Titre : Reset
Auteur : Katoru
Rating : M
Disclaimers : Glee ne m'appartient pas, je ne fais qu'en emprunter les personnages pour jouer un peu avec. Promis, je les rendrai en bon état.
Avant propos : Glee me déçoit de plus en plus au fil des semaines. Que Rachel passe pour la victime innocente du méchant gigolo dans le prochain épisode et on m'entendra hurler de rage jusqu'à Los Angeles. Pas moyen de revenir en arrière mais c'est le pouvoir des auteurs de fanfics de réécrire le canon à leur guise.
Cette réécriture prendra la forme de chapitres courts qui reprendront, en suivant la chronologie de la série, des scènes importantes ou dont je pense qu'elles manquent gravement.
Il est temps d'appuyer sur « reset » et de revenir à la fin de la saison 3.
Reset
« New York, New York »
Serrés l'un contre l'autre dans le canapé du salon des Berry, perdus au milieu d'un fouillis de mouchoirs usagés et de paquets de gâteaux vides, Kurt et Rachel déprimaient. Ils ne faisaient plus que ça depuis quinze jours. Tout le soutien de leur entourage ne suffisait pas à faire passer la pilule.
Deux semaines plus tôt, ils avaient reçu chacun une lettre de la NYADA. Les courriers tant attendus. Les réponses si impatiemment désirées.
Puis les coups, droits au cœur.
« Nous avons le regret de vous informer que votre candidature n'a pas été retenue. »
Ils avaient échoué. Tous les deux. C'était écrit noir sur blanc, certifié par la signature implacable de Carmen Thibideaux.
Elle s'y attendait, d'une certaine façon, mais la nouvelle n'en avait pas moins été insupportable. Elle avait cru si fort que sa prestation aux Nationales avait effacé l'échec de son audition, que la victoire des New Directions avait permis de tirer un trait définitif sur cet instant humiliant où elle avait oublié, l'espace d'un instant, les paroles d'une chanson qu'elle connaissait par cœur depuis l'âge de cinq ans. Elle y avait cru si fort… pour rien.
La nouvelle l'avait touchée dans ce qu'elle avait de plus cher : cette certitude, ancrée en elle depuis son plus jeune âge, que son talent suffirait à lui ouvrir toutes les portes qui devaient la mener sur les plus grandes scènes de Broadway.
Ce ne serait pas le cas.
Lui ne s'y attendait pas, pas vraiment du moins. Pas alors que son audition s'était si bien passée. Pas après les compliments que Carmen Thibideaux lui avait faits. Pour la première fois, il avait brillé plus fort que Rachel Berry. Ces quelques phrases prononcées avec sincérité à la fin de son numéro lui avaient donné des ailes, au point qu'il n'avait même pas cherché à contester la décision de M. Schuester de donner, une fois de plus, la majorité des solos des Nationales à Rachel. Il n'en était pas fier mais, persuadé d'avoir gagné un billet de première classe pour quitter le trou paumé où il avait vu le jour, il n'avait vu dans ces solos que des « lots de consolation ». Il les lui avait laissés bien volontiers. La réponse officielle de la NYADA lui avait coupé le souffle. C'était comme si on lui avait arraché le cœur. Lui qui avait passé des années à se dire que ses tourmenteurs finiraient laveurs de voiture, il s'était brusquement vu à leur place, privé de l'avenir dont il avait tant rêvé, et si Blaine n'avait pas été là il se serait effondré.
Ils avaient passé des jours à pleurer. Les larmes avaient fini par cesser de couler mais l'abattement était resté.
« Je ne suis pas certain que regarder Moulin Rouge encore et encore vous aide à aller mieux », déclara Leroy Berry en pénétrant dans le salon où le film jouait à plein volume.
Il n'obtient aucune réponse. Il n'en attendait pas de toute façon. Il posa une grande enveloppe en papier kraft sur la petite table et quitta la pièce. Ni Kurt ni Rachel ne fit un mouvement pour la prendre, le logo de l'université de l'Ohio était bien assez parlant.
« C'est ça notre destin ? demanda tristement Rachel. La faculté de l'Etat, une formation choisie par défaut, une vie sans éclat et une place au cimetière de Lima ? »
Kurt ne répondit pas.
Depuis quelques jours, une idée folle lui trottait dans la tête. Une idée que la vue de cette simple enveloppe avait fait revenir en force. Elle n'avait gommé aucun de ses sentiments négatifs, elle en avait même rajouté son lot tant cette même lubie avait guidé de jeunes gens vers l'échec, mais il n'arrivait pas à la chasser de son esprit. Il n'était d'ailleurs pas certain d'en avoir envie.
Cet échec n'était pas la fin de tout. Ce n'était qu'un obstacle à surmonter, un léger contretemps. Quelques mois de plus à attendre. Sa vie n'était pas finie, ni celle de Rachel.
La décision s'imposa soudainement.
« Kurt ? l'appela Rachel, inquiète de son silence.
- Je vais à New York.
- Quoi ?
- Je vais à New York. »
Elle le regarda comme s'il était fou. Si Rachel n'avait jamais été naïve au point de penser que la vie viendrait à elle sans qu'elle ait à faire quoi que soit, elle n'avait jamais réellement envisagé d'aller au-devant de la vie. Son but était clair, son destin tout tracé. Elle n'avait jamais pensé que ce destin serait autre chose qu'une ligne droite la conduisant vers le succès. Confronté à ce premier détour, elle ne savait pas comment réagir. Kurt avait l'air de savoir, lui.
« Je retenterai ma chance au prochain semestre, poursuivit-il, mais je refuse de moisir ici à attendre que ça passe. Je vais à New York, avec ou sans toi. »
Rachel se redressa dans le canapé.
« Mais comment tu feras une fois là-bas ?
- J'ai un peu d'argent, lui répondit-il. Je m'installerai dans un hôtel le temps de trouver un job et un appartement.
- Et si tu n'y arrives pas ?
- Alors je rentrerai à la maison et j'attendrai ici la réouverture des inscriptions, mais au moins j'aurais essayé.
- Kurt…
- Je ne veux pas rester ici à me morfondre Rachel. »
Il se leva et commença à arpenter le salon.
« Je n'ai pas l'intention de galérer comme l'a fait April, mais il ne se passera jamais rien si je reste ici à chouiner. »
Il se planta devant Rachel, les mains enfoncées dans les poches d'un vieux hoodie qu'il avait fauché à Blaine.
« Je m'habituerai à la ville, j'y prendrai mes marques et quand je repasserai une audition pour intégrer la NYADA ce sera en tant que new-yorkais d'adoption. Je n'aurai plus qu'à m'adapter à l'école elle-même.
- Kurt… »
Il la coupa d'un geste et plongea ses yeux dans les siens.
« Rachel, on sait tous les deux que tu vas venir avec moi alors tu veux bien la boucler ? »
Sans un mot, un immense sourire sur le visage, elle le prit dans ses bras.
Ils se comprenaient. Ils ne savaient pas ce qui les attendait, ils ne savaient pas si c'était une bonne idée mais ils le découvriraient ensemble.
Ils allaient à New York.
