Point de Vue Hanna

Aria, Spencer, Emily et moi étions, accompagnées de Mona, dans le van qui lui avait servit de repaire lorsqu'elle était dans la A Team et s'efforçait de nous pourrir la vie. Nous avions encore quelques doutes quant à son abandon de la Team mais j'avais envie de lui faire confiance, elle avait été ma meilleure amie, j'aurai aimé qu'elle le redevienne. Spencer et moi fouillions dans l'ordinateur quand Aria sortit un masque blanc d'un carton. Il me rappela quelque chose…

- Mais ! Tu étais habillée comme Caleb dans le train d'Hallowen ! finis-je par comprendre.

- Perspicace Hanna ! me répondit Mona avec un sourire en coin.

Je n'ajoutai rien et elle non plus, car nous étions en présence de mes trois meilleures amies, mais je me rappelai très bien ce que s'était passé ce soir-là, et elle aussi, j'en étais sûre. Je fis comme si de rien n'était et je replongeais un semblant d'attention à l'ordinateur. Mais mon esprit se remémora la scène.

Ce soir-là, nous étions tous en train de danser, j'avais perdu Caleb de vue mais ne m'en étais pas souciée plus que cela. Puis j'étais partie à la recherche d'Aria à qui je devais confier quelque chose. En chemin j'étais tombé sur quelqu'un déguisé comme mon copain, j'avais d'ailleurs d'abord cru qu'il s'était agi de lui. Cette personne m'avait tourné un peu autour, je m'étais laissé faire amoureusement et finalement nous avions échangé un baiser. Après coup je m'étais dis que j'avais trouvé ses lèvres plus charnues qu'à l'habitude mais avais vite abandonné l'idée. J'avais ensuite continué ma route et étais tombée sur Caleb lui-même, sans son masque, le visage déformé par l'angoisse. Aria avait disparu. Pendant une seconde je m'étais demandé alors qui j'avais bien pu embrasser sous ce masque blanc, mais la gravité des évènements qui avaient suivis m'avait fait tout oublier. Je ne m'en étais rappelé qu'aujourd'hui en voyant ce masque.

Alors c'était Mona ? La personne que j'avais "malencontreusement" embrassé lors de cette soirée, c'était Mona ?!

- Hanna ! m'interpela Spencer, tu m'écoutes ?

- Pardon ! Je n'ai pas compris ce que t'as dis tu veux bien répéter ?

- Pff ! Je disais qu'on pourrait emporter l'ordi, ya trop de fichiers pour regarder tout ça ici.

- Ah oui, oui, c'est une bonne idée !

Spencer secoua la tête en levant les yeux au ciel comme exaspérée par mes rêveries. Mais lorsqu'elle reposa le regard sur l'écran, ce dernier se recouvrit d'une multitude de tâches noires et nous vîmes les fichiers s'effacer un à un.

- Mona ! cria Spencer. Qu'est-ce qui se passe ?!

Mona accouru et prit le clavier en main en percutant mon épaule. Ce contact me glaça, un immense frisson me parcouru sans que je ne comprenne ce qui m'arrivait.

- On est en train de m'envoyer un virus, je n'y peux rien !

Nous restâmes toutes les cinq devant l'écran, impuissantes, en silence. Seule Spencer pestait entre ses dents.

Après cet échec cuisant, nous sortîmes du van pour regagner nos maisons respectives. Ma mère n'était toujours pas rentrée de New York, j'étais seule chez moi et je flippai à mort, mais je ne voulais appeler personne, j'avais besoin d'être seule. Je commandai chinois, lorsque le livreur arriva je lui tendis la monnaie sans lui accorder un seul regard et il s'en retourna penaud. J'engloutis rapidement sans vraiment sentir le goût de mes nouilles sautées refroidis et jetai l'emballage à la poubelle avant de monter me brosser les dents. Dans la salle de bain je prêtais attention à mon visage dans le miroir. Je n'avais pas l'air d'être dépitée ou fatiguée ou même encore à l'aube d'une intense réflexion. J'avais mon visage habituel, mes yeux bleus semblaient me percer moi-même. Je frissonnai, crachai mon dentifrice et me rinçai la bouche, avant de me mouiller un peu le visage pour finalement aller dans ma chambre, me mettre en pyjama et me jeter sur mon lit. Je n'aimais pas penser en faisant autre chose, ou peut-être n'en étais-je pas capable, c'était pour cela que j'avais attendu d'être allongée au calme pour penser à Mona.

Je visualisai d'abord la chose de mon point de vue. Lorsque j'avais embrassé cet inconnu je ne savais pas qu'il s'agissait de Mona, sur le moment j'avais pensé que ces lèvres appartenaient à Caleb. Quand par la suite j'avais compris que ce n'était pas les sienne je n'avais pas cherché à savoir qui j'avais embrassé. Vu que je n'aurai surement pas trouvé la réponse cela n'avait pas beaucoup d'importance. Mais aujourd'hui je le savais, c'était Mona. Si on m'avait servit le nom de n'importe quel garçon aurai-je réagis de la même façon ? J'aurai surement zappé l'info aussi vite que je l'aurais apprise. Mais là il s'agissait d'une fille, et qui plus est, de mon ancienne meilleure amie, avec qui j'avais partagé tant de secrets, tant de moments. Et en regardant les choses de son côté, elle, ce soir-là, savait qu'elle m'embrassait, elle était consciente que c'était sur mes lèvres que les siennes se posaient. Surtout que dans mon souvenir le baiser avait été autant mon initiative que la sienne. Et aujourd'hui encore, pour le peu de temps que nous avions passé ensemble ensuite, elle se souvenait forcement de ce soir d'Halloween. Alors avait-elle été poussée par A à m'embrasser ou était-ce de son plein grès ? Il faudrait surement que j'ai une discussion avec Mona, mais était-ce utile de parler pour ne rien dire, à quoi bon ? Si je me prenais autant la tête c'était bien parce que ce baiser révélé m'avait perturbé, alors avec une discussion espérais-je obtenir un nouveau baiser ? Espérais-je une explication qui m'avouerait des sentiments ? Mais il y avait une personne à qui je pouvais en parler, Emily. Je ne voyais pas très bien quoi lui dire exactement mais elle arriverait surement à me rassurer. Sauf qu'il était un peu tard pour débarquer chez elle, je lui envoyai un simple SMS qui disait que j'avais besoin de lui parler. Elle répondit aussitôt en me disant qu'elle était libre le lendemain et me proposa de passer à 15h00 chez elle.

Je n'eus bizarrement aucun mal à m'endormir et me rendis chez Emily le lendemain à 15h00 comme prévu. Elle m'ouvrit avec un grand sourire et me fit entrer. Nous allâmes nous installer dans sa chambre, sur l'aménagement sous sa fenêtre.

- C'est rare que tu ne veuilles te confier qu'à moi, dit Emily en arborant un sourire qui se voulait rassurant.

- C'est que pour l'instant je ne peux, ne veux, en parler qu'à toi, tu es la seule à pouvoir me conseiller.

Elle fronça ses sourcilles mais vu la teneur de son regard elle devait comprendre le pourquoi du fait que je ne puisse en parler qu'à elle. En effet, c'était la seule de mes trois meilleures amies qui était lesbienne et qui pourrait comprendre ma confusion.

- C'est pas facile pour moi d'aborder le sujet, commençai-je, je sais que je peux tout te dire sans crainte mais ça reste compliquer à formuler.

- Je t'aiderai du mieux que je peux pour te mettre à l'aise.

Elle m'envoya un magnifique sourire chaleureux et entoura mes mains avec les siennes pendant quelques instants. Ceci me rendit encore plus nerveuse, mais je savais qu'elle se voulait rassurante.

- Hier, Aria a trouvé un masque dans le van de Mona, tu te souviens ?

- Oui, le même que portait Caleb dans le train.

- Exacte, et elle a avoué être déguisé comme lui cette nuit-là. Jusque là tu suis ?

- Oui, oui.

- Je n'ai jamais abordé le sujet, car à vrai dire avec tout le remue ménage, ça m'était un peu sortit de la tête, mais ce soir-là j'ai rencontré Mona déguisée comme Caleb, sauf qu'évidemment je pensais que c'était lui. Mais voila, on a échangé un baiser, en rencontrant le vrai Caleb un peu plus loin je me suis rendu compte de ma méprise, mais je n'ai compris que c'était Mona qu'hier. Alors bien sûr mon cerveau n'en a tout de suite tiré qu'une seule information "j'ai embrassé Mona". Et au lieu de prendre l'info banalement, j'ai ruminé l'idée toute la soirée d'hier. Et je ne sais pas quoi en penser ! Comme tu es surement passée par là je me suis dis que tu m'écouterais et que tu m'aiderais.

- Tout d'abord je te remercie de me faire confiance, c'est bien que tu sois venu te confier plutôt que de te renfermer comme je l'avais fais à l'époque. Ensuite, si j'ai bien compris, il n'y a pas que le baiser qui te trouble, mais aussi le fait qu'il ait été échangé avec Mona, c'est bien ça ?

- Voila, c'est ça. Et j'ai envie d'aller lui en parler, mais si je cherche la discussion c'est que j'espère en tirer quelque chose de positif, et la je suis perdue, c'était ma meilleure amie, pas quelqu'un avec qui je me voyais partager un bout de vie.

- Tu sais, rien que ce que tu viens de me dire est un énorme pas en avant, car, pour le moment, tu la vois toi-même comme une femme qui pourrait t'intéresser, comme un homme l'a fait auparavant. Tu ne nie pas Hanna, et ça, c'est le plus important.

- Mais je ne peux pas aimer les filles ! Enfin si, mais il y a Caleb, je pensais être amoureuse de lui, et puis je risque de décevoir mes parents. Mais bon sang ! Quand j'ai compris que j'avais embrassé Mona ya eu comme un déclic en moi, et plus je t'en parle plus ça me parait évident !

- Qu'est-ce qui est évident ? demanda Emily en plongeant son regard dans le mien.

- Que j'ai envie de l'embrasser à nouveau.

Son visage se fendit d'un sourire alors qu'instantanément des larmes imprévues et incontrôlées s'échappèrent de mes yeux. J'enfonçai mon visage dans mes mains et pleurai en silence. Emily m'amena contre son buste et me caressa le dos.

- J'ai si peur, dis-je la voix tremblotante.

- Ça va aller Hanna, je serais là pour t'aider à traverser tout ça, et, si tu le veux, Aria et Spencer seront là aussi pour toi !

- Evidemment je m'inquiète pour mes parents, ma mère va être déçue, que je ne puisse pas lui donner de petits enfants, que je ne mène pas de vie, entre guillemets, normale. Et il y a le regard des gens. Mais il n'y a pas que ça. Si Mona me repousse ? Ou si elle ne veut plus jamais m'adresser la parole ? Je sais qu'elle nous a pourris la vie mais, même si je ne peux rien espérer, j'aimerai rester son amie.

- Je t'ai dis, on sera toutes là pour toi Hanna. Puis vois le bon côté des choses, ça t'aura peut-être permis de découvrir ton attirance pour la gente féminine.

- Oui, tu as peut-être raison, dis-je en me remettant face à elle et en relevant la tête, mais en pleurant toujours.

- Et puis, je ne serais plus la seule de la bande ! s'exclama Emily, on pourra mater les filles ensemble !

Cette réflexion me fit sourire, elle en était d'ailleurs le but, et Emily paru satisfaite.

Un peu plus tard sa mère l'appela et je dû rentrer chez moi, après avoir lourdement remerciée mon amie. Et dire que de son coté Emily avait traversé cela seule. Seule Alison le savait à l'époque et elle n'avait pas vraiment dû l'aider.

Je rentrai chez moi soulagée. Sur le chemin je sortis mon téléphone de ma poche pour voir que ma mère m'avait envoyé un SMS, elle serait de retour dans trois jours. Une fois chez moi je me préparai un diner que j'avalai machinalement devant la télé. Je m'assoupie presque en plein émission qui se voulait drôle, quand mon téléphone sonna. C'était Mona. Je décrochai, non sans stress.

- Salut Hanna. J'ai besoin de ton aide. Je dois déplacer le van dans un endroit sûr, mais j'ai besoin d'un chauffeur pour le retour. Tu veux bien me suivre avec toi voiture ?

Je n'allai pas refuser. J'acceptai et demandai quand aurait-elle besoin de mes services.

- Ce soir si tu peux, maintenant.

- Ma mère n'est pas là, donc j'enfile des chaussures et j'arrive.

- Parfait, on se rejoint à la sortie de Rosewood, je t'entendrai dehors.

J'acquiesçai une nouvelle fois et nous raccrochâmes. Je paniquai un peu, ma conversation avec Emily était toute fraiche, devrai-je parler à Mona maintenant ? Improvisation. Improviser sa vie était toujours mieux. J'avais très bien apprit à le faire depuis que A nous harcelait. J'éteignis la télé, nouai une paire de baskets, chose rare, à mes pieds et sortis en attrapant mes clefs de voiture au passage. En m'installant dans l'auto je réajustai ma coiffure dans le retro et mis le contact. La radio s'alluma et cria une musique hard rock comme d'habitude à cette heure. Je l'éteignis et démarrai. La ville n'étant pas très grande je ne tardai pas à atteindre la sortie. Comme prévu Mona était là, devant son van flippant. Je m'approchai d'elle en baissant la vitre.

- Hey, merci d'être venu, me salua-t-elle, on va prendre la route de Pennsylvanie, suis-moi et ça ira.

J'acquiesçai sans dire mot et refermai ma vitre tandis qu'elle se mit au volant de son van. Comme convenue je la suivis sur la grande route, puis nous empruntâmes des routes secondaires plus sinueuses. Je n'avais pas rallumé la radio et un silence pesant s'abattait dans l'habitacle. Pourtant je sentais mes oreilles bourdonner sous la tension. Dans une demi-heure ou peut-être deux heures je me retrouverai dans ce même silence, mais avec Mona à mes côtés. Devais-je trouver un sujet de discussion ou devrais-je aborder de suite le sujet qui me transperçait ? L'improvisation n'était pas si facile que cela, et surtout, elle me faisait peur.

Les phares rouges arrière du van s'allumèrent, m'indiquant que Mona freinait, puis elle s'arrêta. Nous étions arrivées. Il ne me restait plus qu'à prier pour que Mona aborde elle-même le sujet. Je me garai sur le côté et sortis de la voiture. Au même moment Mona descendit du van, munie d'une lampe de poche, elle éclaira devant elle et le faisceau lumineux dévoila le portail d'un garage à ciel ouvert.

- Depuis quand tu possèdes ce genre de garage ? questionnais-je stupéfaite.

- Depuis pas mal de temps, répondit-elle sans vouloir trop m'en dire.

Elle s'avança et introduisit une petite clef dans un cadenas liant les deux extrémités d'une chaine qu'elle s'empressa d'ôter.

- Tu peux m'aider à ouvrir le portail ?

- Bien sûr.

Et nous attrapâmes à quatre mains la lourde porte pour l'ouvrir. Deux de nos mains se chevauchaient, me faisant ressentir la même sensation que lorsqu'elle m'avait frôlé la veille.

- Attend-moi là, m'ordonna-t-elle comme si j'allais m'enfuir.

Mona remonta dans le van et le gara. Je sentais le stress monter, mes mains tremblaient. Nous avions perdues les liens qui nous unissaient et en plus je commençais à nourrir des sentiments ambigus à son égard. Le moteur se coupa, me tirant de mes pensées et Mona réapparut pour me demander de l'aider à fermer la porte. Une fois fais elle remit le cadenas en place.

- J'ai besoin qu'il soit dans un lieu sûr, conclu-t-elle, il pourra vous êtres utile.

Je lui souris en guise de remerciement et nous nous dirigeâmes jusqu'à ma voiture. Elle prit place côté passager et moi face au volant. Nous avions mis une heure pour venir, il me restait donc au moins le même temps pour parler. En début de trajet il ne se passa rien, radio toujours silencieuse, nous l'étions tout autant et je sentais mes mains moitir sur le volant. Mon cœur battait aussi plus vite que la normale.

- Ce silence va durer encore longtemps ? envoya Mona, sa voix avait tranché l'air.

- Je, eum, désolé Mona… répondis-je prise de court.

- Tu me fais la tête ?

- Non, non, bien sûr que non ! Je ne t'aurai pas accompagné sinon !

- Oui, logique. (silence) J'imagine qu'après toutes mes trahisons il est devenu dur de me faire confiance, et que, même si ce soir tu m'aides, tu n'as pas forcément envie de me parler.

Je réfléchis avant de répondre mais décidai de me jeter dans le bain.

- Au contraire Mona, je crois que j'ai encore plus besoin, plus envie de ta présence qu'auparavant.

- Je ne te comprends pas.

- Hé bien je ne m'en été pas rendu compte avant, il a fallut un élément déclencheur (je marquai une pause et resserrai mes mains sur le volant) , mais j'ai compris maintenant, que le lien qui me lie à toi est bien plus puissant que l'amitié.

Je déglutis.

- Un élément déclencheur ?

- On s'est embrassé dans le train à Halloween, dis-je d'une voix tremblante.

- Oui, mais tu ne savais pas que c'était moi sur le moment.

- Depuis que je le sais ça me prend la tête, en fait, ça m'a permis de réfléchir et c'est comme si tout dans mon passé, vis-à-vis de toi, était devenu évident. J'étais bien avec toi, mais pas seulement en tant qu'amie. Je crois que toi et moi on partageait plus.

- On ? Qui te dis que moi aussi je pense ça ?

Cette question me déstabilisa, j'eus un raté au moment où je passai une vitesse, mais rien de grave. Le ton qu'elle avait utilisé m'avait semblé cacher un air de défi. Mais je savais exactement quoi lui répondre, je la connaissais par cœur, j'avais déjà prévu cet argument.

- Mona, toi seule savais qui tu embrassais dans ce train.

Elle ne répondit pas tout de suite, comme si elle absorbait ma réponse. Ses yeux se fermèrent, je l'observais dans le reflet du par brise, et elle appuya sa tête contre le siège.

- Tu as raison, répondit-elle toujours dans la même position. Et tu en as conclu quelque chose ?

- J'ai fais plusieurs conclusions. Peut-être que tu avais envie de ce baiser, mais peut-être aussi que tu l'as fais car A t'y aurait obligé, ou encore, peut-être que ça s'est présenté tout seul et que tu as dû t'y résoudre pour ne pas gâcher ta couverture. Dans tous les cas, j'espère au fond de moi que tu y as pris goût et que ça t'a révélé les mêmes choses qu'à moi.

Silence sur cinq-cents mètres, puis Mona rouvrit les yeux et concentra son regard sur la route pour me répondre.

- Je pensais que tu réagirais négativement, je ne pensais pas que tu me percerais à jour, je pensais continuer à vivre en faisant semblant, car je pensais que ce serait plus simple de prétendre te détester.

Elle fit une autre pause de trois-cents mètres avant de reprendre.

- Oui, Maya, Emily, Paige, Shana, tout ça, assument et ça parait simple, mais quand ça vous arrive c'est dur, dur à assumer, dur à vivre. (se retourne pour me regarder) Mince Hanna ! Je ne pensais pas qu'un jour je tomberai amoureuse de ma meilleure amie !

Elle l'avait enfin dit, elle avait répondu à mes attentes. Mon cœur eu un nouveau raté mais j'essayais tant bien que mal de garder les yeux sur la route. Il ne nous restait plus que vingt minutes de voyage. Il fallait que je dise quelque chose, je n'avais pas vraiment été très clair dans mes discours précédents. Mais rien ne sortais, ma gorge était serrée par l'émotion et par le stress aussi, comme elle l'avait si bien dit, nous étions dans une situation peu agréable, s'assumer était quelque chose de difficile, je l'avais bien vu sur Emily. Mais je savais que nous y arriverions, je voulais la rassurer et moi-même, mais définitivement aucun son ne sortait de ma bouche. Ce fut ainsi que le trajet finit, en silence, nous n'entendions que le bruit des roues sur le bitume, puis celui des graviers crissant sous la voiture lorsque j'arrivai sous le porche de la maison de ma passagère. J'enlevai la clef du contact, nous défîmes nos ceintures, et il ne se passa rien. L'habitacle était noir, aucun bruit, juste le faible chuchotis de nos respirations saccadées. Puis un bruissement de vêtement se fit entendre lorsque Mona se tourna à demi vers moi. Je l'imitai et nos yeux se trouvèrent. Il faisait nuit mais je distinguais la noirceur de ses yeux chocolats encadrés de blanc pâle, elle devait aussi capter la couleur des miens. En dessous, sans quitter mon regard du sien, je devinais sa bouche pulpeuse qui m'avait si souvent intriguée.

Et d'un coup, comme si un signal avait été déclenché, nous nous jetâmes l'une sur l'autre. Nos bouches s'entrechoquèrent mais se trouvèrent très facilement. Je reconnu immédiatement celles que j'avais baisée dans ce train. Mais cette fois notre échange fut plus intense. Elle attrapa mon visage à deux mains, peut-être par peur de me perdre, et embrassa mes lèvres le plus tendrement possible. De mon côté je pausai mes mains sur ses épaules, encore timide de montrer un peu plus de ma sensualité. Ce frisson me parcouru de nouveau, si agréable, si paradoxalement chaleureux. Nos langues se trouvèrent tout aussi facilement pour bientôt finir par se séparer. Je lâchai ses épaules, elle laissa mes joues et nous nous regardâmes à nouveau sans parler. Il s'écoula une minute, ou peut-être trente, je n'en avais pas la moindre idée, puis elle reprit la parole.

- Il est temps que je rentre.

J'acquiesçai, elle ouvrit la portière, ce qui fit s'allumer la loupiote au dessus de ma tête qui m'éblouie. Je la regardais s'éloigner de quelques centimètres, quand je réagis enfin. Je sortis en trombe en claquant la portière derrière moi pour nous replonger dans le noir quasi-total -sa rue peu éclairée m'avait toujours terrifiée- et je me précipitai de l'autre côté du véhicule. M'entendant m'agiter elle se stoppa et se retourna.

- J'aimerai partager plus de moments comme celui-ci avec toi Mona !

J'avais presque crié, mais pas assez pour que le voisinage entende. Un grand sourire barra son visage et elle rebroussa chemin en s'avançant vers moi. Elle parut hésiter mais elle déposa un léger baiser sur mes lèvres, me sourit à nouveau et fit demi-tour pour, cette fois-ci, bel et bien rentrer chez elle. Un sourire de plénitude s'afficha sur mon visage et je regagnai ma voiture pour rentrer chez moi à mon tour.

….

Voila la première partie, il y aura une suite dans quelques temps, j'espère que ça vous aura plut ! N'hésitez pas à faire des critiques bonnes ou mauvaises !