Je me souviendrais à jamais de ce jour... Ou plutôt de cette soirée, j'avais 5 ans. Nous étions en hiver ; l'odeur du charbon de bois s'émanant de la cheminée embaumée toute la maison. J'aimais cette odeur... Le calme paisible habituel fut interrompu soudainement par trois coups brefs sur la porte en bois de chêne, mon père, assit à mes côtés, se crispa légèrement, surpris que quelqu'un vienne à cette heure. Il déposa son journal sur la table basse, devant le canapé pendant que moi, imperturbable, continuée de jouer avec mes poupées. J'entendis la porte d'ouvrir, le grincement de cette vieille porte se fit entendre tout le long du couloir... Deux hommes se présentèrent à mon père, et enchaînèrent directement par lui demander de les suivre. Mon père refusa en premier temps, leur demandant de le laisser tranquille, après tout, il avait une famille et c'était pour nous qu'il avait abandonné toutes idées de devenir scientifique. Les deux hommes se firent de plus en plus insistant demandant à ce qu'il donne ses recherches en plus de leur offrir sa collaboration. Ne souhaitant pas voir le fruit de ses recherches dans leur main, mon père leur claqua violemment la porte au nez et accouru vers moi, il me prit dans ses bras et m'amena à l'étage. Sans rien comprendre, je me retrouvai dans ma chambre avec mon père au bord des larmes. Il me déposa dans mon placard, me regarda avec tout l'amour qu'un père peut apporter à sa fille. Il essaya de me sourire, se voulant rassurant et me caressa d'une main tremblante ma joue. Je ne comprenais toujours pas... Il m'embrassa sur le front et me regarda d'un air sérieux.

« Quoi qu'il arrive, quoi que dise ton papa, tu ne bouges pas d'ici !

— Pourquoi ?

— Écoute-moi ! »

Un coup violent retenti sur la porte, comme si quelqu'un donnait de grands coups de pied voulant la défoncer. Mon père regarda par réflexe derrière son épaule et reporta rapidement son attention sur moi.

« Promets-moi que tu ne sortiras pas d'ici et que tu ne feras pas de bruit !

— Oui papa...

— Brave fille... »

Il me sourit et m'embrassa une nouvelle fois sur mon front.

« Je t'aime.

— Moi aussi papa... »

Il recula et ferma la porte... La dernière image que j'eus de lui, c'est son visage me souriant... Un sourire à jamais marqué dans mon cœur. Un moment plus tard, je pus entendre une porte s'ouvrir en un grand claquement... Un cri... Un coup de feu résonnant encore aujourd'hui dans ma tête... Puis plus rien... Plus un bruit... Je ne sais pas combien de temps je suis restée dans ce placard à attendre désespérément que mon père vienne me chercher. Mon ventre gargouillait, j'avais faim... Soif... Mais mon père m'avait dit de ne pas bouger, et j'allais le décevoir si je ne faisais pas comme il me l'avait demandé. Plus tard, j'ai pu entendre des personnes montaient les escaliers, entrant dans la chambre et laisser échapper des injures... Pendant que je les écoutais, mon ventre gargouilla de plus belle... Leur conversation se stoppa faisant place au silence. Quelqu'un se rapprocha de ma porte et l'ouvrit lentement. Des rayons de lumière m'éblouirent, je mis mes mains sur mes yeux en me plaignant.

« Y'a une gamine dans le placard !

— Quoi ?! »

J'enlevai mes deux petites mains de devant mes yeux qui étaient encore légèrement plissés s'habituant petit à petit à cette vive luminosité soudaine. Un homme brun se rapprocha de moi, il s'agenouilla pour être à ma hauteur et me regarda d'un air sérieux.

« Tu n'as rien ? »

Je me contentai de secouer la tête de gauche à droite, n'osant pas répondre, assez intimidée par la carrure de l'homme.

« Viens avec nous, on va t'aider »

Il me sourit chaleureusement et se releva, voyant que je n'étais pas décidé à le suivre, il essaya de m'entraîner avec lui en me prenant la main que je retirai très vite de la sienne en reculant.

« Non !

— Hé... ! Pourquoi ?

— Papa... »

L'homme me regarda d'une mine triste, il se remit face à moi et s'agenouilla de nouveau.

« Il m'a dit de te dire qu'il voulait que tu viennes avec nous pour te mettre en sécurité ma puce.

— C'est vrai ? »

L'homme déglutit et regarda par-dessus son épaule espérant trouver de l'aide auprès de son compagnon. Celui-ci se contenta de hausser les épaules et de descendre les escaliers. L'homme soupira et reporta son regard sur moi quand mon ventre grogna.

« Hé... Tu as faim ?

— Oui...

— Allez viens, je te promets que ton papa ne t'en voudra pas si tu sors de ce placard pour manger quelque chose.

— Mmh... »

Ma faim l'emporte sur ma promesse, l'homme me prit dans ses bras et me fit sortir de chez moi, il me mit à l'arrière d'une camionnette avec l'autre homme et s'assit à côté de moi. Il sortit des biscuits d'une mallette métallique sous un siège.

« Je te le donne si tu me dis ton joli nom... Me nargua-t-il

— Mmh... Arwen

— Enchanté ma belle, moi s'est Angeal. »