Le doc, l'ex et le mécano

Résumé complet :

Après avoir appris que son ex avait un nouveau petit ami alors que lui avait du mal à tourner la page, le Dr Castiel Novak décide de reprendre sa vie en main et d'y mettre un peu de piquant en achetant une moto…

Le hic c'est qu'il ne sait pas vraiment faire fonctionner sa nouvelle acquisition…

Heureusement pour lui, l'ami d'un ami est mécanicien spécialisé dans les motos de collection.

Malheureusement pour lui, l'homme, aussi beau qu'hétéro, va l'entraîner dans un étrange plan…

[!] Rated : M

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! Précision ! Ceci est une adaptation ! L'histoire ne m'appartient pas et je n'en tire aucun bénéfice !

Elle se prête juste bien à nos chouchous ;)

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So enjoy ! :)

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Chapitre 1

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« Trop aimable ! » Cria-t-il à l'intention de la vieille femme qui venait presque de le faire sortir de route en le doublant furieusement.

Il freina abruptement pour éviter de tomber et toussa tandis que la poussière soulevée par l'accélération soudaine de la femme lui frappait le visage.

Sa moto cala, et Castiel laissa retomber sa tête en avant de dépit.

De tout évidence, c'était un coup du Karma pour avoir ignoré les conseils d'un expert et acheté cette bécane…

Ok, ça avait été un achat impulsif provoqué par une horrible matinée, mais de là à l'obliger à pousser sa Harley de collection jusqu'au garage dudit expert ? Pas vraiment la meilleure des façons de redémarrer une nouvelle vie en laissant son passé derrière comme il venait de le décider. Une nouvelle vie qui n'inclurait pas Dick, son ex...

Il secoua la tête et se motiva, il était presque arrivé, autant s'y remettre maintenant…

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15 minutes plus tard, il arrivait enfin devant l'entrée du garage, et prit d'une vague de motivation, il chevaucha la moto et se souleva sur sa jambe droite avant de peser de tout son poids sur la pédale de démarrage. Le moteur crachota sans enthousiasme avant de s'éteindre. Et les 2 essais suivant ne furent pas plus productif.

Dépité, il observa le tas de métal en fronçant les sourcils.

« Elle est capricieuse, hein ? » L'interpella une voix.

Les lèvres de Castiel s'arquèrent ironiquement et il chercha la source de la voix du regard.

Devant l'entrée principale du bâtiment en métal, au-dessous des mots « Sam's Vintage Motors » gravés en rouge, un homme était adossé au montant de la porte.

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Dean Winchester.

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Au téléphone, la voix rauque du mécanicien avait glissé sur lui comme de l'huile tiède, mais force était d'avouer, que son imagination ne lui rendait pas justice. Avec son jean tâché de graisse et son t-shirt noir, il avait un style classique. Bras croisés, il paraissait détendu, décontracté, mais ses yeux vifs le jaugeaient calmement.

Intérieurement, il devait bien rire, face à la situation délicate dans laquelle il s'était lui-même fourré, mais l'humiliation actuelle n'était rien comparée aux nouvelles qu'il avait reçues de Dick aujourd'hui…

A la pensée de son ex-petit-ami, Castiel saisit l'accélérateur avec détermination. Après l'échec de sa nouvelle tentative pour démarrer la moto, il grogna de dégoût et mit pied à terre.

Heureusement -et bien qu'il ait toutes les raisons de lui sonner les cloches- Dean Winchester garda pour lui tout commentaire tandis qu'il poussa sa machine pour remonter l'allée jusqu'à lui.

« Ravi d'enfin vous rencontrer en personne » Dit-il quand il arriva près de lui. Abaissant la béquille et coinçant son casque sous son bras, il tendit sa main libre vers l'homme face à lui et se présenta. « Je suis Castiel Novak »

Le mécanicien s'essuya lentement les mains sur un chiffon tout en s'approchant, le soleil de cette fin d'après-midi se reflétant dans les yeux les plus verts qu'il n'ait jamais vus.

« Dean Winchester » Fit l'homme en tendant la main à son tour, d'un air réticent.

De la graisse tâchait le bout de ses doigts et des abrasions récentes s'alignaient au-dessus de ses articulations, comme s'il s'était battu avec l'un de ses véhicules. Castiel serra la main de Dean, et les cals durs de sa paume le surprirent.

Intéressant.

Habituellement, ses contacts impliquaient plutôt des personnes dont le nombre de titres derrière leurs noms, reflétait le coût d'une éducation hors de prix. Et, pendant un bref instant, la vie qu'il menait jusqu'à ce jour lui sembla bien insipide. Il dût se forcer à lâcher la main de Dean.

Il se protégea les yeux du soleil, un peu mal à l'aise, parce qu'il avait maintenant deux raisons de se sentir gêné.

« Je n'ai pas pris la moto pour débutant que vous aviez conseillé »

« Je vois ça »

Castiel attendit qu'il ajoute « Mais à qui vous pensiez ?! » Ou bien « Bien fait pour vous, vous avez dû pousser votre véhicule jusqu'à mon garage ! »

« Je suppose que Gabriel a décrit mon achat comme stupide » Il sourit en mentionnant l'ami commun auquel il faisait référence, parce que l'une des nombreuses missions de Gabriel dans la vie incluait d'être l'ami qui le remettait à sa place.

« Je crois avoir entendu l'expression « décision débile » » Répondit Dean.

Castiel savait que ces mots n'étaient pas le style de Gabriel. Dean en revanche…

Son inconfort grandissant, il se balança sur ses pieds et tenta de détendre l'atmosphère.

« Il déclare aussi que le « MD » après mon nom signifie Massivement Délirant »

Biensûr quand la vie privée était nulle, le délire avait un certain attrait…

Une seconde plus tard les lèvres de Dean se soulevèrent d'un air entendu.

« C'est bien le genre de Gabriel »

Castiel lâcha un soupir amusé. Aucun ami de Gabriel n'était à l'abri de ses opinions.

Apparemment, Dean en avait été la cible lui-aussi. Malheureusement, Gabriel était aussi ami avec son ex. En fait, la présence de Dick touchait chaque aspect de son existence… Son cercle d'amis, sa vie professionnelle…Ils travaillaient même dans la même clinique !

Il lutta contre l'anxiété familière qui oppressa sa poitrine. Le mécanicien resta silencieux, et il réalisa que le type attendait qu'il lui explique la raison de sa visite d'aujourd'hui.

« Comme vous êtes l'expert local en Harley de collection… » Commença-t-il en faisant un geste vers son nouvel achat «…j'espère que vous en savez un peu sur cette machine en particulier »

« Harley Davidson Duo Glide de 1964 »

L'attitude de Dean se relâcha instantanément, et il s'avança pour faire courir une main respectueuse le long de la selle de la Harley, caressant le cuir. Sa paume remonta jusqu'au réservoir avant de se poser sur le guidon. Son regard, ainsi que sa voix, était affectueux.

Pendant quelques secondes, il envisagea de suggérer à Dean de prendre une chambre.

« C'était des véhicules de polices dans les années 40 » Continua-t-il.

« Vraiment ? » Demanda Castiel en levant un sourcil.

« Je vois que les propriétaires précédents ont enlevé le pare-brise »

« J'en sais rien »

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Bon sang, Castiel.

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Il possédait le véhicule. Il avait acheté cette moto. Il devrait en savoir plus sur son histoire ! Et encore une fois, il devrait aussi être capable de faire démarrer cette fichue machine !

« Au lieu d'enlever le pare-brise, ils auraient mieux fait de réparer la pédale de démarrage ! » Dit-il.

Dean lui lança un regard qu'il ne put interpréter. Une réprimande pour ne pas avoir suivi son conseil d'acheter un modèle plus récent ? Un savon pour avoir acquis une moto ancienne qu'il ne savait pas faire démarrer ?

« Ce bébé est un peu compliqué. Comme la plus part des femmes, elle a quelques bizarreries qu'il faut connaître. Surtout quand elle est froide » Il se dirigea vers l'endroit où l'immense porte de garage était grande ouverte « J'ai encore quelques trucs à finir avant de fermer, alors qu'est-ce-que je peux faire pour vous ? »

Castiel n'arrivait pas à décider si l'homme le renvoyait ou pas. Il ne voulait probablement rien avoir à faire avec un débutant et son achat malavisé. Bien qu'il n'ait aucun droit de demander, il le fit quand même.

A situation désespérée…Mesures désespérées…

« J'espérais que vous pourriez faire une révision sur ma Harley avant vendredi » Dit-il.

Dean tira sur la chaîne, abaissant la porte en métal dans un grincement.

« Je suis pris jusqu'à la fin de la semaine »

La déception l'envahit et il se força à continuer.

« Quand serait le plus proche rendez-vous disponible ? »

« Je peux vous inscrire pour le premier du mois prochain… »

Le mois prochain !

Mieux qu'un non direct, mais Castiel combattit le pressant sentiment d'urgence et jeta un coup d'œil à la moto récalcitrante. Non pas qu'il se fut imaginé en train de rouler librement dans les rues de San Francisco en moins de sept jours. Mais un jour de la semaine prochaine, Dick reviendrait récupérer les cartons qu'il avait laissés. Quand son ex verrait la Harley dans le garage, il aurait besoin que la moto fonctionne comme une machine bien huilée. Ou, au minimum, qu'elle démarre !

« Aucune possibilité de me prendre plus tôt ? » Demanda-t-il.

« Désolé, mais j'ai déjà du retard avec ce que j'ai. Vous l'avez fait examiner avant l'achat ? »

Examiner ? Castiel fixa Dean d'un regard vide, ce qui fut probablement une réponse suffisante.

Bon Dieu, toute cette situation le faisait passer pour un crétin !

Dean interrompit ses efforts, le bruit du métal s'arrêtant enfin brièvement et juste à temps pour qu'il entende le mécanicien pousser un soupir audible.

« Est-ce-que vous avez au moins récupéré le suivi d'entretien de la bécane ? »

« Euh… » Il se gratta la nuque. « C'était un peu un achat impulsif… »

« Des bonbons, des chewing-gums et des magazines porno sont des achats impulsifs ! » Rétorqua-t-il sèchement « Pas des motos ! »

La main de Dean était toujours refermée sur la chaîne. Et, bien qu'à l'entendre il sembla patient, l'amusement sceptique était fermement intact.

« Surtout une moto ancienne »

Exactement comme je vous l'avais dit, n'ajouta pas l'homme.

Castiel espéra ne pas avoir trop l'air sur la défensive.

« J'ai fait plusieurs recherches il y a quelques temps de ça… » Dit-il.

Le jour où Dick avait quitté leur maison pour de bon, en fait.

« Mais ce matin j'ai découvert...»

Que l'homme avec qui je suis resté 2 ans, avait un nouveau petit-ami.

Qu'il fréquente un canon.

Que j'ai été remplacé, après seulement 56 jours…

Castiel se racla la gorge.

« Aujourd'hui, j'ai découvert ce modèle en vente sur le Net, j'ai foncé et j'ai fait un chèque au propriétaire »

Dean frotta la légère barbe de 3 jours sur son menton et baissa les yeux sur la moto.

« Comme achat impulsif, ça aurait pu être pire »

« Comment ça ? »

« Z'auriez pu acheter une marque chinoise…un vrai chalenge mécanique »

Le reproche contenu dans son regard fut adouci par la pointe d'humour dans ses yeux.

« Le seul point positif, c'est qu'elles ont souvent le dégivrage de la lunette arrière… » Il arqua un sourcil d'un air entendu « Ça sert principalement à vous réchauffer les mains pendant que vous poussez cette saloperie jusqu'au garage le plus proche »

La référence indirecte à ses débuts moins qu'impressionnants de motard le fit sourire.

« Vous vous foutez de moi là »

« Pas du tout »

« Vous êtes sur ? »

Franchement amusé, Dean poursuivit.

« Si je voulais me moquer de vous, je mentionnerais que certaines motos chinoises ne nécessite pas d'apprendre à se servir d'une pédale de démarrage »

Castiel laissa échapper un gros éclat de rire, se surprenant lui-même à ce son. Il n'avait pas beaucoup été d'humeur à ricaner dernièrement. Dean reprit sa tâche bruyante d'abaisser la porte du garage, fermant de toute évidence pour la soirée. Mais quelque chose dans le comportement de cet homme le rendait accessible.

« Je peux me permettre de vous poser quelques questions ? » Demanda-t-il.

« Lâchez-vous »

« D'accord » Achat malavisé ou pas, il fallait qu'il en revienne à son but initial. « Donc, la moto essaye de caler à chaque fois que je m'arrête. Je dois garder la main sur l'accélérateur pour continuer à faire tourner le moteur. Une idée sur ce que je fais de mal ? »

« Apparemment, votre carburateur a besoin d'un bon réglage. Prenez juste un tournevis à tête plate et… »

Après avoir examiné le visage de Castiel, qui reflétait très certainement son ignorance totale, Dean lâcha la chaîne, la massive porte de garage encore à moitié ouverte.

« Laissez tomber. Ça ne va pas prendre plus d'une minute. Et si je vous faisais ça maintenant ? »

Les épaules contractées de Castiel se détendirent légèrement.

« Ça m'aiderait vraiment beaucoup »

Dean revint vers lui, redressa la Harley et replia la béquille d'un mouvement de pied. Tandis qu'il poussait la bécane à l'intérieur du bâtiment en métal, il le suivit et cette position lui permit d'étudier librement la silhouette du mécanicien.

Il estima qu'il mesurait près d'1m85, soit environ 5 cm de plus que lui. Ses cheveux blond roux étaient coupés courts sur les côtés, et les mèches en piques sur le dessus semblaient plus rebelles qu'en bataille. À chaque minuscule changement de position de Dean, le t-shirt noir s'étirait sur son dos large et ses biceps, qui étaient aussi bien dessinés que le reste de son corps. À chaque mouvement de ses cuisses, ses quadriceps s'allongeaient et se gonflaient légèrement sous son jean.

Ne reluque pas un hétéro, Castiel.

Ne reluque pas n'importe quel homme, point !

Il détourna le regard et se concentra sur ce qui l'entourait. Le garage avait une odeur mélangée d'huile de moteur, de pot d'échappement et de poussière. Plusieurs motos étaient alignées le long du mur de droite.

« J'apprécie vraiment votre geste » Dit-il tandis qu'il le suivait.

« Pas de soucis »

« Je suis juste soulagé de ne pas avoir eu à remonter la moto sur huit blocs en la poussant. Elle pèse une tonne ! »

« Presque 300 kg »

« Vous plaisantez…»

Castiel s'arrêta net, la nature impulsive de son achat le frappa à nouveau de plein fouet.

« J'ignorais complètement qu'elle était aussi lourde »

Dean lui lança un regard interrogateur, comme s'il n'arrivait pas à comprendre que quelqu'un fût aussi peu informé sur son véhicule.

Normalement, il ne faisait rien avant d'avoir entrepris de sérieuses recherches préalables, une habitude qui rendait fou Dick.

Dean gara la Harley près d'une étagère garnie d'outils soigneusement rangés et se retourna, les mains sur les hanches.

« Les achats spontanés sont toujours risqués »

Le « surtout quand vous n'avez absolument aucune idée de ce que vous faîtes » fut implicite.

Castiel éclata d'un rire sans joie « Oui, mais j'avais besoin de changement. Aujourd'hui »

Il jeta un bref coup d'œil vers la rue, le nœud qui enserrait sa poitrine augmentant. Après avoir entendu la nouvelle ce matin, il était enfin capable d'en parler à voix haute.

« Je venais tout juste d'apprendre que mon ex avait un nouveau petit-ami. Et je me sens… »

Humilié que l'homme avec qui je croyais passer le reste de ma vie ait déjà tourné la page.

Démoralisé d'avoir été remplacé, 56 jours après la rupture.

56 jours !

Il lui semblait que ce nombre était tatoué sur son front.

L'expression de Dean se figea d'inquiétude.

« Pitié, ne me dites pas que vous vous sentez suicidaire »

Cette fois-ci, l'éclat de rire de Castiel fut sincère.

« Non, pas du tout. Je voulais juste secouer un peu mes habitudes » Il haussa les épaules, luttant pour énoncer oralement la promesse qu'il s'était fait. « Me réinventer, si on peut dire »

De façon à être hors d'atteinte des souvenirs de Dick.

Le commentaire de Dean consista en une brève pause suivit d'un hochement de tête énergique avant d'aller vers l'étagère à outils.

« Quels genres de problèmes vous rencontrez ? »

Seigneur, par où commencer ?

« Oh, vous savez, les grands classiques… » Répondit-il, surpris que l'homme lui pose la question. « Perte d'appétit, insomnie, je remets en question chaque décision que j'ai prise au cours de nos 2 ans de relation. On avait même parlé de se marier… »

Castiel surprit l'expression presque horrifié de Dean.

« Euh…Je voulais dire quel genre de problèmes vous rencontrez avec la bécane ? »

La chaleur envahit son visage, emplissant chaque espace libre.

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Bien joué, Castiel !

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Il avait fini l'université en 3 ans et avait réussi haut la main chaque année d'école de médecine. Il avait reçu plusieurs distinctions pendant son internat. Il venait juste d'être lauréat du prestigieux Prix Humanitaire de la Baie de San Francisco pour son travail avec les sans-abris.

Pourquoi ne pouvait-il pas digérer une rupture ?

Il enfonça ses mains dans son tout nouveau blouson de course.

« Pour l'instant, juste le fait qu'elle cale. Mais je n'ai roulé que quelques kilomètres entre la maison de l'ancien propriétaire et ici »

« Régler le carburateur va très probablement vous permettre de tenir jusqu'à une révision plus minutieuse »

Dean fouilla parmi les outils bien organisés qui feraient saliver la plupart des hommes. Castiel se concentra sur le spectacle qu'offrait son dos musclé, plutôt que sur ses fesses bien faites. Sa vie sexuelle était peut être inexistante dernièrement, mais mater le mécanicien ne faisait pas partie du projet « Démarrer une nouvelle vie ».

« Je peux vous inscrire pour un contrôle d'entretien dans mon prochain créneau de libre » Dit Dean « Ou, s'il vous faut absolument que le travail soit fait plus tôt, je peux vous recommander quelques personnes de confiance »

« Est-ce que régler le carburateur m'aidera à la démarrer ? »

« Peut-être »

Dean souleva le couvercle d'une grosse caisse à outils.

« Mais ça demande aussi de la pratique »

De la pratique.

Castiel plissa les lèvres d'un air pensif et regarda fixement le mur au loin, où une voiture puissante reposait sur un pont élévateur, exposant le dessous mystérieux du véhicule. Il n'avait jamais été intéressé par la mécanique. Il savait à peine se servir d'un clou et d'un marteau. Faire le plein d'essence de son véhicule était la chose la plus compliquée qu'il pouvait gérer. Choisir d'acheter la Harley ancienne, en dehors de l'attrait cool, avait eu pour but de repousser ses limites et de se mettre au défi de sortir de sa zone de confort.

Malgré l'échec cuisant de ce matin, cette décision sonnait juste. Même après tous les soucis rencontrés avec la moto, il ne pouvait oublier ses premières minutes de trajet jusqu'ici, dénuées de problèmes. Il s'était senti presque…heureux à nouveau. Néanmoins, il lui fallait l'aide de quelqu'un pour les débuts.

Sa décision prise, il se tourna vers Dean.

« Est-ce que vous donnez des cours ? »

Dean tourna la tête pour le regarder par-dessus son épaule.

« Des cours ? »

« Vous savez » Dit-il, se sentant soudain gêné. L'expression confuse de Dean n'aidait pas. « Des tuyaux pour les personnes qui ne connaissent pas toutes les bizarreries nécessaires pour conduire une Harley de 1964 »

Inutile de mentionner son ignorance sur les motos en général.

« J'crains bien que non »

Dean sélectionna un tournevis dans l'immense coffre de métal.

« Je ferais bien une exception dans votre cas, vu que vous êtes un ami de Gabriel et tout ça, mais je suis vraiment plein pour l'instant » Il referma le couvercle de la caisse à outils. « Mais je peux vous donner le nom de deux ou trois personnes qui seraient capable de vous aider »

Un sentiment de satisfaction émergea, et il sourit.

« Parfait »

Les yeux verts devinrent légèrement rieurs. Vu l'horrible démarrage de sa journée, les choses s'amélioraient enfin. Avec un peu de chance, faire de nouveau face à Dick ne serait pas le désastre qu'il envisageait depuis des semaines.

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~~OooO~~

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Le lendemain Castiel enroulait une serviette autour de sa taille, les cheveux dégoulinant alors qu'il quittait la salle de bain pour entrer dans sa chambre. Il avait définitivement fait un pas en avant pour améliorer les choses. Le réglage de la veille sur la Harley avait fait une immense différence. Dean avait fait démarrer la moto pour lui sans aucun problème, prouvant que tout fonctionnait bien. Et le trajet pour de retour s'était déroulé en douceur, le voyage prouvant qu'il avait raison. Il ne regrettait vraiment pas d'avoir choisi la Harley.

Ce matin, il se sentait mieux. Rafraîchi. Rempli de plus d'espoir qu'il n'en avait eu depuis longtemps. Il prépara une quiche qu'il mit dans le four, le premier vrai plat cuisiné qu'il avait fait depuis des lustres. Même sa séance quotidienne de branlette sous la douche avait été plaisante.

Du moins jusqu'à ce qu'il jouit, le moment ayant été gâché par l'apparition d'une image de Dick dans son cerveau.

Les lèvres de Castiel se tordirent. Il avait commencé comme d'habitude, en visualisant David Beckham à genoux et en s'excitant doucement en imaginant un corps puissant et des yeux noisettes si brûlants qu'ils pourraient faire fondre du beurre à dix mètres de là. Il aimait les barbes de quelques jours, la sensation rugueuse sous sa main tandis qu'il caressait une mâchoire pendant que des lèvres et une langue jouait sur son corps comme d'un instrument de musique. David et lui avaient été si proches de la satisfaction mutuelle. Si proches. Et puis, comme une publicité ennuyeuse sur le Net qui refusait de se fermer, était apparue le visage de Dick, le dévisageant comme il l'avait fait si souvent auparavant.

Quelle façon de gâcher un bon orgasme !

Mais à partir de lundi, il n'y aurait plus aucune possibilité de l'éviter physiquement. Entre les vacances de son ex et le congrès médical auquel avait assisté Castiel, auxquels s'étaient ajoutées énormément de modifications du planning de la clinique de sa part, il s'était arrangé pour éviter de le voir au boulot depuis leur séparation.

Mais ils dirigeaient ensemble la Clinique Front Street, Bon Dieu !

À ce stade, il se dit qu'il avait 2 choix. Il pouvait grandir, arrêter de repousser l'inévitable et être celui qui définirait le moment où ils se reverraient pour la première fois. Ou il pouvait continuer à l'éviter jusqu'à la dernière minute possible, auquel cas le moment l'influencerait. Et très certainement de manière peu flatteuse…

Il sécha ses cheveux avec une serviette et mit de côté l'image mentale de lui jacassant comme un idiot devant Dick ou restant muet comme une carpe, chacun de ces scénarios étant une possibilité regrettable. Castiel jeta avec détermination la serviette dans le panier à linge. Après presque deux mois d'inertie, il était temps de prendre l'initiative. Et cela signifiait prendre des mesures pour faciliter leur premier jour à a clinique ensemble.

Il lui téléphonerait pour lui dire de passer avant lundi. Inutile de gâcher tout le week-end demain serait parfait. Les dimanches de détente étaient parfaits pour un sage échange de mots au cours duquel son ex petit-ami récupérerait ses dernières affaires restées dans le garage.

La décision préventive le réconforta tandis qu'il enfilait ses vêtements. Aujourd'hui, il passerait un moment appréciable en tête à tête avec son acquisition récente. Cela ne ferait pas de mal de s'entraîner à démarrer la Harley au pied avant qu'il ne passe.

Castiel tapa son nom sur le raccourci d'appel avec plus de force que nécessaire, espérant malgré tout qu'il réponde.

Ou pas.

« Allo ? » Fit Dick.

La poitrine de Castiel s'emplit de plomb en fusion.

« Bonjour Dick »

« Castiel »

Il y eut un silence gêné alors qu'il revivait leur première rencontre, au cours d'un congrès médical à Hawaii. Entre l'intérêt de Dick pour traiter le VIH dans les populations pauvres et la formation additionnelle de Castiel en médecine de rue, s'associer dans la création de la Clinique Front Street pour atteindre leurs buts à long terme avait semblé parfaitement logique. À la fois, personnellement et professionnellement. Maintenant que le côté personnel avait touché à sa fin, le côté professionnel était devenu ridiculement difficile.

Seigneur, ne plus jamais mélanger les deux. Jamais !

« Gabriel m'a dit que tu as acheté une moto » Dit Dick.

Castiel ferma les yeux. Fichu Gabriel et sa grande gueule.

« C'est vrai » Dit-il « J'appelle pour parler de tes cartons que tu as laissés dans le garage. Je me suis dit que tu pourrais passer les récupérer demain soir »

Jusque-là, tout allait bien. Il avait même réussi à garder un ton nonchalant.

« J'peux pas » Répondit-il « J'ai des projets »

Super. Et maintenant ? Une goutte d'eau coula le long de son front, et il essuya l'intruse.

Pendant que Castiel essayait de décider ce qu'il allait dire ensuite, il continua. « Mais je peux passer aujourd'hui »

Castiel ravala le non qu'il avait sur la langue, maintenant qu'il avait mis la stratégie en marche, il ne voyait pas de moyen de s'en sortir avec grâce.

« Aujourd'hui, ça me va »

Aujourd'hui, ça craint !

« Je comprendrais que tu sois trop occupé » Ajouta Dick.

« Je peux trouver quelques minutes » Dit-il « À quelle heure cet après-midi ? »

Au moins, il aurait toute la matinée pour…

« Je serais là dans 1 heure »

1 heure ? Parfait !

Ça lui laissait pile assez de temps pour paniquer…

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A très vite pour la suite...si vous la voulez ;)