Haine 1

Une main fine se posa sur le bras d'Harry Potter pour attirer son attention. Une main féminine aux ongles longs, manucurés, qui ne connaissaient pas le travail ardu ni même le travail tout court. Harry, jeune homme de vingt-cinq ans, accusant maintenant le mètre quatre-vingt, sauveur du monde sorcier, prit un verre de champagne qu'un serveur lui présenta et se tourna lentement vers la jeune femme insistante.

-Elisa, je croyais que tu ne pouvais pas venir ce soir.

-Et manquer une invitation du ministère, certainement pas !

-Pourtant tu as prétexté un autre rendez-vous plus important.

-Je voulais que tu insistes pour que je t'accompagne, mon cher. Une femme aime se faire désirer, ajouta Elisa en battant des cils, ce qu'Harry trouva ridicule. N'as-tu pas compris mes messages ?

-Si, ils étaient très explicites, sourit le jeune homme, magnifique dans son habit de soirée impeccable.

-Je parie que tu as préféré amener une petite grue qui va se hâter de se jeter à ton cou toute la soirée, grommela avec une grimace la demoiselle un peu jalouse.

-Comme toi tu veux dire ?

-Goujat !

-Qu'est-ce que tu espérais en t'accrochant à moi, que j'allais t'épouser ? Sérieux !

La jeune femme pinça les lèvres et ses doigts s'enfoncèrent dans le bras du jeune sorcier pour lui faire payer son insolence à son égard.

-Tes amis ont parlé, c'est à eux que tu devrais t'en prendre, continua Harry en se détachant sans aucune douceur de la pimbêche au regard flamboyant de colère.

-Je croyais que tu tenais un peu à moi, je m'aperçois que tu es comme tous les autres….

-J'ai des années devant moi avant de me passer la corde au cou, je veux profiter de ce que l'existence a à m'offrir et tu n'es pas dans mes projets, ni maintenant, ni jamais d'ailleurs.

-Harry ?

La jeune femme qui venait d'arriver, délicate et belle comme une fleur au printemps, aux longs cheveux d'ébène, arracha un cri d'exaspération à Elisa qui quitta la réception comme si le diable était à ses trousses.

-Une amie ? demanda Annabelle avec un léger sourire de connivence.

-Oui, celle que je voulais justement éviter, merci de bien avoir voulu m'accompagner, Nana.

-Elle est fâchée…..

-Certainement….maintenant ne parlons plus d'Elisa, elle n'en vaut pas la peine. Dis-moi ce qui te ferait plaisir ce soir ?

-Cette soirée est magnifique, que demander de plus ? Je suis en compagnie d'un ami et c'est la première fois que je viens dans un tel endroit, ajouta Annabelle avec du bonheur plein les yeux.

-Avec toi tout est si simple, Nana.

-Depuis le temps tu me connais, j'aime ce qui est simple.

-Tu es trop effacée, tu es d'une gentillesse incroyable…Je suis heureux d'être ton ami.

-Oui, je sais, les gens en profitent, tu m'as sauvé d'une atroce agression et si tu n'avais pas été là je ne sais pas ce que je serais devenue.

-Tu es trop confiante, les hommes ne voient pas en toi la femme extraordinaire que moi je vois. Eux ce qu'ils voient c'est la femme fragile qu'il sera facile de pervertir et d'abuser.

-Pourquoi je ne suis pas comme toi, avec un caractère fort ? Tu crois que ça s'apprend ? plaisanta la jeune femme en prenant le verre que Harry lui avança.

-Moi je n'ai pas eu le choix, répondit le jeune homme en reposant les verres pour inviter son amie à danser une valse sur la piste de danse.

Assis à une table, Lucius Malfoy et Severus Snape ne quittaient pas le couple du regard.

-Une nouvelle conquête pour Potter, grommela Snape. Quand arrêtera-t-il de se pavaner avec une nouvelle fille à son bras, chaque soir ?

-Annabelle est une de ses plus proches amies, pas une petite amie potentielle, Severus.

-Qu'est-ce que tu en sais ?

-Je te signale que Harry et moi nous nous voyons souvent….donc je connais bien Nana.

-Ah oui, j'oubliais, vous êtes devenus amis depuis la guerre, dit aigrement le maître des potions.

-Pas toi à l'évidence !

-Merlin m'en garde !

-Alors pourquoi le voir avec une fille te perturbe autant ? susurra Lucius alors que ses yeux gris venaient d'apercevoir un être très intéressant près du bar.

-Je ne suis pas perturbé…mais apparemment toi tu l'es par cette Annabelle que Potter protège jalousement.

-Cette fille a beaucoup souffert…..à cause des hommes, répondit Lucius. Il ne veut que son bien, rien d'autre.

-Souffert ?

-Elle a été agressée et battue sauvagement par des moldus alors qu'elle rentrer chez elle après son travail à l'école des petits sorciers de Pré-au-Lard. Ils l'ont laissé pour morte sur un chemin. C'est Harry qui l'a découverte et qui a pris soin d'elle.

-Pourquoi ? intervint Snape.

-Elle faisait des crises de panique et refusait absolument d'aller à Sainte-Mangouste. C'était il y a quelques mois, je crois bien. Elle va mieux aujourd'hui.

-C'est Saint Potter qui a encore frappé !

-Cesse avec cela, Severus, avertit Lucius.

-Donc je ne m'étais pas trompé, tu as des vues sur cette Annabelle ?

-Pour ne rien te cacher, non, j'ai quelqu'un d'autre en tête, quelqu'un de plus masculin et tout à fait dans mes goûts.

-Potter ne te laissera pas faire, mon ami, ricana le maître des potions de Poudlard qui savait de qui Lucius parlait.

-Je ne pense pas qu'il dira quoi que ce soit, il est ouvert d'esprit, lui.

Snape se mit à regarder Lucius, son complice de toujours, puis plissa les yeux de curiosité.

-Tu veux dire que tu es vraiment amoureux du loup, toi le grand Lucius Malfoy, pêcheur devant l'éternel à qui une fille n'a jamais résisté ? Tu vas prendre des gants pour un homme ?

-Oui, il en vaut le coup, il est doux et magnifique, il a une belle âme, j'ai mis du temps pour m'en rendre compte…beaucoup trop de temps.

-Je ne t'ai jamais vu comme ça, murmura Snape.

Lucius se reprit.

-Et toi, quand vas-tu lui avouer que tu l'aimes ?

-A ton Remus ? s'amusa Snape, jamais.

-Je parle d'Harry, tu sais celui que tu évites quand tu es dans la même salle que lui !

-Tu veux dire celui qui papillonne de fille en fille ?

-Celui-là même.

-Tu ne vois pas où se situe le problème ? Lucius.

-Quoi, le fait qu'il ne sorte qu'avec des filles ? En quoi c'est un problème pour toi ?

-Rhaaa, il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut rien voir, mon ami.

-Tu n'as jamais rien tenté, Severus, alors tu n'en sais rien si Harry n'aime pas les hommes.

-Je le sais, c'est tout.

-Dans ce cas cesse de le fusiller du regard.

-Je ne le fusille pas du regard mais j'ai quand même le droit de mater, c'est pas interdit, pas vrai ?

Lucius Malfoy ricana puis se leva.

-Je vais les saluer, viendras-tu avec moi ? Histoire de ne pas rater une occasion d'approcher ton futur amant et de le voir de plus près.

-Espèce d'idiot ! Non, je préfère m'en abstenir, il n'est pas tendre quand je suis dans les parages, il m'en veut pour je ne sais quelles raisons idiotes.

-Peut-être parce que la dernière fois tu n'as pas pu t'empêcher de le railler pendant toute une soirée, pouffa Lucius, et que cela a fini avec des insultes et des coups des deux côtés et que vous avez fini la soirée affalés sur le sol.

-Il m'ignorait, il fallait bien que je lui montre que j'étais là, non ?

-Il y avait d'autres façons, Severus, ajouta Lucius avant de rejoindre Harry et son amie qui venaient de regagner leur table.

-Lucius, assieds-toi avec nous si tu as un moment, l'invita Harry avec un plaisir évident en le voyant venir à leur rencontre.

-Avec joie, accepta l'aristocrate qui prit place près d'Annabelle.

-Ronchon reste dans son coin ? gronda le jeune homme en désignant Snape.

Lucius sourit.

-On ne peut rien te cacher.

-Ce cher homme ne changera jamais, ironisa le survivant.

-Il pourrait, s'il le voulait, il ne faudrait pas grand-chose, ajouta l'aristocrate avec un air mystérieux. Peut-être une personne pourrait accomplir ce miracle.

Annabelle comprit immédiatement l'allusion, pas Harry évidemment.

-Le miracle serait que cet homme puisse sourire un jour et cesser d'être le connard qu'il est avec moi et les autres.

-Severus est mon ami, Harry, il n'est pas tel que tu le penses. C'est un homme bien malgré les apparences.

-En tout cas il ne le montre pas, insista le jeune homme.

-Il y a de la bonté dans ses yeux, Harry, s'exprima Annabelle, des yeux qu'il a d'ailleurs magnifiques, je n'en n'avais jamais vu d'aussi noirs. Il trompe son monde, cet homme au magnétisme envoûtant…..il n'est pas tel qu'on le décrit j'en suis certaine.

-Les yeux de Lucius sont magnifiques, Annabelle, rétorqua Harry, ceux de Snape évoquent deux puits sans fond. Et où as-tu vu un homme au magnétisme envoûtant où moi je vois une chauve-souris grincheuse ?

-Je suis d'accord, ceux de Lucius sont très beaux également, approuva la jeune femme qui ignora ce que Harry venait de dire.

-Merci pour ce compliment, fit l'aristocrate, il me va droit au cœur.

-Alors les yeux de Lucius sont beaux ?

Annabelle sourit à son tour.

-Oui, répéta-t-elle avec aplomb, pourquoi je ne pourrais pas dire à deux merveilleux amis qu'ils ont de beaux yeux ? Toi et Lucius avez été bénis de ce côté-là.

-J'étais venu vous inviter à dîner demain soir, se reprit l'homme, tous les deux, vingt heures, ça vous va ?

-C'est ok pour moi, affirma Harry. Nana ?

La jeune femme opina silencieusement avant que l'aristocrate se leva pour rejoindre son ami Snape.

-Tu ne veux pas y aller ? interrogea le jeune homme quand le blond fut assis à sa propre table.

-Si, je me sens prête à reprendre une vie normale, je vais même reprendre mon travail lundi, comme tu me l'avais suggéré ces derniers jours.

-Vrai ? Tu es certaine que ça va aller ?

-Oui, je dois t'avouer que les enfants me manquent et je dois aller de l'avant. Frémir à chaque fois que je vais chez les moldus, c'est idiot.

-C'est pour ça que tu n'y vas plus….je comprends, Nana. Cela se fera petit à petit, inutile de te le reprocher.

-Tu crois que je vais faire une erreur ? s'inquiéta la jeune femme.

-Non, sinon je t'aurai déjà mise en garde.

La soirée se termina tard et jamais Harry n'aperçut Severus Snape le suivre du regard où qu'il aille.

-Il va finir par s'en apercevoir tellement tu n'es pas discret, Severus.

-Je suis certain que non, et tu peux me dire quel genre de pantalon il a mis ? C'est indécent.

-Je ne trouve pas, c'est la mode en ce moment, répondit Lucius avec un rire dans la voix. Drago porte les mêmes.

-Drago c'est Drago, on sait tous qu'il est fou de mode. Potter, lui, en devient ridicule.

-Je trouve ça seyant sur lui, toi tu es jaloux, simplement.

Snape renifla de mécontentement.

-Cela dit je vais y aller, Severus…la journée a été longue.

-Moi aussi, Lucius, je suis épuisé, répondit l'autre homme en se levant.

-Dis-le-lui, Severus, ne reste pas ainsi, tu souffres de cette situation. Je me sens impuissant à t'aider et…

-C'est perdu d'avance, mon ami, alors oublions ça.

-Comme tu veux, cependant si tu veux en parler un jour, ou si cela sera devenu difficile pour toi, je serais là.

-Je le sais, merci, Lucius.

-Et Jérémy ? Comment va ce petit bonhomme ?

-Bien.

-Ne doit-il pas entrer à Poudlard prochainement ?

-Si, dans quelques jours si tout va bien.

-Et Pierce ? Il va se sentir bien seul sans son grand frère.

-Il va entrer à l'école de Pré-au-Lard Lundi.

-Tu n'es guère loquace sur ces deux garçons que tu as adoptés !

-Moins de gens seront au courant….

-Des enfants de mangemorts, tu as peut-être raison.

-Merci, Lucius, pour ton silence.

-Je te l'ai promis, je ne dirais rien, je déplore que la maison dans laquelle ils habitent soit insalubre.

-Tu sais que personne ne louera une maison convenable à un mangemort, et je ne veux pas l'aumône, je me débrouillerai par moi-même, c'est mieux comme ça.

-Si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver ?

-Je le sais.

Harry regagna sa maison après avoir raccompagné Annabelle jusqu'à chez elle, une rue plus loin. Il déposa ses affaires sur une chaise, monta à l'étage, se déshabilla puis se jeta sur son lit, les yeux déjà fermés de sommeil.

Snape, quant à lui, même s'il s'était déshabillé et allongé sur son lit, ne dormait toujours pas. Il repassait la soirée dans sa tête et revoyait sans cesse Harry discuter avec ses amis, danser, boire, rire….sourire, ce sourire qu'il aimerait tant qu'il lui adresse. Oui mais voilà, il ne fallait pas rêver, jamais Harry Potter ne sera aimable avec lui quant à lui sourire ça c'était du domaine de l'impossible.

Lucius Malfoy râla une fois de plus contre son ami Severus qui avait loupé encore une occasion de montrer à Harry qu'il pouvait être autre chose qu'un imbécile. Ce n'était aucunement de la timidité, Lucius avait vu Severus attirer à lui nombre d'hommes dans ses filets, il était doué, le coquin. Aucun ne lui avait résisté et d'après ce qu'il en savait son ami était un formidable amant.

Il allait, avec la complicité de quelques-uns de leurs amis, mettre une stratégie pour que ces deux têtes de mules de Harry et de Severus fasse plus ample connaissance sans s'étriper ni s'égorger. Demain il allait s'occuper de cette mission qui s'annonçait plus que délicate quand on connaissait le caractère emporté des deux fauteurs de trouble.

Le matin suivant, Lucius Malfoy s'en tint à son plan et alla derechef à Poudlard pour discuter avec Albus Dumbledore et Remus Lupin qu'il aura l'occasion d'approcher d'un peu plus près.

Dans le bureau du directeur de l'école les discutions allaient bon train.

-Vous croyez vraiment que c'est une bonne idée ? intervint Remus qui avait des doutes sur le bon déroulement du plan de Lucius.

-Je pense que ça peut fonctionner, émit Albus, toujours partant pour comploter derrière le dos des autres. Il suffit que je trouve un poste à Harry à Poudlard et le tour sera joué !

-Avez-vous pensé qu'ils pourraient se haïr encore plus ? rajouta le loup-garou.

-C'est possible ça ? ironisa Lucius.

-Oui, effectivement, admit Remus, ça ne peut pas être pire, dit-il sans savoir qu'il était bien loin de la vérité.

-Pourquoi vouloir les rapprocher ? intervint Albus.

-Pourquoi pas, répondit Lucius.

-Inutile de faire semblant, messieurs, s'amusa Remus, on sait tous les trois que Severus a un faible pour Harry sinon nous ne serions pas là à comploter comme des espions pour les rapprocher, n'est-ce pas ?

-Exact, admit l'aristocrate, et cet idiot ne veut pas agir, il dit que tout est perdu d'avance pour lui.

-Pour quel raison tout serait perdu ? demanda Albus.

-Harry ne sort qu'avec des femmes….

Remus Lupin eut un sourire énigmatique que Lucius intercepta.

-Quoi ? Tu sais quelque chose que j'ignore ?

-Cela se peut…

-Tu nous le dis ou il faut que je t'arrache les mots de la bouche !

-Un après-midi j'ai surpris Harry qui rentrait chez lui avec un homme.

-Ça ne veut rien dire, fut déçu Lucius qui attentait un scoop bien croustillant.

-Je n'ai pas fini, quand j'ai frappé à la porte, non Lucius pas par curiosité, mais parce que Harry n'avait demandé de passer. Donc je disais que quand je suis entré dans la demeure, un certain jeune homme replaçait sa chemise dans son pantalon en toute hâte.

-Et ? Ce n'est pas concluant comme preuve.

-Tous les deux n'avaient pas eu le temps de se mettre au repos, si vous voyez ce que je veux dire…..

-Oh, donc notre ami Potter, savoura Lucius, cache bien son jeu, le petit pervers.

-Evidemment ceci reste entre nous.

Albus gloussa comme une vieille poule, heureux d'avoir entendu une confidence qu'il ignorait.

-Je m'occupe d'envoyer à notre ami un parchemin, vous appuierez ma demande, Remus, cela aura plus de poids.

-Soyez sans crainte, Albus, cela sera fait.

Nos trois comploteurs se séparèrent, heureux de leur décision qui allaient, mais ça ils ne s'en doutaient pas encore, leur amener quantité de problèmes qui allaient leur donner des cheveux blancs et des insomnies pour les mois à venir.

Le chaos allait arriver à Poudlard, et plus particulièrement dans les cachots d'un certain maître des potions qui ne se doutait pas que ses amis lui avaient réservé une surprise de taille qui allait le mettre dans une colère inimaginable.