Ohayo mina-san !
Cette fois-ci, je participe à la yaoi/yuri week du Forum de Fairies Fans. Et le thème numéro 1 est: Premier (baiser, première fois, ...).
Un peu de shonen-aï pour commencer, avec un léger Luxus/Fried. Parce qu'on ne sait rien du passé de la team Raijin pas plus que de leur rencontre avec Luxus. J'ai donc imaginé d'où venait cette adoration que Fried a pour Luxus. Je pense que je m'amuserai à faire de même pour Evergreen et Bixrow, pas dans cette week bien sûr. Un rating K plus pour ce texte.
Dans la présentation, je laisserai les couples des deux derniers textes publiés.
Enjoy ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, moi je retourne vite écrire le prochain texte (je suis un peu à la bourre x) )
1- Première rencontre
Première impression ? Fils pourri gâté, puant, possédant un ego surdimensionné doublé d'un air rebelle digne de l'adolescent qu'il était.
Leurs pas résonnaient étrangement dans le grand couloir de pierre. La lumière ronde du lacrima déformait les ombres qui s'étendaient devant eux. À travers la roche froide suintait des gouttes brunâtres qui rendaient les lieux humides et lugubres. La poussière tapissait le sol en un drap de soie grise où leurs empreintes de pieds se distinguaient nettement. Certaines dalles étaient parcouru de zébrures et de fissures, d'autres étaient sorties de leur socle. La lumière éclairait subitement leur chemin, révélant la qualité du terrain au fur et à mesure, rendant leur procession quelque peu hasardeuse. Quelques fois, leur approche faisait détaler les rats en de grands couinements peureux.
Fried évita avec une petite grimace une immense toile d'araignée qui encombrait le passage. Il n'avait pas envie de tomber sur la bestiole qui l'avait tissé. L'autre derrière lui ne sourcilla même pas et l'écarta d'un geste négligé. Rajouter prétentieux au possible dans la liste.
Fried accéléra légèrement le pas. Il voulait en finir au plus vite, se débarrasser de cette corvée et de cet énergumène horripilant. Il représentait tout ce qu'il détestait le plus : un petit- fils de mage reconnu qui se prenait pour le roi du monde, prétendant sienne la gloire de ses parents. Le genre de gosse pourri gâté qui ne devait pas valoir un clou, mais persuadé d'être plus fort que tout le monde.
Grand dieu qu'il pouvait haïr ces gens-là ! Ces petits cons qui osaient le prendre de haut puisqu'il n'était rien d'autre qu'un enfant de serviteur. Les Justin étaient domestiques depuis plusieurs générations pour la famille Hiyashi, il était donc évident que Fried assisterait lui aussi la noble engeance.
Dans les premiers temps, on le laissait aller à sa guise dans le manoir, tant qu'il ne dérangeait ni les maîtres ni le travail d'aucun. On ne pouvait pas dire que le petit garçon fut particulièrement bruyant et agité puisqu'il passait le plus clair de son temps en compagnie du vieux Satoko. Il était précepteur des enfants Hiyashi mais tenait aussi la bibliothèque de la maison. Il arrivait que le maître le fit mander pour discuter littérature ou sujets de société.
Satoko-sensei avait donc l'estime de la plupart des habitants de la grande demeure. Mais il fallait avouer qu'il portait une grande affection au petit Fried. L'enfant aimait les livres mais surtout les très vieux livres écrits dans des dialectes de tous les horizons. Ils trouvaient les lettres fascinantes par leur aspect indéchiffrables et mystérieux. Elles lui inspiraient des formules magiques et des sortilèges effrayants qui peuplaient ses rêves éveillés.
« Tu ne voudrais pas comprendre ce qu'il y a écrit là ? » Les deux billes azurés avaient brillé d'espérance et Fried avait vivement hoché la tête. Le vieux Satoko s'était donc attelé à lui apprendre les vieux langages des livres du passé. C'était un exercice difficile mais le garçon y mettait du cœur et progressait rapidement. C'était tout un monde qui s'ouvrait sous ses yeux, bien plus fou, bien plus étendu que ce qu'il avait pu s'imaginer. Il y avait des témoignages qui lui paraissaient vieux comme le monde ou des textes religieux qui racontaient d'étranges pratiques. Et le meilleur dans tout ça était sans doute que ce monde lui était réservé. À lui et à papy Satoko.
Les enfants de la haute société n'apprenait pas la langue des sortilèges, ni celle des ancêtres de leurs ancêtres. Ils montaient à cheval, jouaient du violon et tournoyaient dans leurs vêtements de soie. Fried ne les enviait même pas, il n'en avait pas le temps.
Cependant, lorsqu'il eut atteint les quatorze ans, on commença à s'intéresser à lui. On n'avait pas besoin d'un autre bibliothécaire, mais le cadet des Hiyashi demandait après un page. Fried se retrouva obligé de délaisser ses trésors anciens pour servir un parangon de narcissisme. Le jeu favoris du noble était de le ridiculiser et ainsi se gausser de son incompétence. Ces humiliations plongeaient Fried dans une rage féroce et quelques bagarres inégales les suivirent souvent. Hélas, ces coups ne lui apportèrent que des privations qui le mettait encore plus hors de lui. L'accès à la bibliothèque lui était, ainsi, souvent interdit.
Ces années de persécution lui laissèrent un souvenir amer mais ce ne fut rien comparé à l'affront dont fut ensuite victime sa famille. Un des fils Hiyashi eut la mauvaise idée de faire une farce et glissa dans une soupe une potion récupérée chez un quelconque arnaqueur. La boisson entraîna une étrange maladie dans tout le manoir. Un médecin diagnostiqua un mélange qui aurait pu être mortel en trop grande quantité.
Les cuisines étaient dirigées par le père de Fried. Il fut arrêter pour avoir tenter d'empoisonner le maître des lieux et toute sa maison. L'enfant Hiyashi n'osa jamais avouer son canular de mauvais goût. La mère de Fried fut dévastée par l'emprisonnement de son mari. Les autres serviteurs lui accordaient des œillades suspicieuses et la nervosité lui faisait commettre nombre de maladresses. Elle se retrouva bientôt sans travail.
Approchant les seize ans, Fried décida de s'engager dans l'Ordre Runique. Il avait entendu parlé de cette organisme par le biais de Satoko. Le vieil homme avait bénéficié de l'enseignement de l'un d'entre eux par le passé. Tous ses membres apprenaient aussi bien l'art de l'épée que de la langue. Ils étudiaient la magie des runes et des incantations. Mais ce savoir était utilisé à des fins militaires, l'organisation prêtant ses épées aux Chevaliers Runiques et au Conseil. Ils servaient généralement dans la police ou géraient les échanges liés à la magie avec les autres pays.
Fried revêtit la tenue blanche de leur ordre et devint un apprenti. Sa mère portait ainsi un poids de moins sur les épaules et il lui envoyait de temps à autre les quelques sous qu'il parvenait à gagner. Il devint l'une des recrus les plus prometteuses, rapide et vif d'esprit et d'épée.
Mais il avait gardé une haine tenace envers ceux qui se croyaient supérieur par leur naissance. Une rancœur opiniâtre et un voile de méfiance qui lui collaient au corps. Prouver à tous qu'il était autant capable qu'un bourgeois, lui, originaire d'une classe domestique, se mit à l'obséder. Au bout d'un an seulement d'études, il avait commencé à étudier la dure magie des écritures des ténèbres. Son œil sombre et violet qu'il avait hérité de cet apprentissage lui valait même le surnom de démon sur certaines lèvres.
Fried était devenu un élève très prometteur et il allait bientôt devenir un membre à part entière de la confrérie. Il était talentueux, tout le monde le convenait. Alors pourquoi se retrouvait-il dans ce trou en compagnie d'un ado rebelle ?
Les bâtiments de l'Ordre dataient de presque cent cinquante ans. Les fondations étaient solides mais les soldats préféraient s'assurer de la résistance de certaines parties en y plaçant des runes. Tous les cinq ans, il fallait renouveler les sortilèges. Il avait eu la malchance d'être désigné pour cette mission, et comme si ça ne suffisait pas, on avait demandé un peu d'aide à une guilde de mages, Fairy Tail.
Incanter demandait toute l'attention du mage et les vieux couloirs regorgeaient de Suifs, de petits monstres qui se tapissaient dans l'obscurité. Ils n'étaient pas particulièrement agressifs mais si l'on s'approchaient trop de leur nid, ils devenaient véritablement enragés. Par précaution, chaque membre de l'Ordre était donc accompagné d'un mage.
Quelle plaie ! Fried s'était, en plus, vu assigner Luxus Drear et ses écouteurs à piques. Ça lui donnait un air je-m'en-foutiste qui avait le don de lui hérisser le poil. Petit fils du maître de la guilde qui plus est mage saint, l'adolescent se contentait d'ignorer la plupart des gens avec son petit air sûr de lui. Il n'y avait pas de mission plus agaçante, pensa Fried en enjambant une dalle déplacée.
- Combien de temps nous reste-t-il avant d'arriver ? grogna son compagnon derrière lui.
- Plus beaucoup. Mais si vous ne vous sentiez pas de marcher un moment dans les soubassements, vous n'auriez pas dû venir, lança Fried d'une voix claquante.
Il ne se retourna pas mais sentit le regard venimeux qui lui brûlait la nuque. L'autre ne se donna pas la peine de répondre. Les tunnels semblaient s'étendre à l'infini, comme un labyrinthe de ténèbres. Les Suifs devaient adorer. Pour se repérer, Fried suivait les résidus magiques laissés pas ses prédécesseurs sans oublier de redonner un peu de magie à ces écritures repères. Le coude d'un boyau les arrêta soudainement devant une impasse. Fried passa sa main sur les pierres sombres. Un sceau de runes rougeoya sur toute la largeur du mur.
- Tenez moi ça, ordonna-t-il en tendant le lacrima vers Luxus.
Les mains libres, il les posa de part et d'autre d'une petite pierre ronde, excroissance du mur à hauteur de son buste.
- Vous aurez besoin de mon aide à un moment ? questionna le blond plus par politesse que par soucis.
- Non, vous êtes effectivement inutile jusqu'ici.
L'affront fit frémir le mage de foudre mais l'insolent avait déjà commencé son travail. Une lueur violette faisait luire faiblement son corps. La petite pierre ronde envoyait des décharges de magie dans le mur, faisant pulser les runes vermeils.
Luxus se détourna en inspirant profondément. Celui-là avait une dent contre lui pour une raison qui lui échappait. Il valait mieux l'ignorer, il ne méritait même pas une once de sa colère. Un bruissement venant des recoins obscurs le fit se figer. Il scruta les ténèbres face à lui, levant plus haut sa lampe et plissant les yeux pour mieux distinguer les formes.
Un mouvement à la périphérie du halo de lumière attira son œil. Il eut à peine le temps de voir une patte noire s'échapper dans l'obscurité. Il avança d'un pas et un bruit de griffe teinta. Des yeux globuleux furent soudainement perceptibles. Luxus discernait des corps ronds couvert de fourrures sombres et de courtes griffes qui rutilaient dans la lumière. Des Suifs de toute évidence.
Luxus recula prudemment pour ne pas paraître agressif. Les petits bêtes évitaient généralement la présence humaine, qu'ils se montrent ainsi n'indiquait rien de bon.
- Fried ?
Ce dernier fut aussi bien énervé d'être dérangé dans sa concentration que d'être appelé par son simple prénom.
- Fried-san, corrigea-t-il d'un ton cinglant. Qu'est-ce que tu veux ?
- Des Suifs nous ont approchés, il faut se méfier.
- Tu es là pour les empêcher de nous attaquer, n'est-ce pas ? Alors rend toi utile pour ça au moins, et fait marcher ta tête.
Et l'apprenti se replongea dans son travail. Les poings de Luxus étaient serrés à craquer. Il inspira profondément et s'éloigna de quelques pas. Ce type ne pouvait pas l'encadrer et c'était réciproque. Il remarqua alors que les Suifs s'étaient un peu plus avancés. Ils restaient pour l'instant immobiles, fixant leurs gros yeux noirs sur lui.
Le problème de ces bestioles était qu'elle n'était pas bien grosses, agiles, elles s'accrochaient partout grâce à leur petites griffes, et possédaient la dentition pointue des carnivores. Luxus pesta intérieurement. Sa magie n'était franchement pas la plus adapté pour ce genre de bête.
Il maugréa après son grand-père qui avait lui même choisi les mages qui répondraient à la requête de l'organisme national. La consigne : ne rien casser ! Que le Conseil entende parler en bien de Fairy Tail l'arrangerait fortement, vu le chiffre astronomique qu'il devait payer pour les dégâts de ses gamins.
Luxus éclipsa son grand-père de ses pensées, le cliquetis de griffes sur la pierre le ramenant à la réalité. Son regard alerte se promena sur la troupe sage qui continuait de le fixer. Aucun ne semblait bouger.
Soudain, il aperçut du coin de l'œil une masse noire qui fondait sur lui. Il eut un mouvement de recul mais la bestiole s'accrocha à son bras et mordit son poignet. Avec un grognement de douleur, le jeune Drear lâcha le lacrima qui se brisa au sol. Des gargouillis se firent entendre alors que les Suifs chargeaient.
- Abruti ! ragea la voix de Fried. Qu'est-ce que tu fais ?
Luxus sentit les bestioles grimper sur ses jambes, plantant leurs griffes dans son pantalon et leurs crocs dans ses cuisses. Il jura. Une décharge d'électricité parcourut son corps. Les Suifs se décrochèrent en glapissant douloureusement. Luxus concentra sa magie dans sa paume et tenta tant bien que mal de produire un semblant de lumière.
Fried bataillait contre les petits monstres. Ils se pendaient dans ses longues mèches vertes et déchiraient son manteau blanc. Le garçon tentait de les faire fuir et en balançait quelque uns, mais les bêtes étaient nombreuses et tenaces. Luxus se précipita vers lui, shootant dans les Suifs qui lui barrait la route.
Il enveloppa de ses bras son acolyte et projeta des éclairs autour de lui. Fried se tendit, effrayé par l'énergie de la foudre et tétanisé par ce contact. Les boules de poils s'enfuirent en jappant. Une fois qu'ils se furent éloigné, Luxus reproduisit au mieux sa torche électrique. La lumière les tenait à distance et la force de la foudre les rendait méfiants.
- Ne me touche pas ! s'écria brusquement Fried en poussant le blond.
Ce dernier tituba en arrière, surpris par le rejet violent, et trébucha sur un amas de cailloux. Son dos heurta une arche de pierre qui maintenait la voûte. Ses éclairs échappèrent un court instant à son contrôle et vinrent se briser contre la pierre. Un grondement sourd résonna. Les Suifs se sauvèrent dans un désordre total. L'arche de pierre s'effondra sur elle-même, entraînant une partie du plafond de la grotte. Fried crut que le monde lui tombait sur la tête.
Le jeune homme reprit conscience peu de temps plus tard. De la poussière tourbillonnait devant ses yeux et une douleur intense lui vrillait le crâne. Il poussa un gémissement et porta une main à sa tête. Un peu de sang macula ses doigts. Sa jambe droite lui faisait atrocement mal.
Il tenta de se relever mais la douleur lui coupa les bras. Il jeta un œil prudent par-dessus son épaule. Un tas de pierre recouvrait sa jambe. Une tâche sanguine teintait son vêtement plus si blanc. Son manteau était couvert de poussière et de petits cailloux ainsi que de marques de griffes et de crocs. Fried tenta à nouveau de bouger mais rien n'y fit. Il était complètement bloqué, à plat ventre dans ce foutu tunnel. Le mage jura et frappa de son poing le sol.
- Fried ? Ça va ? demanda une voix atténuée.
Le susnommé tourna sa tête de l'autre côté pour remarquer un amas de pierre bien plus important qui le coupait du reste de la galerie.
- Je suis en vie, cria-t-il.
- Tu es blessé ?
- Ma jambe a pris un coup mais je vais me débrouiller.
- J'arrive !
- Non ! Ne vient pas, je n'ai pas besoin de ton aide. Je peux me débrouiller seul !
- Conneries !
- C'est toi qui raconte des conneries, tu ne bouges pas de là où tu es. Tu en as suffisamment fait !
S'en était trop pour Luxus.
- J'EN ai suffisamment fait ? gueula-t-il de l'autre côté. Qui m'a poussé contre le mur ?
- C'est de ta faute si la galerie s'est effondrée ! rétorqua farouchement le mage runique.
- MA faute ?! Mais bordel, c'est quoi ton problème avec moi ?
- Tu es juste un bon à rien qui se prend pour le nombril du monde alors ne bouge pas !
Des bruits de pierres qui roulaient lui indiquèrent que Luxus tentait de percer un trou dans la montagne rocheuse.
- Je t'ai dit de ne pas...
- ECOUTE MOI BIEN, ENFLURE ! coupa rageusement le mage de Fairy Tail de l'autre côté. Si tu t'avises de m'insulter encore une fois, je te le ferais regretter amèrement ! Tu ne me connais absolument pas et tu te permets de me rabaisser, tu es juste un petit con prétentieux !
- Moi, moi, je suis un petit con prétentieux ? s'étrangla Fried outré. Mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Regarde toi avec ton air orgueilleux, fier d'être le petit-fils d'un mage saint mais juste capable de tout détruire !
Le souffle d'une détonation envahie la trouée. Fried toussa en tournant de nouveau son regard vers le monticule, la poussière dansait dans l'air.
- Im-béci... tenta-t-il entre ses toussotements.
Mais lorsque les débris retombèrent, la voix du mage blessé se coupa. Un gros trou ornait maintenant la masse de pierre. L'éclat de la foudre irradiait de l'autre côté. Luxus avait un visage déformé par la colère et la valse de ses éclairs lui faisait comme un manteau de fureur. Il s'avança en de grands pas rageurs dans sa direction.
- Je suis Luxus, grogna-t-il d'une voix gutturale.
Bientôt il fut devant lui, le surplombant de toute sa grandeur tempétueuse.
- Je ne suis pas le petit-fils d'un tel ou le favoris de qui que se soit, je n'ai pas besoin de son nom ou de son pouvoir. Je suis un mage de Fairy Tail et la foudre m'obéit.
Fried se sentait oppressé par la puissance qui s'échappait de l'adolescent.
- Je m'appelle Luxus, et non pas Petit-fils de Makarof. Je n'ai besoin de personne pour être puissant.
Il s'agenouilla devant lui et planta ses yeux féroces dans les siens.
- Ne t'avise jamais de l'oublier.
L'ordre fut chuchoté sur un ton menaçant qui fit se hérisser le poil de Fried. Il resta un long moment coi sous le regard de braise. Puis, lentement, Luxus se redressa, sans pour autant le quitter des yeux. Il sembla à Fried que la foudre cherchait à s'imprimer dans ses yeux, faisant même reculer le démon qui s'y tapissait.
Lorsque le contact visuel cessa, Fried posa doucement son front sur le sol pour y mettre un peu de fraîcheur. Ses membres tremblaient légèrement. Il poussa un cri de souffrance quand le rocher qui lui bloquait la jambe bougea subitement. Le mage des runes se retourna. Les biceps de Luxus ressortaient sous l'effort qu'il faisait, ses doigts levant le bloc de pierre. Fried se traîna un peu plus loin et l'autre mage laissa tomber la roche avec un claquement retentissant.
Fried haletait légèrement sous la douleur qui pulsait de son mollet à sa cheville. Il parvint cependant à s'asseoir, tant bien que mal. Luxus s'essuyait les mains l'une contre l'autre. Ses paroles précédentes résonnaient encore dans l'esprit de son camarade. Le blond se tourna vers lui. Son visage n'affichait plus la colère mais gardait une expression encore dure. C'est pourtant sur un ton dénué d'agressivité qu'il questionna :
- Tu te sens bien ?
- Ça va, j'ai une douleur à la jambe, expliqua Fried.
- Tu peux te lever ?
Le blessé s'appuya sur le mur et fit une tentative difficile pour se relever. Luxus lui attrapa le coude et le bras pour l'aider.
- Et marcher ? demanda-t-il encore.
Fried posa un pied précautionneux, aidé par l'autre adolescent. Si sa cheville gauche acceptait de le porter, on ne pouvait pas en dire autant de la droite. Avec un sifflement de douleur, il manqua de tomber. Les bras sûrs de Luxus furent là pour le rattraper.
- Difficilement. Mais j'y arriverais.
Le mage de la foudre ne fit aucun commentaire et se contenta de le soutenir. Il remontèrent péniblement l'allée, Fried s'appuyant lourdement sur l'épaule offerte. Il était salement abîmé. Ensemble, ils refirent le chemin inverse mais bien plus lentement. Fried grimaçait sous la douleur.
Il finit par demander une pause. Il s'assit par terre, gardant sa jambe bien droite. Son œil bleu tenta d'évaluer les dégâts mais son pantalon et les traces de sang l'empêchaient de voir correctement. L'apprenti passa une main sur son front où perlait quelques gouttes de sueurs. Il inspira profondément.
- Je suis prêt, nous pouvons nous remettre en route.
Il tenta de se lever à nouveau mais des bras le saisir brusquement. Avec un glapissement surpris, il se retrouva dans les bras de Luxus. Fried s'accrocha précipitamment à son cou. Un des bras musclé s'enroulait au bas de son dos et l'autre passait sous ses genoux. Le jeune homme se sentit rougir.
- J-je suis tr-trop lourd pour vous ! bégaya-t-il.
- On ira plus vite comme ça.
Luxus avait reprit un masque impassible, l'air de se foutre de tout. Mais Fried savait maintenant que ce n'était qu'une façade. Il se cala un peu plus contre le torse de son sauveur et se permit de le détailler discrètement. Il remarqua que le blond était bien plus carré et développé que lui. Sa musculature semblait plutôt développée pour un adolescent. Le membre de Fairy Tail avait une odeur très masculine qui plaisait étrangement à Fried. Cette constatation colora encore un peu plus ses joues.
Le reste du chemin se passa sans encombre, l'adolescent aux cheveux verts indiquant le parcours à suivre. Bientôt, ils poussèrent la lourde porte qui menait vers les salles de l'Ordre. Des apprentis et des mages s'affolèrent de les voir arriver ainsi, plein de poussière et de sang. Un médecin fut appelé et l'on se chargea de soigner leurs égratignures en l'attendant. Pendant toute l'opération, Fried fut incapable de lâcher des yeux Luxus.
Lorsque le docteur arriva enfin, de jeunes membres soutinrent le mage aux runes pour le mener jusqu'à la salle de soins. Mais Fried attrapa soudainement la manche de son acolyte blond.
- Luxus-san !
L'interpellé fronça les sourcils en se tournant vers lui. Fried se laissa brusquement tomber à genoux devant lui, ignorant l'éclair de douleur qui lui traversa la jambe. Ses porteurs poussèrent des cris affolés.
- Je vous suis éternellement reconnaissant de m'avoir sauvé en bas.
Il dégaina son épée pour la brandir à la verticale devant lui et rajouta d'un air solennel :
- J'ai une dette envers vous. Mon épée vous est maintenant entièrement dévouée.
Luxus eut l'air un peu gêné. L'autre mage aurait juré que ses joues s'étaient légèrement colorées.
- Je n'ai pas besoin d'un serviteur, grommela-t-il. Ne dis pas de bêtises.
Et il sortit de la salle.
(=^.^=)
- T'en fais une tête, Luxus ! remarqua Cana lorsque les quelques mages qui avaient été désignés rentrèrent de leur mission de l'Ordre Runique. Ça c'est mal passé ?
L'adolescent dépassa la petite brune sans lui répondre. Il alla s'asseoir au bar en poussant un soupir. Lisanna était juché sur un haut tabouret derrière le comptoir.
- Tu veux boire quelque chose Luxus ? demanda-t-elle en jouant les barman.
Il grogna un « Non ». La jeune Strauss se pencha vers lui et souffla :
- Dis, Luxus, c'est qui le garçon derrière toi ?
Le mage jeta un œil dans son dos, mais l'encombrant énergumène était toujours là. Fried observait d'un air curieux bien qu'un peu raide la guilde et ses habitants. Il avait encore une allure de soldat avec son dos droit, son long manteau maintenant rouge carmin et son épée suspendu à la taille par une large ceinture. Il s'appuyait cependant sur une béquille pour ne pas poser son pied droit.
- C'est exactement la question que je me pose, remarqua une autre voix.
Makarof s'approcha du trio.
- Bonjour Maître, le salua Lisanna.
À cette appellation, Fried s'inclina brusquement devant le vieillard.
- C'est un honneur de vous rencontrer, Makarof-dono.
- Allons bon ! Appelle moi Makarof ! Mais, qui es-tu, jeune homme ?
- Je suis Fried Justin, monsieur.
- Appelle moi Makarof, je te dis !
- Bien, monsieur.
Lisanna retint un gloussement.
- Je voudrais intégrer Fairy Tail ! Je vous en pris ! Il faut que je protège Luxus-sama ! s'exclama Fried en s'inclinant encore plus bas.
Makarof examina cette étrange recrue en se retenant de pouffer devant l'air blasé de son petit fils. Luxus se leva en faisant grincer les pieds de son tabouret. Il posa sa main sur la tête de Fried.
- C'est un mage potable, Papy. Plutôt idiot mais potable. La marque de Fairy Tail lui irait bien, remarqua-t-il d'un ton plat sans les regarder.
Sa main glissa sur le crâne de Fried dont les yeux brillaient d'un mélange d'admiration et de remerciement. Un frisson le secoua sous cette caresse. Luxus fourra ses mains dans ses poches et sortit de la guilde.
Le mage de la foudre ne se doutait absolument pas qu'il venait de rencontrer le premier de ses coéquipiers/admirateurs qui formeraient bientôt ce que l'on appellerait, l'Unité Raijin.
Voili voilou !
Des personnages pas trop OOC ?
Et vous, qu'auriez vous imaginé pour une première rencontre entre ces deux-là ?
Je retrouverai peut-être demain certains d'entre vous, ce sera cette fois un yuri !
Mataashita !
