LIVRE II : PRESENT, PASSE, DES LIENS INDEFECTIBLES.

1- Nério était inquiet Richard devenait de plus en plus difficile à maîtriser ses mariages successifs l'avaient conduit au bord de la banqueroute puisque chaque ex femme le dépouillait un peu plus. Sullivan avait répugné à le faire mais Nério ne lui avait pas laissé le choix, profitant d'un moment où ce dernier était complètement saoul pour lui faire signer un document stipulant qu'il ne pouvait céder ses parts dans la compagnie a une tierce personne sans l'aval du conseil.

Le temps donna raison à Nério, assailli de toute part Richard se mit dans l'idée de rembourser ses créanciers en leur cédant des parts dans le groupe. Il tomba de haut lorsqu'il vit les dispositions prises afin d'assurer la sécurité du groupe. Pourtant Nério n'était pas en reste, il ne vivait pas comme un moine loin s'en faut mais dans la vie il n'avait qu'une seule maîtresse le groupe W, les femmes traversaient sa vie ainsi que les voitures pourtant aucune ne durait elles allaient et venaient au grés de ses humeurs, ce fut au cours de l'une de ses ennuyeuses soirées que Nério croisa pour la première fois celle qui allait devenir son épouse Danitza.

Il faisait nuit noir pourtant les jardins du manoir étaient brillamment éclairés par des centaines de torches dispersées un peu partout sur l'immense étendue de verdure. Pourtant Nério ne voyait rien n'entendait rien, tout son esprit se focalisait sur une seule chose comment contrer la nouvelle OPA lancée contre son groupe. Car le Groupe W il le considérait comme sien, depuis quelques années maintenant Richard avait cessé de se préoccuper du groupe pour courir après des plaisirs de plus en plus chimiques. Il avait tout essayé avec son ami mais ce dernier s'était révélé faible finalement, les drogues avaient eu raison de lui mais surtout il avait cessé de viser plus haut alors que Nério visait toujours plus haut et le conseil semblait le suivre dans cette voie. Cette nuit là Nério n'avait qu'une seule choses en tête trouver le moyen de protéger son groupe tout à ses réflexions Winch ne s'était pas rendu compte qu'il avait repris ses déambulations dans le jardin jusqu'à ce qu'il se heurta à quelque chose ou plutôt à quelqu'un.

- « Excusez moi mais je ne vous avais pas vue. »

- « merci c'est gentil pour moi. »

La voix qui avait prononcé cette phrase était indéniablement féminine et sa propriétaire définitivement séduisante.

- « pardonnez moi ce n'est pas ce que je voulais dire. Ce soir ma tête n'est pas à faire la fête mais à présent je regrette de ne pas avoir pris part à la réception. »

En disant cela Nério arborait une mine faussement contrite que démentait la lueur dans son regard.

- « je vous crois, alors pour vous faire pardonner offrez moi un verre. »

En parfait homme du monde Nério offrit son bras à sa jeune compagne et l'escorta jusqu'au bar dressé plus loin dans une autre allée.

- « permettez moi de me présenter, Nério Winch. »

- « Danitza mais tout le monde m'appelle Danielle. »

- « je préfère Danitza ; pour moi vous serez Danitza… alors que faites vous ici ? »

- « je représente ma compagnie, un groupement de compagnie….

- « vous êtes spécialisés dans un domaine d'activité quelconque ? »

- « nous sommes assez diversifiés, je dirai même que nous sommes omniprésent…. Politique, économie, finance, pensée….. Partout. »

- « voilà qui est intéressant, mais passons ; ce soir je laisse le boulot derrière moi et je compte profiter de votre compagnie. »

- « vous êtes fidèle à votre réputation Monsieur Winch. »

- « et quelle est cette réputation….

- « celle d'un homme à femmes. »

- « pas tout à fait, je suis l'homme d'une seule femme tant que je suis avec elle. »

Ce fut le début de son idylle avec celle qui deviendrait quelques mois plus tard Madame Winch.

Nério ne s'était jamais considéré comme un grand romantique mais pour Danitza il le devint, cadeaux, promenades en calèche dans central parc à la nuit tombante il fit tout cela et bien plus. Mais derrière cette façade joyeuse se cachait une autre réalité moins reluisante, le groupe W traversait sa crise la plus grave, Richard qui par le passé était aussi retors que son ami Nério n'était plus que l'ombre de lui-même, se faisant dicter ses décisions par ses compagnes ou par ses créanciers et malgré toutes les précautions cela finit par se savoir et inquiets, les investisseurs commencèrent à retirer leur capitaux, à la bourse les actions du groupe accusaient une baisse. Ce fut dans cette tourmente que Nério fit sa demande.

Elle dit oui, pour elle mais aussi pour la commission qui lui avait ordonné d'accepter, pour une fois ce qu'elle voulait la commission aussi le voulait.

L'annonce d'une possible liaison entre Nério Winch et Danielle Roxton calma quelque peu les marchés et les investisseurs ne réclamaient plus leur capitaux mais Winch et Sullivan ne se faisaient pas d'illusion l'accalmie ne durerait pas longtemps, ils devaient trouver un moyen de sauver le groupe. Cette question les mobilisa de longues heures les empêchant de trouver le repos.

L'une des premières raisons qui firent que Nério et John s'entendissent si bien fut leur aptitude à totalement s'oublier dans le travail, ainsi dés que Sullivan fit ses preuves et il devint l'incontournable bras droit de Nério Winch, et lentement il gravit les échelons du groupe W.

Sullivan s'était marié une première fois alors qu'il était âgé de trente ans, sa compagne n'avait quant à elle que vingt ans, tous les deux s'aimaient mais l'amour n'était pas la seule chose nécessaire pour construire un couple alors au bout de deux ans ils choisirent de mettre fin leur union. Sa compagne repartit pour l'Europe où elle refit sa vie il ne la revit que bien des années plus tard, peu de temps après leur séparation John intégra le groupe W après avoir fait partie pendant deux ans du groupe Helm's and Co.

Le mariage fut discret Nério tenait à profiter de ce jour et ce jour-là il entendit parler de la commission pour la première fois.

La réception battait son plein, profitant de cette ambiance de fête Lord Alexander Roxton s'approcha de Nério pour lui parler.

- « Nério, je vous ai donné mon bien le plus précieux : Ma fille prenez soin d'elle. Il me répugnerait de vous tuer pour l'avoir fait pleurer.»

- « j'aime Danitza et je pèse mes mots en le disant alors soyez sûr que jamais je ne la ferai pleurer. »

- « je l'espère. Dites moi, comment se présente la situation chez vous avec les troubles qui secouent le moyen orient? »

- « pas trop mal, quelle que soient les mesures prises par les Saoudiens nous ne courons pas de risques immédiats dés les premières rumeurs j'ai commencé à stocker suffisamment de pétrole pour voir venir. »

- « vous êtes prévoyant. »

En disant cela Alexander semblaient grandement impressionné, la rumeur dont parlait Nério n'avait aucune consistance réelle puisque jusqu'à l'heure actuelle leur agent ne leur avait pas encore donné de réponse pourtant Nério commençait déjà à avancer ces pions. Voilà une recrue de choix pour leur organisation.

- « je me suis marié et je compte avoir des enfants, et pour ces enfants que j'aurai je tiens à leur léguer un empire qui traversera les siècles.»

Le père de Danitza ne s'y trompa pas, il le ferait, car jusqu'à présent il n'avait reculé devant rien pour agrandir son empire, et toute nouvelle opportunité qui s'est présentée à lui il avait su la saisir. Cet homme irait loin, mais surtout cet homme qui se tenait devant lui savait se taire donc tout ce qui pourrait se dire entre eux deux ne sortirait pas de ce lieu.

Ce soir là au banquet de son mariage Nério Winch apprit l'existence de la Commission Adriatique et accepta d'y adhérer. Deux jours plus tard à Trieste en Italie Nério Winch signa de son sang le fameux livre intégrant ainsi la commission et poursuivit son ascension.

Pour la première fois depuis des années Nério passa quinze jours en compagnie d'une femme sans jamais appeler le groupe une seule fois.

Il était amoureux fou et heureux Danitza était tout ce qu'il avait rêvé trouver chez une femme, douce féminine mais une battante aussi, ne craignant pas de le remettre à sa place. Elle était son égale.

Le couple baignait dans le bonheur, l'un comme l'autre avait les même objectifs : Acquérir toujours plus de puissance bâtir un empire qui défierait le temps.

Alexander se méfiait tout de même Winch était trop arrogant trop indépendant pour plier à tous les ordres, durant cette première année au sein de l'organisation et selon les dires de sa fille.

Jusqu'à présent il ne leur avait donné aucune raison de douter d'eux pourtant, afin d'éviter toute surprise Alexander s'employait à pousser Richard à vendre ses parts dans le groupe, malheureusement Nério les avait pris de vitesse puisque profitant d'un instant de faiblesse de son partenaire il lui avait fait signer ce document qui stipulait que pour valider une cession de part le conseil devait donner son aval.

Le jeu entre Nério et la commission continua longtemps, il travaillait pour eux les laissait utiliser certaines structures de son groupe et profitait de leur aide pour développer les projets qui avaient jusqu'alors souffert d'un manque financier ou de savoir faire. Une symbiose parfaite entre les deux entités.

Après son mariage avec Nério Danielle avait été mutée sur le continent Nord Américain afin de poursuivre son travail de recrutement pour la guilde.

Joy n'avait pas attendu la confirmation de la mise à mort de tous les agents de la commission pour partir. En effet dés que les chauffeurs envoyés par Reinhardt arrivèrent elle partit, ne laissant aucune chance à Charles de poser des questions et d'obtenir des réponses.

Bien qu'assailli de questions Charles repoussa celles-ci pour aller voir ses hommes qui passaient le château au peigne fin afin de débusquer d'hypothétiques assaillants ayant échappé à la mise à mort en règle ordonnée par Joy.

En traversant le hall, un mouvement à la limite du champ de vision d'Arden père attira son attention, l'un des mercenaires tentait de rassembler ses dernières forces pour se lever et prendre la fuite. Changeant de direction Charles partit en sa direction et l'immobilisa.

- « que voulez vous à ma fille ? »

L'homme ne répondit rien et observa un silence buté.

- « parlez. Que voulez vous à Joy ? Quels sont ses liens avec le groupe W ? »

- « posez lui la question…

L'homme parlait lentement et difficilement, son souffle s'était fait rapide et court comme après une longue course et avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit d'autre l'homme fut pris de convulsions, comprenant ce que l'homme avait fait Charles tenta de l'en empêcher malheureusement trop tard.

Il avait tout de même réussi l'exploit de pousser Charles à se poser des questions. Après avoir quitté la CIA, Joy avait disparu pendant deux longs mois en Europe ne donnant aucun signe de vie, personne n'avait pu leur dire où elle se trouvait. Elle n'avait pas eu recours à ses cartes de crédits ou à l'une de ses couvertures de la CIA.

En réalité, il ne s'était pas inquiété de son absence, il avait parfaitement formé Joy. Elle avait commencé à travailler pour le groupe W et Nério, depuis son départ ils ne s'étaient plus parlés, puis Largo était apparu et Joy dut quitter le groupe du moins en apparence, alors elle était venue le voir avec cette proposition.

Edouard peinait à développer Arès alors il lui confia les rênes de l'agence de sécurité et elle réussit à en faire l'une des meilleures aux USA.

Durant cette année où elle fut au service du groupe W, il n'eut aucun contact avec elle, ce fut par Délia qu'il apprit que Joy était enceinte en quittant la CIA.

Elle n'y avait jamais fait allusion à aucun moment, puis lors de son renvoi elle a disparu de la circulation mais il n'en avait rien su jusqu'à l'apparition de ce Russe de malheur amenant avec lui une Joy dans un état des plus inquiétants, côtes cassées, brûlures et mêmes des marques de fouets. Elle n'était pas restée longtemps. Au retour d'une mission quelques jours après son arrivée fracassante, Charles retrouva une maison vide et parfaitement nettoyée, pas d'empreintes, rien.

Mais le plus choquant était sans aucun doute l'enfant que le Russe avait amené avec lui. Natalia, il la voyait pour la première fois, c'était il y a deux ans, Nério était mort et Largo avait pris sa place depuis six mois environ.

Bien qu'elle soit meilleure que son jumeau et qu'elle ait réussi à endurer tous les entraînements qu'il avait imaginé pour faire d'eux des soldats parfait, le fantôme avait toujours considéré Joy comme étant quelqu'un de faible, quelqu'un qui se laissait guider par ses sentiments. Elle lui en avait donné une nouvelle preuve ce soir, pourtant il y avait quelque chose de changé en elle depuis son retour et sa réintégration dans l'agence.

Une froideur dans le regard, et une lueur qui en avait disparu. Il n'avait jamais réussi à éteindre cette lueur d'humanité pourtant quelqu'un d'autre y était parvenu.

Rares étaient les personnes capables de réanimer cette lueur dans son regard. Avec le départ de Joy, il allait devoir reprendre la direction des équipes de son agence en attendant de trouver un nouveau directeur.

Stevens serait un bon choix mais sa liaison avec Renata risquait de poser problème une fois la lune de miel finie, mais pour l'heure il n'avait pas trop le choix. Mais surtout quelle était cette commission dont parlait Joy et que semblait connaître Joy mais aussi Winch et ses hommes.

Charles avait accompagné l'équipe des nettoyeurs afin de procéder à l'identification des tueurs.

Quelques heures plus tard l'identification était terminée et la surprise était à son comble auprès des agents toujours présents. Les fichiers ayant identifié parmi les assaillants, des hommes sensés être ennemis de par leur nationalité, leur religion et leurs convictions.

Il y avait là sur les tables d'examens une brochette de gens que certains qualifiaient de terroristes et d'autre de patriotes, IRA, ETA, Hamas mais aussi un agent de la CIA prétendu mort en Afghanistan en compagnie d'un agent des services secrets Israéliens.

- « nom de dieu qu'est ce que cela veut dire ? »

L'homme qui avait lâché cette phrase parcourait des yeux une énième fois les tables d'examens. Lui et les autres se tournaient un à un vers leur chef pour obtenir une explication à ce non sens.

Malheureusement lui non plus n'avait pas de réponse à cette question, et la seule personne qui pouvait lui répondre se trouvait quelque part à Paris si ce n'était de l'autre coté de l'Atlantique.

Le manoir retrouva son calme après le départ des derniers véhicules de la CIA, Edouard quitta le lit sur lequel il était allongé et composa un numéro de téléphone.

- « Monsieur Mauriac, ici Edouard Arden, je vous appelais pour vous dire que les assaillants sont tous morts et que la CIA a emporté les corps. »

- « bien, j'en informe Lord A, bienvenu parmi nous Edouard. Mais n'oubliez pas il n'y a plus de retour en arrière possible… faites vos preuves et le monde sera à vos pieds mais échouez et vous mourrez. »

- « n'ayez crainte Monsieur Mauriac, je réussirai et irai loin. J'ai une revanche à prendre.»

- « quel qu'en soit le prix ? »

- « quel qu'en sera le prix, je le paierai. »

Sur ces mots les deux hommes raccrochèrent, Paul Mauriac sombra dans ses réflexions l'espace d'un bref instant avant de composer un numéro sur son portable.

- « allo….Bonsoir Lord A….Ici Mauriac, Edouard Arden a appelé, Ein a échoué, ils sont tous morts….la CIA a emporté les corps…. Bien Lord A.»

Alester ne perdit pas de temps, dés qu'il eut raccroché il décrocha son téléphone a nouveau et composa un numéro à Paris.

- « Franck Malone, a l'appareil…

La voix au bout du fil était ensommeillée, mais son propriétaire retrouva toute sa lucidité lorsqu'il reconnut son interlocuteur.

- « bonsoir Lord A …. Oui. Immédiatement. »

La voix de son patron l'avait dégrisé, rapidement Franck quitta les bras de sa maîtresse dont le sommeil fut légèrement troublé par les mouvements du lit. Silencieusement il quitta la chambre pour se rendre dans son dressing, il en retira un costume sombre à la coupe irréprochable et s'habilla avant de s'approcher du coffre et de l'ouvrir. Il en sortit une charge de plusieurs kilos de C4 ainsi qu'un détonateur qu'il régla pour 05h00. Puis il quitta l'appartement.

En quittant le labo Charles donna le signal du départ, bientôt il ne resta que les gardes. Quelques minutes après le départ de Charles, Franck arriva devant les grilles.

- « Salut Franck, qu'est ce que tu fais ici ? »

- « salut Pete. Ce que je fais là, j'arrivais pas à dormir alors je suis venu travailler. »

- « allez entre.»

La barrière se souleva doucement pour laisser passer la voiture de Franck, l'ordinateur de Pete enregistra une entrée à 4h 45mn pendant que de l'autre côté une seconde barrière se souleva pour laisser Charles Arden quitter le bâtiment.