Cela faisait maintenant cinq mois que Morgiana avait rejoint le Continent Noir, cette terre aride au sable rougeoyant comme la braise, cette terre déserte de toutes formes de vies. Il lui avait fallu une semaine et demie pour enfin trouver une autre forme de vie que la sienne, ou du moins pas une forme de vie animale comme les tigres et les oiseaux qu'elle avait pu apercevoir jusqu'alors et qui avaient représenté sa seule ration de survie en ces terres dépeuplées. Elle s'y était préparée et avait emmené suffisamment de nourriture pour ne pas en manquer, Yunan l'ayant prévenu que les Fanalis ne seraient pas facile à trouver, mais elle ne s'était pas non plus attendue à ne rencontrer que du sable et des rochers pendant tout ce temps.
Le premier contact avec un autre Fanalis n'avait pas été des plus aimables, ce-dernier l'ayant attaqué d'un coup alors qu'elle observait les habitations qu'elle venait de trouver. Il ne fallu que quelques minutes à son agresseur pour réaliser qui, ou plutôt ce qu'elle était, se stoppant net pour la regarder de bas en haut, comme si la vue d'un semblable représentait un miracle. Elle comprit ensuite, après quelques temps passés en leur compagnie, que c'était effectivement le cas. Aucun Fanalis ne s'était jamais aventuré par-delà le grand canyon pour renouer avec leur terre natale, aucun visiteur n'était venu les voir et aucun ennemi ne les avait menacés. Ils savaient qu'il restait des Fanalis de l'autre côté du précipice mais en voir un, en chair et en os, et en particulier un enfant avait été une source de fêtes plusieurs jours durant. Les mois avaient ainsi passé sans encombre, rythmés par les histoires, les retrouvailles et les entraînements au combat. Entraînements qui étaient loin d'être faciles mais la jeune fille désirait plus que tout ressembler davantage à Masrur, cette figure fraternelle qu'elle avait trouvé à Sindria, et obtenir une force suffisante pour être le roc qui soutiendrait ses compagnons.
Désormais, cinq mois et demi plus tard, elle se trouvait de nouveau au bord de ce précipice sans fond, résolue à retourner de l'autre côté malgré les protestations de ses nouveaux compagnons. Hormis le temps passé avec Alibaba et Aladin, elle ne s'était jamais vraiment sentie « chez elle » et maintenant, pour la première fois de sa courte vie, elle avait trouvé la signification du mot « famille ». Malgré tout son attachement aux Fanalis avec qui elle avait passé tant de temps et avec qui elle s'était entraînée elle savait que sa place n'était cependant pas ici. Ses deux amis, les deux personnes qui représentaient son univers, avaient besoin de la force nouvelle qu'elle avait acquise. Hakuryuu en aurait également besoin, là où il se trouvait il était seul pour accomplir son objectif même si celui-ci lui paraissait encore flou. Elle lui faisait confiance et le savait assez fort pour se débrouiller seul mais si ses bras, si ses chaînes inbrisables pouvaient le soutenir, ne serait-ce qu'un peu, elle en serait heureuse.
Elle regarda les bracelets accrochés à ses poignets et ferma les poings, c'était décidé. Elle reviendrait et deviendrait les ailes les plus solides qui soient pour protéger ceux qui croyaient en elle et qui l'avaient libérée. C'est avec un sourire sincère qu'elle se retourna une dernière fois vers la tribu des Fanalis avant de scruter de nouveau le précipice. Aucun mot n'avait besoin d'être échangé, ils comprenaient sa motivations et savaient également qu'un autre Fanalis était quelque part de l'autre côté, libre et sous l'aile d'un puissant et bienveillant roi. Morgie leur avait assurée qu'elle parlerait d'eux à Masrur, elle était sûre qu'il serait heureux de savoir que son peuple vivait toujours en sécurité sur ces terres. Elle espérait seulement que cela dure toujours et que les enfants qu'elle avait appris à connaître ne rencontreraient jamais le sort qui lui avait été réservé.
Elle prit une profonde inspiration et cria d'un hurlement inaudible, fait d'ultrasons qui se répercutèrent dans toute la vallée. Elle reprit doucement son souffle et attendit quelques instants avant d'entrevoir une silhouette se dessiner dans l'obscurité du canyon.
Elle entendit clairement les subtils mouvements de l'air se déplaçant à mesure que la silhouette se rapprochait. Il ne suffit que de quelques secondes pour qu'elle se dévoile et se dégage du voile étouffant d'obscurité qui recouvrait la vallée.
Il était bien là, grande figurine longiligne surmontée d'un large chapeau aux plumes virevoltantes au gré des caprices de l'air. Sa longue natte flottait à côté de lui alors qu'il orientait le bâton sur lequel il était assis plus près de Morgie. Sa rapide venue n'étonna pas cette dernière, d'après ce qu'elle avait pu comprendre, il entendait pour ainsi dire tout ce qui se passait dans la vallée et des deux côtés du précipice. Elle était persuadée qu'un seul murmure aurait suffit mais elle n'avait pas voulu courir le risque, elle avait encore du mal à comprendre tout ce qui touchait au domaine de la magie.
Elle entendit du mouvement derrière et se retourna pour voir les Fanalis s'incliner légèrement en direction du gardien. L'un d'entre eux releva la tête et afficha un sourire respectueux.
-Cela fait longtemps, Magi. Je pense parler au nom de nous tous pour vous faire part de notre reconnaissance pour avoir veillé sur cette vallée. Aucun intrus, hormis maintenant un véritable Fanalis, n'a atteint nos terres depuis ce qui s'est passé il y a douze ans.
Morgie écarquilla les yeux.
Magi ?!
-Nos enfants aimeraient voir le monde de l'autre côté de la vallée parfois, ils ne comprennent pas pourquoi nous devons vivre à l'écart, malgré nos explications. Ils se pensent assez forts pour combattre n'importe quelle menace.
Le visage du Magi qui avait jusque là affiché un léger sourire bienveillant s'attrista.
-Je vous le déconseille. Ils seraient assez forts, il n'y a pas à en douter, cette jeune fille en est le parfait exemple. Mais nous sommes à un tournant, un conflit comme ce monde n'en n'a pas connu depuis des siècles est sur le point d'éclater. En allant de l'autre côté, vous ne rencontrerez que la même cruauté à laquelle vous avez déjà été confrontés.
Il soupira de manière compatissante.
-Pour le moment du moins… (Il se tourna vers Morgie) Par ailleurs, je ne veux pas te ramener de l'autre côté.
-Eh ?
Elle paniqua et s'avança jusqu'au bord du précipice. Cela faisait déjà trop longtemps qu'elle avait quitté Sindria, elle ne pouvait pas se permettre de rester plus longtemps.
-Non ! Je… Je ne peux pas rester, il faut que je rentre ! Il faut que je retourne auprès d'Alibaba et d'Aladin, ils m'attendent !
Il le regarda avec le même attristé qu'il revêtait jusqu'alors.
-Morgiana… Une guerre va éclater, c'est imminent. Je suis désolé de dire ça de cette manière mais des gens vont mourir et l'esclavage va de nouveau devenir l'activité qui régira l'économie de nombreux pays. Il n'y aura aucun endroit sur terre où une jeune Fanalis seule pourra être en sécurité. Personne ne sera en sécurité.
-C'est justement pour ça que je dois revenir ! répliqua t-elle en criant, des larmes apparaissant aux coins de ses yeux malgré tout déterminés. Il faut que je revienne, il faut que je les protège, c'est tout ce qui compte ! Et encore plus s'il y a un risque qu'ils se retrouvent en danger ! (Elle se retourna vers les Fanalis) Je suis désolée mais… Je dois vraiment partir.
Celui qui avait pris la parole lui sourit et hocha la tête.
-Nous comprenons. Chacun à une voie qu'il doit suivre, tu as choisis la tienne, maintenant tu dois faire du mieux que tu peux pour ne pas t'en écarter.
Elle acquiesça vivement et se tourna vers Yunan qui était resté silencieux, visiblement contrarié, et soutint son regard. Ils restèrent ainsi pendant ce qui parût de longues secondes avant qu'il ne soupire, battu.
-J'imagine que de toute façon si je refuse tu essaieras de traverser toute seule même si ça signifie que tu puisses en mourir ?
Elle acquiesça prestement, sans détourner le regard.
-Bien… Je t'amènerais de l'autre côté. Où est-ce que tu dois aller ?
Il se rapprocha du bord et perdit un peu d'altitude pour que Morgie puisse monter sur le bâton en amazone derrière lui. Elle n'avait pas peur du vide et le fait de voler ne l'impressionnait nullement, elle était les ailes d'Aladin et d'Alibaba après tout, mais elle pensa avec un sourire à la réaction qu'aurait eu Alibaba s'il avait été à sa place. Il n'était jamais très fier quand elle le soulevait dans les airs.
-A Sindria, je pense qu'ils reviendront là-bas également et je dois parler avec un Fanalis qui habite là-bas.
Il se tourna vers elle et écarquilla les yeux.
-Sindria ? Le pays du petit Sinbad ? (Il sourit) Finalement, tu seras peut-être en sécurité là-bas. Ah, ça fait longtemps depuis la dernière fois que je l'ai vu, il a réussi à conquérir un certain nombre des donjons que j'avais ouverts, il est vraiment intenable !
Je peux peut-être te conduire directement là-bas, en survolant ça prendra beaucoup moins longtemps et…
Il se figea, une nuée de rukhs lumineux l'entourant soudain. L'air plus sérieux et le regard tourné de l'autre côté de la vallée il donna un léger coup sur le bâton qui gagna de l'altitude et commença à s'éloigner du Continent Noir. Morgie eu juste le temps de lever les bras dans leur direction pour leur dire au-revoir avant qu'ils ne soient trop loin.
-Qu'est ce qu'il y a ? demanda t-elle quand ils furent trop loin pour voir les silhouettes des Fanalis.
Yunan ne lui répondit pas tout de suite si bien qu'elle réitéra sa question.
-Hein ? Tu as dit quelque chose ? Désolé, j'écoutais ce qu'ils me disaient.
-Ils ?
-Les rukhs, tu peux les voir n'est ce pas ?
-Pas aussi bien qu'Aladin mais je distingue des lumières parfois, oui. Qu'est ce que c'est ?
-Hum, pour faire simple, ils sont tout autour de nous, ce sont des entités vivantes qui ont leurs voix propre. Ils entourent les gens et les guident quand leur temps est venu… Et il se trouve que je peux communiquer avec eux, ils m'informent de tout ce qui se passe à l'extérieur, comme maintenant.
-Et que se…
-Ah ! Tu as parlé plusieurs fois d'un Aladin, serait-ce le même petit Magi qui explore ces terres depuis un moment ?
Elle marqua une pause, était-ce son idée ou n'avait-il aucune envie de lui dire ce qui se passait de l'autre côté ? Mais elle sourit au souvenir du petit garçon aux cheveux bleus, ça ne l'étonnait même plus que Yunan puisse connaître son existence alors qu'il vivait reclus au fond d'une vallée.
-Oui, c'est grâce à lui et Alibaba que je ne suis plus esclave, je leur serais à jamais reconnaissante… Dites ! On vous a appelé « Magi » tout à l'heure, est-ce que c'est le cas ?
Yunan regarda le ciel quelques instants, semblant réfléchir.
-Aurais-je oublié ? Je ne te l'ai pas dit ?
Non et ce n'est pas la seule chose que vous ne dites pas.
-Oui, je suis l'un des trois Magi de cette génération avec Sheherazade de Laem et Judal de Kou. Aladin… Peut-être que quelqu'un l'a déjà dit mais il n'y en a toujours eu que trois, jamais quatre. C'est une première dans l'histoire des Magi… Deux personnes de grands pouvoirs apparaissant lors de la même époque… C'est vraiment intéressant.
-Deux ?
- Et cet Aladin sera à Sindria? J'aimerais le rencontrer !
Elle acquiesça, elle ne sentait aucune animosité venir de ce Magi comme elle le sentait avec Judal, peut-être qu'Aladin pourrait avoir des réponses à ses questions grâce à lui ?
-Oui, je pense qu'il sera heureux de pouvoir parler à quelqu'un comme lui.
-Il n'a pas eu l'occasion de voir un autre Magi que lui ? Vu que vous avez l'air de connaître Sinbad, je pensais que vous auriez au moins croisé Judal, il n'est jamais très loin. Sheherazade n'est pas très causante de toute façon, elle est même assez effrayante en fait.
Elle se rembrunit, visiblement en colère.
-Si on l'a rencontré mais ils se sont combattus et l'ami d'Aladin en est mort.
-Ah… C'est ennuyeux. Il a dû être contrarié de voir un autre Magi tourner autour du roi qu'il voulait. Il est décidément toujours aussi imprévisible.
Il se figea une nouvelle fois le regard dans le vide.
-En parlant de Kou…
Il souleva son bâton bien plus haut dans les airs, permettant à Morgiana de voir l'immense étendue de terre qui se profilait devant elle. Mais ce qui retint son attention était une masse noire qui passait non loin, semblant se rapprocher d'eux.
-Qu'est ce que… ?
-Ca a commencé. Ils se dirigent vers Heliohapt. Ils ont décidé d'affaiblir les pays alliés à Sindria pour que, le moment venu, plus personne ne puisse leur venir en aide. Le fait que ce soit une île est un avantage mais aussi un énorme inconvénient. Si Kou marche sur Sindria et s'il ne reste plus aucun allié, ils seront acculés. Après Heliohapt ils s'attaqueront sûrement à l'Empire de Partevia, c'est la plus grande puissance de l'alliance. Heliohapt est un petit pays, coincés entre l'Empire de Laem et le Continent Noir, ils ne tiendront pas longtemps.
Morgie scruta la terre, inquiète. Si une armée passait par là alors ses nouveaux amis de la tribu Toran ne seraient plus en sécurité. Elle leur avait promis de revenir, elle désirait en savoir plus sur eux, sur leur langue, sur leur histoire.
-Ils sont partis.
-Eh ?
-Ils se sont réfugiés ailleurs quand ils ont eu vent de la venue de l'armée. Les Toran sont une tribu itinérante, ils ne restent jamais au même endroit quand un danger survient. C'est ce qui leur a permis de survivre et de ne devenir la colonie d'un autre peuple, comme ce qui est arrivé pour les Kouga. Ne t'en fais pas pour eux. Ils vont bien.
Elle hocha la tête, rassurée. Elle ne comprenait pas bien comment il pouvait le savoir mais elle lui faisait confiance, s'il disait qu'ils allaient bien c'est que c'était le cas. Par ailleurs, savoir la tribu loin des troupes de l'Empire la rassurait, rester à proximité aurait été trop dangereux pour un peuple aussi démuni. Elle se souvint soudain de ce que le Magi lui avait expliqué juste avant.
-Ils… Kou veut combattre Sindria ? Mais… Pourquoi ?
Il lui sourit tristement.
-Les raisons d'une guerre ne sont jamais logiques ni légitimes. Encore moins quand une organisation étrangère au deux pays est à la tête d'un des belligérants. C'est guerre est superficielle, ce n'est qu'une mascarade orchestrée en vue de quelque chose de plus grand, semble t-il.
Il marqua une pause, le regard vide.
-Je me demande… Quel destin, quel évènement sortira des anomalies qui secouent le monde, je suis impatient de les voir. Mais les dégâts que cette guerre fera, en revanche, seront eux bien réels et il est fort probable, quand tout cela finira, que ceux qui font l'Histoire à présent ne seront plus là pour connaître le sort qui aura été réservé à ce monde.
Morgie lui secoua soudainement le bras.
-Il faut qu'on prévienne Sinbad ! Il faut qu'on…
-Je n'ai aucune envie de prendre part dans quel côté que ce soit dans cette guerre, cette vallée a besoin d'être surveillée pour que ceux qui tirent maintenant les ficelles ne jettent pas leur dévolu sur ton peuple comme il y a douze ans.
-Hein ?
Il soupira.
-Il y a quelques années ton peuple était une puissance à part entière, faite de combattants exceptionnels avec une force semblable à celle de bêtes sauvages. A l'époque ceux qui sont maintenant à la tête de l'Empire… Ils se font appeler Al Sarmen, tu dois les connaître non ? Ils ont essayés de manipuler les Fanalis, d'en faire leurs alliés mais c'était peine perdue alors plutôt que de courir le risque d'avoir un tel peuple comme ennemi, ils se sont mis à tuer les adultes et enlever les enfants, les revendant aux marchands d'esclaves. Les Fanalis ne peuvent pas utiliser la magie et en cela Al Sarmen avait un avantage. En peu de temps, ils avaient décimé une partie de la population et asséché les terres de ses ressources naturelles. Ils désiraient continuer ainsi jusqu'à extinction totale de votre clan, ce n'était ni plus ni moins qu'un génocide envers un peuple qui ne leur était même pas hostile, qui n'était en guerre ni alliés avec personne.
C'est à partir de là que j'ai décidé d'isoler les Fanalis et de maintenir Al Sarmen à l'écart en restant ici. Au fur et à mesure la rumeur a été lancée comme quoi il ne restait plus âme qui vive sur ce continent et les assauts ont cessés. Ils n'ont jamais essayé de revenir depuis et ceux qui l'ont voulu… Et bien, sont toujours d'une manière ou autre coincés au fond de la vallée.
Elle mit quelques instants à accuser le coup de toutes ces informations. Elle avait entendu des bribes de cette histoire avec les Fanalis mais ils étaient restés très vagues et ignoraient l'identité de leurs bourreaux. Il y avait cependant quelque chose qu'elle ne comprenait pas.
-Mais pourtant, j'ai marché tout droit dans la vallée et je suis tombée sur vous, pourquoi n'ont-ils pas…
Il lui sourit.
-Tu m'as trouvé parce que je l'ai voulu. Si tu avais été des leurs tu serais toujours coincée en bas. A force de ne plus voir leurs compagnons revenir ils ont arrêtés d'envoyer des magiciens. Il faut croire qu'ils n'ont jamais été d'une nature très solidaire. C'est bien dommage, certains d'entre eux étaient distrayants.
Il orienta son bâton en direction du sol et les fit se poser en douceur, les rukhs blancs les entourant toujours.
-Ce qui signifie que nous pouvons nous rendre à Sindria sans crainte, ils n'ont pas l'air de se diriger par ici de toute manière. Après avoir vu ça je ne peux me permettre de te laisser y aller seule. Mais avant…
D'une main il agita vivement son bâton en direction du précipice, les rukhs voletant de plus en plus vite autour de lui. Un bruit sourd se fit entendre suivi d'un léger tremblement qui laissa entrevoir du mouvement à travers l'épaisse obscurité qui se profilait devant la jeune fille. Ecoutant mieux elle cru distinguer des bruits de branchages et de racines s'entremêlant au loin à mesure que les rukhs virevoltaient. Quelques minutes plus tard elle n'entendit plus rien et Yunan se stoppa.
-Juste une sécurité pour quiquonque voudrait escaler la paroi ou s'y rendre en volant.
-Ce sont… Des plantes ?
Il lui sourit chaleureusement.
-Tout à fait, il est possible de les toucher ou de se tenir près d'elle mais elles se nourrissent de magoi et sont particulièrement gourmandes. N'importe quel magicien ou goi serait privé de la totalité de son magoi avant même d'avoir atteint la moitié de sa destination.
Maintenant nous pouvons donc y aller. Si tu veux bien te permettre…
Il indiqua une nouvelle fois son bâton sur lequel elle s'assit pendant qu'il faisait de même. Donnant une petite impulsion au sol avec son pied ils s'envolèrent à nouveau plusieurs dizaine de mètre au-dessus du sol, prenant la direction opposée à celle de l'armée. Morgie ne pu s'empêcher de regarder en arrière pour scruter l'avancée des troupes ennemies et repéra un mouvement anormal au sein de leur groupe, comme s'ils évitaient quelque chose. Plissant les yeux, elle cru distinguer des racines courir sur le sol, au pied des chevaux qui commençaient à s'affoler. Elle détourna le regard de la scène qui se déroulait à plusieurs mètres sous elle, malgré les semaines qu'elle avait passé en compagnie d'Aladin elle ne pu s'empêcher d'être toujours abasourdie par les pouvoirs des possesseurs de Djinns et des Magi.
Secouant la tête, elle ferma les yeux, éreintée par ces semaines d'entraînements intensifs et se laissa aller doucement au sommeil, sa tête reposant sur le dos du Magi et son corps sécurisé par la nuée de petites lumières blanches en forme d'oiseaux qui les accompagnaient tous les deux…
