L'auteure demande l'indulgence des lecteurs c'est ma première fic sur la série Merlin, il va sans dire que je ne suis pas la créatrice de l'univers décrit dans cette histoire, ni de ses personnages. J'ai même poussé le plagiat jusqu'à subtiliser certains personnages inédits à d'autres séries ou fictions (peut-être certains d'entre vous les reconnaitrons )). Quand à la trame de fond de cette histoire, elle est largement inspirée du film Merlin avec Sam Neill et Miranda Richardson.
Voilà, j'espère parvenir à vous séduire. Lancez une petite review à la fin pour me donner vos impressions.
Le fruit de Mâab
Le soleil n'était pas encore levé, les ténèbres n'avaient pas désertés la forêt de Camelot. Il serait aux portes de la citadelle au matin. Tout était encore calme dans les sous-bois. Pas un oiseau, pas un lièvre, ni même une biche. Aujourd'hui, serait le couronnement de ses années d'errances. Du haut de son monticule, il pouvait apercevoir le haut des tours de la citadelle. Ce jour serait celui où l'ordre des choses allait basculer. Et il en serait l'artisan. S'il survivait à cette journée, s'il parvenait à accomplir cette mission, il pourrait leur dire : « J'y étais. Je l'ai vu. Je lui ai parlé. » D'apparence il était calme et résolu, mais son cœur battait la chamade. Le soleil ne tarderait pas à se lever à son couché, plus rien ne serait pareil.
De bon matin, Arthur fut réveillé par les rayons du soleil qui perçaient à travers les tentures de sa chambre. Depuis qu'il était le souverain incontesté de ce royaume, il avait appris à savourer les menus plaisirs de l'existence, comme de paresser au lit, dans les bras de sa jeune épouse. Malheureusement, ces moments étaient toujours de courtes durées, surtout que…
_ Debout les Morts !
Aaarrrgghh !
La lumière tueuse de grasse matinée avait envahi les appartements royaux, réduisant en cendre cet instant de plénitude si fragile qu'Arthur aurait voulu dérober à ses responsabilités de souverain.
_ Pour l'Amour du Ciel… MERLIN !
_ Oui, Sire ?
Le jeune roi se redressa péniblement sur sa couche, foudroyant son serviteur du regard. Celui-ci loin d'être impressionné, sifflotait joyeusement préparant les vêtements de son maître, qu'il jetait sans ménagement sur le lit royal.
_ Nous ne sommes plus en guerre. Je m'enhardirais même à dire que le pays n'a pas connu une telle ère de paix depuis des temps immémoriaux. Alors pourquoi diable d'obstines-tu à sonner le clairon à des heures aussi indécentes ?
_ Le soleil est levé depuis deux heures au moins…
_ Et alors ? Il n'y a même pas d'entrainement de prévu, ce matin. Par égard pour ta reine, tu pourrais au moins attendre qu'il soit l'heure du déjeuner.
_ Gwen est levée depuis une heure au moins, elle est descendue dans les réserves du château pour contrôler les provisions.
Arthur se tourna alors vers la masse qu'il avait étroitement étreinte au cours de sa grasse matinée et se rendit compte qu'il s'agissait de son édredon.
_ Elle n'a pas voulu vous réveiller et m'a demandé d'attendre que les domestiques aient finit de ranger la salle du Conseil.
_ Mais qu'est-ce que vous avez tous à vous lever aux aurores ? grommela Arthur en aplatissant son oreiller sur son visage.
_ Plaignez-vous, se moqua Merlin. Vous n'avez pas à aller chercher votre repas aux cuisines, à vous doucher avec de l'eau glacée et nettoyer vos vêtements dans le lit de la rivière…
Arthur renonça. Pour ce qui était de se plaindre et de râler – et uniquement sur ces points-là – Merlin le battait à plates coutures.
Après un bain rapide et une heure passée à choisir sa garde robe – car rien que pour embêté son serviteur, il avait décrété qu'il ne porterait pas les habits qu'il avait sélectionné – le Roi se rendit dans la salle du Conseil où devait se tenir la réunion bihebdomadaire entre lui et les plus vénérables notables de la citadelle. C'était des moments peu enthousiasmants où il devait écouter patiemment une bande de vieillards à moitié séniles discuter en long et en large de soucis protocolaires et juridiques de plus ou moins petites importances. Ce n'était pas vraiment d'une nécessité absolue mais bon, le pays avait été si secoué ces derniers temps, que discuter pendant trois de la hiérarchie des différents ordres cléricaux de la ville leur donnaient l'impression de contrôler un peu leur monde. Bien sûr Arthur avait conscience que c'était parfaitement inutiles et désuets – comme s'amusait à le lui rappeler Merlin par de petits sarcasmes comme « J'ai peur de m'être tromper dans l'alignement des couverts en dressant la table ce matin. Pourrez-vous en faire part à la réunion demain ? » - mais si cela pouvait rassurer les notables… Si cela n'avait tenu qu'à lui, on aurait supprimé ces réunions. Il s'efforçait déjà de les faire reculer à une période bimensuelle, ce qui n'était déjà pas une mince affaire.
Bien sûr, il obligeait Merlin à subir cette corvée avec lui.
Merlin était de toutes les réunions, officielles et officieuses, de toutes manières. Ce qui en soit n'avait rien d'extraordinaire. Aux yeux de tout le monde, il était normal que le serviteur personnel d'Arthur se tienne aux côtés de son maitre pour satisfaire ses besoins éventuels. Ceci dit, depuis quelques temps, la place de Merlin avait quelque peu évoluée : autrefois debout au fond de la salle ou près d'une colonne, il se tenait désormais juste derrière le fauteuil du Roi ou à côté. Il n'était pas rare qu'un tabouret lui soit même réservé désormais. Et de temps à autre, au plus fort des délibérations, on voyait Arthur se pencher du côté de son serviteur, qui lui murmurait quelques mots à l'oreille. Alors le jeune roi faisait une remarque ou posait une question qui tranchait dans le vif du sujet.
Guenièvre n'était pas en reste. Son statut de Reine lui permettait d'échapper aux sommets les plus assommants. Mais il n'était pas rare non plus qu'elle occupe le fauteuil aux côtés de son jeune époux et participe activement aux discussions. Son avis était souvent pertinent et ses conseils avisés.
Arthur goûtait depuis dix mois une paix et un bonheur inespérés. Après la mort de son père et les trahisons successives de Morgane et d'Agravain, il se sentait enfin entouré et soutenu par des personnes de confiance : ses chevaliers, Léon, Gauvain, Perceval et Elyan, son épouse Guenièvre et son ami fidèle, Merlin.
Depuis quelques temps, le jeune roi réfléchissait à un moyen de témoigner sa reconnaissance à son serviteur. Une petite promotion ne serait pas si incongrue par les temps actuels. D'un forgeron et d'un fermier, il avait fait des chevaliers de prestige. D'une simple servante, son épouse et sa reine. Qui trouverait à redire s'il changeait le statut de son serviteur, qui avait été de toutes les batailles et de toutes les quêtes au cours de ses six années passées à son service ? Bien sûr, d'aucun pourrait dire que Merlin n'avait fait que remplir ses devoirs envers son maitre. Mais combien de grands seigneurs pouvaient se vanter d'avoir à leur service un homme qui affrontait sorciers, spectres et dragons avec le même courage et la même détermination que cent soldats.
La question restait de savoir quelle promotion lui donner. Chevalier : ça ne faisait pas sérieux. Tout courage mis à part, Merlin partirait en hurlant si on lui proposait de porter une armure ou une cotte de maille en permanence et de participer aux tournois. Intendant : vue l'état de sa chambre, lui confier l'organisation du château semblait suicidaire. Reine : c'était déjà pris.
Il en débattait justement avec Gwen lors du repas de midi, revenant sur le déroulement de la réunion :
_ Te rends-tu compte ? Douze conseillers et pas un seul capable de me fournir une solution intelligente. C'est finalement Merlin qui a dû me la souffler à l'oreille.
Gwen ne fit aucun commentaire, mais un sourire discret étira ses lèvres.
_ Parfois, poursuivit Arthur, je me dis que ce sont les conseillers que je devrais envoyer nettoyer les écuries, et laisser Merlin prendre les décisions à leur place.
Et devant le sourire narquois de Gwen, il s'empressa d'ajouter :
_ Si tu lui répète ce que je viens de dire, je nierais tout en bloc. Et j'ajouterais que tu es frappée de folie.
_ Je m'en abstiendrais alors, assura la jeune reine. De toute façon, il doit déjà avoir conscience de la valeur que tu lui attaches. Même s'il tient sa langue.
_ Merlin ne sait pas tenir sa langue.
_ Tu te trompes. Il te ménage bien plus que tu ne peux l'imaginer.
Le repas était l'un des rares moments d'intimité que le Roi pouvait partager avec son épouse. Pris par leurs obligations respectives durant la journée, ils ne se retrouvaient qu'au soir dans leurs appartements. Depuis son mariage, Arthur avait découvert le plaisir de paresser au lit. Plaisir trop vite écourté par les levés matinaux intempestifs de sa jeune épouse. Il ne se privait pas pour lui en faire reproche.
« Mais Arthur, du temps où j'étais servante, je me levais à des heures bien plus matinales. Parfois même, le soleil n'était même pas encore levé que je vaquais déjà à mes tâches.
_ Maintenant que tu es reine, tu pourrais faire un effort pour…
_ C'est une habitude que j'ai prise. J'ai du mal à m'en défaire… »
Qui eut cru que sa plus grande difficulté d'homme marié serait de garder sa femme au lit ?...
Il y avait une autre raison que Gwen n'osait pas lui avouer : c'était la présence de Merlin dans la chambre à coucher. Non pas que celui-ci se montrait indiscret ou profitait de son amitié avec Gwen pour se montrer irrespectueux ou inconvenant, mais enfin, voir tourner autour du lit conjugal celui qu'elle considérait comme son ami et pour qui elle avait un temps nourri des sentiments de tendresse plus qu'amicale, cela avait quelque chose de terriblement gênant pour la jeune femme. D'un côté, elle se sentait mal à l'aise, de l'autre, elle ne pouvait incriminer Merlin, qui ne faisait que son travail, ni même Arthur, qui était très attaché à son serviteur et n'aurait pas compris qu'elle veuille qu'il en change.
C'était pour ses mêmes raisons qu'elle avait insisté pour que le service soit réduit au minimum durant les repas : tous les plats étaient disposés sur la table, les souverains replissant leurs verres et leurs assiettes eux-mêmes. Si Merlin avait dû rester dans la salle pour remplir la coupe d'Arthur, assistant par la même à leurs conversations et leurs conciliabules, Gwen aurait eu l'impression d'être sous la surveillance d'un chaperon. Ce qui pour un couple marié, royal de surcroit, était tout de même un comble.
Sur ces entrefaites, Sire Léon fit irruption dans la salle à manger, l'air préoccupé.
_ Chevalier Léon, lança Arthur intrigué, que nous vaut cette interruption ?
_ Majesté, un homme est aux portes du château. Il demande audience.
_ A-t-il dit son nom ?
_ Il a refusé de le donné.
_ Sait-on ce qu'il demande ?
_ Il dit ne vouloir le révéler qu'en votre présence.
_ Sait-on au moins d'où il vient ?
_ Des Plaines du Nord.
Le regard du Roi s'assombrit.
_ Les Plaines du Nord… Cela fait des années que nous avons perdu tout contact avec cette région. On la dit sous la coupe des hydres et des adorateurs du feu. Que peut avoir de si important à déclarer cet homme pour avoir entrepris un voyage si périlleux ?...
_ Il serait peut-être sage de convoquer la Table Ronde, proposa Guenièvre. Quelle impression vous a fait cet homme ? demanda-t-elle à Sire Léon.
_ Sincèrement, ma Reine, je serais plus rassuré si sa Majesté ne restait pas seul en la présence de cet inconnu. Je ne voudrais pas lancer d'accusation sans preuve, mais… Il a tout l'air d'un druide…
_ Un druide !… Il oserait venir jusqu'ici demander à me rencontrer. Si votre intuition est la bonne, ce ne peut-être qu'un fou ou un imbécile.
_ Un homme qui prend autant de risques doit avoir de sérieuses motivations, analysa Gwen. Par souci de justice nous devrions écouter ce qu'il a à nous dire. Oui, Sire Léon, coupa-t-elle ce dernier qui venait à peine d'ouvrir la bouche, veillez à ce que les chevaliers soient présents dans la salle du Trône, et doublez la garde. S'il tente quoique ce soit contre Arthur, soignez sans pitié.
Le ton féroce de son épouse fit presque frémir ce dernier. Grand mal arriverait à celui qui toucherait à un cheveu d'Arthur il aurait moins à redouter de son armée que de son épouse.
