Salut à tous, désolée pour la longue absence (panne d'inspiration toussa). Me voilà avec une nouvelle histoire dont le titre est pris sur un manga de Mari Okazaki. :) C'est un poil tristoune, mais bon, j'espère que vous aimerez quand même. Je me demandais si elle était assez bien pour que je vous mette la suite, donc si vous jugez que oui, dites le moi dans une review! (l)
Genre: yaoi.
Disclaimer: tout est à Clamp.
Pairings: Kurogane/Fye, Ashura/Fye, pour les deux principaux.
Rating: T ... par précaution.
Enjoy!
1. Printemps.
Les cours à la fac venaient de se terminer, et Fye se dirigeait vers son appartement d'un pas lent, profitant des rayons agréables du soleil de l'après-midi, quand quelqu'un le rattrapa.
- Fye, attends.
Le blond se retourna ; il avait reconnu la voix d'Ashura, un de ses meilleurs amis.
- Hello, dit-il en souriant.
Mais Ashura, lui, ne souriait pas. C'était plutôt un beau garçon, avec ses cheveux longs et noirs, et ses yeux profonds : pas mal de filles du campus étaient amoureuses de lui. Mais il n'avait jamais eu de copine, ce qui ne manquait pas de surprendre Fye.
- Tu rentres chez toi ? demanda Ashura.
- Oui. J'ai encore pas mal de choses à faire ce soir... Désolé, mais je n'ai pas le temps d'aller boire un verre.
- Ce n'est pas ce que je voulais savoir, répondit le brun avec le même air de gravité sur le visage. Je viens de croiser Kurogane.
Le sourire faiblit sur le visage de Fye, ce qui n'échappa pas à Ashura.
- Il était encore avec une autre fille, ajouta-t-il impitoyablement.
Il épiait la réaction du blond ; il faisait exprès de le pousser dans ses derniers retranchements, pour que Fye finisse par craquer et décide d'abandonner l'affaire Kurogane. Mais même s'il n'en était pas à son coup d'essai, ce n'était pas suffisant.
- Et alors ? répondit Fye en haussant un sourcil. Ce qu'il fait ne te regarde pas.
Ashura soupira. Chaque fois qu'ils abordaient le sujet, ils en revenaient invariablement au même point. Peu importe à quel point Kurogane le faisait souffrir, Fye le défendait toujours, et Ashura trouvait ça proprement révoltant.
- Mais ça ne te fait rien ? s'énerva-t-il brusquement. Il se tape des tas de filles dans ton dos, il sait que tu sais, il sait qu'il te fait souffrir, et tout ce que tu trouves à faire, c'est de hausser les épaules et de dire d'un ton fataliste "tant pis" !
- On en a déjà parlé, répondit Fye d'un ton glacial. Et je t'ai déjà dit ce que j'en pensais. Il fait ce qu'il veut, je n'ai pas signé un contrat d'exclusivité sur lui.
- Mais enfin, c'est quand même un accord tacite dans n'importe quel couple !
- Ecoute, Ashura, ça ne te regarde pas. C'est compris ?
- Très bien, répondit Ashura, furieux. Je te laisse te démerder.
Il s'éloigna rapidement de Fye avant d'avoir eu le temps de changer d'avis. En vérité, c'était quelque chose qui lui faisait vraiment mal, de voir Fye tombé aussi bas, utilisé comme un jouet, par quelqu'un pour qui le mot "aimer" ne signifiait visiblement rien d'important. Le pire de tout, c'était que le blondinet en était parfaitement conscient, mais qu'il ne faisait rien pour se sortir de cette situation. Ça l'énervait au plus haut point.
Fye le regarda partir et soupira avant de continuer sa route. Il savait bien qu'Ashura s'inquiétait pour lui – comme n'importe quel ami sincère – mais ... rompre ? Non, c'était au dessus de ses forces. Parfois, c'était quelque chose qu'il envisageait, mais uniquement quand il était seul, parce qu'il quand il voyait Kurogane s'avancer vers lui, et le regarder avec ses yeux rouges, et quand il l'embrassait, et quand il lui faisait l'amour, il se rendait parfaitement compte qu'une rupture serait impossible...
Il rentra chez lui d'un pas lent et regarda autour de lui. Du bordel, partout. Il partageait son appartement avec Kurogane depuis trois ou quatre mois, à présent, et il avait appris le vrai sens du mot "capharnaüm". Des sachets de chips vides traînaient, ainsi que des boîtes en plastiques de ramen instantanés, des vêtements, des chaussettes, des cours aux feuilles volantes ... une vraie apocalypse. Haussant les épaules, il se mit à nettoyer l'appartement une fois de plus. C'était toujours comme ça, après tout, il était habitué: il rangeait, il lavait l'appartement, achetait la nourriture, préparait à manger, lavait les vêtements et les draps, faisait la vaisselle, et Kurogane se chargeait de mettre du désordre et de profiter de tout sans rien en échange, à part peut-être la promesse d'une nuit ensemble, la seule chose qu'il semblait était capable d'offrir.
Ce soir-là, il prépara un riz au curry, parce que c'était quelque chose que Kurogane aimait beaucoup. Sauf qu'à onze heures du soir, il n'était toujours pas rentré. C'était à prévoir, évidemment, mais Fye avait espéré que pour une fois, il en serait autrement. Il laissa le tout sur la gazinière pour que Kurogane puisse le faire réchauffer s'il en mangeait, et décida quant à lui de se passer de repas pour ce soir. Il n'aimait pas trop manger dans son appartement quand Kurogane n'était pas là ... ce qui était souvent le cas.
Pendant qu'il était en train de mettre son pyjama, le téléphone sonna. Il se rua dessus.
- Allô ? Kurogane ?
- Ouais, c'est moi, répondit la voix de son amant. Je ne rentre pas cette nuit, je voulais te prévenir.
- Ah ...
- Voilà, c'est tout. Bonne nuit.
Avant d'avoir pu lui laisser une chance de dire un mot, le brun avait raccroché, et Fye se retrouva sans voix, sidéré, le combiné à la main émettant des bips furieux.
Bon ... Au moins, il avait appelé... C'était déjà ça. Du moins, c'était ce que lui disait la partie de sa conscience qui était éperdument amoureuse de Kurogane, parce que l'autre partie n'arrêtait pas de crier que c'était inadmissible, d'une façon qui ressemblait drôlement à celle d'Ashura, d'ailleurs.
En soupirant, Fye se glissa dans son lit et s'interrogea pour la énième fois sur le sens de sa relation avec Kurogane. Il était clair que c'était simplement une question d'intérêt pour le brun, qui trouvait là une bonne poire capable de satisfaire tous ses caprices, sur n'importe quel plan que ce soit. Et Fye en était bien conscient ; le problème, c'était qu'il était trop faible. Refuser équivalait à fâcher Kurogane, et si jamais la conséquence directe en était une rupture, Fye ne se serait jamais pardonné. Etre avec lui et savoir qu'il était infidèle était tout de même moins douloureux que de ne pas être avec lui du tout...
xXxXx
Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, Kurogane n'était pas rentré. Avec un soupir, il prépara deux bentô et se rendit à la fac. Kurogane ne suivait pas les mêmes cours que lui, vu qu'il faisait une licence d'histoire et que Fye avait choisi une licence d'anglais ; leur rencontre avait eu lieu tout à fait par hasard. Il y avait eu une fête chez un ami qu'ils avaient en commun et ils avaient commencé à parler ensemble, mais Fye savait très bien qui il était avant la fête. Il l'avait déjà remarqué et le trouvait fascinant ; le fait de lui parler en vrai n'avait fait qu'accroître cette fascination. D'abord, il était très beau, avec ses cheveux noir de jais et ses yeux rouges, et il était grand et musclé, et il dégageait un charme viril qui ne laissait personne indifférent. Il était bourru comme ça, au premier abord, mais quand il voulait, il pouvait se montrer charmant – ou charmeur s'il désirait quelque chose – et avant même d'en prendre conscience, Fye était tombé désespérément amoureux de lui.
Ils s'étaient revus plusieurs fois après la fête, car Kurogane, de son côté, semblait également apprécier le blondinet, et s'étaient réveillés un matin – après une soirée bien arrosée – côte à côte dans un grand lit, leurs vêtements éparpillés dans la pièce. Fye s'était demandé si ça signifiait la fin de leur ... amitié ? Bref, la fin de la relation qu'ils entretenaient, mais Kurogane n'était pas de cet avis, vu la façon dont il l'avait attiré contre lui pour l'embrasser. Et ils avaient commencé à sortir ensemble.
Bien sûr, Kurogane avait déjà une réputation bien établie de "tombeur de ces dames", et Fye savait que la fidélité n'était pas son fort. Il le savait avant même de sortir avec lui, et il se disait que c'était pour cette raison qu'il n'avait pas le droit de faire des remarques à Kurogane sur son comportement. Il avait accepté le brun avec ses défauts, et celui-ci faisait partie du lot.
Et puis, ce n'était pas comme si Kurogane se montrait froid ou cassant avec lui. Il le trompait peut-être, mais quand il revenait vers lui, il était toujours aux petits soins pour lui, il se montrait gentil – sous son air bourru – et Fye était incapable de lui reprocher sa conduite.
En soupirant sur la faiblesse de sa volonté, Fye remonta l'allée qui menait à la cour du campus. Les cerisiers étaient pleins de fleurs, et le ciel matinal d'un bleu pur se reflétait dans ses yeux. Il croisa quelques personnes à qui il dit bonjour en souriant, puis alla s'asseoir sur un banc dans la cour, libre de profiter de la beauté des cerisiers et du ciel. C'était un petit bonheur tout simple qui lui remontait le moral lorsqu'il était un peu déprimé comme en ce moment. Mais il ne resta pas longtemps tout seul. Une jolie jeune fille au teint mat et aux cheveux noirs vint s'asseoir à côté de lui.
- Bonjour, Fye, dit-elle de sa voix grave et posée.
- Bonjour, Sôma, répondit Fye avec un sourire.
Sôma était une des amies que Kurogane et lui avait en commun. Elle était gentille et intelligente, et aussi très jolie. Fye l'appréciait beaucoup ; elle était toujours tellement calme que c'était apaisant de rester à ses côtés.
- Tu vas bien ? demanda-t-il gentiment.
- Oui, merci. Je viens de croiser Kurogane, il te cherche dans toute la fac.
- Ah ? Pourquoi il ne m'appelle pas ?
Un coup d'œil à son téléphone lui apprit que la batterie était morte. Il soupira.
- Je vois. Et où il est, là ?
Mais Sôma n'eut pas besoin de lui répondre, parce qu'un retentissant "Fye !" résonna dans toute la cour. Kurogane se dirigeait vers eux, et toutes les têtes se tournaient vers lui à son passage.
- Je te laisse, dit Sôma calmement avant qu'il n'arrive, je vais en cours. A bientôt.
Fye lui sourit – avait-elle compris qu'il préférait rester seul avec lui ? – et Sôma s'éclipsa un peu avant que Kurogane n'arrive devant lui.
- Salut, dit-il à Fye d'un ton grognon.
- Salut, répondit Fye dont le cœur battait plus vite à la simple proximité de son amant.
- Désolé pour hier soir.
Fye haussa les épaules. Il n'avait pas envie d'aborder ce sujet. Du moment que Kurogane n'en parlait pas, il pouvait toujours prétendre ne rien savoir, et c'était peut-être mieux comme ça.
- Je t'ai fait un bentô, dit-il pour changer de sujet.
Il sortit la boîte laquée de son sac et la tendit à Kurogane, en frissonnant quand ses doigts touchèrent les siens.
- Oh. Merci, dit le brun laconiquement.
Il jeta un regard aux étudiants qui leur jetaient des regards à distance respectueuse – personne n'ignorait qu'ils sortaient ensemble, c'était un des sujets préférés des commères du campus – puis il rangea la boîte à bentô dans son sac et prit le poignet de Fye.
- Viens avec moi, ordonna-t-il.
Fye, surpris, prit ses affaires et le suivit, et Kurogane l'entraîna derrière un bâtiment, où il le poussa contre le mur et l'embrassa passionnément. Le blond ne s'y attendait pas et il eut l'impression que son cerveau fondait alors que Kurogane s'emparait de ses lèvres et jouait avec sa langue.
Lorsque Kurogane se recula, Fye avait l'impression que son cœur était remonté dans sa gorge. Ce n'était pas humain d'embrasser si bien. Et dire qu'il n'était pas le seul à avoir droit à ce baiser venu du ciel ... Il réprima à temps les larmes qui menaçaient de lui monter aux yeux, et Kurogane ne remarqua rien.
- J'avais envie de t'embrasser, dit celui-ci comme pour s'excuser.
Fye hocha la tête, incapable de parler.
- Tu as cours, là maintenant ? continua le brun à voix encore plus basse. J'ai envie de toi.
Et voilà. C'était toujours comme ça – Fye devait toujours céder à ses caprices, peu importait si ça mettait en jeu son avenir. Mais cette fois, il n'était pas d'accord. Kurogane n'était pas rentré la veille et il osait lui dire ça ?
- Oui, j'ai cours, balbutia-t-il d'une voix mal assurée. C'est un cours important...
- Sèche-le, alors, ordonna Kurogane.
- Je ne peux pas, répliqua Fye. C'est vraiment un cours crucial. Et je suis déjà en retard.
Il prit ses affaires pour s'en aller, mais Kurogane le retint par le bras et l'embrassa à nouveau, d'une telle manière que les jambes de Fye en tremblaient lorsqu'ils se séparèrent.
- J'ai envie de toi, répéta le brun lascivement à l'oreille de Fye, tout en marbrant son cou de baisers.
- K... Kuro-chan, il faut vraiment que j... j'y aille ...
- Juste cette fois, murmura le brun dans une intonation où la prière et la sensualité était savamment calculés.
Il ne restait plus beaucoup de chemin avant que Fye ne finisse par craquer, ils le savaient tous les deux. Kurogane commençait déjà à esquisser un sourire de triomphe quand Fye s'échappa subitement. Pris de cours, Kurogane le poursuivit, mais Fye était déjà loin – et il était rapide.
- Merde, grogna-t-il en shootant dans un caillou.
xXxXx
Fye arriva essoufflé dans sa salle de classe, juste à temps avant le début du cours. Il ne prêta pas attention aux chuchotements qui avaient envahi la salle lorsqu'il était entré et s'installa à une table isolée. Un regard rapide au reste des élèves lui apprit que tout le monde avait les yeux fixés sur lui. Sans doute parce qu'il sortait avec Kurogane, se disait-il ... En fait, ce n'était pas tout à fait ça. Même s'il n'en avait pas conscience, Fye avait beaucoup de succès sur le campus – bien sûr, son histoire avec Kurogane n'avait fait qu'amplifier les choses, mais avant même qu'ils ne se mettent à sortir ensemble, il était déjà très populaire, et c'était une des raisons pour lesquelles Kurogane s'était intéressé à lui. Il était beau, et gentil, et il avait un air toujours un peu mélancolique sur le visage, il était plein de mystère, et ça plaisait aux filles. Et aux garçons aussi, d'ailleurs.
Ashura entra dans la salle peu après lui et lui jeta un regard avant d'aller s'installer à côté de lui. Visiblement, il ne lui en voulait plus. Ils ne parlèrent pas durant le cours, mais après, ils avaient un trou dans leur emploi du temps, et décidèrent d'en profiter pour aller boire un café.
- Tu as vu Kurogane ? demanda Ashura d'un ton neutre, alors qu'ils s'étaient installés près d'une fenêtre, une tasse fumante devant eux.
- Oui, répondit Fye sur le même ton neutre. Ashura, ça ne te ferait rien si on ne parlait pas de lui ? J'ai l'impression que c'est le seul sujet dont tu es capable de parler. Tu es amoureux de lui, ou quoi ?
Ashura le fixa d'un air stupéfait.
- Moi ? De lui ?? Alors là ...
- Bon, alors pas la peine d'en parler tout le temps.
Ashura lui jeta un regard irrité. Quel imbécile, ce Fye. Bien sûr qu'il n'était pas amoureux de Kurogane, puisqu'il n'avait que le blondinet en tête.
- Le problème ici, insista-t-il, ce ne sont pas mes sentiments, mais les tiens. Tu saisis ? C'est à toi qu'il fait du mal, et moi, ton ami, je m'inquiète pour toi.
- Il ne me fait pas de mal, répondit Fye vaguement.
- Tu as oublié toutes les fois où tu t'es retrouvé chez moi en train de pleurer ?
- ... Oui, mais ce n'est pas comme si je ne savais pas que quelque chose du genre pouvait arriver. J'étais parfaitement au courant.
- Raison de plus pour que je te traite d'imbécile ... Enfin, Fye, ouvre les yeux! Ce mec est en train de te tuer à petit feu.
Fye sembla irrité à son tour, et il jeta à Ashura un regard furieux avant de dire à voix basse:
- Tu n'es jamais tombé amoureux, n'est-ce pas ? Si c'était le cas, tu ne me dirais pas ça. Ok, c'est dur de savoir qu'il s'amuse avec d'autres filles pendant que moi j'attends qu'il rentre après lui avoir préparé quelque chose à manger, mais c'est incomparable à la douleur que je ressentirais si jamais il n'était plus là. J'ai besoin de lui, vraiment. Et je me moque de ce qu'il fait, du moment qu'il lui reste une place pour moi dans son cœur.
Ashura ne répondit pas. Tant d'amour aveugle le rendait malade. Ou plutôt, non ; ce n'était pas qu'il était aveugle, c'était qu'il était désespéré. Fye accordait tellement peu d'importance à sa vie qu'il se moquait de voir ses sentiments piétinés, et son corps traité comme un jouet sexuel, du moment que Kurogane était là. Mais malgré tout, Ashura refusait d'en rester là.
- Je sais que tu es amoureux de lui, mais...
Il hésita. C'était dur de trouver les mots justes quand on avait affaire à quelqu'un aussi profondément amoureux, et pendant un bref instant, il se sentit découragé.
- Quoi qu'il en soit, reprit-il, si un jour tu ne peux plus supporter qu'il te fasse autant de mal, je serai là pour toi, d'accord ? Viens juste me voir. Je te remonterai le moral.
Ses joues avaient pris une légère teinte colorée, et Fye sourit.
- Compris.
