Titre : Au bout du fil
Pairing : VanVen, comme dans tout le recueil.
Genre : Un peu de Drame, énormément de Romance. Fluffy, très fluffy.
Disclaimer : Vanitas et Ventus appartiennent à Square Enix.
Rating : T pour vulgarité
Résumé : "Une nuit, des cris, un appel et la musique en fond. Des larmes, de l'aide, une évasion - et le temps qui avance inexorablement vers le point du jour."
Playlist - les chansons que je conseille d'écouter durant la lecture : How to Save a Life (The Fray), Where the Story ends (The Fray), Syndicate (The Fray), Telephone (Lady Gaga & Beyoncé)
Hellow à tous les gens qui passent dans le coin !
Ici Momo qui, comme prévu, revient avec un recueil d'OS, un recueil mes amis, vous vous rendez compte ? 8D Et sur le VanVen ! Eh oui ! 8D Alors, quelques mots quant à cet OS et quant à ce recueil, tout de même... De par nos différences, c'est quoi, tout d'abord ? Bah, c'est un projet qui me prend du temps. xD Une dizaine de longs OS, peut-être plus, le tout sur un même pairing, mais avec un but bien précis : diversifier. Changer, placer nos deux héros dans dix mille univers différents, leur faire endosser le rôle du géant ou du sorcier, du colon ou de l'indigène, le tout sur un fond de romance plus ou moins présent.
Quant à cet OS, le tout premier de ce recueil, eh bien... C'est une très grande nouveauté pour moi, en fait, car pour la première fois, je m'essaie au PoV de Vanitas - et j'espère bien que ce ne sera pas la dernière. xD
Enfin, je vous laisse à la lecture avec, néanmoins, un petit mot de remerciement à Elerina, ma bêta-lectrice : sans elle, cet OS, ce recueil n'auraient jamais vu le jour... Sans ses encouragements, ses prélectures, y'aurait pas d'OS, pas de recueil d'OS, rien de tout ce que vous voyez : alors un immense merci à cette fille merveilleuse grâce à qui tout est possible. x3
Bonne lecture ! =D
Au bout du fil
Vanitas frissonna lorsqu'un bref courant d'air vint s'insinuer derrière sa nuque et appuya sur le bouton central de sa manette – le petit objet à la prise en main si facile qui, assorti à la troisième console d'une certaine célèbre marque, meublait ses mornes soirées en solitaire. Il soupira, se leva et prit la direction de la cuisine du petit appartement qu'il habitait seul, au deuxième étage d'un immeuble sans intérêt particulier, pour en fermer la fenêtre qu'il avait dû laisser ouverte. Il quitta l'enceinte formée par ses larges canapés noirs dont l'un marquait l'angle de la pièce, abandonnant la manette sur leur cuir confortable, traversa la large pièce qui lui servait à la fois de salon et de salle à manger, et termina son chemin devant cette simple porte grande ouverte. Il pénétra à l'intérieur de la cuisine, jeta un regard blasé à la fenêtre laissant effectivement passer la doucereuse brise de la soirée – agréable au premier abord, glacée lorsqu'on en découvrait le caractère véritable, à coup sûr et par conséquent mesquine, elle lui donna alors l'impression d'être porteuse d'un arrière-goût de surprise, de trahison, voire d'incertitude.
Secouant la tête pour chasser de son esprit ces pensées auxquelles il ne trouvait pas d'utilité, il songea un instant à s'en aller dormir – d'autant plus qu'il se lèverait tôt le lendemain et que son patron n'apprécierait certainement pas qu'il soit en retard –, mais les chiffres verts encadrés au-dessus du four lui apprirent que l'heure ne s'avançait pas encore au-delà du nombre de onze et jugea aussi qu'il pouvait bien rester éveillé encore un peu. Un bref sourire élut domicile sur son visage ; calmement, il retourna au salon pour éteindre définitivement sa PlayStation 3 – il fallait dire que la bande-son, incessante, se diffusait à un volume trop bas pour qu'il pût en profiter et trop haut pour qu'elle ne le dérangeât pas – puis alluma la radio portative qu'il laissait constamment sur la table de la cuisine. Dès lors, une douce musique emplit la pièce ; l'introduction jouée d'un piano qui accompagna le reste de l'air, soutenant la voix du chanteur dans ses épopées musicales le long de la gamme, acheva de lui rendre toute la sérénité qu'avait pu lui faire perdre son éprouvante journée.
Par la suite, laissant tourner en boucle le CD qu'il avait inséré la veille dans le lecteur prévu à cet effet de l'appareil, il prit de longues minutes à dessiner, comme machinalement, ce qui lui venait à l'esprit. Dessiner, disait-il souvent, lui permettait d'envoyer sur une innocente feuille une couche impressionnante des idées qui lui germaient en tête et de décompresser de toute colère accumulée pour une raison ou pour une autre – c'était également la raison pour laquelle il se vantait de dessiner tous les soirs. Avant de s'abandonner aux bras d'un quelconque dieu grec ou latin du sommeil, il avait en effet pris cette habitude de griffonner quelques brefs croquis, et force était d'avouer que grâce à ces instants de détente où il ne pensait qu'à évacuer le stress de la journée, il parvenait à s'endormir bien plus rapidement, sans plus se réveiller au milieu de la nuit.
Cependant, cette soirée-là, en rangeant son carnet de croquis pour aller se coucher – tandis que l'horloge sur le four indiquait la demie de vingt-trois heures –, il fut dérangé par une musique des plus bruyantes ; et s'il en connaissait parfaitement l'origine, il lui fallait bien reconnaître qu'il ne s'attendait vraiment pas à ce que son téléphone portable sonnât à cette heure-ci. Sans broncher pour autant, il se contenta de glisser une main dans la poche de son pantalon et de s'emparer de l'autre du petit appareil qui vibrait à en sautiller sur la table. Suspicieux, il plaça sur son large écran tactile un regard interrogateur, dont l'expression de surprise s'intensifia et se décupla sitôt qu'il y remarqua le nom de l'appelant. Ventus, lut-il avec étonnement. Ven, son meilleur ami, lycéen d'à peine seize ans – il lui arrivait d'ailleurs de se demander, parfois, comment il pouvait tenir autant à un tel gamin, de cinq ans son cadet –, ce même Ventus qui était censé s'être endormi depuis bien deux heures déjà.
Intrigué, Vanitas haussa les sourcils. Approcha le combiné de son oreille, plaça un doigt stratégique sur l'un des boutons à disposition. Appuya, décrocha.
Elle tournait en fond, la musique. J'avais mis un CD tout bête, un que j'aimais bien. J'étais de plutôt bonne humeur, pour une fois. J'étais bien loin d'me douter de c'que ça donnerait, tout ça. Bien trop loin…
- Allô, Ven', t'veux quoi ? S'enquit directement le jeune homme.
Murmure inaudible ; l'adulte répéta sa question, intrigué. Et quelque chose qui n'allait pas, quelque chose qui ne va pas, je sais que quelque chose n'est pas normal. Seul un silence digne d'une chaîne de radio ne diffusant pas la moindre musique lui revint : dans son dos s'échelonnaient les accords d'une nouvelle piste de cet album qu'il avait auparavant lancé et face à lui s'affrontaient les ondes diaboliques de sons en déclin, déraillés, répétés, éternels.
- V-Van', faut que…, entendit-il soudain, sursautant à l'occasion. J'dois te dire un truc…
L'interpellé fronça les sourcils puis, prenant correctement en main son portable, prit la direction du salon. Sans répondre encore à Ventus, il alla s'asseoir sur le moelleux canapé, s'affala clairement sur le dossier de cuir et se permit de poser les pieds sur la petite table face à lui ; mais quelque chose, un élément de cet univers peut-être, quelque chose de ce monde qui était le sien peinait à tourner en marquant un parfait cercle et, sans qu'il le voulût, il sentit son estomac se nouer. A l'autre bout du fil, la voix de Ven apparaissait nettement comme érayée, obstruée par une émotion, un sentiment bien trop fort pour être contrôlé. Il la sentait trembler, cette voix, vaciller sous les coups hargneux d'une hésitation impitoyable, perdre pied dès qu'elle se jetait timidement à l'eau, abandonner son courage quand elle s'engageait sur les chemins mal éclairés de la vérité dont elle cherchait à faire part.
- Il se passe quoi ? Demanda alors Vanitas, légèrement inquiété par ce ton angoissé que son ami avait pris. Ven, ça va ?
A vrai dire, le jeune homme n'avait jamais prêté la moindre attention à la santé de quiconque ; il considérait seulement ce blondinet de Ventus comme l'exception confirmant cette règle absolue, bien que somme toute, il ne s'inquiétât pas tant que ça pour son camarade. Ce dernier était celui du duo qui faisait en sorte de prendre des nouvelles de son fidèle partenaire – s'il avait cru en Dieu, alors le jeune homme aurait-il affirmé que Dieu seul savait tous les tours qu'ils avaient pu jouer ensemble ! – tous les jours, voire plusieurs fois par jour ; et leur groupe n'avait pas besoin de deux membres aussi anxieux. Au contraire, leur binôme fonctionnait tellement mieux lorsqu'ils s'opposaient en tout point.
Mais cette fois-ci, Ven n'était pas comme les autres jours. Sa voix avait pris, dans la maigre réplique qu'il avait réussi à articuler, les teintes de la douleur et de la souffrance au lieu de celles de cette joie qui l'habitait habituellement – et quelque chose au fond de son meilleur ami persuadait ce dernier que non, il ne l'appelait pas à onze heures et demie pour lui conter un mauvais rêve et que non, ce n'était pas la fatigue qui influençait ainsi sa manière de s'exprimer.
- Je… J-Je…
Sans un mot de plus, Ventus se laissa tomber à genoux sur son lit et éloigna immédiatement le combiné de son oreille. Sa voix tremblait, ses genoux tremblaient, ses mains tremblaient. Ses yeux voyageaient furtivement d'un coin à l'autre de sa chambre ; ses paupières se refermaient par moments pour retenir les larmes qui tentaient de s'échapper ; son cœur battait le rythme effréné d'un concert de percussions endiablé et ses doigts se serrèrent aussi fort qu'ils le purent sur les doux draps bleus qui, quelques instants auparavant, accueillaient encore son corps au repos, son esprit endormi.
Auparavant, répéta-t-il en un murmure. Il voulait se rappeler d'auparavant ; il voulait oublier l'instant présent. Les cris, les hurlements, les insultes, les cris de nouveau, le verre brisé, la douleur et la haine ; encore des cris. Le son sans les images qui lui parvenait aux oreilles laissait son imagination fertile se figurer les horreurs se déroulant de l'autre côté de la porte de sa chambre – dans le couloir, le salon, la cuisine, les pas déboulaient à une vitesse folle, s'enchaînaient aux injures qui fusaient et le seul fait d'imaginer une nouvelle dispute de ses parents retournait le cœur d'un Ventus bouleversé. Il lui fallut d'ailleurs plusieurs secondes, qu'il passa les yeux fermés, recroquevillé en position fœtale entre les couvertures, pour oser reprendre son téléphone portable et laisser dès lors à son ami le loisir d'entendre le bruit de sa respiration saccadée. Cœur battant, corps tremblant, bégaiements ; le blond tenta désespérément de faire passer un quelconque message mais échoua. Lamentable, jugea-t-il, réunissant toutes ses forces afin d'empêcher les larmes accrochées à ses yeux d'en couler, même à la vitesse la plus basse qu'il fût.
- Hé, Ven ? Appela alors son interlocuteur. Ven, je peux savoir c'que tu fous ?
J'entends ta voix. Faible. Tu murmures, tu pleures, je sais que tu pleures au bout du fil, je te connais, je t'ai souvent vu pleurer. Je sais, je sais, j'suis certain que t' es triste, que tu vas pas bien, que tu bafouilles et que t'arrives rien à me dire. Et même si c'est pas mon genre, je sens mon cœur se serrer ; j'me sens mal, par ta faute. Tout ça parce que t'es dans un sale état, gamin, et parce que t'es plus jeune que moi et que j'ai un putain d'instinct que j'comprends pas qui voudrait que je m'occupes de toi.
- C'est… C'est mes parents…, parvint enfin à bredouiller le blond. Ils sont en train de…
Il ne termina pas sa phrase ; se tut, tendit le téléphone aussi loin de lui qu'il put, ramena ses genoux contre son corps, y enfouit son visage. Réfléchit. Inspira, expira, inspira, expira ; respira enfin, tenta de se calmer. Compta les secondes comme un enfant compte les moutons pour s'endormir. Une, deux, trois, quatre, cinq – et la voix de Vanitas, venant du combiné, qui l'appelait et dont il saisissait quelques bribes de répliques. Hé, Ven ? Ven, réponds !
Sa respiration n'avait pas ralenti de la moindre formule de vitesse qu'il existât lorsque l'adolescent reprit enfin en main son portable qu'il ramena à son oreille, s'efforçant à nouveau de respirer normalement – inspirer, expirer, inspirer, expirer. La voix de son meilleur ami résonna alors à ses oreilles et il tâcha de centrer toute son attention sur ce son, cette source de bruit si bienvenue pour le divertir et l'arracher aux inoubliables sons qui peuplaient l'appartement en cet instant-même.
- Bordel, Ven, tu vas me dire c'qui se passe, oui ou merde ?
Et tu réponds pas, et tu réponds pas, parce que t'as plus ton portable dans la main, parce que tu veux pas que je t'entende pleurer, que je comprenne que ça va pas, mais je sais déjà, mais j'ai déjà tout déduit. Inquiet, Vanitas s'était levé et avait commencé à arpenter de mille et un pas précipités la largeur de la salle de séjour ; mais en dépit de ses appels masquant difficilement leur anxiété certaine, pas le moindre bruit sinon celui de sanglots étouffés ne parvenait à lui et tout ce qu'il pouvait faire était attendre. Attendre. Encore et encore, songea-t-il, encore et encore, jusqu'à ce que Ventus ouvre les yeux, sèche momentanément ses larmes que son meilleur ami devinait au son éraillé de sa voix, et s'empare de deux mains gonflées d'espoir du peu de courage dont il savait faire preuve pour lui raconter. Pour lui dire, lui expliquer ; lui expliquer pourquoi, comment, où, quand, et encore pourquoi.
- Y'a mes parents qui s'engueulent, murmura soudain l'autre garçon, ils s'engueulent et ils cassent des trucs, et ils se traitent, et ils crient super fort, et ils vont faire comme l'autre fois, et… Et…
Une fois de plus, le cadet des deux amis bloqua, s'arrêta en plein milieu de son énumération ; simplement parce que la suite causerait bien trop de dégâts au sein de son propre organisme s'il osait la prononcer. Le seul fait d'y repenser le força à se recroqueviller encore, pris de la soudaine envie de recouvrir sa tête des draps, comme lorsqu'il était encore un enfant ; et via le téléphone qu'il amena à son visage pour parler encore – il avait l'impression qu'à présent, seule la voix de son camarade saurait l'attirer hors de ce gouffre où il tombait, en chute libre, sans arrêt, sans que rien ne le retînt –, Vanitas put entendre quelques pleurs difficilement retenus. Ce dernier soupira ; sur le point de la fierté, il arrivait parfois à son meilleur ami de lui ressembler à un tel point qu'il s'empêchait de pleurer lorsqu'il pouvait l'entendre. Un mélange d'angoisse et d'agacement au creux du cœur, le jeune homme prit la sage décision d'aller s'asseoir à la cuisine, faisant fi des chiffres verts brillants – symboles d'un temps en mouvement constant –, afin d'arrêter de se déplacer de part et d'autre de son appartement ; mais ses efforts furent en partie vains puisque, et dès lors qu'il encouragea vivement Ven à continuer son récit, ses doigts commencèrent, indépendamment de sa volonté, à pianoter nerveusement sur la table devant lui.
J'te sens stressé, mec, tu me stresses aussi, à force. Et ta voix qui tremble, et ta voix qui hésite, et ta voix qui tremble ; c'est pas clair, ce que tu racontes, j'y comprends rien, je sais pas si je veux comprendre, j'aime pas cette situation, un peu plus et j'me sentirais mal. J'aime pas ça, j'aime pas te voir comme ça, t'es le seul gars que j'aime pas voir dans cet état, j'veux pas que tu pleures, t'es un gamin, j'y comprends plus rien, c'est le bordel dans ma tête.
- Allez, putain, fais pas chier, raconte ! S'énerva l'aîné des deux amis. T'crois que j'vais attendre toute la nuit ou quoi ?
Un bref regard en direction du four lui apprit que minuit approchait inexorablement – j'le savais, j'le savais putain, pourquoi c'est toujours le soir que y'a des emmerdes, j'suis fatigué, il doit dormir ce con en plus, il a l'école demain lui – ; et un bref instant de silence lui apprit qu'à l'autre bout du fil, l'état de son meilleur ami ne prenait de loin pas le chemin qui l'aiderait à remonter la pente le long de laquelle il avait glissé. N'y tenant plus, ne pouvant résister à cette dernière remarque de la part de son camarade, Ventus avait simplement décidé de laisser à ses nerfs la libre propriété de leurs actions, tant et si bien que tout ce que Vanitas put dès lors entendre fut une série de sanglots, de soubresauts, de hoquets. De pleurs, de pleurs étouffés, de pleurs et encore de pleurs. Quelques bégaiements ici ou là, un soudain bris de verre en bruit de fond qui les fit tous deux sursauter, et puis ces interminables sanglots qui reprirent de plus belle. Oh non, putain, gamin, pleure pas, j'aime pas quand tu pleures, tu sais que j'aime pas, arrête de chialer, arrête direct, mais arrête, arrête de pleurer et raconte-moi tout.
- Ils vont m'frapper, lâcha soudain Ven, entre deux sanglots, ils vont m'frapper Van', ils vont m'taper mes vieux, j'veux pas qu'ils m'tapent Van', j'veux pas !
A l'instant-même où il termina sa phrase, prononcée d'un souffle, murmurée dans le combiné afin que ses parents ne puissent pas l'entendre, le lycéen se rassit brusquement sur son lit, rabattant son bras, celui qui tenait fermement son téléphone, sur les draps. Il jeta un furtif regard à l'appareil dont il ne sortit aucun son ; mais ce n'était pas grave, il se fichait de savoir ce qu'en pensait Vanitas, il se fichait de tout. Les larmes sur ses joues avaient coulé, roulé, coulé encore jusqu'à s'écraser, une par une, sur les couvertures que son poing libre serrait maintenant de toutes ses forces, et les soubresauts irréguliers qui vrillaient son corps lui donnaient l'impression de se calmer peu à peu. Un cri se fit entendre, suivi d'une injure ; il s'en foutait. Un nouveau verre, ou une assiette – il s'en foutait – se brisa au sol ; il s'en foutait. La voix de son meilleur ami s'échappa du combiné ; il s'en foutait – ou du moins le crut-il jusqu'à ce qu'il comprenne que ce son-là prenait des tonalités bien plus douces que ceux qu'il avait eu le loisir d'entendre précédemment.
Bien qu'il fût tout d'abord hésitant, il se décida finalement à ramener à son oreille l'engin, et demanda nerveusement à son camarade de répéter ce qu'il venait de dire, ensemble de phrases dont il n'avait saisi que quelques mots.
- J'ai dit, maintenant tu te calmes, mec, répéta alors le jeune adulte. Tu respires un grand coup comme j'viens d'le faire et tu te calmes, okay ?
Tu réponds pas, tu réponds pas, mais je m'en fous que tu répondes pas. J'ai respiré un super grand coup pendant que tu chialais derrière ton putain de portable, j'ai inspiré et expiré, ouais, et j'me suis calmé un peu, et j'arrive à t'parler normalement, mais j'serai pas d'accord que tu pleures encore parce que j'aime pas quand tu chiales. Je respire encore un coup, j'attends ta réponse, j'attends d'entendre ta voix ; mais je sens juste ta respiration, je la sens vraiment se calmer un peu, et ça me fait du bien de sentir ça. Calme-toi, gamin, calme-toi, ça va aller, j'suis là – et j'aimerais trop avoir les couilles de t'le dire pour de vrai.
De son côté de la liaison téléphonique, Ventus s'exécuta ; inspirer, pensa-t-il, expirer, inspirer, expirer. Une, deux, trois fois. La voix de son ami, qui recommença alors à lui parler d'un ton le plus calme possible – peut-être même visait-il une quelconque douceur dans ses paroles –, acheva le processus que ce dernier avait nommé « respirer un grand coup » ; et dès lors, les larmes séchées sur les joues du blond ne furent plus que le souvenir profondément ancré dans son âme de ces longues minutes passées à craindre ses parents, à pleurer et à s'angoisser.
- Van'…, murmura-t-il soudain, Van'… Ça m'fait trop peur, sérieux… S'te plaît, j'sais pas quoi faire, là, j'veux pas qu'ils m'frappent, je…
Dans sa cuisine, Vanitas se leva. L'horloge au-dessus du four indiquait à présent minuit pile. D'un rapide coup d'œil à l'extérieur, il distingua une nuit éclairée par la présence d'une lune à moitié visible et dès lors, un plan commença à se construire, petit à petit, dans son esprit ; certes, c'était risqué, mais ils – Ven et lui – n'avaient pas d'autre choix, à son sens du moins. Il voulait, voulait vraiment, il tenait sincèrement à aider Ventus – il n'en pouvait plus, non, il ne supportait plus de l'entendre pleurer à l'autre bout du fil, de le savoir cloîtré dans le même appartement que ses parents qui s'agressaient manifestement à coup d'insultes, sans la moindre pitié pour la verrerie sur laquelle leurs mains mues par la colère tombaient, et en tant que meilleur ami du blond, il se devait de l'empêcher d'assister à une éventuelle scène de blessure voire d'homicide, tout comme il refusait de le laisser entendre plus de ces injures qui devaient lui faire si mal.
- Bordel, Ven, me fais pas la grande scène du deux, là, ordonna le plus âgé des deux garçons. Tu te calmes direct avec tes répliques de dépressif, et tu te ramènes, okay ? Ecoute, tu sors par la fenêtre et tu viens chez moi, je t'attends. D'accord ?
L'adolescent ne répondit tout d'abord pas, un peu surpris de la proposition de son ami. Lui rendre visite, là, dans l'immédiat ? Répéta-t-il mentalement. Laissé sceptique par une telle proposition, il en envisagea alors les possibilités de réussite – le tout en s'interdisant formellement de prendre en compte celles que l'opération échoue – ; il s'approcha de la fenêtre de sa chambre, au rez-de-chaussée de son immeuble, scruta l'horizon. Ses yeux se perdirent dans la sombre immensité de la nuit, mais retrouvèrent un semblant de chemin lorsqu'ils croisèrent la pâle lueur de la lune et celle, plus vive, des lampadaires électriques en permanence allumés dans la rue. Pas un mot, pas un bruit, pas une présence ou forme de vie à l'extérieur ; juste les cris qui perdaient de l'importance dans son dos et la voix de Vanitas à l'autre bout du fil. L'ambiance de la soirée avait là quelque chose d'attirant, presque d'envoûtant ; et de toute manière, que pouvait-il faire sinon suivre l'ordre de son ami ? Il ne voulait pas, non, il avait bien trop peur de rester dans sa chambre, parce qu'il savait que dès lors qu'ils se seraient calmés, ce serait vers lui que se dirigeraient ses parents, et que pour peu qu'il ne les satisfît pas, il serait sévèrement châtié. Si autrefois on lui hurlait dessus, depuis peu on s'emparait de son bras, le secouait, le claquait parfois, le jetait à terre d'autre fois ; et les coups pleuvaient, les insultes pleuvaient, mais pas qu'envers lui, envers tout le monde, envers tout ceux qui se trouvaient là, et il remerciait à chaque instant le Ciel de ne lui avoir accordé ni frère ni sœur.
Après tout, le jeune homme qui le soutenait en cet instant-même était bien le seul qu'il aurait pu considérer comme son frère – voire, comme un membre de sa famille.
- O-Okay, bredouilla-t-il, okay, je viens, mais tu m'attends, hein, tu restes avec moi, on est ensemble, hein ?
Vanitas acquiesça d'un bruit que Ven apparenta à un grognement, et dès lors, le blond suivit ses ordres à la lettre ; il s'approcha de la fenêtre, l'ouvrit en grand, laissa l'air froid venir d'au-dehors et s'infiltrer dans sa chambre, faire frissonner son corps à peine réchauffé par le tissu fin d'un simple ensemble – short et t-shirt de pyjama n'avait pas la caractéristique de porter vraiment chaud en soirée, et encore moins à l'extérieur – et se perdre entre les mèches dorées de ses cheveux qu'une légère bourrasque décoiffa en partie. Son meilleur ami lui commanda de se dépêcher, de s'en aller rapidement ; mais alors qu'il enjambait le rebord de la large fenêtre, il fut soudain pris d'un remord indéniable. Que diraient ses parents en ne le trouvant pas dans sa chambre ? Qu'en penseraient-ils, comment agiraient-ils ? Et s'ils ne comprenaient pas, s'ils ne saisissaient pas que leur fils craignait simplement leurs représailles ? Ventus avait peur, si peur, tellement peur qu'ils le prennent mal, qu'ils se vengent par la suite, qu'ils le punissent dès lors que la présence rassurante de Vanitas ne pourrait plus le protéger – car son meilleur ami, s'il se fâcherait sans doute en apprenant ses pensées de l'instant, n'était pas si dur qu'il le laissait paraître, et l'adolescent l'avait remarqué depuis bien longtemps.
Aussi, le lycéen s'empara, fébrile, d'un morceau de papier traînant sur son bureau – puis tout s'enchaîna vite, si vite, tellement vite. Trop vite, peut-être. Un stylo, la main qui tremble, un petit mot, les lettres qui s'assemblent et le papier déposé, abandonné en toute hâte. Ven ne savait pas même si ce qu'il avait écrit était lisible, mais peu lui importait. Les pas qui hésitent, les jambes qui flanchent et le téléphone en main, serré au centre de la paume, seul lien avec une réalité qui se perd, s'éloigne, disparaît. Fonce, gamin, bouge-toi et cours jusqu'ici, cours à en perdre haleine, je t'attends. Et je t'attends et j'veux que t'arrives vite, parce que j'supporterai pas de te savoir seul dans la nuit trop longtemps, mais j'peux rien faire d'autre que t'attendre, alors dépêche, dépêche-toi, viens vite.
- J'reste avec toi, mec, promit le jeune homme, j'reste avec toi, mais dépêche-toi d'venir, okay ?
Sans répondre par autre chose qu'un mouvement de tête affirmatif – détail sans intérêt puisque son ami n'avait pas la possibilité de le voir –, le blond garçon n'attendit pas un instant de plus pour passer, sans hésiter, par la fenêtre de sa chambre. Il retomba à pieds nus dans l'herbe fraîche de son jardin, envisagea la rue inanimée, les lampadaires dont la lueur brouillait son esprit, se remémora péniblement le chemin à emprunter pour se rendre chez Vanitas. Le bus lui aurait été dans cette quête d'une grande utilité ; mais à cette heure-ci, le dernier bus avait bien dû terminer sa tournée et de toute façon, aucun chauffeur digne de ce nom ne le laisserait monter à bord dans cet accoutrement. Les larmes lui vinrent aux yeux lorsqu'il songea à ce qu'il pourrait croiser au long de son périple ; et pourtant, tenta-t-il de se persuader, et pourtant, un quart d'heure à pied, ce n'était pas la mer à boire ! Il lui faudrait juste faire attention aux endroits où il déposerait ses pieds, regarder de temps à autres derrière lui, garder son portable en main, et prier pour que son meilleur ami puisse faire quelque chose dans le cas où il ferait une mauvaise rencontre.
Ven secoua la tête comme pour chasser de son esprit toute pensée inadéquate, puis s'engagea rapidement dans la rue. Bien qu'il pensât tout d'abord s'avancer à pas de loup jusqu'au trottoir – dès qu'il l'aurait dépassé, ses parents ne pourraient plus le voir depuis l'appartement aux volets encore ouverts –, il préféra finalement courir, courir aussi vite qu'il le put, jusqu'à ce lieu salvateur.
- Van', murmura-t-il dans le combiné, Van', parle-moi, s'te plait, parle-moi juste…
Il avait besoin d'une présence – d'une voix, de quelqu'un près de lui, de n'importe quoi, de quelque chose qui l'encouragerait à continuer. Accroché, si fermement accroché à son téléphone, comme si sa vie en dépendait, il reprit une course effrénée, s'empêchant de fermer les yeux, s'interdisant de pleurer, s'ordonnant d'être fort et de se battre. Son camarade, lui, était quelqu'un de fort, et à coup sûr le blond lui ferait-il honte s'il venait à abandonner. S'il s'écoutait, s'asseyait au sol, se recroquevillait en pleine rue tandis que le temps dépassait de plus en plus l'heure de minuit, et passait la nuit à pleurer, sans prêter attentions aux menaces de l'extérieur, alors incontestablement décevrait-il l'homme si courageux qui l'attendait dans cet appartement qui lui apparaissait à présent comme le nid d'un bonheur et d'un soulagement sans faille.
- Allez, Ven, accroche-toi et viens vite, entendit soudain l'adolescent. Tu regardes pas c'que tu vois, tu suis juste le chemin et tu viens.
A l'autre bout du fil, Vanitas parlait. Vanitas lui parlait, tout comme il le lui avait demandé – et cette voix, ferme mais adoucie, ces ordres, indiscutables mais indiscutés, suffirent à lui redonner le courage qu'il lui manquait pour franchir le palier, quitter sa rue, s'engager dans la nuit noire, sous l'œil bienveillant de la lune claire. Alors, Ventus reprit sa route. Ralentit ses pas précipités, laissa sa respiration accorder son rythme à celui des mots que son ami débitait. Et ma voix qui s'adoucit, gamin, et je raconte n'importe quoi, je sais pas, j'ai l'impression de t'aider, enfin je crois pas, et ton souffle qui ralentit, et tes mots qui ne viennent pas, parle-moi, Ven, parle-moi, ça me stresse de parler tout seul, j'arrive pas à être calme. Parle-moi, réponds-moi, dis n'importe quoi mais parle-moi.
- V-Van', bredouilla le lycéen, Van', il fait super noir, j'vois que dalle, s'te plaît, dis-moi que y'a rien…
Et maintenant c'est toi qui stresse, parce que ça t'fait flipper d'être tout seul dans le noir, et putain j'voudrais être à côté d'toi, j'aime pas quand tu vas pas bien, et j'sens ma voix qui flanche quand j'te dis que ça va aller, mais ça va aller Ven, j'te jure ça va aller, j'reste avec toi au tél', lâche-le pas et te l'fais pas piquer, j'reste là, je suis là, fais-moi confiance. Et y'a encore cette putain d'musique dans mon dos, j'en ai marre, j'vais craquer, continue, ramène-toi, suis le chemin, tu le connais bordel, viens, viens, viens.
Agacé, le plus âgé des deux amis avait recommencé à compter les pas qui le menaient d'un bout à l'autre de la cuisine, tandis qu'au-dehors se remarquaient les débuts d'une averse. La radio toujours allumée diffusait en boucle ce même CD qu'il écoutait plus tôt dans la soirée, se mêlait au bruit incessant de la pluie – et Ven, putain, et Ven, il va être trempé, faut que t'arrives vite, mec, grouille-toi. A présent, il n'écoutait plus ; le son lui apparaissait comme un désagréable bruit de fond l'empêchant de se concentrer, tout juste bon à faire accélérer la cadence de son cœur dans sa poitrine. La pluie prenait cette caractéristique récurrente qu'elle l'agaçait, alors que de son côté, Ventus n'y faisait déjà plus attention. C'était la pluie, s'était-il répété, il pleuvait, il pleuvait, il allait être trempé en arrivant chez son ami, ses vêtements collaient déjà à sa peau – mais il s'en foutait, parce qu'il faisait noir et que la nuit sombre embrouillait ses pensées, et que la voix de son ami le calmait, et qu'il voulait s'y raccrocher encore et encore sans penser à quoi que ce fût d'autre.
D'un vif mouvement, Vanitas, lui, s'approcha de l'appareil musical, posa une main dessus, songea à l'éteindre ; mais à cet instant précis, au lieu de l'entendre comme avant, il écouta le morceau. La voix du chanteur portée par les notes du piano, les paroles dont il comprit l'anglais clair et distinct, les tonalités graves ou aigues – tout lui parut, d'un coup, plus reposant, moins stressant.
- Ecoute, gamin, murmura-t-il instinctivement au téléphone. Ferme les yeux, respire à fond. Et après, une fois que c'est fait, viens vite.
Sans un mot, Ven s'exécuta. Le ton doux, calme, presque serein, intime, de son ami avait su mieux que quoi que ce fût auparavant le rassurer. Dès lors, il put reprendre sa route. A pas lents, sans bruit, écoutant les encouragements de Vanitas auxquels il s'accrocha et se rattrapa lorsque de noires pensées tentèrent de s'insinuer dans son esprit – tant et si bien qu'il arriva bientôt au pied de l'immeuble tant recherché. D'un geste se voulant décidé, il approcha sa main aux doigts tremblants du boîtier où il entra le code prévu à cet effet ; un bref déclic se fit entendre et il entra enfin dans le bâtiment.
- J'y pense, souffla-t-il en attaquant la première marche de l'escalier, j'aurai plus de crédit, quand on aura raccroché…
A l'autre bout du fil, le jeune homme ne put réprimer un léger sourire. A présent rasséréné, il avait augmenté le volume de la radio, s'était rassis face à sa table sur laquelle il avait pris appui, avait tâché de ne plus prêter attention aux chiffes verdâtres de l'horloge digitale du four. Tu vois, petit, ça a été, t'es en bas d'chez moi, tu vas arriver, t'es sûrement trempé mais t'es vivant, si t'arrives à penser à ton crédit c'est que ça va, non ? Allez Ven, monte vite ces escaliers, viens, on va trouver un truc, ça va aller. Ça va aller, Ven, ça va aller, je suis là, avec toi, ça va aller.
Puis Ventus arriva devant la porte de l'appartement de son meilleur ami ; trempé, frigorifié, son pyjama collait à sa peau, son cœur battait la chamade, ses dents claquaient les unes contre les autres, ses yeux peinaient à retenir des torrents de larmes. Mais cependant, et surtout, un sourire avait élu domicile sur ses lèvres – le premier de la soirée.
- Hé, Van'…, murmura-t-il, au téléphone ou à travers la porte, il n'en avait pas la moindre idée. Merci, au fait…
A l'autre bout du fil, derrière la porte, l'interpellé esquissa un sourire.
- T'es obligé de gratter contre ma porte pour me dire ça ?
L'un rit ; l'autre fit automatiquement de même.
- Tu sais… Je suis très content que tu sois mon meilleur ami…
Nouveaux sourires, semblant de tendresse qui s'infiltre sous la porte et atteint deux cœurs – les deux cœurs de deux amis qui n'ont sûrement jamais été aussi proches.
- Alors rentre vite, gamin… Tu as les clés ?
- Les clés de ton appart' ?
Vanitas rit devant une telle ignorance – et dire que certains l'apparentaient à de l'innocence alors qu'il s'agissait d'une toute autre chose. T'es niais comme pas deux, tête-en-l'air, rêveur, jamais à ton affaire, mec, mais j't'adore, tu vas m'faire crever de rire un jour. Rentre, j'vais te l'ouvrir ma porte, j'vais m'assurer de mes propres yeux que tu vas bien, et après, j'ferai couler un bain. Ouais, t'as besoin d'un bain, j'pense.
- Non, celles de la voisine, tu crois quoi ? Rétorqua d'un coup le jeune homme, amusé.
Surpris de cette répartie qui le fit cependant rire doucement, Ventus chercha à plonger une main dans sa poche – mais son pyjama ne comportait pas de poche, juste du tissu qui collait encore et encore à ses jambes tremblantes, et à coup sûr le double des clés qu'il avait reçu bien longtemps auparavant était-il resté dans le tiroir de sa commode, dans sa chambre.
- Arrête…, se défendit-il sans conviction aucune. Je les ai pas prises…
- Jamais vu un mec aussi tête-en-l'air.
Vanitas inséra la clé, la clé tourna dans la serrure, la serrure ouvrit la porte, la porte laissa entrer un Ven bouleversé. Trempé jusqu'aux os – le sourire aux lèvres. Glacé, transi de froid, tremblotant encore de peur – soulagé, rassuré, à un point tel qu'il ne parvint pas à contenir sa joie de voir enfin son meilleur ami. Une seconde, un sourire, un rire mi-nerveux mi-heureux et il se glissa immédiatement dans les bras de son camarade, qui n'attendit pas un instant de plus pour refermer la porte de l'appartement et l'enlacer. Le serrer contre lui, passer sa main dans ses cheveux, le garder blotti, faible, secoué de sanglots, contre son torse, dans ses bras, avec lui, si proche.
Tu vois, gamin, ça y est, t'es là, c'est fini, reste là, tu chiales dans mes bras, il va être trempé mon pull, mais j'fais quoi avec un type comme toi moi ? J'te prends ton portable, j'te serre contre moi, et t'arrêtes pas de chialer, arrête putain, j'vais pleurer aussi, j'me sens trop bien et trop mal à la fois, arrête, arrête, arrête. Arrête pas, j'me sens fort quand tu t'accroches à moi comme ça. Arrête, y'a des putain de larmes qui me viennent aux yeux, et y'a que les gosses comme toi qui pleurent. Arrête pas, s'te plaît, arrête pas, laisse-toi faire, laisse-moi t'calmer et t'faire sourire, laisse-moi t'rendre à nouveau heureux. J'veux qu'tu sois heureux, mec, j'aime pas quand tu chiales – sauf quand tu chiales dans mes bras parce que ça m'donne l'impression que j'peux t'aider encore.
Vanitas esquissa un sourire.
L'eau chaude avait, à sa connaissance, toujours eu cette particularité qu'elle rassérénait toute personne qui s'y plongeait – et s'il était sûrement le premier à confirmer cette règle, Ventus devait bien être le second. Sitôt que ses larmes s'étaient calmées, le blond avait été entraîné par son camarade jusque dans la salle de bain qu'emplissaient maintenant la vapeur produite par l'eau presque brûlante du bain qu'avait effectivement fait couler le propriétaire des lieux. A genoux au bord de la baignoire dans laquelle s'était glissé, encore un peu chamboulé, son meilleur ami, ce dernier s'amusait, les lèvres tordues en un sourire mesquin, à brasser l'eau du doigt, tout en observant son camarade. Ven, au moins, se dit-il alors, semblait bien plus détendu qu'auparavant ; bien qu'il ait été gêné, au départ, à l'idée de prendre un bain en présence de son ami d'enfance, il avait ri lorsque celui-ci lui avait proposé d'y ajouter de la mousse – comme lorsqu'ils étaient enfants, avait pensé Vanitas, juste comme quand on était gamins, quand tu voulais toujours faire des batailles de mousse et que t'aimais pas que j'en mette dans tes yeux pour t'embêter – et paraissait maintenant fort serein.
- Au fait, Van', pourquoi tu restes à côté ? Tu veux pas venir aussi ?
Surpris, le jeune homme cligna des yeux. Lui, prendre un bain avec le blond ? Alors qu'ils étaient respectivement âgés de vingt-et-un et de seize ans ? En un sens, son meilleur ami lui paraissait plus puéril que jamais, avec cette demande ; et en un autre, le besoin de retomber en enfance se faisait ressentir à chaque fois qu'il posait les yeux sur la mousse, les bulles, la buée sur les vitres et l'eau chaude qui n'attendait que lui. Putain, Ven, t'es un gamin, mais tu m'donnes envie d'en devenir un aussi, avec ta mousse, ton sourire, tes cheveux trempés et tes propositions débiles… J'te jure mec, si j'viens, obligé on fait une bataille d'eau, ou de mousse, et obligé je gagne pour me venger du fait que tu m'aies fait venir dans le bain, et je vais venir quoi, prépare-toi parce que tu vas souffrir !
Le propriétaire du petit appartement, debout dans la cuisine, occupé à faire du thé, rejeta en arrière une mèche de cheveux noirs qui, encore imbibée de l'eau chaude d'un bain récemment pris, retombait sur son visage. Un rapide regard à la bouilloire, un autre au four ; mais ni l'attente encore longue avant de pouvoir enfin boire, ni l'heure déjà avancée – le temps venait de dépasser la première heure de la matinée dans une course incroyablement folle – qu'il découvrit sur l'horloge digitale ne surent décrocher de son visage le sourire qui s'y était installé. Il le classait dans la catégorie des plus idiots, ce sourire ; cependant, les images, les sons et les sensations de la demi-heure précédente, celle qu'il avait passée à retomber en enfance en compagnie d'un lycéen à présent confortablement installé dans son canapé, ne s'évaderaient sûrement pas de son esprit avant un certain temps. Rien qu'en y repensant, il revoyait les sourires de Ventus, réentendait son rire, sentait à nouveau la mousse sous ses doigts – et les souvenirs qui allaient avec affluaient en masse dans son corps tout entier, doux et légers.
Quelques minutes plus tard, il quitta la cuisine où il avait pensé à éteindre la radio pour le salon, armé de deux tasses de thé brûlant et d'un paquet de biscuits qu'il ouvrit, avant de se laisser tomber sur le cuir luxueux du sofa, à côté de son blond de meilleur ami. Il lui jeta un air suspicieux en remarquant ses cheveux décoiffés, puis se rappela comme il les avait lui-même frottés d'une serviette afin de les sécher – le tout pour assouvir une puissante envie d'embêter quelque peu son camarade.
L'adolescent, vêtu d'un pull chaud en cachemire et d'un pantalon un peu trop long pour lui appartenant à Vanitas, avait ramené ses jambes contre lui et salua la perspective du thé que lui servit son ami avec enthousiasme. Le film qu'avait lancé l'adulte, quant à lui, défilait normalement à l'écran, depuis plusieurs minutes déjà ; seul manquait à l'appel le propriétaire des lieux et, maintenant qu'il était là, Ven décréta qu'ils pouvaient dignement entamer leur soirée en commun. L'autre acquiesça silencieusement et porta un biscuit à ses lèvres. Il avait vaguement pensé à envoyer Ventus se coucher, mais savait pertinemment que celui-ci n'obéirait pas, à moins bien sûr qu'il ne l'accompagnât ; et force était d'avouer que l'un et l'autre avaient bien besoin d'un moment de détente.
Ainsi, la télévision resta allumée jusque tard dans la soirée – à moins que ce ne fût tôt dans la matinée, plutôt ? Se demanda Vanitas. Il n'en savait à vrai dire rien, mais il sentait peu à peu ses paupières prendre un poids considérable, tant et si bien qu'il ne remarqua pas même que son invité, appuyé depuis le début de la soirée contre son épaule, avait glissé sa main dans la sienne avant de succomber, lui, à la tentation de fermer les yeux. Aussi, lorsque le jeune homme parvint à se reprendre et à recouvrer une considérable partie de son attention, l'espace de quelques minutes du moins, c'est un Ven endormi sur son épaule qu'il découvrit en tournant la tête.
- 'tain, Ven…, murmura-t-il en étouffant un bâillement. T'es vraiment un gamin, parfois…
Réunissant toutes les forces qui lui restaient pour se lever sans réveiller le blond, il alla machinalement éteindre la télévision, manquant de renverser au passage le portable de Ventus – le pauvre appareil était resté, abandonné, sur la table basse tout au long de leur soirée –, puis revint à son camarade pour le prendre délicatement dans ses bras. Il le souleva, se bénissant d'avoir encore le courage de le porter malgré l'heure des plus tardives, soupira en passant un regard envieux sur son visage endormi, et se décida à l'emmener dans sa chambre – sa chambre à lui qui, puisque l'appartement n'en possédait qu'une, deviendrait la leur cette nuit-là. A pas lents, il entra dans la pièce, avant de déposer doucement l'adolescent sur le large matelas – heureusement que j'ai un lit deux places parce que sinon, j'imagine pas la galère, sérieux, t'es un sacré gamin quand même, pour t'endormir comme ça sans rien dire, t'aurais dû m'en parler et on se serait organisés autrement – et de remonter sur lui les beaux draps colorés.
Puis, décidant qu'il était bien trop fatigué pour rester éveillé encore, il prit quelques instants à éteindre toutes les lumières de l'appartement et, à plus de deux heures du matin selon le cadran vert au-dessus du four, rejoignit son camarade dans son confortable lit. Là, il s'allongea sur le dos, ignorant Ven qui avait préféré se placer sur le côté – ou du moins le voulut-il. Il échoua cependant à sa bonne résolution de ne pas se retourner et se retrouva bientôt nez-à-nez avec le blond garçon, qu'il dévisagea alors, une pointe de tendresse dans le regard. Même dans la pénombre, il devinait chez son camarade une expression sereine, calme. Le bruit de sa respiration, régulière, parvenait à ses oreilles, perçait le silence le plus complet pour s'insinuer dans son esprit et apporter à son propre souffle un rythme calme, sans le moindre trouble. Le jeune homme sourit, et se laissa aller à passer un index attendri sur la tempe de son ami, avant de glisser jusqu'à sa joue qu'il recouvrit doucement de sa paume. Ventus ne réagit pas – et heureusement, d'ailleurs, car rien ne portait à croire qu'il aurait accepté ou simplement apprécié que son meilleur ami se comportât ainsi, profitant de son sommeil réparateur bien mérité pour détailler son visage – ; Vanitas, un léger sourire aux lèvres, se pencha doucement sur lui, plaqua son front contre le sien, s'abandonna un instant à la proximité de leurs corps. Putain, Ven… Gamin, va… Avec tes cheveux tout blonds autour de ton visage, ta peau toute pâle, tes grands yeux tout bleus et surtout ton air tout endormi, quoi… Avec surprise, il remarqua la lueur de la lune s'infiltrer entre les volets rabattus et échouer sur la peau nacrée de son ami.
J'suis con, mec, j'suis con, mais t'as trop l'air d'une princesse, là. Ouais, t'sais, les princesses de contes de fées, genre la fille qu'attend son prince pendant cent trente ans… J'sais pas pourquoi, ça m'donne envie de… J'sais pas. J'sais pas trop, en fait, j'me sens bizarre… Ouais, sérieux, ça fait juste trop bizarre de te voir comme ça. Ou alors c'est la fatigue… J'vais essayer de dormir, j'crois, vaudrait mieux.
Alors, le jeune homme laissa son index s'entremêler un instant aux cheveux blonds de Ventus dont il glissa quelques mèches derrière les oreilles, puis se pencha encore en sa direction, et déposa un léger baiser sur l'arcade de son nez, lui soutirant un gémissement presque inaudible ; satisfait, il accorda à un sourire malicieux la permission de s'accrocher à ses lèvres, puis s'éloigna de son camarade, ferma les yeux et s'abandonna au sommeil qui le gagna bien rapidement.
Soudain, tandis que l'heure nocturne atteignait son apogée, une bruyante mélodie retentit dans tout l'appartement et réveilla en sursaut son propriétaire. Dès lors, il fallut à Vanitas quelques secondes pour réagir, repoussant machinalement son meilleur ami qui, dans son sommeil, s'était rapproché de lui jusqu'à se blottir contre lui ; une fois que cela fut fait, il se rendit précipitamment dans le salon, d'où venait le bruit, et eut alors le loisir de voir vibrer le portable de son camarade sur la petite table. Mais Ven, bordel, c'est qui le con qui t'appelle à c't'heure-ci ? J'prends ton portable, j'regarde, c'est marqué « maison », y'a un truc qui m'dit que tes parents vont encore faire chier, et ta sonnerie elle est merdique à part ça, mais j'dois répondre là, sinon ça va t'réveiller, et j'veux pas qu'ils te réveillent. Sans attendre une seconde de plus, le jeune adulte porta le combiné à son oreille et, bâillant du même coup, décrocha.
- Allô, Ven ? Entendit-il appeler une voix féminine, manifestement nerveuse. C'est maman, on a trouvé ton mot, on-
- Raté, coupa-t-il aussitôt, c'est pas Ventus.
S'ensuivirent quelques secondes du silence le plus total, dont le garçon profita pour éteindre son propre téléphone – il ne désirerait certainement pas être réveillé encore une fois qu'il se serait rendormi –, avant de se laisser tomber sur son canapé où il s'allongea, le portable de Ven toujours en main.
- Vanitas ? S'étonna au bout du fil la mère du blond. Pourquoi est-ce que tu réponds au portable de-
- Rah, mais la ferme, à la fin…, la coupa-t-il de nouveau d'un ton plus sec que la fois précédente. Vot' fils il est chez moi, z'avez qu'à venir le chercher d'main, parce que là on aimerait bien dormir, lui et moi.
Sur cette réplique cinglante, il n'attendit pas même de réponse de la part de la femme et, portant le téléphone à hauteur de ses yeux, il raccrocha, avant d'éteindre le petit engin – le tout sans le moindre remord. Après tout, il commençait à en avoir marre, des parents de son meilleur ami ; non contents de se disputer jusqu'aux heures les plus tardives possibles – il était tout de même deux heures et demie ou trois heures du matin –, non contents de le mettre dans des états à peine croyables, non contents d'aller jusqu'à le faire fuir de chez lui, ils arrivaient encore à prendre le risque de le réveiller en pleine nuit, alors qu'il avait tant d'émotions à assimiler, tant de blessures à réparer, et que seul le sommeil saurait rendre à ses nerfs leur situation d'origine.
Aussi, il reposa l'appareil à l'endroit où il l'avait trouvé, puis retourna dans la chambre, avant de s'allonger à nouveau aux côtés de son camarade qui semblait encore aux prises avec les soldats du sommeil, bien qu'un léger grognement de sa part laissât prévoir que la sonnerie de son téléphone l'avait arraché à l'emprise de quelques-uns d'entre eux.
- Hm, Van'…, murmura-t-il en se rapprochant de son ami, encore à moitié endormi. C'est qui qu'a appelé, dis ?
L'interpellé soupira, maudissant les parents du garçon qu'il enlaça alors pour avoir osé téléphoner si tard, et se maudissant lui-même pour n'avoir pas pensé à éteindre les portables avant d'aller se coucher.
- Personne, laisse tomber…, répondit-il en un souffle. Et au fait, ta sonnerie, c'est d'la merde. Parce que c'est pas pour dire, mais sérieux, Lady GaGa, quoi…
A ces mots, le blond sourit, sans pour autant ouvrir les yeux plus qu'à moitié, et vint se blottir entre les bras se son meilleur ami.
- Bah, j'la changerai demain, promit-il à voix basse, avant de laisser complètement retomber ses paupières.
Après quoi, l'adolescent rendit son esprit à l'armée d'un marchand de sable quelconque et ne bougea plus, resta immobile contre le torse d'un Vanitas presque attendri – cependant, et peu importait alors à quel point le lycéen pouvait paraître mignon en cet instant, ils ne pourraient décemment pas dormir dans cette position-là. C'est pourquoi l'aîné des deux garçons repoussa-t-il légèrement son cadet, avant de remonter la couverture sur son épaule ; et là, il ne put résister à la tentation de revenir promener son index contre cette joue à la peau éclairée d'une lune brillante. Le bout de son doigt caressa à nouveau sa tempe, s'enhardit à se promener sur son nez, et arriva finalement à ses lèvres. Le jeune homme, lui, s'était rapproché ; et son index, indépendamment – ou non – de sa volonté, vint alors caresser les douces lèvres de celui qu'il avait peu auparavant comparé à une princesse.
Ouais, une princesse. Tu ressembles pas à une princesse, Ven, t'es une princesse, là, genre j'te verrais en robe que ça me choquerait même pas. T'as la lune pour toi, la pénombre pour toi, tes lèvres et ta peau et tes cheveux si doux pour toi, et y'a mon cœur qui bat et j'comprends pas pourquoi, et j'me sens bizarre, trop bizarre, là. J'suis con, ou alors fatigué, ou les deux, mais là, sérieux, y'a mes doigts qui tremblent, j'ai l'impression que je rougis, putain comment j'déteste rougir quoi, et j'me sens mal et bien, bien et mal à la fois. Et surtout, surtout, je crois que c'est clair dans ma tête maintenant, j'ai juste super envie de t'embrasser. Ouais, j'déconne pas, et je crois que tu me tuerais si tu savais, même si t'es trop naïf et niais pour tuer quelqu'un… Mais j'me sens bizarre, tellement bizarre, et ton visage me paraît tellement beau, et tes lèvres tellement douces… J'ai envie de t'embrasser, gamin, j'en crève d'envie.
- V-Van'… ? Mais… Tu fais quoi ?
Surpris, Vanitas sursauta, pour s'apercevoir soudain que son ami avait ouvert les yeux et se frottait doucement les paupières. Eh merde. Bredouillant qu'il ne faisait absolument rien – rien, rien du tout, que dalle, j'allais faire une connerie, putain, heureusement que j'l'ai pas fait –, affirmant et répétant qu'il était juste fatigué et que, de toute manière, il n'avait fait que dormir, il se leva, prétendit avoir besoin de se changer les idées et quitta prestement la chambre, sans un mot de plus pour le blond qui s'assit sur le lit, étonné. L'espace d'un instant, et tandis que la porte de la chambre se refermait en claquant après le passage de son camarade, il passa un doigt sur ses lèvres. Sensation étrange que celle d'une légère pression à cet endroit-même.
Assis en tailleur sur le large canapé du salon, plongé dans le noir le plus complet, deux écouteurs de haute qualité sonore placés dans les oreilles, Vanitas s'attelait à la tâche ô combien relaxante de laisser ses doigts courir le long du piano électronique posé sur ses genoux. Trois heures du matin passées plus d'un quart d'heure qu'il avait ressenti le besoin impérial de se détendre, de se changer les idées et s'il avait au départ pensé dessiner, jouer de la musique s'était au final avéré bien plus efficace. Cependant, et tandis qu'il permettait à ses longs doigts fins de courir le long du clavier, martelant touche après touche dans un ordre des plus précis, il n'entendit pas les pas d'un certain blond se rapprocher de lui, dans son dos ; tant et si bien que la vision de son meilleur ami venant s'asseoir à côté de lui sur le sofa le surprit, le faisant sursauter par la même occasion.
- Hé, Van'…, murmura Ventus en ramenant ses jambes contre son corps. Tu joues quoi ?
Sans répondre, Vanitas extirpa l'un des écouteurs de son oreille et le tendit à son camarade. Qu'il écoute ou non sa musique lui importait peu ; de toute manière, il se contentait de reproduire une énième fois un vieil arrangement dont il était l'auteur, adaptation au piano du même morceau que, plus tôt dans la soirée, il avait écouté via la radio à la cuisine. L'adolescent accepta ce qu'il lui offrait et plaça l'oreillette à l'endroit prévu à cet effet ; dès lors, il ferma les yeux, comme pour s'abandonner complètement à la musique qu'il entendit alors. Les notes s'enchaînèrent, les unes après les autres, au rythme des mains expertes de son camarade plus concentré que jamais ; et un bref regard passé sur le visage presque souriant de son meilleur ami suffit à faire comprendre à Ven que c'était le bon moment. Le bon moment pour lui faire part de ce qui l'avait tracassé pendant un bon quart d'heure, avant qu'il ne le rejoignît ; le bon moment pour, après avoir compris que son hôte avait tenté de l'embrasser, lui expliquer son point de vue dans ce domaine-là.
- Vanitas ? Appela-t-il timidement à l'instant où ce dernier plaquait un dernier accord sur l'appareil. Je peux te dire un truc, dis ?
L'interpellé, rangeant les écouteurs, acquiesça silencieusement. Bah vas-y, princesse, écoute, maintenant que j'suis calmé, viens m'engueuler, viens me traiter de sale gay ou j'sais pas quoi. J'sais même pas si j'suis gay d'toute façon, et j't'avoue j'm'en fous grave, parce que là d'toute façon tu peux m'dire c'que tu veux, j'm'en fous, pigé ? J'm'en fous, j'en ai rien à battre. J'm'en fous.
- En fait, tu vois…, commença le blond, légèrement intimidé par le regard que portait sur lui son ami. J'sais ce que tu voulais faire tout à l'heure, mais s'te plaît, m'interromps pas, c'est super important ce que j'dois te dire, parce que ça fait un moment quand même… Mais tu vois, enfin, j'sais pas si tu comprends, mais depuis tout à l'heure, quand j't'ai appelé, et avant quand j'suis arrivé, et maintenant que j'suis à côté d'toi, j'me sens tellement trop bizarre, et j'y comprends juste que dalle, mais j'crois que j'ai quelque chose avec toi, enfin, j'veux dire, on est meilleurs potes d'accord, mais y'a quand même un truc qui fait que j'me sens bien et mal en même temps, et que j'réalise que j'me serais pas fâché si tu m'avais vraiment embrassé, sauf que je…
Il s'arrêta un instant, le temps de reprendre son souffle, tandis que Vanitas, sceptique face à une telle déclaration, tentait vainement de se remémorer avec exactitude la longue tirade que venait de lui servir en toute franchise son meilleur ami.
- Putain, jura Ven, j'm'emmêle trop, tu dois juste rien comprendre, mais… Mais c'est tellement bizarre, enfin, j'sais pas comment le dire, j'sais pas comment l'exprimer, mais… Mais j'crois que… Enfin j'sais pas…
Son interlocuteur soupira, une pointe de désespoir germant dans le regard qu'il lui jeta. Putain, mec, accouche, tu commences à devenir sacrément soûlant, là, et laisse-moi te dire que si c'était pas aussi jouissif de t'voir rougir, j'crois que j't'aurais baffé depuis longtemps, histoire que tu comprennes qu'avec moi, soit tu parles direct, soit tu te la coinces.
- J'crois que j'suis amoureux d'toi, débita-t-il d'une seule traite. Enfin, j'crois, j'suis pas sûr, hein ! Mais s'te plaît, s'te plaît Van', m'en veux pas, j'sais pas vraiment c'que j'ressens, je… J'me sens trop mal de te dire ça, j'te jure… Mais j'sais vraiment pas du tout c'que j'ressens pour toi… Je sais pas si je suis amoureux ou pas…
Surpris, Vanitas resta interdit quelques instants. Attends, gamin, t'sais que tu viens d'me décrire exactement ce que JE ressens, là ? Ces sentiments, cette incompréhension, cette histoire d'amoureux ou pas… Sauf que j'suis pas gay, moi, toi peut-être, mais pas moi ! Enfin, j'sais pas… Ouais, comme t'as dit, on sait pas, quoi. On va aller super loin avec ça, mec, genre le truc j't'aime mais en fait non. Pitié, arrête de m'parler d'ça, ça m'fait déjà chier et j'sais pas quoi t'répondre. J'te dis que moi c'est pareil, mais j'sens que j'rougis, que j'le dis pas de la bonne manière, et là encore je t'ai tout dit d'un coup, j'ai fait comme toi, et si ça se trouve t'as même pas compris, mais j'sais pas comment t'expliquer moi, comment te dire comment j'avais juste trop envie de t'embrasser, c'est pas un truc facile à expliquer, tu l'as dit toi-même qu'on s'emmêlait.
- E-Ecoute, Van', bredouilla alors Ventus, manifestement gêné, les joues rosies. T'avais bien envie d'm'embrasser tout à l'heure, non ?
L'autre acquiesça, silencieux, penaud des mots qu'il avait bégayés peu auparavant sans même s'en rendre compte, presque honteux d'avoir exprimé au blond ce qu'il ressentait pour lui. Il détourna le regard – parle, gamin, fous-moi la honte un coup, allez !
- A-Alors… Essaie de l'faire, tu veux bien ? Et j'te jure, je blague pas, j'suis sérieux, j'ai vraiment envie qu't'essaies, pour voir si ça t'plaît, pour voir si ça nous plaît à tous les deux, et…
Le blond ne poursuivit pas sa phrase ; Vanitas avait posé son piano sur la table basse et s'était tourné dans sa direction, un léger sourire mystérieux sur le visage. Incompréhensible en tout point ; toute trace de gêne avait disparu de ses yeux et seule sa main droite, qui vint chercher celle de l'adolescent, parut encore un tantinet hésitante – mais sitôt que leurs doigts s'entrelacèrent, et sitôt qu'un lien se créa entre les deux garçons, alors la honte et la gêne n'eurent plus leur place dans la pièce et furent bannie de l'univers qu'ils se créaient peu à peu. Puis, après quelques secondes néanmoins, la main encore libre du jeune adulte se glissa dans le dos de son meilleur ami, amena son bras à s'enrouler doucement autour de sa taille, l'attira contre l'aîné deux des garçons. Ce dernier, détachant alors sa main de celle de son camarade pour l'amener à son visage, prit encore quelques instants à placer sa paume sur la joue de Ven, son front contre le sien. Ses yeux dans les siens, ses lèvres si proches des siennes – et y'a cette putain d'envie qui est revenue, Ven, j'vais t'embrasser, j'vais t'embrasser jusqu'à c'que tu m'supplies d'arrêter, j'peux pas résister, tes yeux se ferment et m'incitent à continuer, ce serait d'la torture d'arrêter là, j'peux pas, j'peux pas, j'veux le faire, j'en crève d'envie et toi aussi, ça se voit, et surtout là, ça se ressent.
Ventus ne put réprimer un léger frisson au moment où l'index de son camarade se prit au jeu de glisser lentement le long de sa joue, puis de son cou ; il ferma les yeux, ne pouvait plus lutter pour les garder mi-clos, et se remit tout entier à l'emprise de cet homme qui ne résista plus alors à l'envie de plaquer ses lèvres contre les siennes. Oh putain. Doucement, dans un geste fluide, agile, les paupières retombèrent, les doigts se resserrèrent sur les vêtements, le cuir du canapé, coururent des les cheveux blonds. Oh putain. Et l'étreinte qui dure, ne s'arrête pas, dure encore. J'y crois pas. Et le contact qui se poursuit, encore et encore, parce que personne ne veut le rompre, parce que tout le monde veut qu'il continue. C'est vraiment comme ça ? C'est vraiment ça ce que j'voulais ? Oh putain, j'y crois pas, c'est pas possible. Encore et encore. C'est pas croyable, c'est pas possible. J'saurais même pas dire si ça m'plaît ou pas… Et le temps qu'on oublie, qui disparaît. C'est juste géant. Sensationnel. Exquis. L'accomplissement d'un truc dont j'devais rêver depuis pas mal de temps, aussi, vu comment j'ai envie d'continuer, d'jamais m'arrêter. Et le désir de prolonger ce baiser qui le remplace, toujours plus fort, toujours plus irrésistible. Ça m'plaît. C'est même plus que ça. J'adore. C'est un truc de dingue, Ven, et j'sais que ça te fait le même effet que moi, parce que je te sens frémir quand j'me sépare de toi, je sens ta respiration haletante, y'a ton souffle qui s'mélange au mien et ça, ça m'donne juste envie d'recommencer. Les lèvres gourmandes qui se séparent, les respirations effrénées qui s'accordent aux battements des cœurs et s'attirent plus que jamais. Et soudain, l'index de l'un qui se pose, tel un papillon sur une fleur, sur les lèvres de l'autre – les joues de Ventus prenaient d'incroyables couleurs rougies, remarqua Vanitas en venant s'emparer du poignet de son ami, qui décidément le gênait bien, à s'imposer ainsi entre eux deux.
- A-Arrête, Van'…, bredouilla le blond. C'est juste…
Bien qu'un peu surpris, l'aîné se rassit normalement, respectant le choix de son cadet – et surtout, mais il refusait bien de se l'avouer, en le remerciant silencieusement pour l'avoir ainsi aidé à reprendre ses esprits – puis, et tandis que le blond portait une main à son cœur comme pour tenter désespérément de le calmer, proposa sereinement d'aller se coucher. Ça y est, c'est fait, c'était merveilleux, j'ai adoré, j'recommence quand tu veux, j'me sens bien, on va pouvoir aller dormir, et putain j'ai envie d'te dire que t'es mignon, mais j'le dirai pas parce que c'est pas un truc qui s'dit, et puis merde en fait, j'te l'dis quand même. Tu rougis, tu bégaies, j'vais faire une connerie si tu continues Ven, on avait dit juste un baiser, pas plus, mais ça s'voit dans tes yeux que t'en veux un autre et je fais quoi moi avec toi si t'agis comme ça ?
Fébrilement, Ventus réunit toutes les forces physiques et mentales qui lui restaient pour se lever. Il tremblait encore de cette étreinte, de cet échange, frémissait encore de la peau de Vanitas contre la sienne. « Pour voir si ça nous plaît », avait-il dit plus tôt dans la soirée – quelques minutes auparavant en réalité, mais ce temps-là lui paraissait si loin à présent – ; eh bien, songea-t-il en rougissant, sans aucun doute, lui, cela lui avait plu.
- Heu, bon…, hésita le propriétaire des lieux en reprenant peu à peu ses esprits, on va se coucher, Ven ?
Il sourit à son camarade qui lui renvoya le même sourire – sincère, amical et tendre à la fois, il contenait ce concentré d'émotions que chacun était certain de ressentir pour l'autre.
- J'sais pas si j'arriverai encore à dormir à côté d'toi après ça…, répondit d'un murmure le blond, les joues encore roses d'un bonheur et d'une gêne inexpliqués.
Amusé, le jeune homme rit doucement, avant de quitter le canapé à son tour et de s'approcher de son ami. Bah dis donc, gamin, c'est toi qui voulais qu'on s'embrasse, mais à part ça ça t'gêne de dormir avec moi parce que j'ai fait c'que TU voulais ? Mais faudra bien dormir mec, et d'toute façon j'suis sûr qu'en fait t'es aussi bien près d'moi que j'le suis près d'toi. Il lut sans le moindre problème une fatigue sans limite entre les traits du visage enfantin de ce blond qu'il garderait assurément près de lui cette nuit-là ; mais quoi de plus normal, puisqu'il devait bien être trois heures du matin – ou même plus, aucun des deux garçons n'ayant vérifié cette information sur l'horloge de la cuisine. D'ailleurs, songea l'aîné, lui-même devait avoir l'air tout aussi fatigué ; mieux valait pour eux qu'ils aillent dormir et si Ventus n'y consentait pas, il se verrait obligé de l'y emmener de force.
- Bah faudra bien, répondit-il avec détachement. Alors, princesse, tu viens ou tu veux que j'te porte ?
La « princesse » étouffa un petit rire qu'elle remplaça habilement par un sourire.
- Princesse ? Et puis quoi encore ? Répéta Ven, sur un ton faussement indigné. Si je suis la princesse, alors tu es ma marraine la fée.
Vanitas esquissa un bref sourire mesquin, puis fit encore un pas dans la direction du blond. Une main dans la poche et l'autre chercha les doigts de son ami, auxquels les siens vinrent se mêler chastement, sans timidité cependant ; se penchant de son côté, il murmura à son oreille quelques mots.
- Depuis quand Cendrillon elle embrasse sa marraine, Ven ? On s'fait un remix du conte en fait, c'est ça ?
Le blond rit à nouveau – décidément, se dit l'autre, il devait être bien drôle ce soir-là, à moins que ce ne fût la fatigue qui les fît rire nerveusement, bêtement même – et prit franchement la main se son camarade, avant de se tourner en direction de la chambre qu'ils partageraient quand même pour la nuit. Peut-être, certes, se sentirait-il gêné de dormir juste à côté de cet homme qui venait de lui procurer les sensations les plus exquises qu'il ait un jour ressenties, mais peu lui importait ; les doigts de Vanitas entrelacés aux siens, et le souffle de son ami haletant contre sa peau, et les lèvres du jeune adulte soudées aux siennes avaient su ancrer dans ses joues même les rougeurs qui ne les quitteraient plus avant sûrement quelques heures encore. Alors, tous deux retournèrent dans la chambre de l'aîné, se glissèrent à nouveau entre les draps ; mais cette fois-ci, le sourire satisfait sur leurs visages aurait permis à n'importe qui de présager que, non, tout ne s'était ce soir-là pas passé comme prévu.
- Marraine, je peux dormir contre toi ?
Mais bien sûr, c'est super fin comme remarque, ça, miss Ventus… Tu souris, j'le vois dans la pénombre, mais putain, j'arrive pas à t'engueuler quand tu souris, y'a même plus de réplique sadique qui me vient à l'esprit, j'ai juste envie d't'embrasser encore, j'vais finir par crever à force, tu vas me tuer Ven, tu m'donnes tellement d'envies à la fois, et tu détruis ma répartie, et le pire c'est que j'aime ça, j'dois être dingue ou maso, c'est pas possible.
- C'est des trucs de couple, ça, princesse.
L'adolescent parut déçu – comme s'il avait oublié que, non, tous deux n'étaient pas en couple, pas encore du moins. Peut-être le seraient-ils un jour ? Se demanda-t-il alors avec espoir. Peut-être aussi, envisagea-t-il tout de même, ne le seraient-ils pas, mais il chassa cette désagréable pensée en se convainquant qu'ils prendraient cette décision ensemble et s'arrangeraient à l'amiable sur ce point-ci.
Roh, mais non, pleure pas, gamin, on verra bien… Putain, j'aurais dû m'douter que tu voulais qu'on sorte ensemble, t'es un gosse après tout, et au lycée tu prends la main d'une fille ça veut direct dire qu'tu sors avec elle, mais t'comprends pas ou quoi, t'peux pas avoir un gars à ton âge, tes potes vont t'faire des remarques tout l'temps, et fais pas cette tête. Merde à la fin, j'aime pas quand t'es triste, souris encore, même si j'me sens trop con quand tu m'souris, allez Ven, viens t'blottir contre moi et laisse-moi t'rendre heureux encore, on verra plus tard si on est ensemble ou pas, pour l'moment j't'attire contre moi et ça suffit à t'faire rougir, et putain t'es trop mignon et moi j'ai l'impression d'être une nana qui craque sur un chaton, ça y est, j'me sens rougir à cause de toi, fait chier, j'me sens heureux, j'aime pas ça, enfin si, oui et non, non et oui, j'sais plus, j'sais plus rien mec, j'sais juste que j'ai encore envie d't'embrasser et que c'te fois j'vais vraiment l'faire.
- Mais non, ajouta alors Vanitas, penaud, allez, sois pas triste, j'te promets, on verra demain si on veut être en couple ou non…
Pelotonné entre les bras de son meilleur ami qui l'avait attiré contre son torse, Ventus acquiesça silencieusement. Ses paupières ne demandèrent pas même son autorisation avant de retomber lourdement, preuve de la fatigue considérable accumulée jusqu'ici ; et son camarade, l'enlaçant soudain, fut pris de l'envie de rapprocher à nouveau leurs visages, de déposer encore son front contre le sien. On avait dit un baiser, gamin, mais j'crois qu'j'en veux un autre, et quand j'te murmure j'peux t'embrasser, tu me dis ouais, tu rougis encore, on dirait une fille mais normal t'es une princesse, non t'es ma princesse, t'es pas viril mec mais ça doit être la fatigue, et mes lèvres se posent encore sur les tiennes et j'te promets, c'est le dernier pour de vrai cette fois.
Accord silencieux passé entre deux regards à moitié endormis. Lèvres qui se retrouvent et font rougir les joues encore flamboyantes du précédent baiser, bouches avides qui se dévorent et perdent leur pudeur d'auparavant. Mains qui s'enhardissent à enlacer la taille, se perdre dans les cheveux, j'vais faire une grosse connerie si ça continue, doigts qui caressent la peau nacrée, s'accrochent fermement aux vêtements. Et la température qui monte, monte, monte ; et l'air qui manque, manque, manque, obligeant deux corps à se séparer. Et les souffles haletants se mélangent, les regards ignorent le clair de lune qui pénètre dans la pièce, les gestes et caresses se perdent au rythme des cœurs sans prêter attention au temps qui ne cesse de s'écouler ; puis soudain, la tension redescend, parce que ça ne doit pas aller trop loin, parce qu'un baiser est un baiser et rien d'autre – mais c'est le dernier, on a dit c'est le dernier, il faut en profiter, si seulement on était en couple putain, les esprits n'en tiennent pas comptent, j'crois que j'divague total là, les lèvres se cherchent encore et encore : Oh putain.
C'est pas possible. On s'est séparés, Ven, mes lèvres sont plus contre les tiennes, elles les demandent encore, tu me manques déjà alors que t'es juste blotti contre moi, j'me sens bien putain, c'est trop bizarre comme sensation, dis-moi qu't'as aimé, promets-moi que c'était pas le dernier pour de vrai, parce que j'veux pas devoir me passer d'ça. J'arrive pas à croire que j'viens vraiment d'te rouler un patin comme si t'étais mon mec, t'es pas mon mec et j'sais pas si j'veux que tu l'sois ou non, mais là t'es tout rouge et tu te planques dans mes bras comme si j'pouvais t'protéger, et j'me sens fort putain, j'ai l'impression d'être le seul qui t'protège comme ça, que tu veux que ce soit moi qui sois près d'toi quand ça va pas et ça m'fait un bien pas croyable. Et j'me sens bien, bien, bien, même si demain faudra voir tes vieux – mais j'veux pas penser à demain et j'préfère penser à toi contre moi, à ma main dans tes cheveux, à tes bras autour de ma taille, t'es comme une fille et j'ai l'impression que moi aussi des fois, j'me sens con et niais, t'es comme une princesse et j'suis comme la fée, et le pire c'est que ça m'rend heureux.
Tu disais qu'tu savais pas si tu m'aimais, Ven ; bah moi j'te dis que là, maintenant, j'aimerais bien qu'tu m'aimes, j'voudrais qu'tu m'dises « j'suis amoureux d'toi Van' », mais j'crois que si tu l'disais j'me sentirais encore mieux, et que j'serais tellement bien que j'pourrais pas vivre encore, alors dis-le pas et reste contre moi, ça suffit, ça suffit. Ça va aller, je suis là, tout va bien, tout va mieux, j'suis heureux et toi aussi, mais putain qu'est-ce que j'peux être con. Le bonheur parfait ça existe pas, j'sais pas c'que j'ressens pour toi gamin, et j'veux pas savoir, j'veux pas savoir j'ai dit, arrête de m'dire bonne nuit si gentiment, j'vais finir par craquer et j'dois pas, et demain on fera comme si de rien n'était parce que sinon j'm'en remettrai jamais, j'crois.
Mais s'te plaît Ven, s'te plaît, putain, souris pas comme ça. Tu m'souris, tu fermes les yeux, j'me sens bizarre quand j'te vois dormir, j'arrive rien à répondre, et j'me sens tellement, tellement, tellement con à t'regarder comme ça ; mais s'te plaît, s'te plaît, laisse-moi rester là encore, me dis jamais que t'as besoin de quelqu'un d'autre, parce que j'veux être là pour toujours. Me dis rien, tais-toi, dors, laisse-moi te regarder encore, me laisse pas, pars jamais, reste toujours, j'veux être là et j'veux qu'tu sois là ; et même si j'me sens tellement con d'penser ça bah tant pis, quitte à être con j'serai con jusqu'au bout, j'crois que j't'adore Ven, et j'crois que maintenant j'arriverai plus à m'passer toi – alors s'te plaît, la prochaine fois que j't'ai au bout du fil pour un truc pareil, rejoins-moi encore plus vite qu'aujourd'hui, et j'te promets que j't'embrasserai encore si tu veux bien, et ce sera pas le dernier, y'aura jamais de dernier baiser.
Mais à part ça j'me sens con gamin, putain, j'me sens tellement con.
Et voilà, déjà la fin du premier OS... J'avouerai que j'ai tout bonnement adoré l'écrire. x3
Maintenant, lecteur, sache que c'est le premier, mais de loin pas le dernier... Alors écoute-moi bien, une seconde encore : si tu me permets de solliciter ton aide afin de pouvoir toujours produire de nouveaux OS, je t'invite à passer sur mon profil ou tu trouveras un sondage. Sur ce même sondage, je te prie, si tu le veux bien, de voter pour l'OS que tu préfèrerais lire en premier, de façon à ce que je sache quel texte est le plus attendu. =3 Tu trouveras les résumés de chaque OS prévu dans la section "Projets" de mon profil. ^^
Hormis cela, je m'ouvre également à tes idées ; y a-t-il une situation dans laquelle tu aimerais voir nos deux pauvres Vanitas et Ventus ? Un thème, un mot, un scénario précis que je saurai modeler à ma guise, un métier ou un rôle à leur faire endosser ? Eh bien, n'hésite pas, dis-moi tout et je verrai ce que je peux faire ! 8D
Mais pour le moment, merci de ta lecture, ô lecteur qui m'est encore inconnu ; je te remercie d'avance si tu comptes me laisser tes impressions en une review ou un MP et espère te revoir une prochaine fois. =D
