Les bardes savent beaucoup de choses, plus que la plupart des mortels. Surtout ceux qui ne le sont pas, justement.

Parmi toutes les chansons que connaît Aldo Azur, il y en a quelques unes qu'il affectionne tout particulièrement. Personne ne sait qui les a écrites, ni pour qui.

Sauf Aldo.

Ces chants, ces poèmes, il les récupère au cours de ses nombreux voyages. Dans les somptueux châteaux des rois, jusque dans les plus obscurs chambres des bordels. Les petites gens comme les plus riches sont sources d'intarissables histoires. Amour, haine, passion, jalousie… Tant de sentiments mis à nue par les actes.

Et par les mots.
Il ne les chante que dans certaines occasions, quand le vent s'y prête et que la nuit d'été gorge ses narines de ses plus doux parfums.

Ou lorsque la froideur d'un long hiver emplit son coeur et que ses doigts engourdis jouent d'eux même ces mélodies venues d'un autre temps.

D'une autre époque.

Ou d'un autre monde.

Oui, Aldo a beaucoup voyagé. Et parfois, étrangement, comme si le destin tissait un tableau où seuls apparaîtraient certains détails familiers, il retrouve des âmes liées.

Empruntes de la même ferveur.

De la même rage.

De passion.

La culture orale en a peut-être changée les mots, mais pas leur sens. Et quand Aldo se laisse emporter par la mélancolie, ce sont ces mots qui lui reviennent .
Il serre son instrument près de lui, regarde vers le ciel, et de sa douce voix il chante.