Titre : Les histoires d'amour finissent mal

Disclaimer : Les personnages et l'univers de Neverwinter Nights ne m'appartiennent pas, sauf les personnages que vous ne connaissez pas, qui sont ma création. Merci de ne pas les emprunter sans permission! (copyright Bioware, Wizard of the Coast etc)

Résumé : Il était une fois, dans les profondeurs d'Ombreterre, un petit drow qui avait du cœur. Peut être un peu trop, d'ailleurs.

L'Outreterre / Tréfonds Obscurs selon les traductions et œuvres tournant autour de D&D, les Royaumes Oubliés.

Continuité : Se passe durant Hordes of Underdark, chapitre un/deux One shot

Rappelons que Lolth a disparue, abandonnant ses prêtresses. La société drow a alors plongé dans le chaos le plus total, et la Valsharesse grâce à l'aide de l'archidiable lié à son service en a profité pour s'ériger reine. Elle veut conquérir tout l'Ombreterre.

Note: la première partie de ce one-shot est assez sombre, rassurez-vous la suite est plus drôle.


Première partie: Tout à fait respectable

Andraste était un drow tout à fait ordinaire. Du moins, c'est ce qu'il paraissait. C'est du moins ce que son physique laissait supposer: une peau couleur obsidienne, de longs cheveux blancs aux légers reflets bleuté, un visage aux traits agréables, le tout serti par deux perles grises à l'éclat froid: ses yeux.

Sans conteste, un drow. De la pointe de ses oreilles à ses orteils, en passant par des parties du corps que la décence nous empêche de nommer, c'était bel et bien un elfe noir.

Mage de surcroît. Et arrogant avec ça! Comme la grande partie des mages drows, qui bien que d'une méfiance virant parfois à la paranoïa envers leurs confrères, méprisaient de façon assez évidente, ou plus subtile, les personnes ne sachant pas manipuler les arcanes.

Parfois à tort. Mais cela, ils l'apprenaient souvent trop tard. Bien entendu, les prêtresses ne faisaient pas partie de cette catégorie. Tout puissant qu'on soit, on s'écrasait devant les servantes de Lolth, la Reine Araignée.

Car si les elfes noirs étaient malfaisants, cruels et vicieux, ainsi que d'une loyauté toute particulière -pour ainsi dire, inexistante- les prêtresses en étaient la quintessence, symbole tout puissant de la société des elfe noirs. Et par-dessus le marché,c'était elles qui dirigeaient les cités drow. Accomplissant la volonté de Lolth.

Le culte de la Reine Araignée étant la base du matriarcat drow, les mâles n'avaient souvent que le choix de servir leurs sœurs et mères, avec une dévotion qui pouvait masquer bien des choses.

Mais Andraste se satisfaisait plutôt de son sort. Non pas qu'il ne nourrisse point d'ambition. Comme tout les mages, il rêvait de devenir archimage, sans doute le plus haut statut pour un mâle dans la cité drow de Menzoberranzan. Cependant, aux intrigues et autres luttes intestines, il préférait pour l'instant acquérir un maximum de connaissances magiques. Avoir un réel pouvoir magique lui permettrait ensuite d'éliminer plus facilement ses concurrents alors que ceux-ci ne lui accordaient pour l'instant aucune importance.

Notre petit drow était bien comme les autres. Ou peut être pas.

OoOoOoOoO

Gulhrys leva enfin les yeux du globe qui occupait son bureau. Il passa la main sur sa surface, quelques images tourbillonnèrent encore à l'intérieur du globe, puis il redevint noir. Le haut-mage prit un mouchoir dans l'une des nombreuses poches de sa robe, puis essuya la sueur qui perlait le long de son visage. Il le jeta négligemment, puis appela un serviteur d'un ton sec.

Il lui fallait de tout urgence parler aux mages de sa maison.

Le domestique parti, il se rassit lourdement sur sa chaise, s'appuyant contre le dossier confortable et repensa à ce que lui avait révéler sa scrutation. Il fallait agir de toute urgence, ou c'en serait finit de la Maison Maéviir. Gulhrys pesta un instant contre la mère matrone. Cette idiote avait refusé ses conseils avisés, répliquant qu'un mâle ne pourrait pas saisir toute la subtilité du jeu des alliances. Elle croyait sans doute pouvoir s'en sortir toute seule, avec ses « alliés » si précieux! Mais seule, que pourrait-elle faire, Lolth ayant disparu? La prêtresse ne pourrait pas cette fois-ci, prier sa déesse de lui accorder la force de détruire ses ennemis. Aucun sort divin, pas même le plus simple ne lui était plus accessible, à elle ou à ses filles.

Et bien entendu, à toutes les prêtresses de Lolth.

Mais la matrone Myrune s'était trompé. On ne défiait pas impunément la Valsharesse, qui elle, semblait disposer d'autres ressources. Etait-elle une puissante magicienne? Ou une ensorceleuse? Gulhrys ne le savait pas, malgré toute les tentatives de divinations qu'il avait effectué sur elle. Cependant, elle devait au moins disposer d'alliés puissants.

Puissant au point de pouvoir recruter les membres de maisons majeures, pour en faire sa garde rapprochée si l'on peut dire. Une troupe d'élite, appelées les Sœurs Rouges. Il frissonna en pensant à l'efficacité de pareilles assassins.

Assurément, il n'était pas bon de se mettre à dos celle qui osait se donner le titre de reine. Il chassa cependant ses pensées de son esprit, malgré la vive inquiétude que cela lui causait. Pour l'instant, il devait faire en sorte que sa Maison survive. Le haut-mage ne se faisait guère d'illusions. Avec les troupes qu'il avait pu voir avancer sur l'antique forteresse de la maison Maéviir, il comptait avant tout limiter les dégâts, et éviter surtout les combats inutiles. Mais il savait que pour l'instant, ils ne pouvaient fuir. La Mère matrone croyait encore en leurs chances, ou elle était tout simplement trop fière pour admettre la vérité: face à ce qui se présentait, ils n'étaient pas de taille, surtout sans l'aide des prêtresses.

Une arrivée bienvenue vint le tirer de ses pensées. Un drow assez jeune entra dans son bureau, après avoir prononcé un simple mot de passe qui annonçait son arrivé au mage -ce dernier ayant temporairement levé les sceaux de protections de son bureau, afin d'en faciliter l'accès-.

Le second mage s'inclina, bientôt rejoint par quelques-uns de ses confrères.

-Haut-mage, vous nous avez fait mandez? Demanda un des elfes, plutôt petit. Gulhrys reconnut Nadariel, encore jeune mais prometteur, qui excellait dans l'art de la Transmutation.

-En effet. Où sont les autres? Questionna l'elfe noir d'une voix sèche, tentant par là de cacher sa colère devant le désastre imminent, et aussi ses craintes.

-Il me semble que les prêtresses requéraient leur aide, pour assister les troupes, expliqua le premier arrivé, Andraste. Le vieux mage poussa un soupir exaspéré, passa la main dans ses cheveux pour retrouver un semblant de calme.

-Bien, nous devrons donc nous passer de leur aide. Vous savez sans doute ce qui se masse à nos portes? Des nains gris, mais pas seulement.

-Haut-mage, il y a des illithids parmi eux. Et même quelques tyrannoeils poursuivit l'elfe aux cheveux bleutés.

Le vieux Gulhrys hocha la tête, satisfait de constater qu'il n'avait pas été le seul à se préparer à l'événement.

-Bien sûr, chacun connait les propriétés de leurs rayons, j'imagine? Fit-il en haussant un sourcil interrogateur. Les mages s'empressèrent de répondre, sentant l'énervement de leur supérieur augmenter. Rayons désintégrateurs, paralysants et autres joyeusetés faisait partie de la panoplie de tout bon tyrannoeil qui se respectaient.

Le haut-mage Gulhrys les contempla un bref instant, les sondant de son regard dur. Puis il reprit:

-Voilà ce que nous allons faire...

OoOoOoOoO

Andraste courrait dans les couloirs sombre de sa Maison, qui était en proie à de violentes secousses. Sans doute les troupes de la Valsharesse tentait-elle d'enfoncer la porte par des moyens magiques, la manière brutale n'ayant pas fonctionné. Ce qui était des plus naturels, puisque comme toute demeure noble, elle avait été pourvue au fil des siècles de nombreux sorts de protection, qui venait renforcer sa structure matérielle, mais aussi empêcher le passage de créatures non désirés, et bien sûr limiter les scrutations magiques.

De manière générale, la maison était conçue pour résister à bon nombre d'attaques, qu'elles soient de nature magique ou non. Cependant, le mage soupçonnait que la Valsharesse avait un artefact puissant à sa disposition, qui lui permettrait de faire franchir à ses troupes la majeure partie des barrières sans dommage.

L'endroit que le drow parcourait rapidement semblait avoir été déserté. Comme Gulhrys l'avait prévu, les armées de la matrone Myrune était en train de se faire massacrer par les duergars, accompagné de bons nombres d'abominations qui semaient la terreur parmi les troupes de soldats, surtout celles composées d'esclaves. Au moins les soldats elfes noirs savaient-ils encore se tenir, bien que la plupart devait savoir que tout était déjà perdu. Certains avaient sans doute tenté de fuir, ou encore de se rendre. Andraste ne savait pas ce qu'il était advenu d'eux.

Il se souvenait juste de l'odeur âcre de la bataille, l'odeur écœurante du sang se mêlant à celle de la chair brûlée, au fracas des armes qui s'entrechoquaient, et aux crépitements des énergies magiques qui émanaient des mains des mages. Et puis il revoyait la scène se dérouler parfaitement dans son esprit, comme si il y était encore, comme si tout ceci venait de se dérouler...Mais cela lui semblait si lointain, désormais...

Ranath, la première fille de la maison Maéviir, commandant aux troupes, essaya de rassembler les esclaves qui tentaient de fuir ce massacre ignoble, et de sauver leur peau. Qui aurait pu leur en vouloir? Personne, mais la drow ne pouvait tolérer la moindre faiblesse de ses troupes. Elle hurla alors, sa voix amplifié magiquement à l'aide d'un sort de Nadariel, qu'elle tuerait le premier qui reculerait. Au moins les barbares étaient-il satisfait de mourir au combat, mais c'était sans doute les seuls à mener l'assaut avec tant de courage. Peut être trouvaient-ils que c'était là noble mort, mais peu semblait partager cet avis.

Puis, alors que la situation semblait s'améliorer quelque peu, un tyrannoeil pulvérisa les défenses magique de la jeune drow, qui se vit alors submergé par les duergars. Andraste tenta bien de l'aider, mais un illithid parvint à dominer son esprit, l'attirant à lui dans le but de dévorer son cerveau, mort des plus répugnantes si il en est. Il dût son salut à un barbare, qui fonçant sur la créature occupé, mit fin à sa vie d'un violent coup de hache, vengeant ses compagnons qui avaient subit pareil sort.

Andraste chercha alors Ranath du regard, mais il n'eut que le temps de voir un duergar abattre sa lourde hache de guerre dans le dos de l'elfe, qui poussa un hurlement de douleur. Elle lui rendit la pareille, mais ne put rien face au démon invoqué par l'un des mages ennemis, qui la charma. La pauvre se retourna donc contre son propre camp, malheureusement toujours consciente de ce qu'elle faisait. La dernière chose dont il se souvenait, c'était la vision de Nadariel transpercé par la lance magique du démon, une expression de stupeur à jamais figé sur le visage, tandis que Ranath, entouré de duergars, tournait sa lame d'acier dans le cœur d'un de ses anciens serviteurs, un sourire cruel barrant son visage. Il ne savait pas ce qu'il était advenu d'eux. A vrai dire, il redoutait de le savoir. Gulhrys avait rappelé à lui les mages encore vivant, sonnant la retraite.

C'est pourquoi, le sort ayant été perturbé par les quantités de magie déployés, la trame tanguant dangereusement, qu'il se hâtait de rejoindre le Haut-Mage, afin de suivre le plan de secours qu'il avait prévu.

Croisant le chemin d'une esclave, il ne lui prêta, comme toujours, aucune attention. Jusqu'à ce que celle-ci l'appelle par son nom.

"Maître Andraste..." commença l'humaine d'un ton craintif. Ce dernier interrompit sa course, lui accordant à peine un regard mais prêt à écouter ce qu'elle avait à dire. Peut être était-ce important.

-Je vous en prie, poursuivit-elle, la voix un peu plus assurée. Prenez-le avec vous. Elle sortit alors de derrière elle un jeune enfant, qui devait avoir tout juste six ans. Enfin, c'était difficile à dire, vu la maigreur dont il faisait preuve.

- Comment? siffla le mage, prêt à répandre toute sa colère et son angoisse sur cette esclave impertinente. Comment osait-elle? Ne savait-elle donc point où était sa place? Il aurait pu la tuer pour moins que ça.

- Je sais bien que je vous demande l'impossible, mais...Il n'y a plus d'enfants drows ici. Notre maîtresse les a déjà emmené avec elle. Andraste se doutait qu'elle faisait allusion à l'une des filles de la matrone. Peut être était-ce Zeeyir. Il la savait assez rusée pour avoir survécut aux combats.

-Je n'ai pas le temps pour ça. Je dois partir.

- S'il vous plait, maître Andraste...La jeune esclave, son visage horriblement humide de larmes, insista une dernière fois, n'ayant de toute façon plus rien à perdre. Les rats quittaient en effet le navire, débarrassés du superflu. Les drows fuyant n'allaient pas s'encombrer d'esclaves, fut-ce des serviteurs particulièrement zélés. Elle savait bien qu'elle allait mourir ici, ou repartir pour une nouvelle vie de servitude. L'un ou l'autre, peut lui importait dorénavant. Le mâle, un peu ennuyé par la femme, plutôt jolie au demeurant, reporta son regard sur l'enfant auquel il n'avait pour l'instant pas réellement prêté attention.

Le petit, apeuré, recula instinctivement. Des traits fins, des yeux bleutés mais sa peau trop claire trahissait son métissage. L'elfe noir fronça les sourcils, dégouté. Ce n'était rien d'autre qu'un bâtard, pitoyable, qui n'aurait jamais dû naître.

Andraste méprisait cette forme de violence envers les esclaves qu'était le viol. Pratiquer un "acte charnel non consenti" était selon lui la marque des faibles, incapables de dominer leurs pulsions. Et puis, les esclaves enceintes n'étaient souvent plus bonnes à rien, la preuve. Son regard s'attarda sur les yeux de l'enfant, tellement purs, pleins de crainte...et d'admiration. Il aimait ce qu'il voyait dans ces yeux-là. Il s'attarda sur ce que tenait fermement l'enfant entre ses petits bras: une peluche en forme de chat, qui avait perdu un œil et aurait bien eu besoin d'un lavage.

Andraste regarda la femme, qui continuait de le supplier, prit une inspiration et saisit la peluche.

Seulement le gamin, la tenant fermement, parti avec. Le petit eut un hoquet de surprise, mais ne dit rien.

-Bien, je suppose que je n'ai pas le choix...conclut-il d'un ton ennuyé. Et il parti alors, portant l'enfant qu'il cacha sous sa cape, abandonnant là ce qu'il supposait être sa mère.

Il ne savait pas encore ce que ce simple geste allait lui apporter. Accélérant ses pas à l'aide d'un simple sort, il se précipita dans le bureau de Gulhrys, qui ne lui fit aucun reproche sur son retard, mais semblant plutôt soulagé de voir un mage de plus en vie. Ils n'étaient en effet que quelques uns dans la pièce. Des mages mais aussi quelques membres de la maison qui avaient survécut à la terrible bataille. Le haut-mage commença alors son incantation, qui allait les amener directement dans la demeure ancestrale de la maison Maéviir, situé à des lieux d'ici.

Ils pouvaient dire adieu à Menzoberranzan.