Le froid était saisissant, le vent faisait voler ses longs cheveux blonds, ses joues étaient couvertes de plaques rouges. Les vagues heurtaient les falaises avec force et fracas. Elle avait grandi dans un endroit similaire, elle avait grandi dans un manoir entouré d'étendu vertes au bord de la mer.

-Marlène !

Elle sursauta, et le fixa, il était loin, Benjy la fixait, les sourcils froncés, elle inspira, resserra les pans de son manteau de fourrure. Elle avança, son talon s'enfonça dans la boue, elle sourit. Ça lui rappelait vraiment leur domaine, son enfance, son coin de paradis loin de la guerre. Loin de cette guerre qu'elle faisait, loin de cette guerre qu'elle haïssait !

-Tout va bien ?

Elle leva les yeux vers lui, vers ses yeux gris anthracite, vers sa mâchoire carré et mal rasé. Il la fixait avec attention, elle sentit même ses doigts toucher ses cheveux et en mettre une mèche derrière son oreille.

-Je sais que c'est dur… C'est toujours dur les missions de récupération Marlène, mais j'avais besoin d'une médicomage…

Il était inquiet, elle le voyait, tout ça parce qu'elle n'avait que vingt-trois ans, tout ça parce qu'elle était nouvelle, la petite nouvelle de l'Ordre du Phénix. Mais aussi parce qu'elle était la dernière-née de la grande famille McKinnon, cette grande famille dont elle était le vilain petit canard.

-Tout va bien Benjy, on va la retrouver.

Elle le dépassa, elle devait se rassurer, se dire qu'on trouverait cette fille, ce membre de l'Ordre vivant, elle devait se le dire ! Elle le devait !

-Marly, dit-il en la retenant par le bras, ne te fais pas de faux espoir.

-Je ne me fais pas de faux espoirs Benjy, je me force à rester positive !

Il fit la moue, et elle sourit tristement, Benjy Fenwick était tellement négatif. Bien plus que n'importe qui, peut-être avait-il plus perdu aussi. Mais tout ce qu'elle savait c'était qu'il était également l'un de ceux qui les soutenaient le plus.

Elle marchait en le regardant, il avait les épaules carrées, il se tenait droit, toujours très droit. Benjy ne souriait jamais également, sauf à elle et à Dorcas. Il ne souriait qu'à ceux qu'il aimait, un peu, rien qu'un peu. Il s'arrêta, il s'immobilisa et il se tourna, il la fixa, le visage décomposé, le regard triste. A ses pieds il y avait un corps. Son corps…

Elle pleurait, les larmes semblaient geler sur ses joues, elle fixait le corps immobile et sans vie de Donna Travis! Elle venait à peine de s'engager. Elle le regarda, il fixait le corps avec un voile devant les yeux. Elle sentit sa main se poser sur son épaule droite, elle inspira, le froid sembla la geler de l'intérieur, un sanglot la secoua, elle la regarda, Donna avait été tué.

-Il faut qu'on parte Marlène… Je vais la prendre avec moi, on doit la ramener au Quartier Général…

Elle détourna le regard alors qu'il prenait ce corps froid et sans vie dans ses bras. Elle se pencha pour vomir quand elle posa son regard sur eux, parce que par Merlin, que c'était dur !

-Marlène ?

Sa voix était douce, tendre, compréhensive, elle croisa son regard, son beau regard gris, il lui sourit tristement, et inclina la tête sur la gauche, il s'inquiétait pour elle. Elle détourna une nouvelle fois le regard, par Merlin, elle aurait aimé ne pas être là.

-On doit vraiment partir Marly…

Elle sursauta, il l'avait appelé par son surnom, il ne le faisait presque jamais.

-Je sais Benjy, murmura-t-elle.

-Transplane en premier tu veux, je te suivrais.

Elle ne réfléchit pas, elle acquiesça, elle voulait quitter cet endroit et ce le plus rapidement possible !

Quand elle ouvrit les yeux, elle était arrivée, devant elle s'étendait le domaine où ils se cachaient. De la lumière éclairait le manoir, elle attendit, un peu. Puis il apparut, tenant fermement contre lui le corps froid de Donna. Alors, elle poussa le lourd portail en fer forgé et elle avança. Ses talons claquèrent contre les dalles de marbres. La musique retentit enfin et les larmes coulèrent de nouveau sur ses joues. Parce que c'était horrible d'entendre Emmeline Vance chantant à tue-tête. Affreux d'entendre la douce Emmeline chanter en cuisinant pour eux tous. C'était horrible de voir Alice dansant avec Franck alors qu'eux revenait avec un membre en moins. Elle se tourna, Benjy avait le regard braqué droit devant lui, il ne voulait pas y penser.

Elle poussa la porte, la voix d'Emmeline retentit, elle se tourna et la brune surgit. Qu'elle était belle. La brune aux yeux bleus les fixa et son sourire disparut. Elle vit les larmes remplirent ses yeux, elle l'entendit crier. Elle ferma les yeux et s'empressa de faire demi-tour, elle n'hésita pas. Qu'importe ses talons, qu'importe sa posture, elle ne pouvait pas rester. Elle devait rentrer chez elle, elle devait retrouver ses parents !

Elle pleurait encore quand elle y arriva. C'était tellement beau ! Les herbes vertes s'étendaient jusqu'à perte de vue, et le manoir surplombait le paysage, il se posait là surplombant la mer agitée. Puis la porte s'ouvrit, et elle la vit. Sa mère. Elle la vit toujours aussi belle ses cheveux attachés de manière noble, ses yeux bleus brillant de joie. Enfin sa mère perçu sa tristesse, et elle la vit avancer pieds nus au milieu du jardin, elle la vit courir. Elle la sentit la prendre entre ses bras. Enfin…

-MARLENE !

Elle frissonna entre les bras de sa mère, elle frissonna alors que son père venait d'apparaître sur le pas de la porte, alors que son père les rejoignait d'un pas rapide.

-Mon cœur…

Même son père ne savait pas quoi faire face à ses sanglots. C'était bien la première fois que ça arrivait.

Il ne bougeait pas alors que Franck prenait le corps de Donna. Il jeta simplement un rapide coup d'œil aux personnes présentes. Elle n'était pas là. Dorcas devait être en mission. Elle reviendrait tôt ou tard.

-Benjy, il faut qu'on l'enterre…

Il ne répondit pas. Que pouvait-il dire ? Il tourna les talons et se dirigea vers le tableau. Il y chercha son nom, il était inscrit devant une mission de surveillance d'un individu suspect.

-Benjy ?

-Quoi, cracha-t-il. Quoi Franck !

Le brun le fixa inquiet, parce qu'il était Benjy Fenwick parce qu'il n'avait presque aucun contrôle. Parce qu'il avait de la peine pour lui également.

-Veux-tu que je m'en occupe ?

-Oui.

Emmeline s'avança vers lui, il recula d'un pas Alice pleurait en silence. Elle regardait le corps immobile dans les bras de son mari. Que pouvaient-ils faire d'autre qu'enterrer cette fille ici ? Elle n'avait personne, elle n'avait plus qu'eux…

-Je vais faire un tour. Si Dorcas rentre ne lui dites rien. Je m'en occuperais !

Personne ne contesta, personne ne parla. Ils le laissèrent simplement sortir, ils le laissèrent, et certainement savaient-ils qu'il allait la retrouver. Qu'il allait la consoler, parce qu'il était incapable de laisser Marlène McKinnon pleurer.

Quand il arriva devant leur demeure il eut du mal à déglutir. Ici il se sentait vraiment minable. Devant cette richesse, devant ce prestige il se sentait minuscule. Ici, il était devant chez les McKinnon et même s'il était Benjy Fenwick, un seul des sorciers de cette immense famille pourrait le bouffer. Ils avaient cette réputation, celle d'être de redoutables adversaires, des gens brillants. Il savait que c'était vrai. Il côtoyait Marlène, il avait fait ses études avec Adam son deuxième frère, il connaissait de réputation Grégory. Immobile devant le manoir il inspira longuement. Marlène pleurait alors il avança. Il devait avancer, il devait la voir, s'assurer qu'elle allait bien. Il devait l'aider, la réconforter !

Il l'aperçut presque immédiatement, Ignatus McKinnon avait la baguette brandit vers lui.

-Que faites-vous là Fenwick ?

Il ne s'offusqua pas de son ton sec, il avait toujours su que le chef du département de la justice magique ne l'appréciait guère. La faute à ses erreurs, à sa crise de folie passagère…

-Vous êtes là pour elle ?

Il acquiesça parce qu'importe que son père fasse obstacle, il la verrait. Il devait la voir !

-Est-ce votre faute ?

-Non Monsieur.

Enfin il sembla se détendre un peu, enfin la menace sembla écartée. Il le vit lui faire signe de le suivre. Jamais il n'aurait cru cela possible.

Il suivait cet homme, ce grand-homme, il le suivit quand la porte en bois s'ouvrit devant lui, il le suivit dans le salon, dans ce salon si bien décoré et il la vit. Elle pleurait. Elle pleurait et sa mère tentait de la consoler.

-Marlène…

Il ne reconnut pas sa voix tant elle tremblait. Elle leva les yeux vers lui, sa mère le fixa avec méfiance. Elle se leva, elle accourut, elle enserra sa taille de ses bras, elle se serra contre lui. Il la sentit trembler alors que les sanglots la secouaient. Il ferma les yeux. Merde Marlène McKinnon pleurait. Cette même Marlène qui ne cessait de sourire, son cœur lui faisait mal. Son âme se déchirait. Il ne voulait pas qu'elle soit triste ! Jamais ! Il la serra fort contre son torse, il voulait prendre sur lui une partie de cette peine qui l'accablait, il pouvait la prendre, il pouvait la supporter. Après tout, lui Benjy Fenwick il avait déjà tant de poids sur ses épaules qu'il pouvait bien supporter sa peine.

-Marlène, murmura-t-il, je suis désolé…

Il l'était vraiment, parce qu'elle pleurait, parce qu'au fond Marlène n'aurait jamais dû l'accompagner, elle n'aurait jamais dû rentrer dans l'Ordre. C'était une bien trop belle personne. Elle avait la force, le courage, mais elle n'avait pas la noirceur. Marlène n'était qu'optimisme et il ne voulait pas qu'elle change. Qu'elle devienne comme lui et Dorcas !

-Je suis tellement désolé.

Une larme roula sur sa joue mal rasée, puis une autre et encore une autre. Il se sentait tellement mal, tellement coupable. Et pas uniquement pour Marlène, mais aussi pour elle, cette fille qu'il avait aimée, et qu'il avait l'impression d'oublier.

Elle était rentrée personne ne lui avait parlé. Elle était rentrée et il n'était pas là. Alors, elle attendait, une liste devant elle, elle ne bougeait pas, elle fixait, elle attendait, un ordre, un avis. Elle voulait se battre, encore et encore, on rentra dans la pièce, le regard d'Edgar se figea, il la regarda, elle ne bougea pas. Elle faisait peur aux gens, parce qu'elle s'appelait Dorcas Meadowes. Parce que son père l'avait violé dès son plus jeune âge, parce qu'il était l'un des plus grands mangemorts connus, parce qu'elle était spéciale. Mais au fond, elle s'en moquait. Parce qu'elle n'aimait pas les gens. Ou du moins, elle avait peur des autres et c'était tellement ironique…

-Dorcas, tu peux venir ?

Elle sursauta et se tourna, il lui souriait, Gideon était appuyé contre le mur, il la regardait en souriant, ses pensées étaient tellement simples à lire, à deviner… Elle l'avait formé et il n'avait jamais su maîtriser l'occlumancie.

-On a une mission Dorcas. Espionnage et protection.

Elle serra les dents, parce qu'elle n'aimait pas les missions de protections, la plupart du temps elles finissaient mal… Ils étaient trop peu et en face ils étaient bien trop nombreux !

-Qui ?

-Un employé du ministère et sa femme née-moldus.

Encore et toujours les mêmes schémas, encore et toujours les mêmes risques. Toujours ou presque le même résultat !

-Ils ont aussi trois enfants.

Elle haïssait quand il y avait des enfants, personne ne devait perdre son enfance comme elle. Personne ne devrait être comme elle, vivre sa vie. Personne !

-On y va ! Et cette fois Fabian, montre-toi compétent.

Personne ne lui répondit, personne ne lui répondait jamais. Alors une fois encore elle passa devant lançant un regard froid à tous ces peureux qui combattait avec elle. Tous ceux qui la jugeait sans pour autant être capable de faire tout ce qu'elle faisait pour leur survie et elle transplana. Il ne fallait pas attendre pour les faire disparaître.

Elle les observait en soufflant, les enfants s'agrippaient à Fabian tandis que Gideon avait à chacun de ses bras un des parents. Ils allaient les déplacer. Les jumeaux tourneraient afin d'assurer leur survie, mais elle savait que ça ne changerait rien. Ça ne changeait jamais rien. Elle leva tout de même sa baguette et laissa le feu sortir de ce bout de bois composé de crin de licorne. Le feu se répandit en une seconde, c'était l'avantage des sorts de magie noir. Elle sentit le regard désapprobateur de celui qu'ils sauvaient et elle s'en foutait. Parce qu'au fond c'était grâce à ça si quelques familles pouvaient aujourd'hui continuer à vivre sur d'autres continents, parce qu'elle se sacrifiait pour les autres. Parce qu'elle avait décidé de balancer son âme au diable pour sauver les autres. Au fond son âme était déjà moisie jusqu'à la moelle. Quel Dieu voudrait d'une fille comme elle, une fille sale, impure, une putain d'erreur de la nature ! Et qu'importe ce que dirait Benjy, elle Dorcas Meadowes n'aurait jamais dû vivre. Jamais ! Elle aurait dû mourir en même temps que sa mère, elle aurait dû mourir dès le premier attouchement. Elle aurait dû se tuer dès la première agression. Elle ne savait pas pourquoi elle s'était accrochée à cette vie qu'elle haïssait. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'aujourd'hui elle avait trouvé une raison pour vivre, elle devait protéger les autres, les empêcher de devenir comme elle !

-Fabian, sa voix claqua comme un fouet dans ce silence assourdissant, tu transplanes maintenant ! Gideon tu le suis dans deux minutes.

-Et toi, souffla Gideon alors que Fabian disparaissait, tu restes ?

Elle le fixa, du haut de ses 1 mètre 60 elle paraissait minuscule à côté de son mètre 90 et pourtant, elle pouvait voir le respect qu'elle lui inspirait. Lors de son entrée à Poudlard tous l'avait sous-estimé… Parce qu'après tout, à cette époque, elle ne portait qu'un nom connu, elle n'était pas belle, pas grande, elle était fluette, sa robe était trop grande pour elle. Et elle avait des bleus partout sur le corps. Elle avait le regard vide, la tête baissée, elle était à Serpentard. Puis elle avait grandi, elle avait développé sa magie, elle avait découvert son talent. Elle était devenue belle, et ça lui avait couté. Sa beauté l'avait fait souffrir davantage que son physique d'enfant mais sa puissance, son intelligence lui avait sauvé la vie !

-Oui, je reste.

Il ne contesta pas, il inclina la tête et transplana à son tour. Elle, elle devait rester encore un peu, pour attendre et s'assurer que rien ne serait jamais retrouvé dans ces décombres qu'étaient la maison, et aussi pour effacer toutes traces de magies ! Seule elle et Edgar en était capable dans l'Ordre.

Elle avait tout effacé, il ne restait plus rien. Elle fixa la maison, l'immense demeure dans laquelle ils résidaient. Elle poussa la porte et se figea, Benjy l'attendait, assis sur les marches, une cigarette pendue aux lèvres, un verre de whisky dans une main. Il était décoiffé, son regard gris était brillant, il avait déjà suffisamment bu… Elle s'approcha de lui, il se décala, elle s'assit à ses côtés. Elle essaya de lire en lui, il lui bloqua l'accès à son esprit, elle grogna. Ça avait toujours été ça entre eux, un concours, un putain de concours de compétence.

-Tu me files ton verre ?

Il le lui tendit, elle ne le remercia pas, elle le but d'une traite, elle l'entendit grommeler.

-Elle est morte Benjy ?

-Ouais…

Sa voix rauque la fit se mordre la joue, Benjy n'avait cette voix que quand il était plein de remords…

-J'aurais dû la former plus durement. J'aurais dû empêcher ça.

-On a trois mois Benjy, s'énerva-t-elle. Toi et moi, on a trois mois pour leur apprendre à survivre, ce n'est pas assez, on fait de notre mieux, tu fais de ton mieux ! Sa mort, tu n'y es pour rien ! On peut faire ce qu'on veut Benjy, mais toi et moi, nous ne sommes pas de Dieux, on ne peut pas tous les sauver, on ne peut pas tous les aider. On ne peut pas parce qu'on est pas équipé pour ça et surtout parce qu'ils sont tellement plus nombreux ! Tellement cruel. Tu le sais aussi bien que moi Benjamin.

Elle vit son regard anthracite se faire plus dur, il n'aimait pas qu'on l'appelle Benjamin, ça lui rappelait bien trop ses parents, et elle, sa fiancée. Cette fille qu'il avait rencontré l'été de leur sixième année. Cette moldu qu'il avait aimé, cette fille qui s'était fait tuer avec ses parents.

-Marlène a pleuré.

Elle ferma les yeux un instant, et agita sa baguette, elle avait besoin d'un autre verre.

-Elle va bien ?

-Aussi bien que toi et moi.

Elle se servi un autre verre, elle le regarda le prendre et le boire d'un coup. Elle soupira et s'en servit un nouveau. Ils buvaient trop.

-Marlène ira mieux demain. Elle va toujours mieux le lendemain.

-Je ne sais pas.

Il avait le regard vague, et l'air soucieux, elle le connaissait depuis bien trop d'année maintenant, ils s'étaient liés d'amitié dès leurs 11 ans, lui le Poufsouffle et elle la Serpentard. Voilà vingt ans qu'elle fréquentait Benjy Fenwick. Ils avaient trente et un ans et elle avait vu défiler les humeurs, les regards, les expressions de son meilleur ami. Elle l'avait aussi vu avec ses différentes petites-amies, du coup, elle savait ce qu'il ignorait ou souhaitait ignorer. Elle savait qu'il était avec Marlène bien plus présent, bien plus à l'écoute qu'il ne l'avait jamais été. Elle savait qu'il tenait à Marlène, qu'il aimait cette fille si souriante, si aimé et comment ne pas aimer Marlène McKinnon. Marlène n'était qu'une personne qu'on pouvait aimer.

-Demain, je ne suis pas sûr qu'elle aille mieux…

-Elle ira bien Benjy, souffla-t-elle.

Elle regarda son meilleur ami s'allonger sur les marches, elle le fixa alors qu'il posait sa cigarette, il eut un haut le cœur. Il avait trop but.

-On va crever Dorcas, je le sens, on va crever avant la fin de cette foutue guerre !

-Ouais, je suis pressée d'y être.

Elle l'entendit rire doucement et leurs regards se croisèrent de nouveau. Ils pensaient à la même chose, après la vie, eux ils ne retrouveraient pas tous ceux qui étaient déjà partis. Ils étaient trop pourris pour retrouver leurs camarades déjà tombés.

D'un coup de baguette elle remplit de nouveau leurs verres, il la regarda surpris, elle sourit.

-Levons donc nos verres à nos morts !

Benjy partit alors d'un grand éclat de rire et il la suivit sans même protester. Parce qu'ils ne se leurraient pas, eux deux ils ne s'en sortiraient pas vivant, et au fond ce n'était pas forcément plus mal, ils étaient trop détruits pour un monde en paix !