I
Ma cousine venait de décéder. Je pouvais le sentir dans ma chair, dans mon cœur. Lors de ses multiples aventures, elle avait connecté son âme, son esprit, à la souche d'un arbre mystique planté un millénaire de cela par l'une des dernières ''sorcières''. Cette ligne du bestiaire de mon grand père expliquait que ses semblables s'étaient toutes tuées pour donner à leur espèce un nouveau souffle, qui diviserait leurs multiples aptitudes en trois nouvelles espèces. A cette époque, toutes les autres espèces les avaient suivies, donnant tous leurs pouvoirs au Néméton. Il aura fallu de nombreux siècles pour éteindre sa flamme de vie.
Ma cousine n'avait rien de surnaturel, si ce n'est son ex et ses amis... Deux d'entre eux, dont son ex, c'était aussi connecté à ce maudit tronc d'arbre. En faisant cela, ils avaient quelque peu rallumé la flamme de vie qui y logeait.
L'un d'eux avait d'ailleurs vu son esprit être infiltré par un sort, ranimant un esprit maléfique libéré par la flamme. Car voyez vous, bien que 5% de la population mondiale sachent au sujet du surnaturel, moins d'un concerne les ''héros'' qui nous en protègent. Et pour tuer le Néméton, si je puis dire, ils coupèrent l'arbre, n'en laissant qu'une large souche. Ils usèrent ensuite de son bois comme cages, boites, ou même comme appas au long des siècles, pour nous ''protéger''. L'esprit était d'ailleurs enfermer dans une de ces boites.
Ma cousine et moi sommes issues d'un vieux clan de chasseurs français qui s'étaient spécialisés dans une espèce : les Argent. Ma cousine aurait du le diriger depuis un moment si sa mère n'était pas morte peu de temps après la mienne, et si notre fameux grand père n'avait pas essayé de la corrompre dans sa vengeance.
Ça ne faisait qu'une malheureuse année qu'elle savait pour le surnaturel, qu'un semestre qu'elle avait fini sa formation de chasseuse. Je ne savais que très peu de chose sur ce côté de la vie de ma cousine. Elle vivait en Amérique, moi en France. En grandissant, elle avait peu a peu compris pourquoi j'étais un vilain petit canard, mais n'avait jamais réellement approché la vérité. Elle pensait que j'avais été placée bébé chez des amis de son père parce que ma mère n'avait que 16 ans quand elle m'a eue, mais ne savait pas qu'on m'avait chassée du clan parce que tuer un nourrisson leur semblait trop violent. Ce n'était pas ''Éthique'', même pour Gérard. Elle pensait même que je ne savait rien du surnaturel jusqu'à ce qu'elle m'en parle cet été, quand elle s'était réfugiée chez moi après avoir décidé de rompre avec Scott. Elle m'avait alors tout expliquée, m'avait contée ses aventures et autres déboires qu'elle et ses amis avaient vécus depuis son arrivée. Elle m'avait présentée Lydia, sa meilleure amie, comme étant un être surnaturel d'une espèce encore inconnue pour eux.
Allison n'avait même pas eu besoin de me donner ses symptômes que je savais. ''Lydia Martin''. Elle me l'avait dit toute souriante en jouant avec une de ses mèches blondes vénitiennes avant de me complimenter sur mon goût vestimentaire. Le son de sa voix. Doux, mais cassé en fin de souffle. Je ne doutais en rien de son implication dans le monde du surnaturel. Une Banshee. Une des trois espèces héritée des sorcières. Elle sentait la mort. En vrai elle sentait plutôt la lavande, ce que j'essaye de dire, c'est qu'elle pouvait savoir si quelqu'un était proche de la mort. Malheureusement, je n'avais pas le droit de le lui dire. Et ça me brisait de l'intérieur. Je savais qu'elle allait en souffrir, de ne pas savoir, qu'elle allait se croire folle de se mettre à hurler à la mort d'une seconde à une autre, qu'elle ne dormirait plus, de peur de se réveiller aux côtés d'un mort... Mais je me taisais, espérant qu'elle l'apprendrait vite. Heureusement, ce fut vite le cas.
Une femme appartenant à la deuxième espèce descendante des sorcières, mais qui préférait servir le mal au bien, menait une suite de sacrifices dont Lydia ne cessait de découvrir les corps. Elle avait décidé d'éliminer cette curieuse. Heureusement, elle n'avait pas réussi. C'est d'ailleurs le cri de Lydia qui l'avait sauvée, à tout point de vue.
Surprise, Jane lui avait révélée sans le savoir ce qu'elle était. Cette Jane était d'ailleurs celle qui avait poussé ma cousine et ses amis à se sacrifier. Elle réalisait des sacrifices invoquant la puissance des sorcières. Pour cela, il fallait sacrifier sur des courants telluriques trois personnes de chaque cercle. Les vierges, les guerriers , les philosophes, les guérisseurs et enfin les gardiens. Les gardiens symbolisent les parents. Elle avait donc enlevé Mélissa McCall, la mère de Scott, le shérif Stilinski, père de Stiles, et mon oncle, Christopher Argent. Elle les sacrifierait au Néméton en usant de la puissance de l'éclipse lunaire. Allison et ses amis s'étaient alors liés au Néméton pour le localiser et s'y rendre avant le sacrifice final. Ils sauvèrent leur parent respectif, mais l'éboulement qui devait les tuer avait libéré de sa prison un esprit venger. Le Nogitsune.
Cet esprit mauvais était la cause de la mort d'Allison. Le vaincre aura été sa dernière aventure. Je pouvais sentir Stiles lutter contre le Nogitsune, je pouvais sentir la peine de Scott. Et je ne cessais d'entendre l'écho du cri désespéré de Lydia.
J'en étais tomber au sol, déchirant sans nul doute le tissu de mon legging de course au niveau des genoux. Je ne comprenais pas comment ça avait pu arriver. Elle allait avoir 18ans dans quelques mois. Elle allait me rendre visite dans quelques semaines. Elle allait officialiser sa nouvelle relation amoureuse dans quelques jours, une fois Stiles hors de danger. Rien de tout ça n'arriverait.
Je profita de l'aurore à laquelle je courais chaque matin pour pleurer. Je n'aurai sûrement plus une minute à moi une fois l'appel de Chris. Je monterai dans le premier avion et atterrirai en Amérique, où je resterai.
Je me recroquevillais sur moi-même et pleurais toutes les larmes de mon corps. Je ne cessais de penser à tout ce que nous avions accomplis ensemble, à sa vie qui s'arrêtait là. Je m'interrompis quand mon téléphone sonna.
– Allô ?
– Capucine ! Il est bientôt 8h30 et tu n'es toujours pas rentrée ! Je te rappelle que tu as une douche à prendre, jeune fille ! Si tu ne te dépêche pas, tu ne seras jamais à l'heure en cours ! Et ne compte pas sur moi pour te déposer !
– Elle est morte, Papa.
Ma voix était claire. Nette. Je m'étais relevée et assénai un dernier coup à mon père avant de raccrocher et de me remettre à courir afin de regagner la maison.
– Allison est morte.
