Salut tout le monde!
Après une longue absence, je me lance dans une nouvelle aventure en tentant d'écrire sur du Jemily. J'espère que ce premier essai vous plaira!
Bonne lecture!
Écarquillant les yeux, Jennifer Jareau avait du mal à réaliser ce qui était en train de se produire. Après une enquête plutôt éreintante, l'équipe de la BAU avait décidé de décompresser autour d'un verre. La soirée avait été animée de rire, comme à chaque fois qu'ils arrivaient à mettre la main sur le coupable et à le jeter derrière les barreaux. Puis, au moment de rentrer, Emily Prentiss lui avait gentiment proposé de la raccompagner en voiture. Chose que la blonde n'avait bien évidemment pas refusée, aimant la galanterie de son amie. Mais rien, vraiment rien ne pouvait expliquer le fait qu'en cet instant, sur le pas de la porte de son appartement, les lèvres de l'agent Prentiss se trouvaient contre les siennes.
Revenant à ses esprits, JJ réussit finalement à reprendre le contrôle de son corps avant de repousser doucement sa collègue. Pas assez pour imposer une distance normale entre deux collaboratrices toutefois. Tout semblait se chambouler dans son ventre, tout comme dans sa tête d'ailleurs. Complètement estomaquée, n'ayant pas du tout vu les événements venir, la blonde marmonna maladroitement :
— Euh… Em ?
— Je t'aime, Jennifer, déclara Emily de but en blanc avant de détourner les yeux.
JJ en eut le souffle coupé, comme si l'on venait de lui mettre un coup de poing dans la poitrine.
— Je… hésita-t-elle, ayant du mal à aligner deux pensées cohérentes. Em, je ne sais pas quoi te répondre. Tu es mon amie, l'une de mes meilleures amies même. Mais je…
— Je le sais.
Avec délicatesse, la brune caressa la joue de son interlocutrice. Elle ne put s'empêcher d'admirer pour la énième fois la joliesse de ce visage d'albâtre, ces yeux cobalt si envoutants, ces lèvres roses si attirantes… Le sourire tendre d'Emily parut désolé, presque chagriné.
— Je le sais, répéta-t-elle doucement. C'est peut-être égoïste de ma part, mais j'avais besoin de te le dire.
— Mais… Depuis quand ? questionna l'agent Jareau, un peu mal à l'aise.
— Difficile à dire, rit tristement Emily.
En réalité, cela avait été dès leur rencontre à la BAU, mais elle sentait que ce détail aurait été de trop en vue de la réaction de la blonde en ce moment. Prentiss s'était attendue à ce genre de conclusion, sachant pertinemment que JJ était hétéro, que celle-ci ne pouvait éprouver la même chose en retour. Mais elle ne pouvait plus garder ses sentiments pour elle, cela la rongeait à petit feu. Alors, Emily s'était jetée à l'eau même si une impasse l'attendait à l'autre bout. Elle avait besoin de cette prise de conscience pour se réveiller de la torpeur de son cœur et, pourquoi pas, pour essayer de tourner la page.
JJ se balançait d'un pied à l'autre, frottant nerveusement ses doigts. Elle leva ses yeux à la pureté de l'océan dans le regard ténébreux de la brune. Celle-ci était en tout point une femme belle et attirante. Mais l'agent Jareau ne s'était jamais intéressée à la gent féminine ou du moins, elle ne s'en était jamais posé la question.
— Peut-on rester amie ? demanda-t-elle avec une boule dans la gorge.
Si elle venait à perdre l'amitié d'Emily, la blonde savait qu'elle aurait beaucoup de mal à s'en remettre. Elle tenait bien trop à leur amitié, à leur complicité qui n'avait fait que grandir au fil du temps. L'idée même d'une telle perte faisait poindre les larmes aux bords de ses yeux.
— C'est tout ce que je demande, concéda Prentiss en retirant doucement sa main. Pour rien au monde, je ne voudrais me passer de ton amitié, JJ.
Sans crier gare, la brune prit son amie dans ses bras. Cette dernière se tendit quelque peu, se sentant ridicule de réagir ainsi alors que ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait dans ce genre de situation. Situation qui, d'habitude, elle en était l'initiatrice, sachant l'agent Prentiss peut tactile. L'hésitation repoussée, JJ répondit à l'embrassade et tapota le dos de sa camarade.
— Cela ne va rien changer à notre amitié, n'est-ce pas ? interrogea-t-elle avec inquiétude.
— Rien du tout, répondit Emily en se retirant avec un sourire qui se voulait rassurant. Rien ne changera entre nous, je te le promets.
Sur ces mots, elle recula de quelques pas. Elle salua son interlocutrice avant de faire volte-face et de se diriger vers l'ascenseur. JJ la regarda partir, immobile sur le palier de sa porte. Elle ne savait pas vraiment comment intégrer et gérer les derniers événements. Ni même comment interpréter les palpitations de son cœur. Emily était amoureuse d'elle ? Mais comment avait-elle fait pour ne pas l'avoir vu venir ? Et elle osait se prétendre profileuse ? Bon, bien sûr, tous les membres d l'équipe avaient promis de ne pas s'analyser les uns les autres. Sans oublier qu'Emily était particulièrement douée pour ce qui était d'étouffer et de cacher ses sentiments. Mais là…
Dépassée et épuisée, la blonde choisit de rentrer dans son appartement et d'aller trouver un peu de sommeil. Demain était un autre jour… Et puis, la nuit portait conseil, non ?
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Et Emily avait parfaitement tenu sa promesse. Les jours qui suivirent furent comme si cette nuit révélatrice n'avait jamais eu lieu. Celle-ci était comme à son habitude, taquine et professionnelle. Elle continuait de charrier JJ, au même titre que les autres membres de l'équipe. Elle ne semblait avoir aucune difficulté ou de gêne à discuter avec celle à qui elle avait avoué ses sentiments. Elle ne lui tenait pas non plus rigueur pour le rejet. Oui, c'était vraiment comme si cette nuit n'avait jamais existé.
Au départ, l'agent Jareau avait été plus qu'heureuse d'apprendre que son amitié avec la brune était restée intacte. Devant le comportement de celle-ci, elle réussit également à garder son naturel. Et très vite, tout sentiment de malaise s'envola. Et pourtant, plus les jours défilaient, plus JJ se sentait étrangement déprimée. Déprimée aurait été un terme peut-être un peu fort, mais elle ressentait une forme de vide dans sa poitrine qu'elle ne saurait expliquer. Elle se rendit aussi compte qu'elle guettait bien plus les faits et gestes d'Emily qu'avant, la détaillant dès qu'elle le pouvait comme si cette dernière l'intriguait. Mais Emily restait Emily, non ? Peut-être était-ce parce que la blonde la voyait sous un nouveau jour. Après tout, elle ne savait même pas que sa collègue était attirée par les femmes !
— JJ ?
Relevant soudainement la tête et sortant de ses pensées, l'interpellée se rendit compte que Dereck Morgan la regardait d'un air à la fois amusé et à la fois inquiet. Comme toujours, il se tenait bras croisés et arquait un sourcil interrogateur.
— Pardon, tu disais ? hoqueta la blonde, clignant des paupières.
— Tiens, il est rare que tu te laisses subjuguer par mon corps irrésistible, railla Dereck en penchant la tête sur le côté.
— Ne la confonds pas avec Garcia, rit Emily qui, passant derrière le brun, le frappa derrière la tête avec le dossier qu'elle tenait dans la main. Allez, le briefing ne va pas tarder à commencer.
Alors que Morgan faisait mine de grimacer de douleur, Emily sourit à JJ avant de continuer sa route jusqu'à la salle de réunion. La blonde se leva gentiment pour suivre sa camarade, Dereck lui emboîtant rapidement le pas.
— La chevalière servante avec son gros dossier, se moqua-t-il d'un air penaud.
— Je n'ai pas besoin d'Emily pour te botter le cul, Morgan, rétorqua JJ avec un sourire en coin, levant un doigt menaçant.
— Je suis dans un nid de vipères. Heureusement que Garcia est là pour réconforter mon petit cœur.
La blonde roula des yeux, feignant de soupirer avec exaspération. Ils rirent ensemble alors qu'ils s'installèrent chacun à une chaise. Mais le sérieux s'abattit dans la pièce dès qu'Aaron Hotchner y pénétra. Immédiatement, les discussions cessèrent et tous étaient parfaitement attentifs pour la suite des événements.
— À présent que tout le monde est installé, nous allons pouvoir commencer, déclara le chef d'équipe en s'asseyant à son tour. Garcia ?
— C'est parti, mes petits chevaliers en chemise blanche, déclara la crack en informatique en distribuant les dossiers à ses collègues.
Ainsi, le briefing put commencer. Trois corps avaient été retrouvés. Toutes les victimes étaient des femmes d'une trentaine d'années. Les photos de ces dernières s'affichèrent sur le tableau, révélant des dames de tout type : blonde, brune, châtaine, blanche, noire… Toutes avaient été violentées, comme le montre leur corps meurtri d'ecchymoses avant d'avoir été étranglées.
— Notre suspect ne semble pas avoir un type de cible particulier, si ce n'est que ce sont toutes des femmes, remarqua Emily alors qu'elle feuilletait le dossier. Combien de temps entre les meurtres ?
— Il semblerait que le tueur garde sa victime quelques jours, en moyenne cinq, avant de les tuer, expliqua Garcia en faisant un rictus horrifié. Il ne lui faut pas plus d'une semaine avant de repasser à l'acte.
— C'est sûrement un crime de haine, souligna David Rossi en secouant la tête. Regardez-moi ces corps meurtris. Il y met vraiment du cœur, le salopard. Puis, la strangulation est le summum de son rituel. Je suis certain qu'il regarde ses victimes dans les yeux alors que celles-ci sentent leur vie s'échapper petit à petit.
Les autres membres de la BAU se contentèrent de hocher la tête, tous parfaitement d'accord avec la remarque. Il n'y avait aucun doute sur le message qui transparaissait sur les corps : le coupable avait une colère indéniable envers la gent féminine. Ou alors envers une personne qu'il projetait sur ces pauvres femmes.
— Trois corps… marmonna Dereck avant de relever les yeux. Pourquoi demander nos services que maintenant ? À partir de la deuxième victime, ils auraient déjà dû faire appel à nous.
— C'est parce que les autorités n'avaient pas immédiatement fait le lien, intervint la technicienne en informatique en désignant la première victime. Celle-là n'a pas été trouvée au Texas comme les deux dernières, mais en Arkansas. C'est pour cela qu'ils n'ont pas fait immédiatement le lien entre les meurtres.
— À quand remonte la mort de la dernière victime ? interrogea JJ.
— Il y a trois jours…
— Bien, coupa Hotchner en refermant son dossier. Cela veut dire que notre tueur ne va pas tarder à recommencer. Nous décollons dans dix minutes.
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À bord du jet, JJ regardait distraitement les nuages à travers le hublot. Hotchner et Rossi, assis à l'autre bout, étaient tous deux plongés dans le dossier de l'enquête. Morgan était allongé sur la longue banquette, semblant rattraper des heures de sommeil. En face de la blonde, installé dans le même carré qu'elle, Spencer Ried était en train de jouer une partie d'échecs contre lui-même. Celle-ci leva les yeux vers Emily qui vint se poser à côté d'elle avant de lui tendre une tasse de café encore fumante. Alors qu'elle allait accepter la boisson chaude, elle ne put réprimer un terrible bâillement.
— Je vois que cette dose de caféine tombe à pic, railla la brune avec un sourire taquin.
— Merci, Em ! Tu es mon héroïne, répondit JJ en soupirant de plaisir.
— Saviez-vous que le soupir permet de réinitialiser notre souffle et de garder notre système flexible ? intervint Ried qui parut quitter l'univers des échecs. Cela permettrait de relancer notre métabolisme et c'est au moins deux fois plus puissant qu'une expiration normale, il serait même…
— Hey, petit génie, je dors déjà, coupa Dereck avec un sourire en soin, sans ouvrir les yeux. Pas la peine d'en rajouter pour m'aider.
Ils rirent affectueusement, tous connaissant la manie du jeune surdoué à offrir son savoir. Spencer ne s'en offensait aucunement, lui-même sachant qu'il avait du mal à restreindre cette habitude. Avec le plus grand naturel du monde, il se remit à son jeu d'échecs.
Le sourire encore sur les lèvres, Emily observa le jeune homme et son activité. Du coin de l'œil, JJ la contempla derrière sa tasse de café. Elle scrutait ce visage qu'elle avait appris à connaître par cœur au fil des années. Et pourtant, elle semblait s'émerveiller de certains détails. La brune avait-elle toujours eu de si beaux et longs cils ? Est-ce que la forme de sa bouche avait-elle toujours été aussi sensuelle ? Et pourquoi épiait-elle son amie d'abord ? La blonde détourna rapidement les yeux, comme si elle venait de s'être fait prendre. Son cœur se mit à battre la chamade, mais elle préférait l'ignorer et reprendre une gorgée de sa boisson.
— N'est-ce pas, JJ ?
Sortant finalement de ses pensées, l'interpellée releva brusquement la tête et hoqueta :
— Euh, oui ? Pardon ?
— Ried me proposait de jouer aux échecs contre lui, mais autant me proposer de me prendre une défaite cuisante dans ce cas-là, expliqua Emily avec patience avant de froncer des sourcils avec inquiétude. Est-ce que tout va bien ? Je te trouve bien distraite aujourd'hui.
Avec naturel, elle déposa le revers de sa main contre le front de la blonde, cherchant à prendre la température de cette dernière. Le contact surprit l'agent Jareau qui tressaillit imperceptiblement. La main chaude d'Emily contre sa peau lui procurait d'étranges frissons dans son bas-ventre. Une réaction totalement irraisonnée dans la mesure qu'ayant toujours eu une amitié forte, elles avaient l'habitude de se toucher.
— Ce n'est rien, rassura JJ en repoussant doucement la main de son amie. Je suis simplement exténuée, voilà tout.
— Oh, fit la voix joueuse de Dereck. Est-ce que notre petite blondie aurait été sensuellement vilaine durant son weekend ?
— Tu n'es pas censé dormir, toi ?
— Jamais quand il est question d'histoires charnelles.
Roulant des yeux, JJ émit un long soupir avant de croiser le regard de Ried.
— Non, je ne suis pas en train de réinitialiser mon métabolisme, dit-elle avec sarcasme. Je suis vraiment exaspérée par notre Casanova.
— Une fois de plus, tu me brises le cœur, ma jolie, gémit l'agent Morgan en feignant l'agonie. Bientôt, il ne sera plus que poussière.
— Ça suffit, les enfants, intervint Emily avec une voix faussement autoritaire. Nous allons bientôt atterrir, alors tenez-vous tranquille.
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— Merci d'être venus aussi vite, déclara un homme en tendant la main au chef de la BAU. Je suis Charles Harrison, le shérif.
— Enchanté, je suis Aaron Hotchner, répondit le profileur avec son sérieux habituel. Et voici mon équipe : l'agent Rossi, Morgan, Prentiss, Jareau et le Dr. Ried.
— Heureux de faire vos connaissances, même si cela se fait en de tristes circonstances. Suivez-moi.
Les agents du FBI suivirent le shérif à travers le commissariat, non sans manquer les regards suspicieux, curieux ou encore mauvais des policiers locaux. C'était toujours ainsi que ces gens réagissaient lorsque des fédéraux débarquaient sur leur « territoire », ayant la stupide impression que l'on remettait leurs compétences en cause. Mais les membres de la BAU passaient outre ce genre de détail, bien trop habitué à ce genre de situation à chaque fois qu'ils prenaient une enquête à leurs collègues. Après tout, ils étaient ici pour donner un coup de main et non, les accuser d'une quelconque incompétence.
Le shérif Harrison les mena devant un petit local muni de deux grandes tables, d'un tableau et d'un canapé. Alors qu'il leur désignait la pièce, il leur sourit avec excuse et déclara :
— Navré, je n'ai pas plus grand à vous offrir. C'est plutôt un petit commissariat ici. Nous sommes dans une petite ville tranquille après tout. Nous n'avons pas l'habitude de ce genre de crime.
— Ne vous inquiétez pas, cet endroit est parfait, rassura Hotchner en hochant la tête.
Alors que l'équipe s'installait et que Charles allait s'occuper de résumer la situation, une femme débarqua dans la salle. Celle-ci portait une simple chemise blanche et un jean noir. Ses courts cheveux blonds étaient frivoles alors que ses yeux étaient comme deux émeraudes. Elle semblait à son aise et aucunement gênée de s'imposer dans une pièce remplie de fédéraux. Voyant le peu de surprise du shérif face à cette invasion, les membres de la BAU le dévisagèrent avec curiosité. Mais ce fut l'arrivante qui coupa court aux questions :
— Bonjour à tous, je suis Cameron Cole. Je vais également vous aider à attraper le salopard qui a déjà fait trois pauvres victimes.
— L'inspectrice Cole travaillait sur l'enquête en Arkansas avant que d'autres corps soient trouvés ici, ajouta le shérif afin de dissiper tout malentendu.
— Il est hors de question que je m'arrête avant d'avoir retrouvé ce salaud.
— Et votre aide est la bienvenue, acquiesça Hotchner. Que pouvez-vous nous dire de plus sur l'affaire ?
— J'étais parvenue à une conclusion que les deux dernières victimes pourront peut-être confirmer.
— Et qui est ? demanda JJ.
Cameron tourna les yeux vers la blonde et lui offrit un sourire arrogant qui ne plut pas beaucoup à cette dernière.
— Cela me semble pourtant évident, déclara l'inspectrice avec assurance. Toutes les victimes, selon moi, sont homosexuelles.
— Je suppose que vous avez vérifié vos affirmations avec la première victime, répondit Emily en croisant les bras. Notre analyste ne tardera pas à confirmer pour les deux autres alors.
Sans même attendre la moindre demande, Dereck dégaina son téléphone portable et composa un numéro. Il glissa ensuite l'appareil au centre de la table.
— Ici, la reine du savoir absolu et incontestable. Que puis-je pour toi, mon bel Apollon en chocolat ?
— Tu es sur haut-parleur, petit cœur, rit l'agent Morgan. Il serait possible que les deux dernières victimes jouaient dans la même équipe que moi. Tu pourrais nous confirmer cela ?
— C'est comme si c'était fait ! Donnez-moi juste une petite minute…
Le silence s'abattit dans la pièce, seul le son de Garcia tapant sur son clavier brisait ce mutisme. Celle-ci marmonnait dans sa barbe alors que l'équipe devinait les tonnes d'informations qui devaient défiler devant son écran. Patientant sagement sur sa chaise, JJ ne manqua pas de remarquer que le regard de l'inspectrice Cole était sur Emily. Cameron ne se cachait presque pas de reluquer la brune de la tête aux pieds. Et apparemment, ce qu'elle voyait semblait lui plaire. Si l'agent Prentiss s'en était aperçu, elle n'en montrait rien en tout cas, concentrée sur le téléphone et la future réponse de l'informaticienne.
— Alors, alors… Il semblerait que Stacy, la seconde victime, participait à beaucoup d'événements LGBT, une vraie militante. Je ne sais pas si l'on peut considérer que cela suffit pour affirmer son orientation. Par contre, Tania est ouvertement lesbienne. Il suffit d'aller sur son profil Facebook où elle s'affiche avec toutes ses conquêtes. Et… Oh, oh…
— Dis-nous tout, ma petite déesse de l'informatique, encouragea Dereck.
— Hé bien, en consultant leurs relevés bancaires, je découvre que toutes les deux fréquentaient le même bar gay avant de se faire enlever et… tuer.
— C'est sûrement à cet endroit que notre tueur choisit ses victimes, supposa Rossi en fronçant des sourcils. Et ce sera certainement à cet endroit qu'il prendra la prochaine.
— Comment pouvez-vous en être si sûr ? interrogea Cameron, sceptique. Qui vous dit qu'il n'a pas changé de ville ? Ou encore d'État ? Après tout, nous sommes bien loin de l'endroit où nous avons trouvé la première victime.
— Cela devait être un premier essai, répondit Ried en mettant ses deux mains devant lui, comme il le faisait toujours lorsqu'il expliquait quelque chose. Ici, nous avons deux victimes consécutives qui ont été, semble-t-il, enlevées au même endroit. Cela voudrait dire que notre suspect aurait trouvé sa zone de confort. Et en se basant là-dessus, il ne devrait pas se mettre en mouvement de sitôt.
Les membres de la BAU acquiescèrent de concert, tous convaincus de la même chose. L'inspectrice et le shérif ne purent que faire confiance en l'analyse de ses profileurs.
— Dans ce cas, qu'attendons-nous pour aller investir les lieux et interroger les témoins ? argua Cameron qui se faisait impatiente.
— Ce serait une mauvaise idée, rétorqua doucement JJ.
— Et pourquoi donc ?
Cette fois-ci, ce fut au tour de l'agent Jareau d'arborer un sourire suffisant envers son interlocutrice. Ce n'était pas son genre de se jeter dans ces puérilités, pas du tout même, mais quelque chose chez l'inspectrice Cole l'agaçait. L'arrogance de celle-ci lui donnait envie de la remettre à sa place.
— Parce que si on fait du remue-ménage, il se peut que notre suspect choisisse de plier bagage, concéda Emily en affaissant les épaules. On ne peut pas prendre le risque de le perdre à nouveau dans la nature.
Le regard de JJ croisa celui de la brune. Elles se sourirent avec complicité, comme si elles étaient sur la même longueur d'onde. L'agent Jareau savait pertinemment que sa meilleure amie arrivait à deviner facilement ses pensées, à réfléchir dans son sens. C'était pourquoi celle-ci terminait souvent ses phrases. Une connivence qui ne parut pas échapper à Cameron qui toisait les deux femmes tour à tour.
— Garcia, envoie-nous l'adresse de ce bar, déclara Hotchner avec autorité. Nous garderons cette carte jusqu'au dernier moment. Avant cela, Morgan et Ried, vous irez voir le médecin légiste. JJ, Prentiss et l'inspectrice Cole, vous irez sur la dernière scène de crime. Rossi et moi allons rendre visite aux familles des victimes. Allez, au boulot !
Tous se levèrent et s'empressèrent de se mettre au mouvement. Plus vite ils agiront, plus ils auront de chance d'attraper le tueur avant qu'il ne sévisse à nouveau.
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Assise à l'arrière de la Jeep noire, JJ se tenait contre la fenêtre de droite. De temps à autre, elle levait les yeux vers la conductrice avec agacement. Allait savoir pourquoi, mais l'inspectrice tenait absolument à conduire le véhicule. Elle avait tellement insisté sur la chose que la blonde se serait presque attendue à ce que celle-ci déclare que cela était son rôle de butch de le faire. L'agent Jareau n'avait aucun doute sur l'orientation sexuelle de leur collègue de fortune. Il suffisait de voir l'exacerbant galanterie de celle-ci à l'égard d'Emily et surtout, sa façon de la dévorer du regard. C'en était presque indécent ! D'ailleurs, la brune était installée sur le siège passager.
Comment n'ai-je jamais remarqué cela chez Emily ? vint à se demander JJ, pensive. Avec du recul, elle remarquait que son amie avait des tendances parfois similaires à Cameron. Pas de manière aussi irritante, bien entendu. Mais Emily s'était toujours montrée très galante envers elle, très protectrice et charmeuse. Jusqu'à présent, l'agent Jareau n'avait jamais soupçonné les sentiments qui s'y dissimulaient derrière. Elle n'avait même jamais soupçonné l'homosexualité de sa camarade.
— Donc, déclara Cameron avec jovialité. Depuis combien de temps travailles-tu pour le FBI ? Emily, c'est ça ?
— Oui, c'est cela, répondit Emily avec un sourire. Cela doit faire presque deux ans que j'ai rejoint la BAU.
— Tu dois avoir de sacrées compétences pour être arrivée jusque-là. Si j'avais été Texane, j'aurais tiré mon chapeau de cow-boy.
Croisant les bras, JJ se demandait si elle devait ou non rappeler sa présence à la conductrice. Mais elle n'avait pas réellement envie de lui adresser la parole. Plus le temps passait, plus Cameron devenait irritante à ses yeux.
— En tout cas, je vois que tu mets du cœur dans ton travail, remarqua l'agent Prentiss. Venir jusqu'ici pour continuer l'enquête. D'un côté, je peux parfaitement comprendre, je n'aime pas laisser les choses en suspens.
— Pour les victimes, mais également pour la communauté LGBT, renchérit l'inspectrice Cole avec solennité. Il est indéniable que le tueur cherche à nuire aux femmes homosexuelles, aux femmes comme moi.
On ne l'avait pas deviné, se retint de dire la blonde à l'arrière, regardant par la fenêtre comme si elle ne s'intéressait pas à la conversation.
— Ne laisse pas tes émotions te guider lors de l'enquête, rappela Emily. Tu pourrais te mettre en danger.
— Mais tu seras là pour assurer mes arrières, répliqua l'inspectrice Cole avec un sourire charmeur. D'ailleurs, est-ce que je peux d'appeler Em ? Je trouve cela tellement mignon.
JJ avait du mal à en croire ses oreilles. Comment est-ce que la conversation avait pu dévier de la sorte ? Et surtout, elle était presque outrée de voir avec quelle familiarité cette Cameron cherchait à se rapprocher de sa meilleure amie. Pour peu, ce serait comme si elle essayait de draguer la brune.
— Je préfèrerais Emily, si cela ne te dérange pas, protesta gentiment cette dernière d'un air désolé.
Appuyant son menton contre sa main, JJ retint le sourire moqueur qui voulait s'afficher sur son visage.
— Comme tu voudras, soupira Cameron en dissimulant sa déception. Toutefois, tu peux m'appeler Cam. Sinon, je trouve que cela ferait trop sérieux. Et dans la vie, il faut également du plaisir, non ?
La brune se contenta de rire face au sous-entendu. Elle tourna son regard vers la conductrice, celle-ci jouant indéniablement de ses charmes. Bien que prenant un air taquin, Emily fit mine de ne pas avoir relevé la remarque et porta son attention sur la route.
Les trois femmes arrivèrent finalement sur la scène de crime qui se trouvait être en plein désert. Il n'y avait aucune habitation aux alentours, le premier ranch se trouvant à plus de six kilomètres de là. Il avait donc été facile pour le tueur d'y déposer le corps sans qu'aucun témoin ne puisse l'apercevoir. Ci et là, les banderoles jaunes délimitaient la zone interdite. La police scientifique ayant déjà relevé tous les empreintes et indices potentiels, les arrivantes purent s'y aventurer sans risquer de polluer la scène.
Alors que l'inspectrice Cole était partie interroger l'un des membres de l'équipe scientifique, JJ et Emily s'avancèrent à l'endroit où le corps avait été déposé. D'après les clichés qu'on leur avait fournis, Tania avait été jetée ici comme un vulgaire sac de déchets. Comme les autres victimes, elle portait encore les vêtements du jour de son enlèvement, bien qu'étant en très piteux états. Il n'y avait eu aucune agression sexuelle, ce qui rendait les profileurs plutôt sceptiques et qui les renforçaient sur le mobile de la haine et de la vengeance.
— Cet endroit est à l'écart de la route et pas la moindre trace de pneu, fit remarquer Emily en regardant les alentours. Notre tueur aurait donc la capacité physique de transporter sa victime jusqu'ici.
— À moins d'avoir un complice, suggéra JJ avant de secouer la tête. Mais cela ne correspondrait pas au mode opératoire. Nous avons indéniablement un sadique qui aime torturer ses victimes avant de les étrangler.
La blonde scruta l'endroit où s'était trouvée la victime. Ce lieu abandonné avait été la « tombe » de Tania durant plusieurs jours avant qu'un jeune couple eut voulu explorer une certaine activité en plein air. Cela éveilla comme toujours une colère indicible dans sa poitrine. Jamais elle n'arriverait à digérer l'horreur que lui faisait voir son métier. Tant d'atrocités de la part des êtres humains…
Doucement, une main réconfortante se posa sur son épaule. JJ souffla longuement avant de tourner la tête vers Emily.
— Désolée, murmura-t-elle avec un faible sourire. Je ne suis pas comme toi, je n'arrive pas à compartimenter mes émotions. Quand je pense à ce que ces pauvres femmes ont pu vivre…
— Il n'y a rien de mal à ça, JJ, répondit la brune d'un ton rassurant. Ne t'en fais pas, on va l'avoir l'enfoiré qui a fait ça.
— Je l'espère.
Les deux femmes se turent, se complaisant dans un silence qui en disait plus que les mots. Parfois, c'était comme si la présence de l'autre suffisait à tout. C'était ce genre de moment complice que JJ chérissait le plus dans sa relation avec l'agent Prentiss. Ces instants où, tant qu'elles étaient là l'une pour l'autre, leur univers pouvait s'effondrer sans qu'elles en soient ébranlées.
— Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant ? fit la voix de Cameron dans leur dos.
Lorsque JJ sentit la main d'Emily se retirer, elle eut comme une sensation de manque et de frustration. La brune fit volte-face pour toiser l'arrivante. Elle haussa des épaules pour signifier que de leurs côtés, elles n'avaient malheureusement rien trouvé de bien important.
— Rien pour moi non plus, concéda Cameron en faisant une moue déçue. Ce type est un vrai maniaque. Il ne laisse rien au hasard, si vous voulez mon avis.
L'inspectrice se rapprocha nonchalamment de ses collègues. Elle franchit la frontière entre Emily et elle qui délimitait les distances professionnelles entre deux individus. D'habitude, la brune aurait reculé, n'aimant pas ce genre de proximité avec les inconnus. Mais contre toute attente – surtout à la surprise de JJ –, elle n'en fit rien.
— Je crois que tu as quelque chose dans les cheveux, avertit l'inspectrice Cole qui, sans demander l'autorisation, passa sa main dans la chevelure de son interlocutrice avant d'attraper une brindille. Il est rare d'en avoir dans les cheveux, à moins d'avoir roulé derrière un buisson.
— Cela doit être le vent, rit Emily avant de hausser des sourcils. Car sinon, je ne serais pas la seule à en avoir dans les cheveux.
Le sourire de Cameron était plus que suggestif, valant mieux que mille mots.
Je rêve ou elle drague ouvertement sur une scène de crime ?! hoqueta intérieurement JJ avec outrage. Et pourquoi Emily ne la remballe-t-elle pas ?
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JJ ne saurait dire ce qui la mettait tant en colère. Dans tous les cas, elle était indéniablement de mauvaise humeur lorsqu'elle revint au commissariat. Tout au long du chemin de retour, Emily et Cameron avaient discuté sans interruption, apprenant à se connaître et surtout, faisant comme s'il n'y avait pas de troisième passagère dans la Jeep. L'attitude réservée de la brune semblait s'être dissipée et c'était en femme joviale qu'elle avait fait connaissance avec leur collègue de fortune.
— Hé, blondie, fit Dereck de sa voix joueuse.
— Pas maintenant, Morgan ! gronda JJ en continuant sa route jusqu'à la salle qui leur avait été mise à disposition.
— D'accord…
Le brun suivit sa camarade du regard, perplexe face au comportement de cette dernière. Son interrogation s'accentua lorsqu'il vit alors entrer les deux autres femmes dans les lieux. Emily et Cameron étaient en pleine conversation, riant de temps à autre. Le courant semblait plutôt bien passer entre elles. Ce qui rendait la mauvaise humeur de JJ encore plus incompréhensible aux yeux de l'agent Morgan qui alla à la rencontre des deux arrivantes.
— Je vois qu'on s'amuse bien, fit-il d'un air entendu, un sourire éclatant sur les lèvres. Est-ce que j'aurais raté quelque chose ?
— Pas vraiment, pourquoi ? rétorqua Prentiss en arquant un sourcil.
— À toi de me le dire. Je viens de voir JJ passer comme une furie. Je pensais que tu aurais pu me dire pourquoi.
La surprise sur le visage d'Emily révéla à Dereck que celle-ci n'avait pas remarqué quoi que ce soit chez leur collègue. Interpellée et inquiète, elle s'excusa auprès de ses deux interlocuteurs et alla derechef vers la salle de réunion. Elle y retrouva alors JJ qui se tenait près de la fenêtre, seule dans la pièce. La blonde leva brièvement ses prunelles océaniques dans sa direction avant de les détourner presque instantanément. OK, Em, t'as fait une connerie, songea l'agent Prentiss face à cette réaction. Tu ne sais pas quoi, mais tu en as indéniablement fait une.
Doucement, comme s'approchant d'un animal qui pouvait à tout moment la griffer, Emily se rapprocha de son amie. À la manière dont celle-ci se tendait, il était évident que sa présence n'était pas la bienvenue. Mais la brune ne se découragea nullement et risqua encore à avancer plus près.
— Est-ce que tout va bien ? demanda-t-elle gentiment.
— Oui, pourquoi ? répondit sèchement JJ, toujours sans regarder son interlocutrice.
— Il y a bien trop de mauvaise foi pour que j'avale ce mensonge. Dis-moi ce qui ne va pas ? Pourquoi ai-je l'impression d'avoir fait quelque chose de mal ?
Aucune réponse. Emily soupira longuement avant de reprendre :
— Jennifer ?
JJ sentit son cœur se serrer dans la poitrine. Elle n'avait pas pour habitude d'entendre son prénom, JJ étant devenu plus qu'officiel pour tout le monde, même pour sa propre famille. Et d'une certaine manière, elle n'avait jamais aimé son prénom. Mais la manière dont Emily le disait, la façon que sa voix s'en appropriait… La blonde avait tout simplement l'impression de ne pouvoir y résister. Incapable de s'en empêcher, bien que gardant une moue boudeuse et les bras croisés, elle se retourna pour faire face à son amie.
Rencontrant finalement le regard légèrement courroucé de sa camarade, Emily ne put que sourire. En cet instant, elle avait envie de la prendre dans ses bras, de la serrer si fort contre elle. Et surtout, d'embrasser cette bouche boudeuse. Mais bien évidemment, elle n'en fit rien, sachant que cela serait totalement déplacé. Alors, d'un geste qui lui était naturel, elle écarta une mèche blonde du visage de JJ. Sa caresse était d'une délicatesse affectueuse et apaisante et l'agent Jareau sentit ses dernières barrières s'effondrer.
— Excuse-moi, reprit celle-ci en fermant les paupières quelques secondes afin de savourer le doux contact avant de les rouvrir. Cette affaire me met un peu sur les nerfs. Quand je pense qu'il s'attaque à des femmes simplement à cause de leur choix de vie. Cela aurait pu être toi…
Un semi-mensonge. JJ ne pouvait avouer à Emily que sa bonne entente avec une certaine inspectrice l'agaçait. Mais de l'autre, il était vrai que l'idée que son amie puisse faire partie de la liste de victimes potentielles l'effrayait un peu. Ce qui, en soi, était parfaitement ridicule en vue du métier dangereux qu'elles exerçaient en toute connaissance de cause.
— Tu n'as pas à t'excuser, rétorqua l'agent Prentiss en prenant les mains de sa camarade dans les siennes. Mais la prochaine fois, j'aimerais que tu viennes m'en parler au lieu de broyer du noir dans ton coin, d'accord ?
Un petit sourire sur les lèvres, JJ hocha la tête. À présent, elle se sentait bien plus détendue que lorsqu'elle s'était retrouvée dans la voiture en compagnie de Cameron. Ici, Emily n'avait d'yeux que pour elle et pas pour une certaine butch charmeuse.
— Je ne sais pas pour toi, mais je meurs de faim, reprit la brune en riant. On va aller manger un morceau ? Cameron m'a dit qu'elle a repéré un coin sympa quelques rues plus loin.
L'agent Jareau se crispa aussitôt à l'idée de se retrouver à la même table que ces deux femmes. Elle ne voudrait pas revivre l'humiliation qu'elle avait subie dans la voiture. Et encore moins voir l'affinité qui se tissait petit à petit entre ces deux-là. Pourquoi cela lui importait-il tant ?
— Je n'ai pas très faim, mentit la blonde en retirant doucement ses mains, se mordant la lèvre inférieure. Toute cette histoire m'a un peu coupé l'appétit.
— JJ, tu ne peux pas te permettre de sauter un repas, protesta Emily en fronçant des sourcils, devenant protectrice. Pas alors qu'on est à la poursuite d'un tueur en série.
— Je suis bien assez grande pour savoir me gérer toute seule, rétorqua JJ en défiant son opposante du regard.
Elles se toisèrent ainsi longuement, sans qu'aucune n'émette le moindre mouvement. Puis, finalement, Emily rendit les armes en soupirant. Elle secoua la tête et savait qu'elle ne ferait pas changer d'avis son interlocutrice. Cette fille est une vraie tête de mule ! pesta-t-elle intérieurement avec une pointe d'amusement qu'elle veillait bien à dissimuler.
— OK, OK… marmonna Emily en levant les mains pour signifier sa reddition. Je te ramènerai quelque chose dans ce cas.
— Tu n'es pas obligée, objecta la blonde, un peu gênée.
— Ce n'était pas une proposition, agent Jareau.
— Votre détermination est exaspérante, agent Prentiss.
Après un petit jeu d'intimidation par le regard, elles finirent par rire. Tranquillement, Emily recula de quelques pas pour se rapprocher de la sortie. Elle fixa les deux saphirs qu'étaient les yeux de son amie, aimant y lire cette malice si séduisante et qui faisait tout le charme de cette dernière.
— Bon, j'y vais, déclara Emily en laissant le temps à sa camarade de se raviser, mais celle-ci n'en fit rien. Quand Cameron et moi reviendrons, je te rapporterai un petit quelque chose.
C'est moi ou je viens de jeter Emily dans un tête-à-tête avec l'inspectrice Cole ? percuta brusquement JJ alors que son amie disparaissait derrière la porte. Un sentiment prit alors naissance dans son ventre avant de monter la prendre à la gorge. Elle reconnut alors cette vieille émotion qu'elle n'avait pas revue depuis longtemps, mais qu'elle n'aurait jamais pu oublier : la jalousie.
-x-x-x-
— Pardon ? fit JJ, comme ayant du mal à croire ce qu'elle venait d'entendre.
— Une mission d'infiltration, répéta Cameron, frôlant presque la limite de l'impolitesse vu le ton provocant qu'elle prenait. Vu que nous supposons que le tueur va sévir dans les prochains jours et qu'il a toujours kidnappé ses proies de nuit, nous devrions lui tendre un guet-apens dans le bar gay que fréquentaient les deux dernières victimes.
Toute l'équipe de la BAU, le shérif et l'inspectrice étaient assis autour des tables. Chacun était revenu en accomplissant les tâches qui leur avaient été assignées. Malheureusement, l'enquête faisait du surplace et ils se devaient d'entrer en action avant que le tueur ne sévisse à nouveau. En bref, le temps leur était compté.
— Je pense que son idée tient debout, concéda Rossi qui semblait convaincu. Pénétrer dans le bar en se faisant passer pour des clients n'éveillera pas les soupçons de notre homme. De plus, nos visages ne sont pas connus. Donc s'il est un natif de la région, il croira faire affaire à des touristes. Ce qui pourrait encore plus le pousser à passer à l'acte.
— J'avais parfaitement saisi, rétorqua durement JJ en jetant un regard mauvais à l'inspectrice qui lui rendit un sourire narquois.
Elle s'en détourna afin de ne pas laisser transparaître son agacement. Cette femme lui mettait les nerfs à vif. Elle était tout bonnement insupportable !
— Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ce serait Emily et Cameron qui feraient les appâts, termina la profileuse blonde. S'il faut simuler un couple, Emily et moi-même sommes à même de jouer la supercherie, vu que nous nous connaissons parfaitement.
Cameron émit un rire railleur qui attisa irrémédiablement un regard assassin de la part de JJ. Celle-ci la défiait de contredire sa remarque plus que pertinente. Et en vue de certains hochements de tête, elle savait qu'Hotchner, Rossi et le shérif Harrison étaient de son avis. Quant à Emily, qui était tout de même concernée, elle restait neutre de manière frustrante. Qu'importe sa partenaire, cela ne paraissait pas l'intéresser.
— Cela me semble plutôt évident, répondit l'inspectrice à la question muette de son opposante. Sans vouloir te vexer, mais tu n'as pas la carrure type d'une lesbienne.
— Ah bon ? fit JJ d'un air mauvais. C'est qu'il y a un physique à respecter pour entrer dans le rôle ? Ne devrais-tu pas justement abolir ces étiquettes que la société tente justement d'imposer à ta communauté ?
— Justement, blondie, ma communauté. Et c'est pourquoi je serais à même de jouer ce que je suis.
L'agent Jareau s'apprêtait à rétorquer quelque chose, mais Ried lui coupa la parole, comme sentant que ce débat devait prendre fin :
— Si je puis me permettre, JJ a parfaitement raison en ce qui concerne les étiquettes que la société pose sur la communauté LGBT. Dans le cas des lesbiennes, on veut toujours déterminer qui joue le rôle de l'homme et celui de la femme dans le couple, la « butch » et la « fem ». Bien évidemment, un couple peut être composé de deux butchs ou de deux fems. Mais les gens, pour ne pas dire les ignorants, on besoin d'associer l'image classique d'un homme et d'une femme pour représenter une union, c'est pourquoi…
— Abrège, petit génie… gémit Dereck en roulant des yeux.
— Désolé, reprit maladroitement Spencer en se redressant. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas d'étiquettes. JJ pourrait parfaitement être lesbienne, bien qu'elle n'entre pas dans les standards et les clichés. Mais nous devons garder à l'esprit que notre tueur est certainement, comme la majorité de la population, influencé par ces étiquettes.
— Ried…
— Cameron et Emily éveilleraient bien moins de soupçons, car elles rentrent dans les standards.
La dernière réplique du surdoué termina d'abattre le silence dans la pièce. JJ se tut, se voyant difficilement argumenter contre son camarade qui avait amplement exposé la situation. Ces collègues trouveraient cela étrange, si elle continuait de maintenir son désir de faire équipe avec Emily ou plutôt, empêcher Emily de faire équipe avec Cameron. Pourquoi est-ce que cela la dérangeait-elle tant que cela ? La blonde n'arrivait pas encore à voir clair dans le flou de ses pensées, mais il était évident que cette simple idée la mettait hors d'elle.
— Qu'est-ce que tu sous-entends par le fait que j'entre dans les standards ? intervint Emily qui voulut briser le calme, un air faussement menaçant sur le visage.
— C'est que… balbutia l'agent Ried, gêné que sa logique eut parlé avant sa pensée. Je ne dis pas que… Enfin…
— Elle va te manger tout cru, petit génie, railla Dereck en tapotant l'épaule du pauvre garçon.
Ils se mirent tous à rire, dissipant les tensions qu'avait engendrées la conversation entre JJ et Cameron. Comprenant finalement qu'Emily s'était joué de lui, Ried lui renvoya un sourire qui disait qu'une revanche allait avoir lieu. Mais lorsqu'Hotchner s'éclaircit la voix, le calme revint rapidement dans la salle.
— Je pense que tout le monde est d'accord pour qu'Emily et Cameron soient celles qui attireront notre cible, résuma-t-il avant de jeter un regard entendu à JJ.
Celle-ci, baissant quelque peu la tête, mais pas les yeux, ne put qu'admettre silencieusement le choix de son supérieur.
— Bien, conclut alors Hotchner avec satisfaction. Allons donc mettre notre plan sur pied pour ce soir.
J'espère que ce premier chapitre vous aura plu. N'hésitez pas à me laisser vos impression!
