Disclaimer : "Once upon et time" est la propriété d'Edward Kitsis et Adam Horowitz. Et je n'ai bien-entendu rien gagné à écrire cette histoire.
Disclaimer 2 : Les noms des villes et villages sont authentiques, et je n'ai fait que les reprendre.
Pairing : Regina/Robin
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N'étant pas une experte en Moyen-Age, j'ai effectué quelques recherches sur Wiki et différents forums, pour essayer de respecter au mieux les us et coutumes de l'époque.
Mais n'écrivant pas non plus un roman historique, bien qu'ayant vraiment fait de mon mieux, je me suis donc permise plusieurs anachronismes et libertés, pour aller au fond de mon histoire.
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Je m'excuse donc auprès de celles que ça pourrait gêner, et espère de tout cœur que vous apprécierez :)
Je suis une bâtarde.
Une orpheline sauvée de la morsure de l'hiver et des loups, par celle que j'appelle depuis "Granny", qui venue assister ma mère le jour de ma naissance, où cette dernière a perdu la vie, n'a pas hésité à me recueillir.
Bien que déjà en charge de Ruby, sa petite-fille d'à peine trois ans à cette époque, et malgré les premières médisances sur mon compte, elle m'a ensuite élevé en me donnant une sœur avec qui grandir.
Je suis aussi une sorcière.
C'est également ce que l'on murmure de moi, d'aussi loin que je m'en rappelle. Parce que je suis vivante quand j'aurai dû mourir, et parce que ma tutrice est une guérisseuse, aussi crainte par ses pairs, qu'instruite.
C'est justement là, que le mât blesse.
Tout comme moi, Granny est née fille à une époque où nous ne valons rien de plus qu'une promesse d'alliance et d'héritiers, et ce, en ce qui concerne les nobles et les puissants.
Les gens du peuple ont bien assez de mal à survivre, sans avoir besoin de nourrir une bouche inutile et gloutonne, qui n'atteindra certainement pas sa première année.
Quant à l'instruction, rare sont ceux à y avoir accès, le savoir étant une chose jalousement gardée par et pour ceux, qui se disent supérieurs par le sang et la naissance.
Je ne suis pas bien née, je ne me connais ni père, ni mère, et je suis une femme trop vieille pour être épousée, qui de surcroît, a appris à écouter le murmure du vent annonçant la pluie, et composer grâce aux plantes, les onguents et remèdes médicinaux de base.
Mais je n'ai cure de leurs médisances hypocrites, eux qui viennent tout de même frapper à notre porte, quand le mal vient leur lécher les pieds, au creux de leur lits suintants de fièvre.
Et la vie doit continuer, je dois vaquer à mes corvées malgré tout, à commencer par aller chercher du bois pour raviver les braises, encore rougeoyantes présentes dans le foyer de notre cheminée.
Parce que l'hiver qui se termine aujourd'hui, n'a pas été clément envers ma grand-mère.
Allongée entre Ruby et moi, dans l'unique lit de notre humble chaumière, je l'entend présentement respirer avec difficulté, un mauvais râle au fond de la gorge.
Nous n'avons pratiquement pas dormi de la nuit, tant par angoisse que par souci d'alimenter notre unique source de chaleur, ayant également veiller son sommeil pour lui faire boire régulièrement les tisanes de sauge de notre enfance, celles censées faire baisser la fièvre.
Doucement, je me retourne pour faire face à ma tutrice, me penchant ensuite vers son visage endormi, pour déposer un baiser sur son front moite malgré la température basse de la pièce.
Je lâche ensuite un juron qui n'échappe pas à ma sœur, cette dernière se redressant dans la pénombre relative, l'éclat de ses yeux bleus plus sombre que d'habitude.
Bien que mariée depuis leurs seize ans à Peter, son ami d'enfance et le forgeron du village, auquel elle a déjà donné trois fils, Ruby a passé la dernière semaine écoulée avec moi, nuits comprises.
Mais tous les remèdes, les infusions ou décoctions que Granny nous a enseignés ne font que repousser l'inévitable.
« Parce que nous ne sommes pas toutes puissantes. »
C'est aussi une autre de ses leçons.
La mort fait partie de la vie, de la même manière que le jour et la nuit se succèdent, telle une roue qui ne cesserait jamais de tourner sur elle-même. Mais pour des personnes comme ma grand-mère et moi, la donne change.
Nous n'avançons pas dans le même sens, que les gens qui se disent bien-pensants, parce qu'ils obéissent aveuglément à leurs peurs et leurs croyances. Depuis qu'elle est revenue vivre à Gedling, son village natal, avec Ruby à peine sevrée, et un sac d'herbes et de plantes pour seuls bagages il y a de cela vingt-sept ans, Granny a fait énormément de bien autour d'elle.
Nombre de nos voisins lui doivent de ne pas avoir fini amputés, ou bien, au fond d'une tombe, à la suite d'un des nombreux accidents que sont leurs lots quotidiens.
Mais il suffit d'une fois, d'un seul malheur pour que le vent tourne, déliant ainsi les mauvaises langues pour chercher un coupable.
Et cette fois-ci, c'est à notre porte qu'il frappe.
Sans un bruit, je recouvre mon aînée de la couverture de laine dans laquelle j'étais pelotonnée, m'extirpant doucement de notre couche, avant de poser mes pieds nus sur le sol de terre battue.
Dans mon dos, Ruby garde le silence, alors que je saisis un long châle dont je me couvre les épaules.
« Je vais chercher du bois. » Je souffle dans un murmure, tout en chaussant mes sabots, dont le contact froid du bois sous la plante de mes pieds me fait longuement frissonner.
J'ai pourtant une paire de souliers de bonne facture, chauds et confortables, qu'Emma m'a fait parvenir de Portmouth deux ans auparavant, s'étant basée sur sa pointure pour choisir la taille. Mais je ne veux pas les abîmer pour aller courir les champs, le marché, ou simplement quérir du bois.
C'est parce que j'apprécie son cadeau de tout mon cœur, que je le garde pour une occasion qui n'aura rien d'inhabituelle.
« Regina ? » M'appelle cependant ma sœur, qui descend à son tour du lit pour me rejoindre.
Je me retourne à peine pour lui faire face, que ses bras fins se referment autour de moi dans une étreinte qui se veut réconfortante, mais qui me glace plus encore que le froid mordant de la saison.
Regina.
C'est comme cela que Granny à choisi de me nommer, alors que je n'ai rien d'une reine.
Je suis le fruit d'un péché vieux de vingt-six ans, dont personne n'ignore l'existence, mais que tout le monde tolère pour continuer à recevoir les bons soins de ma tutrice. Quand elle ne sera plus là, je ne me donne pas longtemps pour être chassée du village comme la dernière des gueuses.
Si encore je n'étais pas trop différente, trop brune, trop instruite, trop indépendante, ou si Daniel était encore en vie, à l'heure d'aujourd'hui, je serais épouse et mère de famille.
J'aurais au moins un pied dans leur monde fade et sans saveur, et ils pourraient peut-être me laisser une chance de faire mes preuves.
Mais mon fiancé est mort des suites d'une morsure venimeuse de vipère alors qu'il coupait du bois, huit mois avant respectivement nos seize et quatorze ans, date à laquelle Granny avait consenti à me laisser prendre mon envol.
« Ça va aller Ruby, je chuchote dans son cou en lui rendant sa tendresse. Je reviens. »
Comme à contre-cœur, elle me libère de ses bras et s'en retourne à la cheminée pour commencer à nettoyer les cendres grises, avant de souffler sur les braises afin de les raviver, le temps que je ramène de quoi leur donner à brûler.
