PDV Lily
-Potter, tu te rends compte que tu peux être assez énervant à la longue ?
-Mais de quoi tu parles, ma belle Lily ?
-D'après toi ? Et je ne suis ni TA belle, ni Lily mais Evans !
-Mais bien sûr, tout ce que tu voudras, chérie…
-Arg ! criais-je.
Ce qu'il pouvait être énervant, des fois, ce Potter. Me suivre entre chaque cours, m'empêcher de parler ne serait-ce que amicalement avec des individus de la gente masculine… Je dis ça avec un terme très vaste et général parce qu'il a déjà regardé avec hargne Slughorn, le professeur de potion…
*soupir* Quel fou, ce gars.
Le problème pour moi, c'est que ce "gars" *hehehe, j'aime bien m'imaginer qu'il n'est qu'une tache dans ma vie* est en fait fou de moi. Vous voyez le genre ? Un obsédé qui ne peut s'empêcher de regarder sa "belle", de la "protéger", de la suivre pour s'assurer que son "territoire" lui reste… C'en est franchement écœurant à la longue. En plus, ça me rend sadique, ce qui explique que j'aime imaginer qu'il tombe de son balai parce qu'il se passait la main dans les cheveux ou encore qu'une fille autre que moi décide de le rejeter… C'est beau de rêver ! Non mais c'est vrai ! Je suis sa cible et il ne veut plus me lâcher. Il ne me lâchera sûrement que lorsque je vais lui dire oui !
En première année, j'étais encore une petite inconnue. Si on me connaissait, c'était en tant que petite studieuse parce qu'avec mon retard (je suis Moldue, j'ai découvert la magie cette année-là) je me devais de travailler en masse. Ainsi, j'étais un rat de bibliothèque (animaux que je déteste, malheureusement pour moi c'était une belle représentation) et on ne me connaissait pas vraiment. J'avais la Paix ! *with a capital P*.
C'est beau la naïveté…
L'an d'après, il a fallu que Môôôsieur commence à s'intéresser aux filles. Ah, hormone, quand tu nous tiens… Je veux dire, tu LE tiens. Ce que je voulais dire, c'est que le prétentieux à lunettes, là, il nous a toutes regardées comme des pièces de viande. La plupart, que dis-je, la grande majorité, ok ok, toutes les filles sauf moi, le trouvais déjà attirant. Il était bon élève, avait un sens d'humour douteux mais faisait quand même rire la populace… *pouffement* Excusez-moi, je ne suis pas habituée à rabaisser mes coéquip- Ok, oui je suis habituée de les traiter de tartes, disons alors que je n'ai pas l'habitude de dire le mot populace et que ça me fait rire. Bon.
Bien.
Alors.
…
*Moment de gène*
…
Eh merde, j'ai perdu mon idée. C'est un des bons points avec Potter : lorsque j'ai vraiment le goût de me défouler, on dirait qu'il m'appelle pour réclamer sa dose de haine. Ça fait que je peux arrêter de penser à la cause de ma brutalité et me concentrer sur chaque parcelle de peau que je frappe et ça me fait un bien fou ! Pourquoi est-ce que mes idées vont vers lui ? Oh non, il ne vient pas en plus me harceler dans mes pensées ! Au secours ! Mayday ! S.O.S. !
*mission de secours en cours*
Je pense qu'il faut que j'arrête de penser à ça, l'hyperventilation n'est pas bonne pour la gestion du stress, pas bon du tout…
C'est pour ça justement que je déteste ma deuxième année à Poudlard… Eh, c'est de ça que je parlais ! J'ai retrouvé mon idée *danse de la victoire* Ben quoi, faut être fou pour apprécier la vie ! Mais pas trop, hein, on n'abuse pas des bonnes choses …
Donc en deuxième année, il nous regardait et a commencé son tri. Je ne me suis nullement sentie visée jusqu'à Noël. On s'était rentré dedans accidentellement … Il m'avait dit presque sauvagement (il était pressé) de regarder où j'allais et je lui ai répliqué de même. Il m'avait alors regardé droit dans les yeux, hébété qu'une fille ait osé lui répondre et surpris en ne me reconnaissant pas. Il m'avait alors admiré de haut en bas et un petit sourire stupide était apparu sur ses lèvres. Et le piège se refermait sur moi.
Il passa sa main dans ses cheveux, ce qui a fait que moi, ayant ramassé mes livres, je fronçai les sourcils d'un air dédaigneux. J'avais déjà un mauvais pressentiment. Pas mal vite, la fille. Je suis toujours fière de ma logique implacable qui m'a fait comprendre que cette tache-là serait très dure à laver. Extrêmement dur en fait. Perspicace, la petite, au point de lui lancer quelque chose comme "arrête tout de suite de me regarder, t'auras pas ma photo" et de me diriger vers le dortoir avant même qu'il n'ait dit quelque chose. Je me rappelle avec précision ce jour et je rêve souvent à le revivre. Je me réveille en sueur parce que je sais que cette histoire ne finira jamais bien, pas de fin heureuse. Ainsi, le lendemain, ma vie devint un enfer et l'est toujours, à cause de lui. Je n'apprécie pas devoir vivre un cauchemar à longueur de journée, mais avec cette sangsue-là, j'ai pas trop le choix.
Je me reconcentre sur mon devoir. Il n'est pas croyable, ce gars. J'étais enfin capable d'écrire, j'avais l'inspiration, mais le maudit narcissique est venu me déranger et je me suis rappeler toutes les fois où il était l'obstacle de ma vie. J'ai déjà vu mieux côté concentration …
Je laisse tomber. La salle commune est trop remplie, trop effervescente pour que mon devoir ne redevienne passionnant. Je range mes choses dans mon sac et m'écrase dans le divan. Mon regard se perd dans le feu. Les éléments peuvent être si reposant des fois. Là, maintenant, j'en oublie la foule autour de moi. Je n'entends pas les murmures de conversations pourtant très près.
Je suis dans un autre monde, déconnectée, à regarder une petite flamme séparée du brasier tenter de survivre et combattre contre le vent qui vient de la cheminée. Courage, petite flamme, je suis avec toi ! Comme pour lui prouver, je prends un bout de parchemin qui était dans mon sac et me lève pour aller le faire brûler par la dite petite flamme. Je me sens réchauffée par la proximité de cette source de crépitement doux et harmonieux et un sourire se dessine sur mes lèvres. Alors que je me relève, je regarde enfin autour et aperçoit tous les Gryffondor qui me regardent avec des yeux ronds. Houston, nous avons besoin de vous de toute urgence sur Terre, dans mon corps, à l'instant.
-Quoi ?
Que je suis bête ! Tout le monde me regarde ou regarde le feu. Je me retourne et vois que le morceau de parchemin est recouvert d'une assez belle écriture qui n'est pas la mienne.
-Oups.
Ouais, vraiment bête. Je retourne tête basse à ma table pour essayer de trouver l'origine du papier. Je vois mon sac, encore fermé… Fermé ? Je n'ai pas pris mon parchemin là ? Alors ce n'est vraiment pas mon parchemin. Eh merde …
Je vois Potter qui est assis juste à côté de ma place. Il est le seul à encore regarder le feu, la bouche entrouverte, alors que tous les autres nous regardent aléatoirement. Je vois, c'était à lui.
Lentement, Potter lève ces yeux vers moi. Je dégluti. Il n'a jamais été aussi sérieux depuis que je connais, soit quatre ans et demi puisqu'on est en sixième année, deux semaines avant Noël… Noël approche ! Quelle joie d'être enfin libérée de cette plaie pendant deux semaines… Je dérive, je suis sur le bord de sourire mais il ne faut pas. L'heure est grave.
-Désolée ? tentai-je pour éviter qu'il explose parce que je vois la couleur monter tranquillement sur son visage. Je sais que ça va paraître étrange mais je n'ai pas voulu prendre ton papier. Je voulais simplement un combustible et il traînait à côté de mon sac alors je l'ai pris. Je ne savais pas que c'était le tien.
Il devient blanc. Merlin, qu'est-ce que je viens de dire de mal ?
-Tu ne savais pas que c'était à moi ?
Malaiiise ! Il a l'air tellement énervé et pourtant si désespéré ! Je dis quoi, moi, face à ça ?
-Non ?
Je pense que s'il avait une santé plus faible, il se serait évanoui, devant moi et toute la popula- Je ne dois pas le dire sinon je vais commencer à rire ! Je rapproche ma main de ma bouche pour camoufler mon sourire mais aussi pour avoir l'impression de me sentir coupable, ce qui est aussi le cas.
Black, son ami presque frère, s'approche, lui prend le bras et le force à le suivre. Je me sens aussi tarte que cette populace qui finalement ne me fait plus rire. Je tourne les yeux vers Remus. Il sait qu'il m'arrive souvent de divaguer, il va devoir m'expliquer qu'elle erreur monumentale je viens de faire. Il me regarde étrangement. Ces sourcils sont froncés. Je pense qu'il m'en veut de pas avoir été attentive, il m'en veut de ne pas avoir su contrôler mes rêveries en ce moment crucial. Qu'est-ce qu'il a de si crucial au juste, ce moment ? Je prends mon sac et vais m'enfermer dans mon dortoir. Les filles vont me rejoindre et m'expliquer. J'en ai franchement besoin !
