Le Survivant
Mr et Mrs Malefoy, qui habitaient en pleine campagne dans un somptueux manoir, étaient connus pour avoir été dans les rangs du plus grand mage noir de tous les temps. Jamais quiconque n'aurait pu imaginer qu'ils puissent se repentir de leurs crimes au point de devenir des citoyens modèles.
Mr Malefoy travaillait au Ministère de la Magie. C'était un homme grand et mince, au long cou et rasé de près. Mrs Malefoy, quant à elle, était de taille moyenne, mince et à la chevelure brune munie d'une frange blonde. Ils avaient un petit garçon prénommé Drago.
Les Malefoy avaient tout ce qu'ils voulaient, mis à part un secret qui leur rappelait constamment leurs erreurs du passé. Le soir du 31 juillet 1981, tandis que les Malefoy se laissaient emporter par un sommeil quelque peu agité, un chat sur le mur ne montrait, lui, aucun signe de somnolence. Il restait assis, immobile, comme une statue, fixant de ses yeux grands ouverts le coin du chemin qui menait au portail du manoir des était presque minuit lorsqu'il bougea enfin. Un homme était apparu au coin du chemin que le chat avait surveillait jusque-là. Il était apparu si soudainement et dans un tel bruit de craquement qu'il semblait avoir jailli du sol. La queue du chat frémit et ses yeux se rétrécirent. Il était, grand, mince et très vieux, à en juger par la couleur et la longueur de sa barbe et de ses cheveux qui lui descendaient jusqu'à la taille. Ses yeux bleus et brillants étincelaient derrière des lunettes en forme de demi-lune qui reposaient sur un nez crochu. Cet homme se nommait Albus Dumbledore. Pour une quelconque raison, la vue du chat semblait l'amuser. Il eut un petit rire et murmura :
-J'aurais dû m'en douter.
Lorsqu'il fut parvenu au portail, il s'assit sur le muret, aussitôt rejoint par le chat.
-C'est amusant de vous voir ici, professeur McGonagall, dit-il.
Il tourna la tête pour adresser un sourire au chat mais celui-ci avait disparu. Dumbledore souriait à une femme d'allure sévère avec des lunettes carrées qui avaient exactement la même forme que les motifs autour des yeux du chat. Ses cheveux étaient tirés en un chignon serré et elle avait l'air singulièrement agacé.
-Comment avez-vous su que c'était moi ? demanda-t-elle.
-Cher professeur, je n'ai jamais vu un chat se tenir de façon aussi raide.
-Vous aussi vous seriez un peu raide si vous étiez resté assis toute la journée sur un mur de brique. Avez-vous remarqué ? Tout le monde fait la fête. On aurait pu croire qu'ils seraient plus prudents, mais non, pas du tout ! Nous serions dans de beaux draps si, le jour où Vous-Savez-Qui semble avoir disparu, les Moldus s'apercevaient de notre existence.
-Il semble avoir disparu, en effet, assura Dumbledore.
-Même si Vous-Savez-Qui est vraiment parti…
-Professeur, quelqu'un d'aussi raisonnable que vous ne devrait pas hésiter à prononcer son nom. Je ne vois aucune raison d'avoir peur de prononcer le nom de Voldemort.
-Je sais bien que vous n'en voyez aucune. Après tout, tout le monde sait que vous êtes le seul à jamais avoir fait peur à Vous-Savez-Qui… ou à Voldemort, si vous y tenez.
-Vous me flattez, dit Dumbledore d'une voix tranquille. Voldemort disposait de pouvoirs que je n'ai jamais eu et que je n'aurai jamais.
-C'est juste parce que vous avez trop de noblesse pour en faire usage. Mais est-ce vrai ? On dit que le Lord a tenté de tuer le jeune fils des Potter après avoir assassiner Lily et James. C'est plus qu'étrange… après tout ce qu'il a fait, il n'a pas réussi à supprimer un bambin ? Mais, au nom de Merlin, comment se fait-il que Harry ait pu survivre ?
-On ne le saura peut-être jamais, répondit Dumbledore.
Ce dernier sortit une montre très étrange de sa poche, qu'il consulta.
-Hagrid est en retard, déclara-t-il en la remettant dans sa poche.
-Je suppose que vous n'avez pas l'intention de me dire pour quelle raison vous êtes dans cet endroit précis ?
-Je suis venu confier Harry à Mr et Mrs Malefoy. C'est la seule famille où il peut encore avoir un semblant de sécurité.
-Vous voulez dire… non, ce n'est pas possible ! Pas les Malefoy ! s'écria le professeur McGonagall en se levant d'un bond. Vous ne pouvez pas faire une chose pareille ! Vous oubliez que ce sont les plus fidèles serviteurs de Vous-Savez-Qui !
-Vous semblez omettre le fait qu'ils aient quitté ses rangs depuis un an pour nous fournir un maximum d'informations concernant le camp de Voldemort en travaillant comme espions. Et nous avons peut-être la possibilité de nous rallier Severus Rogue.
- Rogue ?
-Possible. Il était amoureux de Lily Potter et son assassinat de la part de Voldemort nous offre l'espoir de le voir rallier nos rangs. Mais revenons à Harry. Au sein de la famille Malefoy, il sera à l'abri de sa célébrité, notamment grâce au sombre passé des Malefoy.
-Bien sûr, vous avez entièrement raison. Mais comment va-t-il arriver jusqu'ici ?
-C'est Hagrid qui doit l'amener.
Un grondement sourd brisa le silence de la nuit. Il se transforma en pétarade au-dessus de leur tête et une énorme moto tomba du ciel et atterrit devant eux sur le chemin.
-Hagrid, dit Dumbledore avec soulagement, vous voilà enfin. Où avez-vous eu cette moto ?
-Je l'ai emprunté au jeune Sirius Black. Ca y est, je vous l'ai amené.
-Vous n'avez pas eu de problèmes ?
-Non, Monsieur. La maison était presque entièrement détruite mais je me suis débrouillé pour le sortir de là avant que les Moldus ne commencent à s'est endormi quand on survolait Bristol.
Dumbledore et McGonagall se penchèrent vers le tas de couvertures où un bébé dormait profondément. Une cicatrice en forme d'éclair était nettement visible sous ses cheveux noir de jais.
-Dumbledore, vous ne pourriez pas… ? demanda McGonagall.
-Surement, mais quelles en seraient les conséquences ? répondit le vieil homme. Je ne veux pas courir ce risque. Donnez-le-moi, Hagrid, il est temps de faire ce qu'il faut.
Avec précaution, il déposa Harry devant le portail, sortit une lettre de sa cape, la glissa dans les couvertures puis revint vers les deux autres. Pendant un long moment, tous trois restèrent immobiles, côte à côte, à contempler le petit tas de couvertures.
-Eh bien voilà, dit enfin Dumbledore. Rejoignons les autres, inutile de rester ici.
-Bonne nuit, professeurs, répondit Hagrid d'une voix étouffée.
-A bientôt, j'imagine, déclara le professeur McGonagall à Dumbledore.
Ce dernier acquiesça et, sur ce, transplana aussitôt suivit de la femme loin du manoir dans un craquement sonore et Hagrid monta sur sa moto et décolla pour disparaitre dans la nuit.
Harry Potter se retourna sous ses couvertures sans se réveiller. Il ignorait à quel point il était un être exceptionnel doté de la plus grande puissance magique jamais connue dans le monde des sorciers, à quel point il était déjà célèbre, sans savoir que plusieurs heures plus tard il serait réveillé par Narcissa Malefoy avec une tendresse que personne ne lui connaissait et que dès les premiers instants une profonde amitié et une immense complicité le lierait à Drago Malefoy, devenu son frère d'adoption….
