Auteure : wbss21

Traductrice : Adalas

Note de la traductrice : rien est à moi hormis la traduction. La fic en VO est disponible sur ce site et je remercie chaleureusement l'auteure pour m'avoir donné son autorisation !

J'ai eu un gros coup de cœur pour cette fic qui mêle le Loki version Marvel avec la mythologie nordique. J'espère que cette traduction vous plaira (traduction qui, au passage est presque déjà entièrement terminée donc : publication de chapitre régulière).

C'est ma première contribution à ce fandom, n'hésitez donc pas à laisser une review si cette trad vous plaît. :)


Asgard : 523 av J-C

Dans ses appartements, dans sa chambre à coucher, sur la natte en paille finement tressée qui lui sert de couche, Loki s'assit.

Et il écouta.

Les yeux clos et les jambes croisées sous lui, les mains sur ses genoux, le dos droit.

D'innombrables voix emplissaient son esprit, des milliers et des milliers se chevauchaient, se mêlaient et se fondaient en une seule.

Il écoutait, et il attendait, s'attelant à discerner celles qui méritaient de l'intérêt.

Il y en avait tellement !

Et il devait choisir avec attention.

Les mortels.

Les humains.

Des êtres qui vénéraient son peuple comme des dieux. Qui offraient sacrifices et loyauté et envoyaient leurs prières dans des supplications désespérées, désireux d'être entendus. Désireux qu'on leur réponde.

Parmi eux, Loki le savait, il était le seul à vraiment écouter.

Ses compagnons en étaient tous capables. Ils pouvaient tous entendre, s'ils voulaient s'ouvrir à elles comme il le faisait maintenant.

Mais ils ne le faisaient pas.

C'était si rare qu'un de ses pairs prête attention aux prières des mortels, il pouvait tout juste se souvenir de la dernière fois que quelqu'un à part lui l'avait fait.

Plusieurs siècles, au moins.

Les mortels étaient indignes de leur attention, c'était l'avis général.

Mais Loki avait l'habitude de ne pas être d'accord, comme il l'était souvent avec de nombreux avis des Ases.

Il y avait quelque chose de valeureux à marcher parmi les hommes et les femmes de Midgard.

De ça, il en était certain.

Ne serait-ce que pour le simple amusement, mais Loki pensait a quelque chose de plus précieux que de sourire et de rire, c'était d'apprendre. D'expérimenter, de découvrir et d'observer.

Les mortels et leur monde toujours changeant, ne restant jamais le même pendant plus d'une décennie, et pourtant, leur nature - elle - restait la même.

Malgré tous ce qui se mouvaient autour d'eux, la manière changeante dont étaient régies leur vie, la manière avec laquelle ils se gouvernaient, se contrôlaient, et l'évolution rapide de leur adaptation, en dépit de tout cela, ils échouaient à apprendre.

Ils échouaient à s'élever au-dessus de la perpétuelle lutte pour la survie.

Ils avaient appris à cultiver la nourriture au lieu de simplement la chasser. Mais il y avait toujours la famine et l'avide cupidité pour la subsistance.

Leurs guerres n'étaient plus que de petites escarmouches entre clans de nomades, mais elles étaient de grande ampleur, et ils se battaient avec des armes dont la sauvagerie était bien plus grande que les bâtons et les pierres d'autrefois. Et Loki n'avait aucun doute que ces armes gagneront rapidement en puissance, qu'un jour, elles seront une menace pour leur propre existence.

Et pourtant ces guerres étaient encore issues des mêmes insignifiants désirs et des mêmes peurs dévorantes : posséder une terre et le pouvoir de dominer.

Loki n'avait vu aucun des Neuf Royaumes avec autant de Rois, de Seigneurs et d'Empereurs.

Et Loki se demandait souvent : dans quel but ?

Ils mourraient si vite, ces humains.

A peine avaient-ils obtenu le pouvoir et la domination qu'ils désiraient, qu'ils mourraient quelques saisons plus tard, soit d'une défaillance du corps, soit de décrépitude, ou d'une trahison issue d'une jalousie de l'un de leurs compagnons qui convoitait le pouvoir et la domination pour lui-même.

Loki savait que les dieux regardaient les petits conflits des mortels avec dédain. Rebutés par leur fragilité, leur pathétique attachement à la vie.

Mais Loki ne pouvait pas éprouver un tel mépris pour ces créatures.

A la place, il trouvait en eux... de la fascination.

Ils combattaient avec une telle ferveur, qui pouvait même être qualifiée de vaillance. Même en ayant conscience de leur propre fin, de leur propre mortalité. Cela ne diminuait en rien leur volonté de vivre. Et parfois, Loki se trouvait presque à admirer ces petits êtres, ne serait-ce que pour leur courage face à leur propre existence dénuée de sens.

Alors il écoutait, et il entendait leurs prières, et parfois, quand l'envie lui prenait, il répondait.

Il était le seul à le faire.

Pourtant ces temps-ci, le dieu farceur pouvait éprouver une certaine forme de ressentiment envers les mortels. Car il était rare que sa présence rencontre de la gratitude et de la joie, mais plutôt de la méfiance et de la peur.

Apparemment, sa réputation le précédait.

Il grimaça à cette pensée.

Il ne comprenait pas l'appréhension que sa présence suscitait, surtout en eux.

Oui, il était un farceur qui avait joué quelques tours aux humains.

Mais ses méfaits avaient toujours été inoffensifs et sans méchanceté. Et par les Nornes, ne leur avait-il pas offert le plus utile des outils pour leur survie ?!

N'est-ce pas lui qui leur avait octroyé le don de la duperie, de la ruse et de l'intelligence ? N'est-ce pas lui qui avait appris aux mortels à mentir ?

Que seraient leurs vies sans les connaissances qu'il leur avait apporté ?

Par la barbe d'Odin, il seraient tous morts ! Avec leur nature violente, avide et leurs actes guidés par la peur, sans la capacité à duper, à cacher et tordre la vérité, ils se seraient tous entre-déchirés et n'auraient jamais bâti les empires civilisés dont ils se vantaient si fièrement maintenant.

Et lorsqu'il se montrait à eux, ils reculaient avec horreur et effarement, et le regardaient avec une méfiance intrinsèque et parfois avec une haine pure et simple.

Et les pires étaient ceux qui osaient le fustiger, pointant un doigt coléreux en sa direction, se lamentant que c'était à Thor qu'ils destinaient leurs prières. Alors pourquoi était-il venu, pourquoi volait-il les prières pour Thor ?

Thor ?

Loki voulait, non, riait face à leurs protestations.

Thor, son imbécile de frère aîné, qui avait autant d'intérêt pour leurs affaires qu'un chat pour le bien-être d'une souris. Il désirait tellement le leur dire, mais il retenait sa langue, par respect pour sa famille.

N'étaient-ils pas simplets pour considérer la présence de Thor plus vitale pour eux que la sienne ?

Le tonnerre et la foudre étaient spectaculaires mais ce n'étaient pas des outils nécessaires à leur survie. Contrairement à la capacité à mentir et à fourvoyer. Et, oui, Loki en convenait, Thor leur apportait la pluie, et en cela, il était essentiel à leur vie.

Mais pas davantage que lui !

Cette injustice faisait se hérisser de frustration le dieu de la Malice, et il y avait eu des moments - il l'admettait - où il avait songé à se laver les mains des problèmes des mortels et à faire la sourde oreilles à leur cris et leurs supplications, comme le reste de son peuple le faisait.

Mais, peu importait sa détermination durant ces instants de rage indignée, il se retrouvait encore et encore à revenir à leurs supplications, à écouter... à venir...

Et maintenant il écoutait, entièrement concentré sur leurs paroles.

La plupart n'étaient pas dignes de son attention, ou de ses talents, aussi ne passait-il guère qu'un bref instant à écouter avant de passer à la suivante. Les humains priaient pour la pluie, pour de bonnes récoltes. Les moins avouables, priaient pour la richesse et la renommée.

D'autres priaient pour être sauvés des géants tourmenteurs ou des trolls, c'est à elles que Loki accordaient la plus grande attention, et souvent il allait à Midgard pour répondre à ces appels.

Durant de telles excursions, il pensait toujours à Thor et combien son frère serait jaloux de savoir qu'il ratait une occasion de se battre contre les ennemis des Ases.

Mais tels étaient les avantages à écouter les plaintes des humains, et il n'y avait plus grand à faire si le prince héritier ne voyait pas le mérite d'une telle activité.

Loki avait tenté de lui expliquer, de partager cette aventure, mais Thor n'avait pas écouté, plus satisfait de mener ses propres quêtes et de recueillir toute la gloire pour lui tout seul. Il n'avait pas une once d'intérêt s'il n'en était pas l'instigateur.

Imbécile.

Loki mit en lumière l'une de ces prières, un homme, un fermier, qui priait les dieux de les sauver d'un troll maraudeur, une bête qui tourmentait leur village depuis une quinzaine de jours. La créature avait détruit de nombreuses récoltes et volé beaucoup de bétail, et ce n'était pas la première prière que Loki recevait concernant cette bête en particulier.

Il était sur le point de répondre à cet appel lorsqu'une autre voix retint sa décision.

La voix d'un enfant.

La voix d'une fille.

Loki fronça les sourcils en écoutant.

Sa voix était basse, à peine audible, et il l'aurait manqué si sa concentration n'était pas aussi pointue.

Les prières des enfants.

Ils étaient les seuls pour lesquels il recevait et répondait pour leurs plus grand bonheur.

Pour les aider eux et non pour lui-même.

Les enfants.

Ils étaient ses seuls croyants qui le recevaient sans le juger. Qui le regardaient sans peur ou méfiance dans leurs yeux. Sans visages renfrognés ou rictus mécontents, simplement avec l'émerveillement et l'excitation qu'un dieu les honore de sa présence, et que leurs voix aient été entendues par leurs seigneurs.

Il rejeta promptement la prière du fermier pour recentrer son esprit sur la fille.

Elle était jeune, il pouvait l'affirmer. Peut-être pas plus qu'une vingtaine de saisons.

Et sa prière était emplie de larmes, tourmentée et brisée, pleine de désespoir.

Un état d'esprit incongru pour quelqu'un d'aussi jeune.

Elle priait pour son père, pour le ramener à la vie, depuis des mois qu'il avait quitté leur monde, et Loki hésita.

Nombreux étaient ceux qui avaient été ramenés de la mort. Tirés des griffes d'Hela et leurs corps régénérés.

Il avait sauvé tant de vies.

Mais jamais il n'avait repris une âme déjà partie pour la ramener dans son corps. Ramener à la vie quand la mort était déjà là.

Jamais il n'avait répondu à une telle prière, bien qu'il en ait reçu un nombre incalculable.

Mais la fillette.

Elle était très jeune, et seule, et dans sa prière emplie de larmes, il percevait l'espoir et la foi.

Elle avait foi en ses dieux pour l'entendre et l'aider.

Elle croyait en lui.

Lui répondre allait contre tout bon sens.

Il le savait.

Une entreprise stupide au mieux. Un héroïsme stupide plus en accord avec le mode de penser de Thor plutôt que le sien.

Venir à elle ne pouvait aller qu'à son propre détriment, de cela, Loki en avait la certitude.

Mais il l'avait entendu, et elle avait confiance.

Sa foi était forte.

Plus forte que tout.

Il ne pouvait pas dédaigner sa foi.

Il ne pouvait pas rejeter sa confiance en lui.

Ses yeux s'ouvrirent, il se leva, prit son armure, son bâton et son heaume.

Et il marcha dans l'espace entre les mondes.

Il marcha vers elle.

Vers Midgard.

Seule une ombre de lui-même fut laissée derrière lui.


A suivre... :)