaha s'en suivit. Légèrement plus bas que les quatre adolescents, un homme pointait du doigt le sommet du bassin, les yeux exorbités. Les deux détectives suivirent du regard la direction que l'individu désignait et ils ne mirent pas longtemps avant de repérer la forme anormale qui flottait à la surface de l'eau.
- Ce... ce n'est pas un des plongeurs qui nourrit habituellement les poissons ? demanda Kazuha d'une voix inquiète.
- Il a eu un malaise ?
Mais le plongeur ne montrait aucun signe de réaction. Heiji et Shinichi se précipitèrent alors en direction du sommet du bâtiment.
- Et merde !
- Attendez nous ici, on n'en a pas pour longtemps, lança Shinichi aux filles juste avant de passer l'arcade menant à la salle précédente.
- Heiji !
Les filles tentèrent dans un premier temps de les suivre. Mais déjà, les deux lycéens étaient hors de vue. Se fiant à leur instinct, elles traversèrent quelques salles en essayant de se frayer un chemin au milieu de la foule mais c'était comme tenter de nager à contre-courant. Elles finirent par réaliser que non seulement elles ne savaient pas ou étaient l'entrée du personnel qui permettait d'accéder aux aquariums et qu'en plus, les policier évacuaient les visiteurs vers le bas du bâtiment, les empêchant de remonter plus haut.
- C'est pas vrai ! s'emporta la jeune fille d'Osaka.
- Bah, on ne peut pas leur en vouloir... ils sont détectives et puis, on sait bien que dans ce genre de situation, la curiosité l'emporte toujours.
Kazuha était prête à reconnaitre que son amie avait raison, toutefois, elle repéra la lueur de regret dans le regard de Ran que cette dernière s'efforçait de cacher sous sa bonne humeur.
- Quand même, ils pourraient faire un effort ! Surtout Kudo-kun ! Après être réapparu si soudainement malgré ces mois d'absence. Il pourrait se mettre à ta place !
- Je crois... qu'on ne les changera plus, tu sais ?
Ran lança un faible sourire à son amie qui poussa un long soupir. Cette dernière, voyant que la jeune tokyoïte s'était alors mise à fixer le bout de ses chaussures d'un air pensif, lui empoigna soudainement le bras et l'entraina vers le bas du bâtiment.
- Ka.. Kazuha chan ! Qu'est-ce que tu fais ?
- Allez viens. On ne va pas passer trois heures à les attendre. Heiji m'a déjà fait poiroter plus d'une fois dans ce genre de situation mais là, on va aller en profiter sans eux. C'est tout ce qu'ils ont mérité !
Rapidement, elles finirent la visite du Kaiyukan et flânèrent dans la boutique de souvenirs. Au bout de trois quarts d'heure, n'ayant toujours aucun mail de son ami d'enfance sur son téléphone portable, la lycéenne d'Osaka proposa agacée :
- Bon, on va faire un tour de grande roue ?
Ran allait répondre qu'elles pouvaient très bien patienter encore un peu car dans le fond, il subsistait au fond d'elle une profonde angoisse. Elle avait peur que le détective de l'Est se volatilise à nouveau dans la nature sans prévenir. Il avait beau être revenu une semaine plus tôt en assurant « cette fois, je suis rentré. C'est DEFINITIF ! », elle était toujours habitée par la crainte inconsciente de le voir repartir. En même temps, elle s'en voulait un peu de ne pas être capable de lui faire un peu plus confiance. Et elle devait admettre par ailleurs qu'elle se sentait bien moins patiente que d'habitude. Elle n'avait pas envie de rester sans rien faire en attendant simplement son retour. Cela la rongeait et en même temps nourrissait son angoisse. Même si elle comprenait la passion de son ami pour les enquêtes elle aurait bien aimé que pour une fois, ils puissent profiter du week-end sans qu'un crime viennent interférer dans leurs projets. Était-elle trop égoïste ? Mais d'un autre côté, elle avait attendu si longtemps...
- Ran-chan ? Ça va ?
- Ha, désolée. Je réfléchissais. Je ne suis pas très rassurée de les laisser comme ça. Mais paradoxalement, je ne me sens absolument pas le courage de rester sans rien faire maintenant...
- Allons ! Ne t'inquiète pas comme ça. Kudo-kun a promis qu'il ne repartira pas, non ? Même Heiji m'en a parlé et il semblait vraiment confiant sur la question. Et puis tu vois, si on reste à se tourner les pouces en attendant ces messieurs tu vas commencer à te ronger les sangs pour rien. Autant en profiter un peu ?
- Oui, tu as certainement raison... Allons faire un tour. Je suppose que les garçons sauront où nous retrouver...
- Ils ont intérêt, s'enflamma Kazuha. Après tout, ils sont détectives non ?
Et elle lui adressa un clin d'œil.
Elles montèrent donc dans une des cabines rouges de la grande roue du Tempozan. Assise l'une en face de l'autre, Kazuha décrivait à son amie le paysage qui se dessinait tout autour d'elle. Par chance, le temps était clair et dégagé. On voyait parfaitement la mer s'étendre à l'Ouest et les buildings du centre-ville se dresser à l'Est.
- C'est vraiment magnifique ! s'exclama Ran.
- Et la nuit, c'est encore plus beau ! C'est idéal pour une balade romantique...
Ran tourna vers son ami un regard moqueur.
- Tu dis ça parce que tu voudrais venir ici avec Hattori-kun, pas vrai ?
- Hein ? comment ?... Mais non ce n'est pas ça du tout !
Les joues rouges, Kazuha protestait vivement en agitant les mains devant elle.
- Je n'ai jamais dit que je voulais monter ici seule avec Heiji !
- Et moi, je n'ai jamais dit que tu pensais monter ici « seule avec lui » !
Elle s'arrêta brusquement, les yeux figés comme des points au milieu du visage. Ran ne put se retenir de rire.
- Et puis d'abord tu as beau dire mais toi aussi tu voulais monter ici avec Kudo kun... en .REUX !
Ce fut au tour de Kazuha de sourire devant la gêne manifeste de son amie.
- Mais qu'est-ce que tu racontes, ce n'est pas ce que tu cr...
Mais finalement, la jeune tokyoïte s'interrompit et se mit à fixer alors un point vers l'horizon.
- ? ... Ran chan ?
Après un long silence, Ran répondit enfin :
- Dis Kazuha chan...
- Oui ?
- Et si on arrêtait un peu tout ça ?
Elle se tourna alors la jeune fille d'Osaka et lui lança un regard timide.
- Si on se montrait un peu raisonnable et qu'on reconnaissait ce qu'on refuse d'admettre depuis des mois l'une à l'autre...
- Juste un peu... je veux dire, je suis fatiguée de tout ça. Je voudrais juste être un peu honnête avec moi-même. Pour une fois...
Kazuha lui adressa alors un sourire franc et compréhensif.
- Je comprends. Je veux bien jouer carte sur table pour cette fois... si on le fait toutes les deux bien entendu.
Ran approuva en hochant la tête. Puis les deux jeunes filles se mirent à fixer le sol de la cabine pendant plusieurs dizaines de secondes, cherchant les mots adéquats pour ce qu'elles allaient dire ensuite. Kazuha releva soudain la tête, les joues en feu :
- Tu as raison, je mourrais d'envie de monter ici avec Heiji !
- Et moi avec Shinichi !
Elles se regardèrent un moment, un sourire complice sur le visage. Puis Ran détourna à nouveau le regard vers le nord.
- Haaaa ! Pourquoi faut-il qu'on soit tombé amoureuse de deux imbéciles pareils, obsédés des enquêtes, qui nous font toujours passer au second plan quoi qu'il arrive ?
- Oui... Shinichi m'a déjà laissé tomber en plein milieu d'un diner romantique en plein restaurant !
- Un diner romantique ?
- Enfin... je ne sais pas mais le cadre était quand même relativement luxueux. Et puis sous bien des aspects ça paraissait très romantique comme sortie... je me fais peut-être des idées mais... quoiqu'il en soit, il m'a abandonnée avant le dessert pour ne revenir que la semaine passée. Tu y crois toi ?
- Ce n'est pas vrai ! Mais bon, moi Heiji oublie carrément qu'il m'invite quelque part parfois. Je t'avais déjà raconté que je l'ai attendu pendant quatre heures devant le Big Man en septembre dernier...
- ... dis Kazuha chan. Tu ne vas pas regretter de ne pas voir Hattori-kun résoudre cette enquête, aujourd'hui ? Après tout, tu m'avais dit que tu aimais voir son visage quand il avait résolu une énigme.
- Bah... je pourrais te poser la même question, non ? Mais bon, pour une fois, je n'en mourrai pas, comme dirait-l'autre. Et puis bon, j'ai tellement envie de lui tordre le cou, présentement que si j'étais restée là-bas, je serais sans doute devenue la nouvelle coupable de l'affaire « qui a tué le célèbre détective lycéen de l'Ouest » !
Ran se mit à rire doucement.
- C'est vrai que moi aussi je suis un peu en colère... ou bien déçue, je ne sais plus trop...
Elle réfléchit encore un instant puis regarda son amie avec le plus grand sérieux du monde :
- Dis, Kazuha chan... et si on se vengeait ?
A suivre...
