Disclaimer : les personnages de FMA ne m'appartiennent malheureusement pas!
L'obscurité… Les ténèbres… Elles seraient désormais son quotidien… Contraste étonnant avec la blancheur impersonnelle et éclatante de cette chambre d'hôpital où il attendait, seul, dans le noir…
Après la victoire d'Edward sur le Père des Homonculus, et la réapparition du corps d'Alphonse, le Lieutenant Hawkeye et lui-même furent transférés à la clinique. Le combat avait été rude et il était certes épuisé, mais, malgré tous les tests qu'il avait subit ces dernières heures sous les ordres de médecins confiants et optimistes, il savait qu'il ne retrouverait jamais la vue…
Il s'était laissé faire sans rechigner, même s'il savait que c'était inutile, uniquement pour rassurer son Lieutenant.
A cette pensée, un sourire se dessina sur les lèvres du militaire. Gravement blessée, elle avait frôlé la mort. Soignée de justesse par la Princesse de Xing, elle avait perdu énormément de sang et était très affaiblie. Malgré cela, elle était resté forte et n'avait pas abandonné le combat. Pour Amestris. Pour le peuple. Pour lui…
Riza Hawkeye avait été emmené d'urgence au bloc opératoire. En effet, Mai Chan avait pu stopper l'hémorragie, mais il fallait réparer les dégâts internes causés par la lame qui avait entaillé profondément son cou.
Lorsque qu'enfin le Colonel fût ramené dans sa chambre, il avait espéré y retrouver son Lieutenant, mais il semblait que l'opération soit plus longue que prévue. Cependant, l'infirmière lui assura que ses jours n'étaient pas en danger. Il soupira de soulagement et prit son mal en patience… Il jura intérieurement. Le temps parait encore plus long lorsqu'on est plongé dans le noir…
Après un temps qui avait parût une éternité, la porte s'ouvrit enfin. Il se redressa vivement dans son lit, tendant l'oreille. Un bruit de roulettes sur le sol lui indiqua qu'on poussait un lit.
« Lieutenant ? C'est vous ? »
A sa surprise, ce fût une voix inconnue qui lui répondit.
« Oui c'est elle Colonel Mustang. Elle dort encore. Et vous devriez faire de même. »
« Oui… Merci… »
La porte se referma. Seule la respiration calme et régulière du Lieutenant brisait le silence. Un autre bruit, plus sourd, se répercuta sur ses tympans… Son propre cœur s'était mis à battre plus fort, plus vite… Il n'avait aucune envie de dormir. Depuis qu'il avait faillit se faire abattre par son Premier Lieutenant, qu'elle lui avait dit qu'elle ne pourrait pas vivre sans lui… Et qu'ensuite il l'avait cru morte… Il n'avait qu'une envie : la serrer contre lui et lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur, depuis des années… En la voyant, gisant dans son sang, il s'était maudit de n'avoir jamais rien dit ou fait… Au diable le protocole et les règles ! Elle était bien trop importante à ses yeux… Ses yeux… Il sourit… Quelle ironie ! Tellement importante à ses yeux qu'ils n'en avait plus, désormais…
Il repoussa ses couvertures et s'assit au bord du lit. Tendant l'oreille, il se leva doucement, et marcha à tâtons vers le lit de sa subordonnée, se guidant grâce à son souffle.
Lorsqu'il sentit du bout de ses doigts le tissu des couvertures, il chercha doucement une place pour s'asseoir à ses côtés, tout en faisant attention à ne pas la réveiller.
Une fois installé, il frôla les draps jusqu'à tomber sur sa main, qu'il enveloppa délicatement. Sa chaleur le rassura.
Il ne savait pas combien de temps il était resté dans cette position, plongé dans ses pensées, la main de Riza dans la sienne… Ce fût sa voix, encore endormie, qui le ramena à la réalité :
« Colonel ? Vous devriez être en train de vous reposer… »
Instinctivement, il tourna les yeux vers le son de sa voix, mais aucune image n'apparut… Evidemment… Il laissa échapper un petit rire malgré tout : dans n'importe quelle situation, elle restait professionnelle et ne gardait en tête que les intérêts de son Colonel. Il secoua la tête, et, fermant les yeux, il soupira :
« Vous êtes impossible Lieutenant… Ce n'est pas moi qui aie faillit mourir aujourd'hui ! »
Elle ferma les yeux, repensant aux évènements de la veille. Elle réprima un tremblement et posa son regard sur Roy. Assit sur le bord du lit, il la regardait. Elle se gifla mentalement. Regarder ? Il était aveugle ! Par sa faute ! Elle n'avait pas pu le protéger, elle n'avait pas été à la hauteur… Elle contempla ses beaux yeux noirs… Ils n'avaient plus cet éclat, cette expression farouche, cette lueur de détermination qu'elle aimait tant… Ce regard qui paraissait si dur pour certains, elle l'aimait, car c'était dans ce regard qu'elle voyait l'avenir, son avenir…
A présent, son regard semblait vide, à la recherche d'une image à laquelle s'accrocher… Une image qui n'existait pas…
Elle baissa la tête, honteuse, un voile de tristesse vint ternir l'ambre de ses iris. Heureusement, son supérieur ne pouvait la voir en cet instant. Cependant…
« Je vous en prie, cessez de vous torturer l'esprit ! »
Elle sursauta, étonnée, et le dévisagea. Il était pourtant aveugle alors comment… ?
Un sourire malicieux sur les lèvres, le Colonel éclaira la jeune femme abasourdie :
« Même si je ne vous vois pas, je vous connais assez pour deviner ce à quoi vous pensez… Et votre corps vous trahit ! »
Elle inclina légèrement la tête sur le côté, en signe d'incompréhension. Mustang serra un peu plus fort sa main pour la mettre sur la voie. Alors son regard se posa sur leurs mains. Elle contempla, interdite, la main de son Colonel emprisonnant la sienne. Un frisson parcoure sa colonne vertébrale quand elle réalisa leur position. Elle se raidit.
« Vous feriez mieux de vous soucier de vous et de votre santé Colonel. »
Elle était incontestablement plus têtue qu'une mule ! La voix de Mustang trahit légèrement son agacement :
« Penser à moi ? Alors que par ma faute vous avez quasiment perdu la vie ? »
Hawkeye répondit froidement :
« C'est mon travail que de vous protéger, dussé-je en perdre la vie ! »
Mustang plissa les yeux de colère. Elle était donc si butée qu'elle n'avouerait pas qu'il avait aussi sa part de responsabilité ?
Elle poursuivit, mais sa voix se brisa légèrement :
« Et j'ai échoué… Par ma faute vous avez perdu la vue… »
Mustang serra plus fort la main de son Lieutenant et se rapprocha d'elle, la voix à mi chemin entre colère et chagrin :
« Lieutenant ! Sans vous je ne serais pas allé aussi loin, sans vous je serez mort depuis bien longtemps, sûrement un jour de pluie d'ailleurs,… »
Elle ne pu réprimer un sourire malgré tout. Sous ses doigts, le Colonel sentit le corps de la jeune femme se détendre un peu.
« Et j'ai encore plus besoin de vous maintenant… Car il n'y a qu'en vous que j'ai une confiance aveugle… »
Elle retira brusquement sa main de la sienne, outrée par ses mots. Comment osait-il se prêter à ce genre de jeux de mots douteux?
Mustang baissa la tête en soupirant. Il valait mieux éviter les mots ayant un rapport avec les yeux pendant quelques temps…
« Lieutenant… Ce que j'essaie désespérément de vous faire comprendre, c'est que nous avons traversé bien des épreuves ces derniers temps. Et qu'aujourd'hui, au terme de la bataille, nous sommes en vie ! Ce nouveau monde dont je rêvais tant, dont nous rêvions tant, va enfin pouvoir naître… Alors oui ,je ne pourrais pas le voir de mes propres yeux, et ce sera sûrement plus difficile à gérer de ce fait, mais j'espère que vous serez là pour me seconder et m'épauler comme vous l'avez toujours fait… Notre équipe fonctionne toujours malgré mon handicap, vous nous l'avez prouvé à tous les deux lors du combat final, non ? »
Sentant sa gorge se nouer et ses yeux devenir humides, Riza prit une profonde inspiration. Ses mots l'avaient atteint en plein cœur…
Mustang s'approcha un peu plus d'elle et ajouta dans un souffle, presque en chuchotant :
« Mon seul regret c'est de ne plus pouvoir voir votre visage… »
Et, joignant le geste à la parole, il tendit la main pour venir effleurer délicatement sa joue du bout des doigts.
