N/A : Un immense merci aux merveilleuses Xaphania17 et Matteic qui ont entrepris la dure tâche de retaper mes chapitres !
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Une idée d'histoire qui m'est venue en tête en finissant de lire le tome 7.
Lisez.
C'est un ordre.
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Il n'aurait jamais, jamais dû ignorer ce premier Lumos défectueux.
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Il avait dit Adieu.
Adieu aux nombreuses tourelles, au terrain de Quidditch, à son lit à baldaquin, aux rassurants couloirs de pierre froide qu'il connaissait si bien après les avoir parcourus tant de fois la nuit, à la gargouille qui gardait le bureau du directeur, à la poire chatouilleuse donnant accès à la salle à manger, à Mimi Geignarde et sa stupide salle de bain, à la Réserve, aux Sombrals, à tout.
Il avait dit Adieu à Poudlard, à voix haute même, en descendant les marches du Hall d'entrée pour ce qu'il pensait indubitablement être la dernière fois.
Il se souvenait parfaitement de s'être arrêté net afin de se retourner et regarder le château, déchiqueté par endroits comme si on avait rageusement mordu dans sa façade de pierre dure, massive, pour lui arracher cruellement quelques morceaux. Il s'était fait la réflexion qu'on aurait dit un corps de roc mutilé, amputé d'un membre ou deux.
Puis il avait tourné le dos à ce gigantesque blessé. Et il était parti. Pour ne plus jamais revenir, se disait-il.
Et voici que moins d'un mois plus tard, il fixait à nouveau le fier emblème de l'école figurant sur la lettre jaunie entre ses mains.
Lentement, il décacheta l'enveloppe et en sortit le contenu. Ses yeux parcoururent paresseusement les mots tracés en encre bleue foncée. Puis, il leva le regard et le fixa sur la fenêtre par laquelle il voyait s'envoler le livreur du charmant message.
Ses mains se crispèrent légèrement avant de simplement laisser tomber le parchemin, qui voleta jusqu'à ses pieds. Harry l'enjamba et retourna à la lecture du journal moldu qu'il avait entamé avant cette brève interruption.
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« Pourquoi? »
« Pourquoi pas? » contre-attaqua Harry à voix basse, portant sa plume à sa bouche. Verticalement - Mouche déplaisante qui pique, annonçaient les directives du mot croisé. Quatre lettres …Quoi, parce qu'il existait un terme pour ça? Non, il n'était décidément pas très bon à ce truc.
« Pour une tonne de raisons! Tu n'as pas fini ton éducation, il te faut tes A.S.P.I.C.s pour trouver une carrière décente et en plus – Auror! Tu voulais être Auror, Harry! Tu dois finir ta septième année pour être Auror! »
En fait, peut-être que ce n'était pas réellement une mouche qu'ils voulaient… Plutôt une abeille, ou quelque chose du genre. Ça pique une abeille. Fort. Dudley avait passé deux semaines entières à se moquer du bras de Harry après avoir utilisé celui-ci comme tapette à mouches contre un de ces insectes vindicatifs …Ou était-ce plutôt une guêpe?
« Je ne pense sérieusement pas qu'ils fassent une exception en ce qui te concerne, même… Même après tout ce que tu as fait. »
Harry fronçait les sourcils. Guêpe n'entrait pas non plus dans les cases. Quatre lettres? Quel stupide genre de mouche était épelée en quatre lettres?
« Et puis imagine tout le savoir que tu auras perdu! »
Il ne savait vraiment pas pourquoi il s'obstinait à essayer de remplir ces grilles.
« J'ai entendu qu'en dernière année de Métamorphose, on étudie la transformation humaine. C'est de l'information vitale! Et en potions, on prépare du Veritaserum! »
Harry ricana en gribouillant Rita dans la grille.
« Qu'est-ce que tu vas faire ici toute l'année, hein? Jaser avec Kreattur? »
Horizontal – Tours de magie. Plutôt ironique pour une revue moldue. Un instant… dix-sept lettres!
« Et Hagrid qui veut tellement te revoir… Harry, regarde-moi à la fin! »
Il leva enfin son regard ennuyé vers le visage de son amie. « Dis Hermione, quel mot peut bien signifier tours de magie et comporter dix-sept foutues lettres? »
« Attends… Est-ce que tu as écouté tout ce que je t'ai dit? Ne comprends-tu pas à quel point cette dernière année est importante? Toute l'éducation offerte par l'école aboutit aux A.S.P.I.C.s. Toute! Sans ces évaluations, elle ne vaut rien, Harry. »
Il continuait de la fixer sans rien dire. On entendait l'horloge du salon égrener les secondes.
Elle soupira. « Prestidigitations. »
« …Merde. Tu parles d'un mot. » Ses yeux s'abaissèrent à nouveau sur la grille pour écrire sa nouvelle découverte. Sauf qu'il ne savait même pas comment l'épeler. Hm.
« Harry! »
Le désespoir dans la plainte attira enfin toute son attention. Les épaules d'Hermione s'étaient affaissées. Le dos arrondi, elle s'effondra dans le fauteuil derrière elle et couvrit de ses mains son visage à l'allure soudain misérable.
Il posa sa plume – non sans regrets.
« Hermione, je – je ne veux pas y retourner. Je ne peux pas. » Il ne savait pas comment s'expliquer. Il ne pensait pas devoir le faire. Pourtant, il aurait dû s'attendre à ce que tout son entourage débarque au Square Grimmaurd pour lui soutirer cent vingt-six raisons.
« Mais pourquoi? Harry je m'inquiète pour toi, tu sais. On s'inquiète tous pour toi. Tu ne parles plus à personne. Tu dors mal – je le sais, je le vois, Harry. Tout le monde célèbre ta victoire, sauf toi. Ils parlent de faire de ta date d'anniversaire une fête nationale, bon sang! Il y a tellement de monde qui veut te voir, qui veut te – te remercier de tout ce que tu as fait, mais tu restes cloîtré ici, tu–»
« Ce n'était pas ma victoire, Hermione. » Son ton était dur. Il le regretta dès qu'il vit son amie tressaillir. « Écoute… Je ne veux pas les voir. »
« Je comprends. Tu n'as jamais apprécié ta célébrité et je sais ça. Mais… tu ne veux pas nous voir non plus. »
« C'est faux. »
Hermione inclina sa tête frisée et attendit un instant, mais Harry n'ajouta rien.
« Tu t'entêtes à rester tout seul dans cette maison, tu…» Elle soupira. « Est-ce que tu viens à l'enterrement de Colin la semaine prochaine? »
« Bien sûr. »
Encore une pause.
La jeune femme serra imperceptiblement les poings sur les plis de sa jupe. Elle s'obstinait et elle en était bien consciente. Ces temps-ci, trop de gens baissaient les yeux en croisant ceux de celui qu'ils se plaisaient à rebaptiser Le Vainqueur et elle refusait obstinément d'en faire partie.
Elle n'avait naturellement pas manqué de constater que les yeux du Survivant avaient été notoires dans l'enceinte de l'école. Elle avait surpris plusieurs jeunes sorcières à se pâmer devant leur couleur exceptionnelle et les cils teeellement-foncés-oh-mon-dieu les ornant – elles ne s'attendaient tout de même pas à ce qu'il hérite de cils roux avec les cheveux qu'il a, grommelait alors Hermione en s'éloignant de leurs gloussements irritants. Les adultes s'exclamaient devant les orbes verts dès la seconde où ils rencontraient le garçon – « Comme tu as les yeux de ta mère! » Mais il y avait une raison pour laquelle ses yeux étaient de loin l'élément le plus frappant de son visage, le premier plan du tableau sur lequel trébuchaient tous ses spectateurs: il y avait cet éclat. Certains en discutaient inconsciemment sous les termes de « cette fougue dans son visage, t'as vu? », d'autres de la passion animant clairement ses traits. Certains n'avaient et n'allaient jamais souffler mot à ce sujet, mais se demandaient épisodiquement comment les yeux de Saint Potter pouvaient paraître aussi… brillants.
Hermione se mordilla un peu la lèvre.
Et il n'y avait rien d'étonnant au fait que peu de gens pouvaient maintenant soutenir son regard plus de quelques secondes d'affilée, admit-elle, puisque durant le dernier mois, la force de cette flamme avait crû de façon exponentielle. Le feu s'était transformé en incendie. Il se déchaînait dans ses iris. Brûlait tout sur son passage.
« Feudeymon… » murmura-t-elle distraitement, un souvenir lui revenant soudainement.
« Quoi? »
« Rien, je réfléchissait tout haut. » Elle battit l'air d'une main, chassant le sujet.
Harry sourit légèrement.
…Ne disait-on pas que les yeux étaient le miroir de l'âme?
Les orbes verts n'étaient ni durs, ni froids, mais leur intensité la perçait et l'épinglait au tissu moelleux du fauteuil tel un insecte vulnérable.
Hermione n'aimait pas l'admettre, mais elle avait une confiance en elle particulièrement stable, peut-être hautaine par moments – ce qu'elle n'avouerait pas même au prix de sa vie – et n'avait pas l'habitude de se sentir vulnérable. Les personnes pouvant la désarmer ainsi étaient rares : Dumbledore, Rogue, Shacklebolt… Et, depuis peu, son meilleur ami.
« Harry, je… »
« Écoute, » l'interrompit-il, « j'apprécie tes efforts. Vraiment. Mais je suis réellement bien ici. J'ai Kreattur pour m'empêcher de sombrer dans cette mort par solitude que vous semblez tous appréhender. Et puis, comment est-ce que je peux être seul quand vous venez me rendre visite dix-sept fois par semaine chacun, sans oublier mes passages fréquents au Terrier?» Cette dernière remarque rendit la jeune femme un peu nerveuse, mais elle ne vit aucune trace d'irritation dans ses yeux, décernant seulement une faible exaspération.
Vaguement rassurée, elle baissa les yeux. Et, agacée, se gifla mentalement pour cette capitulation involontaire.
« Et ton sommeil alors? Je te connais depuis sept ans mainte— »
« Je t'assure que mon sommeil s'améliore avec le temps. » Hermione plissa les yeux. Elle n'avait aucun moyen de vérifier cette information. Elle avait initialement considéré Harry un horripilant menteur, jusqu'au jour où, en cinquième année, rassemblant et tissant des liens entre une série de situations louches dont il faisait évidemment partie, elle réalisa que lorsqu'il s'appliquait réellement, Harry pouvait aisément rouler n'importe qui. Y compris elle-même, avait-elle déduit avec indignation. Elle envisagea même la possibilité que ses tentatives de duperie maladroitement bafouillées ne fussent qu'un moyen – très futé, elle devait l'admettre – de faire passer les véritables mensonges plus adroitement. Chose dont Harry pouvait ne même pas avoir pleine conscience.
« Qu'est-ce que tu entends par avec le temps? » Elle tenta de garder un ton curieux, et non suspicieux.
« Tu sais… Depuis la bataille. C'était pire au début. » Hermione sonda encore son visage. Il semblait convaincant.
Elle saisit le journal ouvert encore étalé sur ses genoux. « Un journal moldu? Tu ne lis pas la Gazette du Sorcier? Il y a de ces trucs-là dedans aussi, tu sais » affirma-elle, indiquant la grille de mots croisés.
« Oh. Non, je n'ai jamais pris la peine de me réabonner » répondit-il, haussant indifféremment une épaule. « Ça, je suis allé me promener l'autre jour et un gamin me l'a vendu dans la rue. »
« Une seconde, je pense—peut-être—je l'avais ce matin en tout cas... » Sourcils froncés, elle grommela en fouillant dans son sac en toile durant quelques instants avant d'en extirper un exemplaire légèrement amoché, mais présentable. Elle le tendit à Harry.
« Frais de ce matin. Je ne l'ai même pas encore lu moi-même, donc… »
Harry parcourut les grandes lignes de la une sans trop d'intérêt. Soudain, son regard s'arrêta sur un titre plus subtil en bas de page, parmi plusieurs autres lui étant très similaires. Lovegood - COLLABORATEUR. Condamné à 5 ans de prison. Ses yeux s'agrandirent avant de venir s'abattre sur le visage d'Hermione, le poids dans son regard la faisant légèrement tressaillir.
« Quoi, qu'est-ce qu'il y a? » Elle tendit la main pour reprendre possession de la Gazette.
« Qu'est-ce que c'est que ces sottises! »
« De quoi tu— Je ne vois pas—» Puis ses yeux, à leur tour, s'arrondirent. « Lovegood? Ils ne peuvent pas— Ils vont trop loin, ils n'ont pas de—»
« 'Ils vont trop loin'? Je ne comprends pas Hermione, qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce que le père de Luna peut bien foutre à Azkaban? »
La jeune sorcière prit son visage dans ses mains et s'efforça de respirer profondément afin de se ressaisir. Puis, elle se redressa et se força à adopter un ton posé dans l'espoir de calmer son compagnon. Qu'elle évita résolument de regarder dans les yeux. Espèce de lâche.
« Ils l'ont enfermé apparemment. Ils traînent tout le monde en justice, Harry. Tous ceux qui auraient pu être impliqués avec les Mangemorts. Ils… Ils font ça depuis une semaine et demie déjà. Je pensais que tu étais au courant, au moins de la situation générale qui— »
« Personne ne m'a rien dit. » Son ton était furieux, mais pas accusateur. Cela donna du courage à la jeune femme qui poursuivit.
« D'accord… Je n'avais aucune idée que tu ne lisais pas du tout la Gazette et tu n'as jamais abordé ce sujet donc je… Ils y a des dizaines de sorciers en attente d'un procès, Harry. Personne ne peut déterminer avec certitude qui était vraiment du côté de V…Voldemort, qui a commis des crimes sous son règne, qui n'était qu'effrayé et a agi en conséquence… Donc, ils jugent tous ceux qu'ils considèrent suspects. Et la liste est très, très longue…»
« Mais… Lovegood. Personne sain d'esprit ne jetterait Lovegood en prison pour ce qu'il a fait! Ils menaçaient de tuer sa fille, nom de Dieu! »
« Je sais, Harry, je sais… » Elle secoua de la tête. « Et il y a eu d'autres cas comme celui-ci. Pas aussi immérités, mais… » Elle s'arrêta un instant, puis entama les explications. « Kingsley a affirmé que ces procès étaient malheureusement une procédure nécessaire. Ce n'est que justice après tout. Puis, après que les premiers accusés ont tous été cruellement jugés, Arthur est allé en discuter avec lui. Kingsley a lui-même été étonné de la férocité du jury et a recomposé celui-ci pour que la situation s'améliore, mais… apparemment cela n'a pas changé grand-chose. » acheva-elle en relisant le petit en-tête accusateur.
« Mais pourquoi Kingsley n'a pas un… un droit de Veto ou quelque chose? Pourquoi est-ce qu'il ne s'en charge pas personnellement? »
« Il ne peut pas, Harry! La guerre— ces derniers mois ont connu trop de ravages. Il y a des réparations à entreprendre partout, des familles à soutenir, des orphelins à placer—» Harry grimaça. « Il y a tellement de choses à faire que le Ministre ne peut pas tout réaliser lui-même. Il nomme des gens qui nomment des gens qui s'en chargent… C'est ainsi que ça marche un ministère, on n'a pas le choix. Arthur dit que le monde moldu et la décharge de magie violente qui s'est abattue sur celui-ci occupent à eux seuls Kingsley à tel qu'il peut à peine garder la tête hors de l'eau à l'heure qu'il est. »
« Mais ces gens qui constituent le jury, comment peuvent-ils même songer à jeter des gens comme lui en prison? Il n'était pas un… collaborateur! »
Hermione resta silencieuse quelques secondes. « Ils recherchent la vengeance, Harry… Kingsley s'est efforcé de choisir des gens neutres qui n'étaient pas directement mêlés aux crimes commis pendant cette dernière année afin qu'ils puissent juger objectivement. Mais je doute fort qu'ils le fassent vraiment. Tout le monde a été impliqué d'une façon ou d'une autre. Et le jury doit avoir une idée préconçue et plutôt péjorative de chaque accusé qu'ils rencontrent dès le départ, ce qui n'aide certainement pas la cause des innocents. Ils veulent purger la population sorcière de tous ceux qui peuvent être reliés à Tu-sais-qui… »
« Et personne ne dit rien? Personne ne peut rien faire? »
« Si, bien sûr. Il y a un décret qui permet à quiconque ayant assez de preuves de faire partie de la défense de l'accusé. »
« Et alors? »
« …Alors rien. Les gens ont trop peur, Harry. Personne ne veut prendre la défense d'un possible allié de la magie noire et courir le risque de se faire mettre sur la liste d'accusés à son tour. Je pense qu'aucune des personne inculpées à ce jour n'a eu de défendant. »
Harry secouait la tête. « C'est pas possible. La guerre est finie. Tout est fini. Et pourtant ça continue. La peur est toujours là, quand ça devrait être fini. » La frustration pointait clairement dans sa voix. Il se leva et commença à faire les cent pas devant la jeune sorcière.
« La population aura peur aussi longtemps qu'un pouvoir au-dessus de leur tête les menacera. C'est inévitable. »
« Alors il faut que ces incriminations ridicules cessent. »
« Je ne sais pas si c'est possible, Harry… » répondit-elle, en se mâchouillant la lèvre inférieure.
« Jeter des gens innocents en prison n'est pas une option non plus, Hermione! »
« Je le sais, ça! Mais on ne peut rien faire—»
« Il faut que quelqu'un parle à Shacklebolt—»
« Arthur l'a déjà fait, je te dis. »
« Eh bien apparemment, ce n'était pas suffisant. » Il marchait de plus en plus vite et commençait à étourdir Hermione.
« Harry—»
« Je vais au ministère. » lança-t-il brusquement, se détournant de la piste qu'il traçait furieusement depuis quelques minutes pour aller chercher une cape dans l'entrée.
« Quoi? Mais—»
« Tu peux m'accompagner si tu veux. »
« Je—Tu sais bien que je ne peux pas, je dois partir rejoindre mes parents en Belgique dans une heure! Tu—»
« Alors j'y vais seul. » Sur ce, il jeta la cape sur ses épaules et transplana avant qu'elle n'ait pu ajouter un autre mot.
Bouche bée, elle fixa le vide quelques instants.
Stupide impulsivité. Elle referma sèchement ses lèvres entrouvertes, pinçant celles-ci, regarda automatiquement ailleurs qu'à l'endroit où son ami se trouvait deux secondes auparavant. Et sursauta quand son regard se posa sur Kreattur qui, à un mètre de la jeune fille, la fixait sans un bruit. Il n'y avait qu'Harry pour déguerpir en laissant quelqu'un seul dans sa propre maison… Et une demeure si accueillante, qui plus était…
Elle jeta un autre regard nerveux à l'elfe de maison. Les balles de tennis lui servant d'yeux la toisaient toujours.
Elle ramassa le journal, le fourra agressivement dans son sac et se dirigea dignement – quoique rapidement – vers la porte de sortie. Il ne lui avait même pas laissé le temps de l'embrasser avant de partir. Le culot. Oooh, qu'est-ce qu'il allait en entendre parler dans ses lettres.
Elle referma sèchement la porte et, satisfaite de l'entendre claquer, pivota à son tour sur elle-même.
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« Et quand est-ce qu'il revient? »
« Je l'ignore, Harry… À vrai dire, il ne se trouve quasiment jamais au bureau. Il court d'un lieu à l'autre pour juger des reconstructions ou de l'état psychologique de certains moldus. Lui, Mr. Brown et Mr. Annan– le Premier ministre britannique et le secrétaire général de l'Organisme des Nations Unies, des moldus – sont extrêmement occupés à démêler une tonne d'affaires. Il y a tellement à faire, tu comprends…» l'informa Percy de son ton encore pompeux, mais plus chaleureux qu'il ne l'avait été les années précédentes. Il y avait aussi une pointe de nervosité dans sa voix. L'entrée en trombe d'un Harry Potter visiblement contrarié l'agitait quelque peu. Il n'avait pas exactement compté parmi ses meilleurs amis ces dernières années.
Harry fronça les sourcils un moment. « Est-ce qu'il est au courant pour l'emprisonnement de Xenophilius Lovegood? »
« Lovegood? Tu parles de l'éditeur du Chicaneur ?» questionna le secrétaire-en-chef.
Harry hocha la tête. « Il a été condamné il y a à peine vingt-quatre heures, Percy. Est-ce qu'il est au courant? »
« Je… je ne sais pas. Non. Je présume que non, il— je ne l'ai pas vu au bureau depuis trois jours, alors…»
« Quand tu le verras, tu veux bien lui en glisser un mot? » interrompit Harry.
« Euh… d'accord. Oui. Oui. Est-ce que je lui dis que tu voulais lui parler ou…?»
« Dès que possible, oui. »
« Oh. Alors je peux prendre un message aussi, si tu veux—» s'exclama le rouquin en s'emparant aussitôt d'une plume et d'un parchemin.
« Non, ça va. Je pense que la nouvelle de l'emprisonnement de Lovegood lui donnera une bonne idée de ce qui concerne la nature de ma visite…»
« Ah. D'accord…» Percy ralentit ses gestes précipités et regarda brièvement les yeux déterminés du Survivant avant de fixer inconsciemment son regard à la hauteur de ses sourcils.
Harry hocha la tête, l'air songeur, et fit demi-tour. Il allait sortir du bureau quand un sorcier d'un âge mur en tunique couleur paille, attendant son tour à la porte, l'interpella: « Excusez-moi… Monsieur Potter. Pouvez-vous euh… attendre un instant? »
Harry s'arrêta et le regarda se hâter de porter une pile de documents de multiples couleurs sur le bureau de Percy avant de revenir vers lui en soufflant.
« Jarym Korthley. » se présenta-t-il en lui tendant une main ridée. Le jeune sorcier la prit et ouvrait la bouche pour se présenter lorsque le bonhomme l'interrompit en riant: « Harry Potter, bien sûr. Inutile de dire votre nom. Je travaille dans le Département des transports magiques. Désolé, j'ai écouté votre conversation avec Mr. Weasley. Vous ne pouvez pas me blâmer, un sorcier de mon âge a besoin de quelque chose pour se distraire, quoique j'aie toujours été plutôt curieux, même lorsque je ne ressemblais pas encore à une prune séchée. Oh et puis la porte était ouverte, vous m'avez bien vu, alors… Oui. »
Harry l'écouta jaser jovialement, un sourcil levé, alors qu'ils sortaient enfin du bureau et se dirigeaient vers l'ascenseur.
Il était petit et arborait une imposante bedaine sous sa robe jaunâtre. Ses yeux ne cessaient de bouger, dansant et s'accrochant partout et nulle part à la fois.
« Connaissiez-vous bien Xenophilius? » son ton se fit plus grave.
« Non, pas vraiment. Je ne l'ai rencontré personnellement qu'à quelques reprises.»
« Oh… » Le vieillard eut un air peiné en regardant le sol. « Ce qui lui est arrivé est désolant … Il ne méritait pas ça. Il était tellement énergique et Azkaban… Ces cinq années lui suceront toute l'imagination et la folie du cerveau à jamais, je vous le garantis. Désolant, désolant…» ajouta-t-il en secouant lentement la tête.
« Peut-être qu'il est encore possible de réviser la sentence. »
« Oh… Cela m'étonnerait. Personne ne revient sur les décisions du Magenmagot. C'est sacré, ce conseil-là… Je plains les gens appelés à répondre face à eux. Ils sont si durs, à ce que j'ai entendu… Les Malefoy ne vont jamais s'en sortir vivants. »
Il entra dans l'ascenseur qui, miraculeusement, était vide, mis à part les quelques enveloppes multicolores virevoltant au-dessus de leurs têtes.
« Les Malefoy? » Surpris, Harry le suivit.
« Oh… Oui, oui… Ils se font juger demain, vers midi. Le jury projette de leur infliger la pire condamnation possible…» Il frissonna. « Le baiser. Oh… Quelle horreur…» Il tressaillit à nouveau.
« Mais… vous venez de dire que leur audience n'a pas encore eu lieu! Comment pouvez-vous connaître la décision? »
« Oh, mais parce qu'elle est déjà toute prise, mon garçon. Ils attendent tous ce moment depuis le début des procès, que pensez-vous… La famille n'a aucune chance. Les membres du tribunal se sont assurés de cela grâce au premier procès les concernant. »
« Il y a eu un premier procès…? »
« Oh… Oui, oui… Ils ne l'ont certainement pas dévoilé publiquement, on n'en a pas fait mention dans la Gazette. En fait, les journaux sont tenus sous contrôle afin de ne pas dévoiler trop d'informations sur ces affaires juridiques. Ils veulent éviter de créer des scandales ou de semer la terreur. Je les comprends. Oh, au moins, ils n'omettent pas d'écrire les sentences… Sinon les gens se trouveraient complètement dans le noir. »
« Quelle était la conclusion du premier procès des Malefoy? »
« Rien de fatal… Du moins pour l'instant. Ce fut tout de même une sentence stratégique… Ils ont décidé de juger toute la famille ensemble, comme dans un procès pour une personne unique, comprenez-vous, plutôt que séparément. Ainsi, tout ce qui est retenu contre l'un, l'est d'un coup contre les deux autres, et vice versa. Ils sont désormais liés l'un à l'autre par la loi et tomberont ensemble. Et croyez-moi, ils tomberont de haut… »
L'ascenseur stoppa et la voix féminine annonça les départements de l'étage.
« Eh bien j'ai été ravi de discuter avec vous Mr. Potter! » s'exclama le vieillard, son ton redevenu jovial, en se remparant de la main d'Harry. « Ce fut un honneur. Même plus ! J'espère vous revoir dans les parages. Quoique cela ne m'étonnerait absolument pas si vous vouliez avoir un peu de paix à l'heure qu'il est… Venez donc faire un tour dans mon bureau, un de ces jours, par pitié pour un vieil homme mourant d'ennui! » Sur ce, il secoua énergiquement le membre en sa possession et sortit du compartiment en se frayant un chemin parmi les nombreux sorciers venus prendre sa place.
Nombre d'entre eux s'exclamèrent en notant sa présence, mais Harry ne leur prêta pas attention. De même, il tenta de ne pas faire attention à tous les coups dans le dos, aux milles questions et remerciements lui étant aussitôt lancés ni à la femme blonde qui agrippait férocement sa manche de ses ongles, un sourire béat décorant son visage.
Ainsi, les Malefoy étaient damnés.
Il songea que probablement, autrefois, il aurait jugé qu'ils méritaient d'être emprisonnés. Mais même alors, il aurait envisagé un séjour en Azkaban et non l'horreur de se faire soutirer son âme par un Détraqueur… Supprimant un frisson, il se souvint de sa troisième année, où la même menace planait dangereusement au-dessus de la tête de son parrain.
Cependant, les dernières années avaient changé beaucoup de choses dans sa perception du monde, y compris de celle d'une famille de Sang-Purs qu'il avait longuement méprisée.
Depuis que …Korelt? Korney? avait dépeint les dernières nouvelles qui la concernaient, un plan s'était lentement mis à se tisser dans sa tête. Il ne savait pas si l'idée était une de ses meilleures, mais, sincèrement, il s'en fichait un peu. Hermione voulait qu'il sorte de l'ombre de la vieille demeure héritée des Blacks et fasse une apparition publique, s'il avait bien compris?
La voix mécanique de la femme annonça clairement son étage.
En sortant, alors qu'il se dirigeait vers la sortie du ministère, un sourire narquois étira lentement les lèvres du Survivant.
Il n'avait jamais été du genre à rester longtemps les bras croisés, de toute façon.
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N/A: Ceci est un essai. Et pas le meilleur. L'auteur n'est pas satisfaite. Mais est consciente qu'il faut bien commencer quelque part. Je n'ai rien écrit depuis trèèès longtemps - lire: rouillée - et je n'ai pas beaucoup de temps libre. Par contre, en retrouvant le dernier chapitre de Vide cruellement perdu et oublié parmi mes fichiers d'ordinateur tel un petit enfant délaissé dans les froides rangées d'une épicerie – le pauvre – j'ai eu envie de taper quelque chose à nouveau. J'avais une idée d'histoire en finissant de lire le dernier tome - je le sens d'ici que vous avez envie de la connaître - et me suis réveillée en transe l'autre soir pour me dire pourquoi pas la développer. Ce fut une expérience très dramatique et éprouvante. Naturellement.
Fait surprenant, ça s'est fait assez vite. Plus vite que je ne l'aurais cru en tout cas – faut croire que j'étais plus enthousiaste que je le pensais.
Par contre, je ne suis pas trop sûre de mon affaire. Donc ça m'aiderait vraiment si on commentait le passage– soyez positif/négatif/euh…autre ; on vit dans un pays libre – quoique probablement pas dans le même. Des commentaires ou un manque de ceux-ci stimulent réellement un auteur. Que ce soit pour abandonner ou poursuivre l'histoire. Merci bien pour la lecture.:)
- Moi
