Quatre

Je me réveil en sueur. Le cauchemar est revenu. Ouvrant à demi les yeux je sens le regard inquiet de Trowa sur moi.

-Ca va ?

Je hoche la tête, incapable de parler pour le moment. Le Français me regarde, impassible puis se recouche dans son propre lit. Ai-je rêvé cette lueur inquiète dans son regard ? Non et mon uuchu ne m'aurait pas mentit. J'essaye de me rendormir mais n'y arrive pas. Il fait froid dans cette planque. Je me pose des questions. Est-ce que les autres vont bien ? Je vois bien Duo entrain d'embêter Heero, de faire enrager Wufei… Mais nous avons été séparés si brutalement. Est-ce pour cela que je les vois mourir en cauchemar depuis deux nuits ? J'espère que c'est juste le reflet de mes émotions et pas mon don d'empathie. Le sommeil ne vient pas.

Je me lève comme un somnambule et rejoins la petite cuisine du studio où Trowa et moi avons emménagé de force. Dehors, Oz maintient le couvre feu. J'entends les troupes se déplacer et vérifies que les fenêtres sont bien colmatées. Je revois Heero ordonnant le replie, la fuite, les tirs, le cri perçant de Duo, la douleur, le bras de Trowa autour de mes épaules… La séparation…Non ! Mieux vaut ne pas y penser. J'ouvre le frigo…Il reste un peu des pâtes que j'ai faites hier. Rien que leur spectacle me donne envie de vomir. Duo m'a dit que lorsqu'on s'éveille la nuit, il faut manger…Oui, mais Duo est un ventre à pattes. Je souris, attendrit. Mon ami me manque tout à coup. Refermant le frigo, je m'assois sur une chaise et croise les bras sur la table avant d'y poser ma tête. La mission avait l'air si simple. Je sens mes yeux se fermer et le sommeil…

Trowa

J'entends Quatre se lever. Il a encore eut un cauchemar. Mon instinct me dit que je devrais tenter quelque chose pour me sortir de là. Mais le pilote du 04 n'est pas encore en état et je ne peux pas le laisser seul ici. Pourquoi ? Je ne comprends pas ce besoin de rester avec lui pourtant… voilà longtemps qu'il a découché. Je me lève et rejoins la cuisine, dans la pénombre je distingue le pilote. Il repose affalé sur la table. Je le secoue délicatement. Ca ne le réveille pas. Me souvenant du mal avec lequel il s'endore je décide de le porter jusqu'à la chambre. Si la tache n'est pas aisée, j'y réussis quand même avec difficulté m'étonnant de la légèreté de son corps et de la façon dont inconsciemment il se love contre moi. Une fois couché je le borde et passe distraitement une main dans ces cheveux pâles. Il a l'air si fragile. Je me recouche en soupirant un peu.

-Trowa…

Je stoppe mon geste et me tourne vers lui. Il dort. Je ne savais pas qu'il parlait pendant son sommeil. Il est si calme, comme un ange. Je me rendore en espérant que demain la situation s'arrangera.

Duo

L'odeur des égouts me monte à la gorge. J'en ai assez de respirer de cette pourriture. Et en plus, ça va m'infecter le bras. Breee, on se les pèle ici. Shit ! Je me force à bouger pour lever le bras jusqu'à l'échelle et grogne de douleur. Un contact suspect me fait me retourner immédiatement et pointer mon arme sur…un rat ! Si Yuy me voyait ! Moi le légendaire Shinigami menacé par un rat ! Pourquoi Yuy d'ailleurs ! Je lui ai rien demandé à ce type. Mais il me fascine. Baka ! Tout ce qu'il sait dire c'est omae o korosu. Je me lève en tremblant. Bon sang ! Pourquoi ça a raté ?

Heero

-Maxwell ! Réponds !

Kso ! Kso ! Kso ! Où peut bien être ce baka ? Je suis sur qu'il est entré dans les égouts. Pourquoi n'est-il pas là ? Duo est très lourd, mais je ne peux pas réussir cette mission sans lui et ça m'énerve fortement. Prudemment, je suis le couloir. La faible lueur de ma lampe de poche camouflée pour éviter de me faire repérer. D'un coup un objet attire mon regard, pour la première fois je bénis le pilote de deathscycle d'avoir une natte. Ca, c'est son élastique. Donc, blessé comme il l'était, il ne doit pas être loin.

Wufei

Par nataku ! Ou suis-je tombé ? Ma tête bourdonne comme si un essaim d'abeilles s'y était niché. Je regarde autour de moi…Porte métallique, quatre murs, fenêtres pourvues de barreaux. Une prison. Chang Wufei vous êtes dans de sales draps. Ca y est voilà que je réagis comme Maxwell ! Il ne manquait plus que ça ! Je teste la solidité des barreaux. Je ne vois pas l'extérieur. Rien à faire, c'est solide. Puisque je suis coincé…autant mettre ça à profit, je m'assois contre le mur et médite.

Général

Quatre se leva et se dit qu'il aurait du trouver bizzard d'être dans son lit en se demandant en même temps pourquoi. Il enleva son pyjama et s'habilla. Sa blessure au flanc droit se rappela à son bon souvenir. Grimaçant, il gémit un peu.

-Quatre ?

Le pilote se retourna en rougissant. Trowa l'observait depuis la porte. Et depuis combien de temps ? Sans paraître remarquer son trouble le Français sortit après avoir murmuré d'une voix neutre :

-Le café est prêt.

Soupirant, Quatre le suivit. Quand il atteignit la cuisine, Trowa était assis une tasse vide devant lui et un journal déplié sur ses genoux. Quatre se servit une tasse et s'assit en face de lui. Puis il demanda d'un coup :

-Trowa, où t'es-tu procuré ce journal ?

Sans répondre, le jeune homme désigna l'extérieur.

-Tu es sorti ?!

-...

Quatre se tut pendant un instant. Puis reprit :

-C'était risqué, Trowa ! Oz est toujours ici et…

-Ton café va être froid. Coupa celui-ci.

Quatre baissa la tête blessée par le ton cassant. Il se sentait triste de la réaction de son ami, il voulait juste bien faire. La voix de Trowa le ramena à la réalité :

-Tu t'inquiètes ?

Quatre le regarda ébahit, son uchuu lui 'disant' que Trowa s'en voulait, il se troubla un peu :

-Je…Oui d'une certaine façon…Enfin…

-Ne t'en fait pas. Je sais me débrouiller.

Le pilote de Sandrock hocha la tête. Puis reporta son attention sur sa tasse, à la fois surprit et heureux d'avoir put parler un peu avec son ami. Lui si peu causant. D'un coup la tête lui tourna. Sa tasse de café se dédoubla, puis se brouilla, tomba de sa main sans force et alla se briser sur le parquet. Quatre se leva désorienté.

-Quatre !

Le sol se déroba sous lui et il se sentit tomber, il murmura doucement.

-Trowa…

Deux bras le retinrent et il se sentit soulevé. Puis emmené dans sa chambre et couché sur son lit. Une main fraîche se posa sur son front. Il avait alternativement chaud et froid. Et puis mal. Très mal. La main se retira.

-Tro…wa…

L'autre était parti. Quatre sombra dans une inconscience salvatrice.

Trowa

Quatre ! Mon dieu, que t'arrive-t-il ? Tu allais si bien ce matin et maintenant tu es brûlant de fièvre. Je me sens déboussolé, la pharmacie ne contient rien contre la fièvre de toute façon je ne sais pas s'il faut la faire tomber. Sa blessure était en voie de guérison ! Alors pourquoi ? Je refuse de me faire emporter par la panique. Un gémissement sonore me tire de mes réflexions. Il faut au moins que je le soulage un peu. Je prends un gant, le passe sous l'eau et retourne au chevet de mon ami. Il a rejeté sa couverture, tremble convulsivement et transpire abondamment. Aussi doucement que possible, je passe le gant sur son visage, essuyant la sueur et tentant de le rafraîchir. Il gémit puis murmure

-Trowa…Mal…Je t'en pris…

Sa voix n'est plus guère qu'un souffle. Que dois-je faire pour le soulager ? Sa petite main aggippe la mienne et la serre de toutes ses forces, il semble reprendre un peu conscience.

-Tro…

Il hurle. Et de sa main libre arrache sa chemise au niveau de la blessure. Celle- ci est devenue bleue. Et purulente. Aie. Je prends ses poignets fermement et les place au-dessus de sa tête.

-Quatre. Calme toi.

-J'ai mal !

-.…

Ses yeux enfiévrés et terrifiés se plantent dans les miens. J'aimerai lui dire que ça va. Que je vais le soulager. Mais les mots sont coincés dans ma gorge. Un sentiment d'impuissance s'empare de moi. Que faire ?

-Cal…Calm…ant…Trowa…Anti… douleur…

Des calmants ! Il ne faut pas qu'il touche à sa blessure. Je prends une écharpe qui a la bonne idée de traîner par-là et l'attache au haut du lit. Puis retourne à la salle de bain. Là je fouille méthodiquement la pharmacie et en sors un paquet de cachet marqué Morphine. Je lis calmement le mode d'emplois. Un cachet. Bon. Je le dissous dans un verre d'eau tout en réfléchissant que ça ne va pas être facile de le lui faire avaler. Mon petit ange blond étant en pleine crise…Mais qu'est ce qu'y me prend ?!

Quatre

Je vois flou, je ne sais même plus ce que je fais. Je crois que je me débats contre mes liens…Quels liens…J'ai l'impression que mon corps n'est plus que douleur…Et Trowa m'a laissé…Trowa…Si tu savais…Haaa…Un élan dans mon flanc ou est-ce mon bras qui vient de produire ce craquement…Je ne sais plus…J'ai si mal…Trowa ! Je veux mourir…Ai-je hurlé cette phrase ou l'ai-je seulement pensée ? Un souffle…

- Avales.

De l'eau au bords de mes lèvres, sa main qui me tient le menton levé…J'essaye de boire…Je recrache…Un souffle…Des lèvres sur les miennes qui me force à avaler le liquide…Je me débats…Eprouve une sensation de flottement…Et le vide, plus de douleur…Puis l'inconscience s'emparer de moi…

Trowa

Je ne sais pas ce qui m'a pris. J'aime à penser que c'est juste mon instinct. Pour le forcer à se soigner. Mais je sens confusément qu'il y a autre chose…Pourquoi ? Je n'en sais rien et pour la première fois je n'ai pas envie de comprendre. Je le détache et vais chercher de quoi nettoyer la plaie. Je m'y applique comme un automate. La seule chose que je vois c'est son visage, ses lèvres que sous le coup d'une impulsion soudaine j'ai embrassé. Ses lèvres dont le magnifique sourire est absent, ce sourire qui me manque maintenant, je ressens un grand vide, son visage est détendu mais il se crispe parfois. Qu'est ce qu'il a ? Mes connaissances ne suffisent pas pour le dire. Il me faudrait Sally. Non rectification. Il me FAUT Sally.

Général

Heero s'avança et sentit un mouvement inhabituel derrière lui ; se rétractant il effectua une rotation éclaire et se jeta sur son agresseur. Ils roulèrent dans l'eau sale et Heero se retrouvant en position de force se trouva le visage à quelques centimètres de celui d'un Duo rieur.

-Omae o korosu ! Siffla-t-il.

-Que dalle ! Répondit joyeusement Duo, avant de se 'rappeler' qu'il était blessé et que sa petite roulade venait de rouvrir la plaie.

-Dis Hee-chan, tu peux me laisser me relever ?

-Hn !

Le soldat parfait se releva néanmoins. Duo le suivit dans le mouvement et trébucha, tombant dans ses bras. Le 'baka' de Heero mourut sur ses lèvres en entendant un bruit suspect venant du haut de la bouche d'égout. Au lieu de lâcher le Shinigami, il se jeta contre le mur dans un coin sombre en plaquant Duo contre le mur, faisant rempart de son corps. Le pilote de Deathscycle surprit ne bougea pas. Le passage s'ouvrit et deux soldats se laissèrent tomber à l'intérieur.

-T'es sur que tu l'as vu descendre…

-Pas ici mais il est partit de ce coté.

-Ce sale petit-fils de chien ! Il nous a encore filé entre les doigts !

Duo

Je refoule mon envie de demander à notre glaçon national qui sont ces types…Il porte pas l'uniforme de Oz. Je comprends pas le geste de Heero, pourquoi me protège-t-il ? Son souffle sur mon visage et ses bras de chaque cotés de ma tête, je distingue ses yeux froids. Ils vont de mon visage aux deux hommes sans arrêt avec une lenteur calculée. Je pige son ordre silencieux. Le dieu de la mort va être de sortie. Il s'écarte tout doucement et me laisse le champ libre. Je sors un de mes couteaux et bondit. Tout en me demandant pourquoi Heero ne s'en charge pas lui-même.

Heero

Un geste, un regard et il a comprit. C'est étonnant cette faculté qu'il a de presque lire dans ma tête. Je le regarde faire. Le temps de quelques battements de cœur et c'est terminé. Je ne peux m'empêcher d'admirer la grâce avec laquelle il tut. Même blessé. Il n'a pas usurpé son surnom. Je le sais mieux que personne. Duo Maxwell peut être stupide, enquiquineur, bavard à toutes les sauces mais il faut lui reconnaître ça. Il s'avance vers moi.

-Pourquoi tu l'as pas fait ?

Je range mon arme.

-Plus de munitions. Grognai-je laconique.

Duo pestait à présent. De nouveau Duo Maxwell et non plus le Shinigami que j'admirais. Que j'admire.

-Tais-toi !

Duo me regarde insolemment :

-Pourquoi Hee-chan, pis d'abords qui c'est ces types ?

-Division secrète de Oz.

-Comment tu le sais ?

-Hn.

Je me détourne et m'apprête à partir.

Duo

Il se détourne mais je lui saisis le bras, il cherche à se libérer mais je lâcherai pas prise tant que j'aurai pas ma réponse.

-Je viens de tuer deux types. Et je ne les connaissais même pas ! Je veux que tu me dises.

-Lâche moi !

Il a ce ton à vous geler un démon de feu. Mais j'y suis habitué.

-Non Heero.

Heero

-Non Heero.

Mais qu'est ce qu'y lui prend ! D'abords il ne m'a plus appelé Heero depuis une éternité et en plus la lueur dans ses yeux…On dirait qu'il est sérieux…Duo…Shinigami…Je ne sais plus…Je me mets à parler presque malgré moi.

-Ce sont des hommes de Oz qui s'occupent de veiller et d'organiser les recherches de pointe en armement qui ne concerne pas les armures mobiles. J'ai eu à faire à eux une fois lors d'une mission…Il y a longtemps.

Je n'ai jamais parlé autant à Duo. Il est surprit. Je le vois dans ses yeux…Ces améthystes…Je me dégage…Il ne me retient pas.

-Dépêche-toi.

Duo

Heero Yuy vient d'aligner plus de trois mots dans une même phrase. D'accords, il a peut être fait ça juste pour que je lui foute la paix. Mais c'est cool quand même. Je le suis dans les égouts ignorant la douleur qui me prive de mon bras. Je babille et je vois bien que ça t'énerve Hee-chan. Ouais mais tu dis rien comme toujours ou presque…Je préférerai presque que tu me geules dessus que cette imperméabilité de glaçon. BONK. Mais qu'est ce qu'y lui a prit de s'arrêter si brusquement …J'lui suis rentré dedans. D'un geste de la main il me fait comprendre qu'on est pas seul. Shit ! Encore du boulot pour Shinigami ! Non même pas, à la lueur de la lampe torche de mon ami je distingue un corps étendu dans l'eau sale. Je vois des cheveux sombres, une peau pâle et des fringues rouges déchirées. Et du sang.

-Merde y a un tueur psychopathe dans ces égouts.

-Tais-toi.

Heero

Je m'agenouille près du corps et regarde plus attentivement le visage d'adolescent qui est couvert de coupures comme si quelqu'un c'était acharné avec les ongles. Duo d'approche sa main s'égard sur mon épaule. Agréable…Mais à quoi je pense !

-Il est vivant ?

Je me dégage et hoche la tête. Puis je me lève et continue mon chemin, la voix du Duo m'interrompt :

-On va pas le laisser là ?

Que veut-il qu'on face d'autre ?

-Hn.

-Hee-chan !

-Achève-le.

-Heero !

Je me retourne pour lui dire ma façon de penser quand je le vois, penché, tenant le bras de l'adolescent. Il y a une plaie béante, et à l'intérieur de ce bras…Des fils, des tuyaux, des joins… Une machine bien réglée. Duo lève les yeux vers moi.

-Oh my god...What's that ?

Je reste une ou deux minutes sans réfléchir puis retourne sur mes pas et prend l'autre bras pour le soulever.

-Hee-chan… ?

-On l'emmène.

-Mais…

Duo

Heero veut sûrement qu'on tente d'atteindre une de nos planques. Je le suis…Tout en portant ce…cette chose. Faisant fit de ma propre douleur. Mais on va avoir du mal à passer. Il y a des soldats partout. J'admire le self control du 01, ça fait une heure que je parle sans arrêt et il dit toujours rien. Un instant il s'arrête. Pourquoi ? Il prend sur lui la charge et me fait signe de m'asseoir. Je reprends mon souffle. Mon petit soldat parfait…s'est…arrêté pour que je puisse me reposer ! Comment a-t-il su que j'étais fatigué ?!

Heero

Duo est fatigué je le sens même s'il a toujours l'air en pleine forme. J'essaye de me souvenir de quoi il me parle depuis une heure, son discours actuel portant sur une pizza jambon onions anchois. D'habitude son babillage m'énerve au plus haut point. Mais cette fois je me suis laissé aller, écoutant plus le son mélodieux de sa voix que ses paroles. Je me reprends d'un coup, non mais qu'est ce qui m'arrive ?! Je suis le soldat parfait, ce genre de…de…Enfin ça n'est pas pour moi. Mais c'est plus fort que moi, quand je suis avec Duo…J'ai presque envie d'être un autre. Froideur. Détermination. Self contrôle. Ca va mieux.

N'empêche qu'avec le souffle qu'il a, il devrait faire de la plongée en apnée. Je m'imagine Duo avec un masque de plongée, les joues gonflées et je souris à cette idée.

-Hee-chan?

K'so ! Duo m'a vu ! Je reprends mon masque de froideur. Et lui fait signe de continuer.

Duo

J'ai rêvé ou Heero «glaçon universel», Heero « je suis le soldat parfait et sans émotions » Yuy vient de sourire. J'ai vu la comète là ! Je pensais même pas que le mot sourire faisait partie de son vocabulaire. Ni le mot ami. J'aimerai bien que celui-là en face partie. Moi Shinigami, je voudrais que Heero soit…Mais qu'est ce qui ce passe bordel ! Moi qui cherche l'amitié du glaçon, ce même glaçon qui me sourit, on découvre un androïde dans les égouts…Manquerait plus que j'apprenne que Trowa est devenu présentateur télé, Quatre tueur psychopathe et que Wuffy est une femme… Si les deux premières idées étaient cocasses la troisième me force à laisser échapper un petit rire nerveux. Je sais pas à quoi ressemble une crise de nerf, mais ça doit pas être loin.

-Hn ?

-C'est rien Hee-chan.

Et voilà. Heero est revenu. Pourtant…Il est vraiment beau quand il sourit…Oh ça n'était pas grand chose…Juste un petit étirement de ses lèvres minces. Mais…je crois que ça va me hanter. Oh eh ça va pas ça ! A quoi je pense là ! La terre à Duo Maxwell, on redescend ! C'est Heero Yuy ! Le soldat parfait ! Mais… Eh nonononon ! Ca devrait pas être ça le problème majeur !

Général

La porte de la cellule s'ouvrit. Wufei leva les yeux sur la personne qui venait d'entrer.

-Je suis heureux de vous revoir. Murmura Treize avec les intonations douces qui lui étaient habituelles. Wufei ne répondit pas, refusant d'entrer dans son jeu.

-Les bas quartiers sont mal fréquentés, surtout pour un adolescent de votre âge…J'ai pensé qu'il valait mieux vous amener ici.

Le Chinois continua à se taire obstinément.

-Votre silence est éloquent…

Et ironique avec ça. Songea Wufei.

-Toutefois je voudrais vous offrir une revanche.

Un duel… ?

-Réfléchissez-y.

Et il sortit. Wufei marmonna quelque chose d'inventif concernant un Gundam et un sabre à lame inversée. Mais il savait qu'il était définitivement dans une mauvaise position. Bien sur c'était déjà arrivé mais jamais sans qu'il sache ou il se trouve. Heureusement Nataku était à l'abri pour une fois sous une des propriétés de Quatre. Donc pas de souci de se coté là. L'idée du duel lui aurait plu s'il n'avait pas déjà perdu contre Treize. Mais il avait progressé et dépassé ses peurs grâce à Sally et aux autres pilotes. Au moins le maître d'Oz était un homme d'honneur.

La porte se rouvrit.

Déjà de retour.

Mais ça ne fut pas Treize qui apparut dans l'encadrement. Mais un homme moins bien battit. Il était vêtu d'une blouse blanche et d'un costume sombre avec des yeux et des cheveux noirs, un nez fin et un visage dur et froid. Un instant l'image d'Heero s'afficha dans l'esprit du chinois devant ce regard perçant qui l'observait sous toutes les coutures. Mais il n'était pas comme Heero, il y avait quelque chose d'infiniment déplaisant et vicieux au fond de son regard. Puis l'homme fit signe à deux soldats d'encadrer Wufei et de l'emmener.

Treize

Je me laisse aller contre mon fauteuil, ravi de ma prise. Je tiens le pilote du Shen long. Ce jeune homme qui me fascine. Son regard déterminé, son air fier et droit, la maturité dont il fait preuve, son courage…Autant de qualités qui font qu'il m'intéresse. J'aimerai qu'il accepte le duel et au fond de moi je n'en doute pas. Cette fois, pas de quartier…Ce sera à mort. Je sais que quelles que soient les tortures infligées, il ne révélera rien. Sinon je ne prendrai pas le risque de le perdre. Je finis mon verre perdu dans mes pensés, quand un appelle me fait relever les yeux vers l'écran de contrôle.

-Oui ?

-Le docteur Malphas demande à vous voir.

-Faites le monter.

Allons bon ! Qu'est ce qu'il vient faire ici ? Cette charogne sans honneur me dégoûte. Un mauvais pressentiment monte en moi…Et grimpe de quelques étages lorsque qu'il se place devant moi. Lui et moi sommes constamment en conflit. Je l'observe. Plus jeune que moi, il dirige la section secrète d'Oz financée par la fondation, il est trop féminin à mon goût, trait qui souligne la cruauté qu'affiche son visage. Cet homme est dangereux, j'ai apprit à ne pas le sous estimer. Respectant mon silence, il attend que je parle le premier.

-Vous désirez boire quelque chose ?

-Charmante attention de votre part Kushrenada.

Il s'avance et abat ses mains sur mon bureau pour se retrouver à mon niveau.

-Mais non rien merci. Je préfère aller droit au but. Le pilote du Gundam 05 Chang Wufei va être transféré dans le centre de recherche d'Angomoa. Sous ma responsabilité.

Pensif, je le regarde. Il m'évoque un fauve. A la fois beau et dangereux. Mais finalement ça reviendrait à se moquer du fauve.

-Et de quel droit ?

-Dites sur quel ordre et vous serez sur la voie. Tenez (il me tend une lettre cachetée) voici l'ordre émanant d'en haut.

Malphas

Treize décachette l'enveloppe et je vois ses sourcils se froncer au fer et à mesure qu'il lit. Quand il pose son regard de nouveau son regard sur moi j'en frémirais presque…Quel beauté…Je souris. Il se rétracte. Amusant.

-Il est écrit ici qu'il va vous servir de cobaye. Pourquoi ?

-La fondation n'estime pas nécessaire que vous le sachiez.

Il hésite mais décide de passer.

-Quant à…ce cyborg que vous avez laissez s'échapper…Il n'est pas question que Oz couvre vos bavures !

-Mais vous auriez du y songer avant d'accéder à la requête de la fondation…Et puis laissez moi vous rappeler que ce Wufei est un ennemi au cas ou vous l'auriez oublié.

Son regard s'emplit de colère. De plus en plus amusant.

-Ne lui faite pas de mal. Siffle-t-il entre ses dents, sa jolie voix déformée par la haine.

-Alors c'est lui qui vous inquiète ? Je pourrais le torturer jusqu'à ce qu'il ne puisse plus articuler deux mots de façon cohérente.

Il rougit sous mon insinuation voilée.

-Mais je prévois mieux pour lui. Et j'aurais tous les renseignements que je voudrais.

-Il ne sortira pas de cette base.

En riant je quitte le bureau. Sur le seuil je m'arrête :

-C'est trop tard, mon cher il est en route.

Et je pars en vitesse. Jouer trop avec le feu peut vous brûler plus que les doigts.

Wufei

Je ne sais où l'on m'a emmené ni qui sont ces gens, il ne porte pas l'uniforme d'Oz…Leur ''chef ''n'est plus là. Ils m'ont bandé les yeux et fourgué dans un camion. Puis amener dans ce bâtiment et enfermé, pieds et poings liés, sans m'enlever le bandeau. Je ne sais pas ce qu'ils me veulent mais je prévois le pire et encore plus. La porte s'ouvre et on me soulève. Je sens une aiguille dans mon bras…Et tout se brouille…

Duo

Heero a réussit un miracle ! Nous sommes sorti des égouts sans mal et nous nous dirigeons vers une planque de cette foutue ville. Rappelons quand même : une minute de silence pour les trois patrouilles qui ont voulut nous barrer le chemin…Naaaan, je plaisantais ! Je jette un coup d'œil au soldat parfait. Nous sommes dissimulé par un tas d'ordure. De toute façon niveau odeur ça pourra plus être pire. Et je m'escrime à essayer de voir si cet androïde est …'vivant'…

-Bon elle est où la planque ?

-A trois rues d'ici.

-Cooooool ! Trois impasses pour la mort.

Regard noir. Une façon de me demander mon avis…Avec lui plus rien ne me surprend.

-Mais oui Hee-chan. Je suis d'accord.

Il me fait signe de le suivre. En avant pour la dernière ligne droite. Et j'espère que les autres vont bien…

Trowa

Je repose le combiné. Je ne m'attendais pas à ça. Toutes les lignes sont coupées. Oz ne fait pas le travail à moitié. Impossible de joindre Sally. Ou même les serviteurs de Quatre. Nous sommes bloqués ici. Et l'état de Quatre empire d'heure en heure. Même s'il est toujours sous sédatif. Je vais dans la cuisine et me prépare des œufs au plat. C'est idiot, mais ça m'aide de cuisiner. J'ai l'impression de garder le contrôle. Quatre aussi cuisine bien. Quoique je fasse mes pensés se tournent vers lui. Mon assiette et une fourchette et je retourne à son chevet. Il n'a plus le visage lisse…Ses traits sont contractés…tirés. Il doit beaucoup souffrir. Je mange, mais je n'ai pas faim. C'est un automatisme. Et j'ai presque l'impression d'être un automate. Lui, il est si vivant, si doux, si attentionné…Et c'est lui qui est sur ce lit…Pourquoi lui ? Ca n'est pas juste. Un bruit me tire de mes sombres pensées. La porte. Je prends mon arme et…

Duo

Heero ouvre prudemment la porte. J'espère que Oz n'a pas découvert cette planque. De toute manière dans mon état et avec l'autre on avait pas le choix.

Heero

Je finis d'ouvrir la porte pousse le battant…et me retrouve face au canon d'un revolver. Et derrière ce revolver brillent deux superbes jades. Soulagement.

-Eh Tro-man ! C'est nous.

L'arme s'abaisse et Trowa s'efface pour nous laisser entrer. Un haussement de sourcil quand il voit le robot mais c'est tout. Et je bénis son silence. Duo parle tout seul, pestant contre les soldats et les couvres feux à la je cite 'Mors-moi le nœud de je voudrais bien leur en faire baver des vertes et des pas mures pasque c'est la goutte d'eau qui dépasse les bornes'. Je referme la porte et la verrouille. Trowa aide Duo à emmener son fardeau jusqu'à un canapé minuscule. La porte de la chambre est fermée, détail étonnant. Je vais à la salle de bain…Et fronce les sourcils, les médicaments sont très ordonnés, classés, mais par terre. Peu importe pour le moment. Je prends de quoi désinfecter et panser et retourne dans la cuisine-sejour. Duo regarde l'androïde. Trowa est assis sur une chaise. Je tends mon chargement à Duo et me concentre de nouveau sur le pilote d'Heavy Arm. Il a les traits tirés, l'air fatigué. Mais il n'est pas blessé. C'est déjà ça.

Duo

Je crois que Heero a vu que Trowa ne va pas bien sinon il le fixerait pas comme ça. Moi aussi je l'ai vu. Mais ça sert à rien de lui demander pourquoi. Autant s'adresser à un mur. Je commence à soigner mes blessures. Shit ! Ca à l'air profond. Pas facile de faire un bandage tout seul. Mais deux mains viennent à ma rescousse. Je lève un regard interrogateur sur Heero.

-Laisse moi faire !

Pas de refus. Mais y m'étonne quand même. On va dire que c'est pour que je sois opérationnel plus vite. J'en profite pour demander à Trowa :

-Quat-chan et Wuffy sont pas avec toi ?

Il lève sur moi un regard las à vous fendre le cœur.

-Wufei non.

Je sens venir la catastrophe à vitesse grand V.

-Et Quatre ?

-…

Merde merde merde, y veut me faire mourir d'inquiétude ou quoi ? J'ai bien le droit de savoir ce qui est arrivé à mon meilleur ami ?! Tant pis pour mes blessures ! Je me lève d'un bond et Trowa fait de même lentement, Heero aussi mais de plus bas, mon brusque mouvement l'ayant envoyé par terre.

-Où il est ?

Trowa passe devant nous et ouvre la porte de la chambre. Ce que je vois me fait frémir. Mon Quatre, livide comme la mort, le visage douloureux, inerte…Je vais pour me précipité mais une main ferme me prend par le poignet.

-Baka. Souffle Heero. Tu vois bien qu'il respire.

C'est vrai, sa poitrine se soulève de façon très lente et assez irrégulière mais quand même. Trowa referme doucement la porte.

Trowa

Je leur ai expliqué pour Quatre, Heero semble réfléchir, Duo lui bout d'un feu intérieur. Moi c'est l'adolescent qu'ils ont ramené m'intrigue. Jusqu'ici ils n'ont rien fait pour le soigner. Pourquoi ont-ils prit le risque d'amener quelqu'un dans une de nos planques ? Duo, après une douche rapide, me dit qu'il va veiller Quatre. Que je devrais en profiter pour me reposer.

-Et puis Hee-chan va se faire un plaisir de t'expliquer ça ! D'ailleurs Hee-chou faudra m'expliquer à moi aussi.

-Duo…

-Omae o korosu…vi vi je sais.

Et il va dans la chambre en riant du rire Shinigami…

Duo

Ca me fait mal au cœur de voir petit Quatre étendu, comme mort. Etait-ce si loin ma dernière blague idiote à laquelle tu as ri, peut être juste pour me faire plaisir ? Ou la dernière fois où tu nous à préparé du tagine sous le soleil du désert…J'aimerai seulement que tu vois la tête de Trowa… Il a tellement peur pour toi qu'une partie de son masque est tombé…Et moi aussi j'ai peur…Est-ce pour cela que je me suis mis à parler tout haut sans réellement m'en rendre compte ?… Tu sais quoi Quatre, Heero a souri aujourd'hui. C'est pas un miracle ? Peut être qu'il cache quelque chose ? Ton uchuu pourrait nous aider à découvrir quoi…non ? Moi je n'ai plus envie de rire. Ni de sourire. Il faut que tu t'en sortes, tu sais j'ai encore des tas de trucs à te raconter, des blagues idiotes à te dire, dont tu seras encore le seul à rire…Et tu ne m'a pas fait goûter de couscous maison comme tes sœurs te l'ont appris…Ni finis de m'expliquer quel intérêt y a à lire des trucs écrits par des mecs morts il y a 2000 ans…

Heero

Trowa lève un sourcil, sa façon à lui de me montrer qu'il s'interroge. Je lui ai raconté notre escapade dans les égouts. De façon synthétique. Je ne sais pas faire autrement. Trowa m'apprend que les lignes sont coupées. Nous sommes donc bloqués et sans aide. Lui et moi nous pourrions partir sans problème. Duo aussi dans quelques jours. Pour Quatre, c'est hors de question. Et pour l'androïde non plus. Il est une opportunité, militairement parlant. Si Oz a réussit à créer des androïdes pour faire des pilotes ou quoique ce soit d'autre…Pouvoir en décortiquer un nous sera d'une grande aide. S'il est vivant il détient peut-être des informations capitales. Il mériterait que j'étudie sa banque de données…en admettant qu'il en ait une, cela va de soit. Il faut l'amener aux mads. Je me lève et vais prendre une douche.

Trowa

Heero va se laver. Ce n'est pas du luxe. J'observe le visage de l'androïde. On dirait qu'il dort. Je me sens las. Mais pas la fatigue d'après mission. C'est une étrange impression. J'ai envie de disparaître. D'oublier. De n'être plus qu'un 'pur esprit', comme dit Quatre lorsqu'il parle de ce qu'il y a après la mort. Je le revois en train de parler de philosophie ou de musique. La première fois que nous avons joué ensemble j'étais à la flutte, lui au violon. Il joue si bien. J'entends Duo parler. Il parle à Quatre. Ce qui revient à parler seul. Il faudrait que nous allions chercher des renforts à l'extérieur. Nous n'en avons jamais eut besoin jusqu'à présent. Peut être que le petit dragon est déjà là bas. Wufei ne viendra pas nous chercher. C'est un solitaire. Moi aussi. Nous le sommes tous. Sauf peut être Quatre, c'est lui qui a fait que nous vivions en groupe…Après la mort…Vais-je le perdre ?

Quatre

…Un battement…Mal, chaud, froid…Un battement…La tête en feu, la gorge sèche, le corps brûlant…Un battement…Un son qui apporte le soulagement…un battement…cette voix…

-Duo…

Duo

-Duo…

Je n'y crois pas, il a parlé ? Je vois ses paupières se lever un peu et ses yeux vitreux se posent sur moi.

-Hey Quat-chan…Ca va?

-Hum...

Sa voix n'est qu'un souffle et il a l'air dans les vappes. Mais il est conscient. Pour un peu je sauterai de joie. Je prends sa main et la serre dans les miennes.

-TROOOOOWAAAAA, HEEEE-CHAAAAN ! QUATRE EST REVEILLE !!

Heero

Le savon me glisse entre les doigts tellement j'ai sursauté. DUO ! OMAE O KOROSU ! Le but d'une planque, c'est de se planquer justement. Il veut que Oz nous tombe dessus ou quoi ?! Furieux, je sors de la douche. Attrapant une serviette, je l'enroule autour de ma taille et sors de la salle de bain…pour bousculer Trowa qui se dirigeait vers la chambre. Silence. On se relève. Je rajuste ma serviette qui a glissé. Et nous entrons dans la chambre. Duo babille devant un Quatre très faible mais presque souriant. Charmant tableau. Trowa se contracte un peu. Je pense être le seul à l'avoir remarqué.

-Baka ! Grognai-je à l'intention de Duo.

Celui-ci m'adresse un sourire innocent.

-Hai Hee-chan ?

-'jour Heero...

Quatre vient de m'adresser un pâle sourire endormi. Il a l'air d'allez. Mais je sais que c'est juste l'effet du sédatif. Et puis Quatre dissimule sa douleur. Il a appris à le faire comme nous. Duo se lève et me prend par le bras.

-Hee-chan tu es indécent…Allez viens t'habiller.

-Duo !

Je me dégage et Duo bondit hors de la pièce. Je le suis de façon modérée. Et Trowa s'apprête à en faire autant. Mais Duo revenu entre temps le repousse dans la pièce.

-Toi, tu veilles Quatre.

-…

-Sisisisi.

Il referme la porte puis m'adresse un sourire shinigami et retourne dans le séjour.

Quatre

Je me sens nauséeux et ma douleur dans le flanc se propage lentement. Ils sont tous partit, je le sens. Tous sauf Trowa. Je n'ai pas osé lui demander de rester. Duo s'en est chargé apparemment. J'ai du mal à réfléchir de façon cohérente. J'ai tellement chaud. Je repousse un peu ma couverture et ce simple geste me demande autant d'effort que d'escalader un sommet. Mais une main la remonte inexorablement. Je ne peux pas le voir, mais je sais qu'il me regarde. J'arrive dans mon délire à imaginer ses beaux yeux verts plongés dans les miens. Ces yeux qui me captivent, dans lesquels j'ai envi de me noyer. Depuis combien de temps…J'aimerai qu'il cesse de me regarder comme un compagnon d'arme…Mais comme un ami…Duo m'a dit qu'il m'avait veillé…J'aimerai parler, mais ma gorge me brûle…Et ça n'est pas seulement du à mon état. Je me contente donc de sourire un peu. Je crois que je vais me rendormir…Il s'assoit à coté de moi…et pose sa main sur la mienne. Ce simple geste me fait frémir…Sa main est fraîche, douce...Je ne sais pas ce qui m'arrive… Ca me fait tout drôle…Est-ce à cause de la fièvre ? Son autre main retire les mèches qui collent à mon visage. Du coup, cette douce fraîcheur envahit mon visage et libère un peu mes cordes vocales…Assez pour que je puisse murmurer son nom…

-Je suis là…

Idiot ! Je le sais bien que tu es près de moi, c'est un miracle en soit. Ta voix est douce…

Trowa

Je regarde Quatre…Il me sourit faiblement depuis tout à l'heure. Il peut parler. C'est bon signe, non ? Mais j'ai mal de le voir comme ça. Et de me sentir si impuissant. Il ouvre les yeux lentement et me regarde, est-ce qu'il me voit… ? J'aime ses yeux…On dirait deux lacs purs et profonds…

Quatre

Si calme, mon Trowa. Mais il s'inquiète pour moi, je le sens !…Je distingue ses yeux…Verts comme l'émeraude…Sait-il…Sent-il… ? J'ai de plus en plus mal et l'inconscience m'appelle de nouveau …Mais je veux rester éveillé…Je ne veux pas que tu t'inquiète. Tu es si beau…C'est la fièvre…et si mystérieux…Je suis sur que c'est la fièvre…Mais si réservé…J'aimerais savoir ce que tu penses de moi…. Pour toi je suis sûrement le plus faible…l'enfant qu'il faut protéger…Mais je ne suis plus un enfant….

Heero

Je suis Duo dans le séjour, j'ai du mal à comprendre le sourire qu'il m'a adressé une minute plus tôt. Quand j'arrive il est assis sur une chaise, les pieds sur la table. Un journal dans les mains, il a déjà commencé à commenter ardemment les nouvelles. Je m'avance.

Duo

Heero s'approche doucement. Il est drôlement musclé. Pour un peu je comprendrais Relena. Une fois arrivé, il prend délicatement le journal, me l'ôte des mains avant de le poser sur la table.

-Meuh, Hee-chan, j'l'ai vu d'ab…

Il a posé un doigt sur mes lèvres pour m'empêcher de continuer. Il a son expression habituelle avec quelque chose en plus que je n'arrive pas à définir.

-Duo, pourquoi ne cesse-tu jamais de parler ?

J'en oublis de respirer pendant une dizaine de secondes. Ayant retiré sa main, Heero me regarde debout devant moi. Déterminé.

-Heero…

-Réponds Duo.

C'est vrai ça. Que je parle sans cesse ça l'enerve, mais je pensais pas qu'un jour il me demanderait pourquoi. Panique panique…J'peux pas lui répondre…pas encore.

Heero

Son visage est sérieux. Je sais qu'il a compris. Je sais aussi qu'il ne répondra pas. Il va trouver une excuse pour se défiler. Ca n'est pas grave. J'ai tout mon temps. J'attendrais. C'est étrange mais je ne me suis pas sentis si calme depuis longtemps. Si serein.

-Hee-chan…

-Hn.

-Ta serviette de bain baille.

Je le savais.

-Baka ! Sifflais-je pour la forme avant de me détourner pour retourner à la salle de bain.

Là je repense rétrospectivement à la façon dont je me suis comporté avec Duo. Je devrais m'en vouloir. Le soldat parfait n'agirait pas comme ça. Seulement je ne m'en veux pas. Je ne le regrette pas. Et je sais que ce ne sera pas la dernière fois. Duo et moi…C'est quelque chose de spécial que même mon esprit synthétique ne peut définir. De très spécial. Juste nous deux.

Général

Quatre gémit tout à son conflit à la fois contre la fièvre et lui-même. Trowa le regardait. Silencieux comme à son habitude. Mais plus attentif et plus tendre. Même si ne s'en rendant pas compte. Dans un éclaire de lucidité, le jeune arabe réalisa que ce qu'il ressentait pour le grand pilote n'avait rien à voir avec la fièvre. Et le sommeil eut de nouveau raison de lui. C'est pourquoi il ne put voir la larme qui glissa sur la joue de Trowa. Ni les deux jades embués et presque suppliants.

Trowa

Je n'arrive pas à retirer ma main, la sienne est brûlante. Je sens une larme glissée le long de ma joue. Je n'avais pleuré qu'une fois avant maintenant. De ma main libre j'essuie mes yeux. Maudissant cette démonstration de mes sentiments. Mes sentiments…Pour masquer mon trouble je fais un compte rendu circonspect des événements depuis mon arrivée à la planque. A la fin, j'arrive à une conclusion que je n'ose même pas évoquer en pensée. Est-ce un sentiment ? Est-ce un sentiment ce qui me sert le cœur maintenant ? Cette impression que je ne pourrais plus me passer de ta présence. De tes yeux. De ton sourire. De tes lèvres. Quatre. Ne me laisse pas seul…Une pensée fulgurante qui vient de me traverser…Surprenante. Et dérangeante. Il faut que j'y réfléchisse. Je me lève et quitte la chambre. Là un coup de feu…Heero !

A suivre.