PAS MEME A L'ABRI DU PASSE
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AUTEUR: Nat
EMAIL: ben.obi.wan.kenobi@caramail.com
CATEGORIE: Aventure, un peu de drame, une touche d'humour (allez savoir où…)
SPOILERS: Stargate: the Movie, Solitudes, Hathor, Need, Into The Fire, Point Of View, Forever In A Day, Past And Present, Shades Of Grey.
SEASON / SEQUEL: Saison 3, juste avant Nemesis.
RATING: PG
RESUME: Jack et Daniel partent pour l'Egypte, où d'étranges artefacts les attendent…
DISCLAIMER: Stargate SG-1 and its characters are the property of Stargate SG-1 Productions (II) Inc., Showtime Networks Inc., MGM Worldwide Television Productions Inc., Double Secret Productions, and Gekko Film Corp. This story was written for entertainment purposes only and not monetary ones. No copyright or trademarks infringement is intended. The original characters, situations, and story are the property of the author(s). Not to be archived without the permission of the author(s).
NOTE DE L'AUTEUR: Un grand merci et un bisou à ma Mumu, sans qui je n'aurais jamais fini cette histoire. Je t'adore. Autre chose : si la scène finale de mon histoire vous rappelle ce qui se passe entre Sam et Jack dans « Expérimentation Hasardeuse », je vous assure que c'est une grosse coïncidence, je l'avais écrite bien avant de voir l'épisode. A part ça, c'est ma première histoire, alors s'il vous plaît, ne jetez pas trop de tomates ! Bonne lecture, j'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à m'écrire pour me dire ce que vous en pensez !
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-Euhm… Jack ?
La voix hésita un instant.
-Ouaip !
Daniel fourra ses mains dans les poches de son pantalon et entra dans le bureau du colonel.
-Ca va ?
Il s'approcha encore un peu du militaire qui tapait des doigts avec acharnement sur le clavier de son ordinateur. Le jeune archéologue se mordit la lèvre en réfléchissant sur la façon dont il allait exposer son problème.
-Voilà : vous savez, quand je suis parti avec SG6 et que j'ai ramené ces artefacts…
O'Neill ne levait pas les yeux de l'écran de l'ordinateur.
-Vous n'avez pas encore fini votre rapport de mission ?
Jack marmonna une vague réponse.
-Enfin… ces artefacts, continua Daniel. Il m'a semblé les reconnaître. Je les avais vus lors de fouilles…
-Enfin terminé ! s'exclama Jack en éteignant l'appareil d'un grand geste de la main. Puis il leva la tête et remarqua l'expression sérieuse – quoiqu'un peu impatiente – de son coéquipier.
-Vous disiez ?
-Euh… oui, fit le jeune homme en réajustant ses lunettes. J'avais déjà vu ces artefacts il y a de ça cinq ans, en Egypte, lors de fouilles que dirigeait un de mes vieux amis, le docteur Peterson.
-Et comment vos cailloux…
-¨artefacts¨, corrigea l'archéologue.
-Oui ben peu importe, se seraient-ils retrouvés à l'autre bout de la galaxie ?
Daniel eut un petit sourire.
-Oui, je me doute que ce ne sont pas exactement les mêmes, mais…
-Daniel, aux faits, s'il vous plaît, s'impatienta Jack.
Daniel sortit une main de sa poche et se gratta nerveusement le bout du nez. Il soupira et dit enfin :
-Eh bien comme on a deux semaines de vacances à compter de ce soir, j'aurais aimé…
Il s'interrompit, constatant d'après l'expression du visage du colonel qu'il avait comprit où il voulait en venir. Il poursuivit néanmoins, pour en être sûr.
-J'aimerais partir pour le Caire dès demain.
Le militaire leva les yeux au ciel et s'adossa à son siège.
-Daniel… , commença-t-il.
-Jack, je suis désolé, l'interrompit vivement le jeune homme. Je sais qu'on devait aller camper, que vous deviez me faire découvrir les joies de la survie en pleine nature simplement munis d'un canif multifonctions, et vraiment, j'aurais aimé venir, mais…
-D'accord, d'accord, ce n'est que partie remise. Amusez-vous bien chez les pharaons.
-Vous ne m'en voulez pas trop ? s'inquiéta Daniel.
-Allez faire vos bagages, Daniel.
-A vos ordres, mon colonel, sourit-il.
Au moment où il s'apprêtait à franchir le seuil de la porte, Jack ajouta :
-Et d'abord vous exagérez ! On n'aurait pas eu qu'un canif multifonctions !
Daniel, sans se retourner, baissa la tête et ne put s'empêcher de sourire. Puis il se redressa et partit.
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-Bon ! Dossiers sur les artefacts de P7G545… Manuel d'égyptologie… OK, …..¨Civilisation Egyptienne¨ par Donald McBarber…volumes 1 et 2… ils sont là….¨Analyse comportementale des anciennes…
Le docteur Jackson fut interrompu dans ses préparatifs par des coups à sa porte. Il les ignora.
-Voyons… Ah, les voilà…
Les coups se répétèrent.
-Daniel ? Vous êtes là ?
Le jeune homme reconnut immédiatement la voix de Jack O'Neill. Il plaça les livres qu'il tenait dans les mains dans une malle déjà remplie d'autres ouvrages touchant de près ou de loin à l'égyptologie et alla ouvrir la porte de son appartement. Il surprit le poing de nouveau levé du colonel qui s'apprêtait à y frapper. Réalisant le ridicule de sa position, celui-ci le rabaissa précipitamment et se racla la gorge.
-Je peux entrer ?
Daniel, dont les lunettes avaient glissé jusqu'au bord de son nez, sursauta.
-Oh, oui, bien sûr ! Excusez-moi…
Il recula pour laisser entrer son ami puis referma la porte avant de le rejoindre dans le salon à présent envahi par les livres que l'archéologue avait sortis de sa bibliothèque. Jack O'Neill enleva la demi-douzaine d'ouvrages qui recouvrait un des fauteuils et s'y installa confortablement. Daniel remonta ses lunettes d'un geste automatique et s'excusa encore.
-Je suis désolé, c'est un peu en désordre… Mais je fais le tri de ce qui pourra m'être utile là-bas…
Le colonel hocha la tête.
-Qu'est-ce que vous comptez y faire, d'ailleurs, là-bas ?
Daniel ouvrit de grands yeux, pas certain d'avoir compris la question.
-Comment ça ?
Jack haussa les épaules innocemment.
-Ben oui, à quoi vous allez passer vos journées ?
Devant l'évidence de la réponse qu'il allait donner, Jackson fronça les sourcils et inclina la tête en signe d'incompréhension.
-Euh… Je vais sûrement passer pas mal de temps au musée, à comparer les artefacts, et à étudier les différents manuscrits qui pourraient s'y rapporter… C'est ça que vous vouliez dire ?
-Et vous pensez utiliser chaque jour des deux semaines que vous avez ?
Daniel prit soudain une expression pleine de méfiance. Quand Jack commençait à poser autant de questions qui semblaient si innocentes, il y avait anguille sous roche.
-Jack, qu'est-ce que vous avez à l'esprit ?
-Oh, pas grand-chose… Je m'étais dit que je pourrais vous accompagner…
Daniel ne cacha pas sa surprise.
-M'accompagner ? Alors là, je vous retourne la question : qu'est-ce que vous allez faire pendant tout ce temps ?
-Ben… du tourisme !
-Mais encore ?…
Daniel crut soudain comprendre autre chose, mais il espérait vraiment se tromper. Jack détourna un instant ses yeux foncés du bleu de ceux de son ami, et se mordit la langue. Il prit une profonde inspiration et continua :
-J'ai pensé… que s'il vous restait du temps libre… on pourrait prendre deux ou trois jours pour camper là-bas ?…
Il grimaça, attendant la réaction du jeune homme.
-C'est pas vrai, Jack, vous êtes têtu comme une mule ! Vous n'abandonnez jamais ? rit-il.
-Jamais ! C'est ma devise, sourit le colonel avec entrain.
-Vous êtes sûr que c'est ce que vous voulez ? Je veux dire, vous risquez de vous ennuyer comme un rat mort…
-Oh, ne vous en faites pas pour moi. Par contre, si vous ne voulez pas que je vienne, c'est autre chose…
-Non, non ! Au contraire, dit soudain Daniel. Je serais très heureux d'y aller avec vous, mais il faut que vous réalisiez qu'on risque de ne pas beaucoup se voir pendant la journée, c'est tout !
-Ca ne me dérange pas, du moment que vous m'accorderez vos soirées pour que je puisse vous soûler…
A ces mots, il se saisit du coussin qui se trouvait derrière son dos et le jeta au visage de Daniel, qui l'attrapa au vol.
-Alors, qu'est-ce que vous en dites ?
Daniel considéra un instant l'objet qu'il tenait entre les mains, puis regarda O'Neill.
-Vous pensez être prêt pour demain matin ?
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Le lendemain matin, les deux hommes prirent le premier avion pour l'Egypte. Le vol se déroula sans encombre, Jack dormit pendant quasiment tout le trajet tandis que Daniel feuilletait ses revues archéologiques dont la lecture était rythmée par quelques crises d'éternuement passagères. Ils arrivèrent enfin au Caire où ils trouvèrent un taxi qui les conduisit à leur hôtel. Une fois installés, les deux hommes se retrouvèrent dans le hall et décidèrent d'aller prendre une légère collation à la terrasse du restaurant où, une fois attablés, Daniel ne put s'empêcher de dévisager le colonel. Lorsque celui-ci s'en aperçut, il haussa les sourcils en signe d'interrogation. Face au silence de l'archéologue, il se saisit du menu et se mit à le feuilleter, immédiatement imité par le jeune homme. Au bout de quelques minutes, il reposa le petit livret sur la table et soupira.
-Daniel ? Il y a un problème ?
Jackson fronça les sourcils et le fixa de nouveau à travers les verres de ses lunettes.
-Jack, je n'arrive toujours pas à comprendre ce que vous faites ici avec moi.
-Euh… quoi ?
-Enfin, c'est dingue ! D'accord, on est amis, c'est un fait indiscutable, mais je ne pensais pas que c'était au point de partir en voyage ensemble, surtout ici, en Egypte, où mon côté scientifique… enfin, archéologue, va le plus s'exprimer !
O'Neill se cala sur sa chaise, croisa les mains et lui sourit avec malice.
-Et maintenant, qu'est-ce que vous en dites ?
-J'en dis que je ne comprends toujours pas.
-Allons, Daniel, ne soyez pas si suspicieux, vous sous-estimez mon intérêt pour les cultures de notre belle planète bleue.
Les dernières paroles du colonel ne firent que creuser davantage la ride qui reflétait l'incrédulité du jeune homme. Il s'apprêtait à répondre à son ami lorsque le serveur arriva et leur demanda s'ils avaient fait leur choix. Daniel se retourna brusquement, et après avoir consulté Jack, passa la commande en parfait égyptien, à la grande surprise du garçon qui n'avait pas manqué de constater qu'ils étaient tous les deux américains. Jack eut un regard amusé.
-Quoi ? demanda Daniel.
Le militaire secoua la tête en souriant.
-Vous ne pouvez pas vous empêcher de frimer, hein ?
Le linguiste fut choqué par une telle insinuation.
-Moi ? Frimer ? Mais… je ne faisais que rendre service à ce garçon en lui répondant dans sa propre langue, et je pense que c'est la moindre des politesses de…
Il s'interrompit et face aux yeux rieurs qui l'observaient baissa la tête, vaincu. Jack arriverait vraiment toujours à le faire marcher.
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-Bien dormi, Daniel ?
Le jeune homme marmonna de façon totalement incompréhensible en levant difficilement des yeux encore endormis. Jack s'assit auprès de lui à la table du restaurant et se mit en quête du menu du petit déjeuner. En regardant son ami d'un peu plus près, il ne put s'empêcher de sourire : une longue marque d'oreiller ornait sa joue gauche. Daniel, la tête toujours appuyée dans sa main pour éviter qu'elle ne tombe dans son café, bailla face à la fraîcheur du colonel. Evidemment, c'était un militaire, il avait donc l'habitude de se lever tôt. D'ailleurs, depuis qu'il faisait partie de SG1, l'archéologue commençait lui aussi à prendre le pli, mais le mal de crâne qui l'assommait lui fit prendre conscience qu'il ne tenait pas plus l'alcool qu'avant. Alors que son équipier le regardait avec un sourire amusé, Daniel fronça les sourcils et prit la mine la plus renfrognée que ses forces lui permettaient.
-Daniel ? Dois-je comprendre que vous n'êtes pas en forme, ce matin ? plaisanta Jack.
-Tout ça, c'est de votre faute.
-Ma faute ? demanda le colonel innocemment. Mais de quoi vous parlez ?
-Ma gueule de bois, précisa l'archéologue, qui faisait de considérables efforts pour garder les yeux ouverts.
-Ah, non, pardonnez-moi, corrigea O'Neill. Les deux premiers verres, d'accord, c'était de ma faute. Mais les cinq suivants, c'était vous !
Daniel se contenta de hausser les épaules.
-Alors ? qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
-Mmm ?…
-Le programme de la journée…
-Oh ! … Oui…
Daniel avala une gorgée du liquide chaud et se redressa.
-Ce matin… Eh bien en fait, ce matin je vais récupérer de la fête de bienvenue d'hier soir. Vous, vous pouvez aller faire un peu de… ¨tourisme¨. Par contre, cet après-midi, il faudrait que je me rende au musée, j'ai rendez-vous avec le conservateur.
-Bien ! J'irai avec vous !
Le jeune homme haussa les sourcils et considéra son ami pendant quelques instants.
-Vous ? dit-il enfin. Là c'est louche... Vous n'êtes pas le colonel Jack O'Neill, vous êtes un imposteur et Jack est toujours coincé sur P7X823 ! fit Daniel, feignant d'être effrayé.
-Bon, très bien ! Si vous ne voulez pas de moi…
-D'accord, on ira ensemble. C'est un plaisir de constater que vous n'êtes plus aussi fermé à la culture… , sourit Daniel.
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A 13h55, Daniel Jackson et Jack O'Neill arrivèrent devant le musée d'archéologie, et tandis que le docteur payait le chauffeur, le colonel observa l'édifice qui se dressait devant lui. Puis il soupira.
-J'aime pas les musées…
-Qu'est-ce que vous faites là, alors ? lui demanda son compagnon qui venait de le rejoindre.
-Ben… je vous fais plaisir !
-Très touché, rit le jeune homme en entrant.
O'Neill resta planté sur le trottoir pendant un instant, puis lança :
-En tout cas je suis ravi de voir que votre gueule de bois est passée !
Le colonel traversa la première pièce, celle des sarcophages, et retrouva son équipier dans une salle adjacente un peu plus grande, mais fermée au public. L'intérieur était plutôt sombre, seulement éclairé par quelques néons, dont certains ne fonctionnaient plus. Il était évident qu'ils n'éprouvaient pas le besoin de présenter les choses aussi convenablement que dans le reste du musée, qui était plutôt bien organisé et expliqué pour les touristes. Ici les murs de pierre étaient recouverts de tentures qui dataient ¨d'il y a au moins très longtemps¨ d'après les estimations savantes du militaire. De part et d'autre gisaient des dalles recouvertes d'écritures cunéiformes. Même si le colonel faisait toujours mine de ne rien comprendre à ce que racontaient les deux scientifiques de son équipe, il arrivait néanmoins à retenir certaines petites choses qui avaient une tendance redondante, ce qui était le cas des écritures cunéiformes. Il était totalement incapable de les traduire, mais au moins, il arrivait à présent à les reconnaître. De grandes statues trônaient sur d'immenses socles en béton, et O'Neill ne put contenir un frisson en lisant les noms qui étaient gravés sur les petites plaques en dessous : Hathor, Horus, et autres régnaient en maîtres sur la salle emplie de trésors antiques. Il y avait aussi beaucoup de noms que Jack ne connaissait pas, et il espéra juste qu'ils n'avaient pas tous leur homologue Goa'uld quelque part dans la galaxie. Daniel était penché sur une vitrine et admirait des pots en terre cuite. L'ombre d'un sourire effleura ses lèvres. Sans quitter les petits objets des yeux il dit :
-Un jour Sha're m'a appris… ou plutôt a tenté de m'apprendre comment ils fabriquaient des pots semblables à ceux-ci…
Jack baissa les yeux mais ne répondit pas. Il savait qu'il n'y avait rien à dire. Il l'avait perdue et ne la retrouverait jamais, malgré les promesses que s'était faites chacun des membres de l'équipe. Il posa une main sur l'épaule de l'archéologue et la serra doucement, puis s'éloigna. Daniel refit surface et rejoignit son ami qui contemplait une fresque à moitié rongée par l'usure.
-Oh, ça c'est… la résurrection d'Osiris par Isis, informa-t-il.
-C'est drôle, je ne vois pas de sarcophage… , commenta O'Neill.
Le colonel mit les mains dans ses poches.
-Ce que j'aime pas les musées !… , répéta-t-il.
-Mais enfin pourquoi ?
-Ben, c'est vieux, poussiéreux, morne, … complètement mort… Ca ne vaut pas un bon match de hockey !
-C'est une question de point de vue je crois… , sourit le jeune homme qui ne se rappelait que trop bien de la seule fois où il avait tenté de se mettre à ce sport, entreprise qui lui avait coûté une jambe dans le plâtre.
-Je peux vous aider, messieurs ? demanda une voix derrière eux.
Les deux compagnons se retournèrent vivement et firent face à un jeune employé qui avait l'air déjà plutôt occupé.
-Oh, euh, oui, sans doute. Je suis le docteur Daniel Jackson, j'ai rendez-vous avec le conservateur du musée.
-Oh, oui, elle sera à vous dans quelques minutes.
-Elle ?? grimaça le docteur. Mais le conservateur n'est pas le docteur Francis Peterson ?
-Non, il a pris sa retraite le mois dernier.
-Vraiment ?
Derrière les verres de ses lunettes, Daniel avait l'air d'une chouette, les yeux écarquillés de surprise.
-… Veuillez patienter. Je vais la chercher.
Sur ces paroles, le frêle employé quitta rapidement la salle, laissant de nouveau les deux visiteurs seuls, dans un silence uniquement troublé par le faible vrombissement du vieux ventilateur posé dans un coin. Daniel, qui avait gardé la même expression, se tourna vers Jack.
-Bon, ben, on attend ! fit celui-ci. Vous avez l'air drôlement surpris, dites donc !
-J'étais pourtant sûr que… Il ne m'avait pas dit qu'il pensait prendre sa retraite !
-Et quand vous avez pris rendez-vous avec lui, personne ne vous a dit qu'il ne travaillait plus ici ?
-Ben… En fait, j'ai demandé à voir le conservateur, pas vraiment Francis Peterson…
O'Neill leva les yeux au ciel.
-Comme ça, la prochaine fois, vous prendrez les devants, ça vous servira de leçon !
Jackson soupira, résigné. Il fut aussitôt imité par O'Neill, qui fut par contre un peu plus bruyant.
-Qu'est-ce qui ne va pas, Jack ? demanda son ami avec une touche d'exaspération dans la voix. Pour une fois, ils inversaient les rôles…
-Il fait chaud.
-Eh oui, c'est ça l'Egypte !
-Foutu pays. Plein de sable, de vieux cailloux… artefacts, corrigea-t-il en remarquant que Daniel était sur le point de protester. Plein de… ¨musées¨ !…
-Personne ne vous a forcé à venir…
Ils furent interrompus par l'arrivée de celle qu'ils déduisirent être la conservatrice. Elle entra dans la salle en leur tournant le dos, continuant de parler à quelqu'un d'autre qui se trouvait dans la pièce voisine.
-Oui, Mohammed, les parchemins d'Anubis vont dans la bibliothèque. Et n'oubliez pas d'étiqueter les nouvelles acquisitions !
Daniel sursauta, croyant reconnaître la voix. Il secoua la tête, il avait dû se tromper. La jeune femme était toujours de dos et écrivit rapidement quelques notes dans un cahier qui se trouvait sur un bureau, juste devant les deux hommes. Elle ferma enfin le livret et se retourna lentement en enlevant ses lunettes.
-Bien ! Que puis-je faire pour vous ?
Au moment où Daniel fit un bond en arrière, elle poussa un petit cri de surprise.
-Daniel ?!
-Ah, ben je vois que vous vous connaissez ! fit O'Neill gaiement.
Daniel regarda longuement la conservatrice, incapable de décocher un mot. Ses cheveux blonds mi-longs étaient ramenés vers l'arrière en une queue de cheval, mais quelques mèches folles à peine ondulées tombaient de part et d'autre de son visage fin et clair. Ses yeux vert d'eau fixaient aussi intensément le jeune homme. Celui-ci fut ramené à la réalité par les raclements de gorge insistants de Jack.
-Lucy… , balbutia le docteur. Je vois que tu as fait du chemin…
Le regard de la jeune femme devint soudain glacial.
-En effet. Ravie de te revoir aussi, Daniel…
Elle tourna brusquement la tête en direction du colonel.
-Et vous êtes ?
-Euh, oui, voici Jack O'Neill, fit Daniel.
-¨colonel¨O'Neill, précisa celui-ci.
-¨colonel¨, voyez-vous ça…, fit la conservatrice, pas du tout impressionnée.
-Jack, … Lucy Grant.
-¨Professeur Grant¨, corrigea la jeune femme sur le même ton que O'Neill précédemment.
-Une amie de longue date, à ce que je vois, ironisa le colonel en lui tendant la main.
-Une amie, c'est ça…, répondit-elle en la lui serrant.
Puis son attention revint à Daniel.
-Alors ? demanda-t-elle.
-Alors ? répéta le jeune homme, un peu déphasé.
-Qu'est-ce qui t'amène ici ?
-Oh, oui, exact, fit-il en réajustant nerveusement ses lunettes. Eh bien je… C'est au sujet de… Enfin, d'artefacts que Francis… J'aimerais…
La jeune femme croisa les bras et attendit patiemment que Daniel retrouve le fil de ses pensées.
-Excuse-moi, dit celui-ci. Mais j'ai un peu de mal… C'est une affaire qui ne concernait que Peterson et moi…
-Eh bien maintenant elle me concerne moi-aussi si elle touche de près ou de loin ce musée, coupa le professeur Grant.
-On pourrait en discuter ailleurs ? demanda l'archéologue.
-J'ai très peu de temps aujourd'hui.
-Demain soir ? proposa-t-il.
Elle baissa les yeux et se mordit la lèvre en réfléchissant.
-D'accord, accepta-t-elle enfin. Va pour demain soir. Je passe à ton hôtel. Je suppose que tu as dit à mon assistant où tu descendais quand tu as pris rendez-vous.
Il hocha la tête.
-19 heures ?
-19 heures, confirma Lucy Grant.
-Bon, très bien.
-Très bien !
-A demain soir, alors.
-A demain soir.
-Bon, au revoir.
-Au revoir, fit-elle sans décroiser les bras.
O'Neill avait l'impression d'être coincé dans un tir croisé. Il était vraiment curieux de savoir ce qui avait bien pu se passer entre ces deux gosses.
-Ce fut un plaisir, professeur Grant, salua-t-il respectueusement.
-Plaisir partagé, soyez-en sûr, colonel O'Neill.
Jack s'éloigna ainsi, et eut du mal à rattraper son jeune ami qui marchait à toute allure en direction de la sortie.
-Eh ben vous voyez, Daniel, fit-il en arrivant à sa hauteur. Vous pensiez rencontrer une vieille connaissance, et vous en retrouvez une autre !
Son ton jovial ne parut pas alléger l'atmosphère le moins du monde. O'Neill se racla la gorge.
-Qu'est-ce qui s'est passé ?
Daniel n'entendit même pas la question du colonel.
-Vous avez vu comme elle m'a regardé ?
O'Neill hésita un instant.
-Ben… oui… Elle avait l'air en rogne contre vous…
-Justement ! éclata Daniel. C'est dingue, ça ! Ce serait plutôt à moi, de lui en vouloir !
-Une ex-petite amie ? tenta Jack.
Daniel secoua la tête rageusement et soupira.
-Comme si c'était de ma faute ! continuait le jeune homme. Non mais vous arrivez à croire ça ?!
-Disons que… si vous m'en disiez davantage, je pourrais vous donner mon avis…
Jack était de plus en plus mal à l'aise. La veille avait été plutôt agréable, mais depuis ce matin au réveil, les choses semblaient toutes aller de travers. La cuite de Daniel, - quoiqu'il trouvait ça encore assez amusant- , l'erreur dans l'addition, la tentative de racket sur l'archéologue en pleine rue, le taxi qui avait failli tomber en panne, et la cerise sur le gâteau, un fantôme du passé qui ressurgissait dans la vie de Daniel pour leur compliquer l'existence.
"Bah, juste un mauvais jour", se dit le colonel. Daniel en avait eu d'autres…
Tandis que le docteur continuait de fulminer, Jack trouva un taxi à l'apparence acceptable, et poussa son équipier à l'intérieur avant d'y monter lui-même.
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-Il est arrivé ?
La personne qui se trouvait en face de l'homme toussota à cause de la fumée qui envahissait la pièce.
-Oui, monsieur. Seulement… il y a un problème.
L'homme haussa un sourcil.
-Un problème ? répéta-t-il, de toute évidence très contrarié. Sa voix restait pourtant calme et sereine.
-Oui… balbutia l'autre. Ce… ce que vous redoutiez…
Il prit une bouffée de sa cigarette, inspira, puis rejeta la fumée par le nez.
-Ca risque en effet de bouleverser nos plans.
D'un geste du doigt il fit tomber la cendre sur le sol. L'autre personne observa la scène d'un regard inquiet, tremblant à l'idée de ce que l'homme qui se trouvait en face de lui était susceptible de lui faire. Ses yeux allèrent des cendres au sol vers les autres hommes qui se trouvaient dans l'arrière-salle du bar, tous fumant nonchalamment des narguilés. L'homme posa enfin ses yeux perçants sur le frêle individu et soupira.
-Il va falloir changer de tactique… Retournez travailler. Je vous ferai chercher si j'ai besoin de vous.
L'autre s'inclina maladroitement et quitta promptement l'établissement.
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