Clarke
Dites moi que c'est une blague, que je suis entrain de rêver et que je vais rapidement me réveiller. Je regarde, dépitée, mon téléphone. Je n'ai absolument aucune barre de réseau, ça ne m'est JAMAIS arrivé. Je me demande où je suis tombée, franchement. Dans quel bled paumé vais-je atterrir ? J'observe par la vitre de la voiture le paysage défiler à toute allure. Il n'y a que des champs, des arbres et encore des champs. Et ce à perte de vue ! Je sais, pour l'avoir demandé plusieurs fois à ma mère, que nous sommes bientôt arrivés. Plus que quelques minutes et je serais à destination. Et il se trouve que je n'ai vraiment aucune envie d'y être. Ce n'est pas comme si tu avais le choix, ma pauvre Clarke. Je pousse un profond soupir en regardant ma mère qui conduit la voiture.
Ma mère se tourne un instant vers moi avec un sourire d'excuse. Oui oui, vas y excuse toi, ça ne changera rien au fait que je vais devoir passer plusieurs mois perdue au milieu de nul part ! Je ne lui rends évidemment pas son sourire, je suis bien trop en colère contre elle. Je décide plutôt de retourner à la contemplation du paysage. En étant tout à fait honnête, je dois bien avouer que c'est assez beau. Les forêts verdoyantes d'un côté, les champs dorés de l'autre, l'ensemble est plutôt apaisant.
Évidemment je préfère, et de loin, le décor de ma ville natale,Arkadia. C'est une très grande ville, pleine de vie, avec des grattes-ciels immenses, une ville qui ne dort jamais. C'est surtout cela que j'aime dans cette ville, il y a toujours quelque chose à faire, toujours du bruit. Alors qu'ici, dans ce trou paumé...hormis me balader dans les champs et observer les vaches ruminer je ne vois pas comment je vais m'occuper durant les deux longs mois à venir.
-S'il te plaît Clarke, arrête de faire la tête. Me demande ma mère en gardant les yeux rivés sur la route sinueuse.
-J'aimerais bien t'y voir ! Ce n'est pas toi qui va devoir passer tes vacances d'été loin de toute civilisation ! Je m'emporte, excédée.
-Je me permets de te rappeler que j'ai passé TOUS mes étés et même TOUTES mes saisons durant de nombreuses années dans la ville où tu vas vivre un court moment. Me répond doucement ma mère.
Je dois bien accorder qu'elle marque un point là. Je ne sais pas comment elle a fait. Ma mère a passé son adolescence dans le coin. Mais bon, c'était une autre époque, il n'y avait pas toute la technologie de maintenant et contrairement à elle, je suis une fille de la ville moi, j'ai toujours vécu à Arkadia, entourée de millions de gens.
-Tout d'abord maman, laisse moi te dire que ce n'est en aucun cas une ville, franchement il doit y avoir 50 habitants à tout casser. Ensuite, j'aurais très bien pu rester chez nous cet été !
Au moment où ma dernière phrase sort, je sais que même moi je n'y crois pas. Je n'aurais JAMAIS pu rester seule à Arkadia. Même si j'ai 19 ans, ma mère ne me laisserait pas seule dans une grande ville, et je ne le voudrais pas non plus, j'aime trop être entourée des gens que j'aime.
Pour la première fois depuis la mort de mon père, 3 ans plus tôt, ma mère va me quitter. Elle a un congrès de médecine très important qui se déroule en Europe et elle ne peut pas m'emmener avec elle car elle sera vraiment trop prise. C'est une chirurgienne de renommée internationale qui va être débordée. Et vu que TOUS mes amis ont décidé soit de bosser cet été soit de passer des vacances très loin d'Arkadia, je me retrouve obliger de passer l'été dans le village natale de ma mère, auprès de ce qu'il me reste de famille.
-Tu exagère ma chérie ! Il y a au moins 300 habitants voyons. Rigole ma mère en évitant exprès ma dernière phrase.
Génial, il a autant d'habitants que de vaches et de moutons en gros, je sens que je vais bien m'éclater.
-Et puis, tes grands-parents sont vraiment très contents de t'avoir chez eux tout un été. Ajoute ma mère.
Elle sait bien sur que cette remarque va faire mouche. J'adore mes grands-parents, ceux sont les parents de mon père. Les seuls qui le connaissait autant que ma mère. Les voir me permet de me sentir plus proche de mon défunt père.
Mes parents ont vécu dans le même petit village. Ma mère et sa famille ont emménagé lorsqu'elle avait 12 ans. Elle s'est tout de suite liée d'amitié avec le jeune garçon qui était son voisin, Jake Griffin. Et depuis, ils ont été inséparables. Enfin... jusqu'à ce qu'il ne meure lors d'un tragique accident de voiture.
Penser à tout cela m'attriste et je préfère retomber dans la contemplation de ce qui m'entoure. Une distraction bien heureuse arrive à point nommé. Le village se dessine devant moi.
Ma mère bifurque, déviant de la voie principale pour s'engager sur la petite route conduisant à l'entré de la petite ville. Je l'observe attentivement. Je m'y rends 3 fois par an au minimum depuis que je suis née, pour noël, lors de l'anniversaire de mariage de mes grands-parents et pour célébrer l'anniversaire de mon père...qui se trouve être aussi l'anniversaire du jour de sa mort, ajoutons à cela quelques week-end par-ci par là lorsque la vie de la ville commence sérieusement à taper sur les nerfs de ma mère.
J'ai toujours aimé venir ici, mais c'est surtout parce que je n'y suis jamais restée plus d'un week-end. Se passer d'internet, des réseaux sociaux, de ma vie mouvementée durant deux jours ça va, mais durant deux mois ?Tout simplement impensable!
Je vois le panneau indiquant le nom du lieu où nous sommes « TonDC ». C'est une petite bourgade en pente car elle est sur flanc de colline. Des champs de blés et des pâturages entourent la majeure partie du village, puis, en montant se trouve une vaste forêt avec par endroit des vergers.
J'adorais gambader dans les vergers lorsque j'étais petite. Mon père et moi montions dans la forêt grâce à un sentier appelé 'la neuf rue », puis nous débouchions après une longue ascension sur les mirabelliers et les pommiers alignés les un à côté des autres. Nous cueillions les fruits mûrs, enfin mon père les cueillait et moi je les mangeais, puis nous nous allongions dans l'herbe tendre en observant les nuages. Après des heures passées ainsi, le soleil finissait par décliner peu à peu et ma mère finissait toujours par nous rejoindre avec dans son sillage ma grand-mère qui nous disputait gentiment car nous avions passé trop de temps aux vergers alors que mon grand-père criait famine.
Ces souvenirs heureux font se dessiner un tendre sourire sur mon visage. Nous roulons dans le village paisible. J'observe par la fenêtre le peu de gens vaquaient à leurs occupations, les chevaux paîtrent tranquillement, pendant qu'au loin quelques tracteurs sillonnent les champs entourés de meules de foin.
Les maisons défilent par la vitre, un mélange de modernité et d'ancienneté, de belles maisons au design recherchés côtoient de grandes fermes faites de bois aux poutres apparentes.
La voiture s'enfonce de plus en plus dans la bourgade. Ma mère roule lentement puisque nous débouchons sur une sorte de petit carrefour dangereux car la visibilité est mauvaise. Deux chemins s'offrent à nous, l'un redescend vers un autre coin de la ville où se trouve le moulin et la petite école de TonDC, l'autre monte vers l'église et la forêt, une très vieille grange au bois sombre sépare les deux routes. Cette bâtisse sert de salle des « fêtes ». Si vous voulez mon avis, il s'agit plutôt des quatre murs branlants supportant un toit qui menace de s'écrouler au moindre coup de vent un peu fort. Pour y avoir déjà mis les pieds, je sais que l'espace disponible à l'intérieur est gigantesque.
Il y a une grande salle où une centaine de convives peuvent s'asseoir autour d'une très longue table, cette pièce est malheureusement remplie de poussière et de toiles d'araignées dans les hauteurs, le sol se trouve même être tout simplement de la terre battue jonchée de paille. A côté se trouve une ancienne porcherie recyclée en entrepôt pour garder les fûts de bière et autres boissons lorsque des soirées sont organisées. Il y a aussi une petite cuisine et enfin, une pièce assez grande et relativement propre ou peuvent se reposer les enfants lorsque la fatigue se fait sentir et que les parents veulent rester pour profiter des festivités. L'ancienne porcherie débouche sur une cours avec une petite estrade protégée où l'on peut mettre de quoi faire danser les fêtards.
J'avoue ne pas avoir participé à beaucoup de soirée dans cette grange et les rares fois où cela est arrivé je n'ai pas vraiment apprécié. Je ne voyais que des fermiers trop imbibés d'alcools et desmarmots courants partout. C'était bien loin des galas sophistiqués auxquels nous participions à Arkadia en l'honneur d'œuvres de charités multiples. Une fois, j'ai expliqué à ma mère ce que je ressentais. Elle a ri en me traitant de snobe, j'ai rougi évidemment. Elle est redevenue sérieuse en disant qu'elle pensait un peu la même chose mais que c'était les seules occasions où mon père pouvait voir et s'amuser avec ses amis d'enfances, je devais donc endurer ces rares moments pour lui.
Ma mère s'engage vers le chemin qui monte. La route se coupe une nouvelle fois en deux, l'église d'un côté avec une pente raide, et de l'autre une impasse qui débouche sur la forêt. La voiture se dirige vers l'impasse, elle parcourt 200 mètres puis s'arrête. Sa mère se range sur le trottoir, juste devant la maison des grands-parents. C'est l'avant dernière de la rue, puis la forêt commence.
Je sors de la voiture et étire mes muscles. Moins d'une heure de trajet depuis Arkadia et pourtant j'ai l'impression de me trouver à des centaines et des centaines de kilomètres, c'est tellement... perdu. Je me dirige vers le coffre de la voiture pour sortir mes affaires. Je sors à peine ma valise lorsque la porte de la cave s'ouvre avec fracas. Mon grand-père en sort avec un immense sourire. Ma grand-mère se trouve juste derrière lui. Je dévale précipitamment la petite pente pourtant très abrupte menant à la cave qui sert aussi de garage. J'atterris dans les bras de mon grand-père.
-Moi aussi je suis contente de te voir ma petite princesse. Rit-il en me serrant fort contre lui.
Après m'être autorisée quelques secondes dans ses bras, je file embrasser ma grand-mère qui n'attend que cela. La voix légèrement contrariée de ma mère se fait entendre derrière moi.
-Clarke, tu sais que je n'aime pas lorsque tu cours comme ça dans cette descente, un jour tu vas te rompre le cou !
Je hoche la tête en faisant mine de l'écouter. Nous savons toutes les deux que je n'arrêterais jamais, c'est une habitude que j'ai depuis que je suis toute petite.
Ma mère fait mine de soupirer mais je vois un petit sourire en coin se dessiner.
Avec l'aide de mes grands-parents, nous déchargeons la voiture rapidement. Nous passons par la cave pour entrer dans la maison. Évidemment, il y a une entrée plus « traditionnelle » mais c'est aussi une habitude de la famille qui n'est pas prête de changer. La pièce souterraine est fraîche comparée à l'extérieur ce qui est une bienheureuse chose. Une voiture occupe la moitié de l'espace, sur la droite se trouve un immense chauffe-eau ainsi qu'un lavabo et une porte menant à la cave à proprement parler, là où est entreposé les légumes du jardin. Nous dépassons la voiture, une porte mène à l'extérieur où se trouve le jardin, une autre donne sur une pièce avec un congélateur et une table sur laquelle est posée de multiples paniers et bocaux. A côté de la porte se trouve un escalier qui mène à la maison. Je monte ma grosse valise et débouche dans le couloir.
La maison de mes grands-parents n'est pas très grande mais elle est bien suffisante. A droite, une petite cuisine avec une table et une télévision, une salle à manger avec deux portes une menant sur la cuisine et l'autre sur le couloir. A gauche de l'escalier, une salle de bain, et deux chambres. Celle de mes grands-parents et la chambre d'enfant de mon père. Aucune des deux n'est pour moi.
Je me rend dans la salle à manger, une longue table s'y trouve, il y a aussi un canapé et une bibliothèque. Et cachée au fond de la pièce, une porte. Elle mène au grenier, là où je vais dormir.
A la base, le grenier servait de fourre-tout, mais il y a six mois, lorsque ma mère a appris qu'elle devait partir deux mois à l'étranger et que j'allais devoir vivre chez mes grands-parents, ces derniers ont décidé d'aménager le grenier. Et ils l'ont bien fait!
Je monte un nouvel escalier, toujours encombrée de ma valise. Ma nouvelle chambre s'offre à moi. Elle est magnifique. Les murs sont peints en bleu, le parquet est gris. Un immense lit se trouve au milieu de la pièce contre un mur. Il y a un coin détente avec un pouf qui m'a l'air très confortable et une bibliothèque. Et l'objet le plus important, un chevalet. Un atelier de peinture rien que pour moi avec tout ce qu'il faut sur des étagères. Une porte donne sur une salle de bain privée, très pratique pour m'éviter de descendre à l'étage.
Je pose mes affaires et ma mère qui m'a suivi fait de même.
-Wouhaaaa ! Ça a bien changé dis donc. S'extasie ma mère.
Je hoche la tête et me dirige vers le lit. Je m'y affale dessus et soupire de bien être tant il est confortable. Une fenêtre sur la pente du toit me permet de voir le ciel bleu. Un immense sourire étire mes lèvres lorsque je réalise que je vais pouvoir contempler les étoiles de tout mon saoule.
Ces vacances ne seront peut-être pas si terribles que cela au final.
Comment ai-je pu sérieusement penser que ces vacances allaient possiblement bien se passer ?!
Je jette un rapide coup d'œil au réveil posé sur la table de nuit. 6H08. Je manque de m'étouffer. Même lorsque je vais à la fac je ne me lève pas si tôt ! Clarke, tu es en vacances bon dieu ! Rendors toi ! J'adorerais m'écouter moi même, mais je n'y arrive tout simplement pas. J'entends le bruit des tracteurs, des chiens qui aboient. Il y a même un foutu coq. On pourrait évidemment penser que je suis habituée au bruit vu que je vis dans une grande ville. Sauf que voilà, je n'ai d'une pas l'habitude des bruits de la campagne et de deux, l'appartement que nous possédons à Arkadia est muni de vitres triple vitrage totalement insonorisées et je n'entends donc rien ou presque de ce qu'il se passe dehors.
Mon sommeil est vraiment TRÈS important pour moi, c'est même vital, LA chose primordiale à laquelle on ne touche surtout pas.
Je pousse un cris de rage en plaquant mon oreiller sur ma tête. Et le miracle se produit...je parviens à me rendormir.
Quelques heures plus tard, la porte de ma chambre s'ouvre violemment. Quelqu'un m'arrache ma couverture et me saute dessus.
Je me réveille en sursautant, déjà prête à frapper celui qui a osé commettre l'irréparable.
-Alors princesse, toujours au pays des rêves ? Tu attends que le prince charmant vienne te réveiller grâce à un baiser magique ? Rêve pas trop ma belle, le prince charmant n'existe pas ! Se moque une voix féminine que je reconnais immédiatement.
Je pousse un cris de joie et me jette sur elle pour l'enlacer.
-OOOOOOOOOO !Je hurle.
Octavia Blake est ma cousine préférée, bon c'est peut être aussi parce que c'est ma seule cousine alors... je n'ai pas vraiment d'autre point de comparaison. Mais il n'en demeure pas moins que je l'adore. Enfin sauf quand elle vient me réveiller à...Doux Jésus, si tôt ? Le réveille indique 11h18, ce qui est 42min plus tôt que ce que j'aurais voulu.
-Aller, lève toi la marmotte, les autres t'attendent en bas. Je te laisse 10min pour te préparer et si tu n'es pas en bas une fois le temps écoulé, je viens te chercher en te tirant par la peau du cul.
Et je la vois s'en aller aussi vite qu'elle est venue. Je me force à me lever. Je sais qu'elle ne plaisante pas, j'en ai déjà fait l'amère expérience.
Je me bouge donc. Je file dans la salle de bain sans oublier mon téléphone portable. Je choisis le morceau qui me permet chaque matin de me sortir de mon lit dans la joie et la bonne humeur. Les premières notes de Shake it Off de Taylor Swift raisonne dans la pièce. Oui je sais, j'ai les goûts musicaux d'une gamine de 15 ans mais j'assuuuuuummeee. J'entre rapidement dans la douche et me savonne tout en chantant à tue-tête. Je me brosse les dents sous la douche, hé oui gain de temps, et je sors. Je me sèche rapidement, enfile un short en jeans et un débardeur blanc et passe un coup de brosse dans mes longs cheveux blonds. Je reviens dans la chambre et regarde le réveille, je suis dans les temps. Chouette ! Je dévale l'escalier et rejoins ma grand-mère dans la cuisine.
-Tu as besoin d'aide ? Je demande.
-Non c'est bon ma princesse, merci de me le demander. Elle répond avec un sourire bienveillant.Les autres sont sur la terrasse, le repas est bientôt prêt.
J'acquiesce et sors dehors pour rejoindre les autres. Ils sont tous déjà assis autour de la table.
Mon grand-père est en bout comme à son habitude, la place du chef de famille. Mon cousin Bellamy à sa gauche, à côté de lui sa sœur Octavia. A la droite de mon grand-père, une chaise vide, celle de ma grand-mère, puis vient ma tante Jessica la mère de O et Bell, ma mère se trouve ensuite.
Je fais la bise à tout le monde et viens m'asseoir à côté de ma cousine, en face de ma mère. La place vide à côté de moi et de ma mère, en face de mon grand-père était celle de mon père. Un pincement au cœur se fait sentir dans ma poitrine mais je tente de passer outre.
Heureusement, ma grand-mère arrive avec l'entré, ce qui détourne mon attention de la place vide à côté de moi.
Je me jette sur le pâté de volaille comme une morfale. Pour ma défense, il est vraiment excellent. La sœur de ma grand-mère est une spécialiste en la matière et elle ne manque pas de fournir sa sœur le plus souvent possible, pour la plus grande joie de nous tous.
-Alors princesse, tu vas passer tes vacances ici ? Demande Bellamy, entre deux bouchés de salade de concombres.
-Ne parle pas de chose qui fâche Bell. Rigole ma mère.
Je lance un regard noir à ma mère. Puis me tourne vers mon cousin.
-Il se trouve qu'effectivement je vais devoir passer mon été ici, pendant que ma mère va faire la fête en Europe. Je maugrée. Mais je sens que je ne vais pas tenir, sérieux, j'ai entendu un coq ce matin ! Un fichu coq, Bell !
Tout le monde éclate de rire et je me renfrogne.
-Rahhh la citadine qui parle... S'amuse Octavia.
Je lui fais un discret doigt d'honneur pour ne pas être prise en flagrant délit par ma grand-mère.
-Ne t'en fais pas princesse, O et moi sommes là aussi donc tu ne seras pas seule. M'explique mon cousin.
Je fronce les sourcils. Je comprends que Bellamy passe les vacances à TonDC car il est souvent pris comme saisonnier, mais pourquoi Octavia viendrait-elle s'exiler dans ce coin perdu ? La question dû se lire sur mon visage car Jessica prend la parole.
-Si elle reste c'est pour le beau Lincoln. Lance ma tante avec une expression énigmatique.
Je me tourne vers O pour qu'elle m'explique qui est donc ce Lincoln. Ma cousine ne se fait pas prier.
-Je voulais te le dire je t'assure ! Mais j'attendais le bon moment. Lincoln est mon petit copain, je te le présenterais bien sur!
J'ai toujours eu l'habitude que ma cousine me dise tout, et ça a toujours été réciproque. Elle est plus que ma cousine, c'est aussi ma confidente et ma meilleur amie. Je suis donc un peu déroutée qu'elle ne m'en ait pas parlé. Cependant, je décide de lui laisser le bénéfice du doute, elle doit avoir une raison cachée.
Nous débarrassons la table des entrés vides pendant que ma grand-mère apporte le plat de résistance. Rôti et pomme de terre, plat qui semblerait banal certes, mais au final vraiment délicieux. Les choses les plus simples sont parfois les meilleurs. Mon père aimait beaucoup sortir cette phrase et je dois bien avouer qu'il a toujours eu raison.
Nous parlons de tout et de rien, le repas se passe agréablement. Nous arrivons bientôt au dessert, une tarte à la mirabelle, ma préférée.
-Ça vous dit une petite balade digestive pour faire passer tout cela ? Demande Bell en se tapant le ventre doucement.
Je préférerais vraiment faire une sieste plutôt mais mes cousins ne manqueraient pas de me traiter de marmotte asociale comme à leur habitude. Je hoche donc la tête pour montrer mon assentiment. La plupart des gens autour de la table fond de même.
-J'aurais adoré venir avec vous mais malheureusement je dois encore préparer mes valises pour mon départ pour l'Europe. Dit ma mère avec déception. Je ne vais pas tarder à vous quitter.
Ce rappel me rend un peu triste. Je n'ai pas pour habitude d'être loin d'elle, surtout depuis la mort de mon père. Heureusement pour moi, mes grands-parents et mes cousins seront avec moi.
-Je vais rester à la maison aussi, je ne suis plus tout jeune, une petite sieste me ferait du bien. S'excuse mon grand-père.
-Je serais bien venue aussi mais la vaisselle ne va pas se faire toute seule mes amours. Dit ma grand-mère.
-Tu sais mamie, il serait peut-être temps que tu investisse dans un lave-vaisselle. Rigole Octavia.
-Ne t'inquiète pas maman, vas avec eux, je ferais la vaisselle. Propose Jessica.
-Parfait ! Aller hop les filles, on y va. S'exclame Bellamy, tout content.
Ma grand-mère bougonne un peu mais finit par se laisser convaincre.
Je rejoins ma mère dans l'ancienne chambre de mon père. Elle range la pièce où elle a passé la nuit.
Cette pièce me rappelle bien trop mon père mais j'essaye d'y faire abstraction. Il est temps pour moi de dire au revoir à ma mère et je préfère être seule avec elle pour le faire.
-Je suis désolée de te laisser ici Clarke, je...Commence ma mère.
-Ce n'est pas la peine maman, je le sais. Je...c'est juste que je n'ai pas envie que tu parte. Mais je comprends, tu ne m'abandonne pas. Et puis je serais avec papy et mamie et O et Bell sont là aussi donc ça ira. Je dis avec un sourire rassurant.
-Je reviendrais vite promis, tu ne t'apercevras même pas de mon absence.
Même si je suis dubitative, j'acquiesce. Peut-être qu'elle a raison après tout. On verra bien.
Ma mère me prend dans ses bras et je me laisse aller. Je verse quelques larmes mais me reprends très vite. Je tente un pauvre sourire mais ma mère n'est pas dupe. Cependant, elle n'ajoute rien de plus. Je l'aide à sortir le peu d'affaire qu'elle doit transporter jusqu'à la voiture. Les autres nous rejoignent. Ma mère embrasse tout le monde et monte dans la voiture.
-Je t'appellerais chaque soir ma princesse. Me promets ma mère.
-Hum, mouais...si j'arrive à capter quoique ce soit ici, ça serait un miracle. Je tente pour détendre l'atmosphère.
-Ne t'inquiète pas princesse, on a le téléphone fixe. Se moque ma grand-mère.
Je la regarde avec des yeux comme des soucoupes. Téléphone fixe ? Je parie qu'il a encore un fil pour le relier à la base...
Je fais mes derniers adieux à ma mère puis nous rentrons tous dans la maison.
Nous nous préparons à sortir de nouveau pour la petite balade digestive. Je monte dans ma chambre pour chercher mes lunettes de soleil et un chapeau de paille. Bon ok ça fait un peu trop mais j'aime trop ce chapeau. Je sors dehors, devant la maison, où les autres m'attendent déjà. Évidemment, Octavia se moque de mon couvre-chef, mais j'ai l'habitude. Je lui fais donc un discret doigt d'honneur pour ne pas que ma grand-mère ne me surprenne.
-En route, mauvaise troupe ! Nous lance Bell.
