Titre : Le Placard
Auteure(s) : Probablement AudeSnape et EpsilonSnape avec une (très très) légère participation de Pauu_Aya (Mais ne vous inquiétez pas, elle sera plus présente sur d'autres histoires)
Image de couverture : EpsilonSnape
Raiting : M
Paring : Slash, Yaoi, HP/LM
Disclaimer :
- Par le pubis tressé de Salazar, c'est nous JKR ?
- Non Epsi…
- Mais alors… Nous écrivons pour pas un sous ?!
- Oui Epsi…
- On peut être payé en nature par Lord Malfoy ?
- ...
- Non c'est moi JKR ! MWAHAHAHAH (unique intervention de Pauu_Aya)
Statut : Terminée (8 chapitres, sous réserve de modification)
Résumé : Le jour de son mariage est un jour important, peut-être même le plus important, mais pour Harry, tout est chamboulé par une relation qu'il voulait oublier… Slash, Yaoi, HP/LM Warning : mention de tortures
NdA :
Epsi : Pourquoi ne faut-il jamais partager les passages préférés de ses séries avec d'autres fanfictionneuses ? Voilà pourquoi… #MerciGreysAnatomy.
Pauu : Pourquoi ne faut-il jamais laisser des auteures parler entre elles tout court ? Voilà pourquoi…
Aude : Ma faute… trop d'idées en tête et les séries ça aident pas...
Bêta : Pauu_Aya & AudeSnape
PS de Aude : Ce chapitre a été retouché tellement de fois par Epsi que je songe à la torturer...
Chapitre 1
"On le savait Harry… tout cela devait prendre fin un jour."
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- Tu as la bague Ron ? demanda Harry qui vérifiait une dernière fois que tout était prêt.
Le rouquin tapota une de ses poches pour rassurer son ami.
- Je les ai faites remplacer par des bagues en toc pour que ça ne te coûte pas trop cher, ça ne t'embête pas ?
Harry rigola un bon coup. Il n'y avait pas à dire, son meilleur ami savait toujours faire tomber la pression au bon moment.
- Arrête de rire, pouffa-t-il. J'épouse ta soeur je te rappelle !
Ronald ricana et lui donna un petit coup de poing dans l'épaule, geste qu'il avait l'habitude de faire depuis des années.
- Si tu pouvais éviter de me rappeller que tu partages le lit de mon adorable et virginale petite soeur, ça m'arrangerait, répondit-il ensuite avec une grimace.
- Bien sûr que non… tu sais bien que ta soeur et moi allons faire lit à part jusqu'à la fin de nos jours et bien sûr, je ne la toucherai jamais…
- Je me disais aussi qu'elle ne pouvait qu'être pure jusqu'à sa mort !
Les deux amis rigolaient ensemble quand la porte s'ouvrit sur une Hermione avec un air renfrogné.
- Sérieusement ? Les gars, on attend plus que vous !
- On arrive Hermione, dirent-ils en coeur.
- Vous exagérez, renchérit-elle alors qu'ils la dépassaient pour rejoindre la noce. C'est la mariée qui est sensée se faire attendre, pas toi ! Ginny est prête depuis des heures !
- Ginny a une dizaine d'autres filles à ses côtés pour l'aider ! Nous, on était tout seuls !
- Pauvres choux… grommela Hermione non sans un léger sourire. Elle était heureuse de voir ses amis si insouciants maintenant que la guerre était terminée.
Ca n'avait été facile pour personne, mais d'entre tous, c'était Harry qui avait le plus souffert, et le voir debout, dans sa robe de cérémonie, souriant et prêt à écrire une nouvelle page de sa vie la rendait plus qu'heureuse. Ils avaient eu si peur de le perdre… Harry n'avait jamais parlé de ce qui s'était passé pendant qu'il avait été retenu prisonnier, mais il était revenu en forme, juste un peu plus maigre, mais pas blessé. Cent quarante jours… Durant cent quarante jours, ils avaient été sans nouvelles de leur ami. Ce souvenir la faisait encore frissonner lorsqu'elle y repensait. A son retour, il lui avait paru si triste… Mais il avait surmonté toutes ses épreuves et aujourd'hui, il était là, plus beau que jamais, souriant, tout frais pour son mariage avec Ginny.
Enfin tout frais… il s'en était fallu de peu. Elle fit une grimace en se rappelant l'état dans lequel elle avait récupéré Ron et Harry le matin même. Ce dernier avait eu besoin de longues minutes - et de beaucoup de hurlements de la part d'Hermione - pour se souvenir qu'il allait se marier à peine deux heures plus tard. Mais, après quelques potions contre la gueule de bois et trois cafés, il était maintenant prêt, et c'était tout ce qui comptait.
- On y va ? Ou vous restez là jusqu'à la fin de la journée ?
- Mais nous t'attendons Dame Hermione ! dit Ron avec une révérence ridiculement exagérée, sans manquer de lui toucher les fesses lorsqu'elle eut le dos tourné, la faisant glousser.
Ils étaient ensemble depuis plusieurs mois maintenant et filaient le parfait amour. Harry adorait les voir tous les deux. C'était pour lui, le plus beau des couples : complémentaire à la perfection et tellement unis, malgré leurs incessantes disputes. Et à les voir ensemble, si heureux, si amoureux, si tendres… Il espérait vraiment que tout redevienne comme ça avec Ginny. Ca allait le redevenir. Ca devait le redevenir.
Aujourd'hui, il se mariait avec la femme qu'il aimait depuis sa sixième année. C'était le plus beau jour de sa vie et sa future femme… et bien, tout le monde racontait à qui voulait l'entendre qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Alors tout était parfait non ? Harry ne pouvait s'empêcher d'avoir un pincement au coeur malgré tout.
Il regarda ses deux amis s'éloigner avec un sourire un peu triste. Aucun des deux ne le vit, mais personne ne devait le voir.
- Ne regrette rien… murmura Harry pour lui-même.
Il ferma les yeux quelques secondes pour se reprendre et enfin, se lança.
Aujourd'hui était un grand jour.
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Harry tenait les mains de Ginny dans les siennes. Les deux Gryffondors se regardaient dans les yeux avec beaucoup de tendresse. Même si Harry était persuadé que les prunelles de sa future femme reflétaient beaucoup plus d'amour que les siennes.
Le maître de cérémonie continuait son discours et Harry se sentait de plus en plus mal. Il tentait de garder un visage neutre mais il sentait son cœur se serrer dans sa poitrine. Il se concentra sur le mage à sa droite. Il avait une longue barbe, digne du dessin animé qu'Harry se souvenait avoir vu depuis les planches écartées de son petit placard chez son oncle et sa tante.
Merlin l'enchanteur ! pensa Harry avec un sourire vainqueur.
Ginny lui rendit son sourire, ne sachant pas qu'il ne lui était pas destiné et lui caressa le dos de la main avec son pouce. Harry lui sourit - vraiment cette fois - Ginny était douce et gentille, il avait de la chance de l'avoir. Elle était magnifique en ce jour ensoleillé : avec sa robe bustier qui mettait en valeur ses épaules parsemées de taches de rousseurs et sa poitrine parfaite. Le tissu retombait en masse épaisse sur ses pieds et sa traîne glissait derrière elle, se mouvant seule, par magie, au gré des sons de harpes. Elle était splendide. Vraiment. Une vraie princesse. Comme elle en avait toujours rêvé, comme sa mère en avait rêvé.
C'était un jour merveilleux.
Vraiment.
Vraiment…
- Aujourd'hui Ginevra Weasley et Harry James Potter, vont lier leur vie et leur magie. Ces deux âmes vont s'unir devant vous ici et maintenant, pour le meilleur et pour le pire.
- Non, fit une voix froide derrière eux.
Dans un brusque mouvement de foule, tous se tournèrent vers le bout de l'allée où se tenait Lucius Malfoy dans toute sa splendeur : froid, beau... imperturbable.
FLASH BACK
1 an auparavant
- Dobby n'a pas de maître ! répliqua l'elfe d'une voix aiguë. Dobby est un elfe libre et Dobby est venu sauver Harry Potter et ses amis !
Harry éprouva une douleur aveuglante dans sa cicatrice. Il avait la vague conscience que, dans quelques instants, quelques secondes, Voldemort les aurait rejoints.
- Ron, attrape… et PARS ! cria-t-il en lui jetant l'une des baguettes qu'il avait récupérées.
Il dégagea juste après, Gripsec, qui était coincé sous le lustre. Il n'eut que le temps de pousser le gobelin gémissant qu'il fut plaqué contre le sol. Ce fut démuni qu'il vit Dobby recevoir un poignard et transplaner avec ses amis et Gripsec.
Sans lui.
Il sentit qu'on lui bloquait les bras dans le dos. C'était fini…
Il hurla.
Il avait été capturé par les Rafleurs, amené au manoir Malfoy avec ses meilleurs amis et maintenant… Maintenant Lord Voldemort allait arriver et lui allait mourir. C'en était fini de lui.
- Bella ! Aide-moi à coincer ce vaurien, fit une voix que Harry reconnut comme étant celle de Narcissa Malfoy.
Il ne se débattait pas. Cela ne servait à rien. Mais la femme était clairement trop faible pour le relever seule et le bloquer contre un des piliers de cette salle et les autres personnes présentes ne semblaient pas vouloir bouger, à part sa folle de soeur.
Un de ses bras fut attrapé par Lady Malfoy, puis l'autre par Bellatrix Lestrange, qui, tout en riant, s'approcha de son visage pour passer le bout de sa langue sur sa joue râpeuse. Harry ne retint pas son frisson de dégoût alors que la femme aux cheveux noirs éclatait d'un rire tonitruant.
Quelques secondes plus tard, il sentit une douleur intense au niveau de sa cicatrice et releva la tête en serrant la mâchoire. Devant lui, droit, maigre et… monstrueux, se tenait Lord Voldemort en personne. Il le toisait avec un sourire, qui aurait été narquois si quoi que ce soit chez lui avait encore été humain.
- Harry Potter, dit-il en faisant rouler ce prénom comme si c'était le meilleur des desserts. Tu ne m'échapperas pas cette fois… souffla-t-il.
Harry le toisa avec hargne, il allait mourir, mais il ne le ferait pas sans se battre une dernière fois…
- Greyback ! appela le Lord. Mets-moi ce Gryffondor inutile au fond d'un cachot, je n'avais plus de Moldu à torturer, mais un Potter, c'est encore mieux...
Harry lui lança un regard noir.
Il avait foutrement mal à sa cicatrice mais il n'allait pas s'abaisser à le montrer. Pour le principe, il se débattit quand l'homme l'attrapa mais il devait se faire à l'idée qu'il ne pourrait jamais se défaire de sa poigne. Il fut donc traîné en dehors de la pièce, s'imprégnant subrepticement de la vision de Voldemort caressant les cheveux de Bellatrix pour lui dire qu'elle avait fait du bon travail. Il vit aussi Narcissa,un immense sourire aux lèvres, tandis que quelques mètres plus loin, Lucius Malfoy le regardait tout en parlant avec son fils.
Le Survivant dans les mains de tueurs n'allait pas survivre très longtemps…
Harry fut emmené par une poigne douloureuse sur son biceps dans l'une des cellules les plus profondes, les plus sombres. Le loup-garou avait une force monumentale. Il fut attaché avec des sortes de menottes rouillées, dont la chaîne, était attachée au plafond par son milieu. Il ne pouvait pas s'asseoir, encore moins se coucher. La pièce était assez grande pour pouvoir contenir plusieurs personnes à une distance idéale pour lui jeter un sort sans risque physique.
Après l'avoir attaché, le Mangemort se recula pour avoir un meilleur aperçu du soi-disant Sauveur du monde sorcier. Il ricana et lui cracha au visage. C'était répugnant, son haleine sentait très fort et Harry lutta contre la bile qui lui remonta dans la gorge. Il fusilla le Mangemort du regard et essuya son visage sur son épaule comme il le put.
Après un dernier rire gras, l'homme sortit de la pièce, le laissant seul avec les rats et le "plic ploc" régulier d'une tuyauterie mal en point.
Maintenant qu'il était là, attaché, Harry devait se faire une raison : jamais il ne pourrait partir d'ici et avant de mourir, les mangemorts allaient bien s'amuser avec lui.
- Je suis désolé, murmura-t-il pour lui-même et pensant surtout à ses amis qui comptaient sur lui, tout comme Dumbledore qui lui avait laissé une tâche.
Tâche qui allait devoir être accomplie par quelqu'un d'autre que lui. Il espérait que ses amis arriveraient à se débrouiller pour se débarrasser des horcruxes. Il eut également une pensée pour Ginny, elle l'aimait tant… il espérait qu'avoir rompu avec elle allait l'aider à passer à autre chose même s'il n'y croyait pas vraiment.
Les minutes passèrent, peut-être même les heures… Harry n'en savait rien et commençait même à somnoler. Il était tellement épuisé de devoir se cacher. Il n'avait pas eu de vraie nuit depuis tellement longtemps… Un bruit de pas se fit entendre au bout des cachots. Au fond de lui, Harry espérait que les Mangemorts n'allaient pas trop jouer avec lui avant de le tuer.
Quelques secondes plus tard, la porte fut ouverte par l'un des hommes masqués et le Lord lui-même entra dans la pièce. Il portait toujours sa robe déchirée, la même que dans le cimetière - ne se lavait-il jamais ? - et marchait d'un pas gracieux, la tête haute. Harry était presque sûr d'avoir vu, l'espace d'un court instant, sa langue darder à l'extérieur, à la manière d'un serpent. Le pseudo sourire narquois ne l'avait pas quitté et il regardait Harry avec les yeux brillants, comme ceux d'un enfant découvrant ses cadeaux de noël. Sauf que Voldemort était loin d'être un enfant. Il était cruel et n'hésiterait pas à lui arracher les ongles un par un pour son seul plaisir.
- Harry Potter, susurra-t-il. Je suis ravi de t'avoir parmi nous.
D'un geste de main gracieux, il fit apparaître un grimoire qui flotta dans les airs devant lui.
- Vois-tu… Depuis que je suis en âge de le faire, je travaille beaucoup dans la création de sortilège. Oh, pas des sorts de soins, ni autres broutilles, non. Tu vois par exemple, j'ai un sort ici qui donne l'impression à la personne touchée d'avoir un rat vivant dans son organisme, qui grignote peu à peu ses organes internes.
Cette fois, Harry eut beaucoup plus de mal à contrôler ses nausées et ses tremblements furent clairement perceptibles.
- Malheureusement, je ne peux pas tester ces sorts sur les Moldus, ils ne sont pas vraiment résistants... alors tu vas avoir l'honneur d'être le cobaye à leur place, dit le Lord Noir. Toi qui aime tant les Moldus, tu devrais être heureux d'être celui qui va leur épargner tant de souffrances...
Harry vit le sourire, purement sadique, de Voldemort. Il ferma les yeux et espéra mourir dans les minutes qui suivraient mais le Seigneur des Ténèbres, qui levait déjà sa baguette, n'était pas si clément.
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Harry ne savait pas s'il était là depuis deux jours, trois jours, peut-être quatre. Tout ce qu'il savait c'était qu'il était de plus en plus faible, mais pas assez pour mourir. Il espérait pourtant qu'on abrège ses souffrances.
Voldemort venait de nombreuses fois, le torturait de quelques sorts de son cru et le laissait, agonisant, vomissant, hurlant… Ensuite, soit Harry s'évanouissait, soit, dans le meilleur des cas, il tombait raide de fatigue. Puis le mage noir infâme revenait et recommençait...
Harry n'en pouvait clairement plus.
Il était toujours attaché par les poignets, mais il avait un peu plus de jeu qu'avant car il avait été récompensé, pour sa ténacité et sa résistance sous les rires gras des Mangemorts venus assister au spectacle. Alors, il pouvait maintenant s'asseoir au milieu de la pièce ou même se coucher, bien que ses bras ne reposaient toujours pas vraiment par terre, mais restaient un peu surélevés. La ferraille rouillée avait créé des plaies purulentes sur ses poignets, et s'il n'avait pas été aussi sûr de mourir sous la torture du vieux psychopathe à face de tortue, il aurait pu dire qu'il allait mourir très certainement du tétanos. Il n'était pas vacciné, les Dursley ne l'avaient jamais emmené chez un docteur.
Pourquoi pas…
Au point où il en était, il se moquait un peu de la façon dont il allait mourir.
Quelques jours auparavant, il avait vraiment cru que cette fois-ci était la bonne. Il s'était senti mourir l'espace de quelques secondes alors que sa peau était déchirée par un nouveau sort de découpe. Toutes ses forces l'avaient quitté et il était devenu mou sur le sol froid. Son esprit était parti à la dérive comme dans un grand trou noir, puis sa vue était devenue blanche.
Lorsqu'il avait rouvert les yeux, il se trouvait dans une chambre d'enfant aux murs jaunes. Il n'avait pas compris au début, puis ses yeux s'étaient posés sur une femme debout devant un berceau. Alors, toutes ses questions s'étaient envolées. Il s'était précipité sur sa mère qu'il avait reconnue au premier regard. Il avait longuement pleuré, puis ils avaient discuté, comme s'il n'était pas en train de mourir.
Ensuite, Lily l'avait serré dans ses bras et lui avait dit que son heure n'était pas encore venue, qu'il devait rentrer, que quelqu'un l'attendait. Aussitôt, Harry avait pensé à Ginny, sa belle et douce Ginny qui l'attendait à Poudlard ou au Terrier.
Une fois de retour de ce qu'il pensait être un merveilleux rêve, il ne sentait plus son corps, plongé dans un état semi-comateux constant. Il avait l'impression que son esprit était à quelques mètres au dessus de sa tête et observait la scène, sans émotion, sans chagrin. Tout avait été refoulé pour ne garder que le meilleur : sa combativité.
Il avait parfois la sensation d'être un félin, tapis dans l'ombre, à attendre une erreur, une toute petite erreur…
Et cette erreur, arriva enfin.
Harry était couché, les bras légèrement relevés à cause des chaînes, il dormait. Ou peut-être était-il seulement évanoui. Qu'importe. Son tee-shirt avait disparu depuis bien longtemps, il n'en restait que des lambeaux, éparpillés sur le sol. Son pantalon avait subi le même sort au fil des séances infligées par Voldemort. Il ne lui restait plus que son caleçon déformé et souillé qui lui tombait sur les hanches, maigre rempart entre lui et ses agresseurs. Il rêvait souvent d'une couverture moelleuse et bien chaude, dans laquelle il pourrait s'enrouler, se cacher.
A côté de lui, un pichet d'eau sale et un bol qui avait auparavant contenu une sorte de bouillie froide de haricots rouges. C'était son seul repas, jour après jour. C'était immonde et les Mangemorts s'amusaient à le mettre hors de portée pour le voir essayer encore et encore de récupérer sa maigre pitance, toute dignité envolée. Harry le faisait, sous les rires de ces hommes, pour avoir des forces le jour où il tenterait sa chance.
Lui ne parlait pas. Ou ne parlait plus. Il avait essayé un moment, de se rebeller, d'insulter, de crier sa rage, mais c'était inutile. Il avait compris avec le temps, qu'en plus de le fatiguer inutilement, ses tortionnaires redoublaient d'ardeur pour le faire taire. Il ne parlait donc plus et criait uniquement lorsque la douleur devenait trop forte.
Donc Harry était couché, respirant difficilement, lorsque l'un des laquets du Lord Noir franchit la porte en bois. Harry prit sur lui pour ne pas esquisser le moindre mouvement, même lorsque l'homme tapa une lourde chaîne contre les barreaux. C'était clairement pour le faire sursauter, pour voir s'il était conscient. Ils le faisaient à chaque fois qu'ils venaient le soigner sommairement.
Car c'était à ça que servait cette visite, à le soigner, pour qu'il soit un peu plus en forme et que Voldemort puisse tester d'autres sorts. Du moins c'était ce qu'avait expliqué le Lord Noir lorsqu'il avait eu fini d'améliorer son magnifique sort d'Inféri - celui qui infligeait une morsure et faisait pourrir la peau autour d'elle. Il avait même ajouté, en riant de façon cruelle, qu'il pourrait faire breveter une vingtaine de sorts grâce à lui.
Depuis, de temps en temps, il recevait la visite d'un Mangemort qui lui prodiguait quelques soins sans grande conviction, comme c'était le cas actuellement. Après avoir vérifié qu'il était inconscient, et donc qu'il ne pourrait pas s'enfuir, l'homme enleva les menottes pour lui faire couler une potion sur ses poignets meurtris, la blessure crépita et fuma et Harry ne retint pas son gémissement de douleur.
L'homme ne semblait pas s'en inquiéter car il marmonnait dans sa barbe, semblant préoccupé par autre chose. Harry n'entendait pas ce qu'il disait, mais il percevait quelques mots :
- ...mment ose-t-elle… Moi ? Tromper… Bon sang de Lestrange…
Harry attendit patiemment, sans bouger, que les soins se terminent, il n'était pas assez stupide pour exécuter son plan immédiatement et ainsi, passer à côté des quelques potions bénéfiques qui lui seraient données.
Lorsqu'Harry sentit l'homme s'éloigner et se retourner, il ouvrit très légèrement un oeil pour avoir un aperçu du Mangemort. Celui-ci était accroupi et lui tournait le dos, fouillant dans sa besace. D'un mouvement souple qu'il croyait impossible au vu de son état, Harry fit basculer ses hanches et propulsa son pied d'un coup rapide dans la tête de l'homme. Ce dernier n'eut pas le temps d'hurler, il s'écroula sur le côté en se tenant la tête. L'ex-Gryffondor se releva rapidement, quoique difficilement et lui asséna un nouveau coup, de poing cette fois-ci.
Le Mangemort était inconscient, mais Harry n'en avait cure, il frappait. Avec ses pieds, ses poings et toute la rage accumulée depuis des jours, des semaines, voire des mois.
A bout de force, Harry arrêta et regarda le corps déformé, affalé devant lui. Mort.
Sans plus de considération, il lui enleva - avec difficulté - sa robe de Mangemort, son masque et les enfila. Il ramassa la besace, ses lunettes cassées qui trainaient là, la baguette de l'homme, et sortit, fermant la porte derrière lui…
Il essayait de se faire discret et rasa les murs en espérant trouver la sortie. Dès qu'il voyait un fidèle de Voldemort, il se cachait dans un coin d'ombre en espérant ne pas se faire voir. Il avait beau porter la robe noire, ainsi que le masque, il serait facile de détecter qu'il était plus petit et plus faible que les véritables Mangemorts.
Peut-être était-ce à cause de la fatigue, de sa souffrance ou encore de son état mental, mais il ne vit pas le regard gris se poser sur lui. Si Harry pensait être discret, ce n'était rien à côté de cet homme.
Le Survivant vacillait dangereusement, l'adrénaline redescendant lentement dans son organisme. Les couloirs étaient sans fin et se ressemblaient tous. Plus le temps passait et plus il se sentait enfermé, piégé, épié.
Alors qu'il tournait à une intersection, évitant au passage un horrible vase bleu turquoise posé sur une colonne en marbre, il se retrouva face à l'une des dernières personnes qu'il voulait voir : Narcissa Malfoy.
La femme s'arrêta quelques instants, à quelques centimètres de lui pour le regarder puis vit le léger tremblement de sa main.
- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle avec froideur, sa baguette pointée sur la poitrine du jeune homme.
Celui-ci regarda autour de lui, cherchant une issue, une cachette, ou n'importe quoi qui puisse lui servir pour faire une diversion.
- Qui. Êtes. Vous ? répéta-t-elle, détachant chaque mot et raffermissant la prise sur sa baguette.
Harry ne dit rien, que pouvait-il répondre à cela ? De toute manière, il allait être ramené en vitesse au fond de son cachot, ou abattu sur place, peu importait. Il se contenta de reculer.
Le visage de Narcissa se contracta de fureur, et elle siffla des mots qu'Harry ne comprit pas. En revanche, il vit parfaitement la couleur améthyste du sort qui lui fonça dessus. Il l'esquiva maladroitement et sortit sa propre baguette, ou plutôt, celle qu'il avait prise sur le cadavre du Mangemort. Il essaya une fois, deux fois mais la baguette ne voulait rien savoir, elle ne lui répondait pas, faisant apparaître une pelouse bleue duveteuse à la place d'un sort de désarmement.
Narcissa se contentait de rire, emprunte d'une folie tout aussi destructrice que celle de sa soeur, tout en lançant des sorts de plus en plus dangereux. Harry les évitait comme il le pouvait, se fatiguant de plus en plus jusqu'à être complètement acculé dans un coin.
La maîtresse de maison, après un dernier sourire triomphant, leva à nouveau sa baguette et ouvrit les lèvres pour prononcer la formule fatale.
- Avada Kedavra.
Harry avait fermé les yeux, prêt à mourir. Pourtant, il les rouvrit lorsqu'il comprit que la voix qui avait prononcé ces deux simples mots, était beaucoup plus grave et profonde que la voix de Narcissa. En effet, sous ses yeux écarquillés, la femme aux traits délicats s'effondra sur le sol, révélant derrière elle, la silhouette plus massive de Lucius Malfoy.
Il n'en croyait pas ses yeux. Que s'était-il passé ? Narcissa s'était-elle déplacée et par un coup de malchance, s'était placée devant le sort que Lord Malfoy lui destinait ? Harry avait-il fait de la magie instinctive et avait placé la femme sur son chemin ? Pourtant elle était au même endroit qu'auparavant… L'homme allait être furieux pour le décès de son épouse.
Il releva les yeux pour les planter dans ceux du Mangemort, du bras droit de Voldemort, et n'y vit absolument rien. Pas de peine, pas de rage… Rien… L'homme avança dans sa direction, enjamba sa femme sans un regard pour elle et se planta devant lui. D'un geste rapide, il agrippa son biceps et le tira vers lui sans un mot.
Harry n'essaya même pas de se débattre, trop agard pour dire quoi que ce soit, il se laissa tirer quelques mètres plus loin avant d'être poussé sans ménagement derrière un rideau, qui se referma derrière lui. Il entendit le martèlement des pas venant d'un couloir perpendiculaire et retint son souffle, tout à fait inutilement étant donné qu'il était déjà attrapé.
Il entendit les bruits se faire de plus en plus forts avant qu'ils ne s'arrêtent à quelques pas du rideau et la même voix grave, indubitablement celle de Malfoy, s'élever :
- Par là ! ordonna-t-il.
Aussitôt, les bruits reprirent et s'éloignèrent de sa cachette. La main de Lord Malfoy apparut et le tira à nouveau jusqu'à une tenture verte, simple. L'homme parut se concentrer un moment et murmura des mots qu'Harry ne put comprendre. Immédiatement après, il fut propulsé contre la tenture et, pensant s'écraser contre la pierre qu'elle cachait, ferma les yeux. Pourtant, une douce chaleur le traversa et lorsqu'il rouvrit les paupières, il était dans un tout autre endroit.
L'endroit était petit et exigu. Il n'y avait pas de fenêtre mais Harry pouvait voir grâce à quelques lumières murales. Plusieurs cartons traînaient ainsi que des affaires de toutes sortes, allant de différents meubles à quelques objets que Harry supposait être des souvenirs de famille. Il y avait même un petit coffre ouvert dans un coin où étaient entreposés des jouets d'enfants. La pièce était bien plus grande que le placard où il dormait lorsqu'il était chez les Dursley mais était quand même plus petite qu'une chambre.
Harry se retourna vers la porte par laquelle Lucius Malfoy l'avait jeté mais celle-ci n'était plus qu'un mur. Porte cachée. Et sans ouverture évidemment… ou en tout cas, Harry ne la voyait pas. Il se mit alors dans un coin et attendit. En fin de compte, il allait peut-être mourir enfermé, mort de faim ou mort de soif. C'était toujours mieux qu'être dans les mains de Voldemort.
La tension qu'il avait accumulée depuis plusieurs jours tomba et sans s'en rendre compte, Harry s'endormit et même sans lit, son sommeil fut meilleur que dans les cachots.
Voilà, nous espérons que ce chapitre vous aura mis l'eau à la bouche et que vous attendrez les prochains avec autant d'impatience que nous attendrons vos reviews. Nous publierons tous les mardis !
Cette histoire, comme les autres que nous publions, est terminée, il n'y a donc pas de risque d'abandon. Bon… Il faut quand même que nous terminions la correction. Mais c'est en bonne voie.
A bientôt.
Aupaupsi
