Dieu créa la Terre, et la peupla d'êtres vivants rampant, galopant, volant ou encore nageant. Son œuvre la plus aboutie fut l'être humain. Mais lorsqu'il mit au point son chef d'œuvre, un dilemme s'imposa alors à Lui (avec un "l" majuscule, s'il-vous-plaît) : comment pouvoir faire réfléchir et faire faire les bons choix à un être aussi complexe? Comment le guider sur la voie de la vertu, et de la compassion ? Il se coupa une mèche de cheveux, qui grâce à l'alchimie de ses doigts d'ivoire, donna vie à des êtres fabuleux, probablement encore plus accomplis que ces êtres humains. Il appela cette nouvelle vie "ange", et lui donna une seule tâche : faire l'intermédiaire entre Lui et ses fidèles sujets qu'étaient les hommes. Ils les guideraient sur la voie de Dieu, jusqu'au Paradis; ils leurs seraient invisibles et agiraient secrètement. Mais contrairement aux humains, les anges possédaient des pouvoirs uniques et héréditaires, transmis de génération en génération depuis leur apparition. Malheureusement, au contact de l'homme, l'ange se pervertit. Initialement porteur d'un message unique, chacun des messagers de Dieu voulait prouver sa supériorité. Plusieurs anges se lancèrent des défis à qui-s'occuperait-le-mieux-de-son-humain et devinrent rivaux. Afin de monter dans la société, certains manipulèrent les humains auxquels ils étaient assignés afin de faire tomber dans la disgrâce un ange rival plus puissant ou menaçant sa future promotion. C'était compliqué, fastidieux et il fallait énormément d'imagination.
Malgré la difficulté, certains d'entre eux réussirent et se hissèrent en haut de la société. Quant aux malheureuses victimes de ces anges corrompus, elles furent reniées par leur créateur , berné par une hypocrisie trop parfaite. Elles furent exilées pour l'éternité en Enfer, auprès de Lucifer. Il leur donna le statut de "démon" et ironiquement, ils portèrent leur statut d'anges déchus fièrement et se hissèrent au plus haut de la société démoniaque nouvellement créée pour semer la discorde chez les disciples de la lumière. Le but de cette nouvelle petite guerre consista à créer la zizanie chez les humains en envoyant des démons les guider et ainsi balayer le travail des disciples de la lumière. Le clan qui arrivait à rallier à sa cause l'humain gagnait les faveurs de son maître : chaque disciple supplémentaire ne faisait que renforcer la faction. Il n'y eut jamais de gagnant. Au milieu de cette guerre, quelque chose d'inconcevable se produit. Alors la première et unique règle fut à jamais décrétée, "le Véto". Les anges et démons ne pouvaient plus se toucher, autrement les conséquences seraient irréparables.
Le mal et le bien ne peuvent pas se croiser, ce sont comme deux chemins étroitement entrelacés mais qui ne se croisent jamais.
Depuis, les familles ont évolué et se sont agrandies, mais les sentiments et les rancœurs éprouvés n'ont pourtant pas disparu, transmis à chaque enfant comme un héritage précieux. Malgré leur façade fière, les démons avaient, pour la plupart d'entre eux, perdu l'espoir qu'un jour, l'honneur de leurs clans soit restitué et que les anges ayant provoqué leur exil soient châtiés. Alors ces rancœurs se tassent, pour laisser plus de place à encore plus de rancœur, s'accumulant à chaque génération et laissant un goût amer dans la bouche de la génération précédente. Celui du sang.
D'une mèche de cheveux, il n'y a plus que deux fils distincts, chacun relié respectivement à Tenshii pour les disciples de Dieu, et Akuma pour la branche dégénérée. Ces deux races n'avaient à présent plus rien en commun sauf l'académie Hanoko*. Cette académie préparait les jeunes apprentis anges et démons à leurs examens de fin d'année qui leur permettait de gérer, comme leurs ancêtres, la conscience des humains, et par le même moyen, d'élever leur clan dans leur société respective. Là-bas, on leur apprendra à faire avec les différences des autres individus... Mais cela risque de s'avérer difficile pour les professeurs qui vont rencontrer le racisme, la violence et la chose la plus à craindre... L'amour.
Je vais vous parler de la génération douzième du nom, qui marqua profondément les mémoires.
Celle du changement.
