J'ai lu une fic anglaise récemment qui est superbement écrite. Une des meilleures qu'il m'ait été donné de lire. Alors aujourd'hui je me lance dans la traduction de cette fic pour vous la faire partager après avoir obtenu par écrit l'accord de l'auteur. Je le remercie encore.

L'histoire est basée sur le film « Blanche-neige et le chasseur » (que j'ai adoré) et s'intitule « The Story They Tell ».

L'auteur, DorianGrey91, souhaite vous dire quelques mots :

« I hope they enjoy the story ! »

J'espère aussi que vous aimerez. Voilà pour ma part. Je me permettrai quelques remarques mais le reste est entièrement la propriété de DorianGrey91. En espérant que cette traduction vous convienne, je ferai au mieux pour rendre justice à l'auteur. Clarisse.

Résumé complet:

"On va raconter des histoires sur nous", dit-il, "mais on ne dira pas la vérité. Pas toute la vérité" . Et il avait raison. On ne va pas se rappeler de la suite, des nouveaux dangers qui nous guettent. On ne parlera pas de l'hostilité croissante entre les deux hommes que j'aime, ou des conséquences de donner mon cœur aux deux. On se réjouit à la lumière d'un horizon que je n'ai pas encore vu.


Musique d'accompagnement d'aujourd'hui : "Eau" par Denuo. Il suffit de le jouer quand le titre apparaît, audacieux et central.

1


Je l'ai trouvée sur le lit, le sommeil rôdait tout autour d' elle,
livide comme les draps dans lesquels elle était engoncée ayant l'air de s'y noyer.
Et il devrait y avoir des couleurs comme le rouge et le noir dans des moments comme ceux-là,
mais elle était blanche comme un cachet.


Ravenna était déjà froide, émaciée, le corps trop desséché pour vouloir la regarder.
Au lieu de cela, je regardai la plaque dorée réfléchissante accrochée au-dessus d'elle.

Sang pur, un plus beau sang, disait-elle. Je ne voyais aucune trace de ce sang, même dans mes lèvres qui devaient être plus rouges que roses. Tout ce que je vis était un visage manquant de vie, hagard, des ombres autour des yeux.

C'était la première fois que j'avais regardé dans un miroir, un miroir réel d'après ce je pouvais me souvenir. J'ai essayé de me convaincre que dans des circonstances différentes, j'aurais approuvé l'image renvoyée, j'aurais eu l'air aussi belle qu'on le prétend. Le métal de mon armure brillait d'un air menaçant. Mes cheveux, tressés en arrière, ne faisaient pas grand-chose pour agrémenter mon visage. Je ne me sentais pas du tout moi, n'avais pas l'air du tout comme je pensais que je devrais être.

Le miroir était affreusement magnétique. J'imaginai que je pouvais percevoir une puissante ondulation qui se cachait derrière l'or innocent.

Mais le son de mon nom m'a porté un coup de poignard pointu, me faisant revenir à la réalité. Je m'éloignai loin de la scène d'horreur devant moi pour faire face à une autre scène tout aussi pénible. Un amoncèlement de graphites brillants et noirs sur le sol et sur mes frères d'armes. Des tas de chaire humaine brillants de sang épais.

Pendant un moment, j'ai pensé avoir repéré William parmi eux. Il était accroupi visage vers le bas, une petite mare pourpre autour de lui.

« Non… » Fut tout ce que je pus murmurer, avec à peine un début de consternation, avant de m'envoler vers lui.

Pas lui, pas maintenant alors que nous nous étions retrouvés l'un l'autre. Pas quand il avait risqué sa propre sécurité si imprudemment juste pour arriver à ce stade. Ce n'était pas juste.

A ce moment, il leva la tête et se releva, les bras tremblants. Tout mon souffle fut exhalé hors de ma poitrine, mes jambes se dérobèrent sous moi et je tombai sans grâce à genoux devant lui.

«Es-tu blessé? » A-t-il exigé de savoir immédiatement, me saisissant par les épaules revêtues d'acier.
« Non, je vais bien. »
« Tout va bien maintenant», me rassura-t-il en me prenant dans ses bras, me faisant respirer à nouveau. « C'est fini. »
« Je sais. »

Ma voix sonnait étrangement creuse. Elle s'en allait.

C'est alors que je me souvins de celui qui avait prononcé mon nom, d'une voix de tonnerre qui gronde. La seule personne dont la voix pourrait appartenir à ...

Je me suis levée, écartant doucement William, et regardai tranquillement vers l'homme sans armure, en lambeaux debout en face de nous. Il avait subi des blessures minimes - encore moins que William. Cette pensée soulagea un peu mon cœur. Cependant, mon regard sur son visage effaça ce petit mieux.

«Vous allez bien ? » Ai-je demandé un peu trop vite, sans aller vers lui car son regard me retenait exactement où j'étais.
« Bien » Répondit-il, tout comme moi. Sourdement.

J'allais dire quelque chose de plus, mais je regardai autour et remarquai qu'il y avait d'autres personnes présentes. D'autres survivants. Mon cœur fit un bond vraiment quand je pris conscience de leur nombre, plus élevé que je ne l'avais prévu.

«Allez-vous tous bien ? » Leur demandai-je. Je me répétais, cette seule question tournant sans cesse entre nous tous. Vous allez bien? Allez-vous tous bien ?

Priant Dieu que personne n'était mort, que personne n'avait été mortellement blessé.

Ils murmurèrent leur assentiment, toujours en train de reprendre leur souffle. Mais les tas d'autres hommes éparpillés dans la pièce ne pouvaient guère attendre plus longtemps. Quelqu'un gémit, et sans réfléchir une seconde, je fus sur le plancher, me penchant sur lui, le roulant sur le dos pour exposer ses plaies.

« Aidez-moi à ôter son armure ! » Pleurai-je.

Il avait été poignardé à l'épaule et ce côté saignait abondamment. Il n'y avait pas d'organes lésés. Il allait survivre.

« Appuyez sur les plaies ! »

Je passai immédiatement au prochain soldat tombé

Pas un soldat, non. Un fermier. Cette pensée me transperça plus profondément que n'importe quelle douleur physique. Toutes ces personnes, ces innocents, luttant pour leur vie en mon honneur.

Dieu merci, nous avions gagné. Au moins, leur sacrifice n'aura pas été vain.

Il y avait encore des cris et des hurlements venant de l'extérieur. Étaient-ce des cris de triomphe ou de bataille ? Est-ce que l'armée de ma belle-mère savait qu'elle avait été vaincue ? Qu'elle n'avait aucune raison de continuer à répandre le sang ? Je me suis précipitée à la fenêtre de la tourelle, en saisissant la couronne de Ravenna sur le chemin. Et comme je le pensais, la guerre ci-dessous n'avait pas cessé.

« Arrêtez ! Arrêtez ! La Reine est morte ! " Criai-je aussi fort et impétueusement que je le pouvais, brandissant la couronne au-dessus de moi. " La reine est morte ! "

Un combattant vêtu de noir leva les yeux, puis se figea. Il tendit la main pour pousser le soldat à côté de lui. Il regardait tour à tour autour de lui, et leva une main pour empêcher son adversaire d'attaquer. De petits cercles d'hommes autour de lui firent une pause, paire par paire comme des rangées, des rangées de dominos. Les têtes se tournèrent loin de la bataille, vers le ciel. Vers moi.

"La reine est morte!" Criai-je une fois de plus, mais avec moins de force. Il y avait tellement de cadavres gisant, écrasés dans la même boue, argent ou noir. J'ai réalisé soudain que mon visage était mouillé, mais j'ai tenu la couronne en haut encore, pour m'assurer que la tuerie avait vraiment cessé.

Les bras de William s'enroulèrent autour de ma taille. Le chasseur regarda vers le bas en direction de la foule, son expression était fatiguée.

« Saluons tous notre vainqueur! » S'écria-t-il, dans un ton profond de commandement. « Saluons tous Blanche-neige ! »

« Saluons tous Blanche-neige ! » S'écria en retour un chœur de voix joyeuses.

Il y eut un silence tandis que leurs échos disparurent au-delà des murs du château. Tous les yeux étaient fixés sur moi.

C'était terrifiant.

Puis - comme au ralenti - un soldat ennemi s'affaissa. Au début, je pensai qu'il allait mourir. Mais il a tout simplement plié un genou dans la boue, tenant son épée devant lui avec l'extrémité pointue dans le sol. Il cédait ? Pour moi ? J'eus peine à le croire, jusqu'à ce que l'homme en noir à côté de lui fit de même. Et un autre, et un autre. Les soldats d'argent se joignirent à eux comme une grande vague progressive, chacun d'eux est tombé à genoux. Pour moi.

J'ai prit une inspiration tremblante, ma gorge serrée et mes joues rouges, dans un affichage pathétique de faiblesse. Ils pourraient me pardonner mes larmes, cependant. Du moins je l'espérais.
Après tout, je pleurais pour eux.

« Les blessés », parvins-je à sortir d'une voix sourde. « Rassemblez les blessés. Tous. Sauvez-les autant que vous le pouvez. »

Sur ce, je tournai sur mes talons, sentant la prise de William se relâcher sur moi et me précipitai contre ce compagnon comme j'avais toujours eu tendance à le faire.

«L'eau».

Il n'avait pas l'air bien. Jaillissant de sa bouche écarlate, le ventre transpercé.
« Je suis ici », murmurai-je accrochée à sa main comme ses yeux flottaient follement. «Je suis ici, tout vas bien. »

Son visage robuste et barbu n'en était pas moins doux, même éclaboussé de sang. « A-t-il une femme? Des enfants? »

«Majesté», me dit-il, à peine audible à cause du sang, ses orbes sombres posés sur moi. « Restez avec moi. »

« Je ne vais nulle part. »

Son expression se relâcha. «Au moins, je vais m'en aller, une beauté à mes côtés. »

Il grimaça de douleur, ses paroles se perdirent. Mes larmes trempèrent le devant de sa tunique.

« Vous ne mourrez pas », soufflai-je, et tout ce que je pouvais voir dans mon esprit était le petit Gus vulnérable.

Gus avec une flèche au travers de son torse. Gus levant les yeux vers moi dans les derniers moments de sa vie, une vie que j'aurais pu sauver.

« Je m'en vais Madame, murmura-t-il dans une étrange tentative de me sourire. « C'est l'heure. J'ai froid. Ne me lâchez pas la main. »

« Jamais. »

Je sentais mon cœur se serrer en une boule de protection, mais en vain. J'étais impuissante face à la culpabilité et le chagrin lorsque ses paupières finalement se fermèrent sur ses halos vitreux, et qu'il souffla pour la dernière fois. Pourquoi lui ? Pourquoi cet homme inoffensif ? Pourquoi pas moi ? J'étais prête à me briser dans un tas inutile, mais quelqu'un d'autre gémissait, « Madame…», et je savais que je devais être forte pour eux. Je les vis de l'autre côté. C'était tout ce que je pouvais faire.

«Je suis là», bégayai-je à nouveau. Il n'y avait que des mots pour réconforter une âme qui se meure. Celle-ci vacilla et s'en alla à la minute où je revins à elle. Un coup d'œil sur moi et il poussa un soupir, et ce fut tout. Pire que le premier...

William, le chasseur et mes hommes restèrent, faisant de leur mieux pour aider ceux qui pourraient être aidés, tenant les mains froides de ceux qui trépassaient jusqu'à ce que leurs yeux aient perdu leur lumière.

La victoire n'était pas aussi douce que je l'avais prévue.


Vous trouverez l'histoire originale dans mes favoris. Je posterai la suite dans la semaine. Clarisse.