Boooon, commencer cette histoire est sans doute la pire bêtise que je pouvais faire, mais la tentation a été trop forte tant, depuis la fin d'Asphodelus, écrire sur Daphné, Theodore et toute la bande me manque. Du coup, les revoilà dans Les Immorales, une fanfiction toute aussi sombre que la première mais qui n'a rien à voir avec elle puisqu'elle les cueille à l'âge adulte, alors que leurs douleurs et erreurs passées refont surface et qu'ils doivent y faire face à nouveau.
Les chapitres seront d'une longueur tout à fait inégale, l'histoire en comptera au total une quinzaine maximum (bien que je ne sache absolument pas où je vais et que je ne puisse donc pas m'avancer).
Concernant le rating... A priori, cette histoire ne devrait rien relater de très choquant, cependant ses personnages consomment drogues et autres joyeusetés sans vraiment de modération, donc j'ai préféré être prudente.
Voilà, je pense avoir fait le tour des informations les plus importantes ! Si jamais vous vous lancez, n'hésitez pas à me donner votre avis, ça m'aidera peut-être à y voir plus clair dans cette énième folie x)
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7 juillet 2019
Quand le hibou de Drago la trouva, Daphné était étendue de tout son long dans le lit de Zabini, la lèvre supérieure parsemée de restes de poudre blanche et les yeux brillants alors qu'elle faisait tourner sa chaîne en argent dans un sens puis dans l'autre, s'amusant de la façon dont les maillons absorbaient puis renvoyaient les rayons du soleil sur les murs.
Entendre les tapotements précis de son bec contre la vitre lui prit bien trois minutes, et deux autres lui furent nécessaires pour comprendre qu'il fallait qu'elle aille ouvrir si elle voulait qu'il cesse de lui percer les tympans. Comateuse, elle posa sa chaîne sur la table de nuit, en profita pour nettoyer du bout de l'index la poudre abandonnée entre deux grains de poussière et se dirigea vers la fenêtre en suçotant son doigt, son autre bras maintenant le drap enroulé autour d'elle.
Quand Blaise revint dans la chambre, deux tasses de café lévitant devant lui, il la trouva à moitié tordue en deux, à essayer de terminer de boutonner son haut.
— Bordel, geignit-elle tandis qu'il lui prêtait main forte. Tu m'expliques quel est le con qui a conceptualisé des fringues qui se ferment dans le dos ?
Quelques répliques lui vinrent, toutes trop ridicules pour qu'il daigne les sortir, aussi il se contenta d'un haussement d'épaules alors que Daphné enfilait déjà ses bottines, ses gestes pressés en devenant presque maladroits.
— Tu t'en vas déjà ?
Elle le dévisagea avec lassitude.
— À ton avis ? croassa-t-elle en attrapant sa cape.
Puis, tout doucement, comme si elle-même n'y croyait toujours pas, elle murmura :
— Elle est partie...
Et, juste comme ça, Blaise comprit.
Daphné franchit la porte de la chambre d'hôpital avec l'impression de briser la quiétude qui y régnait. Ils étaient déjà tous là. Drago assis sur l'unique chaise de la salle, le dos voûté, la tête baissée. Scorpius, de l'autre côté du lit, le regard perdu par la fenêtre. Narcissa, à côté de son fils, une main squelettique serrée sur son épaule. Et même William, sagement placé en retrait, de sorte qu'il fut le premier à la remarquer.
La déception, elle la vit dans son regard, aussi crue qu'une photographie pornographique, aussi acérée qu'une plume bien taillée. Mais elle n'y fit pas attention, pas plus qu'aux yeux perçants de Narcissa qui se posèrent à leur tour sur elle, préférant s'avancer jusqu'au lit de sa sœur, faisant comme si elle ne comprenait pas les reproches tristes de l'un et les jugements dédaigneux de l'autre, comme si sa tenue enfilée à la va-vite n'était pas incroyablement indécente par rapport aux leurs, comme si ses pupilles n'étaient pas toujours dilatées par la drogue et ses joues rougies par l'empressement qu'elle avait mis à se préparer.
— À quelle heure ? demanda-t-elle en fixant le corps froid, sans vie, d'Astoria.
— Quatre heures, cette nuit.
Elle hocha doucement la tête. Laissa s'écouler quelques secondes, quelques minutes. Puis quitta la chambre pour aller appeler un médicomage et faire emporter le corps à la morgue.
Debout devant la vitrine de Purge & Pionce Ltd., William patientait, piétinant et repiétinant les vieilles traces de chewing-gum qui mouchetaient le bitume en attendant que sa mère ait fini de régler toute la paperasse administrative qu'exigeait la prise de contact entre l'hôpital et les pompes funèbres. Quand, enfin, elle émergea de la boutique aux relents d'abandon, le tout dans l'indifférence générale des moldus qui se mouvaient autour d'eux, elle sortit une cigarette de sa poche, l'alluma à l'aide d'un briquet dont il ne voulait même pas connaître l'origine, puis se mit à avancer en direction de l'aire de transplanage la plus proche.
Le tout sans entrouvrir les lèvres. Pas qu'il s'en étonne, non, sa mère n'avait jamais aimé parlé pour ne rien dire et il était évident qu'après la mort de sa sœur, elle ne devait pas avoir grand-chose à déclarer.
— Tu étais où, cette nuit ? demanda-t-il néanmoins.
Elle le dévisagea entre deux volutes de fumée, le regard inexpressif.
— T'as vingt ans, Willy. T'es suffisamment grand pour te démerder tout seul le temps d'une nuit.
Il soupira. Sa mère le rendait dingue. Et elle ne paraissait même pas s'en rendre compte.
— Je savais pas quoi dire à Scorpius, ce matin, fit-il tandis qu'ils bifurquaient dans une rue plus tranquille.
— Parce qu'il y a rien à dire.
— Quand même. J'ai perdu un parent, moi aussi.
Sa mère éclata de ce rire qu'il détestait, celui qui disait « mon dieu ce que t'es con, mon fils ! ».
— T'as jamais eu deux parents. Y a toujours eu que moi.
— J'ai un père malgré tout, continua-t-il, buté.
— Et quel père...
Le rire retentit à nouveau, mais plus triste. Sans doute qu'elle aussi devait y penser, à la tombe de ce môme de dix-huit ans qui avait péri dans les flammes lors de la Bataille de Poudlard. Il sourit. Il l'aimait bien, ce père sans visage et sans caractère, ce Vincent Crabbe dont sa mère n'avait jamais voulu parler mais sur qui sa tante lui murmurait de temps à autre des anecdotes.
En pensant à Astoria, il cessa aussitôt de sourire et laissa la tristesse l'envahir. Maternelle malgré tout, sa mère l'attira contre elle pour lui déposer un baiser sur la joue. Elle puait le tabac et cette odeur d'épice exotique qui l'embaumait à chaque fois qu'elle revenait de chez Blaise lui chatouilla les narines, mais il apprécia la douceur de ses lèvres autant qu'il trouva attachant le fait qu'elle doive se mettre sur la pointe de pieds pour atteindre son épiderme.
— Sois là pour lui, lui souffla-t-elle en se reculant, refichant sa clope à sa bouche. Pour Scorpius, je veux dire. Y a que ça que tu puisses faire.
— Drago.
Daphné claqua des doigts devant les yeux de son beau-frère dans l'espoir de le ramener au présent. Mais rien à faire, l'esprit du blond semblait être parti si loin qu'elle haussa les épaules avant de répondre aux questions que lui posait le croquemort. Non, ils ne désiraient pas faire incinérer Astoria. Oui, ils avaient déjà un emplacement réservé dans le cimetière. Oui, le marbre blanc serait parfait pour la pierre tombale. Non, ils ne désiraient pas de photographie de la défunte sur la sépulture.
En une petite demi-heure, tous les détails furent réglés, et elle ne put s'empêcher d'admirer l'ironie de la chose. Trente-sept années d'existence, des créations de mode qu'on célébrait aux quatre coins du monde, un mariage réussi, un caractère indéfectible, tout ça rangé dans une petite boîte, sous un bloc de pierre dont l'esthétique avait été choisie au petit bonheur la chance.
— Drago, répéta-t-elle en tapotant sur l'épaule de son voisin. C'est bon, on peut y aller.
C'est bon. Elle se retint à grande peine de ricaner. Rien n'était bon. Rien ne l'avait jamais vraiment été.
