Jusqu'à ce que la mort les sépare

Partie 1

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NdAs : Ceci était à la base prévue comme étant un OS.
Mais comme d'hab, bien sûr, ça commence à faire long. Là, j'en suis à 50 pages et il me reste un tout petit bout à faire.
Donc je coupe !
Voilà la première partie.
Les suites vont arriver dans la foulée très vite puisque tout est écrit ou presque.

Pour la suite de "ses yeux" et "une vie nouvelle", ça arrive aussi. Juste que ce plot à la con me gonfle depuis une semaine et que je n'arrivais pas à m'en défaire. Donc maintenant que c'est fait (et que je suis plus sur un site pour le taff où j'ai pas de pc, super pratique pour écrire), je vais pouvoir reprendre !

A plus pour la suite ^^

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A genoux sur le marbre, Loki fixait Odin d'un regard froid et distant.

"- As-tu quelque chose à dire pour ta défense ?"

Un rire gras parcouru l'assemblée que le roi ne rejoint pas.

Il avait posé la question par reflexe.

Il s'était retenu de tressaillir lorsqu'il avait réalisé la cruauté de ses paroles à la seconde où elles quittaient sa bouche.

Près de lui, Frigga avait lâché un petit cri. Près de son frère, Thor lui avait jeté un regard aussi incrédule que dégouté.

Et Loki le fixait toujours, ses lèvres cousues de cuir qui saignaient encore sur le devant de la tunique grise qui ne le couvrait que jusqu'à mi-cuisse. La tunique traditionnelle des prisonniers.

Loki avait exigé que ce soit Thor qui le fasse.

Le prince ainé avait refusé jusqu'à ce qu'Odin le lui ordonne.
C'était en larmes que Thor avait obéit. Le prince héritier qui avait pleuré à la place de son frère.
Comme s'il n'était pas resté assez de sentiments ou même simplement de raison dans le jeune prince pour avoir peur ou mal.

"- PERE !" Rugit Thor, les mains encore couvertes du sang de son cadet.

Odin serra les mâchoires.

Comment pouvait-il demander la moindre explication à présent ?

Il avait été si furieux qu'il avait donné l'ordre comme punition première.

Le roi foudroya du regard son fils ainé pendant que Loki le fixait toujours sans ciller, le regard comme mort, comme s'il n'attendait déjà plus rien de personne.
Comme s'il était déjà mort lui-même à l'intérieur.

"- Pour les crimes que tu as commis, la sentence est la mort." Commença Odin.

Avec incrédulité, il réalisa non seulement que Loki semblait s'en ficher totalement mais qu'une grande partie de la cour était CONTENTE de ses paroles. Et de ce qu'il entendait de son trône, ça n'avait rien à voir avec Midgar.
L'asgardien standard s'en pannait la jonquille avec un une couscoussière alsacienne de Midgar. Tout ce qu'ils voulaient, c'était voir Loki mort. Juste parce qu'il était Loki. Ils se tamponnaient qu'il ait failli détruire Jotunheim. Ils n'étaient même pas au courant que Loki ai failli tuer Thor.

Ils voulaient juste le voir mort, mort, MORT !

Odin serra très fort les mains sur les accoudoirs de son trône.
Comment n'avait-il pas vu avant ?

Et Loki subissait la haine ordinaire du peuple depuis longtemps ?

Comment s'étonner de ce qu'il avait fait si tout le monde le méprisait ainsi.

Et qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire de lui ?

"- Néanmoins, je n'oublie pas les circonstances atténuantes qui ont entourées ton geste."

Cette fois, il y eut une émotion dans les yeux verts : De l'étonnement.
Et de l'incrédulité.

Le roi ne savait pas lequel était le pire.

"- Tes actes ont coutés un peu plus de deux milles vies. Te tuer ne les ramènera pas. Par contre, te laisser vivre pourra en sauver d'autre."

Odin donna un violent coup de Gungnir sur le sol
La cour protestait violement.

Ils voulaient voir le prince mort, pas les Norns ! Ils voulaient son sang ! Ils voulaient qu'il meure ! Ils voulaient qu'il souffre et qu'il pleure. Ils voulaient ses cris et ses larmes.

Pas pour ce qu'il avait fait. Mais pour qui il était.
Le roi était totalement écœuré par son peuple.

"- Loki Odinson. Voici ta punition." Il leva Gungnir pour la pointer sur son fils adoptif.

La magie heurta Loki en pleine poitrine, lui arrachant un cri étouffé de douleur.

"- Ton pardon viendra de tes actes. Tu devras sauver autant de vies que tu en as interrompues. Ta magie est à présent scellée. Tu ne pourras plus l'utiliser pour faire le mal, blesser ou faire souffrir."

Loki resta digne.

Les mâchoires serrées, il effleura sa magie intérieure. Elle était bien là mais son accès lui semblait étrange. Il faudrait qu'il étudie ça.

Odin fit un signe à son fils ainé.

"- Tu es à présent libre d'aller et venir à ta guise à Asgard. A toi de trouver comment obtenir ton pardon. Si tu le souhaites."

Si Loki voulait se complaire dans l'aigreur, ce serait son choix.

"- Thor, raccompagne ton frère à ses appartements pendant que j'ai un mot avec le reste de la cour."

Il n'allait pas lâcher son fils cadet sans protection au milieu de gens qui voulaient sa mort.

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Loki se redressa sur sa couche.

Il rêvait encore régulièrement de la dernière fois où il avait été en présence de la famille royale, dix ans plus tôt.
Après que Thor l'ai lâché dans ce qui avaient été ses appartements pendant près de trois milles ans, Loki avait pris quelques affaires pour disparaître.

Il était resté absent du palais pendant presque trois mois.

Il avait besoin de réfléchir aussi bien que de retrouver l'accès à sa magie.
Comme elle avait été en partie scellée par Odin, il avait mis un long moment à faire le tour de ce qu'il lui restait et comment y accéder.

Ça lui avait pris trois mois pendant lesquels il était resté seul auprès de Fenrir.

Personne n'était venu le chercher, pas même Thor. Comme sa magie était limitée, il ne pouvait plus se cacher aux yeux d'Heimdall. Le Gardien avait dû rassurer Odin.

Puis il était revenu au palais.
Sans rire dire, sans demander, il avait fait ce que n'importe quel asgardien pouvait faire une fois par an s'il en avait les moyens financiers: il s'était inscrit sur les listes des apprentis.

Nombreux avaient été ceux qui l'avaient fixés avec des yeux ronds quand il s'était présenté au premier cours en amphi pour les apprentis guérisseurs.

Eir en était même restée figée une bonne minute avant de commencer son cours. Puis elle lui avait demandé de rester après.

Comme il ne pouvait toujours pas parler, ils avaient longuement discutés mentalement.

Il s'était inscrit sous le nom de Loki Laufeyson sur les rôles. Puisqu'il devait sauver des vies, autant qu'il apprenne à le faire.

De par sa naissance, il aurait pu exiger un traitement de faveur.

Eir comprenait.

Il rejetait ceux qui l'avaient rejeté avant.
Elle l'avait laissé faire mais l'avait prévenu. Il serait traité comme les autres. Qu'il rate ses examens, qu'il cause des rixes ou des problèmes et il serait jeté dehors.

Loki avait sèchement accepté les règles.

Il avait grimpé chaque échelon. Il avait baissé la tête, arrondit le dos et serré les fesses.

Il avait changé les pires pansements, vidé les bassins, nettoyé les vomissures, les fèces et changé les malades, comme tous les autres apprentis.
Nombreux étaient ce qui partaient avant la fin du premier semestre, dégoutés par le travail qui leur était imposé.

Loki avait accepté chaque insulte, chaque moquerie. Il avait l'habitude.

Il avait même subit les coups des autres apprentis dans les dortoirs.

Il était bien plus vieux qu'eux mais ne pouvait se défendre. Il avait essayé une fois.

La douleur du sort d'Odin l'avait laissé presque mort sur le sol.

Ses agresseurs avaient eu si peur qu'ils avaient été cherchés de l'aide.

Loki avait été soigné et ses agresseurs expulsés. Depuis, il avait été mis au banc des apprentis.

Ça ne l'avait pas dérangé plus que ça.

Il avait continué à travailler avec acharnement, rage presque.

Pour maintenir le calme, Eir l'avait fait passer ses examens en avance. Il y avait suffisamment excellé pour devenir Maitre Guérisseur en moins de trois ans.

Avec sa magie pour l'aider aussi bien dans ses diagnostiques que dans ses soins, il avait mis peu de temps à devenir l'un des meilleurs guérisseurs du palais.
Et le moins demandé.

Personne ne voulait avoir affaire à lui.

Plusieurs guerriers étaient morts à cause de leur orgueil.

Ils préféraient mourir que d'être soignés par Loki.

Et ils étaient morts.

Alors Loki avait passé son dernier examen, celui qui lui permettait d'exercer seul.

Il l'avait eu haut la main sous les yeux des plus chatouilleux guérisseurs du palais. Ils lui avaient réservé le cas le plus difficile qu'ils lui avaient trouvé. Mais il s'en était sorti.
Comme son patient.

Il avait reçu son diplôme et toute latitude de disparaître de l'aile médicale du palais. Non seulement il avait reçu toute latitude pour partir, mais il y avait été encouragé.

Bêtement, naïvement, Loki avait sourdement espéré que ses parents viendraient pour sa remise de diplôme. Ils n'étaient pas venus.
Il n'y avait pas eu de cérémonie pour lui.
Eir lui avait juste donné le parchemin signé entre deux portes puis était partie.

Loki n'avait pas bronché.

Il avait récupéré ses affaires, avait mis les pieds dans ses anciens appartements pour la première fois depuis des années, avait pris tout ce qui comptait pour lui, la petite réserve pécuniaire et les bijoux qu'il avait, puis il s'était enfoncé dans les bas-fonds de la capitale.

Les vrais, pas ceux dans lesquels Thor et ses amis s'amusaient à aller s'encanailler quand ils étaient jeunes et qui étaient juste le terrain de jeux finalement bien innocents des maisons nobles et de la haute bourgeoisie. Les catins y étaient vêtues de soie et des plus riches fourrures, la bière y était amer par les condiments qu'on y rajoutait et non à cause des rats crevés qui nageaient dans les tonneaux et si la viande était grasse, elle n'était à cause du beurre et non parce qu'elle était de qualité douteuse et de provenance incertaine.

Loki repoussa la fourrure qui le couvrait pour aller ouvrir la porte de sa maison.
Il restait un prince malgré tout. Il avait acheté une jolie maison qu'il avait retapée avec sa magie. Construire SA maison avait été presque thérapeutique. Pour la première fois de sa vie, il avait SA tanière, SON antre. Il était dans son chez lui. Il pouvait y faire ce qu'il veut sans que personne n'aille cafter ce qu'il faisait à qui que ce soit.

Avant son arrivée dans le quartier, aucun guérisseur n'avait osé mettre les pieds là depuis des siècles, pas même pour les vaccinations obligatoires.

Asgard étaient un royaume splendide. Mais la misère et la corruption y existait comme partout.
Ici, le palais n'était qu'une vague ombre qui tombait sur eux le soir lorsque le soleil était bas à l'horizon.

Comme Loki ne pouvait se défendre ni avec sa magie, ni avec une arme ou ses poings sans que la douleur du sort d'Odin ne le terrasse, il avait lancé autant de sorts de protection qu'il en connaissait sur sa maison et son jardinet.
Il n'en sortait jamais.
Tout lui était livré ou presque. Parfois, il faisait venir des vendeurs pour passer de nouvelles commandes. Il ne pouvait pas vraiment dire qu'il avait peur, juste qu'il avait une conscience aigüe du dégout qu'il pouvait inspirer. Ses clients ne venaient à lui que parce qu'ils n'avaient pas le choix.

Les malades venaient à lui. Comme cette nuit.

Les deux femmes aidèrent leur sœur à entrer dans la maison puis suivirent Loki dans la salle de consultation.

Là encore, Loki avait usé et abusé de sa magie pour rendre les lieux aussi parfaits et accueillants que possible. Même avec une lampe UV et un microscope, personne n'aurait pu trouver là la moindre trace de bactérie.
Les lieux étaient probablement encore plus aseptisés que l'aile médicale du palais.
Après tout, il n'avait que ça à faire de briquer sa maison.

"- Allongez-la sur la table." Avec le temps, sa télépathie s'était accrue. Il avait bien fallut qu'il parvienne à converser avec ses clients.

Les deux femmes obéirent.

Loki enfila une blouse sur son pantalon de nuit en coton.

"- Qu'est ce qui s'est passé ?"

La plus jeune des deux femmes soupira doucement.

"- Un client qui n'a pas voulu payer."

Loki hocha la tête.

Les putains étaient souvent ses clientes. Comme tous ceux qu'Asgard avait de honteux et d'indignes.

Ici, il se sentait bien.

Sans doute parce qu'il était aussi indigne qu'eux.

Il était juste un monstre après tout. Indigne de sa famille, indigne de ce peuple. Indigne de sa vie même.

Laufey aurait dû le tuer à la naissance.

Loki désinfecta la blessure sur le flanc de sa patiente.

Heureusement qu'elle était Asgardienne. Une humaine serait déjà morte.

Il recousit ce qu'il put, nettoya la plaie, utilisa sa magie avec précision puis plaça un pansement sur la blessure.

Au début, il utilisait uniquement sa magie pour soigner ses clients.

C'était rapide, facile, épuisant certes mais c'était "plus simple".

Jusqu'à ce qu'il soit face au cas qu'il n'avait jamais voulu rencontrer et contre lequel Eir l'avait prévenu.

"Si tu épuises toute ta magie sur des blessures bégnines, que feras-tu quand on t'amènera en fin de journée un cas critique ?"

L'homme était mort sur la table d'examen et lui avait failli se tuer à épuiser sa magie.

La famille du blessé ne lui en avait pas voulu. Sans doute parce qu'il s'était effondré à leur pied, les yeux et le nez en sang après avoir asséché complètement sa magie dans une dernière tentative de soigner le pauvre homme.

Il avait bien apprit sa leçon.
S'il n'avait pas utilisé toute sa magie en bobologie toute la journée, il aurait pu soigner le soldat blessé.

Le compteur qu'il avait dans sa petite chambre et qui s'incrémentait tout seul à chaque fois qu'il sauvait une vie avait reculé de un lorsqu'il était partit se coucher.

Il avait pleuré.

Un peu.
Puis il avait avancé.
Les simples avaient remplacés les légumes dans son jardinet, un sous-sol avait été creusé par magie pour entreposer les potions et les décoctions.

Puis il avait repris le travail.

Depuis, il n'avait perdu que trois autres patients.

Eux aussi avaient été retirés à son compteur même s'il n'y avait jamais eu rien à faire. Ils étaient morts sous ses mains alors ils s'étaient ajoutés à ses victimes.

"- Elle va s'en sortir ?"

Loki hocha la tête.

Il était fatigué.

Même lui se fatiguait à ne dormir que deux ou trois heures par nuit.

"- Je la garde pour la nuit. Rentrez chez vous, les filles. Elle est entre de bonnes mains." Projeta-t-il mentalement

Les dames de petite vertu posèrent deux couronnes d'argent dans la coupelle à l'entrée de la sale de soins puis laissèrent leur amie entre les mains de Loki.

C'était le tarif de nuit : deux couronnes.
Le jour, c'était moitié moins, quelle que soit la blessure.
C'était dérisoire.

Mais avec la masse de clients qui se succédaient, c'était bien assez pour que Loki puisse vivre.

Loki posa une couverture sur le corps de sa patiente évanouie puis retourna sous sa fourrure.

Des fois, il se demandait s'il manquait à quelqu'un au palais.
Sans doute pas.

Sinon, il y avait toujours moyen de lui envoyer un message non?
Heimdall savait où il était.

Si personne ne prenait de ses nouvelles, c'était bien que tout le monde s'en fichait.

Il savait que Thor revenait toutes les quelques semaines.

Si, en dix ans, il ne l'avait pas vu une seule fois, c'était bien parce que le prince couronné avait tiré un trait sur son frère.

Le cœur de Loki se serra.

Il l'avait voulu pendant des mois. Des années peut-être même.
Mais à présent….Que sa famille lui manquait….

Mais elle n'était plus sienne. Il l'avait bien comprit.

Le prince qui ne l'était plus que de nom essuya rapidement ses yeux.

Il ne tressaillit même pas lorsque le tissu de la blouse qu'il avait oublié de retirer frotta sur le cuir qui scellait toujours ses lèvres.

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L'attaque avait été aussi inattendue que violente.

Depuis dix ans, un long train de vilains et de fous divers et variés avaient attaqués.

Les six premiers Avengers avaient été rejoints par d'autres mais le noyau dur était resté le même.
Si les plus récents vivaient chacun chez soi, les six premiers habitaient toujours la Tour Stark.

Chacun avait son étage.

Chacun avait sa petite famille.

Tony et Pepper avaient finalement convolés, Betty avait fini par demander son timide physicien en mariage, Natasha avait fait la même avec son moineau, Thor était en ménage avec Jane puisqu'Odin avait refusé le mariage. Quant à Steve, il avait succombé au charme d'une agent du SHIELD aussi minuscule que forte tête. Si la jeune femme dépassait le mètre soixante, c'était uniquement grâce à ses talons.
Tout le monde se moquait gentiment du couple mais Steve répondait en général avec un sourire et qu'il aimait son agente de poche, na !

Depuis dix ans, ils en étaient venu à un train-train routinier de missions réussies, d'attaques contre carrées et de morts évitées de justesse.

Lorsque l'explosion avait soufflé la moitié du bâtiment du SHIELD, tout le monde était resté perdu de longues minutes.

Qu'est ce qui s'était passé ?

Le SHIELD ? Le SHIELD était attaqué ?

Hébétés, des agents avaient commencés à sortir du bâtiment pour tomber sur un tir de barrage qui avait fauché plusieurs dizaines d'en eux avant que les attaquants ne soient tués à leur tour.

L'aile médicale du bâtiment était en ruine. Les hôpitaux avaient à peine suffit pour absorber le flot continu de blessés qui étaient arrivés en SUV noir ou en ambulance.
Quand les évènements s'étaient un peu calmés et qu'un Fury avec un bras cassé et une jambe recousue sur 35 cm avait pu faire le bilan de l'attaque, la consternation avait parcouru les rangs du SHIELD.

Plus de quatre-vingt morts, le triple de blessés, des réparations qui prendraient des mois, un QG en ruine qu'il faudrait détruire et reconstruire, des équipes entières de R et D ravagées, des projets détruits, des exabits de données perdues définitivement, un systèmes de surveillance en ruine, des ennemis échappés des cellules renforcées du SHIELD, des années de recherches en armement perdues, des hommes irremplaçables fauchés d'un coup par la bombe d'un groupuscule armé qui s'était trompé de cible.

Le SHIELD était en ruine.

Mais de tout ça, les six premiers Avengers ne retenaient qu'une chose : Ils avaient perdu l'un des leurs.

Tous autour du lit d'hôpital, les joues trempées de larmes, le groupe attendait que le médecin débranche le respirateur.

"- Je ne veux pas…."

"- Tony…. Tu ne peux pas t'opposer à sa décision." Souffla doucement Bruce, le cœur brisé.

Le milliardaire ne tenait debout que parce que Steve avait passé un bras autour de sa taille pour le retenir.

"- Je ne peux pas la perdre !"

Que pouvaient-ils dire ?

Pepper avait été au mauvais endroit au mauvais moment.
Comme souvent, elle était passée récupérer des documents pour Tony, des contrats à signer, des missives à lire… Rien que de très ordinaire, rien que de très normal.

Elle avait été soufflée par l'explosion en même temps que l'agent qui l'accompagnait vers la sortie.

L'agent s'en était sorti avec la moelle épinière brisée. Il ne pourrait plus jamais marcher.
Pepper n'avait pas eu la même "chance".
Son crane avait heurté un bout de béton avec une infinie violence.

Depuis, elle était dans le coma.

Les médecins avaient été catégoriques.
Il n'y avait rien à faire.

Une partie trop grande du cerveau était impacté.

"- Nous devons procéder." Souffla doucement le médecin.

Il compatissait.

Thor fit un signe de tête.
Si ça avait été Jane à la place de Pepper…. Il serait devenu fou de douleur.

A présent, tous ne craignaient qu'une chose : enterrer deux personnes au lieu d'une.
Tony ne pourrait fonctionner longtemps sans son épouse. Tous le savaient.
Comme tous savaient qu'il se jetterait à corps perdu dans la vengeance.

Fury avait eu beau le leur interdire… Qui pouvait interdire quoique ce soit à Anthony Stark ?
L'attentat datait déjà de trois semaines.

Tony voulait du sang.

Mais surtout, il voulait qu'on lui rende son épouse.

Le médecin retira lentement le respirateur.

Les poumons de Pepper se vidèrent lentement.

Le médecin laissa en place le moniteur cardiaque.

"- Il n'y en a pas pour longtemps." Prévint-il avec tristesse.

Il détestait voir des gens mourir.

Le rythme cardiaque ralentit lentement.

"- Pepper, s'il te plait…" Souffla Tony, le cœur brisé.

Il aurait dû être sur ce lit. Pas elle ! Pas sa Pepper ! Elle n'avait rien fait de mal, elle. Rien !

La femme prit soudain une longue inspiration.
Le rythme cardiaque se stabilisa puis se rétablit à un rythme normal.

Bruce fut le premier à réagir.

"- Qu'est ce qui se passe !"

Le médecin leur avait assuré que le corps de Pepper ne vivait encore que parce qu'ils le ventilaient. Elle n'avait plus de respiration autonome.

"- Je ne sais pas !"

Le médecin appela plusieurs collègues puis le groupe fut jeté de la chambre pendant qu'ils examinaient la patiente.

Tous attendaient avec angoisse.
Mais le pire n'était pas l'attente.
Le pire était l'espoir.

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La salle d'attente était pleine. Comme chaque jour.
Loki avait engagé deux personnes pour l'aider.

Une assistante pour gérer le flux des malades et faire un pré-triage et une jeune apprentie.

En tant qu'Adepte Guérisseur, il était tout à fait de son droit de prendre une élève.

La gamine était encore toute jeunette, a peine mille cinq cent ans. Elle était encore un peu maladroite mais elle apprenait vite. Sa famille n'aurait jamais les moyens de lui payer une entrée d'apprentie auprès des guérisseurs du palais alors lorsque le bruit avait couru que Loki cherchait un assistant, elle s'était précipitée. Comme d'autres.
Loki avait fait avec eux ce que lui-même avait subi : nettoyage des plaies, des haricots, des seaux… Elle avait été la seule à rester.

Comme elle ne savait pas lire, Loki lui apprenait tout ce qu'elle devait savoir sur le tas. Quand il avait un peu de temps, il lui apprenait les runes.

Depuis quelques temps, la faune des malades changeait un peu.

Loki et ses deux assistantes en étaient un peu étonnées. Avec les vêtements usés et reprisés jusqu'à la corde se mêlaient quelques malades sur lesquels le coton remplaçait la laine et la peau tannée.
Pour ceux-là, Loki montait les prix. Puisqu'ils avaient plus de moyens, qu'ils payent pour ceux qui n'en avaient pas.
Personne ne bronchait.

"- Qu'est-ce qu'on a ?"

L'ancienne Valkyrie qui s'occupait de prendre les rendez-vous et de gérer les visites prit son parchemin. Si elle avait perdu une jambe au combat et s'était retrouvé chassée des guerrières d'Asgard puisqu'elle n'avait pas eu la décence de mourir, elle se débrouillait très bien avec le pivot de bois qu'elle s'était bricolé et installé au-dessous du genou. Et si elle ne pouvait plus courir, elle restait redoutable au maniement de la hache de guerre. Personne n'essayait de resquiller ou de poser des problèmes avec une telle secrétaire médicale.

"- Deux mères avec leurs bébés et sinon, c'est surtout l'épidémie de grippe."

"- On commence par les gamins."

On commençait toujours par les gamins. Sinon, ça pleurait pendant des heures et ça rendait fous ce qui attendaient.

La première mère entra dans le cabinet, son bébé de quelques jours dans les bras. Il y avait plus de naissance ici en un an que dans tous le palais en dix.

Loki suivit sa patiente avec un soupir.
Par la fenêtre en verre (un luxe ici !), il avait vu le halo caractéristique du Bifrost.
Thor devait tout juste arriver. Ou tout juste partir.

Loki secoua la tête.

Il ne devait pas y penser.
Il prit au passage la fiche de sa patiente

"- Alors, comment va…Agni, c'est ça ?"

Le bébé le fixa de ses grands yeux bleus pendant qu'il le déshabillait pour l'examiner.

Lorsque le dernier patient fut sorti, Loki se laissa tomber sur l'un des fauteuils de la salle d'attente. Comme deux fois par semaine, il ne travailler que le matin pour passer son après-midi avec son élève dans le calme du sous-sol pour préparer potions, poudres et décoctions.
S'il s'était plus d'une fois plein du travail de fou qu'il devait faire pour mener à bien ses devoirs de cours en plus de ceux de son frère (souvent), ce n'était rien par rapport à tout ce qu'il avait à faire à présent.
Mais ce n'était pas ce qui lui faisait le plus peur. Non.
Ce qui l'empêchait de dormir, c'était les morts.
Il s'était attaché à ces gens.

Si nombre d'entre eux le méprisaient quand même mais subissaient sa présence parce qu'ils n'avaient pas le choix, quelques-uns, quand même, semblait l'apprécier pour ce qu'il était;

"- Des rendez-vous pour demain, Rakta ?"

La valkyrie compulsa ses listes.

"- Une douzaine pour le matin."

Le matin, c'était rendez-vous. L'après-midi, c'était libre consultation.

Il n'en verrait jamais le bout.

"- Bon…. Et bien déjeunons et ensuite, sous-sol."

Son assistante lui lança un petit sourire aussi timide que lumineux.
Loki grogna intérieurement.

Une petite discussion serrait nécessaire. Il savait qu'il était le seul élément masculin qui ne passait pas sa vie perpétuellement ivre dans l'environnement de la gamine. Il allait devoir mettre très vite le holà à tout attachement impromptu.

Pauvre petite.

A l'extérieur de la clinique, une fois de plus, Loki pu voir le Bifrost illuminer le ciel.
Thor faisait bien des allers-retours en ce moment.
Qu'est ce qui se passait ?

"- Loki ?"

"- Désolé, Dora."

La jeune fille rosit doucement.

Oui, vraiment, Loki allait devoir avoir une longue discussion avec elle.